Mon pere etait un photographe amateur passionnee, et une des series les plus belles de ses photos que je me rappelle, il avait fait en 1973, en Arizona, pendant un voyage de trois semaines pour visiter les cultures Navajo et Hopi, et aussi Havasupai dans le sud -ouest des Etats Unis, comme il avait un interet dans ces tribus americaines indigenes pour la richesse de leur histoire et mythologie. Mon pere nous considerait trop jeune encore pour apprecier un tel grand voyage, mais les photos qu'il a ramene ont laissees leur impression pour la vie. Ca continue a me fasciner le lien entre l'apprentissage dont j'ai beneficie sous mon pere, et l'apprentissage fascinante de la photographie de Djamil Diboune, qui me permet de comprendre plus completement, et avec plus de profondeur, les enseignements sur l'art, l'histoire et la nature dans ma vie. Que cela a pris toute une vie est un mystere merveilleux, ce fait que l'artiste berbere, a l'autre bout du monde m'a trouve la cle pour comprendre les ressonances les plus nuancees et plus importantes de mon esprit creatif et intellectuel. Djamil Diboune a fait ce qu'aucun autre artiste a su faire dans ma vie compliquee et contradictoire, il a rendu accessible a travers la perspective de l'univers de la nature de son pays, le chemin vers une paix interieure pour mon esprit depayse et blesse. Toute une gallerie dans ma vie, de connaissance souvent personnelle d'artistes impressionnants, de loin, de proche, mais dans les albums de beaute de la nature algerienne, j'ai trouve une sagesse et joie que je pensais perdue depuis mon adolescence. C'est un cadeau inexplicable trouve sur le chemin de ma vie, par hazard, par grace, et ma facon de remercier cette misericorde du destin est de partager avec enthusiasme la beaute et energie infatigables de l'art du photographe de la nature berbere.
Dans son album du 2 fevrier, la serie de 30 prises, il y a une photo, la neuvieme, qui me rappelle une photo de mon pere de son voyage a Arizona en 1973, ou la photo qui m'avait impressionnee le plus etait celle d'un berger Navajo d'age moyen, dans le desert a l'entree de Monument Valley, avec son troupeau de moutons. Monument Valley est ou les Navajo ont leur Reservation, au milieu duquel il y a la Hopi Reservation. La tribu Hopi a une mythologie ancienne et une civilisation descendante des peuples Uto - Aztecques, et la presence de leur culture au continent americain se trace au 12ieme siecle. La tribu Navajo est la tribu la plus grande aux Etats Unis, malgre les intentions abominables du gouvernement des Etats Unis au dix-neuvieme siecle, en 1853, avec la campagne brutale de Kit Carson, qui avait comme but de detruire le peuple Navajo. Sous sa commande, la cavalerie americaine dertruisait les vergers, les recoltes et abattait les troupeaux de moutons des Navajo. Des milliers de Navajo furent tues, et environ 8500 hommes, femmes et enfants furent captures et forces de marcher plus de 600 kilometres au milieu d'un hiver glacial, jusqu'a Fort Summer, une place aride de 103 km2 dans l'est du etat de New Mexico, designe comme leur Reservation par le gouvernement. Cette marche infame est connue dans l'histoire des Navajo comme " La Longue Marche". La tribu grande des Cherokees qui ont leur reservation a Oklahoma, ont eux aussi subi leur ignoble relocation en 1838, connue sous le nom de " Trail of Tears", le Sentier des Larmes durant lequel 4000 Cherokee, hommes, femmes, et enfants, sont morts de maladies, froid, et famine. Il existe maintenant un monument au site historique de New Echota en l'etat du sud des Etats Unis, Georgia, pour commemorer les victimes de ce massacre. Dans les annees cinquantes, des grandes reserves d'uranium, gaz , petrole et charbon furent decouvertes sur la Reservation des Navajo, et des Hopi, ce qui a contribue a la richesse des tribus, un geste gracieux du destin qui avait condamne les tribus a une reservation aride au milieu d'un paysage de canyons et montagnes et desert, ou la vie reste dure, et la pauvrete grande, malgre les efforts de combatre ces circonstances crees par l'exile force, un sort qu'a souffert la majorite des tribus indigenes americaines des Etats Unis, avec maintenant 326 reservations a travers le pays. La lutte pour maintenir les profits de leurs ressources considerables de la part des Navajo et Hopi, continue jusqu'a maintenant, avec le gouvernement courrant ayant des intentions loin de nobles quant a ces richesses qui legalement appartiennent au peuple Navajo et Hopi. Les numeros le disent tout : les Etats Unis est de 3.797 million mi2, ou 9,834,184.85 km2, et 227,000km2 comprend la totalite de territoire des 326 reservations des tribus indigenes du pays. Les peuples Navajo et Hopi sont fameux pour leur artisanats de tapis, de bijoux d'argent et turquoise, et de ceramique. Je porte encore toujours le bracelet lourd d'argent avec ses deux pierres rondes de turquoise que j'ai acquis a Monument Valley, qui se trouve au milieu de la Reservation Navajo, quand mon pere nous y a tous emmene a moi, mon frere et deux soeurs, apres que j'avais termine les annees de lycee en Belgique. Quand j'ai vu la photo de Djamil Diboune du berger berbere, dans son burnous traditionnel, regardant vers la vallee, avec son troupeau de chevres et moutons, j'ai pensee a la photo de mon pere du berger Navajo, avec sa chemise de velours brillant, et ses bijoux d'argent et turquoise. J'ai pense a toutes les souffrances du peuple berbere sous la colonisation francaise, et la destruction de leurs vergers, leurs recoltes, leurs villages, leurs familles, leur dignite, leurs droits humains. J'ai pense aux deportations cruelles a la Nouvelle Caledonie, aux imprisonnements, aux executions publiques pour humilier et punir un desir pour l'independence. Dans les deux photos, le temps est du cote des bergers. Le monde moderne parait une illusion compare a la serenite des bergers et leur vie pastorale. Le berger Navajo dans la photo de mon pere fait face au camera, comme un geste de melange de defi et de tristesse temperee d'un passe tragique survecu avec dignite et courage, envers un monde qui rarement comprend la sagesse de cultures proche a la nature. Le berger berbere dans la photo de Djamil Diboune regarde vers la vallee, une place paisible ou la presence humaine n'est pas une distraction, mais une part integrale du tableau intemporel qu'a su creer le photographe de la nature. La photo de Djamil Diboune a une ambiance romantique, ou l'homme ne domine pas la nature, comme le berger qui a sa part modeste du cadre, et qui est ainsi en effet en harmonie avec la nature. La culture berbere comme ses langues existent depuis des milliers d'annees, et cette photo de Djamil Diboune est pleine d'espoir, quant a la resilience du peuple berbere. Comme la culture Navajo et toutes les tribus indigenes de l'Amerique du Nord, le peuple berbere a subi les horreurs du systeme brutale du colonialisme et son spectre du genocide sancionne, et la culture et la langue berbere persistent. Le temps restera du cote berbere, dit la photo du berger berbere de Djamil Diboune, le meme message que voulait communiquer la photo du berger Navajo en Arizona qu'avait pris mon pere cent ans apres les souffrances les plus dures du peuple Navajo. Les deux photos evoquent un sens de felicite pastorale, ou les maux du monde sont loins et hors de propos. Cette capacite de ralentir pour un moment le passage du temps avec un tableau pastorale paisible vu a travers la perspective d'un photographe pour qui ses sensibilites sont aussi une responsabilite artistique sera toujours important, comme en est preuve la photo subtile du berger berbere du 2 fevrier de Djamil Diboune. Son tableau paisible nous rassure que le monde n'a pas encore succombe irreversiblement a un progres non maitrise et que les mauvaises intentions n'ont pas eu et n'auront pas le dernier mot.
L'information sur les statistiques des reservations des tribus indigenes des Eats Unis, courtoisie de Wikipedia.
L'information sur l'histoire et les dates de la relocation forcee du peuple Navajo, courtoisie de l'article de septembre 1988 , " An Historical Overview of the Navajo Relocation " by Deborah Lucerenza.
La passion pour cet article, courtoisie de mon pere, Charles- Louis Desender ( 1930 - 2008 ), et courtoisie du photographe de la nature berbere Djamil Diboune ( 1977).
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