Vivre la vie de facon authentique peut nous surprendre, pour l'effort que ce courage demande, surtout dans un monde qui idealise l'uniformite, l'assentiment, autant pour la vie communale que personnelle. Les artistes et esprits libres le savent trop bien, et sur le theatre du monde ce symbolisme ne devient plus evident que dans la facon que domine avec alacrite croissante, la violence dans trop de spheres de la vie humaine. Les arts se battent contre cette faiblesse spirituelle, cette aversion envers l'originalite, envers l'energie de la joie, de decider de vivre une personne, si ne pas libre dans les circonstances complexes que si souvent nous laisse la vie, libre, elle - meme, ne pas un robot, une machine qui copie la volonte leur imposee par les diverses obsessions autrui. Mon poeme "Est - Ce Qu'ils Appartiennent Encore a la Terre?", explore cette lutte, et la frustration et sa fatigue que le mal sait imposer sur le sentier de tants de personnes, innocentes victimes des arrogances et des folies de grandeurs de ceux qui decident que la vie des autres personnes qui leur entourent, leur appartient, est leur droit de dominer, de controler, d'abimer. Gravir les echelons de la vie, ne jamais evident, quand l'echelle se trouve au bord de l'abime invisible des blessures interieures, qui vivent en silence, qui cherchent le refuge, l'espoir dans cette espace pleine d'enigmes, pleine de ressources resistantes, qu'est le coeur humain, qui continue de rever, de croire, meme reduite encore et encore, a la poussiere, et qui meme avec juste une graine qui lui reste, sait reconstruire ses racines, son amour pour la suivante chance, de se lever, de nettoyer les ruines, et d'avancer. J'ai pensee au troisieme vers d'un poeme qui me dit beaucoup, du poete Sufi Jalal al - Din Muhammad Rumi (1207 - 1273), et le poete mystique qui fut son professeur particulier, son mentor, Shams - i - Tabrizi (1185 - 1248), qui a apparu un jour dans la vie de Rumi, et apres avoir fini l'apprentissage a Rumi, a disparu d'egale maniere mysterieuse irresolue, de la vie de son etudiant, qui l'aimait beaucoup. Rumi en fait dedie son oeuvre poetique, "Diwan - i - Shams - i - Tabrizi" a son maitre. Le poeme "Le Grand Char" decrit le feu au coeur que laisse la blessure souffert par l'abondance de la tendresse. Les mots de ce poeme du XIIIeme siecle laissent une impression viscerale, inoubliable, pour tous ceux qui connaissent le prix lourd d'aimer sans reserves, le coeur ouvert, comme le font les esprits innocents, que le monde souvent juge lourdement pour leur courage rebelle, libre. La traduction du farsi, de Ari Honarvar, j'ai trouvee interessante, moins sentimentale que la plupart des traductions en anglais: "Au - dela du mal et du bien, il y a un desert. Un desert qui appelle comme s'il etait un refuge. On souhaite de s'y embrasser dans son herbe luisante, de boire de sa source fraiche. La lune y murmure a l'oreille: j'y ai un pied dans ce desert. Mais ne me demande pas de t'y joindre. Car dans ce desert du desenchantement, comme c'est le cas avec le bien et le mal, toi et moi et meme l'idee de l'union, arrete d'exister." Rumi y sait toucher dans ces vers qui laissent un frisson pour leur franchise, leur effort de toucher une sensation de rare realisme mystique, tout un monde pour le coeur qui essaie de se remettre du chagrin, de la solitude de la perte, de l'isolation, de l'oubli, qui m'est si connu, et que la Kabylie sait adoucir, malgre la distance enorme geographique qui me separe d'elle. Quand j'ai un chagrin au coeur, envers le monde, envers une douleur interieure, qui rarement s'eloigne que brevement son ombre, je parle au coeur kabyle, comme dans ce poeme:
Est - Ce Qu'ils Appartiennent Encore a la Terre?
Est - ce qu'ils appartiennent encore a la terre, tous ceux, hommes, femmes, enfants, qui se battent contre les maux de la guerre, contre l'injustice et toutes ses miseres? Est - ce que leurs corps, coeurs et esprits sentent se lever le poids de leurs chaines, vers d'autres espaces, libres de la cruaute, de peines?
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Parfois, j'ai l'impression que je sens le ciel pousser un soupir, que je sens dans la brise incertaine, le gout et son sel des larmes des esprits qui nous voient le monde avec tristesse, avec gene.
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Il y a ces jours, ou le monde et ses delires pese si lourd, ou je sens le toucher de mains invisibles me guider les pas de mes jours, ou j'entends les voix charitables des esprits des nuages, qui me disent d'avancer, de ne pas perdre le courage.
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Est - ce qu'on appartient encore a la terre, quand l'espace ouverte de nos souhaits, de nos reves, nous accueille avec plus de joie, de tendresse, que le theatre quotidien des masques, des grimaces, qui nous poursuivent, nous entourent?
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Quand l'amour et l'espoir, le courage, se voient oublies, mis a cote, pour mettre au centre, les ballerins et ballerines de la mediocrite et la cacophonie de ses triomphes, qui applaudissent avec plaisir la danse du mal dans toutes ses degoutantes, tuantes formes?
Trudi Ralston
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