Friday, December 19, 2025

Le Bilan: Soliloque du Coeur Constant - dans la serie "Les Ailes d'Aphrodite"

       Apres les tempetes de pluies torrentiales qui ont causees des inondations desastreuses pour l'etat de Washington State ou je vis, ici dans la region du Pacifique Nord - ouest des Etats Unis, voir un soleil timide et pale meme pour juste une heure aujourd'hui, fut occasion de respirer avec soulagement, avec reconnaissance envers le silence doux de l'absence de la pluie ce matin. L'esprit humain est une chose de grande resistance, et aussi de vulnerablilite, quant a sa facon de digirer le stress, celui que cause l'incertitude, le chaos, quand la nature n'en peut plus, et reagit hors des normes de son equilibre, de ses comportements du rythme de ses saisons, de ses lois. Dans les moments de pause, qui permettent de se recentrer les nerfs, et les emotions epuisees, crispees, la pensee m'est venue de ces personnes exceptionnelles qui nous restent proche au coeur, n'importe la distance et le temps qui nous separe d'eux. Il y a une douceur profonde et emouvante, de se rappeler les beaux moments que la vie parfois permet, dans la proximite affective intime de cette amitie unique, qui nous voit l'ame, le coeur et l'esprit tout en un. Cette personne qui nous voit le monde interieur, qui nous fait voir son visage ne pas connu avant, qui devient le miroir de notre etre. Dans mon cas, cela m'a pris toute une vie pour avoir l'experience inoubliable de partager une amitie qui devient une odysee, une exploration des circonstances de joie, de chagrin, de notre vie, qui sait illuminer dans leur totalite nos talents, qui devient la carte routiere qui rend visible le sentier de notre destin, qui adoucit les peines, rend plus joyeuse les victoires, qui embrasse avec tendresse nos reves, et leur courage, leur visions, qui nous voit notre force, et notre vulnerablilite, et les soigne, comme le jardinier les jeunes plantes de sa terre, qui les assure une bonne recolte, la fierte de se realiser toutes leurs possibilites. Et parfois aussi, il parait sans exception, tristement, la vie nous arrache apres, petit a petit, avec particuliere cruaute, cette amitie si rare, sous la guise souvent de l'ordre etabli, d'une moralite rigide, qui fait souffrir le coeur libre, lui blesse les ailes trop lourdes pour le poids de chaines mises sur le vol de ses energies, de ses passions. Le bilan est ainsi dur de supporter. Le coeur de l'esprit libre qui avait joui de la rencontre de son esprit jumeau, voit s'effacer la silhouette de son egal, petit a petit, effacee par la gomme d'une vision qui limite, qui veut controler, posseder, qui veut les ames reduites a des reactions fabriquees, qui deteste toute expression ne pas conditionnee. Le bilan, ce soliloque sobre, triste, du coeur constant qui se voit ame abandonnee a nouveau, qui se rend compte que le courage pour l'authenticite est plus rare que le joyau le plus cher que la nature sait reveler. Le coeur constant, qui parfois se rend malgre les meillieurs intentions, aux normes etablis, pour eviter le gene, pour essayer que tout reste en ordre, comme le metronome que met le maitre pour son eleve qui resiste le controle du rythme de l'instrument, et qui obeit, trop timide, pour exprimer en presence de son maitre, son propre rythme et melodie qu'il pourrait donner a son violon. On est tous parfois autant victime que bourreau quant a la peine que souffre notre coeur constant, qui une fois vecue le bonheur de la rencontre avec l'ame jumeau dans le monde des arts, des esprits libres, hesite de suivre l'appel de sa chanson. Le poete libanes - americian Kahlil Gibran ( 1883 - 1931) a dit que "Seulement l'amour et la mort changent toutes choses", et je crois que dans sa vie personnelle, il savait comme est dur la lutte pour la liberation, quand on se voit a nouveau seul, loin de la personne qui nous savait voir et comprendre toute l'histoire, sa force, ses traumes, ses contradictions, ses talents, et qui apres a perdu le courage, et nous a fait perdre ainsi l'energie la plus pure, la plus vibrante, de notre expression vitale, au moment qu'elle l'a perdue, abandonnee egalement. On peut mourir en ame, et rester vivant en corps, en repetition de demandes, de routines. Et dans ce sens, oui, une telle mort change tout. On devient a nouveau soumis aux illusions, et on vit le coeur conscient d'avoir perdue le regal si rare de se sentir en vie, corps, coeur et ame, comme ne jamais avant, et ne plus jamais apres qu'en brefs moments, comme se reveiller brevement et avec repetition stressant, d'un reve duquel on ne se rappelle que quelques fragments. Ce poeme exprime ce mystere, du coeur qui se reveille, rencontre son pareil, et apres hesite, et se rend au bilan qui choisit le sentier qui mene ligne droite vers les habitudes des lois etablis, aux routines qui expliquent le chemin bien visible des annees et leurs suppositions. Et ainsi aussi, comme la mort, l'amour change tout, une fois qu'on l'a connue sans masque, sans peur, sans limitations, de savoir que quelque part, dans le monde invisible pour la plupart, d'une realite avant le commencement du temps et ses peurs, on pouvait vivre comme esprit libre, sans le mepris, sans le chagrin de ne pas etre compris, sans etre privee de la joie et son sublime energie, de connaitre l'experience divine de s'exprimer le coeur qui comprend la vraie definition de l'innocence:


Soliloque du Coeur Constant  


Il ne faut pas m'envouloir, car je ne t'enveux pas, ce n'est jamais evident, de marcher contre le temps, ses exigences, ses demandes, ses lois et contradictions. Le monde a ses pieces de theatre, ses rythmes, ses danses, un chaos qu'on subit sans le comprendre.

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C'est pourtant magnifique, de se savoir libre pour ce sejour vers le monde ou le temps parait absent, se rend lent, on dirait invisible, ou existe encore l'innocence du coeur pur, libre de suppositions, libre d'illusions, ou on se peut rencontrer sans masques, sans le poids de l'histoire humaine, ses malheurs, ses mirages.   

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Le coeur constant, quel tresor, de pouvoir faire ensemble, l'exploration de beaux mysteres, que le monde ne comprend guere, qui cherche etouffer le souffle, ses ailes. Le coeur constant qui reste, malgre de savoir que ca ne dure pas, que le temps et la peur de la mort, de l'amour libre,

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fait obeir, fait fuire, qui invite le confortable, qui rend malleable au esprit libre, qui finit par oublier, decide de vivre comme une marionnette belle et charmante, qui accepte les routines, en costumes convenables, pour rester immobile, un somnambule souriant, qui cache le gout de ses larmes, en ignore leurs cris d'alarme. 

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Le bilan du coeur constant, on n'en parle guere, on se contente d'etre, ni en vie 100%, ni mort, juste soumis, silent, avec au coeur la memoire et son chagrin brulant, a toujours, les jours de froid, d'indifference, d'avoir connu le bonheur fuyant, et son delire, de la renconte de ce coeur qui a vu, qui a compris, et qui s'eloigne, un pas timide a la fois, derriere les coulisses lourdes du theatre qu'est la vie, et ses insondables exigences. 


Trudi Ralston 


"Between what is said and not meant. And what is meant and not said. Most love is lost." - Kahlil Gibran. 

  

Sunday, December 14, 2025

Le Soleil Bleu: Un Moment de Repos - dans la serie "Les Ailes d'Aphrodite"

           Ayant grandie en Flandre, en Belgique, la pluie comme phenomene metereologique n'est pas une surprise, quoique j'admets qu'apres avoir vecue au Texas dans le Sud chaud des Etats Unis, pendant mes etudes universitaires pour dix ans, le demenagement apres mon marriage vers l'etat de Washington State dans le nord - ouest du pays, m'a coutee une periode de me re - habituer aux tempetes de pluie et vent des saisons automnales et invernales. Cette annee, on est visitee par des pluies torrentiales ce mois de decembre, qui cause des inondations qui ont eu comme resultat que 100,000 personnes qui vivent pres des 176 rivieres qui croisent l'etat, ont du etre evacuees, et apres une breve pause et une journee hier de ciel bleu et soleil, la pluie ce soir est de retour, avec la menace de l'urgence d'encore des evacuations. Les inondations historiques d'entieres villes et villages, ont fait que le gouverneur de Washington State a du declarer un etat d'emergence, et que les forces civiles dans les centaines sont venues a l'aide de toutes les personnes deplacees, et aident avec les equipes routieres qui sont en charge de reparer les routes, les ponts, et les lignes de l'electricite, de l'eau potable, qui sont abimees ou detruites. La plupart des autoroutes sont ou fermees, ou partiellement detruites, et toutes les rivieres majeures et mineures de l'etat, sont au - dessus du niveau de crue. Notre voisinage est sur une colline, et on est sain et sauf, mais les routes vers la ville sont ou fermees ou bloquees. Notre etat de Washington State est connu pour la beaute de sa nature, ses lacs, ses forets, ses montagnes, et ses rivieres majestueuses, comme la Colombia, qui mesure 2000 km, et qui a une profondeur de 61 metres, et coule a travers plusieurs etats vers le Nord du pays et leurs etats, comme Idaho, et aussi vers Oregon, en bas de nous. En total, la riviere Colombia couvre 668,216,9 km2, et est la frontiere naturelle entre les etats de Washington State et l'etat de Oregon, a la ville historique d'Astoria, qui est connu pour son pont massif et de courbes dramatiques qui fait la traversee possible pour les vehicules entre les deux etats. Comme la fameuse riviere Mississippi dans le Sud des Etats Unis, la riviere Colombia est enorme, dramatique, et un sentier aquatique important dans le commerce et industrie de la region et du pays. Je connais bien ce pont a Astoria, car on le croise quand on va a la cote d'Oregon, renommee pour ses belles plages dramatiques rocheuses, surtout la ville de Cannon Beach, qu'on visite en famille en ete, depuis des annees, comme les plages a Washington State sont ne pas specialement remarquables. Les rivieres de Washington State qui sont au centre des inondations cette fois, sont les rivieres Skagit, Cedar, Snohomish, et Nooksack, qui ont des noms qui indiquent la presence des cultures amerindiennes de notre region du Pacifique Nord - ouest du pays. Au cote est de l'etat - on vit au cote ouest - la riviere Yakima, ainsi nommee pour la culture amerindienne de la region - aussi va depasser a minuit sa limite et depasser sa crue, a 7,7 metres, et causer des inondations et le besoin d'evacuations. 

        Hier fut une journee sans pluie, un jour de repos un peu nerveux du stress des inondations et de l'incertitude autour de quand les routes vers la ville seront a nouveau ouvertes. Le ciel au jardin etait un bleu clair envoutant, et le soleil brillant etait suspendu au centre de la couronne d'un des arbres grands a l'autre bout de la cloture qui separe le jardin de la foret, qui est une reserve naturelle depuis quelques annees. Le soleil donnait une impression paisible, d'un esprit qui me souriait gentillement. J'etait contente de pouvoir donner a manger aux oiseaux et aux ecureuils qui me visitent de la foret, de les voir jouer ensemble, d'ecouter leurs cris de communication, de voir leur agilite athletique de leur mouvement a grande vitesse sur les branches des arbres. Pour quelques heures, les pluies epaisses collantes, grises, les vents, le stress etait absent, et je pensais a l'idee d'un soleil bleu, une idee du monde des contes, et leur mythologie et imagination. Le soleil bleu s'identifie avec le messager, celui qui est ami, qui donne du soutien, qui est affectivement accessible, ne pas juste un astre neutre, qui observe, qui est impassible, qui juge, qui registre avec indifference le va et vient des etres terrestres. Penser au soleil comme en couleur bleue est dit etre une expression de reveil spirituel, d'un changement en sens, en perception de notre etre, de notre ego, vers une appreciation plus profonde de l'impermanence, vers une attitude de non - ego, qui permet la liberation interieure, du coeur, de l'esprit. J'avais fort l'impression avec la lumiere claire du soleil, dans ce beau moment de repos au jardin, entouree des arbres silents, calmes, et les animaux, et le ciel clair, que j'avais a faire avec un soleil bleu, comme si l'astre avait pris cette couleur de la raison calme, reflexive, pour le rendre visible pour mon oeil spirituel, interieur. C'est une experience transcendentale, qui demande une approche de risquer sans presumir, de confiance, pour briser l'habitude de la torpeur que cause l'addiction a la routine et ses illusions, ses demandes, et ainsi etre permis entree au monde libre de l'hypnose du quotidien, comme un geste de grace de la part de la nature et ses esprits genereux, qui savent quand on a vecu - et vit encore - des longues periodes de solitude, d'isolation, sans mots rassurants, sans voix rassurants, et de maintenant recevoir la chance d'entendre sa voix, qui reste silente pour les etres humains distraits, inconscients, mais qui parle aux coeurs courageux, inepuisables, dans une voix melodieuse, claire, qui raisonne, et nous traduit ses signes, ses symboles, sa langue, comme les animaux aussi l'entendent, et la comprennent, intuitivement. C'est la facon de l'esprit de la nature de montrer sa charite envers l'epreuve d'avoir ete invisible, inaudible tants d'annees: elle nous inclut, un moment sublime a la fois, dans les mysteres avant invisibles, inaudibles de son monde, de ses sagesses, de son histoire, de son amour ancien, profond envers les etres humains que le monde des illusions et ses futiles ambitions cherche a effacer, nier, silencer. Me trouver dans cette etreinte guerisante du soleil bleu, fut emouvant, rassurant. La couleur bleue est associee avec le spirituel, son pouvoir affectif, qui dans les mots du peintre post - impressionniste francais Henri Matisse (1869 - 1954) "sait penetrer l'ame, dans certaines variants de sa couleur", comme dans la periode bleue de ses peintures du peintre cubiste - surrealiste espagnol Pablo Picasso (1881 - 1973), et dans la presence envoutante de la couleur bleue dans les peintures de l'artiste visionnaire moderniste algerienne kabyle Baya Mahieddine (1931 - 1998). Ce n'etait donc ne pas surprenant pour moi, que ce soleil bleu silent spirituel, je le voyais comme un regal me donnee par la Kabylie, comme si son esprit voulait s'assurer qu'elle me voyait, me comprenait, m'aimait, etait presente dans ce moment de rassurant repos, qui me permettait de prendre de l'air pour mon coeur, mon esprit, autant que pour mes poumons. Cette vision du soleil en palette bleue, m'a touchee, agreablement, legerement, le sourire, m'a laissee son chant kabyle, m'a parlee du lien transformatif pour ma vie, qu'est l'introduction au monde et histoire des Imazighen de l'Afrique du Nord, qui m'unissent decisivement, resolument, mon coeur flamand, mes poemes, mes reves, mes livres et leurs visions, leur resistance, leur passion, a sa chaleur, sa sagesse, sa tendresse, dans cette espace magique ou le temps coule, ne pas en lignes de conception chronologique, mais au rythme et ses secrets du battement de son coeur de l'univers, ses phenomenes et ses imperieux mysteres.     

Trudi Ralston  


L'information sur le soleil bleu, et la couleur bleue, et sur son importance artistique, dans le mouvement moderniste de la peinture, pour les artistes Henri Matisse, Pablo Picasso et Baya Mahieddine, courtoisie de Wikipedia, ainsi que l'information sur les rivieres de Washington State et les inondations sans precedent le mois de decembre 2025. 

Thursday, December 4, 2025

Chute Libre: Un Arret sur Image - dans la serie "Les Ailes d'Aphrodite"

            La pluie ce matin au jardin, avec ses brumes matinales et couleurs d'eau pale, lente, qui couvreait les couronnes et troncs des arbres avec une couche epaisse noire luisante leur ecorce, m'a fait penser aux aquarelles de l'artiste americaine du Sud, de l'etat de South Carolina, connu pour ses marais et leurs faune et flore exotique, envoutante, Alice Ravenel Smith (1876 - 1958). Ses peintures ont cette qualite d'un arret sur image, hypnotisant, ou les lignes et les couleurs s'unissent, se cherchent, s'embrassent dans l'intime ambiance de ses paysages ou le monde du reve et de la realite concrete se melangent harmonieusement, silencieusement. Cette sensation du monde en pause, m'a inspiree la surprise d'une reflection sur le courage qu'exige vivre comme esprit libre, que ce soit de facon active, directe, ou que ce soit de facon plus interieure, patiente, visionnaire, ou un melange des deux. Je pense souvent que le courage n'est guere une qualite avec laquelle on est nee. Je la vois plutot, dans l'automne de ma vie et ses exigences persistentes, comme un muscle: il devient plus fort avec la pratique quotidienne, tenace. Mon fils, lui aussi ecrivain, me dit que j'ai le temperament "firecracker", d'une fusee, quoique de l'exterieur je suis calme, tetue, devouee au monde de mes ecrits et de mon art 24 /7 comme on dit ici, donc, tous les jours de la semaine, de l'annee. Le temps est un regal pour moi, apres toute une vie pour retrouver la chance de m'exprimer la voix de poete, d'ecrivaine, les visions de mes inspirations artistiques. L'ambiance de brume ce matin, avec ses silhouettes timides, ses palettes floues, un peu hesitantes, m'a fait rappeler en meme temps, comme contraste, les sculptures dynamiques de l'artiste americain de la ville de San Diego, en Californie, Dale Evers (1955), specifiquement sa sculpture "Human Arrow", ce qui se traduit comme "Fleche Humaine", d'une serie de sculptures qu'il a fait a Zapopan, une suburbe de la ville de Guadalajara, dans l'etat de Jalisco, au Mexique, que j'ai eue la chance de visiter en 1982, quand une amie musicienne bolivienne, m'a invitee de lui y visiter. La sculpture est attirante, pour etre la representation d'un arc grand, ou un homme nu est la fleche qui prend vol dans un geste uni entre l'arc et l'homme devenu fleche. C'est une sculpture qui inspire la joie, l'espoir, le courage, et l'artiste Dale Evers en a dit: "Chaque personne possede la capacite de surmonter les defis. Je donne a cette sculpture le titre de "La Mise au Point". Surmonter, vaincre les circonstances difficiles exige beaucoup de determination, d'energie, de vision aussi, et pas mal de tenacite, de visions claire, patiente. Le monde des arts donne la chance de s'approcher aux defis de facon qui permet s'y mettre de plusieurs angles, de se risquer une interpretation nouvelle, audace, et oui, controversielle, qui souvent va en direction contraire de l'opinion generale, acceptee, normalisee, et ainsi pour l'esprit libre, dans pas mal de cas, asphixiante, ne pas sincere, ne pas authentique. Dans mon cas, il y a deux influences au centre de mon reveil creatif, qui m'ont inspiree de suivre mon desir pour la vie d'un esprit libre: l'apprentissage dans l'histoire de la philosophie et de la poesie, et les arts visuels du dessin et de la peinture de la part de mon uncle peintre surrealiste flamand, Frans De Cauter (1920 - 1981), quand j'etais adolescente en Belgique, et la richesse historique et mythologique de la culture kabyle en Algerie, a laquelle je fus introduite en 2017, et qui m'inspire avec la flamme de son courage et son coeur le monde de ma voix poetique litteraire et artistique. C'est la Kabylie qui nourrit le feu de mes visions creatives, qui leur donne la perspective sur mon passe et ses obstacles survenus, qui donne la dignite a mon exile, qui me permet unir l'apprentissage aussi sur la photographie que m'a laissee mon pere, qui etait un photographe - amateur qui se devouait avec passion a la photographie et son contexte historique - culturel, ce que le lien avec mon collegue d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie, me permet explorer dans le contexte de ma vie, et de la sagesse kabyle. Les obstacles dans cette avonture kabyle - algerienne - americaine - flamande sont ne pas negligables: la distance geographique, les defis autour de visas, d'attitudes politiques des deux cotes des 3 continents qui separent la Kabylie de Washington State, Olympia, ou je vis, le temps, le travail, les responsabilites de famille. Neaumoins, la beaute et energie unique du lien kabyle qui m'unit a sa terre, a son esprit resistant, a son coeur tolerant, genereux, est la source riche de mes inspirations, de la liberation de mes visions, de mes passions creatives. Parfois, c'est comme me savoir en chute libre, qui bizarrement en meme temps, me permets ces moments que savent donner parfois ces arrets sur image interieurs, de se savoir 100% alerte, en vie, libre des oeilleres que le monde nous met, qui nous rendent sourd, aveugle, avec la repetition des demandes de la vie quotidienne, qui devient une habitude, a un point ou s'en sortir devient toute un labeur, tout un effort. Je pense encore au film avec les acteurs Warren Beatty (1937) et Natalie Wood (1938 -1981), "Splendor in the Grass" (1961), que j'ai vu comme jeune adolescente en Flandre, et qui m'avait fait pleurer, pour en comprendre le poids de son message, qui se centre autour d'opportunites manquees pour le bonheur, a base de 4 lignes d'un vers du poete du mouvement romantique anglais, William Wordsworth (1770 - 1850): "Though nothing can bring back the hour / Of splendor in the grass, glory in the flower/ we will grieve not; rather find /Strength in what remains behind." Ce qui se traduit comme: "Rien ne peut recuperer l'heure / De la splendeur estivale, la gloire de ses fleurs/ On se s'attriste pas; plutot, on trouve/ Le courage dans ce qui reste." Ce qui me rappelle encore les mots dans un poeme de la poete russe, qui a su survivre les purges stalinistes des annees 1930 - 1950, Anna Akhmatova (1889 - 1966): "Tu entendras le tonnerre et tu te rappelleras de moi, / Et tu penseras: elle voulait des tempetes. Le bord / Du ciel aura la couleur dure de cramoisie, / Et ton coeur, comme il le fut d'antemps, prendra feu." Il n'y a rien d'evident de se battre pour le droit de la liberte interieure/ exterieure, dans la vie publique, dans la vie privee. Le monde des arts inspire le desir de la volonte libre, ne jamais une avonture evidente, mais qui vaut l'effort, parceque la vie sur le mont de cette liberte unique, meme si son soleil s'y nous permet sa splendeur que brevement, et rarement, pour des annees longues d'une joie et energie incomparables, vaut toute l'agonie des insultes camoufflees, des insinuations impliquees, des mots qui essaient de decourager, d'humilier sans gene, sans meme un attentat de discretion, des efforts de manipulation, de la part de la societe, petite et grande, qui entoure, comme des vautures, ou pire encore, comme des loups en manteau de mouton, le courage du coeur et de l'esprit de bravure de l'artiste, et je crois, que l'histoire du peuple flamand de la Belgique et des peuples berberes de l'Afrique, en savent pas mal au sujet. Chute libre, vol de l'ame libre, qui se bat contre l'hypocrisie, contre la terreur de la peur que les esprits etroits cherchent de leur imposer, depuis le premier cri du premier chant du premier troubadour - poete de cette plaine terrestre. Ce qui me rappelle, les mots de l'acteur, scenariste et realisateur americain, Sylvester Stallone (1946), dans ses films de la serie faite entre les annees de 1982 - 2019, "Rambo", l'histoire du veteran qui se bat pour la dignite humaine, pour une chance a une vie libre de tourmentes: "Live for nothing, or die for something", donc: "Vivre pour rien, ou mourir pour une cause." Je les interprete purement pour leur valeur philosophique, pour le sens que ces mots donnent envers la determination de s'assurer de vivre une vie authentique, qui laisse sa marque de courage, d'avoir pris la decision de vivre debout, ne pas soumis par qui que ce soit, de pres, de loin, meme si cela veut dire, comme le sait depuis la nuit du temps, le coeur de l'artiste, de se trouver seul, ne pas compris, la voix solitaire qui reverbere son echo dans le desert immense du neant qu'est le trou noir du controle dans toutes ses myriades formes collectives - individuelles. Le coeur kabyle me donne la force de continuer de me liberer la force creative, si longuement enfermee, niee sa voix, me donne la joie sublime de savoir que vivre ma vie creative et personnelle avec sincerite, avec audace, avec la fierte de savoir que s'exprimer les talents est un droit et meme une obligation, envers soi - meme, envers la communaute de laquelle on se trouve membre, pour le bien, pour le mal. Chaque jour est une avonture, un regal depuis m'avoir trouvee la voix dans les chants et leurs echos de l'Algerie, sa Kabylie courageuse, de qui le sourire et la lumiere de son regard eternel m'accompagne, les jours de brume, les jours de pluie, de froid, de noir, car elle m'approche toujours en me disant: le soleil brille dans les coeurs libres, car la vraie liberte existe de sentir sa chaleur a l'interieur du coeur.  L'esprit et coeur des Imazighen de l'Algerie, m'apprend que: "Courage is not the absence of fear, but rather the judgment that something else is more important than one's fear.", ce qui se traduit comme "Le courage n'est pas l'absence de la peur, mais plutot la conviction qu'il y a quelque chose plus important que la peur." Ces mots sont de son livre d'aphorismes de 1991, d'Ambrose Hollingsworth Redmoon, qui est le pseudonyme pour son nom de naissance de James Neil Hollingsworth (1933 - 1996), un ecrivain americain, et manager des folk rock groupes "Quicksilver Messenger Service" et "The Ace of Cups". Vivre debout, dans le sens metaphorique, spirituel: vivre avec la determination de lutter pour le droit d'etre soi - meme, d'etre libre, malgre les insinuations que le monde cherche a nous imposer que la peur ne te donne aucun autre choix que de l'obeir. Et c'est a ce moment, que dans la brume pale du matin au jardin, le soleil telle une perle lumineuse brillante a ouvert le rideau lourd de nuages gris, m'a touchee le visage, m'a laissee au coeur la chaleur de la voix, du regard kabyle qui me guide, qui m'inspire, qui me permet etre libre, comme l'exprime le dynamisme de la sculpture de Dale Evers: d'etre une "Fleche Humaine", qui sait apprecier, aimer, les moments de transition, de l'arret sur image, et les moments de l'incertitude de la chute libre, comme etre humain au coeur et esprit libres, arc et fleche, tout en un.     

Trudi Ralston  


L'information sur l'artiste Alice Ravenel Smith, sur la sculpture "Human Arrow" de l'artiste Dale Evers, sur le film de 1961 "Splendor in the Grass", sur les series "Rambo" avec l'acteur Sylvester Stallone, et sur les mots de l'ecrivain Ambrose Hollingsworth Redmoon, courtoisie de Wikipedia. La traduction du vers en francais, du poeme d'Anna Akhmatova, "Tu Entendras le Tonnerre", du texte en anglais, traduit du russe, est la mienne. 

Sunday, November 30, 2025

Les Sables du Temps: Un Arbitre Ambivalent - dans la serie "Les Ailes d'Aphrodite"

          Un moment de nostalgie m'a fait revisiter la chanson "Time" ("Le Temps") du rock groupe anglais iconique "Pink Floyd" (1965), une de 10 chansons de leur album de 1973, "The Dark Side of the Moon" ("La Face Cachee de la Lune"), qui les allait donner une fame meteorique et durable comme un des groupes les plus fameux dans le monde de l'histoire de la musique, pour leurs vers et musique saturee d'angoisse et scepticisme existentielle, et la passion et genie de leurs melodies et instrumentations de la part des membres fondateurs Syd Barrett (1946 - 2006), Nick Mason (1944), Roger Waters (1943), Richard Wright (1943 - 2008). Appres le depart de Syd Barrett en 1968, suite de raisons de sante, le guitariste David Gilmour (1946) a pris sa place. La chanson "Time" explore en forme de reflection viscerale, le passage du temps, qui s'enfuit avant qu'on ne se rende compte qu'on approche la fin de la vie. Il y a une grande force poetique qui guide toutes les chansons de Pink Floyd, ensemble avec une vision intellectuelle qui se fait peu d'illusions sur la farce qu'est le monde industriel et ses hypocrisies et folies de grandeur. Ecouter leur musique me donne toujours l'impression de me mettre dans une source minerale, de laquelle on sort avec un sens de catharsis, d'equilibre, de paix interieure assuree. Malgre le pessimisme profond, et un soupcon fort de melange de rage et tendresse, il y a une chaleur affective sincere qui illumine toutes les chansons, qui donnent la sensation d'une rencontre musicale - poetique - spirituelle. La chanson qui suit "Time", "The Great Gig in the Sky" ("Le Grand Concert dans le Ciel"), est la voix d'une femme qui chante une lamentation sans mots, qui parait souligner la crise de presque panique de la perte non recuperable du passage du temps, que la chanteuse Clare Torry (1947) exprime avec immense et emouvante conviction, comme d'une aria d'une diva du monde de l'opera, quand elle accompagne avec ses improvisations vocales la composition pour piano de Richard Wright.  

         Cette idee du temps qui coule, plus vite que de ce qu'on se rend compte, m'a fait penser au temps comme un arbitre, qui sait faire des interventions, qui a le pouvoir de regler des disputes, dans ce cas, sur le jeu qui parait si capricieux, nonchalant des annees qui passent, ces sables du temps, qui aussi avancent avec la rigidite decisive d'une loi implacable, froide, indifferente. Ce fut une revelation, de comprendre que le temps a acquis une qualite differente dans ma vie de poete exilee, depuis l'introduction a la culture et l'histoire, au coeur accueillant bienveillant et tolerant, et l'esprit ancien, resistant de la Kabylie. Elle sait, dans un sens qui se sent reel, transformatif, m'arreter le temps, m'en donner la chance de reconstruire les annees perdues, et me les rappeler, et ainsi les vivre a nouveau, mais avec la perspective de longue vue de la mythologie kabyle, son courage legendaire, tout ce qui resonne dans ma memoire du mieux de mes annees comme enfant et adolescente en Flandre de l'Ouest. Cela me parait parfois difficile meme de comprendre completement l'impact qu'a despuis 2017 la presence kabyle sur l'energie et les sensibilites et visions, inspirations creatives, la force qui reclame ma liberte, rend visible mon monde interieur, si longuement reprimee, niee, de mon art, mes poemes, mes articles, et mes livres, qui celebrent cette union fructive, exhilirante. Cela me permet pouvoir retourner dans le temps, et vivre avec plus de clarte toutes les experiences et apprentissages de mon enfance et adolescence qui m'ont definie la force interieure, qui m'ont donnee la volonte de ne pas abandonner l'espoir toutes ces annees de solitude, de silences cruels, d'isolation, d'invisibilite, de jugement, des insinuations de mepris, de trahisons penibles, que la Kabylie a su m'en briser leur sortilege. Les sables du temps, elle me les presente comme une fouille archeologique, de qui elle me guide ses decouvertes, m'accompagne dans la grotte souterraine de memoires reprimees, m'aide a les comprendre leur traversee. C'est comme si elle me connait mieux que moi - meme, comme si je suis son enfant, qui a pris toute une vie pour la rencontrer, comme si je vis grace a elle, le futur d'un passe perdu, qu'elle me redonne, pour que je puisse vivre le present, libre des blessures et traumes de l'exile impitoyable que m'impose depuis tants d'annees ce pays vaste qu'est les Etats Unis, un pays dans les mots de l'ecrivain brillant americain Cormack McCarthy (1933 - 2023) dans son livre "No Country for Old Men" ("Non, Ce N'est Pas Pour Le Vieil Homme") de 2005, qui a recu une adaptation impressionnante cinematogaphique de la part des freres americains realisateurs Joel Coen (1954) et Ethan Coen (1957), avec les acteurs americains Tommy Lee Jones (1946) et Josh Brolin (1968) et l'acteur espagnol Javier Bardem (1969), qui est une analyse presqu'apocalyptique sur le mystere deroutant de la force du mal: "This country is hard on people." Ce qui se traduit comme "C'est un pays dur." Ceci fut certainement le cas pour ma famille: je suis la seule personne qui l'a survecue. Le stress, la maladie, le suicide, la rivalite destructive, ... comme dans un film noir, tout a contribuee a la destruction de mes parents, mes deux jeunes soeurs et de mon frere, me laissant loup solitaire dans un pays impitoyable envers le refus de la soumission, envers la vulnerabilite, la spiritualite, la rebellie et fierte de l'esprit libre. Les sables du temps m'a avalee la famille, et le lien avec l'esprit kabyle de l'Algerie, de facon bien reelle, et profonde, m'assure que je ne m'y perds pas dans les espaces vides et ses echos hallucinants qui me restent de mes parents, mes deux soeurs et de mon frere, qui ne survivent que dans mes reves inquiets la nuit. Si le temps est un arbitre ambivalent, sa version kabyle est charitable, genereuse, patiente. Elle m'accompagne avec un sourire, un toucher de sa main, si loin, et pourtant si proche, et me donne ce qu'aucune autre culture et son coeur a reussi de me regaler: la force vitale retrouvee, de me savoir reunie avec ma voix, mon destin de poete, qu'elle m'aide a en decouvrir la totalite de ses energies, de sa joie, de sa passion. Avec la Kabylie et les amis et collegues qu'elle me regale, les sables du temps ouvrent le chemin vers d'horizons nouveaux, vers les espaces creatives - litteraires -  grandes ou elle me mene, pour me permettre de me re - construire le coeur, l'esprit, avec la version reclamee, claire, de l'histoire de ma vie, de laquelle elle garde la clef j'ai fort l'impression, depuis le jour de ma naissance. Tout dans mon coeur l'affirme chaque jour a nouveau, quand je sens que l'esprit de la Kabylie s'unit au mien dans les moments silents de courage, et m'assure que les sables du temps avancent avec un rythme clairvoyant, confiant, dans l'etreinte chaude de sa charite, de sa tolerance, de ses gentils petits coups de coude qui me disent que l'espoir renait avec chaque aube, chaque bonjour du soleil et sa lumiere.           

Trudi Ralston 

"Between what is said and not meant, and what is meant and not said, most love is lost." - Kahlil Gibran. (1883 - 1931) ("Entre ce qui est dit et ne pas intentionnee, et entre ce qui est intentionnee et ne pas dit, la plupart dans l'amour se perd.") 

  

 

Tuesday, November 25, 2025

La Carafe d'Eau Vide: Un Tournant Eprouvant - dans la serie "Les Ailes d'Aphrodite"

           L'automne et l'hiver ici au Pacifique Nord - ouest des Etats Unis, sont connus pour ses longues periodes de pluie torrentiale, qui se suivent pour des jours et nuits, meme des semaines entieres. Aujourd'hui ne fut pas une exception, et notre chat Zora decida de rester a l'interieur de la maison, et se contenter d'observer tous les petits oiseaux qui etaient dehors, indifferents a la pluie car c'etait une bonne chance de manger leurs graines en paix, puisque ni notre chat, ni les deux chats du voisin qui visitent le jardin, etaient en vue, comme les chats n'aiment pas pour la plupart, de se tremper ni dans le froid ni dans les tempetes de pluie. Je m'etais reveillee un peu desorientee, j'aime bien la pluie, mais le manque de lumiere suite du rideau lourd de nauges gris, me rendait un peu frustree avec toutes les ombres, avec le jour qui a midi donnait l'impression de s'approcher deja vers la soiree. C'etait difficile de m'imaginer que quelque part, il y avait un ciel bleu, un soleil brillant. Je pensais a une chanson du chanteur francais, Julien Clerc (1947), une chanson de 1974, que je ne connaissais pas jusqu'a vers la fin des annees 1990, une chanson triste d'un amour perdu: "Sans Toi". Pour moi, des sa premiere ecoute, cette chanson me rappelle a ma mere, sa cruelle attitude envers moi, envers mon pere, et les cicatrices qu'elle m'a laisee au coeur, a mon adolescence de laquelle elle s'avait assuree de me la priver, detruire sa chance de s'exprimer, de la vivre avec joie, avec confiance. Un des vers autour du theme de l'abandonnement dans la chanson dit : "Dis - moi ce qui reste de toi, insouciante et mortelle. Oh, ma tete, qui se vide sans toi". Ces mots me laissent toujours avec un frisson, meme apres de pauses de plusieurs annees d'ecouter la chanson. Et ce matin, deja sombre et un peu asphixiant, car pour moi, le manque de lumiere je la sens comme une sorte d'angoisse au coeur, une sorte de claustrophobie, j'avais la sensation audible - affective, une sorte de synesthesie inattendue, spontane, d'etre une carafe d'eau qui se vidait, avec ce son normalement si agreable, d'une eau qui coule, comme d'un ruisseau en ete, d'une petite cascade faite de pierres comme mon mari et mon fils ont fini de construire cette ete au jardin. Mais ce matin, ce bruit etait lourd, d'une eau envahie par des cailloux, qui tombaient de mon coeur, de sa peine, de mon esprit et ses souhaits pour la chaleur qui rassure, et j'entendais les mots de la chanson de Julien Clerc, dans sa voix haute, vibrante d'emotions fortes: "Ce matin, c'est le chagrin/ Devant les fleurs dessechees /J'ai essuyee cette larme/ De la premiere tempete". Le bruit de cailloux qui tombaient de la carafe d'eau, et avec l'eau, me donnait la sensation que ce qui ce videait, etait mon ame. C'etait une sensation d'impuissance, et etrangement aussi, de soulagement, d'une chance de pouvoir recommencer, nette, la carafe vide, prete d'y mettre une eau fraiche, nouvelle. Pour moi, la chanson douloureuse "Sans Toi", que je connaissais si bien, et que je n'avais ecoutee pour plusieurs annees, soudainement receveait une autre energie: celle de liberation, de se jeter la vieille "peau", de vider le contenu des chagrins, et de recommencer, ne pas sans peine, ne pas sans effort, mais avec un courage qui se multiplie, qui est decisif, qui voit tout avec des nouvelles lentilles, libres de lignes floues, incertaines. C'etait une sensation inconnue, que j'ai recue comme ca, sans avertissement, peut - etre comme contrepoids du manque de nouvelles d'une personne qui vit loin, et aussi dans des circonstances rarement evidentes, comme est souvent le cas pour la vie d'artistes au coeur rebelle et ne pas souvent enthousiaste quant a la soumission aux regles etablies, qui ont tendance de rationaliser le comportement. La chanson "Sans Toi" du chanteur francais - africain Julien Clerc, qui etait tres populaire en Belgique quand j'etais adolescente, me visite de temps en temps, mais ce qui etait different cette fois, etait ma reaction: viscerale, inattendue, radicale, ayant un effet physique, de qualite auditive et affective, et c'etait a un moment de penser a ma famille de coeur en Algerie, en Kabylie. Peut - etre, une coincidene spirituelle, de me secouer libre de ma disposition de reflection melancholique, de lui savoir si loin, derriere un tas d'obstacles de bureaucratie, d'horaires, de temps, de circonstances. Comme si son esprit ancien de la Kabylie, me faisait le geste gentil, d'un clin de l'oeil du bout de la terre, et me disait: "Ecoute, la vie est compliquee, pour beaucoup de personnes. Ne te laisse pas trop de ces conneries te tracasser le coeur, l'espoir, le courage." Depuis, la sensation me reste, mais je m'y sens moins vulnerable, moins agacee. Les entraves de la vie, le coeur Berbere le connait bien. Ce tournant eprouvant, de manque et ses frustrations, je le dis bienvenu en fait, car je peux partager son experience avec mes amis en Algerie, me retrouver le calme, et le sourire aussi. C'est sur que ce n'est pas evident, d'ecrire des articles, des poemes, de les transformer en livres qui celebrent le coeur et esprit kabyle, a une distance qui couvre 3 continents, et ceci dans un monde ici qui n'est pas connu pour sa connaissance geographique, mais j'ai assuree, que dans mon cercle d'amities ici a Washington State, on sait que la Kabylie est en Algerie, et que les cultures des Imazighen sont celles qui sont originaires de l'Afrique du Nord, comme le sont les cultures amerindiennes ici, ne pas les descendants des colons anglais, ou francais au Canada, et espagnol ou portugues en Amerique Central et du Sud. Mes moments les plus heureux, fiers, confiants, quand on se reunit ici entre amis, sont ceux quand j'ai la chance de parler de mes efforts litteraires et artistiques qui celebrent et partagent le lien unique comme poete et ecrivaine, avec l'Algerie, avec son coeur Amazighe. La sensation brusque ce matin qui s'etait mis dans mon ame, de me sentir une carafe d'eau qui se vide, et du bruit des cailloux de defis qui reverberent contre le ver de la carafe, et contre les murs de mon coeur, de mon esprit et ses memoires, ses experiences, devient ainsi un appel a la chance de voir la vie avec encore plus de tolerance, avec humour aussi, comme le sait faire le genie comique algerien Fellag, qui parle avec tant de clarte sur tout ce qui peut nous travailler sur les nerfs, suite de toutes les circonstances qui nous fatiguent, qui nous trouvent au bord des limites de notres resistances, de notre patience. Si la carafe d'eau de notre esprit se trouve a l'envers, vide, tout a coup, et bien, temps de la mettre debout encore, et de la remplir a nouveau, et d'etre reconnaissant qu'avec l'eau qui s'est videe, les cailloux durs maintenant sont absents, les cailloux lourds, de qui on ne savait pas que leur poids nous geneait, nous empecheait de comprendre ce qui nous causait la douleur, et qui avait rendue l'eau ne plus fraiche, ne plus claire. Ce qui me rappelle a ces mots du poete autrichien Rainer - Maria RILKE (1875 - 1926), un des auteurs favoris de mon oncle peintre Frans De Cauter (1920 - 1981), qui m'a appris sur la philosophie existentielle et le monde du dessin et de la peinture, et a qui me rappelle beaucoup le lien transformatif litteraire - artistique que la Kabylie me donne avec mon collegue photographe d'Aokas, Nacer Amari: "Laisse tout t'arriver. La beaute et la terreur. Avance. Aucune sensation est de permanence." 

Trudi Ralston 

Les mots de Rainer - Maria RILKE (1875 - 1926), sont de son poeme "Allez au Bout de Tes Grands Desirs", de son livre "Le Livre des Heures: Poemes d'Amour a Dieu". 


 

Saturday, November 22, 2025

La Conversation: La Mesure de la Distance - dans la serie "Au carrefour des Rencontres"

              Ce matin, en donnant a manger les oiseaux et les ecureuils qui visitent le jardin qui adjoint la foret de l'autre cote de la cloture qui les separe, j'ai eue cette pensee sur un sujet qui touche proche le coeur et l'existence humains: la distance. Ce mot simple, on pourrait dire presqu'ordinaire, vit pourtant dans toutes ses formes dans le va et vient de la vie quotidienne, de la vie exceptionnelle, impossible, difficile, douloureuse, courageuse, et tous les autres adjectifs que sont les costumes que ce mot humble se doit mettre sur le theatre de l'histoire, des peuples, et de chaque personne a travers le temps. On ne peut pas etre une personne qui vit, ou a vecu des liens longs, de famille, de mariage, d'amities, de collegues, de communaute, je parle de 10, 20, 30, ou dans mon cas, 40 ans, sans arriver a un point ou on comprend comme c'est difficil, dur meme, dans les meillieurs des circonstances aussi, de traverser la distance qui nous separe du coeur, de l'esprit, de l'ame d'une autre personne, meme apres avoir passee une vie entiere ensemble, de s'aimer avec devotion, d'etre des parents, des epoux, des amis, des enfants sincers, patients, gentils, courageux, dans les moments agreables, et ceux de defis, et leurs degres plus grands ou plus petits. Les raisons sont multiples, et paraissent evidentes, et celles de raisons qui a premiere vue sont les plus logiques pour en expliquer la complexite de la distance qui existe entre les personnes, echappent quand meme le denouement de leur frustrante facon de savoir evader une solution qu'on espere a chaque fois etre juste en face de notre comprehension. Alors, de quelle distance s'agit - il, c'est ca la question intrigante, que je me pose. Il y a biensur, la distance la plus visible, pour ainsi le dire: la distance geographique, qu'on peut mesurer en kilometres, en miles, comme on le fait ici ou je vis aux Etats Unis, et cela me fait sourire, qu'apres pres de 50 ans dans ce pays vaste, et l'avoir traversee du Nord au Sud, et de l'Est a l'Ouest ses milliers de kilometres de terrain, je calcule toujours les distances en kilometres, meme si tout sur les routes est annoncee en miles. Et voila, une des premieres "types" de distance: la distance, comme expression d'une definition qui est autre de celle avec laquelle on a grandi, comme une idee qualificative, mesurable selon les normes d'une culture et ses interpretations, et dela l'importance des sciences, sociales, mathematiques, et leur partage, qui essaient d'unir ce qui nous separe par l'imposition de frontieres, de passeports, de lois, de liens entre pays, qui ou nous savent unir, ou garder a distance, effectivement, suite de conflits diplomatiques, de guerres, de disputes de commerce, de ressources, de differences en ideologies economiques, sociales, historiques, de degats d'invasions, du colonialisme, du desir de dominance. La distance se manifeste ainsi de facon bien concrete, comme toutes ces millions de personnes qui essaient de fuire la violence suite de geurres civiles, de persecutions, de desastres ecologiques, de racisme, de manque d'une chance a une vie libre du desespoir, de la misere, et qui pas mal de fois se trouvent dans des circonstances apres plus au moins tolerables, mais isolees par la distance linguistique, sociale, culturelle, qui les a accueilli, et voila qu'on arrive a "la distance" penible de la population des immigrants. Il y a donc la distance "invisible" dans un sens, celle qui fait souffir en silence, pour se sentir en dehors de la communaute, de la culture dominante, du pays dans lequel on vit. J'ai fort pensee ce matin de silences au jardin, avec son ciel opaque, froid du mois de novembre ici, a ce genie litteraire algerien: l'ecrivain et dramaturge Kateb Yacine, a qui je retourne souvent, a son livre "NEDJMA", que j'ai lu plusieurs fois, et a chaque fois, c'est comme une rencontre cathartique, profonde, sur toutes ces distances qui dechirent, qui cherchent a comprendre, a guerir, ce mal agonisant de se savoir loin de tout ce qui nous unit, devrait unir comme etre humains, mais que notre obsession avec les categories, la dominance, politique, economique, ideologique, mythologique, linguistique, cherche a detruire depuis la nuit des temps et sa parade du theatre sanglant des civilisations, cette tragedie du "mien" et "tien", de "eux" et "nous". La distance la plus cruelle, en fait, est celle qui force les personnes de se rendre leur dignite, leur liberte, leur droit a une voix, au respect, physique, culturel, social, qui cherche a nier la personne de la personne, qui cree des distances imposees par les systemes qui s'assurent la dominance. Cette misere et frustration se manifeste dans l'evantail de systemes de repression, qui sont les maitres de creer des distances brutales, mortelles aussi. A l'autre bout de ces realites tragiques de la condition humaine, il y a les distances subtiles, qui existent entre personnes meme quand toutes les intentions sont bonnes: les malentendus, les disputes, les "mais non, ce n'est pas ce que je voulais dire", les "tu ne m'entends pas", et la solitude et isolation, donc, la distance que ces malheurs dans la communication savent creer, que le monde du theatre, et de la litterature sait explorer, partager, essaie de comprendre, d'en resoudre ses mysteres. Les anciens dramaturges grecs Aeschylus, Sophocle, et Euripides, seraient probablement ne pas trop surpris de constater que le monde du XXIeme siecle n'arrive pas a resoudre le mystere des distances qui nous separent, en fait, on a fort l'impression, que les choses dans ce sens ne s'ameliorent guere.  Mais, je trouve que cela vaut l'effort, et dans mon cas, comme personne qui se sent en exile culturel permanent, le lien avec la Kabylie, ou vit mon coeur de poete,  -depuis mon introduction a son ample esprit en 2017, grace a une amie francaise - kabyle de mes annees d'etude universitaires en litterature espagnole et latine - americaine au Texas - Le coeur ouvert de la Kabylie, qui a survenu et continue de surmonter des defis qui remontent des milliers d'annees, et me donne la chance d'effacer avec espoir et courage, cette ligne tetue des distances qui separent, qui font souffrir, qui tuent lentement, cruellement, le souffle qui reve de la chance d'etre libre, soi - meme. La distance qui souvent est tres difficile de traverser, on la vit dans le silence des defis de tous les jours, quand on sourit, pour cacher la larme qui cherche a s'echapper, quand on raconte une blague pour couvrir une blessure au coeur invisible. La distance, celle qui fait hesiter les mots qu'on choisit, celle qui nous fait sentir seule, entouree de personnes bien intentionnees, celle qui nous met ce manteau lourd de se sentir impuissant, et qui nous fait vivre dans le monde interieur de notre etre, et que la nuit le monde de nos reves essaie de nous aider de briser son mur epais, impitoyable. Ce poeme j'ai ecrit en anglais, et je l'ai apres traduit en francais, et je le dedie au coeur chaud de la Kabylie. Ce poeme decrit les images vues, dans mon  reve il y a 2 nuits, ou je me trouvais encore dans le monde des distances, seule, marchant a pied, dans un monde qui ne me voit pas, un monde de distances si longuement vecues, tolerees, que cela me suprend parfois, que j'ai encore mon image qui se reflete dans le miroir, quand je me retrouve encore de ce cote de la realite, et quand je retrouve le sourire, pensant a cet article pour ma famille de coeur, pour mon collegue d'Aokas, et mes pensees que je peux vous envoyer, sur le sentier long, beau vers l'acceuil qui voit, qui comprend, de votre esprit ancien, resistant, qui chaque jour aussi se bat contre la distance dans toutes ses formes interminables, et qui reverbere dans la force de vos chansons, de la lumiere qui brille dans vos yeux tolerants:

In the Land of Shadows 


In the land of shadows, no one knows your name. In the land of shadows, it does not matter, because no one knows from where you came. 

In the land of shadows, everything is a game. The only rule is to play with enough courage to see the night close its curtain, to make way for the breaking of the spell with the call of the dawn's loud yell.

In the land of shadows, I walk alone. All paths are circles, drawn by the visions of a clan of wizards, banned from the gates of time. 

In the land of shadows, I walk in silence, but everything there is music, traffic, people's echos, as they smile, dance, in towns and villages, where they gather, and I see them, looking back at me, as my own shadow folds its colors into the rhythm of their voices, as they fade in the sun's breath and fire. 

*****    *     *****


Au Pays des Ombres


Au pays des ombres, personne ne sait ton nom. Au pays des ombres, cela ne fait rien, car personne ne sait d'ou tu viens. 

Au pays des ombres, tout est un jeu. La seule regle est de jouer avec assez de courage de voir la nuit fermer le rideau, pour ceder sa place a la fin du sortilege qu'annonce le cri fort de l'aube. 

Au pays des ombres, je marche seule. Tous les chemins sont des cercles, que dessinent les visons du clan de chamans bannis des portails du temps. 

Au pays des ombres, je marche en silence, mais tout autour est de la musique, circulation, echos de personnes, qui sourient, qui dansent, dans des villes, dans des villages, ou elles se reunissent et me regardent, et mon ombre a moi se plie les couleurs dans le rythme de leurs voix, et ils disparaissent dans le souffle de feu du soleil. 

Trudi Ralston 


"The most important days in a life are the day you are born, and the day you figure out why." -  Mark Twain (1835 - 1910): "Les jours les plus importants dans une vie sont le jour qu'on nait, et le jour qu'on en decouvre la raison." 

Friday, November 21, 2025

Un Dynamisme Rassurant: Le Monde Complexe du Portrait "Cherif" de Nacer Amari - dans la serie "Au Carrefour des Rencontres"

              Il y a un lien historique intime entre le monde de la portraiture dans la peinture et dans la photographie, qui unit ces deux expressions du monde des arts visuels de facon incontestable, durable. Pour toutes les evidences que la portraiture est l'art qui documente le va et vient de rois et empereurs, de personnes fameuses qui font le defile de l'histoire de la terre, il y a autant d'evidence qu'elle sauvegarde la vie quotidienne du peuple, leur signature aussi riche et importante quant au heritage des cultures et leur temoignage des civilisations et leur passage. Le mouvement du realisme comme esthetique qui continue d'influencer les arts visuels exprime cette passion de la portraiture envers la diversite des peuples de la terre. L'expressionnisme et le surrealisme voient une renaissance de nos jours, un fait que j'explore dans plusieurs des articles de mes livres sur l'importance de la photographie et sa portraiture de l'artiste visuel d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie. Son dernier portrait en noir et blanc du 16 novembre 2025, "Cherif" est un poignant exemple du style realiste, et evoque un sens fort aussi de nostalgie expressionniste, dans la sensation que cree ce portrait d'une peinture a l'huile, pour savoir creer l'effet de couches epaisses qui s'entre - unissent, d'ombre et lumiere, qui ajoutent grandement au dynamisme et rythme lineaire du tableau. C'est un trait en fait, du monde de la peinture a l'huile, de savoir creer des nuances riches en couches, grace a la qualite de la peinture qui permet une flexibilite grande au pinceau et ses variants en taille, en poils d'animal ou synthetique qu'utilise l'artiste, une technique qui remonte loin dans l'histoire, comme on va apprendre sur cette excursion que nous mene ce portrait kabyle. La peinture a l'huile est depuis des siecles la technique la plus commune, qui favorisait utiliser les panneaux de bois, et aussi depuis le XVIeme siecle, la toile et les plaques de cuivre. Les peintures les plus anciennes faites a l'huile datent du VIIeme siecle, de c. 650 A.D., et etaient crees par des artistes bouddhistes de Bamiyan, en Aghanistan, au meme site des statues geantes de Buddhas, sur la route du peuplement historique de Bamiyan, qui est sur la fameuse Route de la Soie de l'Asie, qui s'etendeait 6,400 km a partir du second siecle B.C. jusqu'au milieu du XVeme siecle A.D., et qui etait un reseau de routes de commerce qui par voie terrestre et maritime unifiait l'Asie Centrale, et du Sud, Est et Sud - est et Sud - ouest, et l'Asie de l'Ouest ainsi que l'Afrique de l'Ouest et de l'Est, ainsi que l'Europe du Sud, et qui entre autre, fournissait les soies pour les habits de la pharaoh Cleopatre (69 B.C. - 30 B.C.). La Route de la Soie, et leurs legendaires villes historiques de Samarkand, qui se trouve en Uzbekistan, et est protegee depuis 2001 par l'UNESCO comme patrimoine de l'heritage mondial, et d'Isfahan, qui se trouve en Iran, et de qui sa grande place est parmi les plus grandes dans le monde, et fait aussi partie du heritage sous protection de l'UNESCO, l'Organisation des Nations Unies pour l'education, la science et la culture, cree en 1945). Samarkand et Isfahan sont fameuses pour leur architecture exquise et leurs caravanserai de soie, or, chevaux, chameaux, de miel, vin, parfums. Ces caravanserai, qui devaient faire face aux dangers de bandits et du desert immense Karakum, qui couvre une region de 350,000km2, en Asie Centrale au pays de Turkmenistan. Les conditions climatiques du desert de l'Asie Centrale, ont assurees que les statues et les peintures a l'huile et leurs couleurs se sont conservees pour pres de 1500 ans, ce qui est un fait interessant quant a l'histoire de la peinture a l'huile comme technique, car ce ne serait qu'au XVIeme siecle que ce style arriverait en Europe, et ce style continue d'etre important dans le monde de la peinture contemporaine. Dans ce monde, le type de l'huile utilisee et des pinceaux, varient selon l'effet que veut exprimer le peintre. Les huiles siccatives dans la peinture a l'huile inclurent l'huile de lin, l'huile de noix, l'huile de pavot, et l'huile de carthame. La peinture a l'huile seche par le processus de l'oxydation et ne pas l'evaporation, ce qui fait que les peintures ainsi crees sont seches en environ deux semaines, dependant des couleurs utilisees, et une fois seche, la peinture est protegee par une couche de vernis, qui ajoute aussi un effet de luminosite. Il y a aussi des artistes qui choisissent de ne pas utiliser le vernis, pour eliminer un effet brillant, lis. Je me rappelle les peintures a l'huile du peintre expressionniste flamand Raoul Van den Heede (1924 - 1999), ami de mon pere, qui preferait des couches bien epaisses pour ses portraits et nature mortes, ce qui leur donnait un effet de bas - reliefs, et une energie intense, qui etait en parfaite harmonie avec le temperament rebelle du mouvement de l'expressionnisme. Un des artistes qui etait parmi la vangarde de ce style des couches epaisses, etait le peintre de la renaissance italienne, Giovanni Bellini (1430 - 1516). C'est cette qualite "impasto" - qui est le mot italien qui veut dire "comme une pate" - des couches epaisses, qui augmentent le sens de dynamisme qui se reflete dans le style du portrait "Cherif" du photographe Nacer  Amari. C'est un effet ingenieux de ce portrait, qui presente une inversion interessante, qui nous dirige du monde exterieur du protagoniste et son temperament bohemien, vers le monde interieur complexe et ses subterfuges et ses inferences voilees, qui lui donnent une aura de mystere, d'intrigue. Ce portrait rappelle aussi la technique du monde de la renaissance, et du baroque, ou le pinceau de la peinture a l'huile s'utilise pour creer une surface luisante, avec l'aide d'une couche de vernis qui permet que la lumiere penetre totalement cette couche, comme l'effet dans "Cherif", ou la lumiere sur les joues, les lunettes et le collier du protagoniste donne l'impression d'une peinture a l'huile, et cet effet le photographe sait augmenter encore, avec l'application geniale des ombres foncees, veloutees des bras, du shirt et de l'arriere plan. Ce contraste entre lumiere luisante, et lignes foncees, entre lumiere qui reflete, et lumiere qui dessine, dans le contour du visage, de la moustache et de la barbe. Les doigts des mains jointes au centre du portrait, sont un point de calme dans le dynamisme sur, interieur de ce portrait, comme le chapeau festif, que le protagoniste porte comme la coiffure d'un chef de tribu important. Tout de ce portrait kabyle parle d'un protagoniste intrigant, avec une vue complexe, ample du monde qui lui entoure. Ce portrait me rappelle aussi les portraits realistes du peintre bresilien d'Intu, Jose Ferraz de Almeida, Junior (1850 -1899), qui aimait faire des portraits du peuple de la region de Sao Paulo, le peuple Caipira, qui sont une culture d'origine portuguese - espagnole, equivalent au cowboys de l'Ouest des Etats Unis, et au gauchos des pampas de l'Argentine, qui travaillaient avec des chevaux dans le monde du betail et ses commerces, et etaient vu avec un certain mepris par les colons aristocrates, comme ceux qui faisaient leurs fortunes des plantations de cafe, et les proprietaires desquels Jose Ferraz de Almeida, Jr. ferait pas mal de portraits, comme artiste bresilien qui avait recu une partie de son education dans les arts a Paris dans les annees de 1876 - 1882, avec l'aide financiere du dernier empereur bresilien, Pedro II (1835 - 1891), qui regneait de 1831 - 1889, quand l'empire bresilien serait apres son abdication forcee, aboli. Pedro II etait connu pour son respect pour les droits humains, pour l'abolition de l'esclavage en Bresil, et pour son sens de justice et son interet dans le monde des arts et de la culture. Son interet de la part du peintre Jose Ferraz de Almeida, Jr. dans le monde des classes populaires, n'a pas ete contrariee par les classes aristocrates dans cette ambiance politique - economique de tolerance sous le regime inclusif de Pedro II. Ses portraits de cette epoque creative de portraits populaires faits d'hommes et femmes dans le va et vient de la vie quotidienne, ont une ambiance de grande authenticite, de profondeur artistique et d'interet social - historique qui donne une idee du Bresil de la region de Sao Paulo vers la fin de l'ere imperiale. Le monde de la peinture a l'huile est riche en couleurs et nuances en lumiere, en lignes qui unissent l'ombre a cette lumiere, et dans cette expression la peinture, l'huile, la voile, ou le panneau de bois, le pinceau, le vernis, tous jouent leur role, dans le processus par excellence pour creer des peintures de qui leur technique a su inspirer Leonardo da Vinci (1452 - 1519), comme son portrait de la "Mona Lisa", aussi connu comme "La Gioconda", et est le portrait fait entre 1503 -1506, de Lisa del Giocondo, l'epouse d'un marchand opulent de soie en Florence. Le pinceau le plus notable, est celui fait des poils de la belette de Siberie, qui a le trait avantageux de la souplesse et de "la bonne memoire", qui dans le monde des outils des arts se refere a la qualite du pinceau aux poils de martre de retourner a sa forme originale apres son application sur la toile ou le panneau. Ce trait les peintres l'appellent le craquement du pinceau, ou "a brush's snap", en anglais comme je l'ai trouvee dans l'information sur ce pinceau. Interessant de noter aussi, que les peintures a l'huile etaient faites sur des panneaux de bois, parceque le bois permet rendre visible les plus fins details, et pour cette raison, les miniatures a la peinture a l'huile etaient, et sont faites encore par certains artistes, sur le bois. Le desavantage du bois comme surface d'une peinture a l'huile, est que sa rigueur le rend plus difficile pour le transport, et si ne pas maintenu dans des conditions optimales, le panneau peut causer des craquelures et la deformation, et les panneaux de bois sont aussi plus chers et plus lourds que la toile. La toile, comme surface, fut introduite par les peintres italiens, et reste depuis son introduction au XVIeme siecle, la surface la plus populaire pour cette technique. Ensemble avec le bois, les plaques de cuivre aussi etaient populaires. Il y a une attraction decisive dans le style et la technique de la peinture a l'huile, qui permet que tous les elements de lumiere - ombre, de lignes et leurs nuances, rythmes, ennergies, savent s'exprimer avec une grande degre de precision et subtilite, ou le pinceau, selon sa forme et taille, sait varier l'ambiance de la peinture, ses couleurs, son esprit, avec surprenante sensibilite affective - visuelle. Cette grande flexibilite entre peinture, pinceau, peintre, matiere, couleurs, fait que la peinture a l'huile reste a la vangarde de ce monde autant aujourd'hui, que dans le monde de Leonardo da Vinci d'il y a 500 ans, et dans l'heritage unique des peintures murales de 650 A.D. de Bamiyan en Afghanistan. La peinture a l'huile se sent a l'aise autant dans le monde de la renaissance, que l'univers du baroque, de l'expressionnisme et du surrealisme et ses resurgences, et dans le monde du realisme, de l'impressionnisme, de la photographie qui elle, a ses propres signatures dans la resurgence contemporaine de ces mouvements artistiques. Le portrait realiste "Cherif' du photographe portraitiste Nacer Amari de Tassi Photographie, est un exemple convainquant des traits de la peinture a l'huile qu'il a su y suggerer avec finesse, avec intelligence, pour y etaler tous les elements que sa vision sait inclure dans l'imagination du spectateur, de nous emmener dans le monde riche, inclusif, subtilement avant - garde, rebelle, fier, confiant de ses protagonistes kabyles. 

Trudi Ralston  


La recherche sur le monde de la peinture a l'huile et ses materiaux et ses antecedents et techniques, ainsi que l'information sur le polymathe italien Leonardo da Vinci (1452 - 1519) et le peintre bresilien Jose Ferraz de Almeida, Jr. (1850 - 1899), courtoisie de Wikipedia.