Apres des semaines de pluie le mois de decembre 2024, janvier ici a pris une soudaine direction vers des temperatures tres froides, de -7 Celsius la nuit, et des temperatures surprenantes raisonables pendant le jour, entre 7 et 10 degres Celsius, avec meme le soleil qui essaie d'apporter un peu de lumiere et chaleur ces jours sombres depuis les elections recentes dans le pays. Certains jours, les matins revelent un monde de brume, de brouillard dense rendu presque feerique, a cause du froid, qui laisse une couche de gel crepitant sur les toits, sur les arbres, sur les chemins. Cela donne l'impression visuelle d'un monde en arret, ou le temps s'est endormi, ou rien n'ose ou ne sait bouger, une sensation augmentee par le manque de visibilite, qui ajoute en plus un frisson de se sentir perdu, avalee, invisible, comme le brouillard meme. Cette sensation peut etre un peu inquietante, mais m'a su provoquer une idee puissante: l'importance de la Kabylie, son esprit, son coeur resistant et acueillant, quant a l'histoire de ma vie st sa lutte pour la survie de mes energies et leurs visions creatives comme poete, comme artiste et ecrivaine. La brume de ma vie, causee par une vie entiere d'exile culturelle et sociale - intellectuelle, se leve chaque fois plus, et permet que deviennent claires les lignes qui m'ont definie le parcours exigeant de ma vie, du fait que pour si longtemps, j'ai du tolerer les demandes continues de ne pas abandonner le courage, soutenir l'energie necessaire de garder l'espoir, de garder la confiance que j'avais une voix, quoique muette, et qu'un jour, elle trouverait la flute qui lui permettrait partager, entendre, ses melodies et leurs notes, leurs mots, si longuement supprimees, niees. Voir la brume froide des matins d'hiver ici s'evaporer dans la lumiere silente du soleil quand il sort, me cause des fortes emotions, de reconnaissance, d'espoir, de joie, de savoir que sur les rives de la Kabylie, en Afrique du Nord, il y a ma famille de coeur, il y a mon collegue photographe d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie qui a un impact profond et unique sur le reveil de mes energies creatives, ses expressions, ses revelations, sur les blessures psychiques aussi que tants d'annees de silence et invisibilite ont laissees, et que la qualite artistique narrative et inclusive de son art, surtout de ses portraits, sait guerir, sait fermer, et en traduire les cicatrices dans une interpretation digne, transformative, qui me donne un sens d'affirmation, de liberation de pouvoir donner une image claire, unie, pour ma personne qui a toujours sentie que les arts litteraires et visuelles etaient le sentier de mon destin, mon but, ma destination. Que ce destin se m'explique ne plus juste dans mon enfance et adolescence en Flandes, ne pas aux Etats Unis - apres y avoir vecue presque 50 ans - mais se dessine, est audible, visible dans les chants, les montagnes, les villages, le sourire et le regard et son histoire ancienne de la Kabylie, vaut raconter, partager, celebrer avec toute la force vitale que je possede. La Kabylie, elle est l'appel dans la brume, elle est la sagesse, la charite dans l'invisibilite suffoquante, dans le silence meurtrier qu'a ete si longuement ma vie creative. C'est elle qui m'inspire mes poemes, mes articles, mes livres, mes joies creatives pour mes broderies, mes dessins, mes portraits en encre, en crayon. Dans l'accueil de son souffle, je renais encore, en encore, tel le phenix de ses cendres. Cette transformation qui se deroule, comme les petales depliantes d'une fleur de lotus, n'est pas evidente, vue la distance geographique qui me separe de l'Afrique du Nord, vue aussi les demandes de la vie quotidienne autant pour ma famille de coeur en Algerie, que pour moi ici. C'est dans un sens aussi un combat, une lutte tenace de ne pas permettre les vagues de contradictions, de defis, d'obstacles, laisser, mettre leur prise paralysante sur mon coeur, sur mon esprit. Le monde devient chaque fois plus complexe, chaotique, et le mal, qui est un metamorphe sinistre et bien habile, a ses facons de nous epuiser la resistance, la determination. Mais, n'importe tout ca, la brume dans ma vie recule, visiblement, un jour, un effort, un poeme, un article, un autre livre suivant, a la fois. Merci, ma Kabylie, merci, ma famille de coeur qui me manque tellement, merci, mon collegue et ami, camarade - artiste Nacer Amari, pour garder le courage avec moi, pour continuer de me montrer le chemin vers ce pont d'ou est visible toute la beaute immense, eternelle, fiere, libre du coeur et esprit Berbere de ton pays, l'Algerie, ce qui me fait visiter encore ce poeme du visionnaire autrichien, le poete Rainer - Maria Rilke (1875 - 1926), qui me mene si souvent avec ses pensees astucieuses, vers les rives de la Kabylie:
"Enleve - moi la lumiere de mes yeux, je te verrai encore. Rends - moi sourd, j'entendrai encore ta voix. Et sans pieds, je marcherai encore vers toi, sans bouche, je dirai encore ton nom.
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Rompe- moi les bras, je t'embrasserai quand - meme, avec mon coeur, comme si c'etaient mes mains. Arrete le battement de mon coeur, et mon esprit commencera a battre.
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Et si tu me brules le cerveau avec des flammes, je te sentirai le feu dans chaque goutte de mon sang."
Trudi Ralston
La traduction du poeme de Rainer - Maria Rilke, du texte ecrit en allemand originalement, et apres traduit en anglais, j'ai traduit moi - meme en francais pour le but de cet article.