La sensation tactile dans sa reverbation affective, d'une reunion agreable chez nous a la maison ici en Olympia pour l'anniversaire de mon mari et notre fils, entouree d'amis, etait telle que j'avais vraiement envie de la pouvoir nommer, comprendre: ce fut un melange de senteurs et gouts. L'odeur de feuilles seches tombees deja des arbres, montrant evidence de la chaleur et secheresse de l'ete, et le gout sec d'herbes aromatiques comme la lavande, qui touchent le coeur quand il se nourrit de l'energie joyeuse de se savoir membre d'un clan, d'une famille. Cette sensation m'est precieuse, pour avoir perdue tant de famille dans ma vie. La presence de famille de coeur, qui surpasse la famille de sang, dans mon cas, renforce le trou sans fond que laisse le manque de la terre natale, sa langue, son histoire, ses liens ancestrals. L'effort considerable de se construire une famille de coeur, que les reunions avec ces liens permet, est cause de joie, de reconnaissance, et de cette vague de douleur, sublimee, le jour apres une telle reunion, une fois que l'echo de l'absence retourne, laisse son engourdissement sur l'ame, qui voit encore la scene de theatre videe, seule, et qui boit avec nostalgie ce qui reste de l'ambiance sympathique, des rires, des calins, des contes, des repas, boissons, partagees ensemble, pour ces heures ou le temps s'arrete, et l'effort continu pour le courage, l'espoir, peuvent prendre une sieste bien meritee pour juste ce jour. Le mot qui m'est venu visiter le lendemain fut "la sommation", ce mot complexe qui peut etre autant une simple addition de l'arithmetique, qu'une idee de sommation spatiale, de sommation psychologique. La sommation, que je m'imagine das ce cas, comme un acte d'illusionniste, de disparition. On se reunit comme etre social tout le temps, dans la rue, dans les magasins, a l'ecole, au travail, a la maison, pour des evenements culturels, avec des personnes qu'on connait, ou des etrangers, pour des presentations, des expositions, des rencontres des arts, des echanges et hommages, et dans les meillieures des circonstances, ces moments sont une validation de notre personne, de celle d'autres personnes, une sommation concrete, visible. La sensation nonstalgique apres une joyeuse reunion, qui brise l'isolation tenace et ses exigences de ma vie d'exile, evoque une sommation de different costume, plus proche aux defis de la sommation spatiale, aux contradictions difficiles de la sommation psychologique. La Kabylie me fait comprendre plus clairement cette sensation, et quand je lui sens proche, c'est une sommation de bonheur, energique, chaleureuse, et quand la Kabylie se sent loin, ses liens precieux avec ma muse, mon coeur, la sommation devient un acte penible de disparition, de gout ne pas de l'eau douce, mais d'un vinaigre qui laisse un frisson frileux de chagrin. Ce poeme exprime cette sommation du sphinx parmi les chiffres, le numero zero, cette entite qui represente une quantite vide, et qui joue ce jeu dans ma tete, qui finit de manger les autres chiffres, n'importe la quantite d'additions que j'essaie de faire avec son cercle ensorcelant:
Acte de Disparition
A voir, si j'ajoute le trois a cinq, cela fait huit, mais voila qu'apparait le zero, qui insiste de multiplier tout, reduisant le chiffre a un vide, et me force de recommencer, de sortir de son sentier qui me tourne en rond.
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Et voila, qu c'est parti a nouveau, huit, douze, treize, seize, et non, le zero se met encore, fait sa danse envoutante, de ballerin flamenco seduit par l'appel de sa passion. Du coup, il multiplie tout et reduit tout a nouveau au niveau d'un trou rond, noir, ou se noyent mes beaux numeros si laboureusement construits.
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Les arabesques si belles, mysterieuses dans leurs robes luxueuses, qui se mettent sur scene avec tant de determination, tant de vision, tant de tetues declarations, de ne pas ceder au zero et ses intentions. Comme elles chantent, comme elle tournent, ivres de leurs souhaits, de leurs reves et ses resolutions.
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Et arrive l'apotheose, ou s'enleve le lothario sinistre le masque, le zero qui fait fuire les ballerines de la scene, qui cache la lumiere, reduit encore le choeur des chiffres a leur etat invisible, disparu dans les ombres de l'acte du magicien ingenieux, qui efface la sommation qui resiste, du coeur et de l'esprit qui cherchent de changer l'addition complice, de lui enlever la hurissante illusion.
Trudi Ralston
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