Sunday, September 8, 2024

La Sieste Enchantee: Un Reve Futuriste - dans la serie "L'Hurlement des Loups du Midi" dediee a Nacer Amari

              C'est impressionnant comme beaucoup de notre vie et son parcours interne reste pour la plupart invisible. Comme artiste qui aime les arts visuels comme la photographie, la peinture, la sculpture, qui cherchent de rendre visible le monde interieur de ses createurs, le monde des reves nocturnes est un monde d'images qui cherchent a exprimer ce qui nous occupe le coeur et l'esprit, dans un effort sincer, et besoin fort, de comprendre le sentier et ses defis de la vie humaine. Le monde des reves est dans mon cas, tout un univers, de qui son intensite devient plus urgente, quand le poids de l'exile et de l'isolation culturelle pese. Hier soir, ce monde des reves m'a menee vers le village de ma naissance Beveren, en Flandes, ou je suis nee, et vers la ville juste a cote, Roeselare, ou j'ai fait mes etudes de primaire et de lycee. Le reve hier soir avait aussi ma maison ici a Olympia, mais placee a Beveren. J'y etais avec une de mes chats que j'ai aimee beaucoup, la gentille et grande Sneakers, qui est morte il y a 10 ans. Dans le reve, je prenais une sieste sous un des arbres du jardin, et je pouvais voir mon fils Nicholas me dire bonjour dans la distance. Quand je me suis reveillee de la sieste enchantee, tout dans le reve etait different: il y avait une tempete grande, et il y avait de l'eau dans les rues, tout etait couvert du bruit de l'eau de boue ruisselante qui m'avait enlevee les chaussures, et j'arrivais a peine de rester debout, avec mon chat inquiet dans les bras. Je marcheais avec beaucoup de difficulte, et plus que j'avanceais, plus que l'architecture autour faisait une metamorphose bizarre, de batiments anciens, vers des batiments exotiques futuristes, aux tours tres hauts et aigus, comme des chapeaux de magiciens de taille geante. Les foules etaient indifferentes a ma presence, ne voyaient pas ma detresse, mes pieds nus couverts de boue, et je ne voyais rien qui indiquait que j'etais en route de retour vers mon village. Les batiments etaient tous ceux de la ville de Roeselare, mais rendus presqu'invisibles par les tours futuristes imposants, et les batiments continuaient a apparaitre, comme des champignons sous un sortilege, l'un apres l'autre, de facon opprimante, j'avais a peine l'espace de bouger. Une femme solitaire, a finie de voir ma detresse, et m'a aidee de trouver un chemin loin de la boue qu'avait cree la tempete. Elle etait habillee en robe rose, et avait un air timide, charitable. Je me suis reveillee etonnee par l'architecture menacante du reve, par l'indifference des gens qui m'y entouraient, et j'ai compris que ma detresse etait celle liee a la perte de mes racines, du traume de quitter mon pays de naissance comme adolescente, et a la difficulte de maintenir le lien avec la Kabylie, qui m'a redonnee ma voix de poete, si longuement perdue et muette. Quand la Kabylie me parait loin, c'est alors que parfois mes reves me trouvent en route vers mon village de naissance, et se confond avec la ville de Roeselare, et j'essaie de marcher de la ville vers Beveren, pour me perdre dans une confusion d'architectures et routes, tournant en rond me trouvant une prisonniere d'un labyrinthe. Je n'arrive jamais a ma destination. Une fois reveillee, cela me prends un moment de me re - orienter, et de comprendre que ces reves inquiets sont plus souvent, plus intenses, quand la communication avec la Kabylie est difficile, ou s'arrete pour des raisons techniques, de rupture dans les liens de communication. C'est comme devoir tolerer la lutte pour une voix, pour le maintien de mon identite de poete et ecrivaine une deuxieme fois, apres l'avoir perdue venant aux Etats Unis il y a toutes ces annees, avant de l'avoir ete redonnee en 2017, grace a l'introduction a la culture kabyle de l'Algerie. Le reve de la sieste sous sortilege, enchantee, avait cette qualite theatrale, cette urgence dramatique, de me trouver entre deux mondes: celui d'un passe perdu, et celui d'un futur incertain, quant a mon identite qui trouve son expression la plus profonde dans l'inspiration et l'encouragement si librement presente dans l'art de la photographie de mon collegue kabyle, Nacer Amari de Tassi Photographie.  

             C'est dit, qu'un des defis affectifs les plus penibles, est le chagrin de devoir etre loin des personnes qui nous sont chers au coeur. Aussi longtemps qu'on a la chance de se communiquer avec eux, l'espoir de se pouvoir revoir, de rester en contact avec leur vie, leur defis et joies, reste vibrante. Ce sont ces moments longs, ou on se trouve dans un couloir long, sans fin visible, de l'interruption de la communication, quand la lutte contre la tristesse devient dure, devient une torture, de qui on sait le debut, mais on n'arrive pas a  connaitre la fin. Qui sait, qui peut expliquer les detours et ses raisons que se permet le destin? Mon ame se trouvera en prison, jusqu'au moment que les nouvelles de la Kabylie me laissent savoir que ma voix de poete vaut, lui manque autant que sa voix et sa presence me manquent a moi. La douleur de penser que je risque de perdre ma voix de poete, sa plus profonde expression et joie, sa fierte et identite, apres l'avoir trouvee apres 40 ans de ne pas perdre le courage qu'elle recevrait sa chance, verrait sa vie creative, libre, sure, est tres penible. C'est une agonie qui me trouve dans un etat de proche paralysie creative - intellectuelle.  Je ne pourrais pas estimer plus la grace de l'influence de l'art visuel de mon collegue et camarade Nacer Amari, son aura rassurante et tranquille qui sait inspirer tants des melodies de mes poemes, tants d'explorations heureuses de mes articles qui s'ont deja manifestee dans 6 livres depuis la fin de 2019, quand j'ai vu sa premiere photo qui m'a inspiree mon premier article sur la force transformative et visionnaire de sa photographie, de l'energie reflexive de son coeur, de son esprit.    

Trudi Ralston 

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