Sunday, January 19, 2025

Le Village au Centre du Printemps: dans la serie "L'Hurlement des Loups du Midi" dediee a Nacer Amari

            Il y a des liens qui s'expliquent en mots difficilement, qui sont si profonds, si complexes, affectivement, intellectuellement, culturellement, spirituellement, qu'ils echappent une definition complete, pour le fait qu'ils changent tout le temps, comme une plante qui se transforme de graine dans une realite organique, avec des racines, des tiges, des feuilles, des fleurs, des fruits, qui s'evolue avec les saisons et ses lois, ses mysteres. Pour moi, ce lien, comme poete, artiste, etre humain au coeur en exile, vit et reve sur les rives de l'Afrique du Nord, en Algerie, en Kabylie, a Bejaia, a Aokas. Ce lien s'exprime sa langue et ses melodies, ses visions dans le lien artistique - litteraire que me permet la photographie de l'artiste visuel d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie. Malgre la distance considerable, de 9000 km et deux oceans, le Pacifique et l'Atantique, et la mer Mediterranee, et deux continents, l'Amerique du Nord, et l'Europe, pour pouvoir arriver en Afrique du Nord, ce lien continue de generer des livres, en prose, en poemes, 6 livres en ce moment, et un 7ieme livre qui est pret pour publication ce printemps 2025. Les difficultes de travailler ensemble a cette distance paraissent etre sans importance, car l'inspiration et son energie creative est le guide sur les chemins de cette odyssee qui explore l'esprit resistant et ses sagesses, son courage, de la Kabylie et son histoire qui remonte des milliers d'annees, qui a su survivre les defis et souffrances d'invasions qui remontent a l'Antiquite des pheniciens, des romains. Il y a quelque chose unique dans le coeur kabyle, qui possede le don de guerir les blessures a l'ame, pour connaittre a fond la sagesse de la terre, lui entend et connait sa voix, ses visions. Cette reflection fut activee par le desir de voir l'arrivee du printemps, de pouvoir dire adieu au froid, au noir, et de dire bienvenu au soleil, sa lumiere, son espoir, au reveil de son hibernation de la terre, et de voir se regenerer  les fleurs, les plantes, les feuilles des arbres endormis, de sentir la chaleur dans le ciel bleu, dans son toucher de la terre, prete a donner ses fleurs, pour les papillons, les abeilles, pour l'etre humain qui en creve ses senteurs, ses couleurs, de cette terre et la nourriture de ses recoltes, leurs promesses d'abondance, d'appartenance, de paix, de bonheur.  Par hazard, j'ai trouvee l'image d'une peinture d'un village, qui se parait tres proche en ambiance nostalgique au village ouest- flamand, Beveren, ou je suis nee et ou j'ai grandie, avant de venir aux Etats Unis, au Texas, ou j'ai fait mes etudes universitaires. Cette peinture montre un groupe de fermettes, de maisons au bord du village, et me rappelle des memoires precieuses de visites a la maison de ma nanou, et de mes copines en ecole primaire, son modeste edifice au centre du village. J'ai juste quelques memoires de la maison qu'avaient louee mes parents, la maison tout pres de la rue centrale du village, ou on a vecue avec mon frere et mes deux petites soeurs, avant de demenager a la maison pres de la ville a cote, Roeselare, quand j'avais 5 ans. Un des souvenirs qui me reste vif, est de voir jouer au foot les 4 fils d'un des ouvriers de l'usine de bus de voyage ou mon pere travaillait comme jeune directeur, et plus tard, comme liaison aussi entre le proprietaire et les syndicats, qui eux lui avaient une sympathie profonde envers mon pere, qui insistait sur des conditions de travail dignes et sanitaires, surtout quant aux effets des produits chimiques dans l'application des peintures pour les bus, et d'assurer que les salaires des travailleurs montaient avec les frais de vie montants. Les jeunes joueurs de foot m'ont laissee un sens precoce du poids de la solitude, me demandant ou etaient mes amies, ma famille d'enfants avec qui jouer. Dans ces memoires lointaines, mais claires, il reste la sensation de l'absence, une absence brulante, de me demander deja a ce tres jeune age: "Mais ou est ma mere? Je la vois, mais elle ne me voit pas a moi." Cette impression me resterait pendant toute mon enfance, mon adolescence, et mes annees d'etudes au Texas, ou ma mere compensait son absence affective avec des lettres qui parlaient de tout, sauf de son desir de savoir si j'etais bien, si mes etudes avancaient bien, si j'etais heureuse. Elle ne ferait jamais aucun effort de me connaitre, de montrer un interet dans mes talents, de les encourager, apprecier. Elle voulait surtout que je me marie, s'irritait que j'y prenait mon temps. Et une fois qu'elle se rendait compte, quand j'avais 27 ans, que j'etais heureuse, avait mes amis et amies, que j'aimais voyager, enseigner, avoir mon independance economique, sociale, l'idee d'insister qu'il etait temps de me marier devint une obsession avec ma mere. Et en fait, a l'age de 29 ans, je me suis mariee avec un psychologue gentil, de la Californie, et on a un fils, qui a 32 ans. L'exile cree une absence permanente des origines de l'identite, que donne la terre natale, et cela reste un beau mystere, que c'est la Kabylie qui m'a redonnee ce sens de l'appartenance culturelle, qui me permet de reanimer les racines negligees, niees de mes origines flamandes, c'est le coeur kabyle qui m'a reveillee la force, l'inititative de chercher les outils pour donner une expression a mes visions litteraires - poetiques et artistiques. La Kabylie devint le village au centre du printemps de mon ame reclamee, la geurison de ses blessures, de ses solitudes, devint la mere au coeur genereux, sincer, un sentiment que j'ai pu connaitre dans l'amitie si joyeuse vecue a la maison de mon amie Malika, a Bejaia, pendant le sejour de mon mari Michael et moi en Kabylie en 2019. Sa maison etait une oasis de paix, de douceur, d'hospitalite chaleureuse, genereuse. Apres la fin du sejour, une fois de retour a Washinton State, a Olympia, on parlait regulierement au telephone, on rigolait, on pleurait ensemble, elle etait l'accueil feminin de mon ame epuisee de toute une vie d'exile. Le lien intellectuel - affectif - creatif et spirituel avec mon collegue kabyle Nacer Amari, me rappelle, un dicton amerindien qui repond a la question si la charite en amour a une definition, et que c'est, en fait, pourquoi que c'est evasif, difficil? Un vieux shaman pense pour un moment et repond, avec une tranquille certitude: "La charite en amour n'a pas besoin de se definir, de s'approprier, elle est sa propre raison d'etre, elle est, comme le sont la lune et les etoiles." C'est cette philosophie que je sens est l'essence du coeur et esprit kabyle, qui coulent libre, comme l'eau de ses rivieres, de ses cascades, des vagues de la mer Mediterranee qui embrasse ses rives. Ecrire pour la Kabylie, lui dedier mes poemes, rechercher les qualites artistiques - historiques des portraits du photographe Nacer Amari, et les rendre en articles, en livres, qui sont une double exploration artistique et personnelle, me donne entree a mon village natal, que j'ai quittee comme adolescente, me donne la chance de comprendre les memoires et souvenirs de mon enfance, des personnes qui m'ont aidee a forger ma resistance, mon courage, comme enfant, comme jeune femme apres aux Etats Unis, et sur le chemin long et solitaire, de reclamer ma voix, mon etre, mon humanite si longuement invisible, sans voix. La Kabylie et son coeur est pour moi la famille perdue, le village et sa communaute retrouvee, le village au centre de mon printemps, finalement vecu, connu, avec ses signes et symboles, ses experiences, ses indices resolus, ses experiences et divergences expliquees, compris: la Kabylie et l'art de mon collegue me permettent visiter toutes les personnes de mon enfance et adolescence en Flandes: mon pere, ma grandmere paternelle Celina, ma tante Lieve - qui est la petite soeur de mon pere - mon oncle Frans, mon oncle Emiel, qui etaient les deux grands freres de ma mere, et artistes peintres, ma Nanou Julienne, le jardinier Arthur Naert, qui dans les portraits artistiques du photographe d'Aoskas, me transportent vers les moments et influences les plus beaux et importants de ma vie comme enfant et adolescente flamande. Dans l'acceuil transformatif du coeur berbere, les annees de solitude et isolation, loin de ma region et pays d'origine s'evaporent, et la confiance et la paix, la joie et sa certitude, me permettent vivre dans un eternel present ou domine la vitalite creative, la dignite et l'espoir, loin des fantomes du passe, loin de l'angoisse paralysante du futur incertain qu'affronte l'humanite du XXIieme siecle.   

Trudi Ralston 

" Laisse tout t'arriver: beaute et terreur. Continue. Aucun sentiment est final. Prends soin de ne pas me perdre. Proche est le pais de qui son nom egale la vie. Tu le reconnaitras par sa sincerite." 

Rainer - Maria Rilke (1875 - 1926) de son livre de poemes "Le Livre des Heures", le poeme "Marche vers les limites de ton envie." Le verset du poeme, ecrit originalement en allemand, j'ai trouvee en anglais, et traduit pour cet article en francais. 

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