Tuesday, October 7, 2025

Comme un Faisceau Laser: Le Regard Soutenu du Portrait "CAPORAL HIDRI" de Nacer Amari - dans la serie "Au - Dela des Ombres de Demain"

            Un portrait en noir et blanc du 14 septembre 2025 de la part du photographe d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie, est une opportune chance d'en apprecier l'impression du caractere decisif, d'une personalite solidement ancree de son protagoniste. Le titre meme du portrait "Caporal Hidri" nous donne cette introduction: le mot caporal se refere au rang militaire de capo, de l'italien capo d'escadra, ce qui se refere au chef, au "caput", du latin qui veut dire "tete" d'un esquadron de soldats, avec le caporal un rang qui est celui qui suit le rang de sergeant. Le regard de caporal Hidri dans ce portrait indique qu'il est une personne d'une energie sure, unie, focalisee, qui me rappelle a un laser: un regard d'attention precise, inebranlable. Ce portrait permet ainsi une exploration du mouvement impressionniste - realiste, qui avait une predilection pour les portraits et aussi les auto - portraits forts. Je pense aux portraits et auto - portraits de l'artiste des Pays - Bas, Vincent van Gogh ( 1853 - 1890), et cette pensee m'a menee vers la decouverte dans mes recherches sur les portraits du mouvement du post - impressionnisme et sa direction vers le realisme, d'un artiste qui a mis tout son talent considerable dans la portraiture et a ainsi etabli une renommee mondiale pour ses portraits autant de personnes modestes que de personnes fameuses, qu'il a su representer avec egale respect et clarte de vision: le peintre portraitiste de Budapest, Hongrie: Philip de Laszlo (1869 - 1937).  Cet artiste fut un apprenti des un jeune age d'un photographe en meme temps qu'il deja etudiait comme jeune homme les arts visuels, et apres il a fait des etudes de l'art a Munich et a Paris. Son portrait du pape Leo XIII lui gagne la medaille de l'Or a l'exposition internationale de Paris en 1900. En 1903, Philip de Laszlo decide de demenager de Budapest a Vienne, et en 1907 il s'installe a Londres, ou il restera pour le reste de sa vie, voyageant continuellement la terre pour remplir ses commandes, faisant des portraits de leaders, de princes, de rois, de reines, d'intellectuels, de scientifiques, de presidents de l'Europe, et aussi des Etats Unis, comme ses portraits du president americain Theodore Roosevelt (1910); du roi Constantin I de la Grece (1914); de la reine Marie de la Romanie (1925); du roi Alfonso XIII de l'Espagne (1927); et plusieurs portraits de la reine Victoria Eugenia de l'Espagne ( en 1910, 1913, 1920, 1927, et 1928); de la reine Louise de Suede (1907), de la reine mere Elizabeth (1925, 1931) et de la reine Elisabeth II (1933) de l'Angleterre. Il fait aussi une grande serie de portraits de son epouse, heritiere d'une famille de prominence sociale, Lucy Guinness (1870 - 1950), au cours des 37 ans de leur mariage. Un trait de signature des portraits de Philip de Laszlo est la confiance, le sang froid, qui se reflete dans ses protagonistes, de qui il sait aussi reveler des traits de leur temperament avec franchise et precision, sans jugement ou intrusion a leur privacite. Il sait toujours trouver cet equilibre parfois difficile de creer, entre revelation et discretion, ce qui est un trait aussi que je trouve souvent dans les portraits du photographe kabyle Nacer Amari avec une coherence admirable appreciable. Dans ce sens, ses portraits du photographe d'Aokas donnent souvent cette ambiance esthetique du mouvement impressioniste - realiste: il sait evoquer une sensation visuelle de reflection, de detente affective, de pause visuelle autant que spirituelle, que sait creer la peinture. Il ne se depeche pas, il observe avec beaucoup de patience, comme si il veut ralentir le passage du temps, pour mieux capter l'essence de son protagoniste. Maitre du silence, dans un monde bavard, le photographe Nacer Amari laisse une de ses signatures artistiques les plus durables: celle de nous faire penser, de nous inviter d'explorer, de faire la fouille comme un archeologue de l'histoire a decouvrir de la personne qui nous fait face dans le portrait. Ces dernieres 6 ans, j'ai fait l'exploration et recherche pour des centaines d'articles sur l'art photographique de Nacer Amari, qui s'etalent dans qui sera bientot mon 9eme livre sur sa photographie. Et comme est le cas avec les fouilles archeologiques, il y a toujours plus a decouvrir, a rechercher, a comprendre, a partager, a celebrer, ce qui sera mon article suivant, une etude de son portrait du 16 septembre 2025 du photographe, "Salah Lahlou", de qui j'anticipe deja avec impatience en faire la recherche. Que l'avonture artistique et ses merveilles continue et la joie de son exploration fascinante, riche, variee. 

Trudi Ralston 


La recherche sur les portraits du mouvement impressionniste - realiste du peintre de Hongrie, Philip de Laszlo, courtoisie de Wikipedia. 

Monday, October 6, 2025

La Pointe de La Lance: L'Accord Tacite - dans la serie "Les Ailes d'Aphrodite"

           Avoir la chance de recevoir les messages de sagesse, de patience, que laisse la nature, est une grace dont je ne me fatigue jamais. Ayant grandie dans un menage ou mes parents etaient tres distraits avec leurs interets sociaux, je me suis trouvee des un tres jeune age dans la compagnie fidele de la solitude. Je vivais dans le monde des livres de mon pere, qui me permettaient de voyager, d'explorer, de m'integrer dans l'univers de personnages qui vivaient dans des pays lointains, dans des cultures toutes differentes de ma culture flamande, dans des moments historiques exotiques, ou proches, et je devins souvent un d'eux, dans mon imagination d'enfant curieuse et seule, voulant tellement etre inclus, entendu, vu. Participer dans ces heures heureuses et longues des avontures de Robin Hood, Peter Pan, Ali Baba, D'Artagnan, Lancelot, me donnait le desir de voir le monde, de le comprendre, d'en savourer sa variete de ses cultures et histoires. Dans la maison ou j'ai grandie en Flandres, dans le village ouest - flamand de Beveren, on avait un grand jardin, avec beaucoup d'arbres, ou vivaient des tas d'oiseaux, et ou on avait la visite aussi de lapins, ces animaux gentils, silents. Ensemble avec le bonheur de l'exploration du monde que me permettaient les livres, les visites au jardin, et ce que j'y trouvais en decouvertes agreables, de grenouilles dans l'etang qu'on avait aussi, et de petits insectes, araignees, papillons, abeilles, coleopteres, etait une seconde source de moments heureux, de me savoir entouree du monde de la nature, et du soutien qu'elle me savait donner dans mon enfance bien soignee d'un cote, et tres seule et invisible d'un autre cote. Cet amour que j'ai sentie me donner la nature, m'est restee, et le jardin ici a Olympia, est d'egale mesure une grace qui adoucit ces moments de solitude et ses exigences de ma vie en ce qui parait etre un exile que seulement la Kabylie et son coeur et esprit m'ont su enlever, malgre les defis constants de la grande distance qui me separent d'elle et les amis qui m'y sont precieux. J'aime beaucoup les arbres, ces etres immobiles du jardin et de la foret en bas du jardin, qui depuis plus de 30 ans m'accompagnent les soliloques que je leur addresse, dans le silence qui m'entoure, dans notre voisinage ici qui est tres tranquil, loin du bruit de la ville. Le silence me fascine comme energie spirituelle, des mon adolescence surtout, apres avoir decouvert les mots du sage Tao chinois, Lao - Tzu, qui vivait dans la periode de la cour Zhou dans le 6eme siecle B.C. et qui a dit dans un de ses aphorismes fameux: "Le Silence est la plus grande revelation." Meme maintenant, toutes ces annees plus tard, le silence a pour moi sa propre voix, que j'entends dans la danse des feuilles des arbres, dans la lumiere du soleil, et dans la brillance de la lune de cristal et ses etoiles en hiver. Dans les meillieurs moments, je leur entends la voix, chacune bien unique en timbre, en rythme, et dans les pires moments, je sens leur charite, leur respect. Ce qui me fait penser a l'idee de la pointe de la lance: la nature et ses sagesses, quand on y fait attention, nous apprend d'accepter notre vulnerabilite ensemble avec notre force, et nous fait comprendre que l'etre humain ne sait voir clair dans son destin que dans le contexte de la nature, car sans elle, on ne respirait pas, on ne mangerait pas, sans son soleil, on n'existerait pas, sans l'eau de ses rivieres, on ne survivrait pas non plus, et sans ses arbres on suffoquerait. Il n'y a pas de vie humaine sans les dons de la nature. Elle nous rappelle qu'on fait partie d'un univers immense, et que notre belle planete qu'on traite si mal en ce moment, est un joyau unique dans l'histoire de l'existence et ses milliards d'annees d'evolution et mysteres. Le silence dans la nature, nous permet reflechir sur cette immense verite, ce silence sacrale qui parle, qui nous nourrit le coeur, l'esprit, l'ame, et qui est une force de geurison, tandis que les silences des villes et de la machine industrielle globale, sont le contraire: une punition, un confinement comme on le trouve dans la misere des prisons, de l'isolation des bidonvilles du monde, dans la destruction et la mort que laissent les guerres, la pollution, la violence contre les ressources de la terre, de sa flore et faune, de ses cultures anciennes, de ses eaux, recoltes et richesses qu'on lui vole de son sein, de son coeur chaud, pour satisfaire l'avarice de peu, et garantir la pauvrete et malheur de centaines de millions de personnes victimes de cet outrage continu et exponentiel. Savoir vivre des moments silents avec la nature, c'est se communiquer avec elle, d'en apprendre ses perspectives, d'apprendre la langue de ses organismes, de ses animaux, de ses phenomenes. Elle nous permet d'etre la pointe de la lance de notre vie, malgre tous tes obstacles, malgre tous les chagrins, toutes les pertes inevitables. Son silence est l'accord tacite qu'on fait avec elle, qui nous permet de trouver une paix interieure, un equilibre, qui est une armure considerable contre tous les insultes, le mepris, le mal qui s'amuse de nous tourmenter, encore et encore, sous forme de personnes mal intentionnees, faibles, egoistes, miserables dans leur obsessions, leurs manies malades. La point de la lance, cette premiere defense, qui permet s'unir les forces, qui permet une defense strategique efficace, solide, voila le don du silence et ses apprentissages que regale la nature quand on prend le temps de la visiter avec un esprit humilde, avec un coeur ouvert, et couvert de cicatrices, de blessures affectives, de chagrins invisibles. L'accord tacite de son silence, qui nous apprend d'etre un guerrier pour le bien, qui nous laisse avec la force interieure de vaincre les affronts les plus penibles, de trouver une source de joie au fond de notre ame, que personne n'est permis de toucher, sauf ces personnes, ces chamans itinerants, qui eux aussi en connaissent le sentier et sa traversee difficile mais si valable, rassurante, digne, de se savoir compagne de la nature, d'en connaitre ses visions et le timbre intime de ses mots guerisants, inaudibles au monde du bruit et de la violence. 

Trudi Ralston 

Sunday, October 5, 2025

What Will Remain: The Call of Winter's Claim - dans la serie "Les Ailes D'Aphrodite" - en Hommage a Nacer Amari

        L'automne s'annonce ici dans la region du Pacifique Nord - ouest avec la surprise agreable de jours de soleil doux, et brises legeres, mais le matin et le soir, il y a deja un frisson d'air froid qui touche ce qui reste de la lumiere de l'ete maintenant partie pour ceder sa saison d'energie vibrante, aux reflections mesurees de la saison des recoltes, des feuilles d'arbres dansant multicolores dans les jeux du vent. L'horaire des chants des oiseaux aussi change, ils dorment plus tard, se preparent pour l'hiver qui viendra inevitablement. Leurs chansons ivres d'amour et energie de la saison printanniere et estivale cedent a un silence solemnel, respectueux en harmonie avec le chuchotement des voix des arbres de la foret et du jardin. J'ai toujours eue une fascinaton pour les chants et leurs rythmes et melodies hantants et rebelles de l'Ecosse et de l'Irlande, et les murmures agreables de la brise ce soir, m'ont inspiree un poeme et ses melodies que je dedie a mon collegue kabyle d' Aokas, le photographe de Tassi Photographie, Nacer Amari. Le poeme, sous influence des rythmes et melodies celtiques qui circulaient dans ma tete, m'est venu avec ses mots en anglais, alors, je le partage ainsi, avec aussi ma traduction de mon poeme en francais. Le poeme s'appelle "What Will Remain", ce qui se traduit comme "Ce Qui Restera", et se refere a la difficulte de maintenir depuis son debut en 2019, un lien professionnel - litteraire - artistique proche et complexe, augmentee encore par la distance et des exigences et codes culturels - sociaux qui doivent surmonter trois differents mondes et leurs histoires et expressions: 


What Will Remain **** Ce Qui Restera 


What will remain, is what the winter's breath came to me to explain. The summer's heat and sweet light and touch of singing moon and stars all united to stand and sing in one stroing voice: there is no point to avoid that which destiny will claim. 

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Ce qui restera, est ce que le souffle de l'hiver m'expliquera. La chaleur estivale et sa lumiere douce, le toucher du chant de la lune et ses etoiles, s'unissent tous en une voix resistante: cela ne sert a rien d'eviter ce que le destin decidera. 

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As sure as summer must give way to the chill of winter already on the morning air, so must the heart and its dreams of hope and belonging put away its lyre and its flute, to make room for the need for winter's fire and its healing the woods and their trees give so freely. 

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Comme l'ete doit ceder sa place au froid qui touche deja l'air le matin, ainsi le coeur et ses reves d'espoir et appartenance doit mettre a cote sa lyre et sa flute, pour le besoin des feux ouverts de l'hiver et leur guerison que donnent si genereusement les bois et leurs arbres.

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There are bridges that are not made of rope or stone, that live deep in our soul, and those are far harder to cross than those made by the sweat of muscle and bone. Oh, my sweet friend, would that we could close that divide across time and space, and unite our two spirits forced to scream their echos in different riddles. 

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Il y a les ponts ne pas faits de cordes ou de pierres, qui vivent dans la profondeur de notre ame, et qui sont beaucoup plus dur a traverser, que ceux construits de muscles et d'os. Oh, mon cher camarade, puisse - t 'on vaincre le temps et ses espaces, et unir nos deux esprits obliges d'hurler les echos de leurs enigmes. 

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The sun tonight as it fades, wraps my heart with the cloak of its visions: you and I are warriors that each belong to our tribe, that each must follow their call, and not tremble before the shrillness of its laws. You live on, as you will for all eternity, in the deep scar you left in my soul, as it is the wound that before had never healed. 

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Le soleil ce soir qui palit, enveloppe mon coeur dans son manteau: toi et moi on est des guerriers qui chacun appartiennent a notre clan et ne doivent pas trembler devant la stridence de ses lois. Tu vivras, et cela pour l'eternite, dans la cicatrice que tu m'as laisee a l'ame, comme c'est la blessure qui avant ne s'avait jamais guerie. 

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Trudi Ralston




Wednesday, October 1, 2025

Le Mal de Debarquement: Laisse tout T'Arriver - dans la serie "Les Ailes d'Aphrodite"

              Ce matin, le ciel avait une lumiere brillante doree, d'un soleil qui se liberait d'une nuit de pluie qui avait donnee sa senteur riche a la terre, soulagee de savoir sa soif etanchee apres une ete de secheresse et inquietantes incendies dans les forets abondantes de Washington State. La lumiere pale refractee etait agreable, apres m'etre reveillee avec la sensation bizarre d'etre sur une autre planete, a cause d'un silence un peu inquietant, l'absence des chants des oiseaux, qui etaient peut - etre encore endormis, apres la surprise de la pluie hier soir. Je me sentais dans un univers parallele, ou je n'existeais plus. Ce qui m'a fait penser a ces mots du poete libanes - americain, Kahlil Gibran (1883 - 1931): "Beaucoup d'entre nous passent toute notre vie fuyant les sentiments, sous l'impression erroneuse qu'on ne peut pas en supporter la peine. Mais tu en a deja souffert la peine. Mais ce que tu n'as pas encore fait est sentir tout ce que tu es au - dela de cette peine." On sait que les personnes qui ont le coeur et esprit artistique - poetique, savent se defendre avec l'armure de la rebellie. Ceci n'est pas au hazard, car cet acte de choisir la rebellie demande beaucoup de courage, ce que la Kabylie sait trop bien. La rebellie n'est pas une reaction de temperament, elle est un acte de la volonte, de trouver la force interieure pour se forger un chemin souvent difficil, meme parfois dangereux, mais qui a la fin est inevitable si on veut vivre la vision, le destin ne pas comme un robot, mais comme une personne libre, qui insiste sur le droit de manifester son identite, l'appel de sa muse, de sa conscience, de ce desir de s'exprimer l'appel de ses visions, de ses inspirations. C'est le destin des poetes, des chamans, des guerriers pour la justice, pour la paix, pour un monde meillieur. Se forger un chemin avant ne pas visible, ne pas connu, est dur, et me rappelle aussi les mots du poete autrichien moderniste, ce rebelle qui savait embrasser l'abime de la solitude et de l'enigme de la vie et de la mort: Rainer - Maria Rilke (1875 - 1926) qui a dit, dans sa fameuse correspondence a un jeune poete de 19 ans, Franz Kappus, "Lettres a un Jeune Poete", publiees en 1929, qui couvre des lettres entre les deux poetes pour 5 ans, entre 1903 - 1908: "Laisse tout t'arriver. La terreur et la beaute. Aucun sentiment est trop distant". La phrase en allemand, la langue dans laquelle Rilke ecrivait, est "Kein Gefuhl is das fernste", le mot "fernste" voulant dire "le plus loin, le plus distant". Ce qui exprime tres bien cette idee d'aller aussi loin que possible dans le monde des explorations de l'esprit, des emotions du coeur, pour rendre assez fort la volonte de vivre a son plein potentiel et a ses promesses de nos dons, de nos talents de qui leur but est de les voir epanouis, pour les partager, les donner librement, ouvertement. La nature est dans ce sens, souvent le guide, qui nous laisse savoir la direction dans les moments exigeants, frustrants et qui nous accompagne les demandes ne jamais tres loin de la solitude qui parait inevitable quand on suit le sentier vers la liberte d'une vie authentique, loin des bruits des illusions et leurs armees de metamorphes insatiables. Le poete libanes - americain Kahlil Gibran (1883 -1931) parle souvent de la mer, du sable, de l'espace du firmament pour exprimer le langage de ses visions spirituelles - philosophes, comme dans sa collection d'aphorismes, "Le Sable et l'Ecume": "Je marche eternellement sur ces rives entre le sable et l'ecume La maree haute effacera mes empreintes Et le vent soufflant enlevera l'ecume." Le mystique - poete Sufi perse Jalal al - Din Muhammad Rumi ( 1207 - 1273), aussi savait donner un contexte universel et intemporel a la sagesse de ses inspirations. C'est Rumi qui a dit: "On ne peut toucher le ciel qu'avec le coeur." Le poete autrichien Rainer - Maria Rilke aussi trouvait beaucoup d'affirmation pour ses convictions, dans la sagesse de la nature: "Si tu resteras proche a la nature, a sa simplicite, a ses phenomenes meme petits et parfois a peine visibles, ces choses soudainement deviennent grandes, immesurables." Je pense a tous mes poemes qui celebrent la nature en Kabylie, ses vastes montagnes, et la voix de ses esprits, de son ciel, de ses nymphes de ses cascades, de ses rivieres, de sa lune, de ses etoiles, de Neptune et ses sirenes qui m'appellent vers ses rives, vers ses chants, ses memoires. Pour moi, le coeur kabyle et son esprit resistant, sont le tambour qui m'eveillent les jours pleins de promesses pour ma muse depuis 2017, quand le destin m'a introduit a l'Algerie et la richesse de son histoire, de sa culture berbere. Le chagrin de me savoir depuis 2019 loin des rives de la Kabylie, me forcent d'apprendre le savoir de poetes legendaires, comme Rumi, Gibran et Rilke: de pousser au - dela du tolerable, de laisser le feu du manque ouvrir le bois brulant de mon esprit, de mon coeur, vers le centre de cette energie de la volonte, qui sait transformer la solitude et ses demandes dans une source d'inspiration purifiee, ne plus limitee par les irritations que causent les illusions, les distractions d'un monde vide, sans ame. La sensation nauseabonde de me sentir transportee vers un univers parallele ou je n'existeais plus, etait effrayant, a un niveau affectif, mais je comprends qu'il me faut traverser ce couloir froid, seul, pour briser ce qui reste de ce mur d'une solitude implacable de qui son ombre la Kabylie et son esprit a su briser. Comme dit Rilke, pour la plupart, on est comme etre humain, seul, car peu sont les personnes qui nous voient, entendent et comprennent le monde interieur. Les cultures qui ont un sens fort de la communaute savent adoucir cette verite, sa realite qui peut etre dure, malgre tous les efforts de traditions et reunions qui celebrent la joie de savoir vaincre la distance qui separe les coeurs et les esprits dans cet enigme qui est la vie. C'est dit que les cultures ou les personnes sont les plus heureuses, sont celles de la region de la Mediterranee, dont la culture de la Kabylie fait partie, et je le crois volontiers. Se savoir membre d'un peuple qui a un coeur et esprit genereux, resistant et chaud, ajoute une mesure de confiance, de dignite, d'appartenance solide, qui sont un soutien dans les moments durs, et une joie dans les bons moments de la vie et ses caprices et defis. C'est pour cette raison que la punition du banissement est le plus severe dans les cultures de traditions anciennes. Etre seul, invisible, la torture de l'exile, car l'etre humain est un etre social, qui aime se voir son ame refletee dans la presence, l'amitie et la tendresse, d'une famille, d'un clan d'amis, d'egaux. Toute une vie d'exile culturelle - sociale m'a appris cette dure verite. Me savoir la seule personne de ma famille - de moi, un frere et deux soeurs - tous les trois plus jeunes que moi et nos deux parents - qui est encore en vie, est une solitude etrange, vivant dans ce pays immense qu'est les Etats Unis, de qui son coeur n'arrive pas a trouver une expression libre des pieges du compromis troublant. Cela m'a mis le coeur flamand dans une prison invisible au monde, de qui ses murs etaient suffoquants. C'est la Kabylie qui m'a donnee la force de briser mon isolation, et c'est quand je sens la peine de son absence que les ombres et les fantomes d'un passe lourd viennent pour se moquer de mon espoir, de mon courage. "Laisse tout t'arriver", disait le poete Rainer - Maria Rilke. Et bien, ceci n'a pas ete un probleme. J'essaie toujours d'eviter dans des reunions avec des amis ici, les conversations autour de famille. Des questions comme: et toi, tu as de la famille ici? Des parents, des freres et soeurs? Je reponds souvent que je ne veux pas deprimer l'ambiance, car ce n'est pas une heureuse histoire. C'est troublant de s'imaginer de repondre avec la verite sombre: "Et bien, j'avais deux soeurs, la plus jeune souffrait de la depression bi - polaire, et s'est suicidee a l'age de 35 ans. Elle s'est pendue. Mon autre soeur avait un mari et deux enfants de 8 et 6 ans, et elle est morte d'un cancer a l'age de 44 ans. Mon frere, qui allait devenir grandpere de deux petits enfants, est mort de complications du COVID il y a 5 ans, sans savoir qu'il allait etre grandpere. Il avait 61 ans. Ma mere est morte du cyrrhose du foie, il y a 17 ans, et elle avait jetee dehors a mon pere 7 ans avant sa mort, car il souffrait de la demence et elle voulait se debarrasser de lui. Il est mort seul et triste, loin de moi et mon frere, et je n'ai meme pas pu lui dire adieu." Ce n'est pas une conversation qui anime. Donc, je ne dis rien, sauf si c'est inevitable. Mon mari et mon fils et juste quelques personnes ici connaissent l'histoire, et on n'a pas besoin de la revisiter que rarement. Comme c'est la Kabylie qui m'a donnee ma voix de poete, l'energie guerisante de mes inpsirations litteraires et artistiques, je la vois comme ma famille de coeur, qui m'accepte avec mes blessures, mes traumes, et qui m'embrasse, au lieu de me juger, mepriser. Hier matin je me sentais comme avoir le mal de debarquement, suite de cette sensation du risque de devenir invisible a nouveau, si les rives de la Kabylie s'eloignent imperceptiblement. Je prefere ne pas trop y penser. Je prefere penser aux mots pleins de conviction et espoir de Rainer - Maria Rilke, quand il conseille au jeune poete Franz Kappus, dans la IVeme lettre a lui, dans la collection publiee "Lettres a un Jeune Poete" (1929) : "Crois dans un amour qui se garde pour toi tel un heritage, et crois que dans cet heritage, il y a une force et une benediction si grande, que tu peux y voyager aussi loin que tu veux, sans devoir quitter son espace." Ceci est pour moi le plus beau regal que la Kabylie m'a donnee: me savoir liee a elle, n'importe la distance, n'importe les defis de sa part, ou de la mienne. C'est quand cette joie et sa chaleur se mettent dans mon coeur de poete liberee, que les monstres et leurs grimaces sur cette plaine cruelle de la solitude, comme etre prisonniere d'un univers parallele hostil, fuient, et je me sens inondee de la flamme du bonheur de la tendresse kabyle et sa generosite, son regard ancien, benevolent, charitable, du pays de l'Algerie et ma Kabylie, ma muse, ou vivent les hommes, femmes et enfants libres, pour qui je chante d'ici mes poemes sur les melodies et notes que m'inspirent les voix et les sourires des Imazighen de l'Afrique du Nord.  

Trudi Ralston  


L'information sur les vers et pensees des poetes Kahlil Gibran, Jalal al - Din Muhammad Rumi, et Rainer - Maria Rilke, courtoisie de Wikipedia.