Monday, August 18, 2025

Le Long Chemin de Retour: L'Appel Historique de "Nasri Yahia, chercheur independant de la langue universelle Berbere" de Nacer Amari - dans la serie "Au - Dela des Ombres de Demain"

             Recemment, une conversation avec une amie retrouvee de mes annees comme eleve de primaire en Flandres, autour de la langue maternelle et ma nostalgie de manquer la chance de la parler et partager, m'a inspiree de revisiter les sketch d'un comique flamand, Gerard Vermeersch (1923 - 1974), qui etait tres populaire pendant mon enfance et adolescence, dans la regions ouest  et est - flamands. Ses monologues comiques il presentait en ce qu'on appelle le flamand standard, quand il addressait le public, et les exchanges de ces personnages qu'il creait, parlaient dans le dialect specifique de sa ville de naissance, Ieper, dit Ypres en francais belge, c'est a dire, en wallon, qui indique la region du sud de la Belgique, avec la capitale Brussel, en wallon Bruxelles, la capitale. La division linguistique en Belgique, depuis la formation du pays en 1830 comme royaume parlementaire democratique, a ete et reste, des le debut, une division aussi sociale, economique et politique. Jusqu'aux annees 1960, specifiquement la loi de 1969, quand le flamand a recu l'egalite quant aux droits linguistiques, qui fut une grande victoire: avant 1969, tous les cours universitaires dans les universites majeures du pays, comme celle a Leuven, fameuse internationalement, 16 km a l'est de Brussel, et etabli en 1425, etaient seulement en wallon. Leuven est la plus grande universite en Belgique, et la ville a une histoire qui remonte a l'annee 891 A.D., quand l'armee du roi franquois Arnulf de Carinthia vainc une armee de vikings. En 1914, l'armee allemande detruit la biblioteque de l'Universite de Leuven, qui a ainsi perdue 230,000 livres et manuscrits, y compris plus de 1000 livres empreints avant 1501 A.D. et pendant la Seconde Guerre Mondiale, en 1940, l'universite perd plus de 1 million de livres. Avant 1969, tous les cours universitaires etaient en wallon, ce qui mettait sous considerable fardeau les etudiants flamands du pays. L'egalite linguistique ouvrait le chemin vers l'egalite en professions, en respect intellectuel et culturel, en fierte sociale, de se savoir visible, ne plus soumis au mepris, qui etait tres prevalent de la part de la bourgeoisie wallonne qui vivait en Flandres, comme entrepreneurs souvent, ou ils profitaient des travailleurs flamands dans leurs usines, ou ils ne gagneaient pas un salaire vivable. Je me rappelle que ce racisme s'etendait dans tous les domaines de la vie: les familles wallons riches avaient un mepris pour la peau pale blanche des travailleurs dans les usines et pour les femmes qui etaient les domestiques, pour ces personnes humildes qui n'avaint pas le luxe de se bronzer en ete sur les plages pres de leurs villas dans les villes cotieres de Oostende, Nieuwpoort, Oostduinkerke. Avoir la peau juste partiellent bronzee, comme fut le cas pour les agriculteurs, voulait dire qu'ils devaient se proteger du soleil. Avoir la peau bronzee, surtout les bras, les jambes, le visage, voulait dire que tu etais la personne en maillot de bain, sans chapeau, sans pantalon ou jupe longue pour te proteger contre la chaleur. C'etait un snobisme cruel envers la population flamande des trvailleurs et paysans qui me rendait en colere, meme comme enfant. La loi qui donnait entree au flamand comme langue d'egal pouvoir etait le debut d'une renaissance culturelle du flamand dans le monde de la chanson, de la litterature, de la recherche, des avances pour la voix, pour les droits des travailleurs grace aux syndicats et leur representation egalitaire, pour les droits aussi des soldats flamands, car pendant les deux guerres mondiales, ils etaient victimes de blessures, de mort, suite de ne pas comprendre les ordres recus de leurs commandants qui se communiquaient exclusivement aux soldats en wallon. Depuis commencer d'ecrire et faire des recherches pour mes articles, poemes et livres qui se dedient a la culture de la Kabylie, mon heritage flamand linguistique - sociale, se voit souvent comme dans un miroir, quand je pense au univers vaste qu'est l'histoire des langues Berberes de l'Afrique du Nord. L'introduction au monde de la Kabylie m'a ouvert tout un monde, qui continue de donner vie a mes livres, deja huit en ce moment depuis 2017. Flandres, comme les cultures Berberes, a vu une serie d'invasions qui remontent a l'ere de l'empire romain. Le general et empereur Jules Cesar disait que les belgae, les tribus desquels les flamands sont les descendants, etaient "les plus resistants de tous les tribus gaulois." Les Belgae sont vaincus par les armees romaines au milieu du premier siecle B.C. et leurs terres font apres partie du Saint Empire romain germanique, et apres des Pays Bas Bourgognes, et ensuite de l'Espagne Habsbourg ( 1556 - 1794), et apres de la France Revolutionnaire (1794 - 1815), et finalement du Royaume Uni des Pays Bas ( 1815 - 1830), pour devenir part du Royaume de la Belgique Independante en 1830, avec le roi Leopold I le premier roi belge en 1831. Parmi les tribus Belgae que discutent les chroniques historiques romaines il y avait: les Morini, Menapii, Nervii, Germani, Cisrhenani, Aduatuci et Treveri. Ce tour nostalgique de mes racines flamandes, me met avec beaucoup d'entousiasme dans les cultures Berberes de l'Algerie, de ce qui ce fut ma decouverte d'apprendre l'abondance de langues berberes du pays: le kabyle, qui a entre 2,5 et 3 millions de personnes qui le parlent avec les autres langues Berberes le Shenwa (76,300 personnes); le Tashelhit (6,000 personnes); l'Ougli (20,000 personnes); le Tamahaq - une des 3 langues Touareg - ( 71,400 personnes); le Tugurt ( 8,000 personnes); le Tidikelt ( 1,000 personnes); le Guara ( 11,000 personnes); et le Mozabite ( 150,000 personnes.) Les langues des peuples Imazighen de l'Afrique du Nord font partie des langues Afro - Asiatiques et couvrent une population d'entre 25 a 36 millions de personnes, avec le Maroc et l'Algerie les pays qui ont les plus grandes populations Berberes: le Maroc avec 14 - 15 millions de personnes, et l'Algerie avec entre 7 -13 millions de personnes. Les autres pays sont : le Niger ( 3,6 millions de personnes); la diaspora Amazighe en France ( 2 millions de personnes); le Mali (850,000 personnes; la Libye ( 600,000 personnes); la diaspora Amazighe en Belgique ( 500,000 personnes); la diaspora Amazighe aux Pays Bas ( 467, 455); Burkina Faso (406,271); la Tunisie ( 100,000); le Canada ( 37,060); l'Egypte (30,000); la Mauretanie (10,000); la Norvege (4,500); l'Israel (3,500); et la diaspora aux Etats Unis (1,325 personnes). Les Imazighen sont descendants des peuples de l'ere du Neolithique et les premiers textes qui parlent des Berberes datent des ecrits anciens egyptiens. A partir de 200 B.C. les langues Berbers s'etendent de la Vallee du Nile vers l'ouest a travers le Sahara Nord vers le Maghreb. Les peuples Berberes tels les Mauri, Masaegli, Massyli, Musulami, Gaetuli, et Garamantes sont a l'origine des royaumes Berberes de la Numidie et de la Mauretanie. Plus tard dans l'Antiquite, il y a les royaumes Berberes d'Altava, Aures, Ouarensis, et Hada. Les tribus berberes restent des pouvoirs politiques importants et puissants et sont les fondateurs des dynasties du Xeme et XIeme siecles des Hammadid, et plusieures principalites dans le Maghreb - ouest, et les empires Almoravid et Almohad. La region du Maghreb du nord - ouest de l'Afrique, est dite d'avoir une population Amazighe depuis au moins 10,000 B.C. avec de l'evidence archeologique de l'ecrit Imazighen Tifinagh, trouvee dans la wilaya d'Oran. En fait, la superiorite en force militaire et population permettait aux royaumes Berberes d'imposer des taux a Carthage, une condition qui continuerait jusqu'au Veme siecle B.C. Aussi, grace a la dynastie Berbere - Libyienne Meshweh de l'Egypte ( 945 - 715 B.C.), les Berberes pres de Carthage commandaient un respect considerable. Garamantia etait un royaume Berbere notable dans la region de Fezzan, qui est aujourd'hui la Libye moderne, dans le Sahara, qui fleurissait de 400 B.C. jusqu'a 600 A.D. La Numidie ( 202 - 46 B.C. ) etait un royaume Berbere ancien dans la region de ce qui est aujourd'hui l'Algerie et une partie de la Tunisie moderne, et la Mauretanie ( IIIeme siecle B.C - 44 B.C.) etait un royaume ancien Berbere Mauri dans ce qui est le Maroc et une partie de l'Algerie contemporains.  

              Les langues Berbers ont un niveau de variete similaire aux langues romanes, et qui couvrent une grande region geographique, definies collectivement comme les langues Amazigh ou Tamazight, avec le Tashelhiyt, le Kabyle, le Tamazight Atlas Central, le Tarifit et le Shawiya parmi les langues Berbers les plus prevalentes. Les langues Berberes se distinguent des langues Chadiques, Cushitiques et Omotiques, pour etre des langues ne pas tonales, avec une langue tonale etre une langue ou les mots peuvent changer selon l'intonation, le ton - comme dans la musique - a part de consonants et voyelles. Les langues berberes etaient ecrits avec l'aphabet Libyque - Berbere, le Tifinagh, et jusqu'a aujourd'hui, et sans interruption, dans les 3 langues Touareg du Sud de l'Algerie, du Mali, de la Libye, le Niger et Burkina Faso. L'alphabet latin Berbere fut introduit au XIXeme siecle par l'Occident. Le Maroc est le pays avec le plus grand numero de personnes qui parlent le Tamazight: en 2022,  Ethnologue estime qu'il y a 13,8 millions de personnes qui parlent les langues Berberes. Le census de 2024 indique que 14,2% de la population du Maroc parle le Taselhit, 7,4% le Tamazight Atlas Central, et 3,2% parle le Tarifit, ce qui represente 24,8% de la population du pays. En Algerie, qui a la seconde plus grande population en Afrique du Nord de locuteurs natifs de langues Berberes, c'est entre 17,9 % et 19% de la population, avec le kabyle la langue Berbere la plus dominante. Dans les autres pays du Maghreb, la liste montre la grande variete dans les langues Berberes: le Niger, avec 450,000 personnes qui parlent le Tawellemmmet, et 250,000 personnes le Tamajeq, et 20,000 personnes le Tamahaq, ces deux dernieres etants deux des 3 langues Touareg. Au Mali, il y a 420,000 personnes qui parlent la langue Berbere Tawellemmet, et 378,000 personnes la langue Berbere Touareg, le Tamasheq. En Libye, selon les chiffres de 2022, il y a 285,890 personnes qui parlent les langues Berberes, entre eux 247,000 qui parlent Nafusi; 22,800 personnes qui parlent Tamahaq; 13,400 personnes qui parlent Ghadames et 2,690 personnes qui parlent Awjila. En Tunisie, il y a 50,000 locuteurs Djerbi et 3,000 personnes qui parlent Ghadames. En Egypte, on compte 20,000 personnes qui parlent Siwi. En Mauritanie, il y a 200 personnes qui parlent la langue aberbere Zenaga, et 117,000 personnes qui parlent la langue Touareg Tamasheq. En Burkina Faso, aussi, on compte 122,000 personnes qui parlent egalement le Tamasheq. Dans les langues Berberes des Kel Touareg, il y a 3 langues: Tamasheq, Tamajag et Tamahaq. Interessant de noter, que les langues Berberes Touareg ont une presence considerablement moins visible de mots emprunts de la langue arabe, et contraire aux langues du phylum Afro - Asiatiques Chadique, Cushitique et Omotique, les langues Berberes ne sont pas tonales, ce qui veut dire que l'intonation ne define pas le mot. Une des langues tonales les plus difficiles, est le chinois Mandarin, ou un mot peut avoir 4 differentes interpretations, selon l'intonation que la personne lui donne. Un chercheur qui reste mondialement reconnu pour son "Dictionnaire touareg - francais" qui a vu la publication apres sa mort , sur la langue Touareg du Ahoggar dans le Sud de l'Algerie, est Charles de Foucauld, ethnographe, explorateur de la culture du Maroc, auquel il dedique 4 volumes dans son livre de 1888, "Reconnaissance au Maroc", et de l'Algerie, ou il vit pour 15 ans, comme ermite et pretre catholique. De naissance de Strasbourg en France (1858 ), Charles de Foucauld construit un hermitage sur le point le plus haut des montagnes de l'Assekrem, a une hauteur de 2780 metres, ou il avait vecu parmi les Touareg depuis 1901, jusqu'a sa mort en 1916. Les Touareg avaient un grand respect pour lui, et son tombeau est a El Menia, dans la province de Ghardaia, en Algerie. Il a ecrit aussi "Poesies touaregues. Dialecte de l'Ahaggar" de 1925, et "Chants touaregs", Recueillis et traduits par lui. ( 1997, Paris, Albin Michel). Un ethnologue contemporain notable des Pays Bas, professeur d'Etudes Berberes, a l'Universite ancienne renommee de Leiden, Maarten Kossman (1966), travaille sur les langues Amazigh, qui depuis 1997 a ecrit 12 livres sur les langues berberes de l'Afrique du Nord. 

             Le portrait en noir et blanc, du 10 aout 2025, du photographe kabyle d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie "Nasri Yahia, chercheur independent de la langue Berbere universelle", m'a inspiree cette celebration de la richesse historique - linguistique des cultures Amazigh. Le portrait montre au chercheur Nasri Yahia dans une pose active, de concentration intellectuelle visible, les bras croises, debout, le regard intense, pret, investigateur. Pour moi, la culture Berbere de l'Afrique du Nord, m'a ouverte tout un monde, m'a inspiree de me trouver ma voix comme poete, ecrivaine et artiste. La collaboration avec mon collegue - photographe Nacer Amari, prouve etre merveilleusement fructif dans cette exchange flamande - americaine - algerienne - kabyle. Ce qui me rappelle la rencontre avec le president de l'IRCAM a Rabat, pendant mon sejour au Maroc en 2019, avant d'arriver en Algerie apres en 2019. Ce fut une grande joie et honneur de faire la connaissance du professeur - sociologue et linguiste, Ahmed Boukous ( 1946), pour un entretien dans l'edifice magnifique de l'Institut Royal de la Culture Amazigh. On a eue une longue conversation, et avant que je suis partie, il m'a regalee deux de ses livres: "Revitalizing The Amazigh Language" de 2012, et "Essais sur Les Enjeux Culturels" de 2019. Ce dernier livre a comme prologue, les mots du poete Bengali, Rabindranath Tagore (1861 -1941), recipient du Prix Nobel pour la Litterature en 1913. Ce qui m'a touchee, d'apprendre que je partageais un respect profond pour ce poete et sa vie, avec professeur Ahmed Boukous. Ses mots du poete fameux et courageux de l'Inde, sont une affirmation de l'importance du partage, de la passion pour travailler vers une humanite ou domine le respect pour autrui, pour l'expression libre, pour la sancitite de l'identite, sa dignite, et de mes efforts et leurs joie profonde de me dedier dans mes livres en prose et poemes, a l'exploration et appreciation de la culture Amazighe qui me donne la chance d'ainsi partager son ame, historique, mythologique, artistique, et me permet en recevoir la carte routiere pour mes expressions litteraires, y recevoir son esprit, et en traduire, l'echo des melodies riches qu'elle me laisse entendre, voir, comprendre de mon propre histoire de flamande exilee a une jeune age, et privee des racines de ma culture, de ma terre. La Kabylie et le lien profond intellectuel - culturel avec mon collegue photographe d'Aokas, me permet reclamer mon identite, me permet comprendre l'importance de vivre la vie libre pour suivre notre talent, de trouver le sentier qui mene vers sa plus belle expression, qui nous permet de vivre la vie de facon authentique, sans imposititions ou interdictions. Les mots du poete Rabindranath Tagore en sont dans ce prologue du livre du professeur Ahmed Boukous une sublime synthese: 

"Si j'avais eu la conscience suffisamment claire et les mots suffisamment nuances pour l'exprimer, j'aurais aime te dire que nous sommes la pour explorer, pour decouvrir et partager ce qu'il y a de meilleur en nous. Chacun possede un tresor. Sois conscient et genereux de ton tresor et, en meme temps, reste ouvert, attentif a recevoir le tresor des autres, dispose a apprendre et a te remettre en question. Cherche la beaute, la verite, l'excellence en accueillant aussi ta fragilite, ta vulnerabilite et ton ombre, de sorte d'etre a meme d'accueillir celles des autres. Occupe joyeusement ta place: il y a de la place pour chacun, sinon ni toi ni moi ne serions la. Pense que ta place que tu n'occupes pour ne pas deranger reste vide a jamais et rejouis - toi que chacun occupe pleinement la sienne auour de toi." 

            C'est cette sagesse vibrante, egalitaire, active, que le lien avec la Kabylie m'inspire, et que je vois, entends, sens avec beaucoup d'emotion et joie, et espoir, refletee dans ce portrait "Nasri Yahia, chercheur independent de la langue Berbere Universelle" du photographe Kabyle, Nacer Amari, qui depuis 2019 est le miroir clair, reflexif, qui m'accompagne sur le long chemin de retour vers mes racines, apres une vie plein de chagrin et defis, comme jeune exilee, loin de ma langue maternelle, loin du bonheur de s'y savoir vu, compris, membre d'une communaute et son coeur, son histoire, ses triomphes, ses defis, son esprit, sa mythologie, sa raison d'etre. 

Trudi Ralston  


La recherche sur les langues Berberes de l'Afrique du Nord, ainsi que sur l'histoire linguistique du flamand, courtoisie de Wikipedia. Les livres du professeur Ahmed Boukous, president de l'IRCAM a Rabat, que je cite dans l'article, sont : "Revitalizing The Amazigh Language: stakes, challenges, strategies", publication de 2011, (300 pages), et son livre de 2019, "Essais sur les Enjeux Culturels", (312 pages). Les deux livres sont des publications de l'Institut Royal de la Culture Amazighe, dans la Serie "Etudes et Recherches', specifiquement le Numero 24 et le Numero 72.   

Wednesday, August 13, 2025

Le Coeur Blanchi: L'Entre -Acte du Mouvement Inegal de la Solitude - dans la serie "Les Ailes d'Aphrodite"

           Ce matin tard, dans le silence du jardin et le soleil intense, brilliant, j'ai fort senti la complicite de sa presence. Une presence qui parait vouloir, s'assurer meme, que je n'etais pas seule, dans les ruminations de mon soliloque sur la scene d'un theatre imaginaire, ou la solitude etait le public curieux, etrangement engagee, patient. Recemment, j'ai partagee une video sur le mystere du chagrin, sur son indifference pourtant discret envers la douleur, l'incomprehension que cause la cruaute humaine, surtout celle infligee par des soit - disant personnes raisonnables, qui souvent sont unies a la communaute dans laquelle on est nee, a sa famille a ses demandes. Briser cette solitude imposee, demande une volonte resolue, et parfois, dans ce combat, il apparait cette rare personne, qui sait nous voir le coeur et ses conflits, qui nous donne la force pour la chance de se recuperer des blessures du coeur, banni, blanchi, qui comment une coquille abandonnee, se trouve jetee par une main indifferente, sur une plage etrangere, lointaine, inconnue. Cette reflection sur le coeur qui se trouve mal compris, envers l'implacable rythme de la solitude, evoque la difficulte de la communication amplifiee dans sa complexite, malgre les avances technologiques de la fin du XXeme et des premieres decennies de notre XXIeme siecle deja d'un chaos presque incontrollable. Dans ce monde ou domine une obsession pour une violence exponentielle, le soleil y parait une presence spirituelle rassurante. Le soleil, qui est une entite, une energie de milliards d'annees, qui me donne l'impression de comprendre, d'ecouter comme si son esprit ancien eternel me dit: "Le mal, le bien, le chagrin, la joie, ... un jour, peut - etre dans le monde des esprits, tu vas comprendre, tu verras, il y a d'autres realites, d'autres choses a apprendre. Ne t'enfais pas trop, de ce monde et ses folies, ses hypocrisies, ses absurdes, vides illusions." Le soleil, dans cet instant au jardin, me paraissait implacable et charitable a la fois, sa chaleur comme une caresse gentille, discrete, qui me permettait voir, juste pour quelques moments, que la ligne entre le reel et l'imaginaire est plus resistante, plus profonde que le monde veut qu'on s'en rend compte. La communication est comme une clef, qui permet entree au monde interieur du coeur, de l'ame, la notre et ceux des personnes a qui se sentir proche parait possible, et que souvent le monde exterieur et ses indoctrinations dominantes, pathologiques cherche de supprimer, de controler, d'anesthesier, pour maintenir le statu quo, l'ordre et ses hierarchies jalouses, avares, possesives. Le poete autrichien Rainer - Maria Rilke (1875 -1926), qui se considere etre une voix importante dans le mouvement du modernisme et son interet, pour explorer dans ses ecrits poetiques, le monde interieur dans toutes ses formes, montreait une grande sensibilite intellectuelle - creative, quant a l'importance du besoin d'explorer la communication entre les personnes, leurs liens rendus ou plus clairs, plus libres, plus authentiques, grace a une communication franche, alerte, ouverte, ou miserables, etouffants, authoritaires, quand les dogmes et ses restrictions, ses impositions rendent la communication une convenance, une repetition vide, un devoir subi, souffert, qui tue, a la fin, la chance a une vie ou nos talents, notre identite peut se developper completement. Les liens de famille, de travail, de l'amitie, de l'amour, le poete Rilke voyait comme sous stress penible, si la liberte de l'autre personne fut limitee, envahie, dominee: "Il ne s'agit pas de creer une communaute en vitesse, ou toutes les distances sont detruites, mais plutot il faut prendre soin, proteger, la solitude de l'autre personne. Cet acte de supreme confiance, est un regal qui permet a l'autre personne le pouvoir de definir son propre destin, prisonnier de personne, ni moins de la personne qui professe de l'aimer. Une fois qu'on se rend compte, que meme dans les liens les plus proches, il resteront des distances infinies, on peut vivre en paix, en proximite qui ne suffoque pas l'esprit et le coeur autrui. On peut se voir l'inviolabilite l'un de l'autre, voir a l'autre personne comme face a l'horizon de son etre qui se reflete pour nous et qui la permet de voir avec clarte notre place dans cette espace ouverte ou deux personnes peuvent se respecter, se bouger, se definir leur etre." Ceci Rainer - Maria Rilke voit comme une idee positive, pour le mariage, pour la famille, pour l'amitie proche, intime. Il conclut: "Les vrais liens durables sont ceux qui rendent plus resistant les demandes de la solitude, en acceptent et comprennent son inevitabilite, au lieu de la nier, de la expulser, de demander que la personne aimee se rende, se perde son identite, son etre dans les demandes de nos definitions, qui finissent par rendre poussiere, ne plus en vie, ce qui nous rend chacun et chacune unique." Les liens heureux sont ceux ou deux mondes divergents se voient, se comprennent, et gardent l'espace ou ils se retrouvent, tolerant, ou l'incertitude n'est pas vue comme une faiblesse, mais une possibilite de rencontres riches, transformatives. Le soleil parait comprendre ce besoin, cette vision de la part du poete, que le poete libanes - americain Kahlil Gibran (1883 - 1831) aussi a embrassee, ainsi que mil ans avant eux, le poete Sufi perse Jalal al - Din Muhammad Rumi (1207 - 1273), lui aussi convaincu que les liens les plus valables, les plus riches, sont ceux ou la personne se sent libre d'etre soi - meme, ne pas soumis, ne pas obligee de vivre le coeur et l'esprit ne plus la sienne, ne plus permis de vivre la vie comme un etre humain qui a le droit de se definir la vie et le destin. Le coeur blanchi, une fois qu'il se libere, se transforme, se guerit, se leve, comprend que le droit a la volonte libre s'etend de sa personne en ligne directe, vers le ciel ouvert, vers son soleil, qui les deux y existent ne pas sous le confinement, derrieres des portes et fenetres, en chaines invisibles mais lourdes, en interdiction, mais dans une espace enorme, libre, la ou l'etre humain a recu le droit de lui aussi, etre, et vivre en coeur, corps et esprit, dans les liens qui s'expriment telles des espaces grandes, ouvertes, transformatives, ou la communication n'est pas une recitation obligee, mais est reciproque, joyeuse, parceque elle est detendue, tolerante, acueillante, libre. Ce poeme celebre le lien charitable, transformatif, authentique:


Le Coeur Blanchi 


Le rythme de ses vagues est hypnotisant, pour la coquille qui se trouve collee dans le sable d'une plage loin et imposant. Le soleil lui y brule avec ses rayons couleur de flammes, la douleur d'etre banni, de se trouver seule sans compagne, sans le toucher de la main charitable, qui lui accueille, qui lui recoit. 

*     ***     *     ***     * 

La mer chante ses refrains qui encourage la coquille, lui couvre du manteau frais de son ecume tendre, du gout de sel de ses creatures, qui lui visitent, qui lui laissent la brise qui calme, qui ecoute. La nuit avance la lumiere vers la lune et ses etoiles, et la coquille s'endort, reve de ses exploits longuement vecue, souhaitee. 

*     ***     *     ***     *

Elle se trouve sur une scene desertee, avec le seul public la solitude et ses pas mesurees. La coquille se demande, que deviendra - t - elle sans le son du ciel qui chantera son nom, son poeme, sans les doigts et la bouche du musicien qui lui voit, lui ramasse, lui entend son message, lui sent la soif ? 

*     ***     *     ***     *

Parfois, ce sont les personnes les plus charitables, qui sont les plus resistantes, les plus intelligentes, qui comprennent ce que le coeur du poete et ses blessures dechirantes cherche, est l'accueil, l'espace libre pour son ame, la tolerance, la chance de respirer librement, sans jugement, sans demandes.

*     ***     *     ***     *

Le coeur blanchi dans les tempetes de Neptune et son monde marine, se sent a l'aise pres de l'horizon ou reside l'ami qui a le meme besoin de vivre dans une espace ouverte, d'etre comme la coquille reunie a sa voix, grace au musicien qui lui inspire d'etre sa muse, de partager la joie de vivre inspiree, reveillee, libre. 


Trudi Ralston


La recherche sur le poete Rainer - Maria Rilke, courtoisie de l'article de Maria Popova dans The Marginalian: "The Difficult Art of Giving Space in Love" https://www.themarginalian.org 

La traduction des 2 passages des mots de Rainer - Maria Rilke, en francais du texte en anglais, originalement en allemand, que cite l'article, est la mienne. 

Sunday, August 10, 2025

Le Protagoniste Constant: L'Influence Picaresque dans "Mokhtar Chebbah" de Nacer Amari - dans la serie "Au -Dela des Ombres de Demain"

                    Le ciel au - dessus du jardin ici a Olympia donnait l'impression d'une grande toile etendue sur une scene de theatre. Un ciel tout bleu, detendu, avec au centre un dessin de nuage qui etait la silhouette d'un oiseau blanc aux ailes etendues, avec une pose exotique, qui me faisait penser a l'Oiseau de Feu des contes russes. Un oiseau magique, qui avait le don de vaincre, de briser les sortileges du mal, et qui ainsi etait le messager de la transformation, de la resistance, du courage, de la seconde chance, si urgent parfois dans la vie et ses complications continues. Je pensais a la sublime choreographie fait pour le ballet de 1910, sur le theme de l'Oiseau de Feu, par le fameux choreographe et danseur russe, Sergei Diaghilev (1872 - 1929), innovateur avant - garde et fondateur de sa compagnie de danse, "Les Ballets Russes", pour qui le compositeur moderniste russe - francais Igor Stravinsky (1882 - 1971) allait faire la musique pour l'Oiseau de Feu. Le danseur et choreographe russe Vaslav Nijinsky (1889 - 1950), qu'on considere etre le plus important danseur du debut du XXeme siecle, etait la sensation internationale dans les ballets de Segei Diaghilev, et suite de son mariage de convenance, pour lui reprimer sa homosexualite, a vu un declin tragique de son talent et de sa carriere, pour se voir terminer comme patient psychiatrique sous la dominance fatale de sa femme, une femme russe de considerable ressources financieres, qui lui allait enlever l'energie et inspiration artistique, une histoire a briser le coeur. Les "Ballets Russes" etaient un phenomene, pour la beaute de la choreographie des scenes et des danseurs, de leurs costumes, faits a base des dessins de coulours vibrantes et styles exotiques, des idees de l'artiste peintre russe Leon Bakst (1866 -1924) de qui leur virtuosite et innovation audacieuse continuent de fasciner le monde contemporain du danse, avec leurs legendaires presentations artistiques: "Scheherazade" (1910), "Carnaval" (1910), "Narcisse" (1911), "Le Spectre de la Rose" (1911), "L'Apres - Midi d'un Faune" (1912), et "Daphne et Chloe" (1912). Le fameux danseur et choreographe russe - autrichien, Rudolf Nureyev ( 1938 - 1993), d'ascendance Tatare - siberienne musulmane, allait reprendre le role du faune dans l'interpretation de "L'Apres - Midi d'un Faune" - qui avait causee un scandale en 1912, pour son style ouvertement sexuel - de1981. Toute cette energie creative unique, geniale, allait etre supprimee et persecutee avec l'arrivee de regne de terreur de Stalin a partir de 1924 jusqu'a sa mort en 1953. Rudolf Nureyev s'echappe de la Russie sovietique et de la surveillance continue de la KGB en 1961, convaincu que sa personalite rebelle et style de vie consideree controversielle et provocative en Russie, allait lui trouver a la fin en prison. Heureux de se pouvoir exprimer librement, aussi dans sa vie personnelle, Rudolf Nureyev devint un des danseurs les plus importants de sa generation, et une inspiration pour son combat courageux contre la SIDA, qui lui allait fait perdre la vie a l'age de 54 ans. Il possedait une energie vitale irrepressible dans sa vie sociale, et dans sa vie artistique comme danseur et choreographe. Cette digression reflexive me fut inspiree par un portrait en noir et blanc du photographe d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie, son portrait du 6 aout 2025, "Mokhtar Chebbah. Retour a la vie!" de qui m'a beaucoup impressionnee le sourire et le regard optimiste, confiant du protagoniste. La pensee qui s'est mise au centre de ma reaction face a ce portrait fut l'importance de la volonte, face aux exigences de la vie. La volonte qui souvent est essentiel dans le monde des arts, si on veut briser les impositions des convenances, du doute, du mepris, de la jalousie, de l'hypocrisie, de la censure, de la mediocrite, du cynisme, bref, de toutes les formes negatives qui cherchent, d'une facon ou autre, de decourager, de minimaliser, d'effacer l'initiative creative libre, courageuse, visionnaire, audacieuse. Ce combat que fait cette obsession qui cherche, depuis le debut des civilisations depuis l'Antiquite, d'eliminer, de controler, l'initiative creative - sociale - intellectuelle libre, rappelle a un genre dans le monde de la litterature et du theatre: le picaresque. C'est cette lumiere brillante de l'esprit rebelle, audacieux, resistant, ingenieux du temperament et intelligence picaresque, que je vois dans le sourire et le regard vibrants, tenaces du protagoniste dans le portrait du photographe Nacer Amari qui celebre le "Retour a la vie!". C'est cette energie contagieuse, sympathique du picaresque et son influence durable qu'on continue de retrouver dans le monde en chaos du XXIeme siecle et ses spasmes, qui sera le sujet de cet article. Le picaresque comme expression artistique - stylistique de ses protagonistes, a une longue histoire. Le style du picaresque decrit dans ses romans et pieces de theatre, les avontures d'un heros attirant, qui survit grace a son esprit et intelligence dans un monde hypocrite et corrupte, avec le moyen d'un recit qui adhere au realisme dans un melange d'elements de la comedie et de la satire. Le genre picaresque commence avec le roman espagnol de 1554, "Lazarillo de Tormes" qui fut publie de forme anonyme, pour evader la censure a cause de son contenu anti - clericale. Les influences antecedentes du roman picaresque se trouvent dans la litterature arabe, perse, ottomane, et ses influences allaient se repandre apres dans la litterature francaise, allemande, latine - americaine, grecque contemporaine, russe, sans compter aussi les antecedents anciens grecs et anciens romains. Il y a une grande influence des contes des "Mille et Une Nuits" de provenance perse et arabe, avec les origines du texte et ses multiples evolutions et traductions, remontant au VIIIeme siecle, et ses anti - heros sympathiques, comme Aladdin et Ali Baba, et leur influence continue d'inspirer les protagonistes du genre picaresque moderne et postmoderne, de nos jours. Parmi les antecedents de l'empire romain, il y a le "Satyricon" sur les avontures de l'ancien gladiateur Encolpius, et "L'Ane d'Or" d'Apuleius qui datent du second et premier siecle A.D. D'autres examples espagnols sont les romans "Guzman de Alfarache" de 1599 - 1604 de Mateo Aleman (1547 - 1614) et "El Buscon" (1626) de Francisco de Quevedo (1580 - 1645). Le style du picaresque resterait, suivant l'example des ecrivains espagnols, populaire en Europe pour plus de 200 ans, comme dans l'oeuvre de Miguel de Cervantes (1547 - 1616) et les exploits de "Don Quijote de la Mancha" (1605 - 1615), et les livres de l'ecrivain anglais Charles Dickens (1812 - 1870), comme dans son roman "Les Journaux Pickwick" (1836 - 1837). Charles Dickens avait une fascination pour les contes des "Milles et Une Nuits", qu'il lisait et re - lisait. Ce serait en 1810 que la definition "roman picaresque" serait introduite, unissant le mot picaresque au roman, comme son expression litteraire la plus prolifique et populaire. Les episodes les plus importantes dans le roman iconique du genre, "Lazarillo de Tormes" doivent leur inspiration aux "Mille et une Nuits" et leurs contes qui etaient bien connus par la population de la Andalucia et ses habitants maures. Al - Hamadhani (969 A.D. - 1007 A.D.) de ce qui est aujourd'hui l'Iran, est l'ecrivain qui a concu le genre litteraire du maqamat, dans lequel un vagabond gagne sa vie avec son don de raconter ses exploits, en vers et gestes theatrales. Ibn al - Astarkuni, mort en 1134, aussi ecrivait dans le style picaresque. Il y a un element interessant de la presence de mots russes dans le texte picaresque "Lazarillo de Tormes" qui suggere une influence de contes slaves du Moyen Age autour du sujet de bandits, de prostituees itinerantes, qui etaient des personnages communs dans les regions sous stress economique qui abordaient l'Allemagne vers l'ouest. Sous le regne de l'empereur Charles V, ces contes sont lus en traductions leurs faits en Espagne. Deux autres romans picaresques de l'ecrivain espagnol Miguel de Cervantes de cette periode sont "Rinconete y Cortadillo" (1613), et "El Coloquio de los perros" (1613). En Allemagne, l'example le plus notable fut le roman picaresque "Simplicius Simplicissimus" de 1669, de Hans von Gimmelshausen, qui decrit les effets desastreux de la Guerre de 30 Ans (1715 - 1735), et en France, c'est le roman "Gil Blas" (1715) d'Alain - Rene Le Sage (1668 - 1747), et en Angleterre, "Moll Flanders" (1722), avec l'heroine rebelle une femme, de Daniel Defoe (1660 - 1731), connu pour ses livres de forte critique sociale - politique, ce qui est au centre du genre picaresque. Au XVIIIeme et XIXeme siecles, le genre picaresque avance vers le modernisme, avec les precurseurs de "La Vie et la Mort de Jonathan, le Grand" (1743) de l'auteur anglais de Henry Fielding ( 1707 - 1794), ainsi que ses livres "Joseph Andrews" de 1742 et "L'Histoire de Tom Jones, Orphelin" de 1749. Apres la Guerre de l'Independance de la Grece (1812 -1813 ), un groupe d'intellectuels d'Athene publient une serie de romans picaresques inspiree par le modele ancien romain et grec comme "Aethiopica" de Heliodore d'Emesa. Les romans d'Alexandre Soutsos (1803 -1863), "L'Exile de 1831" (1831), et "Xouth le Singe" (1848) de Iakovos Pitsipios (1824 - 1888), introduisent le recit picaresque au monde de la litterature grecque moderne. L'ecrivain Grigorius Palaiologos cite a l'oeuvre d'Alain - Rene Le Sage, "Gil Blas" comme source d'inspiration pour son roman picaresque "L'Homme de Beaucoup de Souffrances" (1839). Le journaliste et ecrivain Emmaneul Rhodes continue cette tradition picaresque avec son roman provocatif, "La Pape Joanne" de 1866. Le roman de William Thackeray (1811 - 1863), connue pour le style de la satire dans ses romans picaresques, comme "Festival des Vanites: Un Roman sans Heros" (1847 - 1848), inspire le realisateur avant - garde americain Stanley Kubric (1928 - 1999) qui fait une interpretation du livre de William Thackeray, "La Fortune de Barry London", en 1975. L'ecrivain russe Nikolai Gogol (1809 - 1852), utilise parfois la technique picaresque comme dans son oeuvre "Ames Mortes" (1842 - 1852). Les exploits des protagonistes au marges de la societe des livres de l'auteur americain Mark Twain (1835 - 1910), sont decrits dans le style picaresque, comme son roman "Les Avontures de Huckleberry Finn" (1884). Au XXeme siecle, deux jeunes auteurs russes s'unissent pour ecrire leurs romans picaresques "Les Douze Chaises"(1928), et "Le Petit Veau d'Or" (1931): Ilya Ilf ( 1897 - 1937) et Yevgeni Petrov ( 1902 - 1942). Le roman picaresque atteint une importance croissante dans le modernisme et postmodernisme dans l'oeuvre de plusieurs auteurs fameux pour leur excellence du genre: Camilo Jose Cela (1916 - 2002) qui recoit le Prix Nobel pour la Litterature en 1989, l'ecrivain espagnol avec son roman "La Familia de Pascual Duarte" (1942); l'ecrivain americain noir Ralph Ellison (1913 - 1994)), avec "L'Homme Invisible" (1952), et "Les Avontures d'Augie March" (1953) de Saul Bellow (1915 - 2005), l'auteur russe - americain qui gagne le Prix Nobel pour ce livre en 1976. L'auteur allemand - americain, Thomas Mann (1875 - 1955), ecrit le roman picaresque "Les Confessions de Felix Krull", et recoit le Prix Nobel en 1929, ainsi que l'ecrivain allemand Gunter Grass (1927 - 2015), fameux pour l'influence mondiale de son livre "Le Tambour" (1959), qui lui recoit le Prix Nobel en 1999. Thomas Mann et Gunter Grass tous les deux voyaient a l'art litteraire de l'ecrivain russe Fyodor Dostoevski (1821 - 1881) comme une influence majeure. Le roman "La Mauvaise Herbe" (1960), de l'ecrivain americain John Barth ( 1930 - 2024) aussi suit la tradition du style picaresque, et l'auteur attribue egalement l'influence de sa vision litteraire a Fyodor Dostoevski, ainsi que l'influence de l'ecrivain de l'Argentine, Jorge Luis Borges (1899 -1986), l'ecrivain russe Vladimir Nabokov (1899 - 1977) et l'auteur italien Italo Calvino (1923 - 1985) et l'auteur irlandais James Joyce (1882 - 1941). Le roman de l'ecrivain Italien Umberto Eco (1932 - 2016), "Baudolino" (2000) et "Le Tigre Blanc" (2008), le livre de l'auteur - journaliste - realisateur indien - australien Aruvind Adiga (1974), aussi sont dans le style picaresque. Le genre picaresque a ainsi un sentier qui remonte dans l'Antiquite et qui a su maintenir son importance vitale jusqu'a nos jours, ce qui est tout un heritage litteraire - sociale - historique remarquable. Cette exploration longue et complexe du genre picaresque, est egalement remarquable pour le fait qu'elle fut inspiree par le portrait d'une energie vitale contagieuse de la part du photographe d'Aokas, Nacer Amari: "Mokhtar Chebbah. Retour a la vie!" Ce qui affirme l'importance des arts visuels quant a leur lien avec le monde de la litterature, du theatre. La photographie y est liee de facon bien intime, egale en importance que l'influence du monde du cinema et ses adaptations et interpretations d'oeuvres litteraires. L'ecrivain russe - americian Saul Bellow, qui avait connu une vie de pauvrete et mepris comme immigrant aux Etats Unis, apres le depart de lui et sa famille de la Russie, a fameusement dit cette reflection, qui m'a beaucoup impressionnee et a laquelle le portrait kabyle de Nacer Amari m'a fait penser, ce portrait qui celebre la force vitale, la determination affirmante. Les mots de Saul Bellow sont une appreciation de ses protagonistes et leurs defis considerables: "Ils se battent pour surmonter les folies vastes du XXeme siecle", qui est "une bataille a vaincre les conditions non seulement des ghettos des grandes villes, mais aussi les psychoses de ces ghettos." Une transcendance qu'appelait Saul Bellow "de l'indicible lugubre" qui se realise, si elle se realise, avec "une feroce assimilation de l'apprentissage et une attention vers un esprit noble." C'est cette observation nette, du triomphe de la volonte intelligente, de ne pas se rendre aux caprices erratiques du destin, des impositions des intentions et obsessions destructives de personnes mal intentionnees, cruelles, dominantes, qui illumine la philosophie du picaresque, sa force vitale independante, rebelle, energique, flexible, soupple, qui n'a pas peur de mettre en question l'ordre social etabli, ses contradictions, ses injustices, ses hypocrisies qui donnent l'avantage toujours au pouvoir, aux classes qui dominent les structures sociales - politiques. Le monde du XXIeme siecle et ses manies, ses violences, va exiger une enorme force vitale intellectuelle - sociale, une vaste quantite de volonte feroce, sure, de la part des artistes, des visionnaires, des scientifiques de l'ecologie, de l'economie egalitaire, pour savoir creer un mouvement global qui sait changer de direction la course vers l'abime qu'on observe tous les jours de la part de leaders, d'entrepreneurs irresponsables, egoistes, destructives et avares, qui cherchent de glorifier le 1% de milliardaires et politiques qui cherchent de dominer, de detruire toute la planete, toute l'humanite. Le rebelle picaresque, on en a besoin en masse, ce qui explique son interet croissant dans le monde de la litterature postmoderne. Le sourire ouvert, accueillant, le regard energique, sur du protagoniste dans le portrait kabyle "Mokhtar Chebbah. Retour a la vie!" est une magnifique image de l'espoir, de cette attitude positive qui invite de se retrousser les manches, de croire que c'est possible, de renverser la route vers la catastrophe, si on commence a dire "Non!" au venin de la lethargie, au desespoir, au cynisme, a la violence, au mal dans toutes ses formes destructives, de prendre la decision active, de faire un effort conscient, chaque jour a nouveau, un pas a la fois, la main dans la main, avec toute personne de bonne disposition, d'energique, de tetue et confiante volonte de travailler, chacun et chacune selon nos talents et capacites, vers un monde qui a une chance a un futur positif, croyable, humain, ou regne l'espoir, la joie du sourire et du coeur ouverts, charitables, libre de rancune, de racisme, d'avarice, d'arrogance, de l'indifference meurtriere envers la souffrance d'autrui.    

Trudi Ralston  


La recherche sur l'histoire volumineuse du roman dans le genre durable du style picaresque, courtoisie de Wikipedia.        

Monday, August 4, 2025

Le Rappel: Le Dilemme du Masque - dans la serie "Les Ailes d'Aphrodite"

                   L'idee du masque est complexe, et la preuve est que depuis leur debut dans l'Antiquite, il existe maintenant des musees entiers sur la vaste espace des pays du monde, qui sont remplis de toutes les expressions artistiques leurs donnees des masques des civilisations anciennes et contemporaines de la planete. La fascination que sait inspirer le masque reste puissant, de l'age de la pre- histoire, jusqu'aux plus recentes interpretations du theatre avant - garde de nos jours. C'est bien connu, que l'Afrique est le continent qui a inspiree le modernisme dans la sculpture avec le surrealisme unique des masques de ses cultures: la culture Dogo de Mali utilise 78 differents masques dans ses rites et rituels. Il y a aussi les masques de la culture Bamana, aussi de Mali, et de la culture Punu de Gabon, de Benin qui est aujourd'hui le pays de la Nigeria, et les masques des cultures Yoruba, Igbo et Edo, et du peuple Senoufou de la Cote d'Ivoire et du peuple Temne de Sierra Leone. Sur les autres continents, il y a les masques rituels de Papua, en Nouvelle Guinee, et aux Ameriques, il y des masques impressionnants de la culture des Azteques, comme celui du roi Xiuhtecuhtli de c. 1500, fait de mosaiques de la pierre turquoise. Au Japon, les masques de theatre Noh sont connus pour les nuances de l'expression dans les traits, et il y a les masques d'or decouverts en Iran, dans la grotte de Kalmakareh, qui datent de 1000 B.C. En Europe, les masques les plus anciens ont des liens avec la chasse et le chamanisme. Le Carnaval de Venice continue une tradition commencee en 1268 A.D., et les acteurs grecs anciens portaient des masques pour la presentation des tragedies et comedies d'Aeschylus, Sophocle et Euripedes, et certains d'eux sont frappants pour le realisme moderne du style de ces masques. Ils portaient aussi des masques pour les festivals de Dionysos, et les romains les portaient pour les celebrations de leurs saturnalia. L'origine du mot "masque" reste incertain: possiblement, le mot derive son etymologie du mot italien "maschera", a son tour du latin medieval "masca" pour indiquer un "spectre, ou cauchemar", ou possiblement, le mot vient de l'arabe, "maskharah", qui se traduit comme "clown, comique", du verbe "sakhira", qui veut dire "ridiculiser". Ou, possiblement, le mot masque vient du provencal, "mascara", qui veut dire "noircir le visage", ou le mot vient du catalan "mascarar", ou du francais ancien "mascarer". La definition du masque est un peu plus precis: un masque est vu comme "un objet qu'on porte sur le visage, comme forme de protection, de deguisement, d'amusement ou comme outil pour des rites et rituels." Cependant, malgre cette definition nette, le masque sait evoquer des emotions de grande nuances, de celebration joyeuse, festive, de reflection spirituelle serieuse et intense, de guerison importante, en dehors des convenances, comme dans les rites des chamans du monde, de force intermediaire entre le monde physique, concret et le monde des esprits, comme expression artistique dans la sculpture, et dans le theatre. Le masque est aussi capable de prendre des incarnations lugubres, dans le monde du militarisme, dans le monde du crime, de l'esclavage et ses degoutantes formes contemporaines. Le masque ainsi appartient a un univers vaste, qui range de l'innocence des jeux des enfants, a la tendresse timide de jeunes amoureux, aux rites anciens et solemnes du monde spirituel de la plupart des cultures depuis la nuit des temps, au monde de la mode, de la frivolite des carnavals de Venice, de Bresil, au monde de traditions anciennes qui predatent la plupart des empires dominantes de la terre, qui souvent l'ont fait leur mission douteuse, d'eradiquer les rites paiens au nom du colonialisme et ses sinistres buts. Quand je pense au mot "masque", je pense surtout au theatre, pour le fait que c'est dans le monde du theatre, y compris le theatre contemporain et avant - garde, que le masque continue de se re - inventer, re - interpreter. Le masque a un charisme qui persiste depuis des milliers d'annees, et dela vient son pouvoir mythologique. Le masque aussi sait toucher des sensibilites profondement individuelles: on le met pour devenir autre de ce qu'on est, que ce soit comme acteur sur scene, comme participant a un carnaval, ou un festival, que ce soit meme comme porteur d'un masque invisible, quand notre visage devient illisible, un miroir vide, un sphinx, a cause d'une douleur profonde qu'on ne peut pas partager, ou une joie qu'on non plus est permis de communiquer, par interdiction de tabous, de conflits ne pas resolus. Le masque peut ainsi aussi devenir un objet triste, ou on se trouve sur une scene de theatre vide, ou personne ne nous voit, ne nous comprend les emotions, la peine, ou la salle pour le public a toutes les chaises vides, ou personne ne nous applaudit le courage, la joie, le triomphe. C'est pour cette raison que le masque dans le monde du theatre contemporain vit une renaissance visible, ou les elements des masques des tragedies anciens grecs et de la Commedia dell'Arte sont re - introduits avec beaucoup de success et interet. C'est interessant pour moi de noter, que c'est le lien avec la Kabylie, et surtout, le lien professionnel - culturel - artistique avec mon collegue d'Aokas, le photographe Nacer Amari, de Tassi Photographie, qui me fait comprendre recemment l'impact qu'a sur mon evolution comme poete, ecrivaine et artiste, le travail collaboratif entre ses photos et mes livres et art ces 5 dernieres annees. Je ne me rendais meme pas compte avant, du poids de mon masque, et c'est tres emouvant pour moi de comprendre que c'est le photographe kabyle qui petit a petit, me donne le courage de me noter le masque, de lui faire face dans le miroir de ma vie, et de prendre le risque ne pas evident, de me l'enlever, avec confiance, dans l'espace sure, ample, libre de jugement ou demandes, qu'est pour moi le monde de son art et de son amitie qui ont un esprit a la fois guerisant, comme d'un chaman ancien, et aussi franc, libre de sentimentalite ou pretense. Le titre de cet article est "Le Rappel", car ainsi je me sens: face au rideau qui se leve, apres toute une vie d'etre derriere les coulisses, et d'entendre et sentir la presence du public, mais n'ayant pas la force de lever le mecanisme du rideau qui me separait d'eux, de la chance d'jaouter ma voix, de ma vie, de ses scenes dans le monde. L'esprit kabyle de mon collegue me donne cette chance, et je ne sais pas du tout exactement ce que cela veut dire, sauf que c'est le premier pas, longuement attendu, vers la decouverte, le masque en main, de qui est exactement cette poete, son coeur, son esprit, son ultime destin et souhait, de ma personne que je salue dans le miroir depuis toute une vie, et qui j'apprends finalement faire sa connaissance, avec un melange d'anticipation nerveuse, et joie, espoir et curiosite immense, en esperant que mon collegue garde le sourire et la comprehension sur cette route qui m'a permis de lui savoir mon guide gentil, patient, toujours pret pour la prochaine decouverte artistique - litteraire dans cette exploration de la richesse de la culture et coeur kabyles. Je dedie ce poeme a cette avonture fascinante, parfois un peu deroutante aussi, qu'est pour moi ce grand voyage interieur - exterieur que me donne la Kabylie:


Le Dilemme du Masque


Le rappel du rideau, son echo me reste, quand j'etais enfant, dans ma classe de premiere pour filles, au village ouest - flamand, quand je me suis trouvee sur scene, faute de presence de garcons pour la piece de theatre fait pour les parents et les familles, comme son Prince Charmant. Ce n'etait pas mon role, decida la directrice, d'etre la princesse en robe de satin blanc et couronne de pierres de verre eclatants. 

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Je me rappelle le moment ou le rideau a fait son recul lent, pour m'inonder d'aveuglissantes lumieres et que j'ai avancee sur la scene, ou m'attendait le drame de la princesse qui avait besoin qu'on lui sauve du sortilege de la sorciere. C'etait moi le heros qui avec pas surs, fiers, a su liberer la princesse. Depuis, toute ma vie, j'ai pensee qu'il ne faut jamais ceder aux limitations imposees, aux pieges de la vulnerabilite.

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Mais la vie a sa facon de nous inonder, de doute, de demandes, d'insultes et blessures soigneusement camoufflees, et c'est dans ces tumultes de la piece la plus compliquee, d'etre sur scene d'un role ne pas compris ou imaginee, que j'ai trouvee dans un coffre de qui apres j'ai perdue la clef, un masque discret, que personne m'a notee. 

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J'etais qui alors, apres tants d'annees, en costume et masque si bien ajustees, qui pourrait me connaitre, me voir, quand meme moi a peine en rappelais la difference? Timide, silente, souriante pour cacher la peine, de la solitude, ses rages, ses genes? Le temps et son horloge meticuleux avanceait, de 20 ans, a 30, a 40, a 50, et les annees continuent leur danse. 

***       ***      ***       ***

C'est au moment que les rives de la Kabylie se sont mis sur la scene, grace a une amie kabyle - francaise, qui m'a introduit au troubadour Idir et ses melodies et chansons envoutantes, que le masque m'est devenu a la duree penible, que le desir m'a envahi, tout patiemment, de me connaitre sans deguisement, sans camoufflages. 

***       ***      ***      ***

Sur les rives de la Kabylie, il y vit un chaman modeste, qui j'appelle Chiron, pour l'humilite et le silence de son esprit et ses gestes, qui est devenu le refrain rassurant des mots de mes poemes, qui donne ma voix aux images qu'il fait de sa terre Berbere. Dans la presence de ses visions tranquilles, je me sens recemment a l'aise de m'enlever, sans prise, sans illusions, le masque portee depuis toute une vie.

***       ***     ***      *** 

On ne peut pas porter un camoufflage pour si lontemps, si peniblement, sans sentir l'effet de se voir le visage, le coeur, l'esprit nus, et vulnerable, sans rendre visible aussi, les traces, les marques qu'y a laissee le poids du masque. Le dilemme du masque resolu, n'en absoud pas le gene, et le devoir urgent, mais aussi de l'espoir rajeuni, de defis exhilirants, de me trouver avec la chance de recommencer, des le debut, ce premier rappel d'antemps, avec cette fois la grace delirante de la presence kabyle, de son bravo, de son sourire ouvert, absolu.


Trudi Ralston 


"Pourquoi se battre pour ouvrir la porte qui nous separe, quand tout le mur n'est qu'une illusion?" Jalal  al - Din Muhammad Rumi (1207 - 1273). Poete et mystique Sufi perse. 



 

Saturday, August 2, 2025

Imprevu: Le Coeur mis a Nu - dans la serie "Les Ailes d'Aphrodite"

                            Le temps est une mesure elusive et lourde a la fois, une ombre de qui ses traces sont visibles, exterieures, et aussi laissent leur impacte non seulement sur le corps mais aussi sur le coeur, l'esprit. C'est un acteur silent, qui prefere le drame evasif de la pantomime, changeant de costumes, mais ne jamais d'intentions: nous rappeler que le temps est un mystere, un sphinx jaloux de sa solitude, qui a besoin de nous, de nos courageuses facons de lui tolerer, malgre l'arrogance implacable de sa presence ne jamais expliquee suffisamment. Le temps est aussi un compagne, ambigu comme il l'est, et ainsi avec assez de defis vaincus sur le sentier capricieux de la vie, sait nous deshabiller les illusions, sait nous mettre, petit a petit, presque de facon imperciptible, a nu. Le temps est ainsi aussi le porteur du miroir ou se refletent nos explorations, qui laissent leurs traces, tot ou tard. Ce qui me rappelle les mots d'un ami du Texas, une personne serieuse et spirituelle, qui aussi avait un temperament qui savait apprecier l'humour: "Tu sais, certains jours, quand on se trouve devant le miroir, on recoit un choc, comme c'est qui cette personne que je vois? Surement, cela ce ne'st pas moi!" Je crois que les arts sont une facon aussi de trouver la paix avec le temps qui passe, de se voir a une certaine distance, qui rend plus clair l'endroit ou on se trouve, ses raisons, ses demandes, ses mirages, ses chagrins, ses souhaits, ses joies. C'est interessant pour moi, de noter, que c'est la Kabylie qui ensemble avec le regal de me reveiller l'identite, ma voix de poete, de me permettre la chance de reclamer mon etre creatif - litteraire, que c'est elle aussi qui m'apporte le miroir ou je vois les empreintes que la vie d'exile m'a laissee sur le coeur, qui rend les cicatrices visibles, et aussi leur donne leur raison d'etre, et qui m'a aussi donnee le courage d'aimer librement, d'apprendre la joie malgre le risque, d'aimer le coeur ouvert, sans peur, sans le poison de l'hypocrisie et ses mensonges. Et ainsi, je comprends, que le temps vecu dans la presence, pres du chaman qu'est pour moi le coeur et esprit kabyle, depuis 2017, et chaque fois plus, me trouve dans cette espace unique, de me savoir le coeur mis a nu, c'est a dire, ne plus intimidee par ma vulnerabilite affective, qui prefere etre libre, meme si cela implique souffrir, etre jugee, par les hypocrisies que la peur sait enforcer. Imprevu, est le titre de mon poeme, qui declare qu'etre libre des illusions quant aux liens uniques que le coeur ouvert peut decouvrir, et ensuite aussi risque de perdre, est le prix que parfois demande le monde des arts: qu'on laisse la peur, le desir de la certitude a la porte qui define la ligne entre esprit docile et esprit explorateur. C'est une lecon que la Kabylie et les liens artistiques m'ont appris, et qui me trouvent non seulement reconnaissante envers elle, me trouvant finalement, le coeur nu, fier, souriant, independant, ne plus soumis aux demandes des charlatans froussards du monde, pour qui la passion pour l'authenticite et son courage de l'esprit libre est un commerce apparemment et visiblement, rentable:  


Imprevu - Le Coeur Nu 


Et voila, que je suis arrivee, finalement, au point de non - retour, ou je me trouve le coeur mis a nu, avec ses habits sur terre, ne plus capable de me proteger l'esprit qui insiste sur le droit a sa propre volonte, a la liberte. 

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Ce n'est pas trop une surprise, je dois avouer, et l'esprit chaman de la sagesse kabyle m'en avait averti, que le sentier des poetes n'est pas evident, qu'il faut parfois jouer le clown et le sage, pour eviter les insultes du monde et ses rages. La pantomime des convenances qui rend fou aux rebelles, aux innocents et leur passion pour l'unique vision. 

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La pantomime des silences, cette danse triste et macabre, quand le coeur perd sa chance pour l'independance, pour la joie de voler les ailes libres, de suivre son propre destin ne pas soumis aux conventions et leurs illusions agacantes. 

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Imprevu, de me trouver le coeur nu, mais ni decue, ni perdue, ou egaree, detournee. L'arbre aux branches nues parfois voit plus clair son entourage, ainsi le coeur sans habits ou camouflage peut faire un inventaire franc de ces exploits, des marques qu'a laissee les ravages des annees et leurs demandes. 

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La lumiere entre avec la plus de force avec l'aperture qu'y laisse au coeur le passage du temps, leurs cri de joie, de chagrin, qui reverberent encore dans ses couloirs sous - terrains ne pas visibles, sauf a l'archeologue patient de ces camarades qui en connaissent l'histoire de ses echos, de leurs traces. 

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A la fin du jour, en fin de comptes, on se trouve tous le coeur mis a nu, la seule difference, sera qui se rend compte, qui decide de quitter la scene lui - meme, de laisser les illusions et les ombres, au lieu d'attendre, de pretendre, et de se trouver le coeur nu, imprevu, par la conscience tardive et triste, qu'on n'a plus ni le courage ou le temps, et que vivre libre n'est plus une option. 

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C'est alors comme le poete William Wordsworth a decrit si bien, que "Le monde nous est trop proche", nous finit, si on laisse s'endormir le coeur et l'esprit, de voler, le coeur, sa passion, ses talents, sa vision, comme explique aussi le film de 1961, "Splendeur dans l'Herbe" du dramaturge William Inge de 1957.

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Un film bouleversant, j'ai vu comme enfant de douze ans, et qui m'a hantee depuis, quand maintenant la Kabylie et ses liens intimes avec mon coeur de poete, me permettent finalement comprendre dans ma vie qui serait dominee par l'exile, son message prescient et urgent. 


Trudi Ralston


"Meme si rien ne peut redonner l'heure et sa lumiere du printemps, la gloire de la fleur invernale on ne pleura pas; mais plutot, trouvons le courage dans la memoire de ce qui reste d'antemps."  -

 Le vers est de la collection de poemes: "Ode: Indications de l'Immortalite des Memoires de l'Enfance", du poete anglais, un des fondateurs du mouvement du Romanticisme dans la litterature anglaise, William Wordsworth (1770 - 1850). 

 






 

Tuesday, July 29, 2025

La Marque: L'Affirmation Artistique dans "Mohand - Arezki Kecili, ecrivain" de Nacer Amari - dans la serie "Au - Dela des Ombres de Demain"

             Le monde des arts est un univers de grandes et diverses expressions, qui sont depuis la nuit des temps, la mesure, le terrain d'essai qui figure comme l'energie courageuse, qui cherche souvent avec des efforts et sacrifices immenses, de tenir en balance la societe humaine et sa propension, son penchant pour la repression, l'uniformite asphixiante. La portraiture, comme vehicule ajustable, souple, innovative, dans le monde des arts visuels, reste en premiere ligne dans ce combat continu de sauvegarder l'authenticite quant a sa documentation de l'experience humaine. Cet article explore ce point pris du portrait du 25 juillet 2025, en noir et blanc, "Mohand - Arezki Kecili, ecrivain" du photographe d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie, et va lui etudier les deux aspects principaux qui y figurent quant au style et ses marques historiques - esthetiques qui s'y unissent de facon ingenieux, autour du theme de l'affirmation de l'identite. Le premier aspect a ses origines dans le monde de l'Antiquite, dans le monde bien unique des portraits faits sur des pieces de monnaie, de qui leur histoire est devenu le long le cours des siecles, une veritable archive sociologique - politique. Il y a une aura de cette confiance visible dans ces portraits faits pour les pieces de monnaie et leur longue histoire et evolution, qui est evidente dans le portrait reflexif, noble "Mohand - Arezki Kecili, ecrivain" de Nacer Amari. L'histoire des portraits pour etre mis sur des pieces de monnaie, remonte a un portrait d'un noble perse imperial, qui etait satrape - ce qui est le mot perse ancien pour gouverneur - de Lydia, Tissaphernes (c. 445 - 395 B.C.). Lydia se trouve dans ce qui est aujourd'hui la Turquie, et leur monnaie est parmi la plus ancienne connue, de qui leur origine remonte au VII eme siecle B.C. La capitale de Lydia etait Sardis, avec le port legendaire de Troie au nord - ouest du royaume. Le roi Cresus fut le dernier roi de Lydia, qui serait vaincu par le roi perse Cyrus le Grand, en 547 ou 546 B.C.  et il existe de lui un tres beau portrait en profil sur une amphore - utilisee pour y garder l'huile, des cereales, ou le vin - qui date de c. 500 - 490 B.C. Un portrait ancien suivant sur de la monnaie etait d'une image du roi macedoin, Alexandre le Grand (356 B.C. - 323 B.C.) , pendant le regne de Ptolemee I, (367 B.C. - 283 B.C.), le general macedoin qui fut l'heritier du regne d'Alexandre , et le fondateur de la dynastie du royaume ptolemaique en Egypte. Cette piece de monnaie, fut frappee en Alexandrie, apres la mort d'Alexandre, c. 320 B.C.  Ce portrait est fameux pour son realisme quant aux traits du visage sensuel d'Alexandre. Le revers de la piece a une image de Zeus, le pere des dieux, avec son aigle. Il y a aussi une piece de monnaie tetradrachme, de c. 290 - 288 B.C. qui est la premiere monnaie des Diodochi, les heritiers du roi Alexandre le Grand, qui a le portrait du roi Demetrius I de Poliorcetes  (294 - 288 B.C.) qui se declare independant de l'empire d'Alexandre, en 306 B.C. Le revers aussi montre un portrait de Demetrius, et l'appelle "Basileus", le mot ancien grec pour "roi." Plusieurs siecles plus tard, pendant le regne du dit saint Empire romain germanique, quant etait son empereur Frederick II de Hohenstaufen ( 1220 - 1250 A.D.), la monnaie en or issue avec son image, est consideree etre une des pieces de monnaie les plus raffinees du Moyen Age, et montre l'empereur portant la robe romaine antique, avec une couronne de laurier, l'ancien symbole romain pour le triumphe et la victoire dans la guerre. Une monnaie avec l'image des Etats pontificaux d'Innocentius XII (1691 - 1700), de son nom civile Antonio Pignatelli, reste un example historique important dans l'enfoncage des pieces de monnaie, pour le realisme du portrait, et pour y avoir visible aussi la signtature de l'artiste du portrait: Hammeranus, c'est a dire, Giovanni Hamerani, l'artiste d'enfocage qui etait le fils fameux de toute une dynastie d'artisans qui etaient des graveurs en teintures pour tamponner des dessins sur des pieces de monnaie et des medailles. Giovanni Hamerani travaillait pour plusieurs papes, ainsi que sa fille, Beatrice, elle aussi une artisane bien adepte dans l'art de l'enfoncage. Le portrait "Mohand - Arezki Kecili, ecrivain" de Nacer Amari a un sens palpable de cette gravitas artistique du realisme dans la portraiture, cette aura spirituelle qui accompagne la representation physique de ce portrait, riche en contexte culturel - historique. 

            Un second aspect de ce portrait qui emane une energie de nostalgie spirituelle, est le fait qu'on y voit la tonalite du mouvement realiste tel que le peintre portraitiste et graveur americain James McNeil Whistler (1834 - 1903), qui a vecu toute sa vie d'adulte a Paris et Londres, a rendu fameux. Ce peintre complexe en style et vie professionnelle et personnelle, est connu surtout pour son portrait de sa mere, Anna McNeil Whistler (1804 - 1881) de 1871, un portrait en teintes sombres, noir et blanc et gris, auquel il donne le titre "Composition en Gris et Noir No.1", connu depuis sous le nom de la "Mere de Whistler." Ce portrait a une renommee qui egale le portrait de Mona Lisa, de Lisa del Giocondo, connue depuis comme "La Gioconda" de c. 1503 - 1506, possiblement fini en 1517, du polymathe italien Leonardo da Vinci (1452 - 1519), et se trouve dans le Musee d'Orsay a Paris. Ce portrait tres sobre de sa mere, est un vif contraste avec ses portraits et auto - portraits qu'a fait James McNeil Whistler dans sa prolifique carriere comme artiste. Son auto - portrait de c.1872, "Composition en Gris : Portrait du Peintre" a la tonalite de teintes sombres, mais aussi montre l'energie passionnee que possede l'artiste qui etait connu pour son temperament intense et son charme qui pouvait changer vite dans une attitude arrogante et dominante aussi. Son pere etait un ingenieur ferroviaire de renommee, qui travaillait en Russie pour un temps sous invitation du tsar Nicholas II, pour construire un chemin de fer entre St. Petersburg et Moscou. James McNeil Whistler a recu ainsi part de son education en Russie, dans ses meillieures ecoles pour les arts. Malheureusement, son pere meurt du cholera, a l'age de 49 ans, et James et sa mere se trouvent dans des situations economiques stressees, une fois de retour aux Etats Unis. James quitte les Etats Unis, et part pour Paris. Il decide de vivre le reste de sa vie en Europe, ou il meurt a l'age de 69, en 1903. A Paris, il fait la connaissance des peintres Gustave Courbet (1819 - 1877), Edouard Manet (1832 - 1883), Henri Fantin Latour ( 1836 - 1904), Alphonse Legros ( 1837 - 1911), qui apres allait vivre en Angleterre et y passer le reste de sa vie avec son epouse anglaise et leurs 4 enfants. James Mc Neil Whistler fait aussi la connaissance du poete rebelle Charles Baudelaire (1821 - 1867) pendant ses annees en France, ainsi que le poete, dramaturge, ecrivain et critique de l'art Theophile Gautier ( 1811 - 1872). En 1858, il fait le portrait "La Mere Gerard", et une fois a Londres, ou il vit apres, il fait le portrait "Au Piano", un portrait en groupe qui deviendrait fameux pour l'evocation sincere des couleurs et la force de sa composition et structure. Une critique de l'art contemporaine, Diane Seave Green decrit ce portrait comme "ayant recu son inspiration directment de la peinture du peintre de l'Age d'Or des Pays Bas, Johannes Vermeer (1632 - 1675), mort si jeune, et connu surtout pour son portrait "Fille avec Boucle d'Oreille de Perle". Le portrait "Au Piano" rappelle au portrait de Vermeer, "Le Concert", selon Diane Seave Green. Vers la fin de sa vie, James McNeil Whistler permet la presence de couleurs, meme si c'est juste la couleur pale de blanc et rose, dans ses portraits, comme dans son portrait de 1862 de sa maitresse Johanna Hiffernan (1843 - 1886), "Symphony en Blanc No.1, La Fille en Blanc", qui a causee un scandale, pour la presence d'une tete de loup aux pieds de la jeune femme. La tete du loup etait vu comme un symbole de lascivite et de masculinite, qui brusquait l'innocence de la jeune femme habillee en robe blanche longue, un symbole de purete virginale. L'Academie Royale Britannique refusa son exposition du portrait mais plus tard, le portrait fut permis entree dans le Salon des Refuses a Paris, une exposition sous direction de l'empereur Napoleon III. James McNeil Whistler gagne aussi une reputation favorable considerable comme graveur, et avec sa salle exotique et ses decorations en couleurs vives bleues et dorees, "Harmonie en Bleu et Or : La Salle du Pavon", fait dans un style anglo - japonais, qui a un portrait en couleurs roses - rouges, dans un cadre de couleur d'or, "La Princesse du Pays de la Porcelaine", avec le mannequin la soeur de l'artiste pre - raphaelite, Marie Spartali Stillman. Toute la salle fut une expression de l'admiration pour l'esthetique japonaise en vogue de l'Art Nouveau et ses adherents, rendu evident dans le portrait au centre de la salle, ou la jeune femme est peint ayant la silhouette elongee elegante, des figures feminines dans la portraiture japonaise. Le portrait la "Mere de Whistler" de 1871, reste ainsi unique dans le style austere de la composition, dans l'absence de couleurs vives, d'une scene modeste, sans distractions visuelles, ou domine l'esprit contemplatif de la protagoniste, habillee toute en noir, la couleur qui est au centre de la tonalite du portrait de cette femme tres religieuse et stricte, qui avait des difficultes toute sa vie d'accepter la vie bohemienne de son fils, de ses liaisons amoureuses hors des convenances morales etablies. James McNeil Whistler vit pour un temps aussi a Venice, avec sa suivante maitresse, l'artiste anglaise Maud Franklin (1857 - 1941), qui elle aussi lui inspire une serie de portraits. Apres une periode artistique tres productive, il decide de se marier en 1888, avec Beatrice Godwin, qui meurt a l'age de 38 ans, en 1896. apres juste 5 ans de mariage tres heureux, d'un cancer virulent, et Whistler, le coeur et esprit detruits par la perte de Beatrice, meurt 7 ans plus tard. L'esprit contenu du portrait de sa mere, de James McNeil Whistler, rappelle tellement l'esprit du portrait du photographe kabyle Nacer Amari, "Mohand - Arezki Kecili, ecrivain", qui invite le spectateur dans son monde silent, melancholique, d'un homme qui a connu  beaucoup de defis, qui s'est construit une vision litteraire soigneusement concu, face a la vie et ses contradictions, ses victoires laboureusement obtenues, ses joies, ses douleurs, ses sacrifices, que ce portrait de l'ecrivain revele avec une discretion de la part du photographe, qui sent et comprend dans sa totalite, ce que c'est d'avoir face a la perspective de son appareil photo, une personne qui vit avec une profondeur inegale, totale, la complexite de sa vie, qui y laisse sa marque, avec sincerite et tenacite inalterables. Les deux aspects: historique - identitaire, de ce portrait, qui le joint a l'art ancien et son heritage artistique de la portraiture de l'enfoncage, et ensuite au mouvement realiste de la tonalite moderniste, lui donnent une presence unique a ce portrait, lui mettent son protagoniste Mohand - Arezki Kecili, au centre de la force considerable, legendaire qu'est la resistance indissoluble de l'esprit kabyle.  

Trudi Ralston


La recherche et information sur l'histoire et son importance de la portraiture sur les pieces de monnaie, courtoisie de l'article dans moneymuseum.com: "Portraits on Coins in Antiquity". L'information sur le mouvement dans le realisme de la tonalite, dans l'art du peintre portraitiste et graveur americain James McNeil Whistler, immortalisee dans son portrait de 1871, "Composition en Gris et Noir, No.1", de sa mere, Anna McNeil Whistler, courtoisie de Wikipedia. 

       

Sunday, July 27, 2025

Le Garde Distrait du Trou de Serrure - dans la serie "Les Ailes d'Aphrodite"

         L'idee de la volonte etant une force qui est tangible, palpable, est attirante, et pourtant, la vie nous rend pleine d'evidence que ceci est l'ideal plutot que la realite. La volonte parait s'amuser d'enforcer ses propres idees, beaucoup plus denses, de couches compactes, lourdes, difficiles a en voir les dessins, les intentions. Savoir comprendre la volonte alors dans un sens philosophe est un processus plus lent, que de vouloir lui saisir, attaquer, pour ainsi le dire, comme dans un combat, mais prouve etre plus efficace, et a la fin, moins exigeant, moins stressant. L'image d'un trou de serrure, avec une colombe qui lui echappe son espace etroite, claustrophobique, et prend vol, que j'ai trouvee pendant mes reflections sur la volonte et ses defis, m'a inspiree ce poeme, qui cherche a donner expression a l'enigme de la volonte et ses energies, face aux obstacles que lui impose le destin, qui peut prendre une myriade de formes, etalees sur la scene de theatre de nos vies. Ces formes et leurs expressions dependent biensur, de nos circonstances physiques, sociales, familiales, intellectuelles, geographiques, et leur contexte culturel - historique, spirituel. Souvent la ligne entre la chance pour pratiquer librement notre volonte se trouve ainsi sous les limitations, ou bien imposees ou choisies, du monde au moment de notre naissance, son lieu, ses antecedents. Le trou de serrure de notre volonte a ainsi ses gardes, et parfois, le garde le plus problematique revele etre celui que nous - meme on y a mis, par accident, ou par ces desseins qui nous entourent et colorent les fils de notre traversee sur cette terre, de qui leur provenance cela peut etre difficile d'en trouver leurs origines, leurs intentions. Ce poeme veut affirmer ma conviction de fer au sujet: c'est toute une surprise de decouvrir ce qu'on peut realiser quand on ne fait pas trop attention aux obstacles, quand on avance avec l'idee que la solution prendra forme suite de notre confiance et sa determination tenace, audacieuse, de prendre charge de notre vie, a son droit a la volonte libre et son expression authentique:  


Le Garde Distrait du Trou de Serrure 


C'est un monde ou on marche avec peu de direction, ou les autres acteurs sur la scene s'identifient apres pas mal d'hesitation, ce monde ou vit notre volonte ensemble avec les obligations. C'est une grotte silente, ou coule une eau calme, agreablement froide qui guide nos souhaits, nos reves et leur desir pour une chance a l'expression authentique, ce bonheur si doux pour les coeurs faits d'un souffle qui creve etre libre. 

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Il y a dans ce monde un garde, qui se met avec souvent pas mal de confiance, devant une porte qui a un trou de serrure, devant laquelle il se met, distrait, ou la volonte se voit confiee, pour ne pas dire retenue, sans puissance. La serrure se voit etroite, et pourtant, la lumiere s'y voit, s'y rencontre. La volonte s'y forge son courage, et petit a petit, devient plus resistant, pour trouver une facon d'evader son confinement. 

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Et ainsi, le jour arrive, ou on peut voir voler libre, ayant s'echappee du passage etroit de la serrure, la colombe du coeur qui a su trouver la force de maitriser l'energie de la volonte, ne plus dominee, ne plus sous ordres.

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Le garde distrait n'est pas toujours une autre, seconde personne, qu'on voit etre l'obstacle. Souvent le coeur comprend, tot ou tard, que le garde le plus cruel, est issu de nos propres angoisses, de nos propres fatigues. C'est son poids, qui complique le plus, le vol libre, de cette temerite joyeuse, de suivre l'energie enthousiaste de la volonte, de lui comprendre son reve ultime. 


Trudi Ralston 


"Cela prend du courage de grandir, et devenir qui tu es vraiment." RUMI (1207 - 1273).