Wednesday, November 22, 2023

La Clochette de Zora: dans la serie "Les Blessures de Chiron" dediquee a Nacer Amari

            Au mois de mai de cette annee, j'ai constatee apres le retour a Olympia de notre voyage a Strasbourg et Tunis, ensemble avec mon mari Michael et mon fils Nicholas et son meillieur ami Daniel, pour faire la connaissance au photographe d'Aokas, Nacer Amari, et son cousin et compagnon de voyage, Mounir Amari, un chat jeune calicot faisait des visites regulieres a notre jardin. En soi, ne pas une surprise, comme il y a pas mal de chats dans le voisinage, mais quand elle a commencee de faire ses visites tous les jours, j'ai decidee de faire un effort de m'approcher a elle. Elle est jeune, avec des grands yeux verts couleur de menthe, et des pattes blanches, comme si elle se met des petits gants elegants pour faire ses balades. Six mois plus tard, cette vagabonde sympathique vit a la maison, a ses jouets, sa couverture sur notre lit ou elle dort depuis, et revele aussi un appetit pour chasser tous les oiseaux qui visitent le jardin, venant de la foret au fond du jardin, pres de la cloture. Comme on a eue une ete chaude et seche, j'ai pris l'habitude de donner a boire et a manger aux ecureuils, et tous les oiseaux, et les opossum, les ratons - laveur, les cerfs, et corbeaux aussi qui parfois decident de joindre la table. J'ai donnee au chat vagabond - resident, le nom de Zora, pour son esprit energique et social agreable. Elle est silente, gentille, aime qu'on lui inclut dans les activites du jardin, de la maison, elle a juste un appetit pour la chasse, surtout la chasse des oiseaux qui me sont chers au coeur. Alors, apres qu'elle avait attrapee plusieurs oiseaux, 3 d'eux qui j'ai su sauver a temps, sans blessures, et 2, qu'elle a finie de tuer malheureusement, je lui ai mis une clochette sur le collier, pour donner l'avertissement aux oiseaux qu'elle etait dangereusement proche, car les chats, ca fait la chasse tres silencieusement, et avec beaucoup de patience, cachee derriere un arbustre, et avanceant un centimetre a la fois, comme en mouvement ralenti. Zora ne parait pas troublee par la petite clochette, qui emet une petite note aigue, et j'espere qu'a partir de ce remede discret, que les oiseaux de visite au jardin, seront a nouveau libre de danger de ma chatte chasseur avide. Ce poeme, m'est inspiree par Zora, par l'idee que ce serait utile si certaines personnes portaient une clochette, pourqu'on les entend venir a temps, une idee qui parait assez urgent vue la detresse dans lequel le monde se trouve, ou les dirigeants qui divident la planete avec leurs guerres et corruptions, emettent une cacaphonie de fausses notes, qui laissent des milliers de victimes innocents:


            La Clochette de Zora


Sur des petites pattes blanches aux bonds legers et silents, Zora avance sur l'herbe mouillee pres les arbres qui boivent la pluie sous un ciel qui melange le bleu avec des nuages grands comme les ailes d'un bateau a voile. Pres du bord de la foret, pres les arbres accueillants, les petits oiseaux viennent manger les graines et boire l'eau que je leur laisse le matin. 

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Leurs chants bavards remplissent le jour avec des melodies de joie, de camaraderie, de partage spontane, et ajoutent une caresse d'espoir, de gentillesse au rythme de mes devoirs, de mes reflections, avec a mes cotes Zora, sur qui je garde ses intentions envers les animaux innocents, en conversation animee autour de leur repas communale. 

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Zora paraissait contente d'observer les oiseaux, sans les deranger, ce qui m'a surpris agreablement. Cette assurance fut changee il y a peu de temps, quand elle m'a apportee un petit oiseau serree entre ses dents. Le temps qu'il m'a pris de lui convaincre de lacher la pauvre creature, l'oiseau etait mort, me laissant triste, chercheant une facon de decourager ces ambitions. 

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Apres encore plusieurs rencontres presque fatales pour trois oiseaux, que j'ai reussie a sauver sans blessures, pour les voir s'envoler intactes, a nouveau libres, Zora porte maintenant une clochette au collier, pour donner une chanche aux oiseaux visiteurs. La clochette emet un son doux, mais bien audible, et emet un echo qui amuse dans la nuit, quand elle bouge sur sa couverture de notre lit. 

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Cette resolution maintenant si evidente, d'avertir les oiseaux de la presence du chat avide de la chasse, me fait penser comme dans la vie ce serait utile si certaines personnes aux intentions ne pas claires, porteraient des clochettes audibles, avec des melodies variees, dependant du degre du danger qu'elles posent, surtout ceux qui manipulent le pouvoir et decident le destin de milliers d'innocents. 

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Je pense aussi aux poetes, aux artistes, aux enfants, a toutes les ames sensibles a la detresse, comme ce serait beau si on pouvait entendre la melodie du coeur, de l'esprit d'une personne, avant de leur faire confiance, si nos coeurs emettaient un son, venant d'une clochette invisible, qui indique une disposition compatible, un pont affectif, qui invite sa traversee vers l'amitie, vers la tendresse sans peril. 

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Une melodie de clochette gentille, qui invite les liens qui unissent, qui enlevent la solitude de se savoir inaudible. Entendre les notes de la clochette de Zora, me font sourire, et me remplissent le coeur avec reconnaissance, envers ces camarades rares, qui nous entendent les melodies de l'ame, qui nous insprirent, enrichisssent, guerissent les blessures, comme le fait pour mon coeur ma famille kabyle.  


Trudi Ralston

"Il faut briser le coeur, jusqu'a ce qu'il s'ouvre."  Jalal al Din Muhammad Rumi ( 1207 - 1273), poete et savant Sufi de renommee mondiale, de naissance perse, dans ce qui est aujourd'hui le pays de Tajikistan, l'ancien empire de Khwarezmian.  





 

Monday, November 13, 2023

La Sentinelle Lucide: Le Portrait Solidaire "DASSINE" de Nacer Amari - dans la serie "La Flute et l'Echo"

             Il y a des images, qui laissent une impression indelible sur le coeur, sur son espoir et son courage, comme les portraits pleine de fierte, confiance identitaire, de la jeune enfant au regard et sourire captivants, qui indiquent une predisposition pour un charisma engageant une fois adulte. Les portraits de Dassine invitent sa celebration, et entre 2020 et 2023, les portraits lui faits par le photographe Berbere d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie, se trouvent dans mes livres que je dedique a l'art visuel du photographe astucieux, et ses portraits kabyles narratifs, leur vision esthetique inclusive: l'article #8, "Dans la Presence d'une Reine: Le Portrait de Dassine en noir et blanc", et l'article #23, "L'Apprentie Confiante: Le Portrait Defiant de Dassine", dans mon livre d'octobre 2020, "Sonates Berberes"; l'article #43, "Au Nom de l'Univers Innombrable: Les Portraits d'Anniversaire de Dassine", dans "Le Cahier Errant: Au Monde Unifiant de Nacer Amari", mon livre du debut mars 2021; l'article #9, "Les Liens Resistants: Le Portrait Printanier de Dassine" dans mon livre "La Colombe: La Cryptographie de l'Espoir de Nacer Amari" d'aout 2021; et l'article #41, "Coup de Semonce: Le Portrait "DASSINE" en noir et blanc", dans mon livre de mai 2022, "L'Esprit Vagabond: A la Recherche de l'Identite Creative avec Nacer Amari". Dans ce portrait en couleur mis le 10 novembre 2023, de la jeune Dassine, le photographe a mis comme titre de ce portrait, le nom de la jeune icone en Tifinagh, comme symbole vibrant de l'identite et fierte kabyle. La jeune Dassine porte une magnifique robe kabyle, qui dans le tissu a cousue le symbole en Tifinagh pour les peuples Imazighen, les Hommes Libres. Ce qui impressionne toujours dans les portraits de Dassine, est la conscience de cette jeune enfant: elle comprend l'importance qu'a l'identite culturelle, et elle le transmet avec une conviction qui rayonne la confiance, la dignite, la determination, le calme. Son regard meme communique une comprehension au - dela de son jeune age. Dassine possede la sagesse rare de certains enfants qui se trouvent dans un monde qui les fait faire face a des defis considerables, qui les fait comprendre que les adultes conscients dans ce monde, n'ont guere des reponses aux questions urgentes qu'elle voit s'accumuler, et comme la guerre monstre contre le peuple palestinien prouve en evidence horrifiante, ces questions ne deviennent avec le temps, que plus traumatiques, plus perplexes. Au centre de ces questions, est le droit de chaque peuple a la dignite, a l'identite, et le mensonge qu'un peuple vaut plus qu'un autre, ce qui mene au genocide du peuple palestinien, comme est la tragedie depuis des milliers d'annees, pour justifier les massacres de cultures envahies, comme les cultures amerindiennes des Ameriques, des cultures autochtones de l'Australie, de l'esclavage brutale jusqu'au XIX eme siecle, et l'abus des droits civiles encore aux annees 1960 de la population noire aux Etas Unis. Le colonialisme et sa brutalite envers les peuples de l'Afrique, de l'Asie, bien apres la Seconde Guerre Mondiale, comme la Guerre de l'Independance de 1954 - 1962en Algerie, contre l'oppression inhumaine du gouvernement colon francais, la liste des crimes contre l'humanite au nom de la superiorite supposee d'un peuple vis a vis d'un autre, est tragiquement longue. La confiance, la fierte, la dignite identitaire est au centre de l'importance urgente et croissante, de deconstruire la fausse et absurde pensee de superiorite ethnique, et sa malheureuse resurgence dans le monde ces dernieres annees. Respecter, proteger, celebrer l'identite de chaque peuple devrait etre une evidence, mais le monde d'aujourd'hui, parait se trouver dans un paroxysme tragique, ou le contraire se manifeste. C'est dans ce contexte, que ce beau portrait, fier et confiant, de la jeune Dassine inspire tant d'espoir, tant de conviction, que comme etres humains, on devrait nous rappeler qu'on est descendants de la meme famille, qui a ses origines en Afrique et que se hair, de detruire au nom d'une supposee superiorite, est un crime, un crime contre l'humanite, contre la nature, contre tout ce qui est sacrale de la vie de chaque personne de chaque peuple. Le portrait "DASSINE" etant un portrait d'un enfant, nous rappelle a l'innocence des enfants du monde, a leur droit de ne pas voir leur innocence brutalisee. Les images qui sortent de la Palestine sur les massacres des enfants, ou chaque 10 minutes un enfant meurt, victime d'aggression immonde, avec la complicite de trop de leaders du monde, est une honte qui me laisse nauseabonde, degoutee, et qui est ecoeurant d'en entendre les perverses justifications. Les jeunes pensants ici, comme mon fils et ses amis, qui sont entre l'age de 30 et 40, se sentent a la fois triste et en colere, face a ce niveau de cruaute et l'indifference a la souffrance et la mort de milliers de civiles, la plupart des jeunes et des enfants. Que dire comme mots de consolation a la jeunesse qui voit ces actes, cette amoralite abjecte, totale? 

            "DASSINE" et sa fierte identitaire, son innocence confiante, sa vision calme, sont une affirmation que l'espoir existe, que le futur peut etre sur, assurant. Il y a tant de joie dans le sentiment de se savoir sur, de son identite culturelle, historique, familiale. C'est un sujet qui est d'une sensibilite particuliere dans ma vie, ayant vecue deja depuis mon adolescence aux Etats Unis, un pays qui parait perdre un peu plus de ce qui a toujours ete une ame assez precaire et fragile. Possedant des ressources et une nature grande et variee, et une presence de longue duree et de complexes circonstances de beaucoup de cultures y venues avec l'espoir d'une chance egale a une vie digne, pour se trouver a toujours marginalisee, invisible, meprisee ou abusee, les Etats Unis sont une contradiction continue, qui souffre de manque de courage morale, pire pour l'hypocrisie de se croire superieur en valeurs spirituelles et sociales comparees a la majorite des pays sur terre. C'est un pays ou je me sens sinon mal a l'aise souvent, dans une aise precaire. Mon identite flamande a retrouvee son ame poetique, son energie creative dans la culture berbere de l'Algerie, dans l'art et le coeur du peuple kabyle, de mes collegues dans les arts visuels, et surement dans la vision solide, sure, confiante de la photographie de Nacer Amari. Ses portraits kabyles sont un testament a l'esprit resilient Berbere, a son optimisme dans des circonstances souvent difficiles que le peuple kabyle montre, sa force mentale, qui remonte des milliers d'annees, au moment des premieres intrusions etrangeres des phenciens sur les rives de l'Afrique du Nord, jusqu'a l'expulsion des colons francais en 1962. Si le portrait "DASSINE" rayonne une dignite et fierte intrigante, c'est parce qu'elle est enfant d'un heritage riche, resistant, incontournable en coeur, en esprit, en ame. Apres avoir ecrit sur la culture Berbere de la Kabylie depuis presque 7 ans maintenant, mon coeur et mes visions, mes poemes, mon art, mes livres, qui lui celebrent, revent du jour, du moment ou je pourrai partager mes experiences de la culture avec laquelle je m'identifie, pres de laquelle je me sens renee, parce qu'elle m'a re - introduit a, m'a reconnectee avec mes racines flamandes, mes meillieurs experiences et memoires de mon enfance et adolescence. La Kabylie et sa culture, son peuple, les liens professionnels et affectifs y forgee, je veux celebrer, lui partager sa richesse, mythologique, historique, parce que je comprends dans les plus profondes espaces de mon coeur, de mon ame, que vivre sans identite firme, sure, confiante, est se trouver dans un vide continu, est apprendre a vivre avec la blessure presque irreparable, de se sentir si souvent invisible, inconsequent, inaudible. La seule famille que j'ai dans ce vaste pays des Etats Unis sont mon fils et mon mari americain, car mon mari n'a pas de contact que tres rarement avec ses deux freres et leurs familles. Je parle ma langue maternelle de l'ouest - flamand deux ou trois fois l'an, quand je parle au telephone avec ma tante a Oostende et mon cousin Marc a Ichtegem, une ville en Flandres, pres d'ou je suis nee. A cause de circonstances de famille absurdement compliquees et tristes, je n'ai plus vu ma tante depuis 1996, et mon cousin depuis avant que j'ai quittee la Belgique a l'age de 19 ans. Ma defence, est mon art, mes poemes, que la Kabylie m'a redonnee en amplitude, et mes livres qui sont tous les 11 depuis leur debut de les ecrire, en 2017, une celebration de la Kabylie, avec deja 2 livres suivants sur lesquels je travaille en ce moment: "La Flute et l'Echo" et "Les Blessures de Chiron". Identite et son droit est sacrale, et ce qui est remarquable dans l'esprit et coeur Berbere de la Kabylie qui se manifeste dans les photos de ses portraits et natures et nature mortes du photographe Nacer Amari, qui donnent une vue intime, acueillante de sa vie a Aokas, des connaissances, des amis, de la famille, de la nature majestueuse qui lui entoure, est l'harmonie, le dialogue entre l'universel et le regionale de l'esprit kabyle, qui me laisse avec un mal de pays immense pour la region et le peuple qui me fait sentir que j'ai a nouveau une grande famille, comme j'avais quand j'etais une enfant et adolescente en Flandes. Je reve du jour que je pourrai retourner en Algerie, en Kabylie, je reve d'un monde ou ce sera la joie, l'espoir, le courage, la charite, le partage qui va gagner sur l'avance angoissante en ce moment du mal, qui ferme la porte a l'accueil, aux rencontres libres, a la celebration de la magnificence qu'est la culture de chaque peuple, ou l'erreur tragique et grave du mensonge de la superiorite ethnique et ses abus monstres, ne sera qu'une mauvaise, lointaine memoire.  

Trudi Ralston 

Thursday, November 9, 2023

Petit a Petit, le Gris Avance : Et si le Mal Gagne - dans la serie "Les Blessures de Chiron" dediquee a Nacer Amari

               La nature meme ici ce matin, parait sous l'influence d'un silence maladroit, penible. Les dernieres feuilles grandes des erables tombent, avec l'aide d'une tempete de vent hier, qui les a vu faire une meditation Sufi, dansant en grandes cercles, evoquant ma nostalgie pour la poesie de Rumi (1207 - 1273), le poete perse qui etait convaincu que c'est l'amour qu'il faut mettre au centre de la vie humaine: "Il faut briser le coeur, jusqu'a ce qu'il s'ouvre." Quel contraste avec le monde aujourd'hui, qui justifie le genocide au nom de l'arrogance, de la superiorite ethnique, d'obessions immondes avec le pouvoir et la violence. C'est l'ecrivain russe courageux Aleksandr Solzhenitsyn (1918 - 2008)  qui a dit : "La violence ne se justifie qu'a travers le mensonge, et le mensonge ne se justifie qu'a travers la violence." Le monde se retrocede, cede au mal, et si le mal gagne, ce sera parce que l'humanite, ou ce qui en reste, accepte de voir a autrui ne pas comme a une personne, mais a un symbole d'un systeme, d'une ideologie a hair, a detruire. La Kabylie me manque, pouvoir y retourner me manque, reste incertain. Mon coeur de poete, d'artiste, a recu la liberation de son etre sur ses rives, dans l'accueil de son coeur, de son esprit ouvert, heritiers de milliers d'annees de sagesse, de courage, de resistance. Et le monde en ce moment, eloigne, ferme, le coeur, le courage, et chasse l'espoir avec le bruit de ses machines de guerre, de destruction horrifiante. Ce poeme exprime ma reconnaissance pour la culture Berbere de l'Afrique du Nord, pour la Kabylie, pour mon collegue, le photographe Nacer Amari, pour l'esprit universel et uniquement kabyle de son art et pour son talent pour une esthetique narrative inclusive, pour la terre Berbere, qui m'a donnee ma voix de poete, son identite, sa fierte, son espoir. Ce poeme exprime aussi, comme un cri, une urgence, de ne pas se permettre de fermer le coeur, de ne pas devenir aveugle, en rage, de continuer d'avoir le courage de voir a nos voisins, a nos amis et amies, a nos familles, loin et proche, qui vivent derriere les limitations de frontieres leurs imposees, de violence, de guerre, de se voir ne pas comme des groupes, a aimer ou hair, mais comme des etres humains, descendants de la meme terre. La lachete des dirigeants de notre monde envers les milliers d'enfants, hommes et femmes, victimes du genocide envers le peuple palestinien, est au - dela d'ecoeurant. Petit a petit, le monstre gris de cette guerre avance, devorant toute decence, et si le Mal gagne, est - ce qu'on aura encore le droit de dire, qu'on est humain, ou est - ce qu'on sera apres autre chose? 


Et si le Mal Gagne


Il y a un silence mortel, qui avance, qui fait fremir les oiseaux dans la foret, qui fait que tombent les feuilles d'automne avec un bruit de plomb, de detresse. Mes pas resonnent vide sur l'herbe froide, ne laissent pas d'ombre ou trace, sur la lumiere opaque qui cache le soleil qui se gene, qui efface ses larmes chaudes. 


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Sur l'ecran le soir je vois les images de destruction, qui couvrent en nuages gris immenses, l'avance de la mort des innocents, qui ne savent plus comment echapper les monstres qui les devorent. Les mots de l'ecran reverberent, des cacaphonies absurdes, comme dans un cauchemar sans entree, ni sortie faisables. 


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Au fond du bruit, j'entends comme venir de loin, le rire malsain, qui s'amuse des souffrances, qui se nourrit de la violence immonde, qui se croit sur de la victoire, et dessine deja les nouvelles frontieres, un neant ou font la parade les spectres qui decident qui a le droit a la vie, et qui meurt. 


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Et le theatre de l'absurde continue, et le choeur au fond repete, somnambule, que tout est bien, que l'ordre avant tout, peint des grimaces malsaines, de voir qu'ils ont reussi, aussi longtemps qu'on digere sans question le mensonge qu'il ne faut jamais se permettre de voir a chaque peuple comme digne, comme egal, il faut les mettre en groupes, a detester, a detruire, pour avoir l'audace de se battre, pour le droit inalterable a leur propre destin, a leur propre terrre. 


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Le silence de la foret me suit vers la maison, ou mes pas absorbent la melancholie, la tristesse, de savoir ma Kabylie si loin, comme la memoire d'un reve, que je me suis imaginee, et qui recede, ou je vois mon coeur et mon esprit disparaitre, dans les couleurs grises et les larmes de la pluie incessante. 


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Peut - etre a moi aussi, la Kabylie me voit ne plus poete qui l'aime, mais simplement citoyenne d'un pays qu'elle en ce moment deteste ses dirigerants qui ne defendent pas les innocents de cette guerre immonde. Je me sens disparaitre, petit a petit, comme une aquarelle laissee dehors, effacee, sans consequence.  


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Petit a petit, le Gris de la violence avance, une cacaphonie venant de loin, de l'abime du neant, devorant tout dans ses griffes et dents sanglantes. "Il faut briser le coeur, jusqu'a ce qu'il s'ouvre." Ma voix de poete etait bien cassee, avant le toucher sur de Chiron, le guerisseur Berbere de mes blessures profondes.


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Qu'est - ce qu'il en resterait de mon coeur, de mes poemes, qui celebrent sa sagesse, sans ses mains sures qui les hebergent? Ils tomberaient en trance dervish, comme les feuilles des erables a mes pieds, laissant un dernier son d'espoir, pour s'unir a la brise, a nouveau inaudibles, invisibles, pour rever de la terre Berbere aussi longtemps que possible.  


Trudi Ralston