La portraiture est un art de qui ses antecedents remontent des milliers d'annees, et de qui son influence et presence continuent a repandre en synchronicite avec les avances de la technologie numerique de la fin du XXieme et les premieres decennies du XXIieme siecle. La portraiture est ainsi compagne de l'histoire, de ses triomphes, de ses defis, des traces de genie, et aussi de destruction que laisse comme evidence l'humanite sur la terre et son passage continu de civilisations. La portraiture est un gardien des myriades d'expressions que l'etre humain a traversee sur ce sentier, et une de ces expressions en portraiture a ses origines dans l'influence de l'empire romain, dans leurs portraits en buste, qui a travers 500 ans allaient evoluer dans un style de realisme qui continue a laisser ses traits dans la portraiture en sculpture, peinture et photographie du monde postmoderne de nos jours. Le 22 avril 2024, le photographe kabyle Nacer Amari de Tassi Photographie, a introduit un portrait illuminant qu'il a fait en noir et blanc d'un de ses cousins. Les mots du photographe sont une introduction intrigante pour cet article qui va explorer les antecedents romains de ce magnifique et imposant portrait, et aussi le situer dans le contexte de l'histoire de la Guerre Civile en Algerie: "Mon dernier portrait comme tu l'as constatee, c'est un membre de ma famille, un cousin. C'est vrai qu'on partage des traits de ressemblance. Un ancien soldat pendant la Decennie Noire, son regard nous montre des atrocites commises par les sanguinaires. Laid est timide et silencieux." Le portrait "Laid" laisse une forte impression de qualite sculpturale, qui rappelle aux bustes romains imposants d'empereurs, comme Laid se presente avec un regard de confiance incontournable, que sa carrure large enforce: on a a faire avec une personne qui ne se fait pas des illusions sur les realites dures de la vie humaine. Il a le regard qui voit loin, mais qui ne se perd pas dans les reveries, la distance qu'il voit ne lui fait pas perdre le present et ses urgences. Il y a une force de caractere, de stoicisme, et une dignite et fierte identitaire qui a une aura qui rappelle avec insistance aux bustes imperiaux de la periode de la Republique romaine, entre 509 - 27 B.C, et aux bustes des empereurs Septimus Severus ( 145 A.D. - 211 A.D.), qui trouvait sa naissance a Al - Khums, en Libye, dans la province romaine de Leptis Magna, et qui avancait sa carriere politique pendant les regnes des empereurs Marcus Aurelius et Commodus. Le portrait "Laid" rappelle aussi aux portraits en buste des empereurs Antonius Pius (86 A.D. - 161 A.D.), et Caracalla (188 A.D. - 217 A.D.) Le portrait "Laid" est une celebration du fait que les romains n'ont jamais su se planter en Algerie, car la resistance des royaumes Berberes et ses peuples etait d'une determination persistente, et les romains ont fini par abandonner leurs efforts de colonisation, ce qui me rappelle une phrase du genie comique kabyle, Fellag: "Les romains, on les a rendu fou." Le charisme tranquil, de sang froid dans le portrait de son cousin est un bel hommage au courage kabyle, a travers l'histoire et face aux defis du monde inquiet et incertain du XXIieme siecle. Donc, ce portrait a des traits artistiques imposants, d'antecedents de la richesse de l'histoire ancienne de la portraiture, et qui nous invite en meme temps d'apprecier son esprit contemporain, qui dans ce cas, nous met dans la realite des dures epreuves que fut la Decennie Noire en Algerie.
La Decennie Noire, qui fut un conflit entre le Front de Liberation Nationale et le Front Islamique du Salut, a duree du 11 janvier 1992 jusuqu'au 8 fevrier 2002, et cette guerre civile d'extreme violence et brutalite allait laisser a entre 150,000 et 200,000 personnes mortes, avec les massacres de villages et quartiers entiers, des massacres qui allaient atteindre leur plus grande intensite en 1997. En 1999, apres l'election du President Abdelaziz Bouteflika, sous la nouvelle loie de l'amnistie, la violence commence a diminuer. Les cicatrices et blessures qu'a laissee la Decennie Noire, restent visibles dans le coeur du peuple algerien, surtout dans le Nord et Est du pays, et quand j'etais en Kabylie en 2019, j'ai sentie avec beaucoup d'emotion ces fantomes, et je les ai pu voir en personne, dans les efforts heroiques du peuple kabyle de reclamer leurs villages et ses communautes, qui furent terrorisees, videes, brutalisees, et de qui l'echo de toute la violence resonne encore dans la fierte qui impose le respect quand j'ai visitee les villages de Djebla et Iguersafuene, deux villages qui impressionnent pour leur beaute et esprit. Je me rappelle qu'une femme kabyle a l'entree du village d'Iguersafuene m'a apportee des friandises delicieuses, un geste du coeur d'accueil et de l'hospitalite que j'ai pu noter tants de fois pendant mon sejour en Kabylie. La nature aussi en Kabylie, a les cicatrices visibles des souffrances qu'a encaissee le peuple algerien, qui remontent a l'epoque de la brutalite coloniale sous la dominance de l'armee et bureaucratie francaise entre 1830 et 1962, quand la Guerre de l'Independance de 1954 - 1962, a mis fin a l'oppression inhumaine des colons francais et leurs abhorrentes crimes contre l'humanite qu'ils on fait souffrir le peuple algerien, une guerre dans la quelle l'heroisme et courage des rebelles kabyles et leurs resistance et savoir faire a jouee un role centrale, qui est evident en temoignages et documents historiques, et que j'etais tres fiere d'avoir eue l'honneur de visiter, dans le musee a Ifri, qui est le lieu historique du Congres de la Soummam, qui fut orgainse par le FLN, avec la participation de Youcef Zighoud, Abane Ramdane, Larbi Ben M'Hidi, Krim Belkacem, Amar Quamrane, Benyoucef Benkhedda et Saad Dahlab, le 20 aout 1956, dans la commune d'Ouzellaguen, dans la wilaya de Bejaia, en Kabylie, a 50 km de la ville de Bejaia et a 150 km a l'est d'Alger. Ifri en Tamazight veut dire "caverne", et Ifri est aussi une divinite Berbere de la guerre. En reponse de ce Congres clandestin, qui allait declencher la force decisive de la guerre en faveur des militants rebelles algeriens, l'armee francaise decide de terroriser le village d'Ifri et ses alentours, et de les raser. En octobre 1968, le president Houari Boumediene, visite le lieu du Congres de la Soummam, lors de sa visite de dix jours dans la region, et en 1984, le musee du moudjahis d'Ifri s'inaugure par le president Chadi Bendjedid. L'esprit de courage infatigable du peuple algerien impressionne beaucoup, et reste evident dans les portraits que fait des membres de sa communaute et famille kabyle le photographe Nacer Amari.
Cette etude dans la force de caractere du portrait "Laid", a mis l'attention aussi sur un mythe ancien, qui dans ce cas, parait unir a la fois les deux elements de ce portrait kabyle: d'abord, sa presence artistique historique a travers son evocation des bustes romains et leur qualite de realisme qui continue d'influencer et etre evident dans l'art de la portraiture en sculpture, peinture et photographie d'aujourd'hui, et ensuite, la force de caractere de la part d'une personne qui a vu et vecu de proche les atrocites de la Decennie Noire, et troisiemement, on va explorer le lien curieux qui m'a ete inspiree, avec le mythe de la Boite de Pandore. Ce mythe remonte a 700 B.C., a un poete ancien grec, contemporain et collegue d'Homer: Hesiode, de qui on sait qu'il etait actif entre les annees 760 B.C. et 650 B.C. et de qui son oeuvre litteraire est vu comme une source pricipale d'information sur la mythologie grecque ancienne. Le mythe de la Boite de Pandore, fut partie de son livre "Travaux et Jours", et raconte l'histoire de Pandore, qui ouvre une boite laissee par son mari. Elle ne resiste pas la curiosite de l'ouvrir, et quand elle l'ouvre, tous les maux s'echappent, avec l'exception de l'espoir. Le titre meme du myhte est le resultat d'une traduction inexacte de la part du theologue et philsophe des Pays - Bas, Desiderius Erasmus (c.1466 - 1536) de Rotterdam, un des plus illustres humanistes de la Rennaissance du Nord. Le mot grec "pithos" se traduit comme "receptacle", et dans sa traduction du grec au latin, Erasmus le traduit comme "pyxis", qui est le mot latin pour "boite", et depuis le mythe a le titre "La Boite de Pandore", tandis que ce fut en fait un contenant, un receptacle, comme pour le vin, les graines, l'huile d'olive. Une autre polemique fut autour de la traduction du mot "elpis", qui fut traduit comme "espoir", etant la seule virtue qui ne se perd pas quand Pandore ouvre le pithos. Normalement, "elpis" se traduit dans les textes grecs comme "esperance, a la fois mal et bien", tandis que la traduction du mot "elpis " comme "espoir" implique qu'il n'y a pas de possibilite de dualite, car l'espoir est toujours vu comme une force du bien. Il y a aussi une complication d'interpretation dans le monde des savants hesiodiques: est ce que l'espoir, prisonnier dans un receptacle rempli de mal, est alors une force benefique pour l'humanite ou un autre malheur? Les malheurs sont prisonniers du receptacle, et ne tourmentent l'humanite que quand ils s'echappent, et donc selon le philologue anglais hesiodique M.L. West (1937 - 2015), "elpis" est une force d'espoir positif, et quoique le receptacle, ou boite, etait une prison pour tout le mal, ce meme receptacle, ou boite, est maintenant une residence pour l'espoir. Autour du personnage aussi de Pandore, il y a une controversie: Hesiode parait la presenter comme une femme qui est la cause que les malheurs hantent l'humanite, et il parait y insister avec ce qui aujourd'hui pourrait etre vu comme une attitude de misogyne. Pandore en fait selon la mythologie ancienne grecque, fut la premiere femme cree par Hephaestus, le dieu ancien grec des artisans, du feu, de la sculpture et des volcans, sur ordre du dieu Zeus, son pere. Le nom de Pandore se traduit comme "pan" et "dora", qui sont les mots grecs pour "tout" et "cadeau", donc, celle qui comme premiere femme cree, envoie des cadeaux, des regals, d'en dessous de la terre, donc Pan - dora. Le mythe de Pandore cherche a donner une raison pour le mal dans le monde, et une interpretation est que Zeus envoyait a Pandore comme une forme de punition pour l'affront fait par Prometheus qui avait pris le feu des dieux, donc, l'affront de voler la connaissance reservee pour le monde des dieux. Et ainsi, a travers les siecles, le personnage de Pandore et le mythe de la Boite de Pandore, resterait un theme dans la sculpture, la peinture, le theatre, la poesie. De tous les malheurs que contenait la boite, le receptacle de Pandore, l'espoir reste. C'est une conclusion puissante, a laquelle je pense quand je vois le portrait imposant, avec son charisme de confiance, de sangfroid, "Laid", ce portrait illuminant de la part du photographe kabyle Nacer Amari, de son cousin, ancien soldat pendant la Decennie Noire. Je vois dans ce portrait enormement d'espoir, de dignite et fierte identitaire, de determination, de refus de laisser avoir le mal, le negatif, avoir la derniere parole. Je pense a Pandore, comme une sorte de vengeance dans un contexte contemporain alors, sur les malheurs du colonialisme, sur les effets destructifs apres, du postcolonialisme, contre lesquels se battent avec tant de vision, tant de courage et intelligence aussi, tous les pays qui apres 1960, ont vu apparaitre a l'horizon de leurs terres abusees, epuisees, l'espoir de se liberer de l'oppression monstre que fut le colonialisme et ses heritages sombres. Je vois ce portrait "Laid" et je pense au philosophe politique de grande renommee et influence, Frantz Omar Fanon (1925 - 1961), de Martinique, dans les Antilles francaises, et mort trop jeune aux Etats Unis, a l'hopital de Bethesda, dans l'etat de Maryland, dans le nord du pays, pour avoir recu des soins urgents trop tard pour sa sante, pour le fait qu'il etait vu par le gouvernement americain comme une personne controversielle, a cause de ses vues marxistes a un moment ou le Mouvement pour les Droits Civils pour la population noire des Etats Unis recevait beaucoup d'opposition de la partie politique de droite du pays, qui voyait a cette lutte pour l'egalite politique - sociale pour la population noire comme une menace de l'ordre social. Son livre de 1961, "Les Damnes de la Terre", est une analyse des effets deshumanisants du colonialisme sur l'etre humain, sur son identite, sur son sens de pays et son sens de communaute et de dignite, de valeur, de raison d'etre. Frantz Omar Fanon etait pyschiatre et travaillait en Algerie pendant la Guerre de l'Independance, et etait en charge de soigner les victimes de la torture aux mains de l'armee francaise, a partir de 1953, comme chef de service a l'hopital psychiatrique de Blida - Joinville en Algerie. Il voyageait beaucoup a travers toute l'Algerie, et joint le Front National de Liberation, faisant plusieurs visites a la Kabylie, avant d'etre deportee par le gouvernement francais en 1957. Il avait en 1956 pris la decison qu'il ne pouvait plus travailler a Blida en capacite de docteur sous commande des francais, et sa lettre devenait un texte important en soi dans les cercles anti - coloniaux. Il voyage avant sa deportation de l'Algerie, a travers le Sahara, pour y encourager parmi la population du soutien pour la Guerre de l'Independance, et se fatigue trop et decouvre qu'il a contratee la leucemie quand il arrive a Tunis. Il voyage a Rome, pour rencontrer a l'ecrivain et philosophe Jean - Paul Sartre (1905 - 1980), qui se met d'accord pour ecrire la preface du livre de Fanon, "Les Damnes de la Terre". Sa leucemie lui fait voyager vers les Etats Unis, ou malheuresement, il ne recoit pas des jours de suite, les besoins necessaires, et meurt de complications de double pneumonie, apres avoir recu finalement le traitement necessaire pour sa leucemie, mais trop tard, ce qui jette une ombre considerable sur les circonstances de sa mort comme personne de conviction marxiste qui avait fait confiance dans le systeme du pays ou il avait eu l'espoir de pouvoir recevoir les soins medicaux necessaires. Apres sa mort, son corps fut expose solennellement en Tunisie, et apres fut enterree au cimetiere des martyrs de Ain Kerma dans l'est de l'Algerie. Son influence comme ecrivain et philosophe politique allait se repandre de l'Algerie, vers les combats et mouvements pour l'independance de la Palestine, de l'Afrique du Sud, de Sri Lanka, du Kenya, et du mouvement pour les droits civils de la population noire aux Etats Unis. Les oeuvres de Frantz Omar Fanon avaient une influence directe sur les ecrits de l'ecrivain du Kenya, Ngugi wa Thiong'o (1938), sur son livre de 1964, "Ne Pleure Pas, Mon Enfant", un roman qui est le premier roman postcolonial qui traite de l'experience de l'Afrique de l'Est avec l'experience de l'imperialisme et ses agressions. Son livre de 1965, "La Riviere de Vie", qui a comme contexte la rebellie Mau Mau ( 1952 - 1960), est "une ecriture litteraire des croyances mythico - religieuses des Kikuyus" comme la postule dans son article de juin 2016, volume 4, no. 1, Youssoupha Mane, ou le livre fait une analyse des consequences sur les cultures religieuses de l'Afrique suite de l'imposition de la christianite par les colons, une religion etrangere pour la culture du Kenya et la plupart de l'Afrique, en en 1986, "La Decolonisation de l'Esprit: La Politique de la Langue dans la Litterature Africaine", et en 2012 "Globalectiques: Theorie et la Politique de la Connaissance". Aux Etats Unis, les ecrits de Frantz Omar Fanon, et ses experiences pendant ses annees en Algerie, comme psychiatre, et admirateur de la cause pour la liberte de l'oppression coloniale francaise pendant la Guerre de l'Independance de 1954 - 1962, allaient grandement influencer le mouvement du visionnaire politique Malcolm X (1925 - 1965), quant a sa lutte pour l'egalite politique - sociale de la population noire. Tout un monde s'ouvre face a ce portrait illuminant qui m'a inspiree une admiration reaffirmee pour l'esprit resistant et courageux du peuple algerien, qui a surmontee des milliers d'annees d'agressions coloniales, et de qui l'histoire de sa riche culture, continue de celebrer sa voix, en musique, en litterature de prose et poesie, et aussi a travers le monde et ses expresssions uniques de la photographie, qui continue dans l'art visuel de Nacer Amari, de m'inspirer des livres, des poemes, des pieces d'art, et qui me permet de celebrer et partager son talent et le coeur et esprit indomitable du pays qui m'a donnee ma voix d'ecrivaine, de poete, d'artiste, qui en fait, l'a donnee ses ailes, sa liberte. Pandore a peut - etre vexee a un moment le mouvement mysogene, mais pour moi elle et sa boite ou reside l'espoir, sont un symbole de la resistance et courage de l'esprit humain face a des defis extremes, comme les connait depuis toujours le peuple algerien, et pour moi, il n'y a rien de plus profond que le regard accueillant et tranquil, de mon collegue artiste kabyle Nacer Amari, et l'espoir que ce regard inspire, de la part de cet artiste visuel qui dans la richesse de ses portraits et la facon qu'il sait leur reveler leur histoire, nous invite dans le monde unique de la culture multi - dimensionnelle de son pays l'Algerie, qui comme le lotus et ses petales nombreuses n'arrete pas de fasciner, comme en temoignent mes cinq livres ecrits sur l'art de sa photographie, et mes deux livres suivants sur lesquels je travaille en ce moment.
Trudi Ralston
La recherche sur l'histoire du buste romain et son importance et influence continus dans le monde des arts de la sculpture, peinture et photographie de la portraiture contemporaines, courtoisie de Wikipedia, ainsi que la recherche sur la Decennie Noire, la Guerre de l'Independance en Algerie, et sur l'auteur et philosophe Frantz Omar Fanon, et ses experiences importantes en Algerie, et sur le mythe de "La Boite de Pandore" d'Hesiode et ses controversies.
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