Les edifices de la grande ville etaient des structures immenses, avec des tours de verre transparent, et etaient construits sur une grande colline, et mis dans un cercle, comme des cyborgs geants y laisses par des etres d'une autre planete. Il faisait chaud, et le chauffeur du taxi avait baissee les fenetres, pour permettre un peu d'air fraiche. Je n'avais aucune idee ou j'etais, je ne reconnaissais a personne, mais le chauffeur me faisait la conversation, comme si j'etais une personne qu'il avait deja vu avant. " Tu as une addresse ? ", me demanda - t- il, avec un air nonchalant, faisant un effort pour ne pas m'etouffer avec la fumee de sa cigarette. " Non, j'ai juste ce telephone, mais le numero ne repond pas. " Le chauffeur faisait le cercle a nouveau des batiments, et je n'avais pas de choix que de descendre, pour me trouver dans un quartier de boutiques exclusifs, de couture et souliers extravagants. Ou etais - je ? Les personnes autour de moi paraissaient tels des mannequins, qui ne me voyaient pas, et j'ai trainee dans les rues sous une lumiere aveuglissante, tournant en ronds, sans recevoir une reponse sur que c'etait cette ville etrange et isolee dans un desert aux collines ou les rues n'avaient ni noms ou numeros. Finalement, une femme agee gentille s'est approchee vers moi, m'a pris le bras, et me dit : " Voila, j'ai le numero de telephone pour ta Nanou, et pour ton frere. " Pour quelques secondes, j'etais soulagee, peut - etre j'allais comprendre bientot, ou j'etais, et pourquoi, quand je me suis realisee avec un peu de panique, que ma Nanou est morte depuis 25 ans, et que mon frere est mort il y a six mois. C'etait aussi le moment, ou je me suis reveillee, pour me rendre compte que j'etais chez moi, a Olympia, et que la lumiere du matin s'annonceait a travers la fenetre de ma chambre a coucher. Comme oneironaute - ce qui veut dire une personne qui a des reves lucides, qu'elle se rappelle et se rappelle etre un participant dans ces reves - recemment initiee, comme je decris dans mon article recent " Les Mains de la Musicienne Touareg ", qui celebre une photo surrealiste " Une Rencontre ", du 4 decembre 2020, des mains du photographe berbere d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie, le monde des reves a une presence insistante dans mes preocupations intellectuelles et creatives. Sa photo du 27 decembre, au titre "Silhouettes ", a evoquee une reflection sur le pont que sait faire sa photographie artistique entre mon monde de reves souvent angoisse, et le monde de la culture et nature berberes de la Kabylie, ou trouve mon ame et coeur de poete sa joie, son inspiration et son espoir, sa voix et son courage.
Le mot silhouette se definit comme l'image d'une personne, animal, objet, ou scene, qui est representee comme une forme solide, de juste une couleur, souvent la couleur noire, avec les bords qui correspondent au contour du sujet. De cette definition et son origine graphique, le mot silhouette a ete elargi pour decrire la vue ou la representation d'une personne, objet, ou scene, qui est eclairee de derriere, et se parait foncee, sombre ou noire, sur un fond plus clair. Le mot " silhouette " est derive du nom de Etienne de Silhouette ( 1709 - 1767 ) qui en 1759, comme ministre de finances en France, a ete oblige par la crise de la Guerre de Trente Ans, d'imposer des demandes tres strictes sur le peuple francais, surtout l'aristocratie. A cause des economies austeres de Silhouette, son nom devenait synonyme avec tout ce qui etait fait ou produit tres bon marche, et avant l'arrivee de la photographie, les profiles en silhouette etaient la facon la plus efficace et la moins chere de produire et registrer en papier ou carton noir, l'apparence d'une personne. Dans le monde des reves, les silhouettes sont vues comme des symboles de l'amitie profonde, et du bonheur, surtout des silhouettes ou apparait un coucher du soleil, comme dans la photo de Nacer Amari, ce qui me rappelle les mots d'une chanson du group americain de l'etat de Floride, au sud - est des Etats Unis, le groupe " Mayday Parade ", fonde en 2006 , leur chanson " You Be The Anchor " , " Sois l'Ancre " : " Sois l'Ancre qui garde mes pieds sur terre Je serai les ailes qui gardent ton coeur dans les nuages. " ( You be the anchor that keeps my feet on the ground, I'll be the wings that keep your heart in the clouds. ") Ces vers sont une belle illustration de ce que signifie pour mes poemes et articles, la Kabylie, et l'inspiration et dignite et sens d'appartenance que me donne la culture et nature berberes, qui me permettent ce pont de lumiere qui me montre le chemin qui me permet de sortir des traumes de mon passe, vers le present et le futur avec joie et bonheur tres reels, comme poete, comme personne, grace au respect, amitie et tendresse de ma famille et mes collegues berberes en Kabylie. La Kabylie est l'ancre pour les nuages libres, de mes poemes, de mon ame et coeur, et la photo " Silhouettes "de Nacer Amari a dans ce sens un element visionnaire, qui se melange avec l'ambiance ludique de la scene. C'est connu maintenant grace a des etudes scientifiques recentes, que souvent le monde des reves est, si ne pas angoissant, stressant, une verite que je peux affirmer, comme une personne qui depuis l'age de 10 ans a des reves tres intenses et elabores, que je me rappelle et qui m'accompagnent, avec une fidelite tres tetue, la memoire. Comme le monde des silhouettes, le monde des reves est habite avec des personnes de qui leur identite est masquee par l'ombre, ou on voit clairement l'intention, mais pas l'identite de la personne. Le monde des reves a des personnes qu'on reconnait facilement, des personnes aimees, comme mon pere, mon oncle, ma Nanou, et des personnes qui sont faciles a reconnaitre pour le traume qu'elles ont causee, comme dans mon cas, ma mere, et il y a aussi les personnes qui sont des etrangers, dans mon cas, gentils, qui aident, qui expliquent, qui guident, vers l'espoir d'une solution, d'une conclusion au moins partiellement positive. Mes reves se presentent comme des pieces de theatre, avec des arquitectures elaborees, des personnes sinsistres, des personnes positives, et moi entre les deux, essayant de resoudre le conflit avec lequel le reve me presente. L'interet dans le monde des reves est ancien, et remonte a 3100 B.C. a l'ancienne Mesopotamie, ou le monde des reves etait vu comme une facon d'entrer d'autres mondes, et on croyait que l'ame, ou une part d'elle, sortait du corps pendant le reve, pour s'enaller vers d'autres places, et visiter d'autres personnes avec qui la personne se communique, ce qui peut - etre explique les sites extravagants et surrealistes dans lesquels je me trouve dans mes reves, et qui expliquerait aussi les visites avec mon pere, et mon oncle, qui ne sont plus de ce monde terrestre. Quand mon oncle Frans ( 1920 - 1981 ) est mort, j'ai eu un reve magnifque, ou il est venu me dire que son esprit etait libre, qu'il ne souffrait plus le mal que son corps torture par la maladie lui avait causee. Quand ma soeur Ludwina est morte a 35 ans, la nuit de sa mort, j'ai eu un reve ou elle m'a emportee vers ou elle etait, un monde de joie et lumiere, ou elle m'assurait elle etait tres heureuse, et libre du mepris qu'elle avait souffert sur terre, comme victime de la depression bipolaire. Je me rappelle me reveiller avec une paix immense au coeur, c'etait tres emouvant, et je me rappelle les melodies belles ou elle etait, et qu'elle etait comme une fee faite de lumiere brillante, et je me rappelle son sourire, vraiment d'un autre monde, idyllique, d'immense paix et beaute. En Egypte ancien, les personnes qui avaient des reves intenses et elabores, etaient traitees avec respect, et etaient considerees benies. En Chine ancienne aussi, le monde des reves etait considere important, et il y avait la meme conviction que pendant le reve, une part de l'ame partait du corps, pour retourner le matin, une conviction que le philosophe chinois Wang Chong ( 27 - 97 A. D. ) a mis en doute, point interessant aussi. Antiphon fut le premier grec ancien qui a ecrit un livre sur les reves et leurs importances au Veme siecle B.C. Il y a des tribus amerindiennes du Mexique et des Etats Unis qui croient que les reves sont une maniere de visiter et contacter les ancetres, ce qui ne parait pas aussi extravagant, dans mes experiences, ou mon pere surtout me visite regulierement dans mes reves, et m'a meme annonce dans un de mes reves, ou il etait accompagne d'un guide, de qui je me rappelle son aspect un peu terrifiant, avec ses robes d'un guerrier amerindien avec ses armes a son cote, et son coiffe style Maya, pour me dire - ce fut en hiver 2008 - qu'il allait mourir, qu'il etait temps de partir. L'ombre de mon pere etait a cote de mon lit, et il m'a dit " Je viens te dire adieu, Trudi, ma fille, mais ne t'en fais pas trop, je vais etre libre de ce corps malade, et je vais te garder et proteger, j'ai la permission de le faire maintenant ", et lui et son guide solemne sont disparus et je me suis reveillee, et moins que deux semaines plus tard, j'ai recu le coup de telephone de sa soeur a Oostende, que mon pere, qui etait en soins palliatifs en Belgique, avait quitte ce monde.
Les silhouettes dans la photo de l'artiste berbere Nacer Amari, sont un message d'espoir, pour une personne comme moi qui dans ses reves a souvent le travail difficile d'essayer de reparer, de comprendre des communications perdues, de retrouver des personnes aimees perdues, de peindre, ranger une vie de solitudes, d'invisibilites immenses, de voix perdue, muette, qui en Kabylie a trouvee les instruments, a travers sa culture, sa nature, pour donner expression, melodie, rythme, chant, a mes poemes si longuement enterres vivants. Les silhouettes de Nacer Amari qui participent dans un jeu d'illusion optique, ou on a l'impression qu'un grand boa constricteur se va manger un petit elephant innocent, qui joue au balllon avec le soleil qui se voit lui de taille d'un jouet au fond de la scene en rouge et noir captivant, est une allusion charmante et desarmante, au " chapeau " que s'avait dessine l'enfant esprit du " Le Petit Prince " d'Antoine de Saint - Exupery ( 1900 -1944 ) dans son livre renomme de 1943, quand en fait, selon Le Petit Prince, le chapeau n'etait pas du tout un chapeau, mais un serpent qui avait avale un elephant. Tout est question de perspective, que le monde des enfants comprend avec beaucoup plus d'humilite et sagesse que le monde des adultes, une verite que la photo aussi souligne, et comme oneironaute recemment initiee, cette scene de silhouettes cree par le photographe Nacer Amari, est un beau message pour un monde confus et plein d'angoisses, ou l'element ludique a perdu gran part de sa valeur artistique et therapeutique, et me fait penser a la joie immense d'etre la bienvenue au monde des mythologies berberes et ses silhouettes, qui rend beaucoup plus tolerable le monde souvent difficile a evader et a negocier de mes reves et de ma vie ici, loin de ma Kabylie et ses verites et melodies anciennes qui m'appellent et me protegent.
Trudi Ralston
La recherche sur les silhouettes, sur le monde des reves et son importance dans la culture ancienne, sur la musique du groupe " Mayday Parade ", et l'information sur Antoine de Saint - Exupery, courtoisie de Wikipedia.
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