Wednesday, March 10, 2021

Alchimie Aerienne : La Transe des Etourneaux de Nacer Amari - dans la serie " La Colombe "

Une photo au titre " Un ballet aerien d'etourneaux " de la part du photographe berbere Nacer Amari de Tassi Photographie, m'a inspiree un interet dans les etourneaux, ces oiseaux bien uniques de la grande famille de Sturnidae. Originaires de l'Europe, de l'Asie et de l'Afrique, les etourneaux furent introduites aux Ameriques, et l'Australie et la Nouvelle Zelande, ainsi que certaines Iles du Pacifique. Ils sont connus pour leur vol, et pour etre tres gregaires. Ils sont capables de vocalisations complexes et pour savoir incorporer des sons de leur environnement dans leurs cris, comme des alarmes de voitures, et des vocalisations humaines. Les etourneaux sont pour cette raison le sujet d'etudes sur l'evolution de la langue humaine. Les plumes de ces oiseaux omnipresents, qu'on trouve maintenant dans une variete d'habitats du Cercle Arctique jusqu'a l'Equateur, de boisements ouverts a la savane, ont une coloration iridescente, qui est le resultat de la structure des plumes, plutot que de pigment. Certaines des especes des etourneaux sont migratoires, comme l'etourneau de Shelley, qui se reproduit en Ethiopie, et Somaliland, et qui migre vers la Kenya, la Tanzanie et la Somalie; ou l'etourneau mandarin, qui est migratoire en parts de son habitat, et resident en autres. Les etourneaux ont des grandes familles, et un troupeau d'etourneaux s'appelle une murmure. Les murmures sont fameuses pour leurs formations, qui se paraissent a des danses choreographiees, a  " des ballets aeriens ", comme les decrit Nacer Amari dans le titre de sa photo. Ces murmures elegantes, envoutantes, sont composees de milliers d'etourneaux. Les Druides celtes veneraient aux etourneaux, et c'est un oiseau qui represente l'importance de la communaute, de l'amitie cooperative, de la communication, des liens positifs, de l'encouragement, de la force aussi, de la liberte, de l'unite, et de la capacite de surmonter les defis. La photo du ballet aerien des etourneaux, avec ses couleurs sepia qui evoquent une gravure ancienne chinoise, que le poete de l'Age d'Or de la dynastie Tang, Li Bai ( 701 - 762 A.D. ) aurait  appreciee, evoque des pensees profondes sur les resonances des marches pacifiques en Algerie, ces marches de la Revolution du Sourire historique ou depuis fevrier 2019, des milliers et milliers de citoyens algeriens marchent en unite pour le souhait d'un futur valable pour le pays. Voir ensemble, pour s'unir, des milliers de personnes paisiblement, qui chantent, qui marchent, d'un coeur, d'un esprit, est tres emouvant et impressionnant. C'est peut - etre pour cette raison que voir des milliers d'oiseaux faire cette danse, cette alchimie aerienne, ce ballet aerien, a un impacte plus fort en ce moment, pour l'example des grandes marches pacifiques en Algerie, que le monde n'a pas vu depuis les immenses marches pacifiques aux Etats Unis dans les annees 1954 - 1968, pendant le Civil Rights Movement, le Mouvement pour les Droits Civiles de la population noire, avec sa culmination du Million Man March, la marche d'un million personnes, a Washington D.C. en 1963, pour demander le droit au vote pour la population noire, qui a eu comme resultat la loi de 1964, qui a finalement donnee a la population noire le droit du vote, avec le Civil Rights Act, l'Acte des Droits Civiles, signee par le president americain Lyndon B. Johnson. Il y a pas mal de tumultes sociales dans beaucoup de pays en ce moment, mais comme le ballet aerien des etourneaux, les marches en Algerie sont pacifiques, sont unies, en but, en esprit, un impressionnant example pour un monde qui insiste de diviser, au lieu d'unir. La photo de Nacer Amari impressionne aussi a mon coeur de poete, comme elle represente pour moi la culture berbere qui depuis des milliers d'annees survit des defis d'invasions etrangeres, d'incursions a son identite, a sa culture et histoire uniques, et pres de qui mon esprit se sent part d'une grande famille unie, fiere, charitable, resistante et accueillante, ce qui m'a inspiree ce poeme : 

Mon Coeur est un Oiseau Berbere 

Mon coeur est un oiseau berbere, qui apres avoir fait des voyages partout sur terre, apres avoir pasee une vie en exile egaree, a trouvee sa voix de poete, ses ailes, sur les rives de l'Afrique du Nord, en Algerie. 

Mon coeur est un oiseau berbere, qui comme les murmures des etourneaux se sent a l'aise dans le ballet aerien qui invite le partage de mes inspirations, de mes exploits et de mes reves. 

                                                                        * * * * * * * * * * * 

Mon coeur est un oiseau berbere, qui celebre sa nature, ses rivieres, ses mysteres, qui trouve le printemps et un nid chaud accueillant dans les bras de ses arbres anciens qui racontent les secrets de ses ancetres. 

Mon coeur est un oiseau berbere, qui comprend que seul on ne peut rien faire, mais unis, comme l'est l'esprit berbere, on sait toucher le souffle chaud du ciel clair, meme si on doit garder les pieds sur terre. 


Trudi Ralston

La recherche sur les etourneaux, courtoisie de Wikipedia, ainsi que sur l'information du Mouvement des Droits Civiles des annees 1954 - 1968 aux Etats Unis. 

Monday, March 8, 2021

Raccourcir la Distance : Le Portrait de Hafit Bernard de Nacer Amari - dans la serie " La Maison aux Fenetres Invisibles "

Un portrait de la part du photographe berbere Nacer Amari de Tassi Photographie, d'un jeune chanteur kabyle d'Aokas, avec au fond la plage au moment d'un coucher de soleil envoutant, m'a eveillee une emotion profonde quant a l'importance de la tradition orale d'une culture. Le photographe Nacer Amari m'a dit quand je lui ai demandee sur la signification du portrait de Hafit Bernard : " C'est un jeune d'Aokas, un ami. Un type tres calme, c'est un chanteur qui interprete des chansons kabyles. Il est aime par tout le monde ici. Depuis que nous etions a l'ecole primaire, il jouait la guitare deja. C'est Hafit qui a gagne le respect et l'estime de tous les jeunes d'Aokas et d'ailleurs grace a son calme, sa gentillesse et son esprit artistique. " L'Afrique est le berceau de toutes les civilisations sur terre, et la tradition orale a travers la musique, les vers, les contes, y remonte des milliers et milliers d'annees, et s'est repandue partout sur terre, et la culture berbere continue sa riche tradition de troubadours qui unissent leurs messages des defis de l'exile, comme le faisait Rachid Taha, de lutte contre l'oubli, pour la liberte, pour la preservation d'identite, de mythologie, de langue, de communaute, de dignite. La musique d'artistes kabyles, de Slimane Azem, Matoub Lounes, Djamel Allam, Idir, Lounis Ait Menguellet, Malika Domrane, est connue loin au - dela des frontieres de l'Algerie, de l'Afrique du Nord. Aux Etats - Unis, la musique de la rebellie, la lutte contre l'obliteration de l'esprit, de la liberte, de la langue, de l'identite est la plus visible, la plus forte et la plus tragique aussi quant a son histoire, dans la culture africaine - americaine, qui a su etablir un genre de musique, les spirituels. La tradition orale des spirituels fut commencee par les esclaves enlevees de l'Afrique de l'Ouest dans le commerce d'esclavage trans - atlantique vers les Ameriques, qui a commencee en 1501 et a duree, aux Etats Unis, jusqu'a tard dans les annees 1860, quand la Guerre Civile Americaine ( 1861 - 1865 ), entre les etats esclaves du Sud, et les etats libres du Nord, qui a coutee la vie a 1,264,000 soldats, quand a mis fin avec la declaration de la Declaration de l'Emancipation du 22 septembre 1863, le president americain Abraham Lincoln, au systeme inhumain de l'esclavage au pays. Il y a un spirituel tres fameux, que chantait tres bien la legendaire chanteuse de la musique gospel,  Mahalia Jackson ( 1911 - 1972 ), " Motherless Child ", " Enfant sans Mere ". Ce spirituel, nee de la tradition orale de la musique des esclaves dans le profond Sud des Etats Unis, et chantee publiquement pour la premiere fois dans les annees 1870, par un groupe d'hommes et femmes noirs, les "Fisk Jubilee Singers" : " Sometimes I feel like a motherless child A long way from home, a long way from home. Sometimes, I feel like I'm almost done, And a long, long way from home. " La melodie de la chanson est lente, hante, par l'intensite des emotions de profond chagrin qu'evoque sa melodie, et la chanson reste une des chansons iconiques des horreurs de l'esclavage, et apres, devint part aussi du Mouvement pour les Droits Civiles de la population noire aux Etats Unis dans les annees 1954 - 1968 : " Parfois, je me sens comme un enfant sans mere, loin de ma maison, loin de ma maison, Parfois, je crains que je n'en peux plus, si loin, si loin de ma maison. " Pour plus de 15 ans, ici, a Washington State, j'avais une amie, qui vivait a cote, Shelia, avec qui j'allais a son eglise noire, juste pour m'inonder de la puissante energie de la musique gospel, elle aussi nee, comme la musique des blues du Delta de Mississippi, dans le profond Sud des Etats Unis, de la musique des spirituels. A cote de Shelia, je chantais, je dansais, on pleurait, on criait, on applaudissait, sur le rythme envoutant de la musique, des chanteurs de la chorale,  de ses instruments, on se sentait entouree de la force de la musique gospel, cette musique d'un peuple incroyablement resistant et courageux, qui m'avait adoptee, sans ni une seconde d'hesitation, dans son coeur, comme visiteuse blanche, qui faisait comme 5 - 7 % des membres de la congregation affiliee avec l'eglise des Southern Baptists, les Baptistes du Sud noirs qui avaient leurs origines dans le sud du pays. Je crois que ma joie profonde d'etre en famille, une famille qui avait souffert beaucoup, etait tellement evidente, et les blessures ouvertes de ma solitude a peine deguisees, qu'il y avait une charite envers moi presque immediatement. La musique gospel unit toute peine, tout defi dans ses melodies, ses rythmes, ses energies, sa resistance. Ce fut une experience inoubliable. Par belle coincidence, quand Shelia a demenagee vers le Nord des Etats Unis, vers la cote nord - est du pays, c'est en ce moment que ma copine francaise a Grenoble, une amie etudiante de mes annees a l'Universite de Texas a Austin, la capitale, m'a introduit a la musique du chanteur kabyle, Idir, a sa chanson " Tizi - Ouzou ". Cette chanson a laissee une grande impression sur moi, et m'a voulu apprendre qui il etait, qui etaient les kabyles, et ce desir de savoir, de comprendre cette musique, m'a changee la vie de poete, m'a introduit a la Kabylie, a sa magnifique nature, a son histoire, a son peuple courageux, a la culture de sa musique, de ses artistes, a mes collegues, a ma famille berbere. Maintenant, ecouter la chanson chantee par Mahalia Jackson " Motherless Child " ne me fait plus pleurer, comme elle le faisait, meme etant si proche a Shelia et la musique gospel, parceque mon coeur, mon esprit, se guerit dans l'expression que ma muse trouve en Kabylie. Une des amies de Shelia m'a dit une fois : " Trudi, il y a une passion en toi, qui lutte pour s'exprimer, j'espere qu'un jour tu trouveras ta voix, elle sera puissante, comme notre musique, qui essaie de te faire comprendre que toi tu auras des choses a dire, a donner, a partager, a celebrer. " Donna avait raison, et cette voix, je l'ai trouvee en Afrique du Nord, en Algerie, en Kabylie, comme en temoignent mes livres, articles et poemes, depuis 2017. La chanson celebre de Slimane Azem ( 1918 - 1983 ), " Algerie, mon beau pays " me touche le coeur tellement, parceque c'est en Algerie que mes poemes , mon esprit et moi, ont ete accueillis, comme membre de la grande famille kabyle. L'Algerie et la richesse de sa culture, de son histoire heroique, de son peuple au coeur grand et charitable, m'a renforcee la verite profonde de l'importance de la tradition orale. C'est cette tradition de la chanson kabyle, heritiere de milliers d'annees de contes, de chansons, de vers, transmis a travers les generations, qui m'a raccourci le chemin vers un chez moi, vers la comprehension de l'importance de racines culturelles, de liens a la terre, de la mythologie si riche berbere, de la beaute de sa musique, de la joie de l'appartenance, de l'identite, la dignite, la langue d'un peuple, qui lui permet de s'exprimer son esprit, sa sagesse, ses exploits, ses luttes, ses droits au bonheur, a la liberte. Aux Etats Unis, les efforts faits dans les annees 1870 de la part des chanteurs noirs du groupe les "Fisk Jubilee Singers", a aidee enormement a la survie des chansons du genre des spirituels, c'est eux qui ont assure que la tradition orale des spirituels ne fut pas effacee, oubliee, et qu'elle continue jusqu'a aujourd'hui, avec des concerts, des celebrations de cet heritage si important de la culture noire des Etats Unis. Je pense aux efforts infatigables de l'ecrivain kabyle, Maitre Rachid Oulebsir, pour preserver la tradition orale de la Kabylie, a travers le partage de ses oeuvres, et leurs connaissances, comme son livre " Djamel Allam : Une Oevre Universelle ", de 2019, qui traduit les chansons du poete et dramaturge berbere du francais en kabyle. La preservation de la tradition orale d'un peuple est d'une urgente importance. La photo du jeune chanteur kabyle Hafit Bernard, le portrait en hommage que lui a fait le photographe kabyle Nacer Amari, donne de l'espoir, parcequ'elle exprime le voeu de voir la continuation de la tradition orale des chansons kabyles de la part de sa jeunesse a Aokas. On estime que entre les annees 1501 et 1867, environ 12,5 millions d'hommes, femmes et enfants africains furent enlevees de leur terre, de leurs familles, de leur culture, pour le commerce de l'esclavage transatlantique des Ameriques. La musique, la tradition orale des spirituels, qui se sont apres developpees dans la musique des blues et du gospel, furent une facon cruciale de preserver la culture de l'Afrique qui leur avait forcee d'abandonner le systeme inhumain de l'esclavage a des millions d'hommes, femmes et enfants africains. La culture noire a survecue aux Etats Unis, la richesse de ses traditions, grace aux efforts immenses, dans des circonstances brutales, de personnes qui comprenaient l'importance de ces efforts, la necessite de ces efforts, du persistant, resistant courage pour les preserver. Preserver la tradition orale d'une culture est un travail sacrale, et voir le portrait de Nacer Amari du jeune chanteur Hafit Bernard, entouree de la beaute de la plage kabyle, inspire cette admiration pour l'esprit resistant de la Kabylie, et une joie aussi, de savoir que sa lumiere ne s'eteint pas, ne s'eteindra pas en Kabylie, n'importe les defis. Le cercle de la tradition orale kabyle, reste ininterrompu, comme elle l'est depuis le debut des temps des grandes civilisations de l'Afrique, qui ont commencee cette aventure de l'existence humaine et ses cultures. Quelle chance pour moi, une poete flamande - americaine a l'esprit si longuement egaree, que l'esprit indomitable berbere, des peuples Imazighen, en Algerie, en Kabylie, m'ont donnee la chance, a travers la fortuite chance d'apprendre sur sa musique, cette tradition orale si riche kabyle, pour m'ouvrir le coeur a sa culture, son univers, son histoire, et dans le processus, me mener vers le portail magnifique de l'accueil kabyle, a sa fenetre ouverte, ou chante et vit depuis, les ailes libres, le coeur plein de fierte, plein d'energie et dignite, ma muse et mes poemes, mes livres, et leur amour pour la terre et lumiere berberes.  

Trudi Ralston

La recherche sur l'histoire de la musique des spirituels, courtoisie de Wikipedia.  L'information sur le poete et artiste kabyle Djamel Allam, courtoisie du livre " Djamel Allam : Une Oeuvre Universelle ", de Maitre Rachid Oulebsir, de qui ce fut ma joie et honneur de faire sa connaissance pendant mon sejour en Kabylie en septembre 2019. A cette occassion, j'ai recue de lui une copie de son livre sur Djamel Allam. 

Saturday, March 6, 2021

La Lettre - dans la serie " La Colombe " dedicacee a Nacer Amari

Cher cousin berbere, j'espere qu'il fait beau chez toi, ici, le soleil sort a peine, et la pluie lui chasse du ciel, lui enleve sa couleur et chaleur. Tout ici reste fermee, on se croirait en etat de guerre, et il ne me reste que d'esperer, de travailler sans cesse, en attendant qu'un jour ce mauvais reve s'enleve. 

Tu sais, c'est beau de s'imaginer, une terre, une planete, ou les frontieres seront toutes eliminees, pas juste parceque cette pandemie s'est enallee, mais parceque la haine et l'avarice seront effacees de l'horizon, et on pourra se visiter, sans une dizaine de papiers juste pour prouver qu'on a le droit de visiter nos familles dans d'autres pays, nos amis et camarades, sur des rives lointaines. 

                                                                 

                                                                   * * * * * * * * * * * * *

Cher cousin berbere, est - ce possible, qu'un jour on sera tous une grande famille, qui choisit de s'aimer, au lieu de se detruire, ou on pourra laisser un monde meillieur pour tous les enfants qui esperent que les adultes en finiront avec leurs obsessions, en finiront avec la souffrance, avec les illusions? 

Tu sais? Je te souhaite tout le bonheur. Benie soit ta terre berbere, benie soient ses horizons, pour la lumiere qu'elle donne a mes poemes, a mon coeur. Vive le courage berbere, vive son esprit grand, accueillant, vive son energie qui inspire l'espoir, n'importe les defis, qu'ils soient au passe, au futur, ou au present.  


Trudi Ralston  

Friday, March 5, 2021

Addition et Soustraction - dans la serie " La Colombe " dedicacee a Nacer Amari

Pour ces moments ou le doute et la peine, t'inondent, quand la pluie t'envahit autant le coeur que la terre, pour ces heures ou une blessure vieille revele sa couleur rouge et te gene, pour ces jours au ralentis, ou comme des molasses rien ne bouge, rien s'explique, fais - moi un appel. 

Parfois, la fierte, parfois l'habitude meme, de tout s'avaler, de ne plus savoir qui prendre en confiance, ou comment avancer avec des pieds de plomb, sur un sentier ou on se trouve seul, abandonne, pour ces mois de tempetes, pour ces annees ou l'indifference regne, fais - moi un appel. 

Je n'ai peut - etre pas tes perspectives, je n'ai peut - etre pas ta resistance, ou ton courage, mais de la tristesse et ses spectres, de l'energie tetue du desespoir, j'en connais quand - meme pas mal de ses nunaces, j'en connais les couleurs et les gouts.

                                                                     * * * * * * * * * * * * 

On se trouve sur cette belle planete, qu'on a su mettre en colere, on vit entre tant de belles cultures, qui se trouvent encore une fois en detresse, et ce virus de la pandemie, nous trouve tous avec plus de questions que de reponses, plus d'efforts exiges de la patience, de la charite, de la part de familles, de communautes.

                                                                      * * * * * * * * * * * * 

Peut - on avoir trop de courage, trop de patience, quand on avale le gout amer du chagrin, quand on pense que de toute facon, on est mieux seul pour comprendre les mysteres denses du destin? Ce brouillard dans lequel la terre se trouve, se resoudra, un jour, entretemps tenons - nous la main, famille, amis, camarades, pour ne pas se perdre dans la solitude, dans les additions et soustractions vides que laisse une bravure epuisee, maltraitee. 

                                                                       * * * * * * * * * * * *

Pour ces moments ou le doute et la peine t'inondent, quand la pluie t'envahit autant que la terre, pour ces heures ou une blessure vieille revele sa couleur rouge et te gene, pour ces jours au ralentis, ou comme des molasses rien ne bouge, rien s'explique, fais - moi un appel. 


Trudi Ralston   

Pour ma famille et amis de coeur sur cette terre : pour ma famille berbere en Kabylie en Algerie; pour ma famille en Belgique, au Maroc, au Texas et a Washington State.   

Wednesday, March 3, 2021

Pres l'Eau de la Fontaine - dans la serie " La Maison aux Fenetres Invisibles " dedicacee a Nacer Amari

La nuit, les temperatures ici restent froides, -3,5 degres Celsius, mais le jour, le soleil sort, avec un ciel bleu clair, ou les oiseaux chantent leur espoir pour le printemps, et il fait pres de 15 degres, tres rare pour la saison et la region ici du Pacifique Nord - Ouest. Etre au jardin est un plaisir, et j'y etais cette apres - midi, en ecoutant une belle musique de l'Afrique de l'Ouest, un groupe de 4 musiciens, " Sona Jobarteh & Band ", une musique instrumentale, et de chansons aussi, de la part de la musicienne du groupe, qui a une voix pleine de nuances. Ecouter une musique que je connaissais pas, dans un langue que je ne connais pas, et ne comprends pas, m'attire beaucoup dans les moments ou je ressens un besoin de repos, de recharge de mes energies, de mon esprit. Je me rapelle la premiere fois que j'ai entendue chanter au chanteur berbere Idir. Les emotions intenses que m'ont reveillee sa voix en kabyle, les melodies, de la part d'instruments que je ne connaissais pas, et qui m'ont emues profondement. Ne pas comprendre autre que de facon affective, les mots d'une chanson d'une langue etrangere, m'a toujours ete rassurant, et la musique berbere de la Kabylie a su toucher un accord dans mon coeur, dans mon ame, que j'avais oubliee, perdue. Comme j'ai vecue tants d'annees dans un pays anglophone qui n'a jamais rien compris de ce que je disais, quoique je parle et ecris l'anglais tres bien, ai ecrit et publiee une memoire de 400 pages en anglais, et plusieurs collections de poemes en anglais, on me m'entendait pas. Ecouter une musique dans une langue que je ne comprenais pas, mais de qui leurs melodies me touchaient le coeur tellement, qu'elle m'a fait pleurer d'espoir, de peine, a la premiere ecoute, est une catharsis a l'envers qui est fascinant. La musique berbere chante dans une langue que mon coeur comprend au - dela du besoin immediat de savoir de quoi parlent precisement les mots. Apres, j'ai cherchee pour des traductions des chansons d'Idir, de Matoub Lounes, de Slimane Azem, et la traduction de leurs chansons en francais, a juste affirmee a quel point mon coeur et esprit de poete, etait asoiffee et afamee pour une terre ou les racines des fleurs de ses poemes ne mouriraient plus comme dans le sol sec anglo - americain. Me mettre dans l'eau de la fontaine d'une langue qui m'enveloppe de son coeur, de sa chaleur, de sa sagesse, comme le sait faire la musique berbere, de Tinirawen, de Idir, est comme se mettre dans une eau chaude, acueillante qui lave tout le stress, toute tristesse, qui donne a boire a l'espoir de mes poemes, de mon amour pour l'Afrique du Nord si longuement niee, et que la Kabylie m'a invitee a vivre, a explorer, a travers son histoire, sa culture, son peuple, en me donnant l'hospitalite de toute une famille, de collegues et camarades kabyles, qui me permettent d'etre la poete et ecrivaine libre, heureuse, pour partager, pour celebrer la richesse intellectuelle artistique, du monde berbere, de son courage et resistance historiques, qui se reflete dans sa nature, dans ses affinites aesthetiques et sociales. Ce poeme exprime cette reconnaisance envers la Kabylie, envers sa sagesse, sa charite de coeur et esprit legendaires, de qui j'apprends tous les jours. Je veux dediquer ce poeme a ma famille berbere, a mes collegues en Kabylie, et a Ghassane et Malika Anki et les beaux souvenirs d'avoir ete accueillie a leur maison a Bejaia et a Ighzer Amokrane en septembre 2019 :   

Pres de l'Eau de la Fontaine 


Pres de l'eau de la fontaine, une eau fraiche, claire, loin du bruit du monde et ses detresses, pres de cette eau, au pied des montagnes fieres et resistantes de la Kabylie, mon esprit retourne et se calme, se retrouve les energies.

Dans l'ombre accueillante de la melodie sonore de ses eaux froides qui adoucissent la fievre d'angoisses qui tourmentaient pour si longtemps le sommeil de mes reves, de mes poemes, pres de l'eau de la fontaine berbere, cette fontaine en Algerie, pres des montagnes d'Ifri, j'ai pu boire la sagesse tranquille des messages de courage que se rapelle l'histoire qui reverbere sur les terres berberes. 

                                                                     * * * * * * * * * * * * * 

Pres de l'eau de la fontaine, aux echos cristallines de chansons kabyles, dans le repos d'une journee chaude a Ighzer Amokrane, pres de ma famille berbere, j'ai compris que le passe ne doit pas etre une prison, mais peut se redefinir, comme le fait le coeur berbere, avec chaque defi qu'il affronte, qu'il survient. 

Quand le jour, lointain j'espere, vient que comme une fleur a la fin de l'automne, mon esprit doit lacher ses racines, ses petales, que ce soit connu, que j'ai vecue, que jai ete permis, avant de quitter cette terre, le bonheur sublime d'etre poete et collegue, aimee, appreciee, accueillie, dans le coeur chaud, immense berbere de la Kabylie, en Algerie. 


Trudi Ralston


Tuesday, March 2, 2021

Entre Deux Points - dans la serie " La Colombe " dedicacee a Nacer Amari

Entre Deux Points


Si on vit assez longtemps, on sait que seul le coeur comprend cette verite : l'univers est grand, les distances y sont immenses, mais quand ily a une entente entre esprits unis, meme la vitesse de la lumiere et ses silences n'a pas sa resistance. 

Les frontieres sont fermees, le virus de cette pandemie est en charge, decide qu'il est temps pour les etres humains de payer pour l'avarice et ses inevitables consequences. 

                                                              * * * * * * * * * * * * * 

Ce matin, le soleil et sa lumiere m'ont touchee avec leurs mains chaudes le visage, comme ils te toucheront bientot, quand pour toi aussi un autre jour se leve, pendant que la nuit ici etale encore ses etoiles. 

Comme j'aimerais etre juste pour un jour le soleil et sa chaleur, pour te pouvoir a mon tour toucher pour un moment le visage, pourque tu saches comme est legere, diaphane, tel l'air et ses brises qu'on partage, la distance qui nous separe. 


Trudi Ralston

Je dedique ce poeme a toutes les familles, a tous les amis et amies, a tous les camarades, qui patiemment attendent que cette pandemie se termine, que ce virus s'enaille, qui tient prisonnier entre deux points, le desir, la joie, de se voir, de se reunir. 


 

Monday, March 1, 2021

Terre Sonore - dans la serie " La Maison aux Fenetres Invisibles " dedicacee a Nacer Amari

Le chanteur troubadour canadien - americain, Neil Young, ne a Toronto, au Canada en 1945, qui immigre aux Etats Unis, a Los Angeles en 1960, a une chanson de 1972, " Heart of Gold ", " Coeur d'Or " de son album " Harvest " , "Recolte " qui comme un fil traverse la graine de solitude si profondement liee a l'esprit troubadour americain. La chanson hante, pour son lyrisme melancholique, qui augmente les mots qui expriment une angoisse existentielle que la voix de Neil Young sait maximaliser : 

" Je veux vivre, je veux donner, j'ai ete un chercheur pour un coeur d'or, ces expressions que je ne donne jamais, me font continuer ma recherche pour un coeur d'or, et je me sens vieillir. 

J'ai ete a Hollywood, j'ai ete voir les arbres Redwood, j'ai traverse l'ocean pour un coeur d'or, essayant de ne pas perdre la ligne dans ma tete, c'est tellement dur. 

Ce qui me fait continuer a chercher un coeur d'or, et je me sens vieillir, et je continue a chercher ce coeur d'or. 

Je continue a chercher un coeur d'or, tu me fais chercher, je me sens vieillir, je continue a chercher pour un coeur d'or, j'ai ete un chercheur pour un coeur d'or. " 

Ce qui est frappant de cette chanson ecrit par Neil Young, est qu'a l'epoque il avait 26 ans, et le refrain de la chanson est qu'il cherche avec une melancholie urgente, un coeur d'or parceq'u'il se sent " vieillir ". La premiere fois que j'ai entendue cette chanson, fut au Texas, quand j'avais 22 ans, et j'etais a un point ou je me rendais deja compte, apres 3 ans aux Etats Unis, du coeur dur du pays. Trouver un coeur d'or, une ame soeur, serait une quete qui me prendrait presque 40 ans, et ce coeur d'or, il etait en Afrique du Nord : c'etait le coeur de la Kabylie, qui allait m'accueillir les poemes et les livres, et l'art. Le coeur d'or kabyle m'a sauvee la vie de poete, sa dignite, son identite egaree. Je me sens a l'aise dans le monde intense du surrealisme quant a l'art visuel, parceque le monde invisible de mes reves m'y a menee souvent la nuit, pour essayer de tolerer mieux la solitude et l'isolation existentielle de ma vie aux Etats Unis. La Kabylie adoucit enormement cette blessure profonde d'avoir quittee mon pays natale trop jeune, une adolescente bien preparee intellectuellement, mais tres vulnerable affectivement et socialement. C'est beaucoup plus rare pour moi maintenant d'avoir des reves troublants, qui sont avec le temps devenus des reves lucides de plus en plus depuis l'accueil de l'Algerie et la culture berbere, et je sais resoudre souvent le conflit que le reve me presente. La plupart du temps, le conflit se centre autour de m'avoir egaree, de me trouver dans des villes bizarres, d'arquitectures futuristes, entouree de personnes autant etranges qu'etrangers, ou de temps en temps, j'ai la chance de rencontrer une personne bien aimee de mon enfance, comme ma Nanou, ou mon pere, qui m'aident a retrouver le chemin de retour vers une place ou je me sens sauve, ou je reconnais les maisons, les personnes. La beaute de ces reves est qu'il y a toujours aussi, surtout recemment, une ou deux personnes, des etrangers, des etrangeres, qui m'aident, qui sont gentils, qui m'assurent que je vais sortir du puzzle geant architectural et affectif. Hier soir encore, je me suis trouvee dans un tel reve lucide, qui m'a forcee de trouver une solution pour m'avoir perdue encore, au Texas, dans une ville de metal et bruit, ou les couleurs des habits des personnes etaient tres intenses, comme dans un tableau abstrait du peintre russe Wassily Kandinsky ( 1866 - 1944 ). Les habits, les chapeaux, etaient tres geometriques, et cela leur donnait aux personnages dans le reve, l'impression d'etre tous des harlequins, qui ne me prenaient pas au serieux, qui ne s'interessaient pas au fait que je chercheais avec beaucoup de difficultes, mon chemin de retour chez un chez moi, parmi les lumieres intenses du reve, et ses architectures immenses post - apocalyptiques. Quand je me suis reveillee, la paix du jardin, et les chants clairs de quelques oiseaux au bord de la foret pres de la cloture, et les nuages freles mais joyeux dans un ciel bleu avec un soleil chaud, m'ont permis de visiter dans mon imagination ma famille berbere, et son coeur d'or, qui dans un symbolisme a l'envers de la chanson de Neil Young, me redonne ma jeunesse et enfance laissee en Flandes. Mon coeur, et ses poemes, ses livres dedicaces a l'Algerie, a la Kabylie et sa culture, son art, son esprit de courage, de resistance, d'accueil, me permettent vivre le printemps et ete de ma vie, de sortir de la melancholie d'une longue automne et du spectre d'un hiver de froideurs et solitudes interminables, quand j'etais encore si jeune, si desireuse d'etre aimee, heureuse, libre, poete, femme, amie, camarade, collegue, sans chaines, sans ailes coupees, sans esprit negligee, meprisee. La terre sonore pour ma poesie, pour mes livres, pour mon etre, elle se trouve sur les rives de l'Afrique du Nord, en Algerie, en Kabylie. Elle me donne son coeur d'or avec chaque poeme, chaque article qu'elle m'inspire. Elle est la porte, le portail, la fenetre ouverte pres de laquelle mon esprit est permis d'exprimer toute son energie, sa passion creative, affective, de remplir les feuilles de musique invisibles, enterrees, pour tants d'annees avec des melodies de joie, d'espoir, de liberte. Cette joie, ce sens de liberte, face a cette chance me donnee par la culture berbere, par ses artistes photographes de qui leurs tableaux sont le pont entre mes poemes et la terre kabyle, s'exprime avec exuberance dans la photo de Nacer Amari de Tassi Photographie, " Sur la plage ",  a Cap Aokas, Bejaia. Cette photo de couleurs tranquilles du 27 fevrier 2021 de la mer, ses vagues, les montagnes, et le ciel, dans une harmonie de couleurs bleues reflexives, calmes, a comme protagoniste un troupeau de mouettes en vol qui laissent l'eclat et l'energie de leurs ailes blanches telle une melodie pour unir la scene qui detend l'esprit, calme l'oeil et ses perspectives. L'equilibre visuel de la photo vient des lignes horizontales de la scene, les lignes de la mer, des vagues, du sable, que les montagnes aussi suivent, tandis que les mouettes occupent une espace visuelle bien au - dela des montagnes en arriere plan. Ceci donne un rythme unifiant au tableau de la plage, ou les mouettes sont une ligne aussi, qui attire l'oeil vers la route qu'elles suivent, sans exiger que le spectateur perd de vue le monde tranquil de la mer, du sable, des montagnes, et meme du ciel que les mouettes occupent. C'est une belle contradiction structurelle, qui inspire beaucoup de calme, beaucoup d'espoir dans un monde incertain, trouble. La photo de Nacer Amari est une tres belle synthese visuelle de ce que signifie pour moi l'accueil, la paix, que me donne a ma muse la nature et la culture berbere de l'Algerie : ce sens de la liberte expansive, comme le vivent les mouettes dans cette photo. C'est une liberte et un bonheur, que moi j'apprends a connaitre, a vivre, a celebrer, comme poete flamande - americaine: apres les avoir protegee pour toute une vie avec le courage tetu du desespoir et ses energies insistantes, et de refuser d'abandonner le but, celui de leur trouver un havre hospitalier, j'ai recue la grace d'avoir naufragee mon bateau de poemes sur les rives de la Kabylie.  

Trudi Ralston