Depuis mon enfance, je ressens un besoin profond pour les moments de reflection, de silence, de paix, dans la nature, souvent tres tot le matin, quand la famille dort encore. Il y a quelque chose de magique d'etre la seule personne reveillee dans la maison. Jusqu'a aujourd'hui, je cherche ces moments, qui souvent deviennent des heures, car mon mari et fils sont tels des hiboux, et se couchent tres tard, ce qui me permet le plaisir intense d'avoir la maison a moi tot les heures du matin. Le chant des oiseaux, avant que s'annonce l'aube est sublime, une experience spirituelle profonde, tel un bain d'etoiles gentilles pour l'ame et le coeur. Ayant un esprit inquiet et toujours pret pour apprendre, pour partager, pour inviter ma muse a d'autres ecrits, poemes, une autre partie de mon etre a besoin tel une moine buddhiste, au silence, a la contemplation, et de la ma reverence pour les cultures proches a la nature, les cultures amerindiennes, les cultures berberes, et leurs mythologies profondement saturees de la magie et des mysteres de la nature et ses manifestations et importances spirituelles. Dans ce monde ou les animaux et la flore aussi recoit un respect, et a une presence palpable et riche, a travers des rites et reverences culturelles anciennes et presentes, mon ame et ses contradictions entre passion et contemplation, retrouve son equilibre, son repos et sa source d'inspiration et recharge d'energie et direction. Telle une guerriere spirituelle, les batailles de ma vie m'ont appris de savoir utiliser l'epee ainsi que la plume, pour garantir le sauvegarde de mon monde de poete et de femme etrangere dans un pays etranger. A travers des dizaines d'annees de solitude et isolation, de silences pas guerisantes mais blessants et durs, l'epee gardien de ma muse a su survivre quand - meme, et le manque de communication humaine fut remplacee par la presence d'esprits et guides du monde des animaux, tel le corbeau, l'aigle et l'araignee, de qui j'ai appris l'interet dans mes broderies, comme facon de celebrer l'heritage culturel des deux cotes de ma famille, celui de la peinture que faisaient ma grandmere maternelle et mes deux oncles Frans et Emiel, et celui de la couture, de la part de ma grand - mere paternelle et deux de mes tantes.
La nature en Algerie, et ses artistes visuels et spirituels de la Kabylie, ont annonces la renaissance de mon esprit, de ma muse, et ont des liens tres reels avec l'esprit du corbeau a travers la photographie de Djamil Diboune, et l'aigle a travers l'amitie d'un randonneur kabyle, et l'araignee a travers certaines photos de Kurt Lolo. La photographie de Nacer Amari me rappelle une periode tres heureuse de mon adolescence, la periode ou mon oncle Frans, le frere aine de ma mere, m'a appris a peindre et dessiner, et m'a introduit au monde de la philosophie et litterature existentielle. Mon oncle Frans De Cauter ( 1920 - 1981 ) avait un esprit tres tranquil, il etait aussi musicien, pianiste, et avait une fascination pour le mystere de la vie. Un homme qui avait connue la souffrance pendant la seconde guerre mondiale, ayant passee du temps dans un camp de concentration en Hongrie, il avait un amour profond pour le regal que fut chaque jour. Son epouse fut une photographe professionnelle, une passion qu'elle partageait avec mon pere, qui etait un photographe amateur avide, et cela me donne une joie immense que ce fut la photographie d'un artiste berbere, Djamil Diboune, qui m'a fait comprendre le lien intense entre mon ame de poete et l'Algerie, qui a depuis m'introduit a la photographie de Katia Djabri, de Kurt Lolo, de Narim Senoune, de Zidani Azeddine, et recemment, de Nacer Amari. Il y a une photo de Nacer Amari, de sa fenetre ouverte, qui a initiee un reveil de souvenirs importants, de moments precieux, gardes avec beaucoup de soin dans le coffre au tresor de mes memoires, qui par bel hazard, a inspiree un autre article, sur base d'une photo aussi du photographe, du 9 avril, mon article " Les Pirates sur la Plage : Le Coffre au Tresor de Nacer Amari " Quand un orchestre se met pret a jouer, il est important que les differents musiciens accordent leurs instruments pourque les melodies et rythmes soient en harmonie. Les images des photos de Nacer Amari souvent ont cet effet sur ma memoire : elles inspirent ces moments de sons dans ma memoire qui s'introduisent tel le chaos auditif temporel que produit un orchestre en proces d'accorder ses intruments, pour apres produire une belle melodie qui m'apporte des memoires precieuses. Souvent ces memoires me trouvent face a la fenetre ouverte du photographe. L'heure de visite, pour ainsi dire, de la part d'un hote qui montre un respect intuitif envers cette intrusion, ce besoin de ma part de revivre des moments importants, qui avaient restes muets, invisibles, pour beaucoup d'annees. Comme la photographie de Djamil Diboune a su me lier avec les memoires si heureuses de mes randonnees dans les montagnes d'Autriche avec ma famille quand j'etais adolescente, et a ainsi m'introduit a la nature sublime des montagnes en Kabylie, et leur flore et faune unique sur terre, et Katia Djabri assure un lien avec l'inspiration poetique et passion feminine, et Kurt Lolo et sa photographie m'a introduit au mysticisme du grand Sud algerien, la photographie de Nacer Amari me permet de revisiter ces moments de ma vie qui furent la fondation pour mon inspiration comme ecrivaine, comme poete. Son art retablit les liens du passe avec ceux du present, et dans le processus cree une espace, grande, telle une plage paisible, intacte, ou telle la danse de l'aigrette, le langage perdu de mon passe se reanime, se libere de son sommeil de sortilege, et retrouve sa melodie.
L'heure de la visite, a la fenetre ouverte de Nacer Amari, me permet de laisser l'epee brisee de mes defenses, pour la remplacer avec la flute de l'espoir, profondement emouvante, qui me laisse avec une reconnaissance humilde et joyeuse, pour celebrer telle l'aigrette, cet animal esprit de la patience et de la sagesse, la beaute de me retrouver sur la plage du present, libre des echos, fantomes et solitudes intenses du passe.
Vive les photographes de la Kabylie. Vive l'Algerie, avec ses montagnes majestueuses, avec ses animaux esprits qui m'accompagnent toujours, avec le coeur immense de ma famille berbere, de qui je pourrais chanter et celebrer son courage et generosite et mon amitie et amour pour 1000 ans, sans atteindre le fond de ma passion pour elle.
Trudi Ralston
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