Friday, August 23, 2024

Les Chaussures Depareillees: dans la serie "Les Blessures de Chiron" dediee a Nacer Amari

              Le monde interieur d'une personne, est telle une planete, qu'on voit dans la distance, qu'on sait donc qu'elle existe, mais dont on sait tres peu, vue la distance, et vue que cette planete est loin de la realite en bas, sous nos pieds, pour ainsi le dire. Ce monde interieur a une signification particuliere centrale, pour les personnes qui se savent deracinees, exilees, loin de leur terre natale, loin de leur culture, leur langue, leur histoire, et surtout, loin des liens de famille, de la communaute d'origine. La Kabylie n'est pas etrangere au traume du manque de pays, de la douleur de l'exil, du courage et les efforts de sa diaspora, en Europe, a la Nouvelle Caledonie, aux Iles Canaries, au Canada, et aux Etats Unis. Comme flamande qui vit depuis mon adolescence aux Etats Unis, dix ans au Texas, et depuis a l'etat de Washingron State, dans la region forestiere proche au Canada, les emotions associees avec le manque de pays et tous ses attributs, me sont tres bien connues. Ayant trouvee une voix comme poete et ectrivaine et aussi une expression pour mon art, dans le coeur kabyle et son accueil et generosite, la chanson kabyle qui me tourmente le coeur le plus aiguement, est la chanson "Algerie, mon beau pays", du legendaire poete et chanteur kabyle, Slimane Azem (1918 - 1983):

             "En exil des mon jeune age, J'ai prepare mes affaires Pour mon premier voyage M'exiler au - dela des mers... L'Algerie, mon beau pays Je t'aimerai jusqu'a la mort Loin de toi, moi je vieillis Rien n'empeche que je t'adore Avec tes sites ensoleilles Tes montagnes et tes decors Jamais je ne t'oublirais Quelque soit mon triste sort... Seul, je me parle a moi - meme J'ai failli a mon devoir J'ai mene une vie de boheme Et vecu dans le cauchemar Quand je te chante ce poeme Je retrouve tout mon espoir." 

             J'ai visitee a la Kabylie en 2019, et je jour avant de devoir retourner aux Etats Unis, pres du Pic des Singes, j'ai pleuree, en plein jour, en plein soleil, parce que mon coeur ne voulait pas partir, savait que mon esprit de poete y avait trouvee sa terre, devrait y retourner, y semer les graines de mes poemes, qui depuis fleurissent sous l'inspiration et la camaraderie unique de mon collegue photographe kabyle, Nacer Amari de Tassi Photographie, a qui se dedie cette nouvelle serie "L'Hurlement des Loups du Midi". Cette serie a comme but d'explorer la profondeur de ce lien, qui me permet de guerir mes racines blessees, la douleur ne jamais admise dans sa totalite, de me savoir deracinee toute une vie, de sentir maintenant l'espoir, la joie de recevoir la chance d'unir les pieces du puzzle de ma vie, de pouvoir enlever l'isolation, la solitude, l'invisibilite, le desespoir muet, ni vu, ni entendu. Il y a beaucoup d'artistes, de poetes, d'ecrivains, qui ont recu la chance d'exprimer en totalite complete, leurs inspirations creatives, leurs visions, grace a un collegue, a un lien unique, d'harmonie compatible, et pour moi, ce lien est celui que la Kabylie me donne dans l'amitie exceptionnelle du photographe Nacer Amari, a qui je dedie mes livres, art et poemes depuis decembre 2019. Ce lien vaut celebrer, vaut lui explorer sa beaute, son energie, le courage et l'espoir que ce lien comme collegues et amis sait creer. Il n'est jamais a sous - estimer, a prendre pour acquis, car avoir la chance de se re - trouver l'identite, de se reclamer l'ame, le coeur, l'esprit creatif, est une grace qu'il faut honorer, soigner et surtout, celebrer. Mon monde interieur qui avant n'etait comme le point d'un iceberg, a peine visible, sort de son hibernation, recoit le clef de sa liberation, en explorant en meme temps le talent astucieux, sincer, reflexif de mon collegue kabyle, qui avec patience et discretion, sait inspirer tout un monde litteraire et artistique, qui toute une vie plus tard, me donne les melodies et les rythmes, les visions claires, de les mettre en vers, en mots, en livres, en art. 

             La Kabylie me permet m'exprimer, et pour moi, toute une vie plus tard, me pouvoir exprimer, comme poete, savoir donner voix a ce qui etait invisible pour trop d'annees, effacee, c'est vivre, c'est me sentir en vie 100%, c'est renverser les effets horrifiants de la gomme qui voulait completement effacer mon identite, ma voix, mes mots, c'est les voir, les sentir, les voir s'unir, les entendre, et c'est aussi explorer la grotte si longuement fermee de ma vie interieure. Aokas est renommee pour sa Grotte Feerique, et le photographe Nacer Amari a un vif interet aussi dans l'archeologie, dans la geologie de la Grotte Feerique, ce qui est en fait un beau symbolisme, comme c'est grace a lui, que le monde invisible, sous - terrain de mon ame de poete, trouve le courage de s'identifier, de se connaitre. Le titre de cet article est "Les Chaussures Depareillees", ce qui se refere a un reve de la nuit derniere. Brevement, comme est si souvent le cas dans le monde de mes reves nocturnes, je me trouvais seule, marchand a pied, pres d'une grande ville, ou il y avait une reunion de familles. J'etais invitee, quoique je ne connaissais a personne, autre que mon fils, qui y etait de passage. Il y avait une grande, longue table, et tout le monde mangeait des tas de repas, dans une ambiance detendue, mais avant d'y arriver, je notais que j'avais les pieds nus, et il y avait une medina a cote, avec un marchant de souliers, et je chercheais une taille pour mes pieds, je n'y arrivais pas, et finalement, j'ai trouvee la taille correcte de souliers, en cuir vernis noir, mais de deux desseins differents, en dessin de leopard, et en dessin de fleurs rouges. J'etais genee, et ma robe aussi, etait mal ajustee, et d'un dessin pour enfants, mais, le groupe a la table, m'a souriee sans jugement. Je me suis reveillee, pensant comme etait bizarre le symbolisme de ce reve un peu desorientant et chaotique. Aussitot, j'ai compris, que les chaussures depareillees voulaient exprimer ma malaise sur le sentier de la vie, qui si souvent se sent entre deux mondes, un pied ici, a Olympia, et l'autre pied, revant de revoir a ma Kabylie et ma famille de coeur. La robe maladroite, aussi, ne pas adulte, est une reflection d'essayer de retrouver l'innocence trahie de mon enfance, d'une mere cruelle qui se moquait de moi comme sa fille, qui aimait me faire sentir inferieure, ne pas la peine, et qui m'achetait des vetements et souliers les plus invisibles, les plus fades, tandis qu'elle s'achetait les coutures, les souliers, les plus cheres et de derniere mode. Elle etait la reine, et moi et ma nanou, ses inferieures, a mepriser, a insulter, pour assurer qu'on se sente a peine digne de sa presence. En consequence, ma vie d'enfant et d'adolescence, m'avait convaincue que j'etais bien ordinaire, dans tous les sens du mot, et ma consolation etaient les livres, les fleurs et les oiseaux du jardin, et la compagnie de notre chien bulldog gentil et energique, Gorky, qui avait recu son nom par mon pere, qui l'avait fait en honneur de l'ecrivain russe Maxim Gorky (1868 - 1936), un poete et ecrivain d'activisme socialiste, du mouvement neo - romantique et du social realisme et modernisme. La litterature fut mon refuge, parmi les livres abondants du bureau et sa bibliotheque ample de mon pere, ensemble avec les magazines de National Geographic, qui me permettaient voyager et explorer l'archeologie et histoire et culture des cultures du monde, parmi lesquelles les pays de l'Afrique du Nord vite devenaient ma preferee, et cela n'a pas changee. La decouverte de la culture kabyle, en 2017, fut grace a une copine kabyle - francaise a Grenoble, qui etait ma compagne d'apartement et d'etudes quand je faisais mes etudes de maitrise en litterature espagnole et latine - americaine a l'Universite de Texas, dans la capitale d'Austin, et qui m'avait introduite a la musique du legendaire chanteur et poete kabyle, Idir, une fois que je vivais deja a Olympia et elle etait de retour a Paris, avant de finalement aller vivre et travailler a Grenoble. La Kabylie et mon lien avec mon collegue photographe kabyle Nacer Amari, a reussi de resoudre et rendre coherent, visible, vibrant, mon coeur de poete et artiste, depuis, et ceci dans les derniers 7 ans, et d'effacer, chaque fois plus, les degats et chagrins de toute une vie, de presque 40 ans. Ceci est deja unique, et comme je vis dans une region anglophone, loin des liens avec la Kabylie, loin du Quebec qui a une diaspora de kabyles, loin de la France, qui elle aussi a une diaspora considerable de kabyles, et loin de la Kabylie, loin de la chance de pouvoir celebrer la Kabylie et son importance unique dans ma vie, dans une entrevue sur Television Berbere, ou de la Radio Soummam, je le fais dans mes articles et poemes, que j'unis et publie apres depuis, mondialement sur Amazon. Je reve de pouvoir retourner en Kabylie, de pouvoir y celebrer mon art, mes livres, mes poemes, ma famille de coeur. Jour apres jour, je continue, de mon petit bureau ici a Olympia, de mettre dans la lumiere, l'esprit et le coeur uniques kabyles, sa sagesse, sa force, sa presence transformative dans ma vie de poete et ecrivaine flamande - americaine. Longue vie a ma Kabylie, longue vie a mon collegue d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie, a lui, et a sa belle et grande famille. 

Trudi Ralston 


"Beaucoup d'entre nous passent notre vie entiere, fuyants les emotions, pensant par erreur, qu'on ne pourrait pas tolerer leur douleur. Mais tu as deja souffert la douleur. Ce qui tu n'as pas encore fait, c'est de sentir tout ce que tu es, au - dela de cette douleur. "  - le poete libanes - americain, Kahlil Gibran (1883 - 1931).



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