Monday, October 12, 2020

La Ligne - dans la Serie " Le Cahier Errant " dedicacee a Nacer Amari

Une note me venue de l'ame s'envole vers la fenetre ouverte accueillant la lumiere du matin. Elle me laisse le sourire de qui son geste devient une ligne, un dessin qui s'enva faire le voyage dans le ciel blanc et grand. 

La ligne elle danse, s'agrande dans le souffle frais de la brise automnale, et petit a petit la ligne devient un oiseau qui cherche les rivieres, l'ocean ensuite, qui l'emmenera vers l'Afrique du Nord, vers l'Algerie. 

La ligne, elle devient une melodie, de qui sa cle cherche ta maison et cherche le balcon de ma soeur en Kabylie, la ligne devient mon ame , mon coeur qui a fui le Nord pour les rives chaudes du Sud, comme le font les oies et libellules et colibris ici maintenant que le froid s'annonce sur le vent et la pluie. 

                                                                       * * * * * * * 

Ma valise est cette ligne qui se dessine un chemin, qui suit la lune et les etoiles la nuit pour arriver la ou se deroule le theatre de mes poemes, de mes joies, de mes espoirs, et ou je vois la ligne des mains et sourires et coeurs chauds qui m'attendent la ou chantent les esprits du Djurdjura, en Kabylie. 

La ligne elle unit le dessin de mes poemes et les chants de la Kabylie, elle est mon coeur qui comme un papillon s'envole la ou la main ouverte de ma famille berbere me laisse reposer dans la lumiere et la chaleur de son accueil, la ou la fenetre et la porte sont ouvertes, chez moi, en Algerie. 

La ligne, c'est le messager qui vient me dire ce matin, qu'il n'y a pas de distance entre ames qui partagent le bonheur et le chagrin avec egale courage, avec egale resistance et humilite. La ligne qui vient vers moi avec des pas de danse, des voix qui chantent, elle est ma famille berbere, qui enveloppe mon etre dans le manteau de sa dignite, de sa tendresse.  


Trudi Ralston   

Saturday, October 10, 2020

Les Nuages - dans la Serie " Le Cahier Errant " dedicacee a Nacer Amari

Sous un ciel bleu clair ou la lumiere est douce comme une soie pour la peau qui a eu trop froid ou trop chaud, les nuages haut au - dessus du toit de la maison revent blancs et silencieux et sont les yeux de ton ame, de ton coeur calme. 

La, dans ce silence accueillant et grand, je voyage, parmi les poemes de mon adolescence, et j'entends les melodies de ces premiers pas au pays de la poesie et ses couleurs, et parmi les notes, il y le piano, la guitare qui dessinent pour moi les couleurs de ton art et de sa voix. 

Je traverse la distance du passe au present avec a mes cotes les visions de tes photos et leurs messages, je touche les souvenirs de mon enfance, les reves timides de mon adolescence, les courages tetues pour atteindre les rives ou pourrait se retrouver et reposer mon ame epuisee de poete et femme.

                                                        * * * * * * * * * * * * * 

La, haut parmi les nuages blancs, immenses, m'accueillants comme une couverture pour le sommeil si recherche toutes ces annees pour mon coeur et muse errants sans charite ou guidance, je vois toujours la fenetre ouverte de ton art en Kabylie, a Aokas, loin dans la distance.

Les nuages ici me parlent en melodies, en musique de violon, de guitare, dans une langue que je comprends car c'est la langue des esprits et leur sagesse me venue des montagnes et plages de la Kabylie, avec les nuages que me partagent les visions de ton art, ses portraits, ses nature mortes, sa flore et faune 

avec tous les mots, toutes les cadences qui se melangent avec les nuages de mon ame que tes photos me traduisent et qui me font comprendre que je suis chez moi quand je voyage sur les nuages d'ici vers les nuages qui t'accompagnent l'inspiration et le coeur et l'ame la ou tu vis, en Algerie. 


Trudi Ralston  

Thursday, October 8, 2020

Au Bord - dans la Serie " Le Cahier Errant " dedicacee a Nacer Amari

Le jour se levait frais et clair, sous un ciel bleu calme, avec des petits nuages blancs timides. Le soleil n'avait plus une chaleur intense, mais emettait une lumiere douce, juste assez pour enlever le frisson de l'aube automnale. L'anticipation pour la publication du livre " Sonates Berberes " sur la photographie de Nacer Amari m'avait rendue un peu empressee, et dans ces moments desireux, je me trouvais au bord de memoires desagreables des efforts considerables et difficiles pour m'etablir comme ecrivaine, comme poete, et artiste. Ces efforts etaient les fils d'araignee au - dessus du precipice d'une isolation et solitude implacable qui m'avait suivi de la Belgique au Texas a Washington State, un mur solide que la culture kabyle et ses artistes photographes allait demolir avec l'energie benevolente de sa belle nature et riche culture, comme une eau benevolente qui redonne la vie a la flore et faune, qui dans ce cas fut mon ame et mon coeur. Depuis, mes articles et poemes fleurissent dans la vallee de l'esprit accueillant de la Kabylie, comme des graines enterrees pour 30 annees, qui avec la lumiere et chaleur de ma famille berbere ont commencees a pousser en abondance, comme le desert qui se remplit de fleurs avec l'arrivee du printemps apres un hiver de manque et desolation. Se trouver au milieu d'un coeur chaud, apres des annees d'isolation froide et ecoeurante, est un bonheur sublime et inattendu qui me permet m'exprimer comme poete et ecrivaine, comme un peintre le peut faire avec les couleurs de sa palette. Parfois, le rappel de cette immensite de solitude me touche comme les doigts froids d'un spectre de qui son ombre noire me fait revisiter tel un frisson au dos la memoire du poids lourd de tant d'annees, duquel la Kabylie m'a liberee. C'est rare ces jours de me trouver au bord de ces memoires tristes, car la Kabylie et ses photographes artistes sont la melodie qui sait traduire l'intention et les symboles de mes poemes et articles et livres, elle est ma muse et ma compagne pour mes inspirations a travers le monde riche de sa culture et histoire, a travers sa nature unique, a travers sa generosite et sagesse. La photographie est un art qui sait communiquer avec impact immediat des messages profonds et sincers. La photographie de Nacer Amari certainement comprend cette capacite communicative directe qu'a la photographie. Sa photo du 6 octobre, " Les Retrouvailles " illustre cette energie communicative. Elle me rappelle l'importance intellectuel et affectif qu'a pour moi la culture kabyle, qui m'a permis de m'exprimer l'ame et le coeur qui avant se sentaient invisibles, muets. L'ambiance accueillante de la photo qui invite le partage avec deux vers et la belle bougie rouge illuminee, sont un beau symbole visuel de la celebration du bonheur, de la fierte aussi que peut creer etre admis comme membre d'une culture, d'une grande famille quand on n'a que des memoires de que c'etait avoir une grande famille, ce que c'etait avoir un nom de famille, des freres et soeurs, des parents, de se savoir du meme sang, du meme heritage. Le titre aussi " Les Retrouvailles ", touche une sensibilite, car c'est dans le coeur de la Kabylie que je me sens chez moi, que je me sens libre, heureuse, compris, estimee, acceptee, respectee, entendue. Cette photo a une ambiance de celebration, d'invitation, d'intimite aussi, car le bonheur est en fait une grace de grande intimite, de grande generosite, entre amis, entre membres de famille, entre membres d'un peuple, d'une culture. Socrate a dit : " Il n'y a pas de tresor plus grand que le bonheur. " J'avais oubliee ce que cela voulait dire, pouvait dire : etre heureux. Au sein de ma famille berbere en Kabylie, je suis combee de bonheur, comme poete, comme ecrivaine, comme soeur, comme amie, comme camarade, comme collegue de ses artistes photographes. 

La photo de Nacer Amari de Tassi Photographie dans son elegance visuelle minimaliste, avec deux vers et une bougie en couleurs chaudes jaunes et rouges, sur un fond noir riche comme un velours ebene, invite l'inclusion, un trait de sa photographie. Les photos de Nacer Amari ont souvent cet esprit narratif inclusif, qui invite une interpretation qui rassure, qui permet au spectateur de la comprendre selon ses emotions, son temperament, comme le sait faire l'art, et cet esprit narratif parle de l'universalite de l'experience humaine, du desir pour l'appartenace, et dans cette photo qui parle d'une emotion universelle, le photographe montre le coeur accueillant de la Kabylie. La Kabylie, qui m'a offert son coeur, son ame, et me permet depuis de lui celebrer son coeur, son ame, son esprit tolerant, resistant, son histoire et culture, et nature, riches, au voix puissante et eternelle comme ses vallees et ses montagnes, et qui me rappelle ici a 9000km les mots du grand poete Slimane Azem qui me remplissent le coeur d'amour et le dechirent de douleur en meme temps: 

" ... L'Algerie, mon beau pays Je t'aimerais jusqu'a la mort Loin de toi je vieillis Rien n'empeche que je t'adore Avec tes sites ensoleilles Tes montagnes et tes decors Jamais je ne t'oublirais Quelque soit mon triste sort "... 

Les retrouvailles de la dignite, de l'identite, de l'appartenance, du respect, de l'amitie, de la tendresse, de la voix, de la famille. La Kabylie est mon ame, est mon coeur retrouves, redonnes, liberes.  


Trudi Ralston 

Tuesday, October 6, 2020

Le Pullover de Rainer - Maria Rilke : Dans la Serie " Le Cahier Errant " dedicacee a Nacer Amari

L'araignee dehors face a la fenetre de ma chambre a coucher paraissait tres contente. Posee au milieu de sa toile grandement etalee en dessus des petunias roses, elle avait dans ses pattes une grande punaise verte, qui etait de la meme taille qu'elle. L'insecte bouclier etait enveloppee dans la soie dense avec ses pattes minces visibles a travers le tissu fort et impitoyable. Le soleil etait de retour, avec un ciel bleu, grace a un vent genereux qui faisait un effort pour effacer ce qui restait de la fumee des incendies en Oregon et la Californie qui m'avaient laissees avec un mal de tete quand j'avais fait le velo hier. L'air sentait bon et clair a nouveau. Il y avait une douceur dans la chaleur du soleil, dans sa lumiere, qui evoquait juste un soupcon de melancholie automnale. C'etait la saison des pullovers, comme il faisait deja froid le matin et le soir. Je pensais a mon collegue berbere Nacer Amari, a l'anticipation de publier le premier livre sur son art photographique, et je pensais a Rainer - Maria Rilke ( 1875 - 1926 ) et ses pensees sur la solitude, en relation avec ses pensees sur l'amitie. Rilke definait l'amitie proche comme  " un devoir de se proteger mutellement la solitude . " Je n'aurais jamais vraiement compris a fond cette idee profonde et un peu contradictoire sans l'art inclusive de la photographie de Nacer Amari. Mon livre " Sonates Berberes " qui sera publie ce mois d'octobre 2020 se concentre sur la narration autonome et inclusive de son art, et deja il y a 17 articles et poemes pour le livre suivant " Le Cahier Errant " aussi dediquee a l'art de Nacer Amari, et l'influence intellectuelle et creative qu'a sa photographie sur mes poemes et visions et perspectives litteraires et affectives, grace a l'esprit a la fois universel et specifiquement berbere dans ses photos. Comme Rainer - Maria Rilke est le miroir de mes influences intellectuelles recues en Europe, Nacer Amari est la melodie berbere qui a su construire le pont entre mes solitudes comme poete et ecrivaine ici aux Etats Unis et les energies et resistances d'espoir et courage m'offert en Afrique du Nord, en Algerie, en Kabylie a travers la richesse de sa nature et l'art de ses photographes. La photographie de Nacer Amari est le kaleidoscope a travers lequel se rendent claires et visibles les couleurs et dessins qui on definis mon etre, mon ame et coeur, et temperament poetique creatif. Sa photographie est le code qui a su briser l'enigme de mon isolation, de son insistance, de son mystere. Dans ce sens, sa photographie me permet de comprendre plus clairement l'importance de la culture berbere dans mon evolution comme ecrivaine, dans mes ecrits sur la photographie de Djamil Diboune, l'Ulysse berbere, de Katia Djabri et de Kurt Lolo. Je comprenais la musique de la merveille qu'est la nature en Algerie, sa culture berbere de la Kabylie, et la photographie de Nacer Amari, pour sa position de narration inclusive et autonome de ses photos, de ses portraits, ses natures mortes, ses photos de faune et flore tranquilles, reflexives, m'a donnee la cle de cette musique, comme mon oncle Frans De Cauter ( 1920 - 1981 ) m'avait laissee la musique et la cle qui me permettait comprendre mon destin comme poete a l'age de 16 ans, a travers le monde de ses peintures symbolistes et surrealistes, et a travers ses conversations sur l'art, la philosophie, la creativite, ou il me prenait serieux comme une jeune niece, qu'il considerait une egale intellectuelle. 

Le livre " Sonates Berberes " celebre l'art photographique de Nacer Amari, et comme chaque concert de qui la musique fascine, le livre est une introduction a ce photographe unique, qui a deja invitee un second livre, pour 2021 - 2022 , qui sera " Le Cahier Errant ", dedique a ce lien intellectuel - artistique profond que m'inspire mon collegue en Kabylie, et l'impact incontestable sur mes perspectives et inspirations creatives comme poete, ecrivaine de la part de la nature, l'histoire et la culture berbere de l'Algerie. 


Trudi Ralston  

Sunday, October 4, 2020

Espace Negative et Couleur Iridescente - dans la Serie " Le Cahier Errant " dedicacee a Nacer Amari

La photographie a une influence importante dans ma vie intellectuelle depuis que mon pere m'a introduit a cet art d'abord dans ses magazines de National Geographic quand j'avais 8 ans, et apres dans ses livres sur le sujet quand j'avais 13 au plus 14 ans. Il collectionnait des livres d'art sur le sujet, de photographes de differents pays, comme de l'Allemagne, du Japon, des Etats Unis. Je passais des heures, des jours entiers dans son bureau, fascinee par les images de geisha, de ponts en Australie, de rivieres en Chine, de celebrations Touareg en Afrique du Nord, du traffique mareant de grandes villes comme New York et Chicago. Il y avait des photos en noir et blanc, des photos en couleurs vives, comme celles d'un mariage en Inde, d'objets d'art antiques en Chine, comme des boites et muebles en bois lacques. Ce monde de photos de partout sur terre me fascinait, pour leur beaute, pour leurs perspectives rares, et parfois aussi pour leur horreur, comme les photos de guerre faites par des journalistes courageux, des photos qui montraient la cruaute humaine, de la guerre au Vietnam, et il y avait aussi des photos historiques de famines, comme pendant la Seconde Guerre Mondiale, en Russie, et les photos de misere et pauvrete dans les regions rurales des Etas Unis pendant la Depression des annees 1930, plus choquantes encore pour le contraste leurs donnees en noir et blanc. Cette experience grace a photos et leurs revelations ont laissee une impression permanente, et la photographie continue a me fasciner, et je celebre avec passion et conviction cet art dans les photos des photographes berberes en Kabylie, qui partagent la merveille de la nature et culture unique et riche de l'Algerie.

Dans ce monde de la photographie, l'art de faire des portraits comme les sait faire si bien le photographe berbere d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie occupe un place speciale dans mon coeur. Les portraits permettent une vue intime d'un peuple, de sa culture, de ses reves, de ses espoirs et traditions, de l'innocence de ses enfants, du courage et resistance de ses adultes. Les portraits de famille sont les plus poignants, car ils sont une invitation a cette vie meme, a la vie comme elle se peint et se dessine dans cette culture, pour ce peuple. La Kabylie pour moi est une revelation, culturelle, intellectuelle, artistique, sociale, et a travers mon interet pour elle a travers mes poemes, articles et livres, j'ai recue l'honneur et la joie de l'amitie, de l'accueil, de l'amour d'une grande famille berbere, qui guerit la blessure que j'ai au coeur d'avoir perdue a ma famille, avec l'exception d'une tante et quelques cousins et cousines en Belgique. Dans ce pays de 323 millions de personnes ici aux Etats Unis, quant a famille, il y a mon fils, mon mari et moi. Mon mari a deux freres, de qui il n'est pas proche, qu'il voit une fois chaque dix ans, et on ne connait pas a leurs enfants ou epouses sauf a travers des photos. Ma famille berbere est ma famille de coeur. Elle est la couleur iridescente dans l'espace negative du portrait de ma famille d'origine qui me reste. Dans la photographie, une espace negative est l'espace qu'occupent les couleurs et les sujets hors du sujet central. Il fut un temps ou voir des photos de mariage, de baptemes, d'anniversaire, de la part de voisins et amis ici, faisait mal, cela ouvrait toujours cette blessure, ce manque, cette fierte blessee de ne plus pouvoir me reunir avec ma famille d'origine, comme elle n'existeait plus. Maintenant, voir des photos celebratoires de la part de ma famille berbere en Kabylie, me rend fiere, heureuse, pour le partage, pour le symbolisme emouvant d'etre inivitee comme une membre a les joies de leur vie, aux expressions de ces celebrations, avec leurs enfants, leurs petits enfants, leurs freres et soeurs, leurs parents. Ces photos me font verser des larmes, mais des larmes de joie, me font sourire, d'espoir, de fierte pour l'inclusion, pour l'esprit d'appartenance me partagee, me permis. Une de mes photos favories est de ma copine Malika et moi, a Bejaia, a sa maison, en robes kabyles toutes les deux. Elle m'appelle " soeur " et on se parle et on telephone aussi, et on rigole ensemble, sur la vie et ce monde fou en ce moment, et elle m'envoie des photos des nouveaux bebes de ses filles, de son fils, et cela me remplit avec une joie puissante, profonde. La Kabylie m'a sauvee le coeur et l'ame de poete et ecrivaine, avec la grace de la photographie sur sa nature magnifque a travers ses artistes berberes. La Kabylie m'a aussi sauvee l'ame et le coeur a travers la porte et fenetre ouverte de ma famille berbere qui m'a invitee a son coeur, a son bonheur, a son identite, a sa vie, pour guerir de si belle facon cette peine, cette douleur qui nulle part a recue la dignite et la gentillesse autre que dans les bras grands et chauds qui m'ont accueillis en Afrique du Nord, en Algerie. Je ne suis plus invisible, je ne suis plus espace negative, je suis Trudi, poete flamande - berbere - americaine, qui chante, qui celebre le coeur, la sagesse, la beaute et chaleur immense du coeur berbere, eternel, fier, genereux, qui bat despuis des milliers d'annees en Kabylie et qui est mon coeur battant ici. 


Trudi Ralston

Friday, October 2, 2020

Avec les Ailes dans L'Eau, je Vole si Haut - Une Chanson de Resistance

Avec les ailes dans l'eau, entouree d'une mer si grande, et des vagues envahissantes, je vois l'horizon ou m'attend le soleil, ou la lune et les etoiles dansent sous un ciel immense, et j'avance vers eux, a bout d'haleine, mes bras, mon corps un navire, jamais une gene. 

Avec le cri des mouettes un chant qui inspire le courage, j'avance sur le rythme de l'eau qui m'entoure, qui me parle des exploits d'Ulysse et ses compagnes, j'entends de loin les pas de danse, de chants gitanes et kabyles venant de l'autre bout des montagnes Cascades ici.  

                                                        *  *  *  *  *  *  *  *  *

Infatigables, fieres, avec l'energie que la volonte de fer imposee aux reves plus forts que les defis qui essaient de les distraire, je nage dans cette eau salee et froide, mais au gout de courage, car mes ailes elles se nourrissent le vol avec la chaleur et la lumiere du desir de la liberte du coeur et de l'ame. 

Avec les ailes dans l'eau, je vole si haut, dans le ciel de mes poemes, dans les pages de mes livres qui rencontrent les hommes et femmes qui me racontent l'histoire des peuples libres, Imazighen, et de ma famille et amis en Kabylie. 

Alors, qu'ai je a craindre dans la presence de guides, d'inspiration comme elle se reflete du haut des montagnes Atlas, du haut du Djurdjura et la memoire des ancetres qui depuis toujours protegent l'Algerie?  

                                                        *  *  *  *  *  *  *  *  *

Pourquoi hesiter alors, meme entouree de cette eau froide de l'Atlantique et du Pacifique ici? Mes ailes trempees dans l'eau qui me separe des ames et coeurs berberes que j'aime ne m'empecheront jamais de voler haut, au - dela des defis de ma vie, aussi longtemps que je vois a l'horizon ma chere Kabylie. 

Avec les ailes dans l'eau, je vole si haut, que je peux embrasser le ciel, le soleil le jour, et la lune et ses etoiles qui frequent les rives de l'Algerie, et que je traverse avec le navire de mes souhaits, mes poemes et mes livres. 

Aux ailes grandes et libres dans les bras forts des voix qui m'appellent du haut des mers et montagnes en Afrique du Nord, je vole, sur le rythme de chants berberes, qui reverberent jusqu'a la porte de ma maison ici au Pacifique Nord - Ouest et ses fleuves et rivieres qui m'indiquent le chemin vers les rives ou chante l'esprit eternel de la Kabylie. 


Trudi Ralston

 

Thursday, October 1, 2020

Le Velo au Brouillard - dans la Serie " Le Cahier Errant " dedicacee a Nacer Amari

 L'herbe mouillee a une couverture de toiles d'araignee ce matin, qui trainent sur le vert de son tapis doux comme des couvertures blanches transparentes qui donnent l'apparence de petits sacs a diamants brillants dans la rosee automnale. Mes pas traversent sans bruit le jardin vers les arbres au bord de la foret, ou un ecureuil industriel enterre des noisettes qu'il collectionne de notre jardin chaque ete pour les sauvegarder et pouvoir les ramasser les jours maigres de l'hiver. Sa queue etendue haut au dessus de l'herbe un peu froide, il sautait comme un baillerin bien entraine et sur de sa technique. Il y avait des petits oiseaux autour qui faisaient des sons etouffes comme le font parfois certains jouets mechaniques pour enfants.  De retour vers la maison, je disais bonjour a ma rose rouge, qui comme moi se battait chaque annee contre la melancholie d'automne. Apres toutes ces annees, mon rosier etait comme une amie, comme elle l'etait pour Le Petit Prince d'Antoine de Saint - Exupery. On etait tous les deux des etrangers sur une etrange planete. Le brouillard ce matin etait le resultat d'un vent revenu de l'Oregon et de la Californie, et une fumee qui avait ete dispersee par une pluie abondante la semaine passee qui avait redonnee le ciel bleu clair et les nuages blancs. Ce matin, c'etait encore le retour a un ciel pale gris sans soleil ou chaleur. 

Je pensais a ces matins de brouillard ou je prenais le velo pour aller au lycee. Le brouillard alors etait comme un camarade, silencieux, qui maquillait mes cils en rosee blanche, et c'etait juste le silence du matin en route du village vers la ville, et le bruit rythmique du dynamo de mon velo et de ses roues et de mon souffle, essayants d'arriver a temps a l'ecole. Quelque chose dans le gout du brouillard me disait a chaque fois que le monde artificiel de l'ecole etait loin de la sagesse de la nature, avec ses arbres, ses champs de moutons et de ble, et ses silences d'ombres et lumieres. Dans la nature, meme seule, je ne me sentais jamais seule, tandis qu'en ville et a l'ecole, entouree de personnes je me sentais isolee, invisible. Le brouillard etait comme une presence physique d'une realite et verite de la part de la nature, d'une sagesse qui comprenait le monde illusoir avec lequel l'etre humain s'avait entoure, et ainsi s'avait eloigne petit a petit de toute comprehension du vrai bonheur, de toute chance pour une liberte reelle. L'art dans toutes ses formes est depuis le reveil des civilisations sur cette planete une facon de combattre l'hypnose et le sommeil ou menent les illusions, du pouvoir, de l'argent, de l'arrogance, de l'indifference. La danse, la musique, le theatre, la litterature, la peinture, les artisanats, la resistance au nom de la decence et de la justice et charite, sont toutes des armes puissantes contre le poison de l'uniformite, de l'obeissance fatale a la mediocrite, a l'egoisme, et la lachete. Le monde en ce moment est comme voir un film dystopique mediocre, sauf la realite cruelle est que ce n'est pas un film, c'est la vie telle qu'elle se presente sur terre en ce moment. 

Mes livres et mes poemes sont une facon consciente de combattre ce poison qui infecte nos corps et nos ames, qui rend paralyses a nos coeurs, a nos resistances, et pour moi, l'example de la Kabylie qui refuse d'accepter cette maladie de l'esprit, ce retour vers une cruaute sociale - politique qui domine le monde en ce moment, est une inspiration puissante. Travailler avec les photographes berberes de la Kabylie et partager leurs visons et leur art, leur espoir et energie et passion pour la vie, la beaute, la generosite, la liberte, et l'identite et la dignite, ajoute une mesure grande a ma lutte pour cette meme dignite et liberte, cette faim pour la beaute, la generosite, l'appartenance, le vrai bonheur. Ce matin, ma rose rouge ne me rappelait pas juste au Petit Prince d'Antoine de Saint - Exupery, et a mon esprit un peu seul ici, mais elle m'approchait a la Kabylie, a mes amis et famille berbere, qui chaque jour a nouveau se battent contre le brouillard de l'oubli, de l'indifference, avec courage, avec energie, avec un coeur ou vit la chaleur de la generosite, du respect envers autrui, envers moi et mes efforts de montrer au monde la belle lumiere chaude et riche de la culture berbere qui vit au milieu de ce brouillard depuis des milliers d'annees, sans jamais se fatiguer ou abandonner l'effort et l'espoir. 


Trudi Ralston