Le silence comme phenomene naturel, comme on le peut trouver tres tot le matin, avant que meme le soleil et les oiseaux se reveillent, quand les arbres du jardin et de la foret en bas sont encore au pays des reves, a une qualite spirituelle, et emet un air de mystere. Son mystere est que si tu ecoutes tres attentivement, ce silence a une voix, et chante. Ces moments magiques sont parmi mes plus favoris des merveilles de l'ete. Quand ce silence cede la scene a la lumiere du jour, et qu'apparait l'astre solaire dans toute sa brillance, comme maitre d'orchestre pour tous les oiseaux qui me regalent avec leurs magnifiques chansons, comme toute une symphonie de flutes exotiques envoutantes, c'est aussi a ce moment, que quelque part dans le coffre lourd de mes memoires, j'entends s'approcher avec des pas hesitants, la nostalgie des souvenirs de mon enfance, des etes a la plage en Flandres, ou vivait ma grandmere paternelle, veuve depuis 1943, et mon grandpere passait l'ete avec sa compagne apres la mort de ma grandmere maternelle quand elle avait 68 ans, la meme annee de la naissance de ma petite soeur. Avec le chant des oiseaux qui recede, dans l'eclat et la chaleur du jour, jentends leurs pas et ses echos sur les tuiles de la veranda, et le son devient une plainte, comme si leurs esprits savent que je vis si loin depuis si longtemps des plages et ses etes de mon pays de naissance. Et avec eux, ils apportent le souvenir des memoires de mon frere, de mon autre soeur, de mon pere, de sa soeur, ma tante Lieve, qui vit encore a Oostende, de mes cousins et cousines, de mes oncles et leurs enfants. Et une melodie accompagne leurs pas au bruit un peu metallique, et voila ce poeme et ses dissonances autour du mystere du temps qui nous echappe, des personnes qu'on perd en route, et le gout doux - amer de l'espoir de nouvelles rencontres, de nouvelles histoires a raconter, de memoires, de sourires, de confiances, faites sur des plages futures, sur des rives lointaines, qui gardent comme des sentinels jalouses, ce qui me reste de tendresses d'une vie qui a cette distance ici, parait appartenir a une autre personne, que j'avais perdue dans les vagues et leurs tourmentes et defis, et que le coeur kabyle aide a me reconstruir, redecouvrir:
Les Eternelles Vacances
Lentement, sur des pieds qui essaient de ne pas faire du bruit, l'ombre de souvenirs de mon enfance et jeunesse m'approche, tout silencieusement. Dans sa timide danse, j'entends de loin les notes de rires, de jeux a la plage, avec mon frere et mes soeurs a Oostende, en Flandres, il y a longtemps.
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Le temps en fait, n'existeait pas, on n'etait pas conscient des heures, juste que chaque jour, de l'aube au coucher du soleil, on etait libre, heureux, en ete, dans l'accueil chaud du sable, et de l'eau salee de la mer. Les repas, on mangeait avec la brise du vent comme compagne, et la promesse de voeux a faire sous le regard des etoiles et sa lune, avant d'aller dormir les yeux lourds de la senteur des vagues.
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Les plages ici sur la cote d'Oregon, etat voisin charmant, sont belles, et me permettent le repos et l'energie que cherche en ete mon coeur et mon esprit. Mais voila qu'apparaissent sur le sable a chaque fois, les ombres des memoires de la plage en Flandres, ou j'ai ete enfant.
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J'ai depuis visitee les plages du Mexique, de Costa Rica et Panama, et vu la fleuve immense de la riviere majesteuse du Congo a Kinshasa. J'ai marchee sur le sable des plages en Bretagne, en Normandie, en l'Italie, et de la Cote d'Azur, mais la plage qui me manque, ses souvenirs de ma famille, de son innocence perdue dans le temps dort a Oostende, en Flandres.
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Je la revois, je la peux toucher encore, dans la charite et la grace, que je recois dans les bras ouverts, guerisants Berberes, loin d'ici et pourtant si proche, qu'est pour ma muse en exile: c'est le coeur kabyle, qui est mon courage, mon etoile du Nord.
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C'est pres de sa mer, de ses rives, de son sourire, de son regard, ou vivent le courage de milliers d'annees de defis, que ma muse se retrouve la force, la determination. C'est la Kabylie qui garde, qui ecoute et entend mes poemes et leurs chants, en traduit les notes dissonantes, penibles, en melodies de tendresse, de dignite, d'espoir, de joie.
Trudi Ralston
"Croyez dans une tendresse qui se garde pour toi comme un heritage, et ayez confiance que dans cette tendresse, il y a une force et une benediction si grande que tu peux y voyager aussi loin que tu veux, sans devoir quitter son espace." Rainer - Maria RILKE (1875 - 1926), poete autrichien, de "Lettres a Un Jeune Poete" publiee apres sa mort, en 1929.
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