Finir et publier le livre "Les Blessures de Chiron: Codex Memoratus - Le Code Mnemonique dans la Vision Artistique de Nacer Amari" le 4 fevrier 2025, me permet de voir clair dans son odysee litteraire - artistique, et un sens de clarte m'a envahi comme un coup de tonnerre: ce livre celebre une philosophie de resistance, car sans elle, les arts ne survivent pas, ne reussissent pas a briser les convenances, les limites, les influences paralysantes que le va et vient de la societe humaine sait imposer, sur lesquelles elle s'acharne avec souvent une obsession destructive. Voir la publication du livre "Les Blessures de Chiron" me trouve reconnaissante, envers la Kabylie, ma muse, et envers l'art de mon collegue kabyle, le photographe Nacer Amari, qui me donne la voix a mes mots grace aux images et leurs intuitions visionnaires de sa photographie. Ce travail et ses explorations de ce livre, m'ont permis de revisiter un texte du poete autrichien Rainer - Maria Rilke, auquel j'ai ete introduit comme adolescente de 16 ans, par mon oncle peintre en Flandes, Frans De Cauter (1920 - 1981), la meme ete ou il m'a introduit aux techniques de la peinture et du dessin. La philosophie existentielle - esthetique du poete autrichien, est apres restee dormant dans mon coeur et esprit pour toutes les longues annees de solitude et isolation cuturelle - intellectuelle aux Etats Unis, jusqu'au moment de l'introduction a la Kabylie, grace a ma copine francaise - kabyle, Catherine Bouchacourt, avec qui j'ai etudiee au Texas pour nos etudes de maitrise. Depuis 2019, le travail cooperatif entre mes livres de prose et poemes et l'art photographique de l'artiste visuel kabyle d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie, ce courant tangible de l'influence des sensibilites poetiques de Rainer - Maria Rilke, se sculpte comme matiere discrete qui unit les visions de mes mots, de mes idees et perceptions litteraires, aux visions et sagesse ancestrale de la Kabylie, telle qu'elle s'exprime de facon audible, confiante dans l'art de Nacer Amari, insiste de laisser ses traces sur le sentier incontestable que suit la melodie et ses experiences du lien Berbero - flamand qui est cette rencontre unique artistique - litteraire entre deux mondes, entre Flandes et mon enfance et adolescence en Europe, entre mon exile aux Etats Unis, et la perte de ma famille natale, et l'Afrique du Nord, et sa culture Amazighe riche et ancienne. C'est une histoire qui me permet retracer mes racines, que j'ai pensee effacees, perdues pour toujours, et de me voir recevoir le regal d'une seconde chance sublime de m'exprimer la voix de poete, d'ecrivaine, dans les memoires eternelles de la Kabylie, son esprit resistant, fier, accueillant, charitable, de son coeur ancestral, immense. Le texte de Rainer - Maria Rilke, que je traduis ici d'un texte anglais, est de la collection publiee apres sa mort, "Lettres a un Jeune Poete" (1929). Je le cite ici, parceque cet extrait est une celebration pour moi, une affirmation de tous les efforts ces dernieres annees de me trouver un sentier et son dessein, sur les rives de la Kabylie, pour mes poemes, mes articles, et les livres qui y ont suivi, et continuent de se presenter, avec une urgence qui est irrepressible, qui insiste, autant de la part de mon ame creative, que de la part des esprits anciens qui habitent les voix eternelles et leurs memoires des montagnes du Djurdjura.
Le texte est ainsi une affirmation, une fierte de comprendre que c'est l'esprit indomitable kabyle qui me permet entendre toutes les melodies centrales, importantes, marquantes, que la Kabylie m'inspire, que son fils d'Aokas, le photographe Nacer Amari, met au point, en sait affiner les notes, les rythmes, les tonalites. La Kabylie et mon collegue me permettent me liberer l'esprit, la muse, de me voir definie, moi - meme, apres une vie entiere d'invisibilite, et me permet comprendre l'importance de l'identite, comme personne, comme temoin aussi d'un moment dans l'histoire du XXIieme siecle de grandes questions, d'incertitudes, de chaos, et y comprendre ma place, mon itineraire. La Kabylie continue d'etre ma mere spirituelle, ma famille de coeur, qui guerit les blessures de la perte de ma famille flamande, les blessures et les insultes a mon courage, ma volonte, mon desir fervent de voir mon esprit, mon ame, mon coeur survivre le desespoir, et sa solitude que je craigneais interminable:
Le texte est de 1904:
"Mais la peur de l'inexplicable n'a pas seulement apauvrie la realite de l'individu; cette peur a aussi retrecie le lien entre un etre humain et un autre, qu'elle souleve comme du lit de riviere de possibilites infinies et posee dans un endroit en friche sur la berge ou rien ne se passe. Car ce n'est pas seulement l'indolence qui cause les liens de se repeter de cas en cas avec telle indicible monotonie et ennui, c'est la timidite face a toute nouvelle, inconcevable experience, qu'on pense ne pas etre capable de tolerer. Mais seulement quelqu'un qui n'exclut pas meme le plus incomprehensible, saura vivre a cote d'une autre personne le lien comme une chose vivante, et saura lui - meme sonder les profondeurs de son propre etre." Rainer - Maria Rilke.
En conclusion, les apercus, les perceptions, me revelee a mon ame de poete, dans mes articles, mes livres, mon art, ne seraient pas possibles, n'auraient pas su resusciter leurs racines, n'auraient pas recues leur chance de vie, de voix, de clarte intellectuelle - culturelle, aussi affective, sans la Kabylie, et sans les sensibilites et sans l'intelligence artistique, sans son humanite profonde de mon collegue kabyle, Nacer Amari. Le livre que je viens de publier, rend cette realisation plus claire que jamais avant: elle m'a frapee comme un coup de tonnerre, qui me laisse jubilante, fiere, et si heureuse de pouvoir dire, avec une conviction inebranlable: si je suis libre, finalement, comme etre humain, comme poete, comme ecrivaine, comme personne aux cicatrices a l'ame et l'esprit, au coeur, si je suis libre, avec aux poumons l'air frais, enivrant de l'espoir et toutes ses energies, ses promesses, son courage, je le connais, je le vis, j'en l'apprends sa grace, sa joie, sa dignite, grace a la Kabylie.
Trudi Ralston