Saturday, August 10, 2024

Au Carrefour des Contradictions: dans la serie "L'Hurlement des Loups de Midi" dediee a Nacer Amari

              La chaleur de l'ete certains jours me rappelle a une ombre grande, qui s'installe sans faire du bruit, comme si elle se rend compte que le manque de pluie rend la lumiere de son soleil compagne un peu hypocrite. L'ete, cette saison de nonchalances, n'importe le stress qui nous entoure, n'importe le bruit du monde, l'ete a cette facon de nous convaincre que tout est bien, que la fatigue vaut sa chaleur, la brise fraiche de ses mers, de ses rivieres. Alors, on lui pardonne sa chaleur etouffante, l'inquietude du risque d'icendies. L'ete est l'amante spontane, genereuse avec l'explosion de fleurs parfumees, de gouts frais, de reveries, de tendresses, d'enfants jubilants jouants dans le sable et les vagues des plages, de cette energie d'insouciances, qui effacent le gris et le froid, qui nous font oublier l'hiver et ses poids, ses melancholies, ses questions. Il y a quelques jours, dans l'ombre silente des arbres de la foret qui aborde le jardin, j'ai pu noter un ecureuil rouge qui traversait les branches des arbres les plus hauts a une velocite etonnante. Cette espece d'ecureuil de notre region, est toute petite, ne pas plus grand qu'un oiseau, comme le rouge - gorge. Cet ecureuil est sous protection ici, et la foret a l'autre cote du jardin est declaree une reserve recemment. Ces ecureuils sont tres energiques, et ont une voix aigue, haute, qui est tres efficace pour chasser l'ecureuil gris, aussi de notre region, et qui est deux fois la taille du petit ecureuil rouge. La vitesse du petit ecureuil rouge me fascinait, en moins de 5 segondes, l'animal avait couvert toute la distance des grands arbres, en courant les autoroutes des hautes branches, montrant aucune hesitation de comment avancer, ou quelle branche traverser de suite. Il y avait une confiance complete dans ses mouvements si elegants, si rapides, cela m'a fait sourire en surprise et admiration, et tout ca dans les coronnes d'arbres de plus de 30 metres. L'idee qu'il pouvait possiblement faire une erreur, tomber, se blesser, etait completement absente. Le petit ecureuil bruyant dominait les carrefours des arbres de la foret comme s'il etait un dessin anime un peu comique, mais dans ces moments, une envie m'a envahie, de vouloir etre lui, juste pour ces moments de joie libre, d'alegresse athletique, si lisse, si facile, pour l'observateur humain que j'etais en bas des arbres. Une fois disparu l'animal dans la lumiere verte des feuilles des arbres, mes pensees se voyaient envahies des images troublantes de la guerre inhumaine, le genocide contre le peuple palestinien, avec cette complicite revoltante des pays les plus puissants du monde, dans un silence criminel, suffoquant la decence. Etre un ecureuil confiant, traversant avec aisance et finesse athletique, les branches des arbres hauts de la foret a l'autre cote du jardin ici, me paraissait etre une ambition plus sincere, plus innocente, que devoir faire face au fait d'etre une personne, qui essaie de comprendre cet appetit degoutant pour la violence, la destruction, la dominance d'autres personnes, d'autres peuples, a travers l'abus pervers du pouvoir, d'une ideologie qui se croit superieure, qui agit comme si elle a le droit de tuer de milliers de familles innocentes, leurs tendres enfants, leurs malades, qui se croyaient etre sous la protection des hopitaux, de qui ne restent que les decombres, dans un cauchemar qui se repete, jour apres jour. 

            Une autre idee, m'est venue qui adoucissait les idees sombres, une idee sur les liens qui unissent, de pres, de loin. Les branches si hautes des arbres grands faisaient des lignes, qui s'etendaient, pour rendre plus accessible les routes a traverser pour les ecureuils. C'etait comme si les branches, avec le temps, s'avaient adaptees la position, pour rendre plus logique, plus evidente, les carrefours des branches sur le sentier haut dans les couronnes des arbres. Ces lignes paraissaient de communiquer l'importance des liens qui nous unissent, ces liens, hauts dans les branches de nos coeurs, qui tiennent a distance les grimaces de la solitude, de l'isolation, des fantomes du passe, du chagrin. Ces beaux liens invisibles, mais forts, genereux, tolerants, savants, charitables, qui nous rappellent que ce qui nous unit est plus fort, malgre les contradictions d'un monde egoiste et avare, est plus fort, plus tout, que ce qui sous separe: frontieres, violences, malveillances, cruautes, ideologies, traitrises, qui se manifestent dans le monstre favori d'empires et leur arrogance insatiable: la misere immesurables des guerres qui se justifient, a travers l'abandon totale de toute decence et dignite humaine. La sophistication technologique du XXIeme siecle ne parait pas capable d'eliminer ce trait sanguinaire, que des milliers d'annees de civilisations ne parviennent pas a eradiquer de notre planete, d'eradiquer l'inhumanite de l'etre humain, qui pense avoir le droit de penser, de justifier, le genocide du peuple palestinien, dans cette guerre qui se cache derriere une ideologie fausse, perverse, qui continue de tuer des civils innocents, avec le but d'effacer le peuple palestinien du monde. Est - ce qu'il existe un autre mot que le genocide pour telle barbarie immonde, et n'est l'indifference continue, des pouvoirs du monde, ne meme pas immorale, mais la perversion la plus abjecte, celle d'une amoralite qui depasse toute chance de se remedier les traces restantes d'appartenir a la race humaine? Le silence solennel, soudainement grave, des arbres qui m'entouraient, comme des esprits geants, paraissait affirmer qu'ils sentaient ma reflection, et la voix aigue et forte du petit ecureuil rouge faisait encore son echo dans mon coeur, et me rappellait les mots en flamand de mon pere: "Mensdom, en dierenrijk", exprimant sa mefiance quant a l'esprit ambigu de l'etre humain: " la betise humaine, et la richesse du monde de la nature". Ce n'est pas une surprise alors, la prudence que montre le petit ecureuil, chaque fois qu'un de ces etres humains, essaie de s'approcher a lui et ses compagnes. Je suis fiere que quand il ou elle, me voit, il se pause et parait etre content de me savoir ne pas une menace. Certains jours, il parait meme montrer une curiosite sincere envers ma presence, mais dans le regard, il garde la vigilance, malgre le fait que j'assure avec la secheresse des etes ces dernieres annees, de laisser pleine de l'eau fraiche pour les animaux de la foret, ainsi que des graines, pendant la saisons des amours surtout, quand il y a beaucoup de nouveaux bebes lapins, ecureuils, oiseaux, taupes, opossum, ratons - laveurs, cerfs, pour essayer d'etre un messager respectueux, un etre humain ne pas menacant, ne pas effrayant. 


Trudi Ralston 

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