Tuesday, November 19, 2024

Faire Plier Quelqu'un du Regard: Le Savoir - Faire Artistique de "Smail, l'Ancien" de Nacer Amari - dans la serie "Les Blessures de Chiron"

              La photographie comme art qui occupe une presence centrale dans le monde chaotique du XXIieme siecle, a une histoire unique, de l'evolution de sa revolution technologique et ses expressions dans la portraiture et le journalisme vers la declaration d'etre une egale a cote de la peinture, et de se voir inclus dans les mouvements avant - gardes du modernisme de la fin du XIXieme et la premiere moitie du XXieme siecle. Cette inclusion de la photographie comme art noble, egale fut grace aux efforts du Mouvement de la Photo - Secession de grande influence, de la part de photographes comme Edward Steichen (1879 - 1973), de naissance luxembourgeois. Pour lui, la photographie avait une valeur egale aux autres arts visuels, capable d'exprimer les influences des mouvements modernistes et leurs sensibilites, du surrealisme et de l'expressionnisme d'egale mesure que la peinture, la sculpture, le theatre, de qui leurs elements dramatiques il savait incorporer dans ses portraits arretants. Le modernisme reste une influence dans le monde des arts visuels, qui de nos jours trouve une re - interpretation dans les mouvements du neo - baroque, et son jumeau, le neo - expressionisme, et ces modulations donnent la chance a la photographie de rendre visible les angoisses, les espoirs, les passions de nos jours. A travers sa transition du courage et esprit audace des photo - journalistes de la fin du XIXieme siecle, qui etaient et restent temoins des turbulences des grands mouvements socio - politiques qu'allait marquer la transition du XIXieme au XXieme siecles dans l'impacte global du communisme, du socialisme, des droits des ouvriers, suite de la Revolution Industrielle et ses spasmes qui continuent de nos jours, et du colonialisme et son hertiage douteux du neo - colonialisme, la photographie savait documenter, et le continue de faire, les grandes tumultes modernes et post - modernes de l'anthropocene, qui est dit d'avoir commencee au debut de la Revolution Neolithique, il y a entre 12,000 et 15,000 ans, ou, selon le biologue Eugene F. Stoermer, aussi recent que les annees 1960, pour ainsi le definir non seulement comme une ere geologique - historique, mais aussi sociologique - politique, et le compromis fut de definir le debut de l'antropocene vers l'annee 1850, donc, le debut de la Revolution Industrielle. Il y a toute une liste impressionnante de photographes contemporains, de qui j'ai exploree leur importance dans plusieurs de mes livres et leurs articles dedies a la photographie de l'artiste kabyle d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie.  Ces photographes valent mentionner ici, pour le fait que sous influence du modernsime, leur vision artistique allait se lier a un interet vif et sincer dans la condition humaine, comme les portraits de la photographe americaine, Dorothea Lange (1895 - 1965), qui documentait la misere des familles victimes de la pauvrete des annees 1930, suite de la Grande Depression globale, encore rendue plus aigue et dechirante a travers l'indifference totale du gouvernement des Etats Unis. Cet heritage de la conscience sociale de la part des photographes continue de nos jours dans les portraits de photographes comme Steve McCurry (1950), et l'heritage impressionnant de ses portraits du photographe de Mali, Seydou Keita (1921 - 2001), laisserait un tresor de negatives, plus de 10,000, qui expriment un sens de formalite et intimite tout en un. Les portraits de Bruce Gilden (1946), de Brooklyn aux Etats Unis, evoque dans son art un sens de proximite qui se parait une confrontation, et montre une appreciation pour l'expressionnisme, comme l'art du photographe americain de la Californie, Dan Winters (1952), de qui ses portraits montrent une predilection pour le surrealisme, comme dans ses portraits de l'acteur Ryan Gosling. La philosophie artistique de Dan Winters, est que "Il est important comme artistes de rester fidel au chemin sur lequel on se trouve... De se concentrer sur notre voix, notre vision. De faire des images honnetes qui sont liees a l'humanite." Ses portraits, comme ceux faits des acteurs de la serie apocalyptique americaine "The Walking Dead" (Le Mort qui Marche) de 2010 -2022, d'entre autre de Norman Reedus, qui joue le role du populaire Daryl Dixon, montrent une intensite sombre sur des fonds austeres. Le photographe William Klein (1926 - 2022) qui depuis 1948 allait vivre et travailler a Paris, disait de sa vocation: "Les reglements de la photographie ne m'interessent pas, je me trouve en dehors de ca.", indiquant son esprit rebelle. Un autre photographe important de Mali, Malick Sidibe (1936 - 2016) connu pour etre "L'Oeil de Bamako" etablit une renommee pour ses portraits de jeunes de la capitale dans les annees 1950 - 1970, voyait dans "Chaque visage tout un monde." 

             Un portrait en noir et blanc du 12 novembre 2024 de la part du photographe Nacer Amari, "Smail, l'Ancien" est une belle synthese de la portraiture postmoderne, et son savoir - faire artistique qui cherche et reussit de communiquer la condition humaine, ses enigmes, ses defis. Ce portrait exprime une energie qui se concentre, dans la lumiere concentree du regard arretant de son protagoniste. Un regard en fait, qui sait plier quelqu'un avec sa franchise nullement intimidable. Smail le protagoniste, montre une confiance de guerrier, et rappelle leur regard. Son regard me rappelle celui des chefs de tribus amerindiens, des cultures qui allaient souffrir tant sous les invasions sur leurs terres des colons anglais de qui serait apres les Etats Unis, et des colons francais dans ce qui serait apres le Canada, et de la part des colons espagnols, dans les terres des pays aujourd'hui du Mexique, de l'Amerique Centrale, et de l'Amerique du Sud, ou le Bresil et ses cultures amerindiennes tomberaient victimes aux colons portugues. Le regard dans les portraits faits par un des photographes les plus fameux des peuples amerindiens a l'epoque de la tragedie du genocide systematique de leurs cultures, Edward S. Curtis (1868 - 1952) me revisite voyant le regard intense, dominant par une confiance inalterable, qu'emane du visage de "Smail, l'Ancien". En 1898, Curtis recevrait le grand prix avec 3 de ses images de personnes ameindiennes de la region du Pacifique Nord - Ouest ou je vis, dans une exposition photographique donnee par la magazine National Geographic. En 1899, il devient le photographe officiel de l'Expedition Harriman dans l'etat d'Alaska, et en 1890, il recoit une invitation de joindre une expedition pour faire des photos du peuple ameridien des tribus Blackfoot dans l'etat nord du pays, Montana. En 1906, le photographe Edward S. Curtis recoit un travail de faire une serie de photos sur les peuples ameridiens des Etats Unis, et ceci allait donner 20 volumes de 1500 photos, un travail qui allait lui prendre 20 ans. Curtis etait aussi ethnologue, et faisait plus de 10,000 enrigistrements de leurs langues et leur musique. Il faisait plus de 40,000 images de membres de 80 differentes tribus. Apres sa mort, en 1973, son oeuvre etait le sujet du Festival d'Arles en France en 1973. Le regard des chefs de tribus dans les portraits leur faits par Edward S. Curtis sont chacun un univers en soi, ou est visible un melange de sagesse, de resistance, de spiritualite comprehensive, envers la tragedie de leurs cultures, si riches en mythologie, en comprehension profonde de la nature et ses phenomenes, detruits par les horreurs du colonialisme et ses arrogances malevolentes. Aux Etats Unis, des 500 tribus, moins de 300 allaient survivre, et voir leurs terres reduites a une fraction, des reserves leurs forcees d'accepter dans les regions les moins fertiles, les plus isolees. Conscients de ce destin tragique, de qui leurs effets desastreux continuent de hanter les peuples ameridiens des Etats Unis, les portraits montrent une dignite, un sang froid, une force physique et mentale, qui continue de fasciner les photographes contemporains. Cette resistance spirituelle et physique, est au centre de la renaissance culturelle, linguistique et sociale que montrent aujourd'hui les tribus ameridiens du pays, a travers un mouvement de revitaliser leurs cultures et briser les murs de la pauvrete, de l'isolation, de manque d'opportunites pour l'education et l'egalite legale et sociale pour les jeunes des reserves amerindiens des chefs contemporains, et de leurs familles. Le portrait "Smail, l'Ancien" du photographe kabyle Nacer Amari evoque d'egale mesure cette fierte identitaire a travers le regard imposant, ou il y a un melange de confiance et un soupcon d'amusement, venu d'une determination resolue de ne jamais etre une victime, dans aucune situation, ce qui est exactement l'esprit du guerrier, du guerrier qui connait l'histoire, soit il ameridien ou berbere. Ce portrait "Smail, l'Ancien" sait ainsi communiquer une immense sympathie et respect envers sa personne. Le photographe Nacer Amari exprime aussi une philosophie artistique qui s'approche au realisme des portraits amerindiens comme ceux faits par Edward S. Curtis. Ceci dans une decision radicale, de briser avec le code moderniste, et de retourner a un realisme dans la photographie, qui ne veut plus s'exprimer a travers les visions du surrealisme surtout, qui etait une passion dans les portraits de photographes contemporains connus comme Nadav Kander (1961), qui avec une sincerite suivait le but de ses portraits: "Reveler en meme temps que cacher. Sans gene, et timide en meme temps. Aise et malaise. Beaute et destruction. Les contradictions sont visibles dans tout mon art; une enquete dans ce que ca veut dire, etre humain." Ses portraits sont un melange de traits surrealistes, a travers des elements visuels theatrales, qui s'unissent au visage et corps des protagonistes, pour creer un effet de peintures surrealistes, ou le reel et l'imaginee se rencontrent, comme dans les peintures en portrait du peintre surrealiste belge Rene Margritte (1898 - 1967). Le retour au realisme a des raisons profonds: apres l'optimisme des annees 1950 jusqu'a la fin des annees 1990, se voit depuis evaporer dans les angoisses et turbulences croissantes des dernieres decennies, qui voient une explosion de guerres civiles, de geurres d'agression neo - coloniales, de l'inquietude exponentielle de l'impacte du changement du climat de la terre et leur consequence troublante de la frequence et de l'intensite dramatique de secheresses, d'inondations, de famines, de la pauvrete, de l'inegalite entre les pauvres et les riches d'une proportion inverse, ou les riches deviennent scandaleusement riches, et les pauvres des pays deja marginalises, chaque fois plus proche au desespoir, a l'abus de la part de la machine agraire - industrielle globale. L'art de la portraiture de photographes comme l'americaine Diane Arbus (1923 - 1971), qui documentait avec franchise desarmante les communautes les plus marginalisees du pays, qu'elle voulait rendre visible et leur celebrer le droit a une voix, a la dignite, a la visibilite. Elle meme se trouverait marginalisee, et victime du suicide apres une bataille courageuse avec la depression, qui lui trouvait souvent paralysee, epuisee, et troublee avec cet enigme qui lui enlevait sa passion pour la photographie et la condition humaine dans ses expressions les plus contradictoires et difficiles. Une collegue contemporaine de Diane Arbus, la photographe americaine Mary Ellen Mark (1940 - 2015), chercheait aussi de documenter dans ses portraits les personnes meprisees par la societe, a travers sa vision claire, honnete et charitable. La liste ne serait pas complete, sans mentionner au photographe anglais, Jimmy Nelson (1967), qui voyage le monde pour documenter a travers ses portraits deja 35 cultures indigenes sous menace de la disparition, dans un effort de preserver l'heritage de leurs traditions uniques, face a l'invasion et ses agressions des industries globales. Le regard dans le monde de la portraiture est souvent une fenetre qui donne entree au monde interieur de la part de ses protagonistes, et non seulement une vue, d'une fenetre qui nous invite a la chambre de l'ame, du coeur que le photographe nous ouvre. Le regard, comme dans le portrait en noir et blanc "Smail, l'Ancien" de Nacer Amari, est aussi une arme spirituelle, intellectuelle, qui indique le caractere resistant du protagoniste. On dit que les yeux sont l'entree vers l'ame d'une personne, son essence, sa verite. Le regard guerrier de "Smail, l'Ancien" nous laisse savoir que Smail est une personne qui ne bouge pas de ses convictions, des conclusions de ses experiences, de ses apercus de la nature humaine, et il y a aussi visible dans son regard une tolerance, lui permis par un sens de l'humour precis, un sens de l'humour qui accompagne une personne qui comprend bien les hauts et les bas de la vie. Oui, "Smail, l'Ancien" sait faire plier le spectateur de son portrait du regard interrogateur, entendu, en en meme temps c'est un regard de profondeur, de tolerance aussi, mais une tolerance informee, qui refuse renoncer sa volonte, qui sauvegarde sa personne de toute possibilite de se trouver victime, ne pas en charge de sa vie. Ce portrait kabyle "Smail, l'Ancien" est une representation arretante de l'esprit guerrier, et le photographe a reussi de le nous presenter de facon contemporaine, dans l'esprit du realisme, un regard intemporel qui exprime une admiration de la resistance, de la decision de rester libre, ne jamais soumis. 

Trudi Ralston


La recherche sur le sujet de la portraiture dans la photographie contemporaine, et son importance comme expression artistique, courtoisie de Wikipedia et l'article dans The Independent Photographer, "The Best Photographers of All Time" by Elizabeth Kahn, du 15 mai 2024. 


Friday, November 15, 2024

La Ruse de la Clef Perdue: dans la serie "L'Hurlement des Loups du Midi" dediee a Nacer Amari

             Apres plusieurs jours de pluie torrentiale, les meteorologues ici avaient prevu un jour de soleil pour Olympia, mais en fait, un brouillard dense s'est repandu dans tout le voisinage. Le brouillard etait tres commun en automne et hiver, en Flandes, ou je suis nee et ou j'ai grandie, avec des consequences tragiques pour une de mes cousines, qui y a trouvee la mort dans un accident de la route, quand elle etait une jeune femme recemment mariee, une tragedie que laisserait a son mari jeune veuf, et sans maman a son jeune fils de juste un ans. Le brouillard donne cette impression d'incertitude, de pressentiment, de l'ombre du mystere, de l'inconnu, pour le fait que ce phenomene metereologique obsure la vision des personnes qui s'y trouvent, et essaient de se trouver le chemin sur des routes avant connus, familiers. Le brouillard, reel et concret comme il est, evoque aussi des images du monde de la fantaisie, de magiciens anciens et leurs incantations, comme ceux du legendaire Myrddin, parfois mieux connu sous le nom de Merlin, et le mythe du roi Arthur britannique au XIIieme siecle, decrits par l'auteur pseudo - historique Geoffrey de Monmouth (c. 1095 - c. 1155), et apres par le poete francais Robert de Boron au XIIIieme siecle. Dans la poesie du Pays de Galles, Myrddin etait un troubadour qui avait perdue la raison apres avoir ete temoin des horreurs de la guerre, et qui avait fui le monde pour aller vivre comme un sage sauvage, au VIieme siecle: son nom est dit de se traduire comme "homme sauvage." A travers les siecles et a partir surtout de la renaissance, jusqu'a aujourd'hui, la legende du roi Arthur et son magicien Myrddin, ou Merlin, continue comme un theme de fantaisie pseudo - historique populaire, pour symboliser "la lutte entre la connaissance et le pouvoir" au centre du conflit existentiel, que la connaissance de la magie essaie de maintenir en equilibre precaire. Les arts dans toutes ses formes, et ses interpretes que sont les artistes du monde, se trouvent presque toujours au milieu de cette lutte, et dans ce monde, les arts de la litterature, du theatre, ensemble avec les arts visuels, comme la photographie, la peinture, la sculpture, se rencontrent au carrefour de la confluence du pouvoir de l'image et du mot, ils se nourissent mutuellement, et se renforcent, quand les circonstances socio - politiques essaient de limiter ou les images, ou les mots, ou les deux. Les images deviennent alors les melodies des notes que sont symboliquement les mots sous stress de se trouver ne plus permis, ne plus compris de suite, et les mots a leur tour, donnent la voix aux images de la pantomime quand elle se trouve privee de son violon, quand les bruits des illusions et leur violences ne  tolerent plus aux arts le dialogue, le partage de points de vue divergents. La langue dans ce sens, est une interpretation de l'image, car, les premieres langues, en fait, etaient pictographes: "picto", donc "image", et "graphe", donc "mot ecrit". La voix et l'image s'unissent ainsi depuis, et deviennent les rebelles par excellence, qui communiquent les secrets de la langue, et ce qu'elle veut laisser comme heritage de la part de la conscience des artistes, qui comme le magicien Myrddin, se trouvent bien souvent dans cette espace vaste, acueillante mais difficile a naviguer, une fois que le monde et ses hypocrisies et prejuges les y apercoit si a l'aise. Le travail que je fait avec mes broderies de fils metalliques de couleurs brillantes, a base de photos, depuis 2007, et depuis 2019, a base des photos du photographe kabyle Nacer Amari, me permettent la chance de comprendre que les fils qui unissent mes images mis sur le tissu, les images de fleurs, me parlent, comme un recit qui interprete et accompagne la photo. L'image se fait de lignes qui se rencontrent, comme le mot se fait de lignes de voyelles et consonnants qui se rencontrent. Le monde de l'art avant - garde cherche a re - construire ou de - construire l'image, le mot, pour apres le re - assembler et donner ainsi une nouvelle interpretation de la realite, de la facon que l'artiste voit et sent cette realite, dela les mouvements litteraires - artistiques a travers les millenia et les siecles, qui tel un eventail etalent ses visions, ses luttes, ses triomphes, ses agonies, sur le rythme des revolutions, des guerres, des avances, des inventions, des cataclysmes que sont l'histoire de la planete. Les arts sur cette scene de theatre ancienne et contemporaine, se voient dans des costumes differents, parfois en camoufflage, parfois courageusement visibles, vulnerables, pour trouver une facon de survie pour le besoin de l'expression artistique face au mepris, au malentendu, a l'interdiction, a l'indifference, a l'ignorance, au manque de courage, de la volonte, de la conscience. L'image et le mot sont la clef et la porte, et les arts la ruse astucieuse, qui sait unir les gestes aux voix, et les sauvegarder, avec les moyens disponibles, pour la suivante generation d'artistes. Cette clef, qui plus souvent que non, se voit obligee de faire semblant d'etre perdue, mais qui en fait, ne perd jamais la vue de l'espace immense, intemporelle, et de sa porte grande ouverte que sont les arts face au chaos et ses spasmes cycliques qu'insiste provoquer le monde et ses obsessions materielles. 

             Je pense souvent a ma grandmere paternelle, Celina Dujardin, venue de la France, avec sa famille d'Amiens, comme immigrants en Flandes. Elle etait couturiere, et comme enfant, j'etais fascinee avec les tissus des magasins ou elle faisait ses achats pour ses robes, ses manteaux, qu'elle a cousu pour toute la famille, et ses clients, et avec la grande boite de boutons, de toutes tailles et matieres, qu'elle gardait pres de sa machine a coudre, avec les dessins des patrons qu'elle allait marquer en crayon de craie bleue, et arranger sur les differents tissus avant de les couper et transformer en beaux et elegants vetements. Cette grande boite de boutons, qu'elle choisissait ensemble avec ses clients et clientes, selon la couleur et la qualite du tissu, avait des boutons pour les blouses en soie, les tailleurs en laine, les manteaux d'ete, d'hiver, les robes et jupes en couleurs vives, ou pales. C'etait tout un monde. Je pense maintenant au symbolisme de ces boutons, comme etre les mots du tissu, et le tissu l'image ou les differents boutons trouvaient leur identite, ensemble avec le tissu. Ils se trouvaient toujours, a la fin, dans cette mer de boutons, dans ce tas de tissu soigneusement en plis, dans une variete de couleurs, de tailles, de styles, de textures. Ainsi, l'image et le mot se trouvent, et se retrouvent, toujours, quand la photographie, la peinture, la sculpture, le theatre, s'unissent au mot avec lequel s'exprime la poesie, la chanson, le conte. La ruse de la clef perdue, ce sourire brillant des arts qui unit l'univers de l'image a l'univers du mot, dans cette rencontre qui celebre la joie de la creativite, la liberte et son courage, et l'espoir que donnent l'union de leurs energies, n'importe les forces du mal, qui cherchent a lui fermer la porte de son coeur, de son esprit, de ses interpretes voyants.    

Trudi Ralston   

"L'Art n'est jamais fini, sauf que quand on l'abandonne."-  Leonardo da Vinci (1452 - 1519).

"Tu vis dans mon coeur, ou personne ne te vois, mais moi, je t'y vois. Et c'est cette vision, qui donne naissance a mon art." - Jalal al - Din Muhammad Rumi (1207 - 1273). 

Monday, November 11, 2024

Vers le Centre: L'Energie Confluente dans "Franco, le Routier" de Nacer Amari - dans la serie "Les Blessures de Chiron"

             Rendre visible a travers une image le monde interieur du protagoniste d'un portrait est un vrai talent, qui demande une patience visuelle, de la part de l'artiste, qui navigue le monde de la portraiture dans la photographie, la peinture, et la sculpture. Nacer Amari de Tassi Photographie, sait trouver ce moment precis, ce moment magique, ou le monde exterieur cede au monde interieur dans ses portraits kabyles. Son portrait en noir et blanc du 6 novembre 2024, "Franco, le Routier" est un portrait de magnifiques qualites sculpturales, un trait unique de ses portraits du photographe d'Aokas, que je celebre avec beaucoup d'interet dans une quantite des articles et poemes de mes livres qui se dedient a son art photographique. Ce portrait a cette qualite des bustes romaines connus pour leur realisme, qui en fait continue d'influencer la sculpture en portraits des artistes du XXIeme siecle. Ce qui rend ce portrait "Franco, le Routier" intrigant, est que cette qualite classique de son effet sculptural met au centre l'energie vitale du protagoniste, invite de facon franche et desarmante, au spectateur, au monde interieur de cette personne, qui fait face au monde avec sang - froid et confiance. Cette aura le photographe reussit d'en habiller le protagoniste tel un habit fier, qui renforce le caractere solide qui emane de ce portrait. Les mots du photographe qui donnent le contexte du portrait, sont une synthese riche en nuances, et affirment un savoir faire precis quant a l'appreciation de son protagoniste: "Ah oui, Franco le routier est un collegue de travail. On travaille dans la meme entreprise, lui c'est un chauffeur de camion. Il a traverse toutes les routes du pays, d'est en ouest, du nord au sud. C'est un type genial, trop bavard, mais genereux et sympat. Franco, le libre et surtout l'homme de parole. J'aime son visage serieux et strict qui cache son charme et humanite." Cette comprehension chaleureuse de Franco, permet un apercu en meme temps dans le monde du camionnage du routier, cette personne qui sait maintenir son attitude calme, ancree dans les demandes complexes qu'est la vie sur la route, son appel et ses defis. Depuis mon enfance, je sens une fascination envers la machinerie lourde: les camions, les tracteurs, qui savent ransporter les recoltes, les produits agraires, les produits varies du commerce, a travers de grandes distances, grace a leur poids, et leurs moteurs resistants. Cette fascination a ses origines dans les racines de ma naissance dans un village ouest - flamand, ou dominaient les champs, de ble, de pommes de terre, d'haricots verts, de tomates aussi, et ou en route vers mes lecons de piano et de theorie de la musique, le solfege, ma bicyclette et moi etaient entouree de la vue d'agriculteurs soignant et cultivant leurs champs, le bruit familier de leurs tracteurs, et des camions pleins de vegetales, en route vers les marches locales des villes autour de notre village. Mon pere etait d'une famille de boulangers, qui avaient leur propre moulin a farine et qui etaient des immigrants du cote de sa mere, d'Amiens en France, et un de ses amis avait dans notre village une taverne populaire avec les routiers. Le proprietaire et sa femme, de qui je me rappelle que son nom etait Gisele, une femme energique et positive, avaient tous leurs fils dans la profession de routier, et je me rappelle les gros camions stationnes quand ils revenaient de l'Espagne, avec des contes sur les belles femmes du Sud. Je comprenais a un jeune age deja, que la route voulait dire avonture, exploration, autres cultures. Ces camionneurs etaient des hommes libres, rebelles, et pour cette raison je les trouvais beaux, interessants. C'est dans ces moments de visite a la taverne avec mes parents, en ecoutants les exploits de ces hommes jeunes, avonturiers de la route et ses merveilles et frustrations, que je m'etais decidee que j'allais voyager dans ma vie, que j'allais comprendre le desir de bouger, de decouvrir d'autres horizons, et autres facons de vivre, de comprendre. Le monde des routiers a alors une forte attraction depuis que j'etais tres jeune, que le portrait captivant "Franco, le Routier"du photographe Nacer Amari m'a permis revisiter.  

             Le monde des routiers recoit un interet recemment encore, dans les arts du film, et aussi de la litterature, y compris les livres qui font de la recherche historique autour du sujet des gros camions. Un enseignant americain, Steve Viscelli, a l'Universite de Pennsylvania, dans le nord des Etats Unis, qui pratique les connaissances de son doctorat au Centre de l'Energie de l'universite, a ecrit en 2016 un livre au sujet de l'histoire du camionnage, specifiquement des Etats Unis, une analyse journalistique apparemment "robuste et solide" autour des changements dans cette profession et l'industrie suite de la globalisation et la reduction dans les syndicats et droits des routiers, avec le titre: "Gros Camion: Le Camionnage et le Declin du Reve Americain", avec le titre en anglais, "Big Rig: Trucking and the Decline of the American Dream". Dans le monde du film, il y a 3 films recents qui ont comme sujet la vie du routier, et qui traitent de la solitude, des dangers, et aussi de l'appel de la route dans ce metier qui exerce une attraction incontestable sur l'imagination quant au desir pour la liberte et l'independance professionnelles, et les luttes que ce desir fait affronter les hommes et les femmes qui choisissent cette vie. Le film americain de 2008, "Trucker" ("Routier"), avec les acteurs Michelle Monaghan (1976) et Nathan Fillion (1971) et Benjamin Bratt (1963), raconte la vie d'une jeune femme camionneur, qui choisit l'appel de la route pour eviter sa famille, qui est son jeune fils qu'elle ne connait pas, et son ex - mari, et qui apres la mort de son ex-mari, qui est le pere de son fils, qui a 11 ans maintenant, prend la decision d'accepter la responsabilite du jeune fils, qui creve connaitre a sa mere, cette inconnue qui l'avait abandonnee comme bebe. La mere, jouee par Michelle Monaghan, emmene son jeune fils sur la route, et petit a petit, mere et fils apprennent a apprecier la possibilite d'un lien sincer entre eux et avec la route. Le film de 2022, " The Ice Road", " Le Chemin de Glace" avec l'acteur nord - irlandais Liam Neeson (1952), et les acteurs americains Laurence Fishburne (1961) et Matt McCoy (1958) et l'actrice amerindienne Amber Midthunder (1997),  traite des routiers qui traversent en hiver les lacs de glace des etats nord, comme le North - Dakota des Etats Unis et le Manitoba au Canada, quand les lacs a l'eau congelee deviennent les routes de preference pour les gros camions et leurs poids lourds de machines, entre autres, pour l'exploration des mines de l'Amerique du Nord, pour etre libre de problemes de la circulation comparee aux auto - routes congestionnees. Ceci est tres dangereux, si la glace des lacs que ces gros camions et leurs marchandises lourdes transportent, commence a decongeler, meme un peu. Le film se centre autour des problemes mecaniques de ces routes efficaces mais dangereuses, et reussit de bien transmettre la resistance physique et mentale qu'exige la route de glace de ses camionneurs, qui dans le cas du film, essaient d'arriver a temps avec la machine necessaire, une tete de puits, qui a la fin reussit d'arriver a temps pour sauver et sortir 26 mineurs emmures apres une explosion dans la mine ou ils faisaient des excavations, supposement dans des conditions securisees, qui est aussi un theme du film: que les proprietaires de la mine mettaient en danger les mineurs sans aucune hesitation ou scrupules. Le film americain de 2022, du realisateur americain de naissance de l'Inde, Nardeep Khurmi, "Terre d'Or", qui joue aussi le role d'un des protagoniste du film ensemble avec la jeune actrice mexicaine - americiane Caroline Valencia (2012), Elena dans le film, qui recoit l'aide de Kiran - que joue le realisateur Nardeep Khurmi - quand elle se trouve seule dans la rue, apres que sa famille d'immigrants fut deportee, une forte critique sur l'inhumanite des lois de l'immigration du pays, et part sur la route clandestinement avec Kiran pour essayer de se reunir avec un oncle qu'elle espere lui recrevra dans la ville de Boston dans le nord des Etats Unis. Les 3 films valent la peine les voir et apprecier pour le respect que leur sujet veut communiquer quant a la vie et la profession du routier, et les hauts et les bas de la profession. Le portrait "Franco, le Routier" du photographe kabyle sincer et reflexif Nacer Amari permet une vue fraiche dans la vie des routiers, une vue qui invite le respect, la curiosite qui apprend un nouveau apercu, et qui laisse le spectateur avec une nouvelle appreciation d'une profession qui est au centre d'une industrie qui a facilitee la transition reussie vers le monde de la technologie moderne quant au transport des produits desquels le monde a besoin pour sa nourriture, sa sante, sa mobilite, sa connectivite et sa survie, comme les interruptions dans le commerce du transport local et mondial pendant le chaos de la pandemie du Covid -19, ont rendu tres evidentes.  

Trudi Ralston   


La recherche sur l'interet dans la vie des routiers, et son influence sur les arts, en film et en livre, courtoisie de Wikipedia.  

Monday, November 4, 2024

Une Nostalgie Pro - Active: Le Portrait Pastoral "Ameksa" de Nacer Amari - dans la serie "Les Blessures de Chiron"

              Il y a une chanson pour enfants qui me suit depuis mon adolescence, et qui est liee a une memoire precieuse pastorale. Cette chanson, "La Laine des Moutons", par la chanteuse canadienne, Carmen Campagne (1959 - 2018), est une melodie de danse bourree de la region centrale de la France, appelee Auvergne et Limousin, et la chanson a 6 couplets, de qui leur rythme et melodie restent les memes, avec le seul variant le verbe, qui change de "tondons" a "lavons", "cardons", "filons", "tissons" et "chantons" dans le theme qui est une celebration du soin des moutons. Je me rappelle chanter cette chanson pour un examen dans la classe de musique au lycee, en Flandes, ou je suis nee et ou j'ai grandie, et la sensation de chanter les mots et la sensation de la danse, m'est restee. J'allais a l'ecole en bicyclette, et pres de ma maison, il y avait un paturage avec des agneaux et des moutons, et je m'arretais toujours pour leur dire bonjour, de les caresser, d'ecouter leurs petits cris joyeux, et d'observer leurs sauts amusants. Ce rite heureux et innocent adoucissait la melancholie de mes jours au lycee, qui etait une ecole snob de filles arrogantes, qui aimaient se moquer de mon esprit silent et reflexif, ce qui ajoutait a mon coeur rebelle, qui irritait pas mal de mes professeurs, une rebellie qui se manifestait dans mes essais dans les classes de litterature. Des un jeune age, j'avais une grande envie de connaitre les pays de la Mediterranee, surtout de l'Afrique du Nord. Je n'aurais jamais pu penser qu'un jour, toute une vie plus tard, ce serait la Kabylie, en Algerie, qui allait me redecouvrir et definir mon esprit et son expression litteraire et artistique, allait me permettre de revisiter et guerir, re - vivre de facon cathartique, les experienes de mon enfance et de mon adolescence en Flandes, interrompue sans ceremonies, apres mes annees de secondaire, et mon depart pour les Etats Unis, ou je vis depuis. Ce souvenir de chanter la chanson pastorale pour enfants "La Laine des Moutons" me fut revisitee dans le portrait de son jeune fils Mohand, du photographe kabyle Nacer Amari de Tassi Photographie, un portrait en noir et blanc, au titre en Tifinagh, "Ameksa", qui veut dire "berger". Le portrait du 31 octobre 2024, montre au jeune Mohand, souriant, et se posant sur le symbole universel du berger, la houlette de berger, dans ce geste qui unit la joie et l'innocence de la profession du paturage, qui est une des professions les plus anciennes sur terre, et qui est une vocation generationnelle. Le portrait se concentre sur le symbolisme, en mettant l'enfant au centre, sur un fond lis noir. Cette photo nostalgique permet ainsi de faire une exploration de l'importance historique - culturelle et contemporaine du paturage mondialement. 

              Un berger et une bergere, se defini comme une personne qui prend soin de brebis, donc des moutons ou des chevres, souvent avec l'aide de leur famille. Le soin pastoral que donnent les bergers et bergeres est repandu a travers beaucoup de cultures, de l'Afrique, de l'Asie, de l'Europe, de l'Australie, des Ameriques, et on trouve des evidences de son importance dans la mythologie de l'Asie Mineure d'il y a 6000 ans, ou les moutons et chevres etaient tendus pour leur lait, leur viande, et leur laine. L'archeologue francais Henri Fleisch (1904 - 1985), connu pour son travail dans les langues arabes et de la prehistoire du Liban, pensait que l'industrie neolithique des bergers fut la pratique d'une des premieres cultures des bergers nomades de la vallee Beqaa de l'est du Liban, et remonte a 8000 - 9000 ans. Aujourd'hui, la Vallee Beqaa a 14 vignobles connus pour la qualite de ses vins. Dans beaucoup de societes anciennes, le paturage etait une partie integrale de l'economie, avec les bergers et bergeres qui travaillaient en groupes, soignant ou un grand troupeau individuel, ou chacun apportant leur propre troupeau, pour unifier leurs ressources et les responsabilites du travail. Le paturage etait possible seulement dans certaines regions, car dans les plaines et les vallees fluviales, c'etait beaucoup plus avantageux de cultiver des grains et des cereales, que de permettre le paturage de moutons, et ainsi le paturage de brebis etait confi a des regions escarpees et montagneuses. Avant d'explorer l'histoire du paturage dans des differentes cultures, il vaut nommer les pays ou le paturage est au centre de leur economie agraire, en importance descendante : la Chine, l'Inde, le Pakistan, l'Australie, la Turquie, la Nigeria, le Sudan, l'Algerie, la Mongolie, l'Iran, le Royaume - Uni, l'Ethiopie et le Bangladesh. En plus, certains de ces pays ont la distinction bizarre d'avoir plus de moutons que de personnes: l'Australie, la Nouvelle Zelande, la Mongolie et le Royaume - Uni. En Chine, la pratique du paturage remonte des milliers d'annees, des regions des hauts plateaux du Tibet jusqu'a les vallees fertiles des regions de l'est et du sud du pays. Les dernieres decennies, il y a en Chine un effort de relance de methodes traditionnelles et anciennes du paturage, face aux problemes de l'idustrialisation exponentielle du pays et son urbanisation, un effort de redecouvrir les connaissances generationnelles et leurs sagesses. En Australie, et la Nouvelle Zelande, la pratique du paturage fut introduit pas les colons anglais a travers des colonies punitatives qui importaient sur leurs bateaux des prisonniers et des moutons ensemble, sur des reserves chaque fois plus grandes, qui avec le temps eliminait les bergers en faveurs de paturages enclos, et des patrouilles de perimetre en cheval sur des "stations" immenses dehumanisantes autant pour les travailleurs que les animaux, apres 1880. Suite de la decouverte de l'or dans les annees 1850, beaucoup de bergers quittaient le paturage pour le travail dans les gisements d'or, ce qui causait un manque notable dans l'industrie pastorale, et le resultat fut qu'en New South Wales de l'Australie, 95% des moutons se trouvaient dans des enclos, avec 3,6 millions de kilometres de clotures deja en 1890, et a partir du debut du XXieme siecle, il n'y a plus de bergers a pied dans les paturages du pays, tout est fait par des cavaliers et des eleveurs. Cette attitude de traiter le paturage comme une industrie multi - nationale, ou le profit domine tout, avant le bien - etre des travailleurs et des animaux, est en marquante contraste, avec la philosophie ancienne de pays qui valorisent le paturage comme une culture spirituelle, noble, qui celebre le lien entre les brebis et leurs bergers et bergeres. Dans les pays de l'Afrique, comme le Kenya, et le paturage de la culture Masai, les pays du Maghreb, comme l'Algerie, le Maroc, et  de l'Amerique du SUd, comme au Perou, l'Ecuador, le Chile, le paturage a des dimensions humaines, qui expriment un effort pour garder la connaissance de la profession et son heritage generationnel, surtout quant a la laine de moutons et des chevres, et de garder intact la qualite de cet artisanat, qui jouit d'une renaissance face a l'anonymat et indifference de la machine industrielle - agraire contemporaine et son obsession avec le profit au sacrifice de la qualite et l'art de ses produits. Un cas en particulier est celui de la culture pastorale amerindienne Navjo - Churro de la region du sud - ouest des Etats Unis. La culture Dine des Navajo a une philosophie bien specifique quant au paturage: "Prends soin des moutons, et ils prendront soin de toi a leur tour." Le paturage pour les bergers et bergeres Navajo cherche a vivre une vie d'harmonie, de paix et de beaute. Leurs moutons sont une espece rare et en danger de l'extinction, les moutons Navajo - Churro, qui sont dits d'etre une adaptation des moutons Churra, que les colons espagnols ont apportes en Amerique du Nord au XVIieme siecle. Les moutons Navajo - Churro sont tres bien acclimatises aux conditions du desert de la reserve des Navajo de 1868 qui couvre grandes parties du territoire des etats de Utah, Arizona et New Mexico. Les moutons ont une toison unique double, comparee aux autres especes de moutons, qui en possedent seulement une. Les fibres sont longues, chatoyantes, bas en lanoline - qui est une cire que produisent des animaux qui sont capables de donner de la laine, et qui protege les moutons et chevres, contre la pluie, et qui se fait dans des produits pour la peau humaine et ses soins cosmetiques. Les moutons Navajo - Churro et leur toison se prete aussi tres bien a des teintures organiques. Le resultat est un fil qui est resistant, beau, et que les Navajo font en des tissages traditionnels depuis des siecles. Selon un jeune berger Navajo: "L'histoire est que le peuple Dine saint enlevait les nuages pour construire le corps du mouton, des branches de saule pour les jambes et des cristaux pour les yeux. C'etait juste une statue jusqu'au moment qu'ils lui donnaient le don du souffle. Alors le mouton etait en vie. Le mouton etait silent, donc le peuple lui mettait le tonnerre, et lui donnait un esprit et une voix. C'est ce que je vois quand je regarde les moutons Navajo - Churro. La terrre est sauvage, et ils le sont aussi. Ils ont un esprit unique. On le sent. Ils redonnent la vie a notre terre." Les mots sont de Colby Yazzie, un jeune berger en dehors de Sawhill, dans l'etat d'Arizona, dans une region qui s'appelle "Che' chiltah", qui se traduit comme "Parmi les Chenes". Avec l'aide de sa famille, il a un troupeau de moutons Navajo - Churro. La vie de berger n'est pas evident sur la reserve Navajo, avec la secheresse des dernieres annees, l'isolation qu'impose le paturage dans ses sites eloignees, et l'effet du changement du climat sur les conditions du paturage quant a nourriture pour les moutons, mais les Navajo croient dans la philosophie et son importance de la culture que represente le soin et elevage des moutons Navajo - Churro. 

              En Algerie, la culture Touareg dans le Sud du pays, a une culture pastorale qui elle aussi a un respect ancestral pour les animaux, et qui se voit aussi devoir faire face a un monde ou la machine globale industrielle - agraire essaie d'eliminer les peuples et leurs philsophies de refuser de ceder a l'avarice et l'abandon de l'integrite et l'identite. La vie grandement pastorale des Touareg se voit sous menace par les defis croissants du changement du climat sur terre, qui cause des angoisses autour de la disponibilite de l'eau, de paturage suffisant pour les brebis, et en Mali, la decouverte sur leurs terres des Touareg de l'uranium, de la part de l'entreprise multi - nationale francaise Orano, anterieurement Preva, fait depuis 40 ans des excavations dans leurs mines appropriees, de quantites massives de l'uranium pour l'avantage des industries nucleaires en France, ce qui est une grande injustice envers les Touareg, et qui cause des frictions graves depuis, que la presence militaire du gouvernement de Mali, et de forces francaises, ne fait que rendre plus dangereuse et destructive a travers les annees de conflits. L'explotation miniere de l'uranium sur les terres des Touareg, cause une pollution desastreuse, et la contamination de leurs sources de l'eau, deja sous stress avec les secheresses croissantes que cause le changement du climat global. C'est a Djanet, dans le Sud de l'Algerie, que les Touareg celebrent le Festival Sebiba chaque annee, avec des habitants du Tassili n'Ajjer et des Touareg des pays voisins, pour simuler a travers la danse et les chants, ce festival qui fat honneur a une paix entre eux qui date de 3000 ans et qui est reconnu par l'UNESCO depuis 2014 comme etre un heritage important du patrimoine culturel mondial. Les Touareg adherent a l'Islam Sunni, et la culture pastorale a une place veneree dans l'islam, pour etre un symbole de la communaute et de la famille, ou chaque membre adulte et enfant, doit se voir dans le role de berger, de responsabilite envers autrui. La civilisation de l'ancienne Mesopotamie avait la divinite de Tammuz, connu aussi sous le nom de Dumuzid, qui etait le saint protecteur des bergers. Dumuzid, le Berger, etait celui qui donnait le regal du lait, qui etait rare, et saisonnier, en Sumer, pour le fait que c'etait difficile de garder sans s'abimer. Sous ce titre, Dumuzid etait dit d'etre le 5ieme roi pre - diluvial du cite - etat Bad - tibira, decouvert en 1927. Dans le poeme "Inanna prefere l'Agriculteur", Dumuzid fait la competition avec l'agriculteur Enkimdu pour l'amour de la deesse Innanna et a la fin, il gagne. Inanna est associee avec la procreation, la sensualite, la loi divine, et le pouvoir politique. Son culte a ses origines en Sumer, et apres en Akkadia (2350  B.C. - 2200 B.C.) et en Babylonia, et en Assyrie, ou la deesse etait connu sous le nom d'Ishtar, qui serait Isis en Egypte ancien et Aphrodite en Grece ancienne. Son mari Dumuzid, etait un dieu en Sumer remontant a l'epoque Uruk de c. 4000 B.C. - 3100 B.C.  L'histoire de la culture pastorale est ainsi tres ancienne. Le portrait pastoral de son jeune fils Mohand de la part du photographe kabyle Nacer Amari, "Ameksa", de qui son titre fait hommage a la langue Tifinagh ancienne et contemporaine tout en un des cultures Berberes de l'Afrique du Nord, se presente comme une nostalgie intellectuelle - artistique - historique qui illumine le besoin de maintenir la culture pastorale des peuples qui cherchent de voir la continuation de leurs philosophies et son integration de leurs heritages dans un monde qui cherche en contraste l'abnegation de cultures individuelles et leur dignite, identite, et survie. Le monde de la portraiture dans la peinture a dediee plusieurs oeuvres a la culture pastorale entre autres, un peintre de grande renommee en France, le Royaume - Uni et les Etats Unis, William Adolphe Bouguereau (1825 - 1905), avec sa peinture de 1889, "La Bergere", dans toute une serie de portraits de jeunes bergeres, et le peintre anglais William Roth (1754), son portrait de c.1786, "Jeune Berger avec son Troupeau", et le portrait de l'artiste allemand Hubert Salentin (1822 - 1910) aussi d'un jeune berger. La peinture pastorale etait un element du mouvement du romanticisme dans les arts, et un peintre et ecrivain aussi, qui allait explorer la vie pastorale de l'Algerie, en y faisant plusieurs voyages dans les annees 1840 et encore en 1852, fut Eugene Fromentin (1820 - 1876) qui etait aussi graveur, et etait connu pour la veracite de ses tableaux et leurs couleurs brillantes. Il etait un admirateur des maitres des Flandes et des Pays - Bas, comme Peter Paul Rubens (1577 -1640) et Rembrandt (1606 - 1669), et postulait que "l'Art est l'expression de l'invisible a travers le moyen du visible". Ses oeuvres litteraires inclurent "Visites Artistiques" (1852), "Simples Pelerinages" (1856), "Un Ete dans le Sahara" (1857), "Une Annee dans le Sahel" (1858). Il etait un des premiers intellectuels d'interpreter les cultures de l'Algerie, qui seraient au centre de ses energies artistiques et litteraires, et qu'il documentait avec beaucoup de details, y compris une mission archeologique pendant sa seconde visite du pays. Sa peinture en portrait d'un jeune berger kabyle en cheval de 1861 est parmi son oeuvre abondant sur la vie en Algerie. Il ferait aussi un voyage en Egypte et visitait le Sahara auquel il allait dedier une quantite de peintures, de sujets varies, de portraits en groupe, de paysages, de portraits individuels aussi. Ses peintures continuent d'attirer l'attention des musees aux Etats Unis, ou il y a ses peintures dans le Metropolitan Museum de New York, et au Art Institute de Chicago, et au Musee de l'Art a Milwaukee, dans l'etat de Wisconsin. La vie pastorale est un element integral de la culture des peuples de qui leur histoire remonte des milliers d'annees, et qui souvent ont subi les tourmentes des invasions coloniales et leurs desatreuses influences, qui persistent dans le monde contemporain du neo - colonialisme et son credo de l'avarice comme conviction supreme, qui n'hesite jamais de sacrifier la decence et la moralite au nom de l'imperialisme et ses systemes de dominance. Le romanticisme voit une renaissance dans les arts visuels, a cote d'une relance du neo - baroque, deux mouvements qui expriment une rebellie contre le status - quo du monde, et qui tous les deux sont une critique passionnee de la perte de la spiritualite et integrite morale de la part des geants multi - nationaux qui devorent les ressources de la planete, et cherchent de transformer la terre dans une dizaine d'industries immenses dans les mains de milliardaires et les politiques corruptes qu'ils financent. Le neo - romanticisme dans la portraiture, qui illumine le portrait pastoral "Ameksa" de Nacer Amari, est un appel sincer et idealiste qui exprime a travers l'energie joyeuse de son jeune fils qui se presente comme un jeune berger, pour l'inspiration et le besoin reel, et important de sauvegarder les traditions et heritages liee a la nature, a l'harmonie avec la terrre, ses ressources, ses animaux, et de voir a l'ecologie pastorale - agraire d'un pays comme une expression de son heritage, de ses connaissances, de son histoire, de son caractere unique, et d'etre une facon indispensable de retrouver l'equilibre autant economique que sociale et culturelle pour les peuples envahis par le neant du materialisme abject qui risque d'aneantir ce qui reste de l'integrite humaine.  

Trudi Ralston   


La recherche sur la presence repandue de la culture agraire - pastorale du monde, sur ses antecedents historiques, et sur ses elements mythologiques, son importance et son expression artistique, courtoisie de Wikipedia, et l'article de 2024, de Heath Herring et Leney Breeden "The Navajo - Churro Shepherds", dans Stetson Stories https://blog.stetson.com  

Wednesday, October 30, 2024

Aquarelle: L'Archeologie Fuyante de la Narrative Creative - dans la serie "Les Blessures de Chiron"

             C'est bizarre de le contempler, qu'on passe autant de temps, dans mon cas, en fait plus, dans le monde silent de notre ame et ses espaces et mondes, qu'on le passe en conversations avec les personnes qui nous entourent, de nos familles, de nos amis, dans nos rencontres au travail et sociales. Ce monde interieur, silent, duquel on est le seul d'entendre ses mots, de lui voir les images la nuit sous la forme de nos reves, est immense, quand on le pense et verifie. Pour une personne qui ecrit, comme moi, et tous les ecrivains et poetes du monde, ce monde et ses racines anciennes peut etre autant un refuge acueillant, qu'un labyrinthe de qui on parfois ne voit pas clair ses contradictions structurelles, ses intentions. Dans les moments d'isolation, de solitude rendues plus aigues par l'absence, ce monde de silences me force parfois de l'explorer avec plus de courage, plus de curiosite pour mieux comprendre les sources de ma joie, de mon chagrin, quand ceux me font la visite sans annonce. Pour l'ecrivain et le poete, les mots, leurs consonnants et voyelles, sont comme les notes du musicien, le pinceau du peintre, la perspective de l'appareil - photo du photographe. Ils sont autant puzzle qu'harmonie, paix que tourmente, clarte que obscurite, ordre autant que chaos. Recemment, j'ai revisitee les tresors en images de l'Egypte ancien, de la culture des Maya, et les efforts continus de l'archeologie de rendre hommage a la richesse mythologique et scientifique et artistique de ces cultures. Quand j'etais une jeune adolescente d'une 13 - 14 ans, ce fut l'archeologie qui a attiree mon attention, avant meme la litterature, et la comprehension que l'invention de la photographie et ses techniques, permettait de documenter les explorations de l'archeologie comme jamais avant. La photographie etait, et le reste pour moi, le pont entre le monde des images et le monde des mots: le monde de l'histoire des cultures, et leurs temoignages, leurs triomphes, leurs defis, leurs survie et disparition ultime. L'archeologie demande une patience grande, pour resoudre les mysteres de ses decouvertes, elle nous permet de voyager dans le temps, de comprendre notre monde et ses expressions dans le contexte plus ample des traces nous laissees par nos ancetres. L'archeologie tient pour moi aussi un symbolisme personnel, de me donner permission d'explorer mon monde interieur, tel que celui se manifeste dans mes ecrits, en prose et en poemes, et comme ce monde sait identifier son lien avec le monde qui m'entoure, ici, et surtout la culture qui a definie mon monde creatif: la Kabylie, et surtout l'art visuel et son lien du photographe Nacer Amari de Tassi Photographie. Pour moi, avoir un collegue qui fait le lien entre son monde creatif et le mien, et rend ce monde trois - dimensionnel, quant a impacte intellectuel - culturel et narratif, est une experience unique, se realisee grace a l'introduction fortuite a la Kabylie en 2017, a travers une amie francaise - kabyle que je connais depuis mes annees d'etudes au Texas, ou on a fait nos etudes de maitrise ensemble, a Austin, la capitale, ensemble avec toute une equipe d'amis de l'Amerique latine, du Japon et de l'Afrique du Nord. L'archeologie est capable de narratives en images, autant qu'en mots, et quand les deux se rencontrent, c'est magique: les hieroglyphes egyptiens etaient vus comme des images, symboliques. Cela a pris du temps pour les archeologues de comprendre qu'il s'agissait d'une langue complexe, de millions de mots, qui etait composee d'elements non seulement spirituels - religieux, mais de grande importance historique, scientifique. Les images etaient des mots, revelaient tout un monde, qui 6000 ans plus tard, continue de fasciner, de provoquer des debats, des controversies, des fascinations mondialement. L'archeologie est la science qui revele tout un monde une fois que les couches de poussiere, de silences dans le sein tolerant de la terre s'enlevent par les archeologues qui unissent les sciences de l'anthropologie, de la geologie, de la sociologie, de l'histoire, de l'architecture, de l'astronomie, pour rendre comprehensible et visible les mysteres des cultures anciennes et leurs presences et influences. 

             La narrative explorative qu'est la memoire, qui define dans beaucoup de facettes l'esprit et coeur de mes ecrits en prose et poesie, ont comme receptacle spirituel, l'heritage riche et ancien de la culture kabyle, de son esprit resistant, accueillant, guerisant, pour avoir ete le carrefour de milliers d'annees de cultures divergentes, et pour avoir eu la force interieure de persister, de fleurir, de maintenir ses racines mythologiques, historiques et linguistiques, pour des milliers d'annees deja. C'est peut - etre pour cette raison, que mon coeur et esprit creatif se sent a l'aise, se sent ecoutee, affirmee, dans l'accueil kabyle, et dans le monde de la photographie de mon collegue Nacer Amari. Trouver le fil qui unit la narrative de mon histoire flamande - americaine et son exile de longue duree, a la narrative energique de la Kabylie, est une source de grande inspiration, d'energie guerisante, comme on envisionne les oasis du Sahara algerien, comme on peut vivre pres les rivieres et cascades qui entourent les montagnes du Djurdjura. La narrative que m'exige comprendre et explorer mon monde interieur qui trouve ainsi son expression litteraire et artistique, a au centre de son voyage, un point de repos, qui sait enlever les poussieres et les questions difficiles que me fait affronter ma vie complexe, car cette exploration archeologique je peux la faire sans peur de me perdre dans ses coins obscurs et inconnus, grace a la lampe spirituelle de mon collegue kabyle qui m'accompagne et me rassure dans ces moments troublants, frustrants, quand la narative creative explorative risque de se perdre dans les contradictions de ma vie et ses indices parfois deroutants.  

Trudi Ralston


"Tout dans l'univers se trouve dans ton etre interieur. Demande - lui tout. Si tu y trouves des ruines, tu y trouveras aussi des tresors."  -   Jalal al - Din Muhammad Rumi (1207 - 1273), poete Sufi. 

Tuesday, October 29, 2024

Arrive le Jour - dans la serie "L'Hurlement des Loups du Midi" dediee a Nacer Amari

              L'automne avec ses parfums fumees de feuilles tombees et les couleurs riches avec lesquelles elles font des tapis vibrants pour les pieds qui les admirent, avec ses matins de brouillard dense qui rappellent a des convocations de shamans anciens, est la saison qui nous invite les meditations, et ses silences introspectifs, avec ses nostalgies, ses monologues interieures, que les oiseaux de la foret observent avec un melange de curiosite et nonchalance amusee. Ce matin, je pense a mes amis en Kabylie, a leur esprit resistant, a leur sens de l'humour dans des moments difficiles, a la beaute majestueuse de sa nature, de ses montagnes, de ses rivieres, de ses villages, de la mer qui les unit, qui les separe. L'automne nous fait sentir de facon plus aigue le passage du temps, qui coule, qui avance, et qui nous emmene sur ce sentier de la vie, que pour la plupart on ne comprend pas, et duquel on rarement voit avec clarte sa direction, ses intentions. Ce poeme est une reverie, une reflection sur ce beau et impenetrable mystere qu'est l'etre humain qui n'a pas de choix que d'avancer sur le chemin de la vie, dans le noir, dans la lumiere, dans les tempetes, dans le soleil, selon la saison de la nature, et des caprices et ses detours et puzzles que nous laisse le destin:


Arrive le Jour  


Arrive le jour, quand on se rend compte que le chemin de retour est plus long que celui qui nous reste a faire, arrive le jour ou on accepte qu'il y aura un fin au parcours que la vie nous a indiquee, que la nature a une grande quantite de saisons, que l'homme recoit en petites mesures, comparee a des arbes, comme les oliviers millenaires.

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Il y a une sensation ambigue qu'on ressent quand arrive ce moment, de se sentir libre d'illusions, de se rendre compte que les chagrins et les joies, qu'on connait sur cette voie, sont la balancoire qui fait l'equilibre, qui assurent qu'on reste humilde, qu'on ne cede pas a l'arrogance, a l'indifference, qu'on reste proche a la charite, a la patience, au courage d'aimer sans demandes, comme le font les enfants.

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Arrive le jour, ou on ne regrette rien, d'avoir souffert et de souffrir pour la joie sublime que donne l'amour, qui vit dans notre coeur, et survivra le voyage vers le monde des esprits. Arrive le jour, ou on comprend que la tendresse partagee, en tempetes, en bonheur, survit dans le sourire de l'etranger qui nous dit bonjour, dans le sourire de l'enfant, dans le regal de l'innocence en passant.

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Arrive le jour, ou les feuilles dorees, jaunes, oranges des arbres de l'automne, nous chantent une melodie, pour que se permettent danser nos pieds, pour celebrer les souvenirs si precieux des personnes aimees, que ce soit hier, ou aujourd'hui, ce rythme calmant de l'automne avec ses hiboux, ses maisons aux cheminees illuminees le soir, ces ciels d'etoiles et sa lune faits de cristal, qui nous chuchote en confiance, que l'amour vecu ne disparait pas, se metamorphose dans le courage de continuer d'y croire, de l'inviter et partager.  

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Il y a un sourire, que laisse l'automne pour le coeur qui realise que le temps n'est pas un ennemi a craindre, que chaque douleur, chaque perte rend plus profond le coeur et ses visions, que ce qu'on perd quand on aime, augmente la vision claire, que tout commence et termine avec la tendresse eternelle, qui ne se mesure pas en chiffres, en erreurs, mais en energie libre, en ailes, en victoire sur la peur et ses complexes.

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Il y a une paix, que laisse l'automne pour l'esprit vagabond, pour le coeur errant, qui n'arrive pas d'eviter les blessures. C'est la grace, silente et douce, que rien ne s'apprend, aussi longtemps qu'on fait de l'amour une arithmetique, qui se raisonne. Le poete Sufi Rumi le savait, que ceux qui ne risquent pas la douleur qui accompagne la tendresse, n'achevent pas leur humanite complete, qu'arrive le jour, ou il faut laisser tout, et embrasser le vide, de le faire avec joie, avec reconnaissance d'avoir eu la chance d'aimer sans frontieres, au - dela du mepris et du gene, qui cherchent a silencer les artistes, les poetes, les esprits libres de cette terre.   


Trudi Ralston


Pour ma Kabylie: 

"Ton coeur et le mien, sont des tres vieux amis." Jalal al Din Muhammad Rumi (1207 - 1273), poete Sufi. 


 


Saturday, October 26, 2024

La Clef du Coffre: Le Portrait "AQCHICH" de Nacer Amari - dans la serie "Les Blessures de Chiron"

             Un portrait peut etre tants de mondes, tants de nuances de dimensions grandes, importantes, une synthese de l'histoire, du courage qui est le destin de tants de peuples qui se trouvent a toujours au centre de l'enigme mythologique, de devoir assurer leur identite culturelle. L'identite culturelle et son expression linguistique sont une partie integrale de cette question, et en Afrique du Nord, la question linguistique est liee a l'identite Berbere, et sa resistance legendaire dans les langues des peuples Imazighen: Tifinagh. Un portrait du 20 octobre 2024, de la part du photographe Berbere kabyle d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie a comme titre en Tifinagh, "AQCHICH", que le photographe m'a traduit comme voulant dire "enfant". Le jeune protagoniste dans ce portrait en noir et blanc, nous fait face avec une confiance qui implique un esprit astucieux, precoce, avec une bonne dose de scepticisme, d'un enfant qui connait la valeur deja de l'histoire de son peuple, de ses guerriers intrepides. La langue des peuples Berberes de l'Afrique du Nord, Tifinagh, est parmi les langues les plus anciennes sur terre, ensemble avec la langue ancienne egyptienne, la langue sumerienne et la langue acadienne - Acadia etant le premier ancien empire de la Mesopotamie, qui regneait apres la civilisation de Sumer - toutes les trois ne plus extants, tandis que le Tifinagh, qui remonte 5000 ans, continue jusqu'a aujourd'hui comme langue vivante et comme langue preferee des tribus Touareg et leurs kels, avec une population de 4 millions de personnes, dans une region qui s'etend du Sud de l'Algerie, le Niger, le sud - ouest de la Libye, le Mali, du sud de la Mauritanie, et aussi une partie du nord - est de Burkina Faso et du nord de la Nigeria. Le Tifinagh reste l'ecriture de preference des Touareg et une ecriture qui est decendante des langues Libyco - Berberes, qui remontent au 5ieme siecle B.C. juqu'au present et qui s'ecrit de gauche a droite, ou de droite a gauche, d'en bas ver le haut, ou du haut vers le bas. Ses systemes linguistiques parents sont les hieroglyphes anciens egyptiens, l'alphabet phenicien, et l'alphabet Libyco - Berbere, et l'ecriture protosinaitique, qui se refere a la region de la peninsule du Sinai. Sa categorie linguistique du Tifinagh est l'abjad, qui veut dire un systeme de l'ecriture dans laquelle seulement les consonants sont representes, et ou les sons des voyelles sont deduits par le lecteur, c'est donc un alphabet consonantique. Le mot abjad a ses origines a base des 4 premieres lettres de l'ecriture arabique, pour indiquer la famille d'ecritures classifiees comme semitique occidental. L'ecriture Libyco - Berbere etait l'ecriture des anciens Berberes de la Numidie, et de la Mauritanie, qui habitaient les regions nords du Maroc, de l'Algerie, de la Tunisie, de la Libye, et des iles Canaries. Le premier abjad de gagner une repandue grande fut l'abjad des anciens pheniciens. Comparee aux autres ecritures de l'epoque, comme le cuneiforme de la Mesopotamie, de la Perse ancienne et d'Ugurit - qui etait un port ancien dans le nord de la Syrie - et les hieroglyphes anciens egyptiens, l'ecriture phenicienne avait seulement une douzaine de symboles. Ceci rendait cette ecriture facile d'apprendre et les marchands marins pheniciens l'apportaient dans tous les coins du monde connu. La scripture phenicienne declencheait l'origine de plusieurs systemes de l'ecriture, y compris l'abjad populaire Aramaique et l'alphabet grec. L'alphabet grec allait s'evoluer dans l'alphabet occidental moderne, comme le latin et le cyrillique, tandis que l'abjad Aramaique allait s'evoluer dans les abjads modernes de l'Asie. Comme antecedent du Tifinagh, l'ecriture ancienne egyptienne est impressionnante: les hieroglyphes egyptiens, qui sont une image stylisee d'un objet qui represente un mot, syllable ou son, a un corpus qui a su accumuler entre c.3250 B.C. et c.400 A.D. pres de 5 millions mots, et si on inclut les mots des textes du Livre des Morts et des Textes du Cercueil, ce chiffre s'approche a 10 millions mots. L'ecriture Libyco - Berbere est retrouvee dans des milliers d'inscriptions et gravures a travers le Maroc, l'Algerie, la Tunisie, la Libye et les iles Canaries, comme dans le tombeau munumental de la reine Touareg du 4ieme siecle, Tin Hinan, la matriarche des Touareg. Son tombeau se trouve a Abalessa, dans les hauts plateaux de la region des montagnes Ahaggar du Sahara Central, a une 1550 kilometres de la capitale d'Alger. Son tombeau de la reine Tin Hinan, decouvert en 1924 par l'archeologue hongrois - americain Byron Khun de Prorok ( 1896 - 1954) lui trouvait entouree de bijoux d'or massif, ainsi que des bijoux en argent, et se situe sur une colline ronde d'une hauteur d'une 38 metres en forme de poire avec une axis majeure de pres de 27 metres. Ses restes de la reine se trouvent maintenant au Musee National Bardo en Alger. L'excavation du tombeau de la matriarche Touareg en 1925, fut recu avec outrage par les Touareg, qui consideraient a Byron Khun de Prorok comme un opportuniste et pilleur de tombes, qui desacralisait le tombeau de leur reine.  Chaque annee, entre le 20 fevrier et le 28 fevrier, a Tamanrasset, la capitale de la wilaya de Tamanrasset dans les montagnes Ahaggar, aussi connu sous le nom des Montagnes Hoggar, et la ville majeure des Touareg de l'Algerie, il y a le Festival en honneur de Tin Hinan.  

            Cet article voulait mettre l'attention a l'importance des langues Berberes qui sont liees a l'identite et l'histoire culturelle - mythologique des peuples originaires de l'Afrique du Nord. Comme personne de naissance flamande, cette realite du lien entre la langue maternelle et l'identite d'un peuple, m'est proche au coeur, comme les flamands ont du affronter le racisme linguistique a travers le XIXieme et XXieme siecle jusqu'a 1969, quand le roi du pays a declaree les droits egaux du flamand dans l'education et la vie sociale et judiciaire - politique a cote de la langue francophone du pays, le wallon. Les irlandais aussi, connaissent ce racisme linguistique - social qui allait mener a une guerre civile de plusieurs decennies horrifiantes que les allait faire souffrir le gouvernement anglais. Au Maroc, apres sa repression du Tifinagh dans les annees 1970 et 1980, le Tifinagh allait trouver et recevoir sa place, avec le support du roi Mohammed VI (1963), roi depuis 1999, avec l'ouverture de l'IRCAM: l'Institut Royal de la Culture Amazigh a Rabat, de qui ce fut mon plaisir de faire la connaissance de son president, le professeur Ahmed Boukous, pendant mon sejour au Maroc en 2019, courtoisie de mon ami de mes annees d'etude a l'universite de Texas a Austin, le Dr. Driss Ouaouicha, qui est ministre de l'Education Superieure du Maroc. Son article du professeur en linguistique, Ahmed Boukous, "Situation sociolinguistique de l'Amazigh" (1997) dans International Journal of the Sociology of Language 123, 41 - 60, reste parmi les articles notables sur le sujet de l'integration du Tifinagh dans les cultures des pays du Maghreb. Le portrait "AQCHICH",  "Enfant", du photographe kabyle Nacer Amari evoque cette importance de la langue maternelle, de sa transmission a la generation suivante, pour ainsi transmettre sa mythologie, sa sagesse, son histoire, qui accompagne la langue maternelle. Aux Etats Unis, et au Canada, la destruction systematique et brutale des langues amerindiennes au XIXieme et XXieme siecles, de la part des colons anglais et francais, fut une facon de qui sa brutalite a eliminee des centaines de langues - aux Etats Unis, des 300 langues amerindiennes avant la colonisation, il en reste en ce moment 175, une grande quantite de ces langues extantes en voie de disparition. La meme tragedie allait se repeter dans les pays de l'Amerique centrale, de l'Amerique du sud, au Bresil, aux mains des colons espagnols et portugues. La langue maternelle et sa preservation et celebration, est au centre de l'identite culturelle - historique - sociale et mythologique d'un peuple. Lui condamner sa langue maternelle au silence, est condamner un peuple a l'oubli, a la perte de son ame, a l'anonymat et a la souffrance et la solitude paralysante de l'invisibilite, de l'impuissance, de la graduelle disparition. Heureusement, qu'en Afrique du Nord, le Tifinagh persiste depuis 5000 ans, et les Imazighen ne donnent aucune indication d'abandonner cette determination historique pour sa survie continue.   

Trudi Ralston  


La recherche sur l'origine historique du Tifinagh, sur la reine Touareg Tin Hinan, et sur l'IRCAM, l'Institut Royal de la Culture Amazigh a Rabat, courtoisie de Wikipedia, qui fait reference a l'article du professeur Ahmed Boukous, president de l'IRCAM, dans International Journal of the Sociology of Language 123 ( 41 - 60): "Situation Sociolinguistique de l'Amazigh" (1997).