Recemment, une conversation avec une amie retrouvee de mes annees comme eleve de primaire en Flandres, autour de la langue maternelle et ma nostalgie de manquer la chance de la parler et partager, m'a inspiree de revisiter les sketch d'un comique flamand, Gerard Vermeersch (1923 - 1974), qui etait tres populaire pendant mon enfance et adolescence, dans la regions ouest et est - flamands. Ses monologues comiques il presentait en ce qu'on appelle le flamand standard, quand il addressait le public, et les exchanges de ces personnages qu'il creait, parlaient dans le dialect specifique de sa ville de naissance, Ieper, dit Ypres en francais belge, c'est a dire, en wallon, qui indique la region du sud de la Belgique, avec la capitale Brussel, en wallon Bruxelles, la capitale. La division linguistique en Belgique, depuis la formation du pays en 1830 comme royaume parlementaire democratique, a ete et reste, des le debut, une division aussi sociale, economique et politique. Jusqu'aux annees 1960, specifiquement la loi de 1969, quand le flamand a recu l'egalite quant aux droits linguistiques, qui fut une grande victoire: avant 1969, tous les cours universitaires dans les universites majeures du pays, comme celle a Leuven, fameuse internationalement, 16 km a l'est de Brussel, et etabli en 1425, etaient seulement en wallon. Leuven est la plus grande universite en Belgique, et la ville a une histoire qui remonte a l'annee 891 A.D., quand l'armee du roi franquois Arnulf de Carinthia vainc une armee de vikings. En 1914, l'armee allemande detruit la biblioteque de l'Universite de Leuven, qui a ainsi perdue 230,000 livres et manuscrits, y compris plus de 1000 livres empreints avant 1501 A.D. et pendant la Seconde Guerre Mondiale, en 1940, l'universite perd plus de 1 million de livres. Avant 1969, tous les cours universitaires etaient en wallon, ce qui mettait sous considerable fardeau les etudiants flamands du pays. L'egalite linguistique ouvrait le chemin vers l'egalite en professions, en respect intellectuel et culturel, en fierte sociale, de se savoir visible, ne plus soumis au mepris, qui etait tres prevalent de la part de la bourgeoisie wallonne qui vivait en Flandres, comme entrepreneurs souvent, ou ils profitaient des travailleurs flamands dans leurs usines, ou ils ne gagneaient pas un salaire vivable. Je me rappelle que ce racisme s'etendait dans tous les domaines de la vie: les familles wallons riches avaient un mepris pour la peau pale blanche des travailleurs dans les usines et pour les femmes qui etaient les domestiques, pour ces personnes humildes qui n'avaint pas le luxe de se bronzer en ete sur les plages pres de leurs villas dans les villes cotieres de Oostende, Nieuwpoort, Oostduinkerke. Avoir la peau juste partiellent bronzee, comme fut le cas pour les agriculteurs, voulait dire qu'ils devaient se proteger du soleil. Avoir la peau bronzee, surtout les bras, les jambes, le visage, voulait dire que tu etais la personne en maillot de bain, sans chapeau, sans pantalon ou jupe longue pour te proteger contre la chaleur. C'etait un snobisme cruel envers la population flamande des trvailleurs et paysans qui me rendait en colere, meme comme enfant. La loi qui donnait entree au flamand comme langue d'egal pouvoir etait le debut d'une renaissance culturelle du flamand dans le monde de la chanson, de la litterature, de la recherche, des avances pour la voix, pour les droits des travailleurs grace aux syndicats et leur representation egalitaire, pour les droits aussi des soldats flamands, car pendant les deux guerres mondiales, ils etaient victimes de blessures, de mort, suite de ne pas comprendre les ordres recus de leurs commandants qui se communiquaient exclusivement aux soldats en wallon. Depuis commencer d'ecrire et faire des recherches pour mes articles, poemes et livres qui se dedient a la culture de la Kabylie, mon heritage flamand linguistique - sociale, se voit souvent comme dans un miroir, quand je pense au univers vaste qu'est l'histoire des langues Berberes de l'Afrique du Nord. L'introduction au monde de la Kabylie m'a ouvert tout un monde, qui continue de donner vie a mes livres, deja huit en ce moment depuis 2017. Flandres, comme les cultures Berberes, a vu une serie d'invasions qui remontent a l'ere de l'empire romain. Le general et empereur Jules Cesar disait que les belgae, les tribus desquels les flamands sont les descendants, etaient "les plus resistants de tous les tribus gaulois." Les Belgae sont vaincus par les armees romaines au milieu du premier siecle B.C. et leurs terres font apres partie du Saint Empire romain germanique, et apres des Pays Bas Bourgognes, et ensuite de l'Espagne Habsbourg ( 1556 - 1794), et apres de la France Revolutionnaire (1794 - 1815), et finalement du Royaume Uni des Pays Bas ( 1815 - 1830), pour devenir part du Royaume de la Belgique Independante en 1830, avec le roi Leopold I le premier roi belge en 1831. Parmi les tribus Belgae que discutent les chroniques historiques romaines il y avait: les Morini, Menapii, Nervii, Germani, Cisrhenani, Aduatuci et Treveri. Ce tour nostalgique de mes racines flamandes, me met avec beaucoup d'entousiasme dans les cultures Berberes de l'Algerie, de ce qui ce fut ma decouverte d'apprendre l'abondance de langues berberes du pays: le kabyle, qui a entre 2,5 et 3 millions de personnes qui le parlent avec les autres langues Berberes le Shenwa (76,300 personnes); le Tashelhit (6,000 personnes); l'Ougli (20,000 personnes); le Tamahaq - une des 3 langues Touareg - ( 71,400 personnes); le Tugurt ( 8,000 personnes); le Tidikelt ( 1,000 personnes); le Guara ( 11,000 personnes); et le Mozabite ( 150,000 personnes.) Les langues des peuples Imazighen de l'Afrique du Nord font partie des langues Afro - Asiatiques et couvrent une population d'entre 25 a 36 millions de personnes, avec le Maroc et l'Algerie les pays qui ont les plus grandes populations Berberes: le Maroc avec 14 - 15 millions de personnes, et l'Algerie avec entre 7 -13 millions de personnes. Les autres pays sont : le Niger ( 3,6 millions de personnes); la diaspora Amazighe en France ( 2 millions de personnes); le Mali (850,000 personnes; la Libye ( 600,000 personnes); la diaspora Amazighe en Belgique ( 500,000 personnes); la diaspora Amazighe aux Pays Bas ( 467, 455); Burkina Faso (406,271); la Tunisie ( 100,000); le Canada ( 37,060); l'Egypte (30,000); la Mauretanie (10,000); la Norvege (4,500); l'Israel (3,500); et la diaspora aux Etats Unis (1,325 personnes). Les Imazighen sont descendants des peuples de l'ere du Neolithique et les premiers textes qui parlent des Berberes datent des ecrits anciens egyptiens. A partir de 200 B.C. les langues Berbers s'etendent de la Vallee du Nile vers l'ouest a travers le Sahara Nord vers le Maghreb. Les peuples Berberes tels les Mauri, Masaegli, Massyli, Musulami, Gaetuli, et Garamantes sont a l'origine des royaumes Berberes de la Numidie et de la Mauretanie. Plus tard dans l'Antiquite, il y a les royaumes Berberes d'Altava, Aures, Ouarensis, et Hada. Les tribus berberes restent des pouvoirs politiques importants et puissants et sont les fondateurs des dynasties du Xeme et XIeme siecles des Hammadid, et plusieures principalites dans le Maghreb - ouest, et les empires Almoravid et Almohad. La region du Maghreb du nord - ouest de l'Afrique, est dite d'avoir une population Amazighe depuis au moins 10,000 B.C. avec de l'evidence archeologique de l'ecrit Imazighen Tifinagh, trouvee dans la wilaya d'Oran. En fait, la superiorite en force militaire et population permettait aux royaumes Berberes d'imposer des taux a Carthage, une condition qui continuerait jusqu'au Veme siecle B.C. Aussi, grace a la dynastie Berbere - Libyienne Meshweh de l'Egypte ( 945 - 715 B.C.), les Berberes pres de Carthage commandaient un respect considerable. Garamantia etait un royaume Berbere notable dans la region de Fezzan, qui est aujourd'hui la Libye moderne, dans le Sahara, qui fleurissait de 400 B.C. jusqu'a 600 A.D. La Numidie ( 202 - 46 B.C. ) etait un royaume Berbere ancien dans la region de ce qui est aujourd'hui l'Algerie et une partie de la Tunisie moderne, et la Mauretanie ( IIIeme siecle B.C - 44 B.C.) etait un royaume ancien Berbere Mauri dans ce qui est le Maroc et une partie de l'Algerie contemporains.
Les langues Berbers ont un niveau de variete similaire aux langues romanes, et qui couvrent une grande region geographique, definies collectivement comme les langues Amazigh ou Tamazight, avec le Tashelhiyt, le Kabyle, le Tamazight Atlas Central, le Tarifit et le Shawiya parmi les langues Berbers les plus prevalentes. Les langues Berberes se distinguent des langues Chadiques, Cushitiques et Omotiques, pour etre des langues ne pas tonales, avec une langue tonale etre une langue ou les mots peuvent changer selon l'intonation, le ton - comme dans la musique - a part de consonants et voyelles. Les langues berberes etaient ecrits avec l'aphabet Libyque - Berbere, le Tifinagh, et jusqu'a aujourd'hui, et sans interruption, dans les 3 langues Touareg du Sud de l'Algerie, du Mali, de la Libye, le Niger et Burkina Faso. L'alphabet latin Berbere fut introduit au XIXeme siecle par l'Occident. Le Maroc est le pays avec le plus grand numero de personnes qui parlent le Tamazight: en 2022, Ethnologue estime qu'il y a 13,8 millions de personnes qui parlent les langues Berberes. Le census de 2024 indique que 14,2% de la population du Maroc parle le Taselhit, 7,4% le Tamazight Atlas Central, et 3,2% parle le Tarifit, ce qui represente 24,8% de la population du pays. En Algerie, qui a la seconde plus grande population en Afrique du Nord de locuteurs natifs de langues Berberes, c'est entre 17,9 % et 19% de la population, avec le kabyle la langue Berbere la plus dominante. Dans les autres pays du Maghreb, la liste montre la grande variete dans les langues Berberes: le Niger, avec 450,000 personnes qui parlent le Tawellemmmet, et 250,000 personnes le Tamajeq, et 20,000 personnes le Tamahaq, ces deux dernieres etants deux des 3 langues Touareg. Au Mali, il y a 420,000 personnes qui parlent la langue Berbere Tawellemmet, et 378,000 personnes la langue Berbere Touareg, le Tamasheq. En Libye, selon les chiffres de 2022, il y a 285,890 personnes qui parlent les langues Berberes, entre eux 247,000 qui parlent Nafusi; 22,800 personnes qui parlent Tamahaq; 13,400 personnes qui parlent Ghadames et 2,690 personnes qui parlent Awjila. En Tunisie, il y a 50,000 locuteurs Djerbi et 3,000 personnes qui parlent Ghadames. En Egypte, on compte 20,000 personnes qui parlent Siwi. En Mauritanie, il y a 200 personnes qui parlent la langue aberbere Zenaga, et 117,000 personnes qui parlent la langue Touareg Tamasheq. En Burkina Faso, aussi, on compte 122,000 personnes qui parlent egalement le Tamasheq. Dans les langues Berberes des Kel Touareg, il y a 3 langues: Tamasheq, Tamajag et Tamahaq. Interessant de noter, que les langues Berberes Touareg ont une presence considerablement moins visible de mots emprunts de la langue arabe, et contraire aux langues du phylum Afro - Asiatiques Chadique, Cushitique et Omotique, les langues Berberes ne sont pas tonales, ce qui veut dire que l'intonation ne define pas le mot. Une des langues tonales les plus difficiles, est le chinois Mandarin, ou un mot peut avoir 4 differentes interpretations, selon l'intonation que la personne lui donne. Un chercheur qui reste mondialement reconnu pour son "Dictionnaire touareg - francais" qui a vu la publication apres sa mort , sur la langue Touareg du Ahoggar dans le Sud de l'Algerie, est Charles de Foucauld, ethnographe, explorateur de la culture du Maroc, auquel il dedique 4 volumes dans son livre de 1888, "Reconnaissance au Maroc", et de l'Algerie, ou il vit pour 15 ans, comme ermite et pretre catholique. De naissance de Strasbourg en France (1858 ), Charles de Foucauld construit un hermitage sur le point le plus haut des montagnes de l'Assekrem, a une hauteur de 2780 metres, ou il avait vecu parmi les Touareg depuis 1901, jusqu'a sa mort en 1916. Les Touareg avaient un grand respect pour lui, et son tombeau est a El Menia, dans la province de Ghardaia, en Algerie. Il a ecrit aussi "Poesies touaregues. Dialecte de l'Ahaggar" de 1925, et "Chants touaregs", Recueillis et traduits par lui. ( 1997, Paris, Albin Michel). Un ethnologue contemporain notable des Pays Bas, professeur d'Etudes Berberes, a l'Universite ancienne renommee de Leiden, Maarten Kossman (1966), travaille sur les langues Amazigh, qui depuis 1997 a ecrit 12 livres sur les langues berberes de l'Afrique du Nord.
Le portrait en noir et blanc, du 10 aout 2025, du photographe kabyle d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie "Nasri Yahia, chercheur independent de la langue Berbere universelle", m'a inspiree cette celebration de la richesse historique - linguistique des cultures Amazigh. Le portrait montre au chercheur Nasri Yahia dans une pose active, de concentration intellectuelle visible, les bras croises, debout, le regard intense, pret, investigateur. Pour moi, la culture Berbere de l'Afrique du Nord, m'a ouverte tout un monde, m'a inspiree de me trouver ma voix comme poete, ecrivaine et artiste. La collaboration avec mon collegue - photographe Nacer Amari, prouve etre merveilleusement fructif dans cette exchange flamande - americaine - algerienne - kabyle. Ce qui me rappelle la rencontre avec le president de l'IRCAM a Rabat, pendant mon sejour au Maroc en 2019, avant d'arriver en Algerie apres en 2019. Ce fut une grande joie et honneur de faire la connaissance du professeur - sociologue et linguiste, Ahmed Boukous ( 1946), pour un entretien dans l'edifice magnifique de l'Institut Royal de la Culture Amazigh. On a eue une longue conversation, et avant que je suis partie, il m'a regalee deux de ses livres: "Revitalizing The Amazigh Language" de 2012, et "Essais sur Les Enjeux Culturels" de 2019. Ce dernier livre a comme prologue, les mots du poete Bengali, Rabindranath Tagore (1861 -1941), recipient du Prix Nobel pour la Litterature en 1913. Ce qui m'a touchee, d'apprendre que je partageais un respect profond pour ce poete et sa vie, avec professeur Ahmed Boukous. Ses mots du poete fameux et courageux de l'Inde, sont une affirmation de l'importance du partage, de la passion pour travailler vers une humanite ou domine le respect pour autrui, pour l'expression libre, pour la sancitite de l'identite, sa dignite, et de mes efforts et leurs joie profonde de me dedier dans mes livres en prose et poemes, a l'exploration et appreciation de la culture Amazighe qui me donne la chance d'ainsi partager son ame, historique, mythologique, artistique, et me permet en recevoir la carte routiere pour mes expressions litteraires, y recevoir son esprit, et en traduire, l'echo des melodies riches qu'elle me laisse entendre, voir, comprendre de mon propre histoire de flamande exilee a une jeune age, et privee des racines de ma culture, de ma terre. La Kabylie et le lien profond intellectuel - culturel avec mon collegue photographe d'Aokas, me permet reclamer mon identite, me permet comprendre l'importance de vivre la vie libre pour suivre notre talent, de trouver le sentier qui mene vers sa plus belle expression, qui nous permet de vivre la vie de facon authentique, sans imposititions ou interdictions. Les mots du poete Rabindranath Tagore en sont dans ce prologue du livre du professeur Ahmed Boukous une sublime synthese:
"Si j'avais eu la conscience suffisamment claire et les mots suffisamment nuances pour l'exprimer, j'aurais aime te dire que nous sommes la pour explorer, pour decouvrir et partager ce qu'il y a de meilleur en nous. Chacun possede un tresor. Sois conscient et genereux de ton tresor et, en meme temps, reste ouvert, attentif a recevoir le tresor des autres, dispose a apprendre et a te remettre en question. Cherche la beaute, la verite, l'excellence en accueillant aussi ta fragilite, ta vulnerabilite et ton ombre, de sorte d'etre a meme d'accueillir celles des autres. Occupe joyeusement ta place: il y a de la place pour chacun, sinon ni toi ni moi ne serions la. Pense que ta place que tu n'occupes pour ne pas deranger reste vide a jamais et rejouis - toi que chacun occupe pleinement la sienne auour de toi."
C'est cette sagesse vibrante, egalitaire, active, que le lien avec la Kabylie m'inspire, et que je vois, entends, sens avec beaucoup d'emotion et joie, et espoir, refletee dans ce portrait "Nasri Yahia, chercheur independent de la langue Berbere Universelle" du photographe Kabyle, Nacer Amari, qui depuis 2019 est le miroir clair, reflexif, qui m'accompagne sur le long chemin de retour vers mes racines, apres une vie plein de chagrin et defis, comme jeune exilee, loin de ma langue maternelle, loin du bonheur de s'y savoir vu, compris, membre d'une communaute et son coeur, son histoire, ses triomphes, ses defis, son esprit, sa mythologie, sa raison d'etre.
Trudi Ralston
La recherche sur les langues Berberes de l'Afrique du Nord, ainsi que sur l'histoire linguistique du flamand, courtoisie de Wikipedia. Les livres du professeur Ahmed Boukous, president de l'IRCAM a Rabat, que je cite dans l'article, sont : "Revitalizing The Amazigh Language: stakes, challenges, strategies", publication de 2011, (300 pages), et son livre de 2019, "Essais sur les Enjeux Culturels", (312 pages). Les deux livres sont des publications de l'Institut Royal de la Culture Amazighe, dans la Serie "Etudes et Recherches', specifiquement le Numero 24 et le Numero 72.