Tuesday, July 6, 2021

Chaque Matin, Mon Esprit Danse - dans la serie "La Maison aux Fenetres Invisibles" dedicacee a Nacer Amari

Chaque annee, le mois d'avril , il y a une celebration immense de la part des peuples amerindiens des Etats Unis et du Canada, le Pow Wow le plus grand des deux pays, dans la ville d'Albuquerque, dans l'etat de New Mexico, la Nouvelle Mexique, dans le sud - ouest des Etats Unis. Cette celebration " Gathering of Nations", "La reunion des Nations", de musique, chants et danses, unit des milliers d'hommes, femmes et enfants, de plus de 500 tribus, dans une ecstase de couleurs de la regalia de tenus d'une diversite culturelle magnifique. Les chants sont faits par un groupe d'hommes au centre d'immenses tambours qui indiquent le rythme des danseurs qui les entourent. La celebration dure deux jours, et l'energie en est incroyable, comme en temoignent les reportages en videos que se partagent les spectateurs et participants, dans un effort de rendre hommage a cette tradition sublime de joie et de paix. Mon poeme "Yicha" celebre pour moi l'importance cruciale de la culture berbere, quant a ma voix de poete, et mon poeme "Chaque Matin" est en hommage du besoin et desir profonds de me trouver a nouveau sur terre berbere, en Kabylie. Je le dedique a ma famille de coeur, a ma famille berbere en Algerie, qui si souvent m'encourage, m'accompagne les moments de joie et de defis. Le poeme est ecrit sur le rythme des tambours et des chants puissants du Pow Wow a Albuquerque:


Chaque Matin 


Quand le jour se leve, quand le ciel peint ses couleurs bleues, y pend les nuages blancs. Quand la lune a besoin de dormir, et met dans ses poches les etoiles et leur eclat jusqu'a la nuit suivant, c'est a ce moment que le silence dans mon coeur se brise, et commence le chant de manque et de joie. 

Sur des pas de danse, lents et reflexifs, j'avance, sur les chants qui crient le courage, la fierte, et la victoire sur la solitude, l'oubli. Les tambours annoncent ta presence, si proche, que le battement de mon coeur et de ton coeur avancent la main dans la main. 

Chaque matin, je pleure, chaque matin, mes larmes se transforment dans des petits cristals, qui tombent sur l'herbe, ou les oiseaux les emportent vers les rives pourque tu les ramasses sur ton chemin et tu les mets comme une guirlande pour tes reves, pour tes mains. 

Chaque matin, je meurs, chaque matin, je suis renee, dans cette danse, ou tu es la lumiere et l'ombre, qui adoucit mes peines, qui peint sur mon visage, le sourire, en couleurs brillantes, en melodies touchantes, que tu laisses sur mes epaules, ou tu laisses la senteur de ton esprit. 

Chaque matin, je chante, chaque matin, tu m'approches, et tu me mets le manteau leger et chaud, de ta presence, qui a les dessins, qui a les histoires de ton peuple berbere, qui comprend tres bien, ce que cela veut dire, chanter et crier pour chasser la nostalgie pour ta terre et tendresse qui guerissent le dur destin. 

                                                                * * * * * * * * * * * * 

Quand le jour se leve, quand le soleil revele sa chaleur en rayons brillants et reveille les fleurs et les animaux, quand la foret annonce le vert et la fraicheur de ses rivieres, et m'indique les pas vers ses arbres qui me racontent des exploits berberes, me venus sur les ailes des cris de tambours. 

C'est quand comme le phenix, je meurs, et je suis renee, dans le feu et les cendres, de la joie et de la peine, de me savoir si proche, de voir les navires des nuages qui chaque matin m'apportent vers tes rives, vers les plages, vers tes vergers, vers ta maison, sur la brise si legere, qui a le gout chaud de ton etreinte, qui m'assure, que je suis chez moi. 

Chaque matin, mon esprit danse, de l'autre bout de la terre, sur le rythme de tambours et chants anciens, qui me laissent les signes, pour me trouver le chemin de retour vers ma Kabylie, vers l'Algerie, qui m'essuira les larmes, qui donnera a manger et boire a mon ame epuisee des longs exploits, et s'ouvrira les bras doux et guerisants a mon coeur et ses poemes. 


Trudi Ralston

Sunday, July 4, 2021

Yicha: Le Cri et le Tambour: dans la serie "La Maison aux Fenetres Invisibles" dedicacee a Nacer Amari

 Dans la langue Athabasque de la culture amerindienne Navajo, le peuple dit Dine Bizaad, du Sud - ouest des Etats Unis, le mot "Yicha" se refere au cri, qui peut aussi etre le cri de la victoire, le cri du triomphe sur les detresses. Pour moi, la culture et le coeur berberes de la Kabylie furent les energies, fut la force qui m'a enlevee le sortilege de l'oubli, a travers sa nature unique, a travers l'art et l'accueil de ses artistes photographes, a travers les bras ouverts de ma famille berbere de ce grand pays, plein d'histoire, plein de sagesses et courages qu'est l'Algerie. Je lui dedique ce poeme, ce chant, de decision, de fierte, d'espoir, je lui dedique mon cri de triomphe, de dignite, pour m'avoir sauvee l'ame et le coeur de poete:


Yicha


Si je saute, haut, comme un danseur qui s'est mis les ailes de l'aigle, si je cris fort, comme les tambours qui dechiffrent les reves, si la fierte est la couleur brillante de mes pas de danse, de mes poemes, c'est parceque en Kabylie, on m'a brisee le sortilege d'etre abandonnee au milieu du neant et ses spectres. 

Yicha! me voila, les pieds qui savent suivre le rythme des tambours et leurs enigmes. Yicha! me voila, que mes mots pour mes poemes bougent, dansent sans le gene de chaines. Yicha! me voila la voix ne plus muette, ne plus invisible, ne plus a l'ame affamee, ne plus sous l'hypnose de mirages, d'illusions ameres. 

                                                                  * * * * * * * * * * * * * *

Me voila, avec des plumes brillantes comme couronne, des plumes faites de determination, de sourires, de lumieres, pour marcher vers l'horizon ne plus assoiffee de mes exploits bohemes, me voila, Yicha! femme aux pieds nus dans les sables, dans les rivieres, sur ce voyage que l'Algerie m'invite, me partage. 

Le cri et le tambour, mes compagnes, le feu et le vent en egale mesure, me dessinent les scenes pour mes recits, pour les visions de mes livres et de mes poemes. Je vole, sur des ailes fortes, qui m'enlevent le poids de la solitude et de sa misere. Ecoutez, mon cri: Yicha! qui m'apporte sur un vent benevolent vers les rives berberes. 


Trudi Ralston


Jeu de Ballon: Le Courage du Soleil de Djamil Diboune

Le 26 juin 2021, le photographe berbere Djamil Diboune, a qui j'ai dedicacee mes livres " Une Encyclopedie de Beaute" ( mars 2018), "Le Secret Heureux d'Ulysse" (aout 2019) et qui est au centre de mon livre ''Algerie, Mon Coeur" de juillet 2020, un livre qui celebre sa photographie ensemble avec la photographie de Katia Djabri, Kurt Lolo et Nacer Amari en 145 articles et poemes, a partagee une photo d'un soleil qui parait rever, en repos sur les branches d'un bouisson, entoure de sable dans le grand Sud algerien. Le sable qui entoure le bouisson en silhouette de tiges noires et resistantes, est d'une couleur d'or fonce, et le ciel est d'une couleur de sable pale, qui avec prudence berce le soleil qui se parait a un ballon delicat, fait d'une soie de couleur d'or jaune lumineuse. Le tableau est d'une beaute arretante, et le soleil comme protagoniste au centre, evoque un sens ludique, et aussi d'intense nostalgie. Le ballon est vu comme etre le symbole de l'innocence de l'enfance, et de liberte, aussi. Le ballon represente aussi la lune, ou le soleil, et comme une sphere, toute ronde, peut aussi representer l'eternite, et la perfection. En Rome ancienne, un ballon d'or avait dans son centre un talisman contre le mal, et les generals le portaient comme protection pendant des batailles, et fut aussi porte par les fils de chevaliers. La photo de Djamil Diboune, avec cette scene qui trouve un equilibre entre la resistance du bouisson, et l'apparente fragilite du soleil comme ballon, est une magnifique metaphore pour la terre en ce moment, qui lutte contre les effets du changement du climat, comme si le soleil se demandait, a quant la decision de l'etre humain, de se changer les pratiques destructives qui font tant de mal a la nature de la planete. Je dedique ce poeme a cette belle photo contemplative de la part de Djamil Diboune, l'Ulysse Berbere: 


Jeu de Ballon 


Me voila, en repos precaire, sur ce buisson au milieu de ce beau desert qui reve, ou le ciel meme parait etre devenu un enfant pensif, qui se demande, qu'est ce qui se passe avec la terre, pourquoi l'etre humain choisit - il de m'abandonner le respect, de ne pas me proteger contre l'egoisme et ses coleres? 

Je suis le soleil, Ra, astre ancien qui connaissait deja les mysteres que se celebraient les egyptiens et leurs pharaons dans leurs temples et pyramides pour ecrire sur les voyages que se font les ames vers le monde des esprits sur les ailes de ma lumiere. 

                                                                    * * * * * * * * * * * * 

Loin, dans le coeur du Tassili 'N Ajjer, c'est moi qui comme un tambour annonce l'arrivee du matin, et qui convoque les etoiles et la lune le soir pour ceder ma couronne au royaume de la nuit, c'est moi qui garde les secrets des anciens depuis le debut des temps. 

Le jeu de ballons est beau, est innocent, et j'espere y inviter les enfants de la terre, qui j'espere pourront expliquer aux adultes que j'appartiens fier et grand dans le ciel bleu clair, et ne pas comme diversion dans ce patient buisson. 

                                                                    * * * * * * * * * * * *

Je prends un moment de repos, ici, au desert solemne ou s'unissent les esprits qui essaient de comprendre, de voir comment resoudre le dilemme de la terre, qui a une nature si belle, qui a besoin de l'aide, pour se proteger la faune et la flore, sans lesquelles les etres humains ne seraient qu'une distante memoire.

Jeu de ballon, jeu d'innocence, jeu d'enfant qui me voient sans defense, la, dans ce beau tableau au desert dans le Sud de l'Algerie immense, ou je reve qu'un voyageur de passage, me voit coince dans ce buisson, et me mettra avec soin et intelligence, la haut, dans le ciel clair ou m'attend ma couronne, ma chance. 


Trudi Ralston

La recherche sur le symbolisme du ballon, courtoisie de Wikipedia. 


 

Friday, July 2, 2021

L'Oiseau de Papier de Riz - dans la serie "L'Esprit Vagabond" dedicacee a Nacer Amari

                   Quand il faisait tres chaud ici, il y a de ca juste quelques jours, avec des temperatures qui depassaient les 44 degres Celsius le jour, et entre 27 et 30 degres la nuit, des temperatures comme on les a maintenant dans le grand Sud de l'Algerie, ce qui etait frappant apart du defi de rester hydratee dans cette chaleur ne pas vu avant dans notre region, juste 3 heures sud de la frontiere avec le Canada, etait un silence qui dominait tout. Les oiseaux ne chantaient pas, les personnes restaient le plus possible dans leurs maisons, collees aux ventilateurs, ou dans de l'eau froide, des rivieres et lacs accessibles, ou, comme nous, d'une piscine sur sol en anticipation d'une ete predite d'etre tres chaude. Je me rappelle aussi des hivers tres froids, ou il y avait pres d'un metre de neige sur les routes et les toits des maisons, dans les jardins et champs, et tout mouvement etait immobilise pour des semaines. Ce meme silence regneait, un silence qui donnait l'impression que sous la couverture de la neige, il fallait chuchoter, ce qui donnait un sens de calme, et aussi en meme temps, un sens de l'isolation, comme les lignes de communication etaient coupees pour plusieurs jours. Je ne connais pas le desert algerien, son Sahara et ses espaces immenses, mais je connais le desert du sud - ouest des Etats Unis, des etats de Arizona, de Utah, ou vivent maintenant les descendants des cultures amerindiennes Navajo et Hopi, et Zuni, et je connais le desert dans l'est de l'etat du Texas et dans l'etat de New Mexico, que mon mari et moi ont traversee quand on est demenages du Texas Centrale, de Austin, la capitale, pour aller vivre au Pacifique Nord - ouest, a Washington State, juste en dessus de l'etat de Oregon et de la Californie, pour vivre a Olympia, ou on vit depuis. Il parait que dans des moments extremes, dans des moments ou le monde, ou l'etre humain cherche son equilibre, le silence se trouve souvent en conflit avec son contraire, le bruit. Le bruit aussi a sa place, pour annoncer des changements, d'attitudes, de pensees, des urgences sociales, politiques: sans bruit aucune revolution aurait eue ou a ou aura une chance. Les sons forts emis a travers des milliers, des millions de voix qui communiquent leurs visions, leurs messages restera toujours au centre de mouvements historiques, dans le passe, et au present, et dans le futur. Le silence en est le frere jumeau, qui dans la solitude se recupere, se recharge. 

                    L'Algerie est un pays qui comprend les deux energies, de sons de voix unies, et du silence de son immense desert au Sud du pays, le Sahara algerien, avec ses villes legendaires Timimoun et son oasis, de Djanet, de Tamanrasset, de Ghardaia, fondee en 1048, de l'Assekrem et les montagnes Hoggar et l'immense Parc National du Tassili N' Ajjer qui couvre 72,000 km2. Le silence du desert Sahara et son immensite et mystere, est une destination de qui parlent avec beaucoup d'interet et passion mes collegues et famille berbere en Kabylie. Apres avoir visitee la Kabylie en 2019, et avoir vue et vecue de pres l'energie parfois frenetique des routes, des villes, je comprends l'attraction de l'espace et du silence du grand Sud algerien, et je ressens un desir profond d'avoir la chance dans le futur de pouvoir y voyager. Une grande expansion exterieure peut creer une grande espace interieure aussi, ce qui doit etre une des raisons pour l'attraction profonde qu'exerce le desert dans notre imagination comme etres humains post - modernes, qui se voient plus au moins etouffer l'ame et le coeur dans les villes monstres de la terre, et ou l'idee de la communaute dans des proportions vivables et agreables, comme les villages kabyles de l'Algerie, voient une renaissance en interets et possibilites. Comme l'epace grande exterieure du desert peut calmer l'esprit et sa fatigue des bruits de trop de stimulations que doivent tolerer l'homme, la femme et les enfants du XIXeme siecle, ainsi des personnes qui ont le coeur tranquil, peuvent nous calmer notre entourage, agrandir l'espace dans laquelle on doit partager nos coeurs, nos corps et leurs reves et voyages. Dans les rites des moines Shaolin, qui furent la base pour l'art martial ancien chinois du Kung Fu, un des derniers rites de passage pour les novices etait de prouver qu'ils savaient marcher les pieds nus, sur du papier de riz - qui est tres fin - sans le briser. L'idee etait d'abandonner le poids de l'ego, de se concentrer sur le leger de l'esprit, pour pouvoir surmonter tout defi. Le coeur berbere, sa generosite, sa sagesse, son accueil, invite mes poemes et leur monde d'essayer ce symbolisme de marcher sur le papier de riz, et de trouver la confiance, de le faire les pieds nus, sans le briser. Le courage que demande a l'esprit berbere de mes camarades et collegues et famille berbere dans les circonstances exigeantes de l'Algerie, et son histoire complexe, quant a la survie de dignite et identite culturelles pour les peuples Imazighen, me rappelle tellement cette danse Shaolin, comme le peuple algerien fait des efforts heroiques pour pouvoir trouver cet equilibre precaire, entre poids et ailes, entre bruit et silence, pour une chance a un futur valable pour ses enfants. C'est a cet esprit eternel resistant qui voit ses pieds sur terre et son ame et coeur et leurs ailes dans le bleu immense qui entourent les montagnes et le Sahara algeriens, que je dedique ce poeme:


L'Oiseau de Papier de Riz  


Que ce soit sur le rythme lent d'un tambour lourd et grand, laissee a ses pieds par les anciens et leurs traditions et messages venu de milliers d'annees de defis et triomphes, 

Que ce soit sur la voix inaudible du desert et ses ombres, qui traversent sous la couverture de la charite de nuages tels des navires silents l'immensite des distances, 

L'esprit berbere continue sa marche, n'importe la saison, n'importe les defis des circonstances, le drapeau des peuples Imazighen ne perd pas ses couleurs, ni dans le bruit du jour, ni dans les nuits les plus sombres. 

                                                                     * * * * * * * * * * * *

C'est cet esprit qui tient unis l'ame et le coeur berberes, qui est une famille immense, qui chante d'une voix, qu'on entend meme a grande distance, de qui j'entends ses chants et leurs messages, a travers deux oceans, et deux continents, et qui m'inspirent de croire comme poete dans mes energies et inspirations. 

Traverser un chemin sur du papier de riz parait difficile, certaines le diraient meme impossible, mais je sais avec toute clarte et conviction a travers mes experiences d'etre invitee au coeur et esprit kabyle,

Qu'aucun defi sait a la fin resister le courage berbere, que le papier de riz que traverse l'Algerie envers un destin libre, ne se brisera pas, car elle maitrise depuis longtemps, avec dexterite et intelligence, la danse de l'equilibre entre le bruit et le silence. 


Trudi Ralston

Tuesday, June 29, 2021

Apotheose: Les Eaux Calmes - dans la serie "L'Esprit Vagabond" dedicacee a Nacer Amari

                     L'ete de mes seize ans, j'ai passee sous l'apprentissage de mon oncle, le peintre flamand surrealiste Frans De cauter ( 1920 - 1981). Cela allait prouver etre une des initiations au monde de la peinture, du dessin, et philosophie moderne les plus importantes de ma vie. Cette experience si profonde, dans la presence de cet homme tranquil, timide, intelligent, allait etre la fondation pour toute une vie plus tard savoir apprecier l'esprit tranquil de l'art du photographe berbere, Nacer Amari. Le monde artistique de Frans et de Nacer Amari ont des paralleles qui plus le temps passe faisant de la recherche pour des articles et poemes sur la photographie de l'artiste berbere, plus que l'ete passee au studio avec mon oncle se revele son importance. Un element qui resurgit dans la photographie de Nacer Amari est le silence, la paix interieure, qui se reflete dans toutes ses photos, ses portraits, ses natures mortes, ses paysages maritimes, ses photos de faune et flore. L'esprit du Tao et ses silences etait la seconde lecon tres importante qui m'a marquee comme adolescente introspective, et qui a beaucoup influencee mes premiers poemes, et m'ont calmee les frustrations d'une education catholique scolaire solide mais rigide. Les mots du philosophe et poete chinois Lao - Tzu ( 614 - 517 B.C.) resonnent encore dans mon esprit et je le retrouve dans l'art visuel de Nacer Amari. J'y retrouve ce calme reflexif, meditatif du monde de l'oeuvre de Lao - Tzu, le " Tao - Te - Ching", ce qui se traduit comme "Le Livre vers le Sentier de l'Integrite". Le calme reflexif, comme a travers le symbolisme d'une eau calme, lisse, est au centre de la philosophie du Tao, et etudier et ecrire sur la photographie de Nacer Amari me permet de me calmer les eaux de mon esprit, de mes inspirations, de les voir claires, de les voir les contours definis, les lignes, les voyages, de comprendre, pour la premiere fois, a fond, que comme le dicton Tao dit: " On ne peut pas voir notre reflection dans une eau qui coule. Seulement l'eau calme, quiete nous permet de se voir clairement." Cette verite, cette realite, pour moi, comme poete qui approche l'automne de sa vie, qui recoit dans la culture et nature de la Kabylie et ses artistes, dans l'accueil de sa famille berbere, une voix, une expression, une chance de chanter, de celebrer, de partager son coeur et ce nouveau bonheur, une chance de partager, de celebrer l'Algerie et sa culture berbere, me permet de finalement pouvoir me retrouver mon identite comme poete, comme personne, apres trop d'annees de vivre le coeur et l'ame dans un etat d'inquietude, de reflections pour mon etre qu'a travers des eaux troubles, qui distortionnaient ma confiance, mes reves, ma liberte, ma dignite. 

                      La photo du 26 juin 2021, "Le Silence de la Nature" de Nacer Amari de Tassi Photographie, a qui j'ai dedicacee aussi mon article "Au Portail des Convergences", touche a cette importance du calme, pour l'esprit pour pouvoir se voir clairement, completement. Avoir la chance de me voir clairement comme poete, comme personne, a travers la grace de l'art de mon collegue berbere, est une fierte grande et une joie immense. Il y a une beaute emouvante dans le fait que c'est mon oncle Frans flamand et son art qui m'ont sensibilisee envers l'esprit calme et son importance intellectuelle et artistique - affective, et le fait que l'art du photographe berbere Nacer Amari m'a fait redecouvrir cette importance, et me donne la chance de pouvoir voir claire dans le monde de mes poemes, de mes inspirations autant intellectuelles que artistiques et affectives. Cette verite sublime, est pour moi l'apotheose puissante d'une vie qui m'a exigee beaucoup d'annees de solitudes, d'isolation, de luttes contre le desespoir, de refus de laisser le noir me voler ma resistance, mon courage. Je dedique avec grande reconnaissance ce poeme a mon collegue et camarade, et a ma famille berbere en Kabylie:


                                                                   Apotheose


Je me rappelle, l'odeur de la peinture a l'huile, je me rappelle les pinceaux mis a cote le soir, je me rappelle les tableaux moities finies, ou encore vierges, impatients pour tes visions et leurs couleurs et melodies. Je me rappelle, les soirees agreables, de conversations sur la poesie de Rilke, sur l'art de Klee, de Chagall, et  comme on discutait jusqu'a tard dans la nuit sur la musique, sur la danse, sur la vie. 

J'etais si heureuse, j'etais si contente, que tu m'ecoutais les idees, les pensees, les questions, moi, qui etait une adolescente seule, qui voyait dans ta patience, dans ton plaisir de me partager tes connaissances, ton art et ses visions et explorations, la chance de me construire un monde, un univers, tout a moi, d'apprendre de voler sur mes propres ailes, de croire dans la beaute de mes poemes, de mes reves. 

                                                   * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * 

Tu serais si fier, mon oncle peintre, si tu savais, et peut - etre tu le vois quand - meme, que c'est en Kabylie, parmi mes collegues et famille berberes, que j'ai su redecouvrir mon ame, mon esprit, mes poemes, que j'avais perdue, qui m'avaient ete enlevee, dans ce pays dur qu'est les Etats Unis, ou j'etais abandonnee, dite de rester invisible, sans voix, sans visage, d'oublier mes reves, mes espoirs et voyages. 

Laisse - moi t'introduire, a cette belle famille berbere, d'artistes, de camarades, de soeurs, de freres, qui m'accueillent, qui m'aiment, tu verras tous les livres dans lesquels je celebre l'Algerie de mon coeur, tu verras la lumiere de joie dans mes poemes, tu y entendras mon sourire, tu me verras la nuit m'envoler vers les rives, avec ma valise et ses reves, la ou les eaux calmes m'attendent, et ou je me vois la reflection clairement.  

                                                   * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * *  

Laisse - moi t'introduire aux photographes berberes, et a mon collegue et camarade Nacer Amari, qui je suis sur, tu reconnaitras, car je pense que c'est toi qui m'avait dit, il y a une eternite, il y a juste maintenant, qu'un jour j'allais etre libre, j'allais trouver des ames soeurs avec qui partager le bonheur, avec qui briser les murs de la solitude, avec qui vivre ma vie de poete, amplement, et fiere. 

Maintenant, je me rappellerai, la fenetre ouverte berbere, je verrai les maisons ou m'attendent ma famille, ma famille d'ame, esprit et de coeur, qui m'accueille les bras ouverts, j'entendrai les chants berberes, les echanges au diner, je ferai encore des souhaits sur les etoiles et la lune Tiziri berbere, et le matin, j'embrasserai le soleil qui se leve sur Yemma Gouraya a Bejaia, et sur la plage a Melbou et a Aokas. 


Trudi Ralston


                                                                      

  

Au Portail des Convergences: "Le Silence de la Nature" de Nacer Amari - dans la serie "La Maison aux Fenetres Invisibles"

                            Une photo du 26 juin 2021, d'un paysage de de la part de l'artiste berbere Nacer Amari de Tassi Photographie, laisse une impression de qui ses nuances en couleur et ambiance, en reflections artistiques, touchent a des idees culturelles et philosophes importantes. La photo a un effet arretant, du premier moment, et c'est parceque le spectateur se trouve face a une scene qui communique une perspective intellectuelle que chercheait a visualiser aussi le peintre Paul Jean Anderbouhr (1909 - 2006), un peintre francais qui vivait et travaillait en Europe et en Afrique, et qui dans sa vie a recu beaucoup d'interet et distinctions. Son art savait faire le pont entre l'impressionnisme et ses contours d'allusions quant a forme, et l'expressionnisme et ses couleurs et rythmes de pinceau audaces et energiques. Ce style est dit de donner a ses peintures un sens de stabilite, en harmonie avec des ambiances calmantes au milieu du mouvement et rythme des scenes. Entre 1953 et 1973, Paul Jean Anderbouhr a fait des expositions exclusives a la gallerie prestigieuse de Durand - Ruel, et son art garde l'interet de collectionneurs et galleries pour son esprit unique. La photo de Nacer Amari a comme titre "Le Silence de la Nature", et son tableau a cette qualite reflexive, calme qui se parait beaucoup aux peintures de Paul Jean Anderbouhr, surtout ses peintures d'etangs, ces paysages tranquils, ou l'eau et le silence se rencontrent, comme dans le tableau du photographe berbere. L'eau et le silence, et les plantes au premier plan sont dans la photo "Le Silence de la Nature" une representation de la vie que recoivent les plantes, de la part de l'eau, et son silence accueillant. Les plantes au premier plan dans la photo sont le portail, telle une grille sculptee en filigrane, qui invitent le spectateur au monde meditatif qui nous attend pour partager ses messages. La photo en fait est une double reflection sur deux elements qui ont leurs antecedents dans le monde ancien chinois du Tao, de l'ecrivain et philosophe Lao - Tzu (614 - 517 B.C.), qui des milliers d'annees plus tard maintient son interet intellectuel et artistique avec son oeuvre "Tao - Te - Ching", qui se traduit comme " Le Livre du Sentier vers l'Integrite", qui est un guide de la philosophie du Taoisme, et qui est un des livres les plus traduit de la litterature mondiale. L'eau est un element important symbolique dans le Tao et son respect pour la nature et ses sagesses, parceque l'eau est doux et quiet, mais aussi immensement puissant, comme l'eau a la sagesse de circumnaviguer les obstacles, et dans le processus de patience et perseverance, c'est l'eau qui transforme la pierre dure, et elle est aussi tres genereuse: l'eau partage son abondance avec toutes les creatures. L'eau est aussi un symbole de l'impermanence, et le Tao donne beaucoup d'attention a l'importance de vivre dans le moment, car le maintenant est la seule realite qui est accessible, le passe et le futur risquent souvent de mettre trop d'energie envers des illusions. Plus qu'est inquiet l'esprit d'une personne, moins elle est capable de vivre dans le moment, et l'homme moderne a une aversion presque fatale quant a vivre dans le moment, de l'accepter, de l'explorer. L'eau est ainsi dans la vision de Lao - Tzu, un symbole de l'humilite, de la benevolence, de ces personnes qui savent donner attention au moment pour eux memes, et pour ceux qui les entourent. Se concentrer calmement sur le maintenant, est donc signe d'un coeur et esprit genereux, charitable, tolerant, patient. Savoir donner en charite, en amitie, en tendresse, a ceux qui nous entourent, Lao -Tzu considerait etre de la plus grande importance, et en plus, la seule facon de trouver la paix, le silence interieur. L'eau et le silence sont ainsi deux elements essentiels dans cette philosophie de quietudes, de gentilesses. 

                          "On ne peut pas voir sa reflection dans une eau qui coule. C'est seulement dans une eau quiete, tranquille qu'on se voit clairement." Ce proverbe Tao nous met face a face avec le deuxieme element d'importance dans la photo "Le Silence de la Nature" de Nacer Amari: l'element de la presence guerisante du silence: "Le coeur quiet est le coeur de la sagesse. Ceci ne pas parceque quelqu'n lui dit qu'etre tranquil, quiet, est bon, mais au coeur silencieux, les milles et une choses ne le perturbent pas. C'est pour cette raison que son coeur est quiet", dit encore Lao - Tzu dans le "Tao - Te - Ching". Cette philosophie inspire les artistes modernes, comme les peintures de l'artiste comntemporaine americaine Jeanne Carbonetti, qui depuis 30 ans donne des cours dans son etat de Vermont, ou elle a une gallerie des arts, et qui ecrit des livres, comme " Le Tao des Aquarelles" ( "The Tao of Watercolours"),  sur l'art des aquarelles avec une vue et philsophie artistique du Tao, et son importance envers la qualite creative et spirituelle du silence dans le monde des arts. Nacer Amari possede cette qualite de silence creative qui se reflete dans ses photos, dans ses portraits berberes, dans ses natures mortes, dans ses paysages, comme "Le Silence de la Nature", ou sa photo est saturee de cette conviction, de cette sagesse. Sa photo unit ainsi  deux elements cruciales de la perspective artistique - philosophe de la philsophie ancienne du Tao, qui dans le monde post - moderne et ses angoisses voit une resurgence d'interet et d'expression. "Le Silence de la Nature" exprime de facon impressionniste - expressionniste un besoin profond pour la quietude que cherche l'esprit artistique, qui dans ce cas, est la photographie creative, calme, reflexive, Tao, de Nacer Amari. Sa photo nous met au portail des convergences, celle de l'eau tranquille et ses symbolismes, et celle du silence et ses sagesses. Le poete americain realiste - symboliste Robert Frost (1874 - 1963) a dit a propos du sujet de quietude: " Faites attention de ne pas remonter trop a la surface et de ne pas utiliser comme habillement ce qui appartient comme rideau a l'ame la plus interieure." Cette philosophie de confiance tranquille, cette sagesse, Nacer Amari comme photographe possede amplement, et il l'exprime dans son art avec grace, generosite et talent, comme artiste heritier de sa culture berbere si riche, si variee, si ouverte a l'accueil et le partage. 

Trudi Ralston 

La recherche sur le monde du Tao de Lao - Tzu,  et sur le peintre Paul Jean Anderbouhr, et sur les elements du silence et de l'eau dans le contexte du "Tao - Te - Ching" de Lao - Tzu, courtoisie de Wikipedia.  

Sunday, June 27, 2021

Sous le Sortilege d'une Bonne Augure: Le Coucher de Soleil Magique de Katia Djabri

             " Regarde ce coucher de soleil. Ses couleurs, son eclat. Ce n'est pas juste un coucher de soleil mais un jour qui finit. Un jour passionnant qui s'enva. Une page de notre vie, qui prend le chemin, en attente de demain." Avec ces mots poetiques pleins de sagesse et tendresse, la photographe berbere Katia Djabri introduit sa photo d'un coucher de soleil eblouissant du 26 juin 2021. La photo est de deux fleurs en silhouette, deux fleurs sauvages, qui paraissent etre sous un enchantement, qui les permet de se parler, de se partager la beaute envoutante de ce coucher de soleil, avec ses couleurs en arriere plan sepia, qui ajoute a une ambiance d'intimite et de nostalgie. Les silhouettes dans le monde de la photographie, et du theatre aussi, sont une facon de creer une atmosphere dramatique, de mystere, et la presence de la silhouette remonte a l'art ancien grec, et allait grandement influencer l'art des anciens egyptiens et anciens romains. Le theatre des silhouettes voit une renaissance les dernieres annees, surtout dans les Iles Britanniques et les Etats Unis, et aussi en Australie. Il y une compagnie de theatre "The Silhouettes" de l'etat de Colorado dans l'Ouest des Etats Unis qui utilise la danse, les silhouettes, la musique pour communiquer a travers les silhouettes et leurs ombres, les idees de leurs contes. Les sihouettes ne montrent que le contour, l'interieur des images, des personnes, reste noir, et ainsi, les silhouettes savent communiquer plus, a travers l'abstraction de la forme humaine, d'animaux, d'objets, comme les sujets deviennent des abstractions d'idees, de situations. Phil Douglis en parle dans son article de Gallery Fifty, " Using Silhouettes as Abstract Symbols and Metaphors", une etude sur les facons que les silhouettes sont efficaces dans les arts visuels. Meme les silhouettes faites comme des portraits en utilisants agilement les scissaux et le papier noir voient une resurgence, comme dans l'art de l'artiste australien S. John Ross, qui partageait son art dans des foires agriculturelles pour 40 ans, jusqu'a sa mort en 2008. La portraiture en silhouettes etait tres populaire dans le XIXeme siecle, avant que la photographie est devenue accessible comme expression artistique pour les portraits. La photo de Katia Djabri a une charme desarmante, de la part de ces deux fleurs qui paraissent echanger leurs impressions de ce beau coucher de soleil. La photo a en fait l'effet d'une scene d'un conte de theatre de marionnettes, cet art ancien de qui ses origines remontent a la Grece ancienne, au Veme siecle B.C., et on a trouvee des marionnettes en bois et ivoire, dans des tombes anciennes egyptiennes. Les marionnettes etaient aussi populaires en Chine ancienne, et restent populaires au Japon, dans l'art sophistiquee du bunraku, qui a ses origines dans les rites des temples Shinto. En Inde et l'Indonesie aussi, le theatre de marionnettes en silhouettes a une tradition ancienne, surtout en Bali et Java, une tradition indonesienne au nom de wayang. Au Vietnam, il y a une tradition de manipuler des marionnettes sur une surface de l'eau, qui donne l'impression que les marionnettes savent se bouger sur de l'eau. Aux Philippines, il y a le Festival Higantes, qui remonte a les annees 1800 A.D., ou des marionnettes geantes faites de papier mache, plus de cent, se paradent en ville. Une artiste notable de cet art est Amelia Lapena Bonifacio. Les marionnettes de theatre d'ombres a aussi une renommee en Burma, ou les marionnettes ont su maintenir l'integrite de leur art depuis ses origines en 1780  de la part de U Thaw, durant le regne de la dynastie Konbaung. En Europe, les marionnettes deviennent populaires sous l'influence de la Commedia dell'arte italien, avec la marionnette Pulcinella, et en Amerique du Nord, Centrale, et du Sud, l'art des marionnettes fut influencee par les cultures amerindiennes et par les colons espagnols, portugues, anglais, et francais. En Australie, dans les annees 1960, Peter Scriven commence le Theatre de Marionnettes de l'Australie ( Marionnette Theatre of Australia), et il y a plusieurs groupes australiens de theatre de marionnettes qui voyagent le monde. Aux Etats Unis, il y a le Homegrown Theatre a Boise, a l'etat nord - ouest de Idaho, qui suit avec son theatre de marionnettes un programme d'art avantgarde. 

            L'exploration du monde des silhouettes, des marionnettes, comme expression artistique dans le monde du theatre et de la photographie, qu'invite la photo du coucher de soleil avec les protagonistes magiques des deux fleurs en silhouettes de Katia Djabri invite aussi une reflection bien personnelle quant a l'importance de la Kabylie et ses artistes photographes berberes qui ont un impact decisif sur ma vie de poete, sur mes inspirations, sur cette chance unique que l'Algerie et la Kabylie me donnent d'avoir une voix, une visibilite si guerisante, comme membre et collegue de ma famille berbere. Contempler la photo de Katia Djabri me rappelle a un film important avec les acteurs americains Robert de Niro ( 1943), et Robin Williams (1951 -2014), de 1990, " Awakenings", qui se traduit comme "Les Reveils. " Le film, sous la mise - en - scene de Penny Marshall (1943 - 2018)  se base sur le livre de memoires de Oliver Sacks (1933 - 2015) de 1973, le neurologue anglais, qui allait decouvrir les effets benefiques de la medicine L- Dopa, pour des patients qui souffrraient de la maladie de la lethargie encephalitis, une maladie qui attaque le cerveau, qui reduit ses victimes de vivre comme des statues, immobiles, et muet. La maladie fut decrit pour la premiere fois en 1917, par le neurologue autrichien Constantin von Economo ( 1876 - 1931), et par le pathologiste francais Jean - Rene Cruchet 9 1875 - 1959) . Entre 1915 et 1926, une epidemie de la encephalitis lethargica se repandait a travers la planete, et plus d'un million de personnes en souffraient, avec plus de 500, 000 morts. La plupart des personnes qui survivaient n'ont pas regagnees leur vigueur pre - morbide. Les degats de cette maladie affreuse sont similaires a ceux de la maladie de Parkinson. Dans le film, "Les Reveils", le protagoniste que joue l'acteur Robert de Niro, retourne a sa condition normale avant la maladie sous l'influence de la medicine L - Dopa, mais tragiquement, l'effet ne dure pas, pour des raisons inconnues encore. Le role du neurologue est joue par l'acteur Robin Williams. Les deux acteurs font un effort remarquable avec ce sujet si douloureux. Le parkinsonisme post - encephalitqiue etait le resultat tragique de la pandemie de 1918 - 1920, la grippe dite espagnole, et on suspecte que la cause etait un virus, et il y a des sources qui pensent que la streptococcus pneumoniae en fut la cause. Le film m'avait profondement emue, et quand j'y pense maintenant, je me rends compte que la raison pour la reaction profonde que son histoire m'a laissee, etait pour l'impuissance que j'avais vecue tants d'annees aux Etats Unis, et comme cette isolation intellectuelle et sociale - affective m'a ete enlevee en 2017, quand j'ai eu la chance de decouvrir la culture et la nature et avec elle ma famille et collegues berberes en Algerie, en Kabylie. L'horreur de mes souffrances comme poete, comme artiste, etait enlevee, et petit a petit, mon esprit, mon coeur, mes poemes, ma voix, s'est liberee, et le sortilege penible, destructif, d'etre immobile, muet, a ete brisee. J'ai eu la chance que la medicine culturelle, spirituelle, artistique du coeur et chaleur kabyle n'est pas just passagere, elle m'a redonnee ma vie de poete, mon ame, ma capacite pour la joie, pour le rire, apres tants d'annees de me trouver comme mort - vivant, invisible, au coeur et ame, enterrees vivants. Le frisson me reste de temps en temps, la nausee aussi, dans des moments d'angoisse. La photo du beau coucher de soleil de l'artiste kabyle Katia Djabri raconte toute une histoire pour moi, du triomphe face a des defis enormes, de solitudes inconcevables, de courages etouffes, mais tetus et en vie, et d'une joie, d'un bonheur si immense, de me savoir membre de ma famille berbere, d'etre permis d'aimer a fond et avec telle fierte a ma Kabylie, et a ma famille berbere. Comme dit la photographe: "Ce n'est pas juste un coucher de soleil." Non, pour moi, c'est le conte invraisemblable d'une poete flamande naufragee aux Etats Unis, qui apres toute une vie d'espoir tenace, a vue et recue l'amour de sa vraie famille, sa famille de coeur berbere, pour mes poemes et leurs reves de dignite, d'appartenence,  sur les rives de la rebelle exceptionnelle, la Kabylie, en Algerie, en Afrique du Nord. 

Trudi Ralston

La recherche sur l'histoire des silhouettes et les marionnettes, et sur les marionnettes du theatre d'ombres, courtoisie de Wikipedia, ainsi que l'information et la recherche sur l'encephalitis lethargica, et le film "Awakenings" de 1990, qui a comme sujet cette maladie.