Pour deux jours de suite, une pluie torrentiale avait envahie ce qui restait ici d'un peu de chaleur d'ete. Avec un son telle une source fraiche haut dans les montagnes, le rythme la nuit fur presque hallucinant. Une photo de la part du photographe d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie m'etait restee avant d'aller dormir tard. Une photo d'allumettes, part d'elles dans la boite, part d'elles dehors de la boite, avec aussi quelques petits cailloux autour. C'est une scene plein de symbolisme pour un monde qui est telle la pluie qui m'avait envahie le sommeil, est envahi de graves conflits morales et ecologiques. La photo s'avait mise telle une note musicale, qui introduit une chanson de qui on essaie de se rappeller la melodie et les mots. La note venant de la photo des allumettes etait tetue, car normalement, a peine je touche l'oreiller, et je suis deja au monde de mes reves extravagants. Ce matin, je me suis reveillee, et du coup, comme un coup de fusil, le mot en neerlandais, pas en flamand, de " zwavelstokjes " s'a imposee sur ma memoire. " Zwavelstokjes " est le mot neerlandais pour allumettes, en flamand c'est " sulfers ", ce qui se refere au soufre qui couvre le bout des allumettes. En neerlandais, " zwavel " est le mot pour " soufre ", et " stokje ", veut dire " petit baton ". La seule fois que j'avais entendu le mot en neerlandais au lieu qu'en flamand fut le long de l'ecoute d'un disque de contes de fee, raconte en neerlandais, dont un des contes fut " Het meisje met de zwavelstokjes ", " La Petite Fille aux Allumettes ", un conte super triste, de la part de Hans Christian Andersen ( 1805 - 1875 ), de 1845, d'une petite fille qui etait tres pauvre. Elle vendait l'hiver, sans souliers meme, des allumettes, et le conte raconte ce qui lui arrive la nuit de Nouvel An. Elle a froid et faim, mais a peur de rentrer chez elle sans avoir vendue toutes les allumettes. Elle s'assoit un moment, et allume une allumette, et puis quelques autres, pour se chauffer un peu, et s'imagine un arbre de Noel, et une famille heureuse, et des cadeaux, et dans ces brefs moments de reve, elle voit l'esprit de sa grandmere, qui lui prend sans ses bras et lui emmene avec elle au paradis. Le lendemain, on trouve la petite fille, morte, congelee, mais avec aux levres un beau et doux sourire. Le conte me faisait mal au coeur comme enfant, comment pouvaient les gens qui lui passaient etre tellement indifferents, a son malheur, a sa faim, a sa souffrance, surtout avec les jours de fetes ? Je pleurais chaque fois.
Toutes ces annees plus tard, voila qu'une photo de la part d'un photographe berbere en Algerie, me rappelle ces emotions si fortes de mon coeur d'enfant. La note de musique du passe, s'avait fait audible, avec toute la melodie et toutes les notes. Le soir avant, j'avais l'impression d'etre dans le film de 1990, de l'esceneur qui, par hazard, est neerlandais, Paul Verhoeven ( 1938 ) qui travaille en Amsterdam et Hollywood, son film " Total Recall ", ce qui se traduit comme " Rappel Total " sur une societe dans le futur, l'annee 2084, ou les gens peuvent avoir installes dans le cerveau un mecanisme qui leur donne des memoires. Dans ce cas, l'acteur autrichien - americain, Arnold Schwarzenegger ( 1947 ) joue le role d'un ouvrier du batiment qui s'ennuie, et fait implanter les memoires d'un voyage a la planete Mars, pour decouvrir apres, que toutes ses memoires sont implantees, que toute sa vie fut manipulee, et que les personnes responsables pour cette deception veulent continuer a controler la population et veulent tuer au protagoniste pour vouloir rompre l'illusion qui maintient l'ordre dictatoriale. Hier soir, quand j'etais fascinee par l'appel de la photo des allumettes de Nacer Amari, j'avais l'impression d'etre dans une situation d'atteinte a rappel total, sure qu'une memoire reelle etait la dans l'image de cette photo intrigante, et ne pas sure comment et pourquoi cela fut le cas. Le choc de me rappeler presqu'aussitot que je m'etais reveillee fut tel un choc futur, de me trouver a la fois dans un passe et un futur qui quelque part s'avaient croises. Mon petit village flamand, les Etats Unis, et le portail grand ouvert de l'Algerie, de la Kabylie, qui continue a me reintroduire a moi, a mes plus beaux et plus importants souvenirs, a ma muse creative, a ses reves, ses visions, ses passions et son destin.
Dans mon livre en anglais et francais, de 2015, d'une 400 pages, " Lioness in Exile ", " Lionne en Exile ", il y a une svelte collection de 48 pages de poemes dediques a mon ami marrocain, Dr. Driss Ouaouicha, qui a ete l'elan pour m'encourager de poursuivre ma fascination pour la culture et histoire de l'Afrique du Nord. Une amitie qui remonte maintenant 36 ans, la collection a un poeme ou je m'imagine etre une enfant devant son bureau de qui la fenetre est fermee solidement, et vers laquelle je jette de petits cailloux pour essayer de lui faire venir a la fenetre et l'ouvrir, pourque je puisse lui parler et visiter. Le poeme est emouvant dans son souhait innocent, mais ce qui est relevant, est que en Algerie, en Kabylie, le symbolisme de la fenetre est restee, dans la relation professionnelle et l'amitie du photographe Nacer Amari, de qui ses photos de fenetres ouvertes chez lui, sont devenus un symbole pour l'esprit et le coeur ouvert de ma famille berbere en Algerie. Je trouve toujours la fenetre chez le photographe ouverte, accueillante, et j'y trouve toujours des nouvelles melodies du passe, qui rendent plus clair le present, et donnent de l'espoir pour le futur. Ma muse s'y sent tres bien. Les reverbations des traumes du passe y fadent, y perdent leur tristesse, leurs ombres, leur pouvoir. Le present ainsi recoupe sa dignite, sa fierte, son aisance, et le futur y voit son energie, ses sourires, ses affirmations. Nacer Amari est ainsi un collegue, un cousin, un confident, et me permet une chance d'unir dans une collection, dans un livre futur cette rencontre merveilleuse des arts, de la culture, de l'histoire, de la nature, du courage de la Kabylie, et de ses artistes qui chacun et chacune ont des histoires importantes a partager, a inspirer, aussi, comme dans mon cas, avec cette histoire de la memoire des " zwavelstokjes ". Cette histoire triste a un cote tres beau, qui parle de la survie de l'esprit, de l'amour en fait, car la petite fille aimait a sa grandmere, et la grandmere est venue lui sauver de sa vie affreuse. L'Algerie est mon esprit, elle est telle la grandmere dans le conte de l'ecrivain danois, elle m'a sauvee de la mort de mon ame et de mon coeur de poete, pour me reunir avec l'esprit berbere de la Kabylie, qui m'a pris dans ses bras, et m'a permis de laisser le passe, et m'a donnee une nouvelle chance, une seconde vie, qui m'a permis de laisser le passe un sourire sur les levres, parceque la Kabylie m'a permis entree au bonheur de l'appartenance, a etre en famille a nouveau, une vraie famille qui ne cherche pas a m'abuser l'esprit et les reves, mais les nourrir et les encourager, comprendre, et aimer. Vers le futur du passe, la Kabyie m'a mis les pieds sur terre firme, les pieds heureux, joyeux et libres pour suivre le chemin qu'a reve toute son existence de suivre et exprimer mon inspiration poetique et intellectuelle - culturelle. Quand on se retrouve on dit azul en Kabylie, " az - ul " : " approche toi a mon coeur ". La Kabylie m'a permis de m'approcher a son coeur. J'en ai les yeux pleines de larmes de joie de reconnaissance quand j'y pense. Parfois, dans la vie, on a de la chance. Toute une vie de voix supprimee, pour la trouver enfin, dans toute sa force et but, la ou ma vraie famille m'attendait, en Algerie, en Kabylie.
Qui aurait pensee quand j'avais 8 ans, ecoutant en Flandes, en Belgique, le conte de la petite fille aux allumettes en neerlandais, qu'une belle photo, toute une vie plus tard, une photo me venue ici a Washington State aux Etats Unis, avec un message plein de symbolisme subtil de la part d'un photographe berbere, Nacer Amari, en Kabylie, en Algerie, allait affirmer, allait confirmer encore une fois, que mon ame et coeur de poete ont des racines et des chants qui sont autants berberes en esprit et destin, que flamands - americains ?
Trudi Ralston
La recherche sur le film de 1990 de Paul Verhoeven " Total Recall ", et sur le conte de l'ecrivain danois Hans Christian Andersen, " La Petite Fille aux Allumettes ", de 1845, courtoisie de Wikipedia.
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