Quand j'etais enfant, j'allais a une petite ecole porochiale de notre village, Beveren, dans le part ouest flamand de la Belgique. Une de mes memoires les plus vives de cette petite ecole au gout du dix-neuvieme siecle, est le temps passe sur le podium du petit theatre qu'on avait, et le role que j'ai pu jouer dans une piece ou les enfants etaient les acteurs, un conte de fee, La Belle au bois dormant. Tout le monde biensur, etait jalouse de la fille qui etait la princesse. Le role choisi pour moi, par l'institutrice surement bien intentionnee, comme c'etait une ecole de filles, etait celui du Prince Charmant, comme j'avais les cheveux coupes de page, et j'etais grande pour mon age. J'etais biensure bien fachee, mais ce que je me rappelle plus, c'est l'energie enivrante d'etre sur le podium, en costume, avec ces pantalons et cape rouges ridicules et le chapeau trop grand avec la plume blanche et, les bottes noires qu'apparemment les princes de l'epoque trouvaient a la mode. Je me sentais comme dans un autre monde, et malgre la gene d'une enfant de 7 ans habillee comme garcon, l'experience emotionelle et physique d'etre la, tous les yeux sur nous, avec les lumieres aveuglissantes du petit theatre et le drame de la musique de Rimsky- Korsakov, etait sublime. Je n'avais pas pensee si intensement a cette memoire de mon enfance, jusqu'au moment ou j'ai vu l'album des prises du desert que vient de nous ramener du sud le photographe de la nature d'Aokas, Djamil Diboune. Les 30 photos m'ont laissees le coeur de course. L'idee principale qui m'est venu est : "C'est a rendre jaloux a Dali." Il y a un sens de drame, de pouvoir, de silence sacre, dans la perfection de couleur, lignes et composition de cette collection de Djamil Diboune qui me laisse accablee. Le photographe a un controle parfait, complet de son sujet : le desert dans le sud de l'Algerie. Comme un dramaturge qui a une vision concrete, il sait exactement comment creer cette atmosphere de mystere, de respect, de beaute impenetrable qu'inspire le desert de son pays.
Chacque photo est une oeuvre d'art unique. La premiere photo est comme une introduction, qui nous fait rendre compte qu'on est dans un monde immense ou on peut se perdre facilement et rapidement, ou le desert est maitre, et rien est ni evident ni sur, sauf l'immensite des dunes de sable dore tout autour. La segonde photo ma' pris de surprise. Elle montre un arbre mort, qui offre sa silhouette courbee comme un arc, de son tronc a gauche jusqu'a sa couronne a droite, comme une fenetre a travers laquelle on est temoin d'un coucher de soleil plendide et solemne, temoin a son tour avec nous de la bataille digne qu'a fait l'arbre une fois vif et fort contre les lois draconiques de la nature au desert.
La cinquieme photo reprend cette scene dramatique, cette fois du jour, ou le tronc blanchi de l'arbre mort est un indice du pouvoir du soleil dans ce desert omnipresent. Les troisiemes et cinquiemes prises sont dignes de prix internationaux dans la categorie de photographie de la nature. Elles sont ferocement belles.
Dans l'album de Djamil Diboune, il y a des moments de paix, de tranquilite, comme dans la sixieme, septieme, huitieme, neuvieme et dixieme prise, ou la serenite du tableau nous fait oublier brevement le danger reel et concret qu'est le desert pour les voyageurs qui ne connaissent pas ses lois et exigences.
Avec l'onzieme prise, le desert reprend son pouvoir enigmatique. L'album de Djamil Diboune est orchestre avec la precision d'une symphonie, on entend meme la musique, le ritme seduisant avec lequel le photographe genial nous emmene dans le royaume de ce desert irresistible. Le sable ondulant, le ciel bleu avec un soleil tout puissant et implacable, ou les illusions sont plus mortelles que le sable meme. La quinzieme prise a une qualite qui transport a une autre dimension, avec un tableau d'une composition de discipline spartane, ou dans le coin a droite, le tronc decapite d'un arbre est une mise en garde pour le visiteur de la beaute feroce du spectacle. La seizieme et dix- septieme photo ont une elegance dans les lignes des dunes comme des aquarelles superbement bienfaites. Les quatre photos suivantes nous sortent de cette tendresse breve, avec des tableaux qui celebrent l'immensite du desert dore, ou on se perd dans l'espace. La photo suivante montre ce qui reste d'un tronc d'arbre, une ombre poussiereuse, presqu'invisible, un image puissant du desert et sa maitrise patiente du temps. La vingt-quatrieme photo est un repos agreable, un coucher de soleil qui montre un desert comme fait de bronze, sous un ciel de bleus et violets confortants.
Les cinq photos suivantes menent a la conclusion de cet album phenomenale, avec un autre arbre mort, succombe au chaleur et sechesse du desert, avec un horizon interminable. La vingt -cinqieme photo est un image d'un effet dramatique penetrant, ainsi que la photo suivante, un coucher de soleil digne de la comparaison avec le peintre Vincent van Gogh, car ce tableau de Djamil Diboune montre un ciel qui fait penser a la Nuit Etoilee du peintre neerlandais. Cette photo de Djamil Diboune est une piece d'art exquisite et precieux.
La vingt-septieme photo montre un arbre qui a survecu, dans une scene d'espoir, avec l'ombre de la nuit qui vient, et des nuages blanches avec un coin du ciel d'un bleu couleur d'eau fraiche. La suivante photo montre un coucher de soleil avec un ciel couleur de feu, sur un tableau du desert ou les dunes paraissent des montagnes ebenes, avec la misericorde du froid que la nuit donne, une pause charitable de la chaleur immense du jour. Les deux dernieres photos de cet album superbe sont temoins encore une fois de l'envoutement dont est capable le desert, avec la vingt- neuvieme photo un soleil enorme qui domine la scene comme la primadonna d'un drame intemporel, et l'apotheose de la trentieme prise, qui comme la premiere photo, montre l'immensite et le danger qu'est ce phenomene toujours fascinant du desert.
Cet album de Djamil Diboune est impressionnant dans une mesure hors de ce monde. C'est un album spectaculaire. Toutes les photos dans cette oeuvre sont des pieces de resistance. Bravissimo, Maitre Diboune.
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