La pluie ce matin au jardin, avec ses brumes matinales et couleurs d'eau pale, lente, qui couvreait les couronnes et troncs des arbres avec une couche epaisse noire luisante leur ecorce, m'a fait penser aux aquarelles de l'artiste americaine du Sud, de l'etat de South Carolina, connu pour ses marais et leurs faune et flore exotique, envoutante, Alice Ravenel Smith (1876 - 1958). Ses peintures ont cette qualite d'un arret sur image, hypnotisant, ou les lignes et les couleurs s'unissent, se cherchent, s'embrassent dans l'intime ambiance de ses paysages ou le monde du reve et de la realite concrete se melangent harmonieusement, silencieusement. Cette sensation du monde en pause, m'a inspiree la surprise d'une reflection sur le courage qu'exige vivre comme esprit libre, que ce soit de facon active, directe, ou que ce soit de facon plus interieure, patiente, visionnaire, ou un melange des deux. Je pense souvent que le courage n'est guere une qualite avec laquelle on est nee. Je la vois plutot, dans l'automne de ma vie et ses exigences persistentes, comme un muscle: il devient plus fort avec la pratique quotidienne, tenace. Mon fils, lui aussi ecrivain, me dit que j'ai le temperament "firecracker", d'une fusee, quoique de l'exterieur je suis calme, tetue, devouee au monde de mes ecrits et de mon art 24 /7 comme on dit ici, donc, tous les jours de la semaine, de l'annee. Le temps est un regal pour moi, apres toute une vie pour retrouver la chance de m'exprimer la voix de poete, d'ecrivaine, les visions de mes inspirations artistiques. L'ambiance de brume ce matin, avec ses silhouettes timides, ses palettes floues, un peu hesitantes, m'a fait rappeler en meme temps, comme contraste, les sculptures dynamiques de l'artiste americain de la ville de San Diego, en Californie, Dale Evers (1955), specifiquement sa sculpture "Human Arrow", ce qui se traduit comme "Fleche Humaine", d'une serie de sculptures qu'il a fait a Zapopan, une suburbe de la ville de Guadalajara, dans l'etat de Jalisco, au Mexique, que j'ai eue la chance de visiter en 1982, quand une amie musicienne bolivienne, m'a invitee de lui y visiter. La sculpture est attirante, pour etre la representation d'un arc grand, ou un homme nu est la fleche qui prend vol dans un geste uni entre l'arc et l'homme devenu fleche. C'est une sculpture qui inspire la joie, l'espoir, le courage, et l'artiste Dale Evers en a dit: "Chaque personne possede la capacite de surmonter les defis. Je donne a cette sculpture le titre de "La Mise au Point". Surmonter, vaincre les circonstances difficiles exige beaucoup de determination, d'energie, de vision aussi, et pas mal de tenacite, de visions claire, patiente. Le monde des arts donne la chance de s'approcher aux defis de facon qui permet s'y mettre de plusieurs angles, de se risquer une interpretation nouvelle, audace, et oui, controversielle, qui souvent va en direction contraire de l'opinion generale, acceptee, normalisee, et ainsi pour l'esprit libre, dans pas mal de cas, asphixiante, ne pas sincere, ne pas authentique. Dans mon cas, il y a deux influences au centre de mon reveil creatif, qui m'ont inspiree de suivre mon desir pour la vie d'un esprit libre: l'apprentissage dans l'histoire de la philosophie et de la poesie, et les arts visuels du dessin et de la peinture de la part de mon uncle peintre surrealiste flamand, Frans De Cauter (1920 - 1981), quand j'etais adolescente en Belgique, et la richesse historique et mythologique de la culture kabyle en Algerie, a laquelle je fus introduite en 2017, et qui m'inspire avec la flamme de son courage et son coeur le monde de ma voix poetique litteraire et artistique. C'est la Kabylie qui nourrit le feu de mes visions creatives, qui leur donne la perspective sur mon passe et ses obstacles survenus, qui donne la dignite a mon exile, qui me permet unir l'apprentissage aussi sur la photographie que m'a laissee mon pere, qui etait un photographe - amateur qui se devouait avec passion a la photographie et son contexte historique - culturel, ce que le lien avec mon collegue d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie, me permet explorer dans le contexte de ma vie, et de la sagesse kabyle. Les obstacles dans cette avonture kabyle - algerienne - americaine - flamande sont ne pas negligables: la distance geographique, les defis autour de visas, d'attitudes politiques des deux cotes des 3 continents qui separent la Kabylie de Washington State, Olympia, ou je vis, le temps, le travail, les responsabilites de famille. Neaumoins, la beaute et energie unique du lien kabyle qui m'unit a sa terre, a son esprit resistant, a son coeur tolerant, genereux, est la source riche de mes inspirations, de la liberation de mes visions, de mes passions creatives. Parfois, c'est comme me savoir en chute libre, qui bizarrement en meme temps, me permets ces moments que savent donner parfois ces arrets sur image interieurs, de se savoir 100% alerte, en vie, libre des oeilleres que le monde nous met, qui nous rendent sourd, aveugle, avec la repetition des demandes de la vie quotidienne, qui devient une habitude, a un point ou s'en sortir devient toute une labour, tout un effort. Je pense encore au film avec les acteurs Warren Beatty (1937) et Natalie Wood (1938 -1981), "Splendor in the Grass" (1961), que j'ai vu comme jeune adolescente en Flandre, et qui m'avait fait pleurer, pour en comprendre le poids de son message, qui se centre autour d'opportunites manquees pour le bonheur, a base de 4 lignes d'un vers du poete du mouvement romantique anglais, William Wordsworth (1770 - 1850): "Though nothing can bring back the hour / Of splendor in the grass, glory in the flower/ we will grieve not; rather find /Strength in what remains behind." Ce qui se traduit comme: "Rien ne peut recuperer l'heure / De la splendeur estivale, la gloire de ses fleurs/ On se s'attriste pas; plutot, on trouve/ Le courage dans ce qui reste." Ce qui me rappelle encore les mots dans un poeme de la poete russe, qui a su survivre les purges stalinistes des annees 1930 - 1950, Anna Akhmatova (1889 - 1966): "Tu entendras le tonnerre et tu te rappelleras de moi, / Et tu penseras: elle voulait des tempetes. Le bord / Du ciel aura la couleur dure de cramoisie, / Et ton coeur, comme il le fut d'antemps, prendra feu." Il n'y a rien d'evident de se battre pour le droit de la liberte interieure/ exterieure, dans la vie publique, dans la vie privee. Le monde des arts inspire le desir de la volonte libre, ne jamais une avonture evidente, mais qui vaut l'effort, parceque la vie sur le mont de cette liberte unique, meme si son soleil s'y nous permet sa splendeur que brevement, et rarement, pour des annees longues d'une joie et energie incomparables, vaut toute l'agonie des insultes camoufflees, des insinuations impliquees, des mots qui essaient de decourager, d'humilier sans gene, sans meme un attentat de discretion, des efforts de manipulation, de la part de la societe, petite et grande, qui entoure, comme des vautures, ou pire encore, comme des loups en manteau de mouton, le courage du coeur et de l'esprit de bravure de l'artiste, et je crois, que l'histoire du peuple flamand de la Belgique et des peuples berberes de l'Afrique, en savent pas mal au sujet. Chute libre, vol de l'ame libre, qui se bat contre l'hypocrisie, contre la terreur de la peur que les esprits etroits cherchent de leur imposer, depuis le premier cri du premier chant du premier troubadour - poete de cette plaine terrestre. Ce qui me rappelle, les mots de l'acteur, scenariste et realisateur americain, Sylvester Stallone (1946), dans ses films de la serie faite entre les annees de 1982 - 2019, "Rambo", l'histoire du veteran qui se bat pour la dignite humaine, pour une chance a une vie libre de tourmentes: "Live for nothing, or die for something." Je les interprete purement pour leur valeur philosophique, pour le sens que ces mots donnent envers la determination de s'assurer de vivre une vie authentique, qui laisse sa marque de courage, d'avoir pris la decision de vivre debout, ne pas soumis par qui que ce soit, de pres, de loin, meme si cela veut dire, comme le sait depuis la nuit du temps, le coeur de l'artiste, de se trouver seul, ne pas compris, la voix solitaire qui reverbere son echo dans le desert immense du neant qu'est le trou noir du controle dans toutes ses myriades formes collectives - individuelles. Le coeur kabyle me donne la force de continuer de me liberer la force creative, si longuement enfermee, niee sa voix, me donne la joie sublime de savoir que vivre ma vie creative et personnelle avec sincerite, avec audace, avec la fierte de savoir que s'exprimer les talents est un droit et meme une obligation, envers soi - meme, envers la communaute de laquelle on se trouve membre, pour le bien, pour le mal. Chaque jour est une avonture, un regal depuis m'avoir trouvee la voix dans les chants et leurs echos de l'Algerie, sa Kabylie courageuse, de qui le sourire et la lumiere de son regard eternel m'accompagne, les jours de brume, les jours de pluie, de froid, de noir, car elle m'approche toujours en me disant: le soleil brille dans les coeurs libres, car la vraie liberte existe de sentir sa chaleur a l'interieur du coeur. L'esprit et coeur des Imazighen de l'Algerie, m'apprend que: "Courage is not the absence of fear, but rather the judgment that something else is more important than one's fear.", ce qui se traduit comme "Le courage n'est pas l'absence de la peur, mais plutot la conviction qu'il y a quelque chose plus important que la peur." Ces mots sont de son livre d'aphorismes de 1991, d'Ambrose Hollingsworth Moon, qui est le pseudonyme pour son nom de naissance de James Neil Hollingsworth (1933 - 1996), un ecrivain americain, et manager des folk rock groupes "Quicksilver Messenger Service" et "The Ace of Cups". Vivre debout, dans le sens metaphorique, spirituel: vivre avec la determination de lutter pour le droit d'etre soi - meme, d'etre libre, malgre les insinuations que le monde cherche a nous imposer que la peur ne te donne aucun autre choix que de l'obeir. Et c'est a ce moment, que dans la brume pale du matin au jardin, le soleil telle une perle lumineuse brillante a ouvert le rideau lourd de nuages gris, m'a touchee le visage, m'a laissee au coeur la chaleur de la voix, du regard kabyle qui me guide, qui m'inspire, qui me permet etre libre, comme l'exprime le dynamisme de la sculpture de Dale Evers: d'etre une "Fleche Humaine", qui sait apprecier, aimer, les moments de transition, de l'arret sur image, et les moments de l'incertitude de la chute libre, comme etre humain au coeur et esprit libres, arc et fleche, tout en un.
Trudi Ralston
L'information sur l'artiste Alice Ravenel Smith, sur la sculpture "Human Arrow" de l'artiste Dale Evers, sur le film de 1961 "Splendor in the Grass", sur les series "Rambo" avec l'acteur Sylvester Stallone, et sur les mots de l'ecrivain Ambrose Hollingsworth Redmoon, courtoisie de Wikipedia.
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