Thursday, October 20, 2022

Les Marguerites de Chiron - pour Nacer Amari - dans la serie "Les Blessures de Chiron"

             Une pluie fine, presqu'invisible et inaudible, a finalement laissee sa charite pour la terre assoiffee ici, ou le manque de pluie depuis plus d'un mois, a laissee la qualite de l'air a Olympia tres precaire, pour la fumee et ses toxins qui font mal a la respiration et aux yeux, ce qui est tres rare pour notre region, qui normalement recoit une quantite genereuse de jours de pluie toute l'annee. On a fort l'impression que tous les animaux de la foret a l'autre cote de la cloture du jardin, et tous les arbres et fleurs se trouvent tres contents de sentir au moins pour quelques heures l'espoir de la pluie qui rendra a nouveau l'air douce et fraiche. Il fait deja froid ici le matin et la nuit, environ 3 degres Celsius ( 38 degres Fahrenheit comme on le calcule ici), et le froid soudain chasse ce qui reste des couleurs d'ete. Je pense a Chiron, le centaure - chasseur blesse de la mythologie grecque, fameux pour ses talents de guerison, qui pour mon coeur de poete, est plutot berbere, kabyle en fait, et qui je cherche ici dans mon jardin au Pacifique Nord - ouest de ce pays vaste, qui pourtant n'arrive pas a me tenir et comprendre le coeur, qui appartient a ma Kabylie, rien a faire. Ce poeme m'imagine voir a Chiron, fier, resistant, malgre sa blessure de milliers d'annees d'etre en exile dans son propre pays, ou mes poemes pour lui sont tels des marguerites gentilles, tendres, que je lui laisse pour son courage, lui, qui blessee de ses propres blessures mortelles, d'etre berbere en exile, ne pas si different que moi comme poete flamande sur cette terre etrange americaine, lui, qui me guerit avec le sang des milliers d'annees d'oppression et tortures, le chant de mes poemes, de leurs peines, de se savoir aimee par le coeur berbere. Je dedique ce poeme a Nacer Amari de Tassi Photographie qui a une influence profondement guerisante et importante sur les melodies et l'esprit de mes poemes:


Les Marguerites de Chiron


Haut sur une colline ou s'etendent les montagnes du Djurdjura, Chiron reve du temps ou son peuple etait libre, et il entend, et ecoute le recit que se font les esprits du ciel ou le soleil reveille son village kabyle. 

Je le vois, la, silent, resistant, fier, voyager dans le temps, vers un passe lointain, libre des invasions interminables qui cherchent toujours a lui enlever son coeur, son ame, lui rendre invisible aux pouvoirs coloniales. 

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Je le vois, cet homme fier, qui observe, qui rarement parle, et je lui laisse sur le chemin des marguerites, cueillies de ce qui me reste de mon enfance et ses innocences, car je me rappelle, qu'il a si souvent pris le temps de comprendre comme a ete et reste dur cet exile pour mon coeur de poete, si loin de ma terre. 

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Les marguerites, que je lui laisse la ou il passe, centaure chasseur qui guerit, qui ecoute, elles ont la senteur de l'espoir, de la tendresse, elles ont au coeur le sourire, de moi comme enfant, comme adolescente, qui sur terre berbere en Kabylie, a recue la charite, la grace, ou nulle part je l'ai recue ni avant ou depuis. 

Chiron marche, avec prudence, avec patience, son arc sur les epaules, ses fleches sur le dos, les cheveux et barbe longs dans la brise chaude du soir, et il avance, et accepte les marguerites, qui lui decorent le chemin de son exile, qui continue, qui lui dechire, tandis qu'il continue a guerir, a accompagner, a bercer mes plus agonisantes blessures. 


Trudi Ralston

Tuesday, October 18, 2022

Le Fuchsia au Ralenti - dans la serie "Les Blessures de Chiron"

          Le matin s'annonce en silence ici aujourd'hui, un silence de brumes qui hesitent se rendre a la lumiere chaude du soleil, qui lui attend avec patience que se deshabillent les ombres lentes de la nuit, qui s'envont avec une certaine nonchalance, qui borde a l'indifference. Je pense a ma Kabylie, loin en distance geographique, et si proche affectivement et intellectuellement, a mon coeur de poete. On avait eu un printemps froid et pluvieux cette annee, ou tres peu des fleurs au jardin ont fleuri, et maintenant, on a une automne chaude et seche, et du coup les roses et meme les pois de senteurs font la fete, avec leurs couleurs vives et tendres, et me laissent le plaisir de leurs senteurs joyeuses sur la brise. Les fleurs fuchsia aussi celebrent le soleil et la chaleur estivale en pleine automne, et c'est une d'elles avec ses boutons rouges prets a s'ouvrir pour reveler sa jupe pourpre, fragile et sensuelle, pour laquelle sont connues ses fleurs d'origine de l'Amerique latine et de la Zelande et le Tahiti, qui m'a rempli le coeur d'une nostalgie profonde pour ma famille berbere en Kabylie, et qui m'a inspiree ce poeme au gout melancholique du manque que seul l'amour profond sait evoquer au coeur qui aime, qui attend, qui reve de la reunion, de la rencontre si longuement attendue: 


Le Fuchsia au Ralenti


Il y a ces moments ou on se rend compte, que le temps marche, avance, horloge incontournable, et somnambule, au calcul froid, meticuleux, qui dans son rythme de metronome inflexible, garde en equilibre precaire, la patience, qui risque devenir obeissance aveugli au destin et ses cruelles exigences. 

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Le fuchsia et ses beaux boutons de fleurs rouges, encore endormi, attendent que la lumiere chaude du soleil les eveille, les libere les petales pourpres de ballerine ivre, fiere, qui veut joindre la danse de sa fleur nouvelle, pour celebrer l'ete et ses delires, d'abeilles amants qui la visitent, qui lui boivent son nectar et la traduisent en miel, en partage de joie, de courage. 

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Au ralenti, les boutons s'ouvrent, comme si le temps leur exige qu'ils respirent un peu en arriere, sous le defi de devoir obeir le temps et ses lois draconiques, ou la memoire n'a pas de choix que se soumettre au roi et reine du passe, du futur, qui mesurent les graines pour la saison, que leur laisse la nature. 

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Me voila, poete en exile, qui a le corps ici, et le coeur en Algerie, en Kabylie, ou chantent les melodies de mes reves, me voila tel le bouton rouge du fuchsia qui pleure la blessure de se voir suspendu dans le temps, tremblant dans le froid du nord ici, revant de la chaleur du coeur berbere, ses bras, ses etreintes. 

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Au ralenti, sous l'incertitude d'un monde qui joue cache - cache avec les grimaces des tenebres, qui s'amuse a chasser l'espoir et le sourire de cette terre, j'attends, je reve, j'ecris mes poemes, et la douceur du soleil me touche les mots qui comme les boutons du fuchsia veulent danser libres, sur terre berbere,

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Veulent etre une ballerine poete, qui peut celebrer etre libre du sortilege de tout mal, de se savoir entouree de ma famille de coeur, qui me permet ouvrir mes ailes, poete libre, comme la fleur du fuchsia, qui finalement se voit ouvrir ses petales, son ame durement eprouvee, ne plus prisonniere. 


Trudi Ralston

Wednesday, October 5, 2022

L'Eveil - dans la serie "L'Esprit Itinerant" dedicacee a Nacer Amari

            Ce poeme est une expression de determination et de reconnaissance, envers le coeur et esprit courageux, infatigables, resistants de la Kabylie, et d'appreciation de la photographie de Nacer Amari de Tassi Photographie, ce camarade et collegue berbere d'Aokas, qui me permet unir le monde de mes poemes de poete flamande - americaine, avec l'univers et ses anciennes sagesses d'accueil et charite, de tolerance et amitie, de tendresse et guerison, que represente pour moi la Kabylie, sa culture, son peuple eternel: 


L'Eveil 


Si on a de la chance dans cette vie de contradictions, de defis, cela arrive que le destin nous permet de rencontrer sur le sentier difficile de notre sejour sur cette terre, un ami, un camarade qui nous voit les luttes, ses ravages, et qui met a cote tout mepris, tout jugement, et nous ouvre la porte de son amitie, et nous accueille, epuisee, exilee, egaree, et nous heberge, dans la chaleur de sa guerison. 

Si on a de la chance dans cette vie, qui chaque fois devient plus precaire, avec les tirans de la terre qui se disputent notre planete comme si elle etait un gateau a couper avec gourmandise criminelle, de la vouloir decorer avec ne pas le rouge de cerises, mais de rivieres de sang,

On peut vivre, la joie, l'espoir, la paix, de connaitre le partage d'une amitie qui devient une synthese heureuse des meillieurs souvenirs de notre enfance, de notre adolescence, qui donne dignite et courage a notre vie d'adulte et ses defis, comme moi qui a survecu un ocean entier de solitudes, de cris ne jamais entendus. 

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Car, parfois, avec cette chance, on recoit la grace, dans l'espace vaste d'un camarade, d'un ami, qui comprend, qui sait, qui lui aussi connait, voit clair dans les defis que doit affronter le coeur du poete, de l'artiste, qui tel l'albatros de Baudelaire, se trouve ou trop lourd ou trop leger, pour cette terre.

Alors, quelle rebellie divine, de marcher a cote d'un camarade qui voit au - dela de l'evident, qui a dans son haleine la voix du Djurdjura, qui a dans le coeur les memoires de ces ancetres, du poete Si Mohand qui lui detestait les hypocrisies du monde. 

Ah, ma Kabylie, merci de me laisser marcher a cote de toi, pour aussi longtemps qu'on reusssit encore a eviter le neant et ses machines de guerre, aussi longtemps qu'on se rappelle l'amour pour nos freres, pour nos soeurs comme le comprend le coeur berbere. 

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Voila, que j'avance ma main dans ta main, chaque jour a nouveau, et comme je deteste etre si loin, et comme est fatigant de negocier, de naviguer les frontieres arbitraires de la mefiance, de la peur avec laquelle gouverne le mal dans toutes ses formes, pour troubler le passage de poetes et innocents. 

Mais, dans mon coeur qu'a rendu libre, fiere, la Kabylie, j'avance quand - meme, avec chaque poeme, qui celebre la terre berbere de l'Algerie, et je danse, les pieds nus, les cheveux libres, le cri haut, pour dire:

Je t'aime, ma Kabylie! Je t'aime, toi, qui me permet de marcher a cote de mon camarade qui 

accueille, qui ecoute, qui guerit, avec la lumiere de ses yeux heritiers de l'eternel esprit berbere, avec ses mains qui dessinent ses portraits, ses visions artistiques, avec son sourire qui voit, qui traduit les silences des ancetres de la Kabylie en melodies, pour mes poemes ou triomphe le coeur, libre, n'importe le poids de ses chaines.  

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Et c'est pour cette raison que mon coeur chante, et dechire ici le silence qui cherche a m'etouffer, si loin de la terre berbere qui m'a guerie: 

Je t'aime, ma Kabylie! Toi, qui es ma lumiere de lune, ma Tiziri la nuit! Toi, qui es mon soleil solide qui m'embrasse et m'illumine les pas pendant le jour et sa traversee d'interminables defis.  


Trudi Ralston 

Monday, October 3, 2022

Ecoute - Moi Ce Silence Qui Avance: dans la serie "Les Blessures de Chiron"

            Ce poeme est un avertissement, un frisson de mon coeur de poete qui observe ce froid qui survole tel un immense monstre la terre, et qui laisse un silence qui hurle, qui dechire, a cause de cette avance de la machine immonde qui cherche a eradiquer, a detruire ce qui reste de la paix, de la decence, de la volonte, du courage, et qui surtout deteste l'innocence, la beaute et la tendresse, cette machine fasciste qui parait vouloir effacer la memoire de toutes les guerres infames pour justifier son programme de haine, d'esclavage de ce qui reste des peuples libres:


Ecoute - Moi Ce Silence Qui Avance


Ecoute - moi ce silence qui avance, l'echo metallique des chars et leurs roues qui hurlent, qui chassent de leurs maisons, de leurs terres les innocents, ce qui reste de leurs espoirs, de leurs reves. Ecoute - moi ce silence, des monstres en charge qui decident que la paix et la democratie ne sont plus des valeurs qu'ils estiment. 

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Ecoute - moi ce silence qui avance, le matin dans les brumes des villages, des villes, ici, en Asie, en Europe, en Afrique, des monstres en masques, en casques peints avec les symboles de la mort, du genocide. Ecoute - moi ce silence, qui avale les couleurs des fleurs, des chants des rivieres, de la faune, du ciel bleu, des nuages blancs de printemps, de promesses, d'etes d'amour et de fetes. 

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Ecoute - moi ce silence qui avance, sur des pas lourds, avec dans ses bras des armes meurtrieres, qui font de freres ennemis, d'amants etrangers, d'enfants adultes tristes. Ecoute - moi ce silence qui avance, qui efface de l'histoire tout ce qui est decence, culture, identite, musique, poesie, danse, pour les remplacer avec le gris

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du pouvoir et ses indifferences, ses monuments a l'argent, ses prisons ou l'enfer s'installe, ou les cauchemars chassent ce qui reste des traces de la lumiere, du sourire qui soulage, parce que on a le coeur et la voix qui respirent, libre, avec aisance. 


Trudi Ralston   

Sunday, October 2, 2022

L'Impossible Invisible: L'Ilusionniste Ensorceleur - dans la serie "Les Blessures de Chiron"

           C'est interessant, comme poete, de donner expression a travers la langue et ses mots, a l'invisible, qui pourtant, comme la joie, le chagrin, a des effets tangibles, palpables, verifiables. Le chagrin a un effet sur le coeur, sur l'energie, sur le sommeil, sur la perspective envers la vie quotidienne, et ses defis, un effet qui a longue duree, peut etre destructif, qui peut mener a la depression, a la maladie, et cela se confirme dans des expressions comme "souffrir d'un coeur brise", et meme " mourir le coeur brise", quand on perd a une personne qu'on aime, quand on perd de vue a une personne, ou sa famille, a cause de la separation que causent les guerres, les emprisonnements, les maladies fatales, les malentendus longs et complexes, et donner une expression verbale a ses traumes, ses chagrins, affirme que les blessures psychiques ont un effet inconstestable sur le corps humain, n'importe si on tolere ces chagrins de facon stoique ou expressive. L'invisible, l'intouchable, laisse ses traces, et pouvoir donner des mots, une voix, une forme, a ces douleurs fantomes, implacables, mysterieux, peut adoucir l'incomphrehensible qu'est la souffrance dans la vie de l'etre humain. Je donne a ce poeme le titre "L'Illusionniste Ensorceleur" pour tous ces moments difficiles dans la vie ou le chagrin qui nous afflige, essaie de nous confondre, de nous desorienter, quand en fait, le chagrin est autant une realite incontournable qu'est son contraire, son equilibre: la joie, l'espoir, le courage, la charite, qui souvent donne la main a la douleur, pourqu'elle ne bouscule pas trop notre dignite, notre humilite, pour pouvoir accepter avec equanimite et determination, energie fiere, l'inevitable lutte entre ce qui rend heureux, et ce qui nous fait souffir, et d'aimer quand - meme, de rester doux, accueillant, tolerant, clement, malgre les contradictions, les blessures inevitables que doit tolerer le coeur et son destin sur cette plaine terrestre, face a la souffrance, qui reste et risque rester, un enigme, depuis la nuit des temps: 


L'Ilusionniste Ensorceleur


Comment expliquer, comment mesurer, comment faire les comptes, de ce qui fait souffrir le coeur, qui lui enleve le sourire, et en echange remplit les yeux de larmes, qu'on essaie de cacher, d'effacer vite? 

Comment comprendre, comment raisonner, comment faire sens des chagrins du coeur, qui troublent, qui enlevent l'energie necessaire dont on a besoin pour arriver a survivre les blessures, les peines?

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Il parait que tout ce qui est invisible, quand nous visite le fantome du chagrin, du malheur, laisse ses traces visibles, laisse son poids qui entrave que bouge libre le coeur, l'esprit et leur ame, qui cherche a voir clair dans les pas evasifs, la danse complexe et confusant, que s'amuse a faire sur la scene de son theatre le chagrin et ses pantomimes, qu'il declame, qu'il exige. 

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On peut a peine suivre cet illusionniste ensorceleur qu'est la douleur, qui toujours arrive juste au moment ou on pense que tout est clair, tout est bien, que les defis ne vont pas etre des obstacles insurmontables.

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On n'a pas de choix que tolerer ce magicien de douteux contenance, de troublantes convictions, qui cherche a provoquer l'equilibre entre joie et chagrin, et la seule facon de faire disparaitre cet illusionniste ensorceleur qui aime bloquer notre traversee sur le pont incertain qu'est la vie, est de decider de chasser les larmes,

de nier la douleur sa victoire, et de garder le coeur ouvert, gentil, malgre le rouge des blessures, qui seulement se guerissent quand on change le rouge de la douleur, dans une rose rouge de tendresse, de charite, d'accueil humilde, pour ainsi vaincre avec patience, les combines que cherche a nous faire avec tant de delice, ce fantome illusionniste, qu'est le desespoir. 


Trudi Ralston


  



Thursday, September 29, 2022

La Course des Marionnettes: Une Vision Feminine - dans la serie "Les Blessures de Chiron"

            Il y a une attraction presque hypnotique qu'exerce un theatre de marionnettes, et cette attraction ensorcelante touche aux enfants et adultes d'egale mesure. Quand j'etais enfant, mon pere avait un ami qui nous a construit un petit theatre de marionnettes, et j'ai des tres beaux souvenirs de presenter des petites pieces de theatre avec mon frere et deux petites soeurs, je me rappelle les rires, les cris de surprise des petites scenes de contes imaginaires, de fees, de sorcieres, de princes, de princesses, d'animaux de fable. Je me rappelle le petit son metallique du rideau qui separait les "acteurs", qu'etaient nos mains qui animaient les marionnettes. C'etait si marrant de se deguiser la voix, de changer de personnage, d'etre ou une fee gentille, un loup effrayant, un prince charmant, une princesse souvent tetue, car le monde des marionnettes est le monde en taille petite, du theatre, depuis l'Antiquite, et jusqu'a aujourd'hui. Cet article va explorer le monde fascinant de l'histoire des marionnettes, un monde qui est present dans beaucoup de pays, et qui a une renommee grande dans plusieurs pays de l'est de l'Europe et de l'Asie. Les marionnettes evoquent des emotions profondes dans mes souvenirs d'enfant, de beaux souvenirs, mais une fois adolescente, et adulte, les marionnettes ont pris une importance differente, celle d'avoir du me defendre contre les manipulations interminables de ma mere, ce qui a laissee aussi des traces dans mes efforts et ma confiance envers mes amities feminines de la part de personnes qui trouvaient un plaisir de me dominer, de mepriser mes sensibilites affectives. Comme enfant, et adolescente, les influences formatives intellectuelles, culturelles, artistiques, m'etaient donnees par mon pere, mon oncle peintre Frans, l'artiste peintre flamand expressionniste, ami de mon pere, Raoul Van den Heede ( 1924 - 1999), tandis que les influences feminines etaient au niveau affectif et social, de la part de ma Nanou, de ma grandmere, paternelle, de ma tante Lieve, la soeur la plus jeune de mon pere, quoique son influence devenait aussi intellectuel, une fois que mon pere devenait malade avec la demence, et elle devint le lien de communication entre mon pere et moi, elle etait la force guerisante qui adoucit le chagrin de perdre a mon pere, petit a petit, quand il perdait de plus en plus la memoire, et les cinq dernieres annees de sa vie, ne savait plus que j'etais sa fille ainee, ou comment je me'appellais. Ma tante Lieve et moi ont passees des heures au telephone entre Olympia et Oostende, en Belgique ou elle vit, ou elle m'a racontee avec une patience, intelligence et sensibilite heroique, ce qui se passait avec mon pere, et aussi sur son enfance de lui, et ma tante et leurs deux soeurs, mes tantes Denise et Blanche, car ma mere n'a jamais fait rien pour aider a ses enfants face au stress de la maladie tragique de notre pere. Ainsi, les marionnettes representent pour moi, autant le bon et le penible, le bon des merveilles du monde de theatre desquelles elles font partie, et le penible, d'avoir du me battre pour si longtemp, telle une marionnette mal traitee, contre les manipulations, comme si j'etais une marionnette suspendue de cordes, de ma mere tres raffinee dans les arts troublants de sabotage psychiques de ses quatre enfants. Cette experience douloureuse aux mains de ma mere, allait influencer ma capacite de creer des amities feminines positives, et etait la raison que souvent mes meillieurs et plus proches amities etaient, et restent, masculines, depuis mon enfance, dans l'amitie de cousins, et au Texas,pendant mes annees d'etudes universitaires, c'etait souvent les amities masculines dans lesquels je me confiais le plus, et avec les annees, j'ai reussie d'etablir aussi des amities feminines qui etaient heureuses, et libre de manipulations destructives, comme mon coeur continue de lutter contre les influences negatives d'avoir eue une mere jalouse de ses filles, voulant etre le centre de l'attention de son entourage ou elle etait la marionnettiste en charge, la prima donna de toutes les reunions, de ses diners et fetes, avec a ses cotes mon pere, intelligent et docile, incapable de controler a son epouse egoiste et souvent cruelle envers ses enfants, un monstre deguisee en coutures francaises et talons aiguille italiens. Pour moi, la Kabylie est devenue ma mere spirituelle, et les amities des artistes photographes d'Aokas, qui sont un equilibre d'influences masculines et feminines, me font comprendre de facon claire et emouvante, que cet equilibre est possible, avec patience, et tolerance envers l'histoire de ma vie, qui trouve sa plus profonde expression poetique, intellectuelle, et creative dans le coeur accueillant de la Kabylie. 

           La photographie poetique de Katia Djabri a eue une influence positive, adoucissante, a travers surtout ses beaux ciels et leurs nuages vibrants, dans des couleurs intenses, qui rappellent aux peintures baroques et aussi expressionnistes, et qui expriment une energie de confiance, de vision claire quant a la vie et ses defis. Sa photographie a un esprit philosophe, un monde ou on peut prendre un moment pour reflechir, pour accepter, qui m'aide a continuer a construire ma confiance feminine, qui lutte pour pouvoir accepter cette hesitation de faire confiance aux femmes, pour avoir ete dite pour si longtemps que j'etais ordinaire, sans interet comme personne, comme enfant, comme adulte,  a un point ou je pensais ne jamais pouvoir exprimer mes talents litteraires et artistiques. Les marionnettes sont animees par leur acteur, et le mot vient du latin, et veut dire, "donner souffle a , donner vie". Dans ce sens direct, la Kabylie et ses photographes kabyles m'ont su animer mes talents, m'ont su donner souffle, vie a mes poemes, mon art, si longuement rendu muet, et je suis si reconnaissante a Djamil Diboune, l'Ulysse Berbere, a Katia Djabri, la poete des ciels et ses nuages kabyles - baroques expressionnistes, a Kurt Lolo, le magicien des lumieres et mysteres mythologiques, qu'il sait infuser d'une ambiance de theatre ancien grec, et a Nacer Amari, de qui son art de portraiture sait unir une perspective berbere a un esprit universel, et qui m'aide a definir ma narrative creative, ses influences formatives et ses inspirations de mes poemes et leurs energies litteraires et culturelles - affectives. Le monde des marionnettes qui se presente a mon coeur et esprit de poete, ces 4 photographes savent transformer dans un monde de liberte, de joie, de confiance, ou la main qu'ils utilisent pour exprimer leur art photographique devient la main qui me permet de comprendre, d'ecrire mes poemes, mes articles, mes livres qui celebrent la Kabylie, ma muse, la fee benevolente, qui donne ailes a mes visions, mes melodies, qu'elle m'inspire. Le symbolisme des marionnettes devient ainsi un symbolisme positif, telle est l'intention de cette forme de theatre, qui depuis des milliers d'annees, est un art qui exprime les defis, les espoirs, les reves, les chagrins, l'humour aussi, de tants de peuples dans tants de pays. L'histoire de l'art des marionnettes remonte a des origines qui se tracent a 4000 B.C. Il y a de l'evidence archeologique de marionnettes en l'Egypte ancien, des figurines manipulees a cordes, pour aider a petrir le pain. On a trouvee des marionnettes en argile et ivoire, avec des membres articulees, dans des tombeaux anciens egyptiens, des marionnettes controlees par des cordes. 

            En ancienne Grece, les archives les plus anciennes de marionnettes se trouvent dans les ecrits de Herodote ( c.484 - c.425 B.C.) et de Xenophone ( 430 - 355/354 B.C.). Au Japon, les marionnettes Bunraku se developpaient des rites des temples de Shinto, et avec le temps devenaient une forme de theatre de marionnettes tres sophistiquees. Chikamatsu Monzaemon (1653 - 1724), considere le meillieur dramaturge du Japon, choisissait d'arreter d'ecrire des pieces de theatre pour kabuki, et decida d'ecrire des pieces pour marionnettes, dans la forme de theatre de marionnettes joruri, apres nommees bunraku. Les marionnettes de theatre bunraku etaient sculptees de bois, et apres, peintes, et mises en costumes. Au Vietnam, une forme de theatre de marionnettes se fait sur la surface de l'eau, inspiree par les inondations des champs de riz dans les villages. Les marionnettes sont manipulees a travers des cannes sous l'eau, par les marionnettistes, ce qui cree l'impression que les marionnettes se bougent sur la surface de l'eau. En Myanmar aussi, il y a une forme de theatre de marionnettes, le Yoke the, qui date de 1780, et en Inde il y a le theate de marionnettes Kathputli, originaire de la region de Rajasthan. Ces marionnettes sont taillees d'une seule piece de bois, ont des membres articulees, ce qui permet des mouvements plus flexibles et precis, et elles sont faites par des familles d'artistes dans des rituels elabores, de prieres, et de seclusion,  pour apres leur construction etre fetees avec des fleurs et de l'encens, pour celebrer la "naissance" metaphorique des marionnettes. En ancienne Grece, les philosophes Platon (428/427 ou 424/423 B.C. - 348/347 B.C.) font des references a des marionnettes dans leurs ecrits, et les legende de L'Iliade et de l'Odysee etaient presentees a travers des theatres de marionnettes, et il y a de l'evidence de theatres de marionnettes faites au temple du dieu de la fertilite et du vin, Dionysius, a l'Acropolis. En Europe, le theatre des marionnettes s developpait de la Commedia dell' Arte italien du XVIeme siecle, et aux Iles Britanniques, en Angleterre, l'Ecosse et le Pays de Galles. En Allemagne et Autriche, il ya une longue tradition de theatre de marionnettes, aussi developpee de la Commedia dell'Arte, comme a Salzburg, ou le theatre de marionnettes, fondee en 1913 par le professeur Anton Alcehr a une renommee mondiale. En 2016, le theatre de marionnettes thecque et slovaque fut inclus dans le Patrimoine Monndiale UNESCO. En Amerique du Nord, la culture Teotihuacan du Mexique Centrale de 600 A.D. faisait des figurines avec des membres flexibles, pour leurs rites funeraires, et la culture Hopi du Sud - ouest des Etats Unis, a les kachina, qui sont des marionnettes faites du bois du peuplier dans les ceremonies d'initiation de jeunes filles et de mariees. En Australie, les cultures aborigenes ont une longue tradition de contes orales qui date de milliers d'annees, et il y a le Marionette Theatre d'Australie, fondee en 1960 par Peter Scriven, et les marionnettes Snuff Puppets de l'Australie,  de Melbourne, voyagent avec leurs theatre de marionnettes geantes dans 15 pays, et participent a des grands festivals  en Asie, l'Amerique latine, et l'Europe. Les Snuff Puppets sont connus pour leur humour noir, leur themes de l'actualite sociale et politique. Il y a aussi plusieurs auteurs et poetes fameux, qui ont ecrits des peices de theatre specifiquement pour des theatres de marionnettes: l'ecrivain flamand qui ecrivait en francais, Maurice Maeterlinck (1862 - 1949), qui gagne le Prix Nobel de la Litterature en 1911; George Bernard Shaw ( 1856 - 1950), le dramaturge irlandais, lui aussi recipient du Prix Nobel; et le poete et dramaturge espagnol Federico Garcia Lorca, victime de l'assassinat politique, a l'age de 36 ans du regime fasciste du General Franco.

            Cette exploration de l'importance du theatre des marionnettes, amplifie pour mon coeur de poete, l'importance des photographes berberes Djamil Diboune, Katia Djabri, Kurt Lolo et Nacer Amari, cet equilibre que leur art me donne, a travers la diversite de leurs talents et interets aesthetiques et culturels. Les marionnettes sont des personnages sympathiques, qui souvent expriment les defis, les espoirs, les luttes, les espoirs, les aspirations, les sagesses d'un peuple, a travers les voix deguisees des marionnettistes qui donnent vie avec leurs mains et ses mouvements a leurs marionnettes. Si la main et la voix sont gentilles, la marionnette est benevole, inspire, eduque, encourage, emotionne. Pour moi, la Kabylie est la main gentille, qui guide, qui anime, qui inspire, mes energies creatives qui avaient esperees, si longtemps pour etre resuscitees, reanimees, et le mot "animee" se traduit en fait en " donnee un souffle, une vie, une conscience, une passion, une vie". "Animus" en latin est le mot pour l'esprit, la volonte, l'ame et en grec ancien "anemos" est le mot pour "vent, brise". Ce qui a un animus, a une vie, a un souffle, et dans mon cas, la marionnette des traumes de mon enfance et adolescence, si longuement manipulee avec mechanchete, si longuement apres abandonnee, sans voix, sans vie, a trouvee dans le coeur maternel de la Kabylie, dans son esprit, ses mains gentilles, guerisantes, son animus: sa vie, sa raison d'etre, son identite, sa naissance metaphorique. 

Trudi Ralston 

La recherche sur le monde vaste, ancien, et moderne, du theatre des marionnettes dans l'histoire et la culture, courtoisie de Wikipedia. 

  

Sunday, September 25, 2022

Est - ce qu'il y a, Quelque Part? - dans la serie "Les Blessures de Chiron"

             Il y a dans la vie de l'etre humain des mysteres qui ne se resoudent pas, ni avec la raison, ni avec les sentiments, et qui echappent tout effort d'essayer de les comprendre. Les liens du coeur doivent etre parmi les mysteres les plus profonds, les liens qui se construisent entre des coeurs qui  se rencontrent et ont l'impression qu'ils se connaissent depuis toute une vie, qui se decouvrent des interets et experiences, des sensibilites en harmonie, des histoires de chagrin et de joie, d'espoir. Pour ces coeurs, ni le temps, ni l'espace est un impediment, dans des partages qui comme un arc en ciel savent vaincre tout defi. Mais comme la vie de l'etre humain reste aussi toujours part destin souvent incomprehensible, et il reste aussi l'arbitraire et le caprice de soudain pertes, de contradicitions, de peines, il est inevitable qu'on perd aussi a ces personnes avec qui on avait etabli un lien unique, qui donnaient a notre vie et ses defis une energie et courage ne pas connu avant, ou apres. Pour mon coeur de poete, qui a perdue tants de personnes dans cette vie, dans des circonstances miserables, et qui se trouvait tres seule pour trop de temps, la Kabylie et son coeur resistant et accueillant, m'a regalee avec l'experience inoubliable de rencontrer a travers la distance et le temps, des amities magnifiques. Les exigences d'un monde en chaos, d'exigences quant a combattre les fatigues que causent les intolerances politiques, de crise sanitaire avec trois ans de pandemie, les distractions et demandes de la vie quotidienne, chaque fois plus incertaine et difficile, me trouble le coeur, me fait demander, si je vais perdre, ou si j'ai deja perdue, a certains liens precieux qui la Kabylie, ma famille de coeur, m'avait permis? C'est un chagrin de coeur difficile de nier les jours de silences, de solitude, artistique et intellectuelle. Ce poeme exprime cette douleur, que c'est peut- etre le destin inevitable du poete en exile, depuis la nuit des temps, pour etre trop rebelle et trop vulnerable a la fois. Je le dedique a ces coeurs sensibles qui m'ont permis, a travers leur amitie et leurs photographie, d'essayer de donner une voix a mes poemes, a leurs peines, a leurs joies: Djamil Diboune, Katia Djabri, Kurt Lolo et Nacer Amari. Merci de m'avoir absorbee mes incertitudes et contradictions, mes faiblesses et mes douleurs, leurs faims et solitudes, autant que mon envie pour la joie, le bonheur, si elusifs avant la grace de la Kabylie, avant la charite du coeur berbere, que vous m'avez permis exprimer dans mes livres et poemes, depuis 2017:  


Est - ce qu'il y a, Quelque Part?


Est - ce qu'il y a, quelque part, une equipe de magiciens qui se reunit, qui decide, combien de joie, combien d'espoir que merite un coeur humain? 

Est - ce qu'il y a quelque part, dans les nuages, un grand batiment d'apprentissage, ou des novices de ces magiciens decident, qui recoit la grace de l'amitie, de la tendressse, de la charite apres des annees de detresses, d'avoir le coeur qui saigne sans cesse, de se trouver epuisee, et invisible, chassee de son pays, de sa famille? 

Est - ce qu'il y a, quelque part, une equipe de magiciens, qui nous ramassent ce qui reste de notre coeur quand il se brise en 1000 pieces, qu'ils apres mettent dans un petite boite discrete, avec y ecrits les mots " Coeur de poete - ne plus reparable, ne plus utile?"

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Mais ce que ces magiciens oublient, c'est que le ciel aussi a ses equipes, qui voient toutes les pieces brisees, et les guerissent, les soignent, et je pense que le ciel meme decide, de les envoyer, ces coeurs brises des poetes, venus de rives lointains comme de Flandes, de les envoyer vers terre kabyle. 

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Car c'est sur terre berbere, dans son accueil charitable et sincer, que mon coeur de poete en exile, a recue l'amitie, la tendresse, et meme si le destin maintenant decide, qu'il me faut perdre a nouveau cette grace, cette chance,

au moins quand le moment arrive pour moi, imparfaite, blessee et a la fin disponible, de quitter cette plaine terrestre, au moins, je vais pouvoir dire, aux magiciens et leurs novices: " Mettez - moi et ce qui me reste de mon coeur de poete, de mes reves, de mes joies, de mes erreurs, de mes victoires, dans une petite boite qui simplement dise: je fus aimee par le coeur berbere, et cela pour un temps, m'a effacee toutes les miseres, toutes les peines." 


Trudi Ralston