Il peut prendre beaucoup de courage de comprendre, comme un acte de volonte, que le monde des emotions et leurs souvenirs sont un monde tout a eux. Pourtant cette sagesse est confirmee par des personnes qui en savent quelque chose, comme l'ecrivaine belarusse Svetlana Alexievich, qui a dediquee sa vie d'ecrivaine - journaliste a cette conviction, a cette realite. La nature comprend elle aussi cette verite, et il y a des personnes qui sont convaincues que l'eau, par exemple, tient des memoires, quoique cette idee n'a pas de l'evidence scientifique en ce moment, mais l'idee a une certaine attraction poetique, qui a su trouver permanence dans la mythologie de beaucoup de cultures. L'eau est associee avec la lune, la feminite, et les oceans ont leur mythologie de dieux et deesses, ainsi que les rivieres et les chutes d'eau, qui ont leurs nymphes et fees. Dans la mythologie hindoue, l'eau est une des sources qui a donnee issu a l'univers, et est consideree la mere deesse, le sang de l'ocean primodiale, la mere qui donnait vie a tout sur terre, la fontaine et source de toute vitalite. On parle de la fontaine de la jeunesse eternelle, de l'ancienne Egypte a la mythologie des pays Nordiques, l'eau est associee avec des deesses anciennes, avec la Mere de la vie sur terre. Les oceans, les mers, les chutes, les rivieres, tous sont consideres comme des sources de vie, de purification, de guerison, de restoration. Les creatures qui habitent ces eaux, recoivent dans la mythologie des cultures du monde des pouvoirs divins, sous forme de dragons, serpents, baleines, tortues, dependant de la culture. Pour le peuple Azteque du Mexique du XIIIeme au XVIeme siecle A.D. quand leur empire fut detruite par l'invasion brutale de l'empire espagnole, Tlaloc fut leur dieu de l'eau, de la fertilite et de la pluie. La mythologie celte avait une douzaine de dieux et deesses associes avec l'eau et ses pouvoirs, comme la deesse Acionna, et le dieu Llyr, et Nantosuelta, la deesse de rivieres associee avec le feu, la terre, la guerison et la fertilite. La mythologie ancienne egyptienne avait 9 dieux et deesses pour l'eau, comme Sobek, le dieu de la riviere Nile, et Tefnut, la deesse de l'eau, de la fertilite et de l'humidite, et Nephthys, la deesse des rivieres, de la mort, du chagrin, des morts et de la nuit. La mythologie ancienne grecque avait Amphitrite, la deesse de la mer et une epouse de Poseidon, le roi des dieux de la mer, et reine des mers, et il y avait les Hippocampi, les chevaux de la mer. En Mesopotamie ancienne, il y avait Tiamat, la deesse des eaux salees et du chaos, aussi mere de tous les dieux. L'eau a une influence puissante sur notre imagination depuis des milliers d'annees, peut - etre parceque l'etre humain comprend son importance. On ne peut pas vivre sur cette terre, comme flore, faune ou race humaine, sans l'eau qui nous nourrit, purifie, qui permet a nos recoltes de fleurir, a nos corps de se ressourcer, qui calme les chaleurs du soleil, aide dans la guerison de blessures, et est un ingredient dans beaucoup de medicines qui ainsi facilitent leurs ingestion et digestion, on ne peut guere cuisiner sans l'eau, beaucoup de notre nourriture vit dans l'eau, comme tous les crustaces et poissons qu'on aime diguster. L'eau est aussi une source de recreation, de calme, comme les magnifiques chutes telles qu'il y en a si belles en Kabylie, qui addoucissent l'esprit par leur presence, energie hypnotisante et rafraichissante. Il y a des fontaines et rivieres qui sont considerees sacrees, qui guerissent le corps et l'esprit, comme les eaux de Tlacote au Mexique, de Pamukdale en Turquie, de Nadana en Inde, de Lourdes en France, de Liaoning en Chine, ou Yankikalilla en Australie, l'eau a notre respect, notre fascination.
Lemnouer Khaled du groupe des randonneurs Les Marcheurs a partage un recit emouvant tres poetique sur la fontaine Tababourte de Kherrata, une fontaine qui a sa source dans les monts Babors. Lemnouer decrit avec une nostalgie evoquante les charmes de cette fontaine, qui est un point de rencontre, de repos, qui inspirent le partage de conversations, et un sens profond de communaute et d'appartenance. Pour une personne comme moi, qui vit avec le manque de cette presence depuis une eternite, le recit poetique touche une sensibilite dans mon coeur, telle une melodie qui nous rappelle la douceur et la douleur de " Il fut un temps ", dans mon cas, les annees si breves et furtives de mon enfance et adolescence passees en Belgique, avant de venir aux Etats Unis a l'age de 19 ans. A travers des circonstances familiales compliquees et tristes, la derniere fois que j'ai visite mon pays natal fut il y a 32 ans. Cela laisse une de ces blessures qu'on ne peut guere toucher sans qu'elle saigne vite et profondement. La belle melodie du recit de Lemnouer Khaled me rappelle une belle melodie de Chopin, une de ses valses melancholiques si belles qui a la fois dechirent le coeur et le guerissent. C'est si rare pour moi d'entendre des mots dans ma langue natale, que le son meme des mots parait etre juste une autre des langues que je maitrise. Cette lionne flamande, parceque le lion est le symbole des flamands de Brugge, la province ou je suis nee, a une fierte profondement blessee, qui tolere ces moments de douleur du manque d'identite et pays comme un guerrier tetu qui refuse se rendre a l'ennemi et son mepris pour lui. Pour moi, etre permis dans le coeur d'un peuple comme me le permettent mes amities en Kabylie est un bonheur merveilleux, et que mon coeur de poete et ecrivaine chante avec toute la reconnaissance et joie et energie que cet esprit ouvert me donnent.
Il y a une nostalgie dans le recit de Lemnouer Khaled, mais c'est la nostalgie de souvenirs bien vecus, de souvenirs beaux et apprecies, d'avoir connu et de connaitre encore la joie profonde d'etre part d'une communaute, d'une culture qui est la sienne et le sera toujours, d'avoir une identite, une histoire d'origine, qui lui appartient, un bonheur qui pour moi reste depuis toujours temporelle et furtive.
Tababourte, quel joli nom, aussi joli que le nom des montagnes de la fontaine de Kherrata, les Babors. Dans un mois, je serai en Kabylie. L'idee de peut -etre avoir la chance de trouver un moment de repos pres de la fontaine Tababourte de Kherrata, en conversation avec mon ami Lemnouer me parait plus que divine.
Trudi Ralston
La recherche sur les eaux de la terre et leurs influences culturelles et mythologiques, courtoisie de Wikipedia.
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