L'automne avec ses parfums fumees de feuilles tombees et les couleurs riches avec lesquelles elles font des tapis vibrants pour les pieds qui les admirent, avec ses matins de brouillard dense qui rappellent a des convocations de shamans anciens, est la saison qui nous invite les meditations, et ses silences introspectifs, avec ses nostalgies, ses monologues interieures, que les oiseaux de la foret observent avec un melange de curiosite et nonchalance amusee. Ce matin, je pense a mes amis en Kabylie, a leur esprit resistant, a leur sens de l'humour dans des moments difficiles, a la beaute majestueuse de sa nature, de ses montagnes, de ses rivieres, de ses villages, de la mer qui les unit, qui les separe. L'automne nous fait sentir de facon plus aigue le passage du temps, qui coule, qui avance, et qui nous emmene sur ce sentier de la vie, que pour la plupart on ne comprend pas, et duquel on rarement voit avec clarte sa direction, ses intentions. Ce poeme est une reverie, une reflection sur ce beau et impenetrable mystere qu'est l'etre humain qui n'a pas de choix que d'avancer sur le chemin de la vie, dans le noir, dans la lumiere, dans les tempetes, dans le soleil, selon la saison de la nature, et des caprices et ses detours et puzzles que nous laisse le destin:
Arrive le Jour
Arrive le jour, quand on se rend compte que le chemin de retour est plus long que celui qui nous reste a faire, arrive le jour ou on accepte qu'il y aura un fin au parcours que la vie nous a indiquee, que la nature a une grande quantite de saisons, que l'homme recoit en petites mesures, comparee a des arbes, comme les oliviers millenaires.
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Il y a une sensation ambigue qu'on ressent quand arrive ce moment, de se sentir libre d'illusions, de se rendre compte que les chagrins et les joies, qu'on connait sur cette voie, sont la balancoire qui fait l'equilibre, qui assurent qu'on reste humilde, qu'on ne cede pas a l'arrogance, a l'indifference, qu'on reste proche a la charite, a la patience, au courage d'aimer sans demandes, comme le font les enfants.
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Arrive le jour, ou on ne regrette rien, d'avoir souffert et de souffrir pour la joie sublime que donne l'amour, qui vit dans notre coeur, et survivra le voyage vers le monde des esprits. Arrive le jour, ou on comprend que la tendresse partagee, en tempetes, en bonheur, survit dans le sourire de l'etranger qui nous dit bonjour, dans le sourire de l'enfant, dans le regal de l'innocence en passant.
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Arrive le jour, ou les feuilles dorees, jaunes, oranges des arbres de l'automne, nous chantent une melodie, pour que se permettent danser nos pieds, pour celebrer les souvenirs si precieux des personnes aimees, que ce soit hier, ou aujourd'hui, ce rythme calmant de l'automne avec ses hiboux, ses maisons aux cheminees illuminees le soir, ces ciels d'etoiles et sa lune faits de cristal, qui nous chuchote en confiance, que l'amour vecu ne disparait pas, se metamorphose dans le courage de continuer d'y croire, de l'inviter et partager.
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Il y a un sourire, que laisse l'automne pour le coeur qui realise que le temps n'est pas un ennemi a craindre, que chaque douleur, chaque perte rend plus profond le coeur et ses visions, que ce qu'on perd quand on aime, augmente la vision claire, que tout commence et termine avec la tendresse eternelle, qui ne se mesure pas en chiffres, en erreurs, mais en energie libre, en ailes, en victoire sur la peur et ses complexes.
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Il y a une paix, que laisse l'automne pour l'esprit vagabond, pour le coeur errant, qui n'arrive pas d'eviter les blessures. C'est la grace, silente et douce, que rien ne s'apprend, aussi longtemps qu'on fait de l'amour une arithmetique, qui se raisonne. Le poete Sufi Rumi le savait, que ceux qui ne risquent pas la douleur qui accompagne la tendresse, n'achevent pas leur humanite complete, qu'arrive le jour, ou il faut laisser tout, et embrasser le vide, de le faire avec joie, avec reconnaissance d'avoir eu la chance d'aimer sans frontieres, au - dela du mepris et du gene, qui cherchent a silencer les artistes, les poetes, les esprits libres de cette terre.
Trudi Ralston
Pour ma Kabylie:
"Ton coeur et le mien, sont des tres vieux amis." Jalal al Din Muhammad Rumi (1207 - 1273), poete Sufi.
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