Ce matin, entre tempetes de pluie froide, le soleil est sorti pour quelques minutes, ici au jardin. Sa chaleur faisait tellement du bien, une caresse gentille, venue de loin, qui me permettait respirer avec amplitude, et qui m'a apportee un sourire avide, detendu. Savoir qu'on recoit la chaleur de la lumiere du meme soleil partout sur terre, m'a profondement emue. Pour le soleil, la distance entre Olympia et la Kabylie n'est pas importante. Il y avait du confort dans cette verite et de l'espoir.
Le ciel tout autour est vite retournee vers la melodie hypnotisante de la pluie, qui a su cacher avec un geste nonchalant mais decisif le soleil et sa chaleur derriere un grand rideau gris et epais. Le silence retournait, lourd et importun. Je connaissais tres bien ce silence. Ce n'etait pas le silence spirituel, qui inspire la meditation, la grace, c'etait un silence asphixiant, qui me faisait ressentir les griffes des fantomes du passe, et mon combat intense avec les annees de solitude, d'isolation dans ce pays immense. La pensee envers ma grande famille berbere en Algerie, me detendait l'esprit, comme la main rassurante sur l'epaule d'un ami ou amie qui sans dire un mot nous laisse savoir qu'ils comprennent ce qui se passe dans notre coeur. J'ai toujours aimee les pullovers doux et un peu trop grands, quand il fait froid en hiver, ou en printemps ou automne. Ils sont comme une representation symbolique du confort et soutien que nous savent donner les pensees envers des etres chers absents, qui ainsi par la presence d'un habit se sentent plus proches, et une partie de notre realite physique. La realite du confinement, avec ses exigences de l'isolation, se traine dans le silence artificiel des rues tel un fantome intrusif, inquiet. Il tourne son regard vers les maisons, et leurs fenetres timidement entreouvertes, et leurs portes solidement fermees. Je mets de la musique berbere, et ses chants me donne des ailes, pour visiter encore dans mon imagination, et dans mes souvenirs, l'Algerie, et la Kabylie. Ce sentiment d'appartenance, de joie, de me savoir compris, acceptee, aimee, respectee, comme membre de ma grande famille berbere, que j'ai ressentie pendant mon sejour en Algerie, est un bonheur que je n'avais plus ressentie depuis mon adolescence. Tout mon sang se sentait attiree encore vers ce vaste pays en Afrique du Nord, telle une branche d'un arbre solitair, ne resiste pas l'energie et la puissance d'une grande cascade ou riviere. Savoir que ma famille berbere est la, est rassurrant, donne du courage. Savoir que mon coeur et ame de poete, d'ecrivaine vivent en Algerie, me suffit. Les souvenirs de mon sejour sont tel un feu gentil et fidel qui reste tout au fond de mon etre, et qui me permet de continuer, chaque jour a nouveau, sur le chemin que m'inspirent mes articles et poemes comme des melodies venant d'une source grande et eternelle, la culture berbere et son esprit riche et profond. Soudain, la pluie froide ne me touche plus, comme je me sens bien chaude dans le manteau grand de melodies, presences et sagesses berberes.
Trudi Ralston
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