Monday, December 18, 2023

La Rupture: Au Rythme du Tambour d'un Second Exile - dans la serie "Les Blessures de Chiron" dediee a Nacer Amari

           Il y a quelque chose d'hypnotisant dans le son ou bruit d'un echo. Vers la fin du mois de decembre ici, le voisinage se vide, avec les voisins qui vont visiter leurs familles dans differents parts du pays, ou de l'etat et de la ville. Ceux qui n'ont pas, ou plus, une grande famille, comme est le cas, par hazard, pour moi et mon mari et fils, ne parlent guere de cette absence, qu'on couvre dans un optimisme qui est utile et ne pas trop dur a tolerer, comme une fois qu'arrive le mois de janvier, tous les voisins sont de retour, et la vie du voisinage reprend sa routine quotidien du travail, de l'ecole. Au jardin, dans le froid et le brouillard dense des derniers jours, le silence parait plutot un echo, dans lequel j'entends parfois la voix des personnes cherers disparues dans les ombres du temps, comme mon pere, mon oncle, ma petite soeur, ma grandmere paternelle, ma nanou. Dans ses echos de leur voix, j'entends dans le silence reverberer dans mon coeur, aussi parfois leur sourire, suite d'un conte ou une blague, que surtout mon pere avait un don de partager. Je me rappelle la senteur fumee des cigarettes de mon pere, de mon oncle. Et le mot qui me vient au coeur, est exile. Le premier exile etait pour moi a l'age de dix - neuf ans, un exile long, persistant, seul, trop seul, exigeant, qui m'a demandee tout. Dans le silence de cet echo, j'entends maintenant aussi un echo, une voix qui me remplit d'espoir, de courage, d'energie, et oui, de joie: la voix kabyle, comme je l'ai entendue pour la premiere fois dans les chansons du grand troubadour Idir, grace a ma copine francaise - kabyle a Grenoble, qui etait une de mes amies pendant mes etudes universitaires a Austin, au Texas, ou on partageait un appartement les annees des cours pour notre maitrise, elle en comptabilite, et moi en litterature. Cette voix kabyle a menee petit a petit, vers une exploration et interet dans la culture Berbere de la Kabylie, et me voila, faisant le travail pour mon 12eme livre qui lui celebre sa richesse et profondeur. Le sejour en Kabylie en 2019, n'a que renforcee ce desir, cette passion, cet interet, que je constate avec beaucoup de fascination, a une influence unique sur mes inspirations litteraires, poetiques, artistiques. Cette influence creative parait trouver son centre solide, stable, sa vision la plus claire, dans le lien avec mon collegue d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie. C'est un beau mystere, et une verite et realite verifiable, que le lien entre des collegues dans le monde des arts peut creer une energie creative unique et pour moi, apres avoir du confronter une solitude et isolation culturelle - artistique pour effectivement, toute une vie, ce lien est un regal inestimable, qui renforce ma conviction que l'esprit et le coeur Berbere de l'Afrique du Nord possede des qualites remarquables. Ayant connue a fond les chagrins de mon premier exile de Flandes, la Kabylie et le lien avec mon collegue Nacer Amari, me donne la chance de me liberer des chimeres de cet exile, de me sentir entendue, vue, inclus, d'avoir une voix comme poete, comme etre humain si desirant d'avoir un clan, une grande famille, pres de qui mon esprit, mon coeur, se sentent soi - memes, encouragee de s'exprimer en totalite leur identite, leur essence si longuement invisible, muettes. 

            Le titre de cet article a le mot "rupture", et l'idee d'un "second exile". A quoi se referent ces deux mots dans le contexte de la joie de m'avoir liberee finalement de ce long, epuisant premier exile de Flandes, qui a eu son debut quand je suis venue etudier au Texas? Le mot rupture m'est venu visiter avec une certaine insistance tetue, juste l'autre jour, pensant a la douleur inimaginable, et tres vif, qui me prend parfois de surprise, dans ces moments de devoir faire face aux defis qui me separent de la Kabylie. Des defis de bureaucratie, de distance, de realites politiques, qui causent une rupture dans cette joie, dans cette energie creative, la tristesse de penser que je pourrais perdre a ma Kabylie, a ce lien magnifique, a cause de caprices du destin, et ainsi me trouver dans un second exile, celui qui me separe de ce qui est le plus sacrale, le plus reel, le plus vrai de ma vie comme poete, ecrivaine, artiste: que c'est le coeur kabyle qui a su me definir, a su me liberer du sortilege afreux de l'isolation culturelle - identitaire, et qui m'a reveillee le plus prodond de mes visions creatives. Dans ces moments d'impuissance, de detresse, je sens le brouillard essayer de me devorer ma resistance, mon courage. Le seul remede est de continuer a croire, a ecrire, a mettre mes poemes sur le navire de mon clavier et les partager, les envoyer vers rives kabyles. C'est bizarre de penser, du point de vue rationnel, logique, qu'un coeur peut souffrir, car la souffrance affective, de l'esprit est une emotion, qui se suppose n'est pas liee au monde physique. Pourtant, l'idee de perdre le lien le plus beau et le plus profond creatif - culturel - intellectuel q'est pour moi mon lien avec la Kabylie, cette sensation de rupture, de perte, brule comme une dechirante blessure. Je ne veux pas souffrir ce second exile, il m'est inacceptable, et je vais me battre contre cette chimere et ses grimaces avec toute ma force. Je ne veux pas entendre s'approcher ce tambour et son rythme asphixiant d'un second exile. Le grand poete libanes Kahlil Gibran ( 1883 - 1931) a dit dans sa collection d'aphorismes " Le Sable et l'Ecume": "Seulement l'amour et la mort changent toutes choses". L'amour de la Kabylie m'a changee tout. J'espere que la vie me donnera les annees que je veux avoir pour continuer a celebrer ce regal, cette belle et profonde energie qu'elle me partage qui me permet, dans l'automne de ma vie, d'etre poete fiere, libre, joyeuse, qui voit et sait exprimer pour la premiere fois, la totalite de ses visions litteraires - artistiques, qui etaient mis sous l'effet d'un sort paralysant, pour tants d'annees, et duquel la Kabylie m'a su enlever le poids etouffant et ses chaines lourdes. Une poete flamande qui n'arrivait pas a se trouver son ame, ni son coeur au Texas, ou a Washington, et qui apres avoir voyage dans beaucoup de pays, fait la connaissance de beaucoup de cultures, pour trouver sa voix sur les rives de la Kabylie, qui m'a reveillee l'esprit, le coeur si longuement mis en stase, immobilisee par la solitude, l'indifference, est, je crois une histoire qui vaut etre partagee, celebree, et je crois que l'ecrivain algerien au renommee mondiale, Kamel Daoud, le confirme dans son livre de 2018, "Le peintre devorant la femme" qui explore l'impact et leur importance centrale, des muses dans la vie et l'art du peintre Pablo Picasso, quant a l'evolution unique de ses tableaux et leur style qui ont laissee leur empreinte indelibile sur les arts visuels du XXeme siecle. Que la Kabylie est ma muse qui continue de laisser ses empreintes indelibiles sur mes poemes, mes livres, mon art, est incontestable autant que c'est une verite inalterable. Si moi je suis tel le phenix qui renait de ses cendres, la Kabylie est le souffle et la force du vol libre de mon coeur, de mon esprit, de mon ame. Elle est mes ailes qui dans la joie et la liberte de leur danse euphorique veulent plus que tout, celebrer et partager son riche, unique heritage.  

Trudi Ralston  


Wednesday, December 13, 2023

L'Admonestation du Soleil Rouge: La Vision - dans la serie "Les Blessures de Chiron" dediquee a Nacer Amari

          Ce poeme trouve son inspiration dans l'admiration et appreciation pour la culture agraire de la Kabylie, specifiquement la culture de la recolte des olives, qui unit les familles kabyles, a travers le temps et les generations. La connaissance et la richesse de la culture des olives en Algerie, est au centre du coeur agraire de ses familles, une tradition ancienne qui met en question le monde post - industriel et ses obsessions, son avarice, son absence d'une vision qui inclut la decence, la communaute, le respect pour la nature et ses ressources, et qui met la terre et l'humanite au bord de l'abime, de la perte totale d'un futur possible et desirable pour notre planete. Le soleil ici ce matin s'etendait dans un ciel rouge vif, avec l'astre solaire au centre, brulant comme un medaillon d'or brillant, qui me rappelait les levers et couchers du soleil magnifiques en Kabylie, comme je les peux observer dans les photos de mes collegues photographes Berberes d'Aokas. Une nostalgie immense m'envahissait, pensant a ces souvenirs d'enfance en Flandes, quand j'aidais la famille de ma nanou avec les recoltes d'haricots verts, et de pommes de terre, et ce sens de famille que cela me donnait, de camaraderie a un jeune age, ces etes ou ma mere etait occupee avec ses interets et ambitions sociales, qui lui faisait perdre de vue a ses enfants. Ce poeme est pour le coeur kabyle, pour son respect envers la sagesse de la terre, pour ses labeurs de la terre, pour la beaute de cette sagesse, qui se transmet a travers les generations, et pour l'espoir que la generation de jeunes kabyles, heritiers de la mythologie et de la connaissance, des saisons et leurs recoltes, de leur importance cruciale, continue, garde son histoire, a travers des milliers d'annees de defis, car le jour ou cette connaissance des recoltes se perd, se nie, est le jour ou l'humanite est perdue, sans remede, sans chance de redemption, de se sauver, de s'expliquer son ignorance deroutante:


L'Admonestation du Soleil Rouge 


Les pas du paysan traversent le champ et ses recoltes avec patience, pour lui la terre est vie, est dignite, est sagesse, qui nourrit a sa famille, en est son coeur, sa force. Le soleil, le vent, la pluie, la secheresse, le froid, les saisons et leur rythme, il les connait a fond, en comprend leur horloge, leur insistance. 

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Le soleil ce matin me transporte avec ses couleurs rouges et dorees intenses vers la Kabylie, son coeur solide, qui m'inspire la joie de mes poemes, qui leur donne leurs racines, la resolution de leur exile, de leurs peines. 

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Le soleil rouge laisse son message d'admonestation sur terre kabyle, sur ses plaines qui sont les sentinelles de siecles de defis, de sacrifices, de courage, gravees sur les rythmes des saisons, des graines et leurs memoires. Le soleil rouge sait que le paysan Berbere gardera a toujours le respect pour la terre, lui voit son chagrin a l'indifference de l'homme des villes, et ses cages de beton, de bruit, d'illusions, de miseres. 

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Le chant du paysan et sa famille, est l'echo qui rassure la terre, la voix de ses enfants Berberes, de leur interet dans le secret des fruits que donne ses arbres, leur force, leur abondance, de decouvrir le miracle et la beaute des dons de la nature, qui se rajeunit dans les generations qui lui honorent. 

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La terre seche ses larmes sur les mains et les epaules resistantes du paysan qui entend et comprend la detresse de la planete, epuisee de la negligence des avares et leurs indifference, la terre sait qu'elle peut lui faire confiance, qu'il prend au serieux l'urgence de ses circonstances desesperantes. 

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Aussi longtemps que les paysans de la terre ignorent les illusions, qui essaient de leur voler la volonte et le courage, pour les remplacer avec le vide de promesses aveuglantes, l'humanite pourra trouver la guerison, qui permettra le chapitre suivant, esperons pleine de grace, pour l'histoire et son remede pressant de notre si douteuse presence. 


Trudi Ralston 

"Quand on va couper l'ultime arbre, empoisonner l'ultime riviere, et tuer l'ultime poisson, c'est a ce moment que l'homme se rendra compte qu'il ne peut pas manger son argent." - dicton de la culture amerindienne Cree, du Canada et le nord ( l'etat de Montana) des Etats Unis. 

Wednesday, December 6, 2023

Fragmentation: d'Alienation a l'Integration dans le Processus Creatif - dans la serie "les Blessures de Chiron" dediee a Nacer Amari

           Fragmentation. C'est le mot qui me visite ce soir, pensant sur une conversation telephonique de surprise d'une de mes cousines en Flandes, et de la soeur encore en vie de mon pere. Parler le flamand meme juste pour une dizaine de minutes, de me sentir en famille d'origine pour ainsi le dire, m'a rempli le coeur avec un melange interessant de nostalgie et d'espoir. J'ai compris que l'element de l'espoir venait de mon lien avec la culture kabyle en Algerie, la culture qui m'a redonnee l'identite de mon ame et coeur de poete, qui m'a inspiree deja 11 livres et une douzaine de pieces d'art, et qui est l'eau fraiche, riche de mes inspirations ces dernieres sept ans maintenant. Cela fait 37 ans depuis la derniere fois que j'etais sur terre de mon pays de naissance, et j'ai dit a ma cousine que je pense venir l'annee prochaine, pour revoir ce qui m'y reste de famille, et de faire honneur a la Kabylie dans une reunion autour de mes livres et poemes et art, car la Kabylie est au centre de mon etre poetique et creative, elle est ma muse, le rythme et la melodie de mes chants, de mes explorations creatives. C'est la Kabylie qui m'a permis de commencer le processus difficile de faire l'odyssee elusive et penible, de la fragmentation que cause l'alienation de l'exile, vers l'integration, le sens de l'appartenance reclamee, redonnee, liberee. La culture Berbere de la Kabylie a du me voir cette fragmentation, a un niveau intuitif, et au lieu de la rejeter, nier, ignorer, elle et son ame ancienne, bien consciente des defis dans la vie quand on est comme elle, heritier d'une culture qui a su surmonter des milliers d'annees d'invasions, de colonisations brutales, d'efforts de lui fragmenter son identite, son histoire, sa dignite, qui lui a donnee une sensibilite intellectuelle - affective - sociale tres claire, tres perspicace, m'a accueillie, ce qui m'a permis de trouver mes resonances les plus profondes quant a ma lutte de re - integrer mon etre comme etre humain, comme poete, ecrivaine et artiste dans les chants, dans les partages de la sagesse esthetique et la conscience collective qui me visitent dans les images de la photographie de l'artiste visuel d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie. Trouver la clef des melodies de mon ame de poete, apres avoir suivi le sentier discordant d'une isolation asphixiante pour tants d'annees, essayant de trouver un equilibre elusif entre fragmentation de l'exile culturelle depuis mon adolescence, dans un pays qui n'arrive pas a se definir une ame, ni moins la mienne, est une catharsis profonde, unique. C'est apprendre une nouvelle langue, et pouvoir laisser derriere moi le langage etranger, dense, ne jamais intime, ne jamais inclusif, que doit accepter la personne qui decouvre l'illusion cruelle, que la redemption se trouve, en avoir confiance que l'exile est l'ultime chance de redemption, comme on me l'avait presentee quand je suis partie pour les Etats Unis apres avoir finie mes etudes de secondaire en Flandes. J'espere que le jour arrivera dans le futur prochain, que je pourrai celebrer ce don inegal que me donne la Kabylie, en pouvant retourner en Algerie. La paix et fierte profonde que me donne l'art de portraiture, de sa photographie de mon collegue kabyle Nacer Amari me remplit avec un calme meditatif, zen, centre, de la part de cet artiste visuel, qui possede aucune trace de narcissisme, de cynisme, d'ego, et qui possede un caractere ou domine une modestie et une grace charitables. Dans un monde qui se dechire au nom de l'avarice, de l'auto - adoration, cet apprentissage creatif et intellectuel profond et transformatif a travers le lien avec mon collegue kabyle, est une experience, une histoire remarquable qui est temoin de la richesse de l'esprit guerisant qui reside au centre de l'identite Berbere. L'ideal serait de vivre plus proche a l'Algerie, au lieu d'a 9000 kilometres, mais l'ideal se preoccupe rarement avec la logistique et ses puzzles. Mes livres sur la Kabylie se trouvent mondialement sur Amazon, et par hazard, Amazon ne se trouve pas en Algerie. Je mets tous les articles et tous leurs poemes sur ma page de Facebook, sur mon blog Lioness in Exile, et comme je vis dans un pays anglophone, la chance de presenter mes livres ecrits en francais sur la Kabylie est ne pas tres probable, ce serait evident si je vivrais en Quebec, par example. Malgre tous ces obstacles, je continue quand - meme, aussi avec la difficulte en ce moment des visas pour l'Algerie vu la situation politique. Je sens au fond de mon coeur que je lui dois cette conviction de ne pas abandonner l'espoir. Il y a le fait aussi que je ne suis pas ni algerienne, ni kabyle, et que depuis la guerre horrifiante en ce moment contre le peuple de la Palestine, et l'attitude lache de pas mal de pays de l'Occident, surtout des Etats Unis, la chance d'un visa devient encore plus douteuse quant a mon espoir de pouvoir visiter a nouveau a ma Kabylie, ce qui me remplit en meme temps avec une energie qui est un melange de determination et de melancholie, de me savoir devant un sphynx, qui me laisse sans voie claire de comment resoudre son enigme? Le plus important est de continuer cette belle melodie de l'espoir, du courage, de l'inspiration, de liberation que m'inspire le coeur et esprit kabyle, qui me rappelle, chaque jour a nouveau, que l'art sauve, guerit, transforme, est la lumiere qui guide, qui montre tout ce qui vaut sauver quant a notre humanite si troublee dans ce XXIeme siecle si durement eprouvee. Les enfants et les artistes et poetes ont en commun qu'ils aiment intuitivement les arts et leurs regals, car les enfants adorent la musique, la danse, le theatre et ses costumes et emotions, ils aiment dessiner, peindre, aiment faire des sculptures, meme avec des moyens humildes, comme le papier mache. La Kabylie me rend claire l'importance des arts dans la vie de l'etre humain, surtout pour les ames durement eprouvees, qui dans son accueil, son invitation a son oase fertile, trouve sa chance a la guerison, a l'integration, a la chance de ne plus souffrir dans les coulisses sombres de l'alienation et son mepris cruel. L'Algerie n'est pas mon pays de naissance, et je ne suis pas de naissance Berbere, mais je suis une enfant de la Kabylie, car c'est elle qui m'a re - introduit a l'essence reelle de mon identite poetique - creative. Dans l'accueil de ses rives, de sa terre, de son peuple, de mes amis et de mes collegues kabyles, je recois la chance de me liberer des chaines du passe, de son silence et mepris tuant, et de vivre dans la lumiere chaude et sure, de l'esprit Berbere qui m'ecoute, m'etend, m'heberge, me guerit, qui est le miroir de mes plus beaux reves poetiques, mes plus profondes visons et leurs integrations, leurs expressions litteraires et artistiques, quand j'y declare mon admiration pour la beaute et la sagesse de son esprit et de son coeur courageux, chaleureux, amples.  

Trudi Ralston  

 

Monday, December 4, 2023

L'Encre Sympathique: le Delire des Mots Desaparants - dans la serie "Les Blessures de Chiron" dediee a Nacer Amari

              Ces jours, regarder les nouvelles sur la condition du monde, sur la spirale descendante d'inhumanite et violence, invite une nausee totale: affective, morale, physique. Cela fait mal dans tous les sens du mot. Ce poeme et son rythme et melodie veut communiquer cet desequilibre, cette repugnance complete, douloureuse, envers l'amoralite face a la souffrance de milliers de civiles innocents en Palestine, veut exprimer le degout profond, reveler les grimaces sadiques qui deviennent chaque jour plus choquant, plus difficiles a tolerer, en forme d'un chant de protestation, de qui la voix altere entre le monstre qui essaie de justifier le mal, et le troubadour qui se revolte, qui exprime le choc, et sa colere, et qui essaie de comprendre la misere infernale, le cauchemar horrifiant dans lequel se trouvent les victimes de cette brutalite insatiable:


               Le Delire des Mots Desaparants


Je dois dire, je ne comprends pas quel est le probleme, notre vision du monde est bien clair, on a raison dans cette affaire de guerre, l'histoire a ses peuples de preference, vraiment, ecoute, les choses avancent, tout pour l'ordre, et les morts, et bien, ce sont des numeros inevitables. 

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Comment peux - tu justifier ces massacres? De personnes innocentes, tuer des milliers d'enfants et leurs familles, justifier l'avance de pouvoir, de puissance? Le mal que tu fais est une drogue, qui rend impuissant a la decence, qui enleve ce qui reste de courage. Le mal, il devient tel l'encre qui fait disparaitre tes actes monstres, que tu effaces avec tes mots qui cachent la verite que tu tortures en soumission totale, que tu epuises sans cesse, que tu enleves toute chance. 

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Alors, je vois qu'on est sur deux differentes pistes, tu sais, il faut voir les choses de perspective plus grande, le monde n'est pas si facile a diriger, la guerre depuis des milliers d'annees range le desordre, met en charge ceux qui sont capables, et l'innocence, la justice, le partage, ce sont des idees decadentes.

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Quel est le sens de toute cette violence, qui rend invisible, rend poussiere a une vie de paix, d'espoir, de dignite, de respect pour autrui, pour tout peuple et leur droit, leur chance? Comment expliquer aux enfants tes intentions malades? Tu es un ingenieur de mort, de destruction, tu es l'anti - these de tout qui definit une valeur humaine, tu dechires, tu detruis, tu devores, tu es un trou noir immense, sans fin, ni debut, le serpent qui se mange sa propre queue sanglante. 

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Ecoute, tu vas voir, avec le temps qui passe, que le bien et le mal peuvent s'entendre, peuvent negocier un compromis passable. Quant aux innocents, et bien, c'est question de mathematique, et quant aux innocents, il y en a assez que a la fin des comptes, leurs morts sont justifiables. 

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T'ecouter est une torture, pour mon coeur, pour ma tete, je me sens malade, tu n'es plus un etre humain, tu es machine, et pire, car une machine n'a pas de volonte, pas de conscience. Tu es une ame morte, sans esprit, tu es le vide, le chaos avant le debut du temps. Tu remets l'horloge de l'histoire humaine a zero, tu es l'encre qui efface tout sens des mots, tu es les dents pourris qui les mangent. Mon souhait est que l'amour des coeurs qui gardent le courage, vont liberer la terre, lui rendre sa charite, son visage.

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L'ordre avant tout, tu verras, le bien, le mal, a la fin, ce n'est peut -etre qu'une illusion, qui n'a rien a voir avec le besoin de diriger la planete vers son destin de complete dominance de la part des peuples qui ont la force de le comprendre. Le pouvoir avant la verite, cela est evident depuis pas mal de temps. 

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Ma grand - mere flamande serait choquee a cette conclusion degoutante, ainsi que ma famille de coeur Berbere en Kabylie, qui comme elle m'a appris, partage cette sagesse ancienne, que si ton coeur fait mal, c'est par manque d'amour et son chagrin que cette absence cause. Si tu as mal a l'estomac, c'est parceque tu n'arrives pas a digerer ce que tu consommes, si tes epaules et dos te font mal, tu portes un poids trop lourd pour ton corps, ton ame. Voila le monde que le mal nous laisse: un monde ou les innocents souffrent, meurent, a travers les trucs de mensonges, qui telle une encre invisible font disparaitre les mots traitres, pour les faire re - apparaitre, en mots qui se presentent comme propres, raisonables, evidentes. 


Trudi Ralston 

 





         

Wednesday, November 22, 2023

La Clochette de Zora: dans la serie "Les Blessures de Chiron" dediee a Nacer Amari

            Au mois de mai de cette annee, j'ai constatee apres le retour a Olympia de notre voyage a Strasbourg et Tunis, ensemble avec mon mari Michael et mon fils Nicholas et son meillieur ami Daniel, pour faire la connaissance au photographe d'Aokas, Nacer Amari, et son cousin et compagnon de voyage, Mounir Amari, un chat jeune calicot faisait des visites regulieres a notre jardin. En soi, ne pas une surprise, comme il y a pas mal de chats dans le voisinage, mais quand elle a commencee de faire ses visites tous les jours, j'ai decidee de faire un effort de m'approcher a elle. Elle est jeune, avec des grands yeux verts couleur de menthe, et des pattes blanches, comme si elle se met des petits gants elegants pour faire ses balades. Six mois plus tard, cette vagabonde sympathique vit a la maison, a ses jouets, sa couverture sur notre lit ou elle dort depuis, et revele aussi un appetit pour chasser tous les oiseaux qui visitent le jardin, venant de la foret au fond du jardin, pres de la cloture. Comme on a eue une ete chaude et seche, j'ai pris l'habitude de donner a boire et a manger aux ecureuils, et tous les oiseaux, et les opossum, les ratons - laveur, les cerfs, et corbeaux aussi qui parfois decident de joindre la table. J'ai donnee au chat vagabond - resident, le nom de Zora, pour son esprit energique et social agreable. Elle est silente, gentille, aime qu'on lui inclut dans les activites du jardin, de la maison, elle a juste un appetit pour la chasse, surtout la chasse des oiseaux qui me sont chers au coeur. Alors, apres qu'elle avait attrapee plusieurs oiseaux, 3 d'eux qui j'ai su sauver a temps, sans blessures, et 2, qu'elle a finie de tuer malheureusement, je lui ai mis une clochette sur le collier, pour donner l'avertissement aux oiseaux qu'elle etait dangereusement proche, car les chats, ca fait la chasse tres silencieusement, et avec beaucoup de patience, cachee derriere un arbustre, et avanceant un centimetre a la fois, comme en mouvement ralenti. Zora ne parait pas troublee par la petite clochette, qui emet une petite note aigue, et j'espere qu'a partir de ce remede discret, que les oiseaux de visite au jardin, seront a nouveau libre de danger de ma chatte chasseur avide. Ce poeme, m'est inspiree par Zora, par l'idee que ce serait utile si certaines personnes portaient une clochette, pourqu'on les entend venir a temps, une idee qui parait assez urgent vue la detresse dans lequel le monde se trouve, ou les dirigeants qui divident la planete avec leurs guerres et corruptions, emettent une cacaphonie de fausses notes, qui laissent des milliers de victimes innocents:


            La Clochette de Zora


Sur des petites pattes blanches aux bonds legers et silents, Zora avance sur l'herbe mouillee pres les arbres qui boivent la pluie sous un ciel qui melange le bleu avec des nuages grands comme les ailes d'un bateau a voile. Pres du bord de la foret, pres les arbres accueillants, les petits oiseaux viennent manger les graines et boire l'eau que je leur laisse le matin. 

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Leurs chants bavards remplissent le jour avec des melodies de joie, de camaraderie, de partage spontane, et ajoutent une caresse d'espoir, de gentillesse au rythme de mes devoirs, de mes reflections, avec a mes cotes Zora, sur qui je garde ses intentions envers les animaux innocents, en conversation animee autour de leur repas communale. 

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Zora paraissait contente d'observer les oiseaux, sans les deranger, ce qui m'a surpris agreablement. Cette assurance fut changee il y a peu de temps, quand elle m'a apportee un petit oiseau serree entre ses dents. Le temps qu'il m'a pris de lui convaincre de lacher la pauvre creature, l'oiseau etait mort, me laissant triste, chercheant une facon de decourager ces ambitions. 

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Apres encore plusieurs rencontres presque fatales pour trois oiseaux, que j'ai reussie a sauver sans blessures, pour les voir s'envoler intactes, a nouveau libres, Zora porte maintenant une clochette au collier, pour donner une chanche aux oiseaux visiteurs. La clochette emet un son doux, mais bien audible, et emet un echo qui amuse dans la nuit, quand elle bouge sur sa couverture de notre lit. 

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Cette resolution maintenant si evidente, d'avertir les oiseaux de la presence du chat avide de la chasse, me fait penser comme dans la vie ce serait utile si certaines personnes aux intentions ne pas claires, porteraient des clochettes audibles, avec des melodies variees, dependant du degre du danger qu'elles posent, surtout ceux qui manipulent le pouvoir et decident le destin de milliers d'innocents. 

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Je pense aussi aux poetes, aux artistes, aux enfants, a toutes les ames sensibles a la detresse, comme ce serait beau si on pouvait entendre la melodie du coeur, de l'esprit d'une personne, avant de leur faire confiance, si nos coeurs emettaient un son, venant d'une clochette invisible, qui indique une disposition compatible, un pont affectif, qui invite sa traversee vers l'amitie, vers la tendresse sans peril. 

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Une melodie de clochette gentille, qui invite les liens qui unissent, qui enlevent la solitude de se savoir inaudible. Entendre les notes de la clochette de Zora, me font sourire, et me remplissent le coeur avec reconnaissance, envers ces camarades rares, qui nous entendent les melodies de l'ame, qui nous insprirent, enrichisssent, guerissent les blessures, comme le fait pour mon coeur ma famille kabyle.  


Trudi Ralston

"Il faut briser le coeur, jusqu'a ce qu'il s'ouvre."  Jalal al Din Muhammad Rumi ( 1207 - 1273), poete et savant Sufi de renommee mondiale, de naissance perse, dans ce qui est aujourd'hui le pays de Tajikistan, l'ancien empire de Khwarezmian.  





 

Monday, November 13, 2023

La Sentinelle Lucide: Le Portrait Solidaire "DASSINE" de Nacer Amari - dans la serie "La Flute et l'Echo"

             Il y a des images, qui laissent une impression indelible sur le coeur, sur son espoir et son courage, comme les portraits pleine de fierte, confiance identitaire, de la jeune enfant au regard et sourire captivants, qui indiquent une predisposition pour un charisma engageant une fois adulte. Les portraits de Dassine invitent sa celebration, et entre 2020 et 2023, les portraits lui faits par le photographe Berbere d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie, se trouvent dans mes livres que je dedique a l'art visuel du photographe astucieux, et ses portraits kabyles narratifs, leur vision esthetique inclusive: l'article #8, "Dans la Presence d'une Reine: Le Portrait de Dassine en noir et blanc", et l'article #23, "L'Apprentie Confiante: Le Portrait Defiant de Dassine", dans mon livre d'octobre 2020, "Sonates Berberes"; l'article #43, "Au Nom de l'Univers Innombrable: Les Portraits d'Anniversaire de Dassine", dans "Le Cahier Errant: Au Monde Unifiant de Nacer Amari", mon livre du debut mars 2021; l'article #9, "Les Liens Resistants: Le Portrait Printanier de Dassine" dans mon livre "La Colombe: La Cryptographie de l'Espoir de Nacer Amari" d'aout 2021; et l'article #41, "Coup de Semonce: Le Portrait "DASSINE" en noir et blanc", dans mon livre de mai 2022, "L'Esprit Vagabond: A la Recherche de l'Identite Creative avec Nacer Amari". Dans ce portrait en couleur mis le 10 novembre 2023, de la jeune Dassine, le photographe a mis comme titre de ce portrait, le nom de la jeune icone en Tifinagh, comme symbole vibrant de l'identite et fierte kabyle. La jeune Dassine porte une magnifique robe kabyle, qui dans le tissu a cousue le symbole en Tifinagh pour les peuples Imazighen, les Hommes Libres. Ce qui impressionne toujours dans les portraits de Dassine, est la conscience de cette jeune enfant: elle comprend l'importance qu'a l'identite culturelle, et elle le transmet avec une conviction qui rayonne la confiance, la dignite, la determination, le calme. Son regard meme communique une comprehension au - dela de son jeune age. Dassine possede la sagesse rare de certains enfants qui se trouvent dans un monde qui les fait faire face a des defis considerables, qui les fait comprendre que les adultes conscients dans ce monde, n'ont guere des reponses aux questions urgentes qu'elle voit s'accumuler, et comme la guerre monstre contre le peuple palestinien prouve en evidence horrifiante, ces questions ne deviennent avec le temps, que plus traumatiques, plus perplexes. Au centre de ces questions, est le droit de chaque peuple a la dignite, a l'identite, et le mensonge qu'un peuple vaut plus qu'un autre, ce qui mene au genocide du peuple palestinien, comme est la tragedie depuis des milliers d'annees, pour justifier les massacres de cultures envahies, comme les cultures amerindiennes des Ameriques, des cultures autochtones de l'Australie, de l'esclavage brutale jusqu'au XIX eme siecle, et l'abus des droits civiles encore aux annees 1960 de la population noire aux Etas Unis. Le colonialisme et sa brutalite envers les peuples de l'Afrique, de l'Asie, bien apres la Seconde Guerre Mondiale, comme la Guerre de l'Independance de 1954 - 1962en Algerie, contre l'oppression inhumaine du gouvernement colon francais, la liste des crimes contre l'humanite au nom de la superiorite supposee d'un peuple vis a vis d'un autre, est tragiquement longue. La confiance, la fierte, la dignite identitaire est au centre de l'importance urgente et croissante, de deconstruire la fausse et absurde pensee de superiorite ethnique, et sa malheureuse resurgence dans le monde ces dernieres annees. Respecter, proteger, celebrer l'identite de chaque peuple devrait etre une evidence, mais le monde d'aujourd'hui, parait se trouver dans un paroxysme tragique, ou le contraire se manifeste. C'est dans ce contexte, que ce beau portrait, fier et confiant, de la jeune Dassine inspire tant d'espoir, tant de conviction, que comme etres humains, on devrait nous rappeler qu'on est descendants de la meme famille, qui a ses origines en Afrique et que se hair, de detruire au nom d'une supposee superiorite, est un crime, un crime contre l'humanite, contre la nature, contre tout ce qui est sacrale de la vie de chaque personne de chaque peuple. Le portrait "DASSINE" etant un portrait d'un enfant, nous rappelle a l'innocence des enfants du monde, a leur droit de ne pas voir leur innocence brutalisee. Les images qui sortent de la Palestine sur les massacres des enfants, ou chaque 10 minutes un enfant meurt, victime d'aggression immonde, avec la complicite de trop de leaders du monde, est une honte qui me laisse nauseabonde, degoutee, et qui est ecoeurant d'en entendre les perverses justifications. Les jeunes pensants ici, comme mon fils et ses amis, qui sont entre l'age de 30 et 40, se sentent a la fois triste et en colere, face a ce niveau de cruaute et l'indifference a la souffrance et la mort de milliers de civiles, la plupart des jeunes et des enfants. Que dire comme mots de consolation a la jeunesse qui voit ces actes, cette amoralite abjecte, totale? 

            "DASSINE" et sa fierte identitaire, son innocence confiante, sa vision calme, sont une affirmation que l'espoir existe, que le futur peut etre sur, assurant. Il y a tant de joie dans le sentiment de se savoir sur, de son identite culturelle, historique, familiale. C'est un sujet qui est d'une sensibilite particuliere dans ma vie, ayant vecue deja depuis mon adolescence aux Etats Unis, un pays qui parait perdre un peu plus de ce qui a toujours ete une ame assez precaire et fragile. Possedant des ressources et une nature grande et variee, et une presence de longue duree et de complexes circonstances de beaucoup de cultures y venues avec l'espoir d'une chance egale a une vie digne, pour se trouver a toujours marginalisee, invisible, meprisee ou abusee, les Etats Unis sont une contradiction continue, qui souffre de manque de courage morale, pire pour l'hypocrisie de se croire superieur en valeurs spirituelles et sociales comparees a la majorite des pays sur terre. C'est un pays ou je me sens sinon mal a l'aise souvent, dans une aise precaire. Mon identite flamande a retrouvee son ame poetique, son energie creative dans la culture berbere de l'Algerie, dans l'art et le coeur du peuple kabyle, de mes collegues dans les arts visuels, et surement dans la vision solide, sure, confiante de la photographie de Nacer Amari. Ses portraits kabyles sont un testament a l'esprit resilient Berbere, a son optimisme dans des circonstances souvent difficiles que le peuple kabyle montre, sa force mentale, qui remonte des milliers d'annees, au moment des premieres intrusions etrangeres des phenciens sur les rives de l'Afrique du Nord, jusqu'a l'expulsion des colons francais en 1962. Si le portrait "DASSINE" rayonne une dignite et fierte intrigante, c'est parce qu'elle est enfant d'un heritage riche, resistant, incontournable en coeur, en esprit, en ame. Apres avoir ecrit sur la culture Berbere de la Kabylie depuis presque 7 ans maintenant, mon coeur et mes visions, mes poemes, mon art, mes livres, qui lui celebrent, revent du jour, du moment ou je pourrai partager mes experiences de la culture avec laquelle je m'identifie, pres de laquelle je me sens renee, parce qu'elle m'a re - introduit a, m'a reconnectee avec mes racines flamandes, mes meillieurs experiences et memoires de mon enfance et adolescence. La Kabylie et sa culture, son peuple, les liens professionnels et affectifs y forgee, je veux celebrer, lui partager sa richesse, mythologique, historique, parce que je comprends dans les plus profondes espaces de mon coeur, de mon ame, que vivre sans identite firme, sure, confiante, est se trouver dans un vide continu, est apprendre a vivre avec la blessure presque irreparable, de se sentir si souvent invisible, inconsequent, inaudible. La seule famille que j'ai dans ce vaste pays des Etats Unis sont mon fils et mon mari americain, car mon mari n'a pas de contact que tres rarement avec ses deux freres et leurs familles. Je parle ma langue maternelle de l'ouest - flamand deux ou trois fois l'an, quand je parle au telephone avec ma tante a Oostende et mon cousin Marc a Ichtegem, une ville en Flandres, pres d'ou je suis nee. A cause de circonstances de famille absurdement compliquees et tristes, je n'ai plus vu ma tante depuis 1996, et mon cousin depuis avant que j'ai quittee la Belgique a l'age de 19 ans. Ma defence, est mon art, mes poemes, que la Kabylie m'a redonnee en amplitude, et mes livres qui sont tous les 11 depuis leur debut de les ecrire, en 2017, une celebration de la Kabylie, avec deja 2 livres suivants sur lesquels je travaille en ce moment: "La Flute et l'Echo" et "Les Blessures de Chiron". Identite et son droit est sacrale, et ce qui est remarquable dans l'esprit et coeur Berbere de la Kabylie qui se manifeste dans les photos de ses portraits et natures et nature mortes du photographe Nacer Amari, qui donnent une vue intime, acueillante de sa vie a Aokas, des connaissances, des amis, de la famille, de la nature majestueuse qui lui entoure, est l'harmonie, le dialogue entre l'universel et le regionale de l'esprit kabyle, qui me laisse avec un mal de pays immense pour la region et le peuple qui me fait sentir que j'ai a nouveau une grande famille, comme j'avais quand j'etais une enfant et adolescente en Flandes. Je reve du jour que je pourrai retourner en Algerie, en Kabylie, je reve d'un monde ou ce sera la joie, l'espoir, le courage, la charite, le partage qui va gagner sur l'avance angoissante en ce moment du mal, qui ferme la porte a l'accueil, aux rencontres libres, a la celebration de la magnificence qu'est la culture de chaque peuple, ou l'erreur tragique et grave du mensonge de la superiorite ethnique et ses abus monstres, ne sera qu'une mauvaise, lointaine memoire.  

Trudi Ralston 

Thursday, November 9, 2023

Petit a Petit, le Gris Avance : Et si le Mal Gagne - dans la serie "Les Blessures de Chiron" dediee a Nacer Amari

               La nature meme ici ce matin, parait sous l'influence d'un silence maladroit, penible. Les dernieres feuilles grandes des erables tombent, avec l'aide d'une tempete de vent hier, qui les a vu faire une meditation Sufi, dansant en grandes cercles, evoquant ma nostalgie pour la poesie de Rumi (1207 - 1273), le poete perse qui etait convaincu que c'est l'amour qu'il faut mettre au centre de la vie humaine: "Il faut briser le coeur, jusqu'a ce qu'il s'ouvre." Quel contraste avec le monde aujourd'hui, qui justifie le genocide au nom de l'arrogance, de la superiorite ethnique, d'obessions immondes avec le pouvoir et la violence. C'est l'ecrivain russe courageux Aleksandr Solzhenitsyn (1918 - 2008)  qui a dit : "La violence ne se justifie qu'a travers le mensonge, et le mensonge ne se justifie qu'a travers la violence." Le monde se retrocede, cede au mal, et si le mal gagne, ce sera parce que l'humanite, ou ce qui en reste, accepte de voir a autrui ne pas comme a une personne, mais a un symbole d'un systeme, d'une ideologie a hair, a detruire. La Kabylie me manque, pouvoir y retourner me manque, reste incertain. Mon coeur de poete, d'artiste, a recu la liberation de son etre sur ses rives, dans l'accueil de son coeur, de son esprit ouvert, heritiers de milliers d'annees de sagesse, de courage, de resistance. Et le monde en ce moment, eloigne, ferme, le coeur, le courage, et chasse l'espoir avec le bruit de ses machines de guerre, de destruction horrifiante. Ce poeme exprime ma reconnaissance pour la culture Berbere de l'Afrique du Nord, pour la Kabylie, pour mon collegue, le photographe Nacer Amari, pour l'esprit universel et uniquement kabyle de son art et pour son talent pour une esthetique narrative inclusive, pour la terre Berbere, qui m'a donnee ma voix de poete, son identite, sa fierte, son espoir. Ce poeme exprime aussi, comme un cri, une urgence, de ne pas se permettre de fermer le coeur, de ne pas devenir aveugle, en rage, de continuer d'avoir le courage de voir a nos voisins, a nos amis et amies, a nos familles, loin et proche, qui vivent derriere les limitations de frontieres leurs imposees, de violence, de guerre, de se voir ne pas comme des groupes, a aimer ou hair, mais comme des etres humains, descendants de la meme terre. La lachete des dirigeants de notre monde envers les milliers d'enfants, hommes et femmes, victimes du genocide envers le peuple palestinien, est au - dela d'ecoeurant. Petit a petit, le monstre gris de cette guerre avance, devorant toute decence, et si le Mal gagne, est - ce qu'on aura encore le droit de dire, qu'on est humain, ou est - ce qu'on sera apres autre chose? 


Et si le Mal Gagne


Il y a un silence mortel, qui avance, qui fait fremir les oiseaux dans la foret, qui fait que tombent les feuilles d'automne avec un bruit de plomb, de detresse. Mes pas resonnent vide sur l'herbe froide, ne laissent pas d'ombre ou trace, sur la lumiere opaque qui cache le soleil qui se gene, qui efface ses larmes chaudes. 


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Sur l'ecran le soir je vois les images de destruction, qui couvrent en nuages gris immenses, l'avance de la mort des innocents, qui ne savent plus comment echapper les monstres qui les devorent. Les mots de l'ecran reverberent, des cacaphonies absurdes, comme dans un cauchemar sans entree, ni sortie faisables. 


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Au fond du bruit, j'entends comme venir de loin, le rire malsain, qui s'amuse des souffrances, qui se nourrit de la violence immonde, qui se croit sur de la victoire, et dessine deja les nouvelles frontieres, un neant ou font la parade les spectres qui decident qui a le droit a la vie, et qui meurt. 


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Et le theatre de l'absurde continue, et le choeur au fond repete, somnambule, que tout est bien, que l'ordre avant tout, peint des grimaces malsaines, de voir qu'ils ont reussi, aussi longtemps qu'on digere sans question le mensonge qu'il ne faut jamais se permettre de voir a chaque peuple comme digne, comme egal, il faut les mettre en groupes, a detester, a detruire, pour avoir l'audace de se battre, pour le droit inalterable a leur propre destin, a leur propre terrre. 


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Le silence de la foret me suit vers la maison, ou mes pas absorbent la melancholie, la tristesse, de savoir ma Kabylie si loin, comme la memoire d'un reve, que je me suis imaginee, et qui recede, ou je vois mon coeur et mon esprit disparaitre, dans les couleurs grises et les larmes de la pluie incessante. 


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Peut - etre a moi aussi, la Kabylie me voit ne plus poete qui l'aime, mais simplement citoyenne d'un pays qu'elle en ce moment deteste ses dirigerants qui ne defendent pas les innocents de cette guerre immonde. Je me sens disparaitre, petit a petit, comme une aquarelle laissee dehors, effacee, sans consequence.  


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Petit a petit, le Gris de la violence avance, une cacaphonie venant de loin, de l'abime du neant, devorant tout dans ses griffes et dents sanglantes. "Il faut briser le coeur, jusqu'a ce qu'il s'ouvre." Ma voix de poete etait bien cassee, avant le toucher sur de Chiron, le guerisseur Berbere de mes blessures profondes.


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Qu'est - ce qu'il en resterait de mon coeur, de mes poemes, qui celebrent sa sagesse, sans ses mains sures qui les hebergent? Ils tomberaient en trance dervish, comme les feuilles des erables a mes pieds, laissant un dernier son d'espoir, pour s'unir a la brise, a nouveau inaudibles, invisibles, pour rever de la terre Berbere aussi longtemps que possible.  


Trudi Ralston