Thursday, December 4, 2025

Chute Libre: Un Arret sur Image - dans la serie "Les Ailes d'Aphrodite"

            La pluie ce matin au jardin, avec ses brumes matinales et couleurs d'eau pale, lente, qui couvreait les couronnes et troncs des arbres avec une couche epaisse noire luisante leur ecorce, m'a fait penser aux aquarelles de l'artiste americaine du Sud, de l'etat de South Carolina, connu pour ses marais et leurs faune et flore exotique, envoutante, Alice Ravenel Smith (1876 - 1958). Ses peintures ont cette qualite d'un arret sur image, hypnotisant, ou les lignes et les couleurs s'unissent, se cherchent, s'embrassent dans l'intime ambiance de ses paysages ou le monde du reve et de la realite concrete se melangent harmonieusement, silencieusement. Cette sensation du monde en pause, m'a inspiree la surprise d'une reflection sur le courage qu'exige vivre comme esprit libre, que ce soit de facon active, directe, ou que ce soit de facon plus interieure, patiente, visionnaire, ou un melange des deux. Je pense souvent que le courage n'est guere une qualite avec laquelle on est nee. Je la vois plutot, dans l'automne de ma vie et ses exigences persistentes, comme un muscle: il devient plus fort avec la pratique quotidienne, tenace. Mon fils, lui aussi ecrivain, me dit que j'ai le temperament "firecracker", d'une fusee, quoique de l'exterieur je suis calme, tetue, devouee au monde de mes ecrits et de mon art 24 /7 comme on dit ici, donc, tous les jours de la semaine, de l'annee. Le temps est un regal pour moi, apres toute une vie pour retrouver la chance de m'exprimer la voix de poete, d'ecrivaine, les visions de mes inspirations artistiques. L'ambiance de brume ce matin, avec ses silhouettes timides, ses palettes floues, un peu hesitantes, m'a fait rappeler en meme temps, comme contraste, les sculptures dynamiques de l'artiste americain de la ville de San Diego, en Californie, Dale Evers (1955), specifiquement sa sculpture "Human Arrow", ce qui se traduit comme "Fleche Humaine", d'une serie de sculptures qu'il a fait a Zapopan, une suburbe de la ville de Guadalajara, dans l'etat de Jalisco, au Mexique, que j'ai eue la chance de visiter en 1982, quand une amie musicienne bolivienne, m'a invitee de lui y visiter. La sculpture est attirante, pour etre la representation d'un arc grand, ou un homme nu est la fleche qui prend vol dans un geste uni entre l'arc et l'homme devenu fleche. C'est une sculpture qui inspire la joie, l'espoir, le courage, et l'artiste Dale Evers en a dit: "Chaque personne possede la capacite de surmonter les defis. Je donne a cette sculpture le titre de "La Mise au Point". Surmonter, vaincre les circonstances difficiles exige beaucoup de determination, d'energie, de vision aussi, et pas mal de tenacite, de visions claire, patiente. Le monde des arts donne la chance de s'approcher aux defis de facon qui permet s'y mettre de plusieurs angles, de se risquer une interpretation nouvelle, audace, et oui, controversielle, qui souvent va en direction contraire de l'opinion generale, acceptee, normalisee, et ainsi pour l'esprit libre, dans pas mal de cas, asphixiante, ne pas sincere, ne pas authentique. Dans mon cas, il y a deux influences au centre de mon reveil creatif, qui m'ont inspiree de suivre mon desir pour la vie d'un esprit libre: l'apprentissage dans l'histoire de la philosophie et de la poesie, et les arts visuels du dessin et de la peinture de la part de mon uncle peintre surrealiste flamand, Frans De Cauter (1920 - 1981), quand j'etais adolescente en Belgique, et la richesse historique et mythologique de la culture kabyle en Algerie, a laquelle je fus introduite en 2017, et qui m'inspire avec la flamme de son courage et son coeur le monde de ma voix poetique litteraire et artistique. C'est la Kabylie qui nourrit le feu de mes visions creatives, qui leur donne la perspective sur mon passe et ses obstacles survenus, qui donne la dignite a mon exile, qui me permet unir l'apprentissage aussi sur la photographie que m'a laissee mon pere, qui etait un photographe - amateur qui se devouait avec passion a la photographie et son contexte historique - culturel, ce que le lien avec mon collegue d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie, me permet explorer dans le contexte de ma vie, et de la sagesse kabyle. Les obstacles dans cette avonture kabyle - algerienne - americaine - flamande sont ne pas negligables: la distance geographique, les defis autour de visas, d'attitudes politiques des deux cotes des 3 continents qui separent la Kabylie de Washington State, Olympia, ou je vis, le temps, le travail, les responsabilites de famille. Neaumoins, la beaute et energie unique du lien kabyle qui m'unit a sa terre, a son esprit resistant, a son coeur tolerant, genereux, est la source riche de mes inspirations, de la liberation de mes visions, de mes passions creatives. Parfois, c'est comme me savoir en chute libre, qui bizarrement en meme temps, me permets ces moments que savent donner parfois ces arrets sur image interieurs, de se savoir 100% alerte, en vie, libre des oeilleres que le monde nous met, qui nous rendent sourd, aveugle, avec la repetition des demandes de la vie quotidienne, qui devient une habitude, a un point ou s'en sortir devient toute un labeur, tout un effort. Je pense encore au film avec les acteurs Warren Beatty (1937) et Natalie Wood (1938 -1981), "Splendor in the Grass" (1961), que j'ai vu comme jeune adolescente en Flandre, et qui m'avait fait pleurer, pour en comprendre le poids de son message, qui se centre autour d'opportunites manquees pour le bonheur, a base de 4 lignes d'un vers du poete du mouvement romantique anglais, William Wordsworth (1770 - 1850): "Though nothing can bring back the hour / Of splendor in the grass, glory in the flower/ we will grieve not; rather find /Strength in what remains behind." Ce qui se traduit comme: "Rien ne peut recuperer l'heure / De la splendeur estivale, la gloire de ses fleurs/ On se s'attriste pas; plutot, on trouve/ Le courage dans ce qui reste." Ce qui me rappelle encore les mots dans un poeme de la poete russe, qui a su survivre les purges stalinistes des annees 1930 - 1950, Anna Akhmatova (1889 - 1966): "Tu entendras le tonnerre et tu te rappelleras de moi, / Et tu penseras: elle voulait des tempetes. Le bord / Du ciel aura la couleur dure de cramoisie, / Et ton coeur, comme il le fut d'antemps, prendra feu." Il n'y a rien d'evident de se battre pour le droit de la liberte interieure/ exterieure, dans la vie publique, dans la vie privee. Le monde des arts inspire le desir de la volonte libre, ne jamais une avonture evidente, mais qui vaut l'effort, parceque la vie sur le mont de cette liberte unique, meme si son soleil s'y nous permet sa splendeur que brevement, et rarement, pour des annees longues d'une joie et energie incomparables, vaut toute l'agonie des insultes camoufflees, des insinuations impliquees, des mots qui essaient de decourager, d'humilier sans gene, sans meme un attentat de discretion, des efforts de manipulation, de la part de la societe, petite et grande, qui entoure, comme des vautures, ou pire encore, comme des loups en manteau de mouton, le courage du coeur et de l'esprit de bravure de l'artiste, et je crois, que l'histoire du peuple flamand de la Belgique et des peuples berberes de l'Afrique, en savent pas mal au sujet. Chute libre, vol de l'ame libre, qui se bat contre l'hypocrisie, contre la terreur de la peur que les esprits etroits cherchent de leur imposer, depuis le premier cri du premier chant du premier troubadour - poete de cette plaine terrestre. Ce qui me rappelle, les mots de l'acteur, scenariste et realisateur americain, Sylvester Stallone (1946), dans ses films de la serie faite entre les annees de 1982 - 2019, "Rambo", l'histoire du veteran qui se bat pour la dignite humaine, pour une chance a une vie libre de tourmentes: "Live for nothing, or die for something", donc: "Vivre pour rien, ou mourir pour une cause." Je les interprete purement pour leur valeur philosophique, pour le sens que ces mots donnent envers la determination de s'assurer de vivre une vie authentique, qui laisse sa marque de courage, d'avoir pris la decision de vivre debout, ne pas soumis par qui que ce soit, de pres, de loin, meme si cela veut dire, comme le sait depuis la nuit du temps, le coeur de l'artiste, de se trouver seul, ne pas compris, la voix solitaire qui reverbere son echo dans le desert immense du neant qu'est le trou noir du controle dans toutes ses myriades formes collectives - individuelles. Le coeur kabyle me donne la force de continuer de me liberer la force creative, si longuement enfermee, niee sa voix, me donne la joie sublime de savoir que vivre ma vie creative et personnelle avec sincerite, avec audace, avec la fierte de savoir que s'exprimer les talents est un droit et meme une obligation, envers soi - meme, envers la communaute de laquelle on se trouve membre, pour le bien, pour le mal. Chaque jour est une avonture, un regal depuis m'avoir trouvee la voix dans les chants et leurs echos de l'Algerie, sa Kabylie courageuse, de qui le sourire et la lumiere de son regard eternel m'accompagne, les jours de brume, les jours de pluie, de froid, de noir, car elle m'approche toujours en me disant: le soleil brille dans les coeurs libres, car la vraie liberte existe de sentir sa chaleur a l'interieur du coeur.  L'esprit et coeur des Imazighen de l'Algerie, m'apprend que: "Courage is not the absence of fear, but rather the judgment that something else is more important than one's fear.", ce qui se traduit comme "Le courage n'est pas l'absence de la peur, mais plutot la conviction qu'il y a quelque chose plus important que la peur." Ces mots sont de son livre d'aphorismes de 1991, d'Ambrose Hollingsworth Redmoon, qui est le pseudonyme pour son nom de naissance de James Neil Hollingsworth (1933 - 1996), un ecrivain americain, et manager des folk rock groupes "Quicksilver Messenger Service" et "The Ace of Cups". Vivre debout, dans le sens metaphorique, spirituel: vivre avec la determination de lutter pour le droit d'etre soi - meme, d'etre libre, malgre les insinuations que le monde cherche a nous imposer que la peur ne te donne aucun autre choix que de l'obeir. Et c'est a ce moment, que dans la brume pale du matin au jardin, le soleil telle une perle lumineuse brillante a ouvert le rideau lourd de nuages gris, m'a touchee le visage, m'a laissee au coeur la chaleur de la voix, du regard kabyle qui me guide, qui m'inspire, qui me permet etre libre, comme l'exprime le dynamisme de la sculpture de Dale Evers: d'etre une "Fleche Humaine", qui sait apprecier, aimer, les moments de transition, de l'arret sur image, et les moments de l'incertitude de la chute libre, comme etre humain au coeur et esprit libres, arc et fleche, tout en un.     

Trudi Ralston  


L'information sur l'artiste Alice Ravenel Smith, sur la sculpture "Human Arrow" de l'artiste Dale Evers, sur le film de 1961 "Splendor in the Grass", sur les series "Rambo" avec l'acteur Sylvester Stallone, et sur les mots de l'ecrivain Ambrose Hollingsworth Redmoon, courtoisie de Wikipedia. La traduction du vers en francais, du poeme d'Anna Akhmatova, "Tu Entendras le Tonnerre", du texte en anglais, traduit du russe, est la mienne. 

Sunday, November 30, 2025

Les Sables du Temps: Un Arbitre Ambivalent - dans la serie "Les Ailes d'Aphrodite"

          Un moment de nostalgie m'a fait revisiter la chanson "Time" ("Le Temps") du rock groupe anglais iconique "Pink Floyd" (1965), une de 10 chansons de leur album de 1973, "The Dark Side of the Moon" ("La Face Cachee de la Lune"), qui les allait donner une fame meteorique et durable comme un des groupes les plus fameux dans le monde de l'histoire de la musique, pour leurs vers et musique saturee d'angoisse et scepticisme existentielle, et la passion et genie de leurs melodies et instrumentations de la part des membres fondateurs Syd Barrett (1946 - 2006), Nick Mason (1944), Roger Waters (1943), Richard Wright (1943 - 2008). Appres le depart de Syd Barrett en 1968, suite de raisons de sante, le guitariste David Gilmour (1946) a pris sa place. La chanson "Time" explore en forme de reflection viscerale, le passage du temps, qui s'enfuit avant qu'on ne se rende compte qu'on approche la fin de la vie. Il y a une grande force poetique qui guide toutes les chansons de Pink Floyd, ensemble avec une vision intellectuelle qui se fait peu d'illusions sur la farce qu'est le monde industriel et ses hypocrisies et folies de grandeur. Ecouter leur musique me donne toujours l'impression de me mettre dans une source minerale, de laquelle on sort avec un sens de catharsis, d'equilibre, de paix interieure assuree. Malgre le pessimisme profond, et un soupcon fort de melange de rage et tendresse, il y a une chaleur affective sincere qui illumine toutes les chansons, qui donnent la sensation d'une rencontre musicale - poetique - spirituelle. La chanson qui suit "Time", "The Great Gig in the Sky" ("Le Grand Concert dans le Ciel"), est la voix d'une femme qui chante une lamentation sans mots, qui parait souligner la crise de presque panique de la perte non recuperable du passage du temps, que la chanteuse Clare Torry (1947) exprime avec immense et emouvante conviction, comme d'une aria d'une diva du monde de l'opera, quand elle accompagne avec ses improvisations vocales la composition pour piano de Richard Wright.  

         Cette idee du temps qui coule, plus vite que de ce qu'on se rend compte, m'a fait penser au temps comme un arbitre, qui sait faire des interventions, qui a le pouvoir de regler des disputes, dans ce cas, sur le jeu qui parait si capricieux, nonchalant des annees qui passent, ces sables du temps, qui aussi avancent avec la rigidite decisive d'une loi implacable, froide, indifferente. Ce fut une revelation, de comprendre que le temps a acquis une qualite differente dans ma vie de poete exilee, depuis l'introduction a la culture et l'histoire, au coeur accueillant bienveillant et tolerant, et l'esprit ancien, resistant de la Kabylie. Elle sait, dans un sens qui se sent reel, transformatif, m'arreter le temps, m'en donner la chance de reconstruire les annees perdues, et me les rappeler, et ainsi les vivre a nouveau, mais avec la perspective de longue vue de la mythologie kabyle, son courage legendaire, tout ce qui resonne dans ma memoire du mieux de mes annees comme enfant et adolescente en Flandre de l'Ouest. Cela me parait parfois difficile meme de comprendre completement l'impact qu'a despuis 2017 la presence kabyle sur l'energie et les sensibilites et visions, inspirations creatives, la force qui reclame ma liberte, rend visible mon monde interieur, si longuement reprimee, niee, de mon art, mes poemes, mes articles, et mes livres, qui celebrent cette union fructive, exhilirante. Cela me permet pouvoir retourner dans le temps, et vivre avec plus de clarte toutes les experiences et apprentissages de mon enfance et adolescence qui m'ont definie la force interieure, qui m'ont donnee la volonte de ne pas abandonner l'espoir toutes ces annees de solitude, de silences cruels, d'isolation, d'invisibilite, de jugement, des insinuations de mepris, de trahisons penibles, que la Kabylie a su m'en briser leur sortilege. Les sables du temps, elle me les presente comme une fouille archeologique, de qui elle me guide ses decouvertes, m'accompagne dans la grotte souterraine de memoires reprimees, m'aide a les comprendre leur traversee. C'est comme si elle me connait mieux que moi - meme, comme si je suis son enfant, qui a pris toute une vie pour la rencontrer, comme si je vis grace a elle, le futur d'un passe perdu, qu'elle me redonne, pour que je puisse vivre le present, libre des blessures et traumes de l'exile impitoyable que m'impose depuis tants d'annees ce pays vaste qu'est les Etats Unis, un pays dans les mots de l'ecrivain brillant americain Cormack McCarthy (1933 - 2023) dans son livre "No Country for Old Men" ("Non, Ce N'est Pas Pour Le Vieil Homme") de 2005, qui a recu une adaptation impressionnante cinematogaphique de la part des freres americains realisateurs Joel Coen (1954) et Ethan Coen (1957), avec les acteurs americains Tommy Lee Jones (1946) et Josh Brolin (1968) et l'acteur espagnol Javier Bardem (1969), qui est une analyse presqu'apocalyptique sur le mystere deroutant de la force du mal: "This country is hard on people." Ce qui se traduit comme "C'est un pays dur." Ceci fut certainement le cas pour ma famille: je suis la seule personne qui l'a survecue. Le stress, la maladie, le suicide, la rivalite destructive, ... comme dans un film noir, tout a contribuee a la destruction de mes parents, mes deux jeunes soeurs et de mon frere, me laissant loup solitaire dans un pays impitoyable envers le refus de la soumission, envers la vulnerabilite, la spiritualite, la rebellie et fierte de l'esprit libre. Les sables du temps m'a avalee la famille, et le lien avec l'esprit kabyle de l'Algerie, de facon bien reelle, et profonde, m'assure que je ne m'y perds pas dans les espaces vides et ses echos hallucinants qui me restent de mes parents, mes deux soeurs et de mon frere, qui ne survivent que dans mes reves inquiets la nuit. Si le temps est un arbitre ambivalent, sa version kabyle est charitable, genereuse, patiente. Elle m'accompagne avec un sourire, un toucher de sa main, si loin, et pourtant si proche, et me donne ce qu'aucune autre culture et son coeur a reussi de me regaler: la force vitale retrouvee, de me savoir reunie avec ma voix, mon destin de poete, qu'elle m'aide a en decouvrir la totalite de ses energies, de sa joie, de sa passion. Avec la Kabylie et les amis et collegues qu'elle me regale, les sables du temps ouvrent le chemin vers d'horizons nouveaux, vers les espaces creatives - litteraires -  grandes ou elle me mene, pour me permettre de me re - construire le coeur, l'esprit, avec la version reclamee, claire, de l'histoire de ma vie, de laquelle elle garde la clef j'ai fort l'impression, depuis le jour de ma naissance. Tout dans mon coeur l'affirme chaque jour a nouveau, quand je sens que l'esprit de la Kabylie s'unit au mien dans les moments silents de courage, et m'assure que les sables du temps avancent avec un rythme clairvoyant, confiant, dans l'etreinte chaude de sa charite, de sa tolerance, de ses gentils petits coups de coude qui me disent que l'espoir renait avec chaque aube, chaque bonjour du soleil et sa lumiere.           

Trudi Ralston 

"Between what is said and not meant, and what is meant and not said, most love is lost." - Kahlil Gibran. (1883 - 1931) ("Entre ce qui est dit et ne pas intentionnee, et entre ce qui est intentionnee et ne pas dit, la plupart dans l'amour se perd.") 

  

 

Tuesday, November 25, 2025

La Carafe d'Eau Vide: Un Tournant Eprouvant - dans la serie "Les Ailes d'Aphrodite"

           L'automne et l'hiver ici au Pacifique Nord - ouest des Etats Unis, sont connus pour ses longues periodes de pluie torrentiale, qui se suivent pour des jours et nuits, meme des semaines entieres. Aujourd'hui ne fut pas une exception, et notre chat Zora decida de rester a l'interieur de la maison, et se contenter d'observer tous les petits oiseaux qui etaient dehors, indifferents a la pluie car c'etait une bonne chance de manger leurs graines en paix, puisque ni notre chat, ni les deux chats du voisin qui visitent le jardin, etaient en vue, comme les chats n'aiment pas pour la plupart, de se tremper ni dans le froid ni dans les tempetes de pluie. Je m'etais reveillee un peu desorientee, j'aime bien la pluie, mais le manque de lumiere suite du rideau lourd de nauges gris, me rendait un peu frustree avec toutes les ombres, avec le jour qui a midi donnait l'impression de s'approcher deja vers la soiree. C'etait difficile de m'imaginer que quelque part, il y avait un ciel bleu, un soleil brillant. Je pensais a une chanson du chanteur francais, Julien Clerc (1947), une chanson de 1974, que je ne connaissais pas jusqu'a vers la fin des annees 1990, une chanson triste d'un amour perdu: "Sans Toi". Pour moi, des sa premiere ecoute, cette chanson me rappelle a ma mere, sa cruelle attitude envers moi, envers mon pere, et les cicatrices qu'elle m'a laisee au coeur, a mon adolescence de laquelle elle s'avait assuree de me la priver, detruire sa chance de s'exprimer, de la vivre avec joie, avec confiance. Un des vers autour du theme de l'abandonnement dans la chanson dit : "Dis - moi ce qui reste de toi, insouciante et mortelle. Oh, ma tete, qui se vide sans toi". Ces mots me laissent toujours avec un frisson, meme apres de pauses de plusieurs annees d'ecouter la chanson. Et ce matin, deja sombre et un peu asphixiant, car pour moi, le manque de lumiere je la sens comme une sorte d'angoisse au coeur, une sorte de claustrophobie, j'avais la sensation audible - affective, une sorte de synesthesie inattendue, spontane, d'etre une carafe d'eau qui se vidait, avec ce son normalement si agreable, d'une eau qui coule, comme d'un ruisseau en ete, d'une petite cascade faite de pierres comme mon mari et mon fils ont fini de construire cette ete au jardin. Mais ce matin, ce bruit etait lourd, d'une eau envahie par des cailloux, qui tombaient de mon coeur, de sa peine, de mon esprit et ses souhaits pour la chaleur qui rassure, et j'entendais les mots de la chanson de Julien Clerc, dans sa voix haute, vibrante d'emotions fortes: "Ce matin, c'est le chagrin/ Devant les fleurs dessechees /J'ai essuyee cette larme/ De la premiere tempete". Le bruit de cailloux qui tombaient de la carafe d'eau, et avec l'eau, me donnait la sensation que ce qui ce videait, etait mon ame. C'etait une sensation d'impuissance, et etrangement aussi, de soulagement, d'une chance de pouvoir recommencer, nette, la carafe vide, prete d'y mettre une eau fraiche, nouvelle. Pour moi, la chanson douloureuse "Sans Toi", que je connaissais si bien, et que je n'avais ecoutee pour plusieurs annees, soudainement receveait une autre energie: celle de liberation, de se jeter la vieille "peau", de vider le contenu des chagrins, et de recommencer, ne pas sans peine, ne pas sans effort, mais avec un courage qui se multiplie, qui est decisif, qui voit tout avec des nouvelles lentilles, libres de lignes floues, incertaines. C'etait une sensation inconnue, que j'ai recue comme ca, sans avertissement, peut - etre comme contrepoids du manque de nouvelles d'une personne qui vit loin, et aussi dans des circonstances rarement evidentes, comme est souvent le cas pour la vie d'artistes au coeur rebelle et ne pas souvent enthousiaste quant a la soumission aux regles etablies, qui ont tendance de rationaliser le comportement. La chanson "Sans Toi" du chanteur francais - africain Julien Clerc, qui etait tres populaire en Belgique quand j'etais adolescente, me visite de temps en temps, mais ce qui etait different cette fois, etait ma reaction: viscerale, inattendue, radicale, ayant un effet physique, de qualite auditive et affective, et c'etait a un moment de penser a ma famille de coeur en Algerie, en Kabylie. Peut - etre, une coincidene spirituelle, de me secouer libre de ma disposition de reflection melancholique, de lui savoir si loin, derriere un tas d'obstacles de bureaucratie, d'horaires, de temps, de circonstances. Comme si son esprit ancien de la Kabylie, me faisait le geste gentil, d'un clin de l'oeil du bout de la terre, et me disait: "Ecoute, la vie est compliquee, pour beaucoup de personnes. Ne te laisse pas trop de ces conneries te tracasser le coeur, l'espoir, le courage." Depuis, la sensation me reste, mais je m'y sens moins vulnerable, moins agacee. Les entraves de la vie, le coeur Berbere le connait bien. Ce tournant eprouvant, de manque et ses frustrations, je le dis bienvenu en fait, car je peux partager son experience avec mes amis en Algerie, me retrouver le calme, et le sourire aussi. C'est sur que ce n'est pas evident, d'ecrire des articles, des poemes, de les transformer en livres qui celebrent le coeur et esprit kabyle, a une distance qui couvre 3 continents, et ceci dans un monde ici qui n'est pas connu pour sa connaissance geographique, mais j'ai assuree, que dans mon cercle d'amities ici a Washington State, on sait que la Kabylie est en Algerie, et que les cultures des Imazighen sont celles qui sont originaires de l'Afrique du Nord, comme le sont les cultures amerindiennes ici, ne pas les descendants des colons anglais, ou francais au Canada, et espagnol ou portugues en Amerique Central et du Sud. Mes moments les plus heureux, fiers, confiants, quand on se reunit ici entre amis, sont ceux quand j'ai la chance de parler de mes efforts litteraires et artistiques qui celebrent et partagent le lien unique comme poete et ecrivaine, avec l'Algerie, avec son coeur Amazighe. La sensation brusque ce matin qui s'etait mis dans mon ame, de me sentir une carafe d'eau qui se vide, et du bruit des cailloux de defis qui reverberent contre le ver de la carafe, et contre les murs de mon coeur, de mon esprit et ses memoires, ses experiences, devient ainsi un appel a la chance de voir la vie avec encore plus de tolerance, avec humour aussi, comme le sait faire le genie comique algerien Fellag, qui parle avec tant de clarte sur tout ce qui peut nous travailler sur les nerfs, suite de toutes les circonstances qui nous fatiguent, qui nous trouvent au bord des limites de notres resistances, de notre patience. Si la carafe d'eau de notre esprit se trouve a l'envers, vide, tout a coup, et bien, temps de la mettre debout encore, et de la remplir a nouveau, et d'etre reconnaissant qu'avec l'eau qui s'est videe, les cailloux durs maintenant sont absents, les cailloux lourds, de qui on ne savait pas que leur poids nous geneait, nous empecheait de comprendre ce qui nous causait la douleur, et qui avait rendue l'eau ne plus fraiche, ne plus claire. Ce qui me rappelle a ces mots du poete autrichien Rainer - Maria RILKE (1875 - 1926), un des auteurs favoris de mon oncle peintre Frans De Cauter (1920 - 1981), qui m'a appris sur la philosophie existentielle et le monde du dessin et de la peinture, et a qui me rappelle beaucoup le lien transformatif litteraire - artistique que la Kabylie me donne avec mon collegue photographe d'Aokas, Nacer Amari: "Laisse tout t'arriver. La beaute et la terreur. Avance. Aucune sensation est de permanence." 

Trudi Ralston 

Les mots de Rainer - Maria RILKE (1875 - 1926), sont de son poeme "Allez au Bout de Tes Grands Desirs", de son livre "Le Livre des Heures: Poemes d'Amour a Dieu". 


 

Saturday, November 22, 2025

La Conversation: La Mesure de la Distance - dans la serie "Au carrefour des Rencontres"

              Ce matin, en donnant a manger les oiseaux et les ecureuils qui visitent le jardin qui adjoint la foret de l'autre cote de la cloture qui les separe, j'ai eue cette pensee sur un sujet qui touche proche le coeur et l'existence humains: la distance. Ce mot simple, on pourrait dire presqu'ordinaire, vit pourtant dans toutes ses formes dans le va et vient de la vie quotidienne, de la vie exceptionnelle, impossible, difficile, douloureuse, courageuse, et tous les autres adjectifs que sont les costumes que ce mot humble se doit mettre sur le theatre de l'histoire, des peuples, et de chaque personne a travers le temps. On ne peut pas etre une personne qui vit, ou a vecu des liens longs, de famille, de mariage, d'amities, de collegues, de communaute, je parle de 10, 20, 30, ou dans mon cas, 40 ans, sans arriver a un point ou on comprend comme c'est difficil, dur meme, dans les meillieurs des circonstances aussi, de traverser la distance qui nous separe du coeur, de l'esprit, de l'ame d'une autre personne, meme apres avoir passee une vie entiere ensemble, de s'aimer avec devotion, d'etre des parents, des epoux, des amis, des enfants sincers, patients, gentils, courageux, dans les moments agreables, et ceux de defis, et leurs degres plus grands ou plus petits. Les raisons sont multiples, et paraissent evidentes, et celles de raisons qui a premiere vue sont les plus logiques pour en expliquer la complexite de la distance qui existe entre les personnes, echappent quand meme le denouement de leur frustrante facon de savoir evader une solution qu'on espere a chaque fois etre juste en face de notre comprehension. Alors, de quelle distance s'agit - il, c'est ca la question intrigante, que je me pose. Il y a biensur, la distance la plus visible, pour ainsi le dire: la distance geographique, qu'on peut mesurer en kilometres, en miles, comme on le fait ici ou je vis aux Etats Unis, et cela me fait sourire, qu'apres pres de 50 ans dans ce pays vaste, et l'avoir traversee du Nord au Sud, et de l'Est a l'Ouest ses milliers de kilometres de terrain, je calcule toujours les distances en kilometres, meme si tout sur les routes est annoncee en miles. Et voila, une des premieres "types" de distance: la distance, comme expression d'une definition qui est autre de celle avec laquelle on a grandi, comme une idee qualificative, mesurable selon les normes d'une culture et ses interpretations, et dela l'importance des sciences, sociales, mathematiques, et leur partage, qui essaient d'unir ce qui nous separe par l'imposition de frontieres, de passeports, de lois, de liens entre pays, qui ou nous savent unir, ou garder a distance, effectivement, suite de conflits diplomatiques, de guerres, de disputes de commerce, de ressources, de differences en ideologies economiques, sociales, historiques, de degats d'invasions, du colonialisme, du desir de dominance. La distance se manifeste ainsi de facon bien concrete, comme toutes ces millions de personnes qui essaient de fuire la violence suite de geurres civiles, de persecutions, de desastres ecologiques, de racisme, de manque d'une chance a une vie libre du desespoir, de la misere, et qui pas mal de fois se trouvent dans des circonstances apres plus au moins tolerables, mais isolees par la distance linguistique, sociale, culturelle, qui les a accueilli, et voila qu'on arrive a "la distance" penible de la population des immigrants. Il y a donc la distance "invisible" dans un sens, celle qui fait souffir en silence, pour se sentir en dehors de la communaute, de la culture dominante, du pays dans lequel on vit. J'ai fort pensee ce matin de silences au jardin, avec son ciel opaque, froid du mois de novembre ici, a ce genie litteraire algerien: l'ecrivain et dramaturge Kateb Yacine, a qui je retourne souvent, a son livre "NEDJMA", que j'ai lu plusieurs fois, et a chaque fois, c'est comme une rencontre cathartique, profonde, sur toutes ces distances qui dechirent, qui cherchent a comprendre, a guerir, ce mal agonisant de se savoir loin de tout ce qui nous unit, devrait unir comme etre humains, mais que notre obsession avec les categories, la dominance, politique, economique, ideologique, mythologique, linguistique, cherche a detruire depuis la nuit des temps et sa parade du theatre sanglant des civilisations, cette tragedie du "mien" et "tien", de "eux" et "nous". La distance la plus cruelle, en fait, est celle qui force les personnes de se rendre leur dignite, leur liberte, leur droit a une voix, au respect, physique, culturel, social, qui cherche a nier la personne de la personne, qui cree des distances imposees par les systemes qui s'assurent la dominance. Cette misere et frustration se manifeste dans l'evantail de systemes de repression, qui sont les maitres de creer des distances brutales, mortelles aussi. A l'autre bout de ces realites tragiques de la condition humaine, il y a les distances subtiles, qui existent entre personnes meme quand toutes les intentions sont bonnes: les malentendus, les disputes, les "mais non, ce n'est pas ce que je voulais dire", les "tu ne m'entends pas", et la solitude et isolation, donc, la distance que ces malheurs dans la communication savent creer, que le monde du theatre, et de la litterature sait explorer, partager, essaie de comprendre, d'en resoudre ses mysteres. Les anciens dramaturges grecs Aeschylus, Sophocle, et Euripides, seraient probablement ne pas trop surpris de constater que le monde du XXIeme siecle n'arrive pas a resoudre le mystere des distances qui nous separent, en fait, on a fort l'impression, que les choses dans ce sens ne s'ameliorent guere.  Mais, je trouve que cela vaut l'effort, et dans mon cas, comme personne qui se sent en exile culturel permanent, le lien avec la Kabylie, ou vit mon coeur de poete,  -depuis mon introduction a son ample esprit en 2017, grace a une amie francaise - kabyle de mes annees d'etude universitaires en litterature espagnole et latine - americaine au Texas - Le coeur ouvert de la Kabylie, qui a survenu et continue de surmonter des defis qui remontent des milliers d'annees, et me donne la chance d'effacer avec espoir et courage, cette ligne tetue des distances qui separent, qui font souffrir, qui tuent lentement, cruellement, le souffle qui reve de la chance d'etre libre, soi - meme. La distance qui souvent est tres difficile de traverser, on la vit dans le silence des defis de tous les jours, quand on sourit, pour cacher la larme qui cherche a s'echapper, quand on raconte une blague pour couvrir une blessure au coeur invisible. La distance, celle qui fait hesiter les mots qu'on choisit, celle qui nous fait sentir seule, entouree de personnes bien intentionnees, celle qui nous met ce manteau lourd de se sentir impuissant, et qui nous fait vivre dans le monde interieur de notre etre, et que la nuit le monde de nos reves essaie de nous aider de briser son mur epais, impitoyable. Ce poeme j'ai ecrit en anglais, et je l'ai apres traduit en francais, et je le dedie au coeur chaud de la Kabylie. Ce poeme decrit les images vues, dans mon  reve il y a 2 nuits, ou je me trouvais encore dans le monde des distances, seule, marchant a pied, dans un monde qui ne me voit pas, un monde de distances si longuement vecues, tolerees, que cela me suprend parfois, que j'ai encore mon image qui se reflete dans le miroir, quand je me retrouve encore de ce cote de la realite, et quand je retrouve le sourire, pensant a cet article pour ma famille de coeur, pour mon collegue d'Aokas, et mes pensees que je peux vous envoyer, sur le sentier long, beau vers l'acceuil qui voit, qui comprend, de votre esprit ancien, resistant, qui chaque jour aussi se bat contre la distance dans toutes ses formes interminables, et qui reverbere dans la force de vos chansons, de la lumiere qui brille dans vos yeux tolerants:

In the Land of Shadows 


In the land of shadows, no one knows your name. In the land of shadows, it does not matter, because no one knows from where you came. 

In the land of shadows, everything is a game. The only rule is to play with enough courage to see the night close its curtain, to make way for the breaking of the spell with the call of the dawn's loud yell.

In the land of shadows, I walk alone. All paths are circles, drawn by the visions of a clan of wizards, banned from the gates of time. 

In the land of shadows, I walk in silence, but everything there is music, traffic, people's echos, as they smile, dance, in towns and villages, where they gather, and I see them, looking back at me, as my own shadow folds its colors into the rhythm of their voices, as they fade in the sun's breath and fire. 

*****    *     *****


Au Pays des Ombres


Au pays des ombres, personne ne sait ton nom. Au pays des ombres, cela ne fait rien, car personne ne sait d'ou tu viens. 

Au pays des ombres, tout est un jeu. La seule regle est de jouer avec assez de courage de voir la nuit fermer le rideau, pour ceder sa place a la fin du sortilege qu'annonce le cri fort de l'aube. 

Au pays des ombres, je marche seule. Tous les chemins sont des cercles, que dessinent les visons du clan de chamans bannis des portails du temps. 

Au pays des ombres, je marche en silence, mais tout autour est de la musique, circulation, echos de personnes, qui sourient, qui dansent, dans des villes, dans des villages, ou elles se reunissent et me regardent, et mon ombre a moi se plie les couleurs dans le rythme de leurs voix, et ils disparaissent dans le souffle de feu du soleil. 

Trudi Ralston 


"The most important days in a life are the day you are born, and the day you figure out why." -  Mark Twain (1835 - 1910): "Les jours les plus importants dans une vie sont le jour qu'on nait, et le jour qu'on en decouvre la raison." 

Friday, November 21, 2025

Un Dynamisme Rassurant: Le Monde Complexe du Portrait "Cherif" de Nacer Amari - dans la serie "Au Carrefour des Rencontres"

              Il y a un lien historique intime entre le monde de la portraiture dans la peinture et dans la photographie, qui unit ces deux expressions du monde des arts visuels de facon incontestable, durable. Pour toutes les evidences que la portraiture est l'art qui documente le va et vient de rois et empereurs, de personnes fameuses qui font le defile de l'histoire de la terre, il y a autant d'evidence qu'elle sauvegarde la vie quotidienne du peuple, leur signature aussi riche et importante quant au heritage des cultures et leur temoignage des civilisations et leur passage. Le mouvement du realisme comme esthetique qui continue d'influencer les arts visuels exprime cette passion de la portraiture envers la diversite des peuples de la terre. L'expressionnisme et le surrealisme voient une renaissance de nos jours, un fait que j'explore dans plusieurs des articles de mes livres sur l'importance de la photographie et sa portraiture de l'artiste visuel d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie. Son dernier portrait en noir et blanc du 16 novembre 2025, "Cherif" est un poignant exemple du style realiste, et evoque un sens fort aussi de nostalgie expressionniste, dans la sensation que cree ce portrait d'une peinture a l'huile, pour savoir creer l'effet de couches epaisses qui s'entre - unissent, d'ombre et lumiere, qui ajoutent grandement au dynamisme et rythme lineaire du tableau. C'est un trait en fait, du monde de la peinture a l'huile, de savoir creer des nuances riches en couches, grace a la qualite de la peinture qui permet une flexibilite grande au pinceau et ses variants en taille, en poils d'animal ou synthetique qu'utilise l'artiste, une technique qui remonte loin dans l'histoire, comme on va apprendre sur cette excursion que nous mene ce portrait kabyle. La peinture a l'huile est depuis des siecles la technique la plus commune, qui favorisait utiliser les panneaux de bois, et aussi depuis le XVIeme siecle, la toile et les plaques de cuivre. Les peintures les plus anciennes faites a l'huile datent du VIIeme siecle, de c. 650 A.D., et etaient crees par des artistes bouddhistes de Bamiyan, en Aghanistan, au meme site des statues geantes de Buddhas, sur la route du peuplement historique de Bamiyan, qui est sur la fameuse Route de la Soie de l'Asie, qui s'etendeait 6,400 km a partir du second siecle B.C. jusqu'au milieu du XVeme siecle A.D., et qui etait un reseau de routes de commerce qui par voie terrestre et maritime unifiait l'Asie Centrale, et du Sud, Est et Sud - est et Sud - ouest, et l'Asie de l'Ouest ainsi que l'Afrique de l'Ouest et de l'Est, ainsi que l'Europe du Sud, et qui entre autre, fournissait les soies pour les habits de la pharaoh Cleopatre (69 B.C. - 30 B.C.). La Route de la Soie, et leurs legendaires villes historiques de Samarkand, qui se trouve en Uzbekistan, et est protegee depuis 2001 par l'UNESCO comme patrimoine de l'heritage mondial, et d'Isfahan, qui se trouve en Iran, et de qui sa grande place est parmi les plus grandes dans le monde, et fait aussi partie du heritage sous protection de l'UNESCO, l'Organisation des Nations Unies pour l'education, la science et la culture, cree en 1945). Samarkand et Isfahan sont fameuses pour leur architecture exquise et leurs caravanserai de soie, or, chevaux, chameaux, de miel, vin, parfums. Ces caravanserai, qui devaient faire face aux dangers de bandits et du desert immense Karakum, qui couvre une region de 350,000km2, en Asie Centrale au pays de Turkmenistan. Les conditions climatiques du desert de l'Asie Centrale, ont assurees que les statues et les peintures a l'huile et leurs couleurs se sont conservees pour pres de 1500 ans, ce qui est un fait interessant quant a l'histoire de la peinture a l'huile comme technique, car ce ne serait qu'au XVIeme siecle que ce style arriverait en Europe, et ce style continue d'etre important dans le monde de la peinture contemporaine. Dans ce monde, le type de l'huile utilisee et des pinceaux, varient selon l'effet que veut exprimer le peintre. Les huiles siccatives dans la peinture a l'huile inclurent l'huile de lin, l'huile de noix, l'huile de pavot, et l'huile de carthame. La peinture a l'huile seche par le processus de l'oxydation et ne pas l'evaporation, ce qui fait que les peintures ainsi crees sont seches en environ deux semaines, dependant des couleurs utilisees, et une fois seche, la peinture est protegee par une couche de vernis, qui ajoute aussi un effet de luminosite. Il y a aussi des artistes qui choisissent de ne pas utiliser le vernis, pour eliminer un effet brillant, lis. Je me rappelle les peintures a l'huile du peintre expressionniste flamand Raoul Van den Heede (1924 - 1999), ami de mon pere, qui preferait des couches bien epaisses pour ses portraits et nature mortes, ce qui leur donnait un effet de bas - reliefs, et une energie intense, qui etait en parfaite harmonie avec le temperament rebelle du mouvement de l'expressionnisme. Un des artistes qui etait parmi la vangarde de ce style des couches epaisses, etait le peintre de la renaissance italienne, Giovanni Bellini (1430 - 1516). C'est cette qualite "impasto" - qui est le mot italien qui veut dire "comme une pate" - des couches epaisses, qui augmentent le sens de dynamisme qui se reflete dans le style du portrait "Cherif" du photographe Nacer  Amari. C'est un effet ingenieux de ce portrait, qui presente une inversion interessante, qui nous dirige du monde exterieur du protagoniste et son temperament bohemien, vers le monde interieur complexe et ses subterfuges et ses inferences voilees, qui lui donnent une aura de mystere, d'intrigue. Ce portrait rappelle aussi la technique du monde de la renaissance, et du baroque, ou le pinceau de la peinture a l'huile s'utilise pour creer une surface luisante, avec l'aide d'une couche de vernis qui permet que la lumiere penetre totalement cette couche, comme l'effet dans "Cherif", ou la lumiere sur les joues, les lunettes et le collier du protagoniste donne l'impression d'une peinture a l'huile, et cet effet le photographe sait augmenter encore, avec l'application geniale des ombres foncees, veloutees des bras, du shirt et de l'arriere plan. Ce contraste entre lumiere luisante, et lignes foncees, entre lumiere qui reflete, et lumiere qui dessine, dans le contour du visage, de la moustache et de la barbe. Les doigts des mains jointes au centre du portrait, sont un point de calme dans le dynamisme sur, interieur de ce portrait, comme le chapeau festif, que le protagoniste porte comme la coiffure d'un chef de tribu important. Tout de ce portrait kabyle parle d'un protagoniste intrigant, avec une vue complexe, ample du monde qui lui entoure. Ce portrait me rappelle aussi les portraits realistes du peintre bresilien d'Intu, Jose Ferraz de Almeida, Junior (1850 -1899), qui aimait faire des portraits du peuple de la region de Sao Paulo, le peuple Caipira, qui sont une culture d'origine portuguese - espagnole, equivalent au cowboys de l'Ouest des Etats Unis, et au gauchos des pampas de l'Argentine, qui travaillaient avec des chevaux dans le monde du betail et ses commerces, et etaient vu avec un certain mepris par les colons aristocrates, comme ceux qui faisaient leurs fortunes des plantations de cafe, et les proprietaires desquels Jose Ferraz de Almeida, Jr. ferait pas mal de portraits, comme artiste bresilien qui avait recu une partie de son education dans les arts a Paris dans les annees de 1876 - 1882, avec l'aide financiere du dernier empereur bresilien, Pedro II (1835 - 1891), qui regneait de 1831 - 1889, quand l'empire bresilien serait apres son abdication forcee, aboli. Pedro II etait connu pour son respect pour les droits humains, pour l'abolition de l'esclavage en Bresil, et pour son sens de justice et son interet dans le monde des arts et de la culture. Son interet de la part du peintre Jose Ferraz de Almeida, Jr. dans le monde des classes populaires, n'a pas ete contrariee par les classes aristocrates dans cette ambiance politique - economique de tolerance sous le regime inclusif de Pedro II. Ses portraits de cette epoque creative de portraits populaires faits d'hommes et femmes dans le va et vient de la vie quotidienne, ont une ambiance de grande authenticite, de profondeur artistique et d'interet social - historique qui donne une idee du Bresil de la region de Sao Paulo vers la fin de l'ere imperiale. Le monde de la peinture a l'huile est riche en couleurs et nuances en lumiere, en lignes qui unissent l'ombre a cette lumiere, et dans cette expression la peinture, l'huile, la voile, ou le panneau de bois, le pinceau, le vernis, tous jouent leur role, dans le processus par excellence pour creer des peintures de qui leur technique a su inspirer Leonardo da Vinci (1452 - 1519), comme son portrait de la "Mona Lisa", aussi connu comme "La Gioconda", et est le portrait fait entre 1503 -1506, de Lisa del Giocondo, l'epouse d'un marchand opulent de soie en Florence. Le pinceau le plus notable, est celui fait des poils de la belette de Siberie, qui a le trait avantageux de la souplesse et de "la bonne memoire", qui dans le monde des outils des arts se refere a la qualite du pinceau aux poils de martre de retourner a sa forme originale apres son application sur la toile ou le panneau. Ce trait les peintres l'appellent le craquement du pinceau, ou "a brush's snap", en anglais comme je l'ai trouvee dans l'information sur ce pinceau. Interessant de noter aussi, que les peintures a l'huile etaient faites sur des panneaux de bois, parceque le bois permet rendre visible les plus fins details, et pour cette raison, les miniatures a la peinture a l'huile etaient, et sont faites encore par certains artistes, sur le bois. Le desavantage du bois comme surface d'une peinture a l'huile, est que sa rigueur le rend plus difficile pour le transport, et si ne pas maintenu dans des conditions optimales, le panneau peut causer des craquelures et la deformation, et les panneaux de bois sont aussi plus chers et plus lourds que la toile. La toile, comme surface, fut introduite par les peintres italiens, et reste depuis son introduction au XVIeme siecle, la surface la plus populaire pour cette technique. Ensemble avec le bois, les plaques de cuivre aussi etaient populaires. Il y a une attraction decisive dans le style et la technique de la peinture a l'huile, qui permet que tous les elements de lumiere - ombre, de lignes et leurs nuances, rythmes, ennergies, savent s'exprimer avec une grande degre de precision et subtilite, ou le pinceau, selon sa forme et taille, sait varier l'ambiance de la peinture, ses couleurs, son esprit, avec surprenante sensibilite affective - visuelle. Cette grande flexibilite entre peinture, pinceau, peintre, matiere, couleurs, fait que la peinture a l'huile reste a la vangarde de ce monde autant aujourd'hui, que dans le monde de Leonardo da Vinci d'il y a 500 ans, et dans l'heritage unique des peintures murales de 650 A.D. de Bamiyan en Afghanistan. La peinture a l'huile se sent a l'aise autant dans le monde de la renaissance, que l'univers du baroque, de l'expressionnisme et du surrealisme et ses resurgences, et dans le monde du realisme, de l'impressionnisme, de la photographie qui elle, a ses propres signatures dans la resurgence contemporaine de ces mouvements artistiques. Le portrait realiste "Cherif' du photographe portraitiste Nacer Amari de Tassi Photographie, est un exemple convainquant des traits de la peinture a l'huile qu'il a su y suggerer avec finesse, avec intelligence, pour y etaler tous les elements que sa vision sait inclure dans l'imagination du spectateur, de nous emmener dans le monde riche, inclusif, subtilement avant - garde, rebelle, fier, confiant de ses protagonistes kabyles. 

Trudi Ralston  


La recherche sur le monde de la peinture a l'huile et ses materiaux et ses antecedents et techniques, ainsi que l'information sur le polymathe italien Leonardo da Vinci (1452 - 1519) et le peintre bresilien Jose Ferraz de Almeida, Jr. (1850 - 1899), courtoisie de Wikipedia.      

Tuesday, November 18, 2025

Eclipse: La Force de la Volonte Creative - dans la serie "Les Ailes d'Aphrodite"

         Ce matin tard, juste avant l'heure de midi, un soleil de lumiere brillante s'est mis haut dans les couronnes des arbres du jardin, comme un acte de triomphe qui a banni la pluie et le gris du jour. Cette joie de lumiere s'est repandie comme une symphonie silente, et m'a causee une forte emotion, qui etait un melange de contradictions, d'envie de joindre la joie visuelle du soleil, et de manque, de vouloir me sentir membre d'un clan ancien, qui se reunissait dans mon imagination, dans le coeur de la foret en bas de la cloture qui la separait du jardin. Cette sensation visuelle - affective m'a fait rappeler la musique et ses melodies hantantes du groupe de rock anglais fameux Pink Floyd, leur chanson de l'album "The Dark Side of the Moon" de 1973, specifiquement la diezieme et derniere chanson, ecrite par un des membres fondateurs du groupe - jusqu'a 1985 - George Waters (1943) : "Eclipse". C'est une chanson pleine de profonde reflection melancholique, sur les contradictions existentielles entre le mal et le bien, comme le dit George Waters dans un des vers: "and everything unders the sun is in tune, but the sun is eclipsed by the moon", ce qui se traduit, "et tout sous le soleil est en harmonie, mais le soleil s'eclipse par la lune." Le vers repetitif de la chanson: "Tout ce que tu touches / Tout ce que tu vois/ Tout ce que tu goutes/ Tout ce que tu sens" implique cette lutte entre le bien et le mal, dans le coeur de l'etre humain, selon George Waters. C'est une chanson qui laisse une durable impression, sur le besoin de ne pas ceder la derniere parole au mal, au doute, a la fatigue mentale et physique, et de continuer de croire que la volonte et la force de rendre visible la chance pour un equilibre existentiel en faveur du bien, vaut l'effort, vaut l'energie considerable necessaire pour le realiser. Le symbolisme du titre de la chanson "Eclipse" a une force visuelle aussi, car la lune, qui est tellement plus petite que le soleil geant, sait cacher, eclipser le soleil, pour etre plus proche que le soleil, qui est a une distance immense. Comme le mal, qui sait s'acharner avec asphixiante proximite, sait cacher, eclipser le bien qui est une force spirituelle autant que concrete, qui a des liens avec le ciel, la lumiere, l'eternite, la guerison, contraire au mal qui a des associations avec les tenebres, la destruction, la cruaute, le neant, le vide. Le bien affirme, le mal aneantit. Je pense dans ce sens dans la force guerisante, transformative des arts, qui savent unir les personnes, les communautes, avec les expressions mythologiques, les contes, la danse, les rites, la musique, le theatre, la poesie, la sculpture, le tissage. Cet effort que fait la force de la volonte creative est toute une joie si elle reussit de trouver son expression dans le partage, et de meme mesure, cet effort de la volonte creative est tout un defi considerable quand on doit l'affronter seul, pour raison de vivre en exile, physiquement, comme je le vis, un exile intellectuel - culturel. L'exile peut aussi se manifester dans des formes encore beaucoup plus exigeants, dans le cas de l'exile politique, ou l'exile issu de l'isolation suite de se trouver esprit creatif dans un environnement hostil de la vision de l'artiste, si l'esprit de la personne se trouve ne pas compris, ne pas vu comme acceptable, meme une menace sociale - morale pour des idees avant - gardes, risquees, scandaleuses du point de vue des normes esthetiques etablies. Se trouver la passion artistique ne pas compris, isolee, meprisee, menacee, niee, est difficil. C'est le cas de pas mal d'artistes dans les chroniques de l'histoire des arts, ses actes de rebellie courageuse, pour rester fidel a la vision qu'inspire les muses, qui peut mener a la condamnation et ses dangers de prison, meme de la mort, selon les normes de la societe dans laquelle on se trouve. L'exile non plus est evident, quoique c'est sur, comme je peux en temoigner apres toute une vie loin de ma terre natale, que cela sait forger, et ceci ne pas sans considerable courage et patience, un esprit et coeur flexibles, resistants, libres d'une grande quantite d'illusions qu'on quitte sur la route vers l'integration d'une attitude de tolerance autant envers autrui que soi - meme. Dans ce sens, la presence spirituelle du coeur kabyle est d'une importance cruciale quant a l'evolution de l'expression de mes energies creatives dans le monde de mes ecrits en prose et poemes que je dedie a l'unique heritage de la culture de la Kabylie. La force de la volonte creative, qui sait surmonter la pression negative du mal et ses metamorphes, qui trouvent une facon de s'infiltrer sur le theatre de la vie. La Kabylie et la collaboration avec mon collegue photographe d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie, m'apprennent a maintenir l'espoir du courage, m'apprend aussi de me forger une confiance plus solide, plus determinee, et d'accepter mes vulnerabilites, en meme temps que d'apprendre, un pas a la fois, comment compartimenter les problemes, et comment maintenir un bon sens de l'humour au milieu des incertitudes. La chanson de Pink Floyd "Eclipse" qui m'avait tellement impressionnee comme adolescente, j'en comprends l'ampleur maintenant dans le contexte de la chance unique que me donne le lien avec la Kabylie et mon collegue d'Aokas, qui me permet me definir et explorer amplement les visions creatives, d'en comprendre ses origines, ses intentions, son destin, unie a l'esprit kabyle de facon unique, totale. Me donne la chance de retrouver a chaque fois, l'equilibre entre la peine et la joie existentielle, grace a me savoir solidement sure que la terre qui m'a donnee les mots pour raconter l'histoire de ma vie est la meme terre qui m'apprend le droit a l'identite, sa force creative, sa volonte, et qui m'a vu naitre loin d'elle en Flandre, et qui me tient ici en exile aux Etats Unis, je l'ai trouvee sur les rives de l'Afrique du Nord, et c'est sa terre que je pleure, de qui je celebre, et de qui je crie son absence, son amour qui a changee tout, qui me permet de surmonter tout defi, n'importe ses exigences. La Kabylie, pour mon ame de poete, est l'anti - dote contre les tenebres, l'isolation, le neant de la solitude, elle me permet, comme le chante George Waters dans "Eclipse", toucher, voir, gouter, sentir, aimer, creer, dire, rencontrer - tout: ce qui fut, ce qui est, ce qui sera, sans peur, sans regrets, avec espoir, passion, confiance. C'est elle qui me permet voir, dans la solennelle distance de ses montagnes et eaux eternelles de la terre benie des Imazighen, le sourire du Sphinx devant le portail lourd qui separe le jour de la nuit, le chagrin de la joie, l'indifference de l'amour, le bien du mal, et la vie de la mort. Apres avoir ecoutee encore la chanson "Eclipse", si emouvante, si cathartique, la pensee qui me vient, comme les derniers mots d'un monologue d'une piece de theatre ancien, est: "Merci, ma Kabylie. Merci, ma famille de coeur Amazighe. "Je suis parce que tu es". Avec toi, la lune n'obscurcit pas ton soleil brillant qui vit dans mon coeur. Son amour illumine tout avec la force de sa chaleur, de son etreinte, de ses chants." 

Trudi Ralston   

L'information sur la chanson de 1973 "Eclipse" du groupe de rock anglais Pink Floyd, courtoisie de Wikipedia.  

Sunday, November 9, 2025

Le Nomade Accidentel: La Memoire Lamellaire dans "LKHIER" de Nacer Amari - dans la serie "Au - Dela des Ombres de Demain"

              Ce fut une journee presque chaude, a 62 degres Fahrenheit ici a Olympia, qui fait 16.7 degres Celsius, un peu une surprise, apres la temperature basse pendant la nuit de 34 degres Fahrenheit, ce qui est juste 1.1 degres Celsius. Apres des jours et jours de pluie torrentiale, voir le soleil et un ciel bleu avec meme des chants d'oiseaux apparemment eux aussi contents de noter le changement soudain dans la meteo, j'ai finalement pu faire le velo pour une heure et demie, et couvrir 19 kilometres, en ecoutant une musique de Bob Marley & The Wailers, et aussi de Jimi Hendrix, deux geants dans le monde de la musique moderne. Ecoutant la voix melodieuse, lente, accueillante de Bob Marley (1945 - 1981), dans ses chansons "Is This Love?", et "Stir It Up", "Three LIttle Birds", et l'iconique "Get Up, Stand Up" suivies par une des mes chansons les plus favories et aussi prophetiques de Jimi Hendrix (1942 - 1970) - de qui sa tombeau est a juste 96 km d'Olympia, a Seattle, le lieu de sa naissance - quant au chaos du monde en ce moment, "All Along The Watchtower", une chanson ecrit par le troubadour legendaire aussi Bob Dylan (1941), qui a fameusement dit qu'il preferait l'interpretation de cette chanson qu'en faisait Jimi Hendrix au - dela de la sienne, etait therapeutique, relaxant. Revisiter le genie de Bob Marley et de Jimi Hendrix, m'a trouvee ainsi dans une reflection nostalgique, qui m'a trouvee la memoire inondee des durables souvenirs que m'a laissee le restaurant "De Klokkepot" de mon oncle peintre Emiel De Cauter (1921 - 1976), au village d'artistes flamands de St. Martens - Latem, a une douzaine de kilometres de la ville est - flamande de Gent. Le restaurant de mon oncle et sa femme Nora, etait tres populaire, pour son ambiance et pour etre le site de preference des artistes et leurs familles, et de musiciens Roma et flamenco, duquel son fils Koenraad de mon oncle Emiel etait membre d'un groupe qui jouait souvent au restaurant le soir. Et en fait, le fils de mon oncle et son fils a lui, Myrrdin, sont des musiciens de jazz et flamenco connus dans la region pour leur expertise dans le genre. Ce fut une experience inoubliable comme enfant curieuse et precoce, d'explorer ce monde bohemien, inclusif qu'etait le restaurant de mon oncle, et le batiment du restaurant existe encore, avec le nom aussi qui reste le meme, plus de 50 ans plus tard. Cette revisite nostalgique de ces precieux souvenirs de mon adolescence en Flandres, je sens quand je vois le portrait du 19 octobre 2025, "LKHIER" du photographe kabyle Nacer Amari de Tassi Photographie. Ce portrait en noir et blanc, fait en gros plan, emet une aura de profonde intimite affective - visuelle, venu du regard dans les yeux ebenes du protagoniste, un regard de douceur melancholique cadree par la chevelure, le chapeau, le moustache et la barbe qui illuminent la lumiere et les lignes du contour du visage et ses nuances qui s'unissent dans ce portrait reflexif, silent, de qui les yeux voyagent loin, tres loin, dans le temps. Et ces yeux voyagent aussi vers le spectateur, lui invitent sur cette avonture qu'est le detour fort que peut se reveler etre la nostalgie de la memoire. Ce que je me rappelle de mon oncle Emiel, qui se paraissait beaucoup dans sa physionomie en fait au protagoniste de ce hypnotisant portrait kabyle "LKHIER", est son regard. Il avait ete prisonnier de guerre comme jeune homme d'une vingtaine d'annees pendant la Seconde Guerre Mondiale, ou il avait ete systematiquement soumis a l'abus, a la privation de ses besoins de nourriture, de hygiene, de protection du froid, avait souffert la violence physique, mentale, et a failli en mourir, avant d'etre liberee finalement. Cette experience lui resterait et se montreait dans l'angoisse de ses peintures et portraits surrealistes a l'huile. Je n'oublirai jamais la peinture en auto - portrait de lui derriere une serie de barreaux qui paraissaient donner l'impression de lui eloigner chaque fois plus de la chance de la liberation. Le regard de torture, de desepoir dans les yeux, etait hallucinant, pour moi a l'age de 14 ans, de voir ce degre de solitude, de misere, et de savoir que c'etait le frere de ma mere, qui avait souffert ainsi. Emiel avait les yeux les plus doux, les plus tristes, et en meme temps les plus alertes, les plus intelligents. Il avait la voix lente, mesuree, de timbre reflexive, et tous ses gestes, de ses mains, de leurs reactions, etaient comme fait au ralenti, et pourtant vibrants avec une energie presque frenetique, exuberante, car il avait une personalite plein de charisme. Son restaurant etait le site d'etre, du monde artistique - intellectuel de St. Martens - Latem des annees 1960 - 1970, jusqu'a sa mort a l'age de 56 ans en 1976, suite d'un cancer qui lui a vite enlevee son energie vitale irrepressible. Il etait imposant, d'une hauteur et figure physique robuste, costeaud, augmentee par sa chevelure bouclee longue, sa barbe et moustache, ses bagues et habits bohemiens. Il connaissait le monde de la musique tres bien, et l'enseignea a son fils Koenraad, qui a son tour l'enseignea a son fils Myrrdin, les deux des musiciens  jazz - blues - flamenco accomplis. Quelle emouvante et sublime synchroncite est ce portrait "LKHIER" du photographe d'Aokas, Nacer Amari, le collegue artiste qui me permet cataloguer ses magnifiques portraits kabyles en meme temps qu'il me permet me cataloguer ce qui me reste de ma famille: mes memoires, avant l'introduction a l'esprit et coeur ancien resistant des Imazighen de l'Algerie, si fracturees, de mon enfance et mon adolescence en Flandres, et qui me permet de me guerir des blessures et solitude agonisantes de l'isolation et son oubli impitoyable de mon exile de decennies ici aux Etats Unis, qui m'avait coupee de mes racines, de mon identite, allait aneantir ce qui restait de ma famille, de ma voix de poete bannie. La Kabylie est unique dans l'historie de ma vie, et il faut que je repete cette verite comme un mantra, une incantation fiere, importante. La Kabylie est dans l'art de sa photographie de Nacer Amari, le leitmotiv qui unit l'histoire et sa liberation de mon etre artistique - poetique - litteraire - sociale. Je crois que cela prendra le reste de ma vie, pour en comprendre, explorer, cataloguer et partager son impact, son effet, son incidence intellectuels, de ce don inegal, profond, de grace, de pouvoir transformatif, eclairant, generatif, qu'est depuis des annees deja, cette collaboration et sa magie creative, que la Kabylie me regale, qui unit le sentier improbable et ses avontures et explorations artistiques - historiques d'un photographe ingenieux kabyle et une poete - ecrivaine flamande: de ce collegue gentil, intelligent, d'esprit et coeur ouverts, receptifs, qui a su m'apprendre comment me liberer du traume, du sortilege suffoquants d'un exile trop long, devenu une torture mentale - affective douloureuse, destructive. Le regard dans les yeux du protagoniste "LKHIER" inspire une memoire lamellaire: de mon oncle, de souvenirs encore intacts et precieux, et du lien guerisant, liberant qui y brille dans la vision, et dans le regard, comme s'ils etaient cousins, famille, qui unit la lumiere et ses mysteres, ses courages, de leurs yeux, de leur regard unifiant: de "LKHIER", de mon oncle peintre Emiel De Cauter, et de mon collegue artiste Nacer Amari, comme de trois nomades accidentels qui se retrouvent, se rencontrent. La lumiere chaude de leur regard uni, se traduit comme un code visuel pour mes memoires precieuses passees - presentes - futures qui illuminent une autre piece de l'histoire de ma vie, qui rend visible, audible, mon identite et ses indices: morceau par morceau, petit a petit, pour me la montrer revelee, restauree, reclamee, grace a la Kabylie et l'art evocatif et ses sensibilites lucides de mon collegue photographe portraitiste d'Aokas.     

Trudi Ralston  


Quant a la traduction du mot ancien flamand, du nom du restaurant de mon oncle Emiel, "De Klokkeput", ma recherche linguistique la plus proche que j'ai pu trouver, m'a mis dans la possible traduction en francais de "La Gueule du Puits".