Sunday, August 25, 2024

Le Sourire du Mendiant: dans la serie "L'Hurlement des Loups du Midi" dediee a Nacer Amari

             Apres plusierurs jours de pluie incessante, et des temperatures beaucoup plus froides, environ 13 deges Celsius, le soleil et les temperatures douces, sont de retour, et vont vaciler selon le metereologue entre 23 et 28 degres Celsius pour les 10 jours suivants. Le ciel cette apres - midi etait comme un decor d'une piece de theatre surrealiste, il y avait des nuages blancs partout, de la meme taille, et ronds, comme des boules de coton, comme on les fait coller sur du papier bleu aux etudiants dans leurs classes de l'art et recreation des jardins d'enfants. C'etait une image joyeuse, innocente, qui etait en contraste avec la pensee qui soudainement m'avait envahie, sans avertissement, un sentiment d'absence, de vouloir aller a une fete de famille, d'avoir de la famille, des oncles, des tantes, des cousins, de m'imaginer comme ce serait d'avoir encore des parents, un frere, des soeurs, d'avoir connue une belle mere gentille, acueillante. Je m'imagineais que les nuages etaient magiques, qu'ils s'ouvraient, et que d'eux sortaient, tout lentement, sur une brise gentille, toutes ces personnes de mon enfance, de mon adolescence, de mes etudes universitaires, et au lieu d'etre toutes disparues, elles etaient en vie, et etaient venus me voir, pour connaitre a mon fils finalement, et de venir manger avec lui, et mon mari et moi. Une vague grande comme d'une mer turbulente, m'inondait avec sa melancholie, piquante, froide. Le silence et les nuages muets, clos, me sortaient de la reverie naive, et je suis allee faire le velo pour une heure, en ecoutant aux voix masculins forts du groupe flamenco du guitariste espagnol Paco de Lucia (1947 - 2014). Ayant grandie sous la menace d'une mere exigeante et affectivement cruelle, mes heros etaient ma grandmere maternelle, sa fille la plus jeune, ma tante Lieve, qui a maintenant 84 et vit encore toujours a Oostende, a la mer, en Flandes de l'Ouest, et biensur, mon pere, et son amour pour les livres et les arts, et mon oncle Frans, qui etait un peintre surrealiste et le grand frere de ma mere. L'energie masculine exprimee en art surtout, etait un refuge comme enfant et adolescente, quand j'ai appris l'habitude de me mefier de la plupart des femmes, dans mes liens et mes amities. Mes cousins surtout etaient mes amis pres de qui je me sentais a l'aise, egale, sans devoir expliquer ma mefiance envers le monde des femmes, duquel ma mere paraissait etre la reine authoritaire et distante. Ce monde a l'envers, ou je me sentais pour la plupart beaucoup plus a l'aise dans le monde masculin, ajoutait une mesure d'independance, mais aussi de solitude. Aupres de mes compagnes a l'ecole catholique, qui etait juste pour des filles, je me sentais souvent maladroite, impatiente. Je preferais jouer avec mes cousins aux cowboys et bandits, de manier une epee, ou un arc et une fleche improvisees, pour nos jeux de combats, beaucoup plus que jouer le role de la princesse ou femelle vulnerable, ce qui arrangeait a mes cousins, parce que j'etais dans ce monde d'imagination, une guerriere bien capable, ils notaient vite. Pour beaucoup d'annees, je me sentais une fois mere, en conflit de n'avoir jamais eue une fille, mais en meme temps soulagee et tres heureuse d'avoir un fils, qui est une personne intelligente et gentille, et de comprendre a la fin, si je n'avais pas de fille, au moins je ne pouvais pas etre un desastre pour elle, comme l'etait ma mere pour moi et mes deux petites soeurs, Goedele, qui est morte a l'age de 44 ans d'un cancer invasif ne pas curable, et Ludwina, qui etait bi - polaire et s'est suicidee a l'age de 35 ans. La musique flamenco avec les voix forts du groupe de Paco de Lucia, m'entourait comme une energie therapeutique, et la melancholie me fuyait, s'envolait comme un phenix decisif, content d'etre libre du feu de ses peines maintenant reduites a des cendres. Je respirais a nouveau a l'aise, et la melodie d'un poeme soudain etait le visiteur de surprise au jardin, et m'accompagneait, pendant que mon mari etait en ville, et j'attendais le retour de mon fils et ses amis, qui passaient quelques jours au Canada, avant la fin de l'ete. J'appelle le poeme "Le Sourire du Mendiant":


Le Sourire du Mendiant 


Si la solitude avait un role, dans une piece de theatre, je crois qu'elle serait le sourire du mendiant. Elle serait toute invisible, deguisee en costume humilde, de troubadour itinerant, avec une guitare comme compagne sur ses explorations.

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Si la solitude voulait se montrer moins penible, voulait nous impressionner avec un sens de dignite, de courage, elle sourirait, pour cacher ses blessures, pour faire face au mepris qui lui entoure, avec un visage de masque peint avec la couleur fraiche de l'espoir, qui maquillent la memoire de ses cauchemars. 

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Le sourire du mendiant, ce regal desarmant, de l'artiste qui connait tres bien la tourmente de silences trop longs, trop importuns, qui genent l'ordre d'un monde qui prefere le camouflage et ses illusions, au - dessus de la verite incontestable, sans dissimulation, sans pretense. 

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Le sourire du mendiant, celui qui est le miroir de nos propres illusions, de nos chagrins et frustrations, c'est le sourire venu de loin, d'en haut, ou vivent les esprits des montagnes, qui gardent au coeur les secrets du ciel, des etoiles. C'est le sourire qui sait que le bien survit, loin du triomphe pretendu du mal. 


Trudi Ralston

"Seulement l'amour et la mort changent toutes choses." Kahil Gibran (1883 - 1931), de son livre d'aphorismes "Le Sable et l'Ecume" (1926). 

  

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