Aujourd'hui, le 22 mars, Djamil Diboune a offert un album supremement beau de 30 photos d'une qualite artistique et emotive qui touche les sensibilites les plus fines. Les photos sont faites lentement, comme des peintures, et ce ralentissement du temps augmente la sensation d'intimite. Le point de depart de l'album est une maison kabyle abandonnee, et la maison devient l'intermediaire pour la nature. La nature est la memoire de la maison, que le photographe de la nature habille invite a donner un contexte pour l'histoire de cette maison, perchee sur une colline, ayant comme vue les montagnes et la vallee et la mer a Bejaia. Les photos ont un silence, une reverence, qui nous mene comme des visiteurs discrets sur le chemin qui commence a la maison, avant la fin du jour, pour nous donner l'experience de la nuit qui arrive, et avec les tenebres, les reves de la maison qui se revelent dans des tableaux des montagnes, d'une cote, et de la mer, de l'autre cote. Cette ambivalence est a la fois une celebration de la beaute naturelle de Bejaia, et le passe des montagnes dans la distance qui ont vu tant d'histoire et tant de souffrances, avec la mer le passage vers un espoir intemporelle dont l'energie des vagues en est un symbole. L'album commence avec une vue de Bejaia, de haut, et la segonde photo montre la maison sous un ciel bleu avec des nuages blancs. La vue de la maison est de ses murs, blancs, neutres. La troisieme photo a un changement dramatique, montrant la maison baignee dans une couleur profondement noire, avec au centre un eclat blanc aveuglant du soleil qui se couche. La maison ainsi prend un air de reve nocturne, il y a une angoisse et tristesse dans la photo et les suivantes photos nous montrent les montagnes, baignes dans une lumiere doree, brillante parmi les couleurs bleu foncees et noires de la nuit qui les entoure. La facon dramatique et artistique dont Djamil Diboune sait creer ces tableaux, comme dans la 7ieme et 8ieme photo, rappellent les peintures de Thomas Moran ( 1837 - 1926 ), specifiquement ses peintures de couchers de soleil en mer. Thomas Moran etait ne en Angleterre et etait connu pour ses peintures des paysages de l'ouest des Etats Unis. Djamil Diboune a la capacite de creer un merveilleux contraste entre une lumiere centrale, souvent doree, et une obscurite massive qui l'entoure dans ses photos, comme dans les peintures de couchers de soleil en mer de Thomas Moran, qui donne les photos nocturnes de Djamil Diboune, de ses montagnes surtout dans cet album, une qualite incontestable de peintures, et les donne aussi une intensite dramatique et profonde a la fois intime et universel. C'est la premiere fois que j'encontre un photographe de la nature capable d'infuser telle intensite passionnelle et artistique dans les photos de ses paysages nocturnes. Il y a une passion au - dela de la photo meme, une qualite d'art transcendentale, saturee d'une intuition et intelligence douees.
La 12ieme photo est un retour a une lumiere partiale, et montre la maison avec l'entree d'une porte, un soupcon d'un chemin, et les couleurs vertes d'arbustres comme le souvenir d'un jardin, qui a une vue de la vallee masquee par des nuages, ni clairs, ni noirs. C'est un tableau d'espoir, et les deux photos suivantes montrent les montagnes, et la vue des montagnes a travers l'aperture de la porte absente: la maison n'a plus de famille, mais il y a la perspective de montagnes grands et beaux, et une vallee verte, ou se montre un coin bleu du ciel parmi les nuages. La 16ieme photo montre la maison de l'autre cote, dans un moment de repos, ou il y a ce meme element d'espoir pour un retour a sa dignite, malgre le toit abime et le graffiti sur le mur, parceque le tableau montre surtout la vue de la vallee et des montagnes, ce qui est comme un geste symbolique de voir plutot le present que le passe.
Cet album de Djamil Diboune a des intuitions geniales, et comme un reve agite, les souvenirs de la maison laissent une impression sur l'imagination, ainsi que les photos retournent avec la 13ieme, 14ieme et 15ieme prises a des jeux d'ombre et lumiere, avec la lumiere doree d'un ciel couchant au centre des tableaux, comme une affirmation passionnee. L'art du photographe de la nature kabyle est ainsi un temoignage de l'esprit berbere invincible. Ces photos sont une belle et touchante balance de tenebres et jour, de noir et couleurs, de passe et present, de chagrin palpable et un espoir brulant. Vers la fin de l'album, a partir de la 20ieme photo, la lumiere est plus definitive, avec dans le tableau la presence d'un arc en ciel sur la vue de la ville de Bejaia. Les photos suivantes ont une atmosphere de serenite, avec des vues de la mer, dans des couleurs fraiches de vert et bleu, et la 28ieme photo est d'un arc en ciel vu de la porte de la maison, et donne l'idee de l'espoir un moment touchant at cet album profondement spirituel. Les deux derniers tableaux sont une vue des montagnes, et une vue du ciel et la mer. Les montagnes, ces esprits intemporels, temoins imperturbables de l'histoire humaine, et la mer, cette presence energique qui pardonne tout. Au pied des montagnes, et pres de la mer : l'histoire de la maison que raconte Djamil Diboune avec elan poetique et passion dans cet album est une histoire profondement digne et courageuse, comme l'histoire berbere en soi, toujours une melodie, une chanson se cache dans ses pages.
L'information sur la vie de Thomas Moran et ses peintures, courtoisie de Wikipedia.
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