Friday, December 29, 2023

Un Calibrage de Raffinement Ingenieux: L'Optique Sophistiquee dans le Portrait "Le Haik" de Nacer Amari - dans la serie "La Flute et l'Echo"

             La photographie fut mon introduction au monde des cultures et leurs peuples, leurs coutumes, leur histoire, leurs arts, leurs mythologies, grace a mon pere, qui avait une fascination pour le voyage et pour la litterature de differents pays. Comme enfant solitaire et curieuse, avide d'apprendre, d'explorer, de comprendre, l'ample quantite de livres et magazines dans le bureau de mon pere, etait mon navire magique de decouvrir les continents et leurs richesses quant a geographie, nature, et toutes les expressions sociales de l'etre humain dans ses myriades de formes. La collection de la magazine National Geographic de mon pere, etait immense, et me permettait decouvrir la merveille de la photographie, dans les portraits de Geisha japonais, de rites de marriage en couleurs brillantes Hindou, de guerriers amerindiens en habits imposants pendants leur pow - wow, de femmes de l'Asie Centrale aux cheveux et coiffures exotiques et robes intrigantes, de chevaliers de la Mongolie au regard imposant et penetrant. Avant de comprendre les textes en anglais, avant l'age de 13 ans, ces images de photos de la Nouvelle Guinee, de l'Australie et ses cultures aborigenes aux hommes en coiffes de plumes d'oiseaux brillantes, aux armes feroces, de montagnes et rivieres mysterieuses et lointaines, me permettaient voyager librement, loin des confins du village ouest - flamand de ma naissance, Beveren, pres de la ville de Roeselare. Un portrait en noir et blanc du 27 decembre 2023 de la part du photographe Berbere d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie, "le Haik", m'a rempli avec ce sens de mystere, d'interet envers l'inconnu, envers la culture d'un autre pays, d'un autre peuple, et le desir de le connaitre, comme est ma passion depuis mon enfance. Je me rappelle une photo, en portrait, qui m'a laissee une impression permanente. Ce fut un portrait en couleur, en pleine longueur, d'un guerrier Touareg, les hommes en bleu du Sahara. Le regard dans les yeux de cet homme, ses yeux visibles en dessus de son voile masculin, le Tagelmust, etait tout un monde, etait un horizon qui refletait l'immensite du desert qu'il habitait, le Sahara, avec son etendue a travers 11 pays, de 9,200,000 km2 qui lui fait le desert chaud le plus grand sur terre, avec seulement les deserts de l'Antarctique et de l'Arctique du Nord plus grands. Ce portrait de cet homme fier, a reussi de susciter une curiosite intellectuelle et culturelle qui m'accompagne toujours depuis ce moment, et qui m'a fait rever de visiter et connaitre l'Afrique du Nord et la richesse de ses cultures Berberes, qui en fait allait me definir, toute une vie plus tard, l'identite et l'inspiration de mes energies litteraires et artistiques, comme en temoignent mes onze livres qui depuis 2017 celebrent la culture Berbere de l'Algerie.  

              Comme dans le portrait du guerrier Touareg, ou toute son intrigue se concentrait dans le regard derriere son voile masculin fameux, le Tagelmust, l'intrigue du portrait en noir et blanc "le Haik" de Nacer Amari, se trouve dans l'elegant mystere de son voile feminin, renommee pour sa beaute, qu'est le Haik de l'Algerie, et que le photographe a su transmettre dans le regard discret, pensif, decisif, de cette femme voilee, de qui son regard parait vouloir nous inviter dans son monde interieur, dans le monde de ses pensees soigneusement protegees, gardees. Ce portrait a une elegance et une fluidite affective qui met a l'aise le spectateur, qui assure, en fait, ou le voile ne nous exclut pas, et nous presente a cette femme qui dans son regard communique une confiance calme, imperturbable. Cet article va explorer l'histoire du voile, surtout du voile feminin, quoiqu'il y a aussi des voiles masculins, comme le celebre voile Tagelmust de la culture Touareg, qui ne voile pas les femmes, mais les hommes, et qui est un symbole de respect envers les anciens des communautes des differents groupes, les Kels, et leurs leaders, surtout envers les anciens de la famille de leurs femmes. Le Tagelmust se porte a partir du rite des garcons vers l'age d'adulte, et cet habit protege aussi contre la poussiere du sable, et des temperatures extremes du Sahara. Les mots du photographe quant au voile feminin du Haik, met au centre son contexte historique:  " La photo de la femme au Haik est prise a Bejaia, c'est un habit portee beaucoup plus par la femme algeroise et constantinoise. Il a joue un role important dans la Guerre de l'Independance quand les femmes font passer des armes et des explosifs cachees sous le Haik. On nous raconte aussi que le defunt Hocine Ait Ahmed (1926 - 1989), un grand opposant du regime dictatorial francais a su s'evader de la prison ( El Harrach, 1966) en mettant un Haik pour faire diversion." L'histoire du voile se revele ayant une longue et ancienne tradition dans les cultures de l'Asie, de l'Afrique et de l'Europe, et remonte a l'Antiquite, au monde de la Mesopotamie, de la Macedonie et de la Perse anciennes, ou le voile feminin etait un symbole de respectabilite et d'un haut statut. La plus ancienne evidence du voile feminin date d'entre 1400 et 1100 B.C., ou un code de loi de l'Assyrie Moyen avait des requisites bien  specifiques quant au voile feminin, et qui etait permis de le porter, et qui en etait exclus. L'Assyrie etait une civilisation ancienne majeure, d'entre les XXIieme et XIViemes siecles B.C., et etait un empire du XIVieme jusqu'au VIIieme siecle B.C.  Le code de loi assyrien avait aussi des punitions graves pour toute personne qui n'obeissait pas le loi du voile: les esclaves feminines et les prostituees etaient interdites de porter le voile. Seules les femmes d'elite sont permis de le porter: " Une esclave prostituee qui est vu portant un voile, sera frappee avec un baton 50 fois, et sera enlevee sa robe, et on lui jettera du goudron chaud sur la tete. Si une esclave feminine est vu portant un voile, elle recevra 50 coups de baton, on lui coupera les oreilles, et on lui enlevera sa robe." Le voile feminin dans la societe assyrienne ancienne etait donc une marque de statut, de respectabilite sociale. Le meme sort extreme de punition etait aussi la consequence pour tout homme qui negligeait de denoncer une esclave ou prostituee voilees. Le voile etait donc une facon de distinguer a base de classe sociale, et de deligner les femmes qui etaient respectables et les femmes qui etaient disponibles selon les moeurs de la societe assyrienne. Dans l'Antiquite grecque aussi, entre 550 et 323 B.C., les femmes respectables portaient un voile, et des habits qui les cacheait le corps du regard d'hommes inconnus. Dans la Rome ancienne, les femmes mariees portaient le voile, pour indiquer l'authorite du mari. Il y a le cas du consul Sulpicus Gallus, qui en 166 B.C. decida de divorcer sa femme, pour avoir quittee la maison sans voile, qui selon lui " permettait a tous de voir ce qui etait seulement permis a lui de voir." Pendant beaucoup de siecles, jusqu'a environ 1175 A.D., les femmes anglo - saxon et les femmes anglo - normand, portaient un voile qui couvrait les cheveux et le cou jusqu'au menton. Ce voile s'appelait la guimpe. Apres 1485, dans la periode anglaise Tudor, quand les capuches deviennent la mode, la guimpe perd en popularite. Dans l'Italie du Sud, les femmes portaient le voile fazzeletto, un foulard qui exprimeait la modestie et une disposition pieuse, et qui pouvait etre portee de differentes manieres, et qui parfois couvrait tout le visage, sauf les yeux, avec parfois une guimpe en dessous de ce voile. Depuis des siecles, les femmes europeennes portent des voiles transparents, pour le mariage, et pour le deuil, qui s'attachent a un chapeau ou un bonnet ou une calotte. Les chretiens byzantins expriment dans leur litterature des regles rigides autour du voile feminin, qui etaient sous l'influence des traditions perses. Comme l'Islam s'identifiait avec les religions monotheistes des empires byzantins et sassanides - ce qui se refere au dernier empire perse avant la conquete musulmane du VIIieme et VIIIieme siecles - le voile feminin fut adoptee comme une expression appropriee des ideaux du Quran quant a la modestie et la devotion religieuse. 

              Parmi les cultures Touareg, Songhai, Hausa, et Fulani de l'Afrique de l'Ouest, ce ne sont pas les femmes qui portent le voile, mais les hommes. Le voile masculin de l'Afrique du Nord, qui etait aussi connu parmi les tribus Berberes Sanhaja, s'appelle litham en arabe, et est le tagelmust des hommes Touareg du Sud de l'Algerie, le Niger, le Mali, la Libye et le Burkina Faso. Les Songhai du XVieme et XVIIieme siecles etait un des empires les plus grands en Afrique, et les Hausa sont une culture du nord - ouest de la Nigeria et du Sud de Niger. Dans certaines regions de l'Inde, du Pakistan, du Bangladesh et du Nepal, les hommes portent un sehra le jour de leur mariage. Le sehra est un voile masculin qui couvre tout le visage et le cou, et qui est fait de perles ou de fleurs. Dans les monasteres, les religieuses portent des voiles de differentes couleurs et tailles, dependant du status de leur entrainage. Ces voiles restent jusqu'aujourd'hui dans le style etabli dans les monasteres du Moyen Age. Dans l'Islam, il y a une variete de voiles pour les femmes et les filles, selon les principes de la modestie, des foulards et coiffes aussi, selon le pays et ses traditions religieuses, avec le but principal de couvrir les Awrah, les parties du corps vu comme etre privees. Il y a le foulard khimar, le voile niquab et le burqua, qui ont un voile qui couvre tout le visage, avec l'exception d'une fente pour les yeux. Le Haik algerien est connu pour son tissu blanc elegant, qui inclut un panneau triangulaire en tissu opaque de texture fine, qui couvre la partie inferieure du visage. Dans le Sud de la Palestine, le peninsule du Sinai, le voile est court et s'appelle al - maghrun, al - baghrah, ou al - niqab. Les nomades Bedun et leurs tribus ont une population totale de 15 millions de personnes, a travers 21 pays, et sont originaires des deserts de la Syrie et de l'Arabie Saudite, mais se sont repandus a travers le monde arabe et l'Asie de l'Ouest et l'Afrique du Nord avec l'expansion de l'Islam. Le voile de la mariee remonte a l'ancien Rome et l'ancienne Grece, et l'idee fut que le voile qui couvrait le visage de la mariee lui protegeait contre les esprits malevolents. La tradition du voile qui couvrait le visage de la mariee n'etait pas populaire jusqu'au XIXieme siecle. Une idee associee avec ce voile est que le mari enleve lui le voile du visage, pour reclamer a la mariee, et d'etre permis de lui voir, de facon symbolique, sans le voile, qui est symbole de la transition de femme celebataire a femme mariee. Dans le subcontinent indien du Nord, c'est a dire, l'Inde, le Pakistan, le Bangladesh, l'Afghanistan, le Bhutan, le voile feminin pour les femmes de beaucoup de religions, comme l'hindouisme, la religion Jain, la religion Sikh, l'Islam et le christianisme, se met pour sortir ou pour entrer les edifices religieux, et le voile y s'appelle dupatta. La Chine aussi a une longue tradition de voiles feminins qui couvrent le visage, qui remontent a la dynastie Han de 220 B.C. a 220 A.D. et qui resteraient en vogue jusqu'au XXieme siecle. Un voile qui attire l'attention du monde en ce moment, comme symbole d'un peuple de qui ses souffrances paraissent interminables, est le foulard palestinien, le keffieh. Le photographe Nacer Amari a un portrait d'une jeune fille kabyle, portant le keffieh palestinien, lors d'une des marches de la revolution du Sourire en Algerie, une photo en hommage, du 26 novembre 2023, qui est dans les mots du photographe "un hommage aux victimes innocentes de la Palestine". Le photographe ensuite m'a expliquee: " Le keffieh palestinien est une echarpe a carreaux noir et blanc. Cet habit se porte generalement autour du cou ou de la tete. Le keffieh est devenu un symbolisme du nationalisme palestinien, remontant a la revolte arabe de 1936 - 1939 en Palestine." C'etait choquant d'apprendre pendant ma recherche sur l'histoire du voile, comme fut brutale et inhumaine la repression coloniale anglaise contre le peuple palestinien qui maintenant, 100 ans plus tard, souffre l'enfer dans la guerre monstre contre la Palestine en ce moment, ce genocide auquel l'Occident est complice, une complicite honteuse pour les crimes de guerres que continue sans consequences l'Israel, et qui continuent de reclamer la vie de milliers et milliers d'enfants, et familles palestiniens. Le symbolisme d'un habit, comme le keffieh, comme le Haik, et son association avec le courage et le genie de la resistance du peuple algerien pendant la Guerre de l'Independance de 1954 - 1962, sont une facon d'unir l'esprit humain dans les epreuves dures, de renforcer l'espoir, la dignite, l'identite d'un peuple. Pendant ma recherche sur l'histoire du voile feminin, j'ai decouvert l'existence historique d'un foulard qui etait en vogue dans les Pays - Bas, comme la Belgique, le pays de ma naissance, et comme la Hollande: un manteau de voile grand, au nom de "huik", qui parait avoir une certaine similarite linguistique avec le voile Haik de l'Algerie. Le huik des Pays - Bas etait en vogue a partir de 1520, et etait un manteau de couleur noire ou foncee pour les femmes adultes quand elles sortaient de la maison. Le huik etait un manteau grand rectangulaire de laine, attachee a un chapeau de feutre ou une visiere en forme de bec de canard, pour proteger contre le froid, et etre en meme temps un habit de modestie. Dans la partie la plus nord de la Hollande, le huik etait aussi un habit de deuil pour les femmes, a partir du XVIieme siecle, et le resterait jusqu'au XXieme siecle, surtout sur une des iles isolee dans le nord du pays, Weirin, le huik resterait en vogue comme habit de deuil jusqu'a 1924, quand l'ile fut reliee au continent.  Fascinant de penser que parmi mes ancetres flamands, il y avait des femmes qui portaient le voile huik, pareil en taille et dessein au Haik algerien, quoique quant a beaute des deux voiles, le Haik est definitivement beaucoup plus attractif et feminin, quant a tissu, couleur et l'elegance subtil de l'ensemble. Mais, comme personne tres investie dans l'exploration de la culture de l'Afrique du Nord, savoir ce distant parallele des deux habits feminins, me remplit avec un sens d'appartenance, de ce sentiment si plein d'espoir, que malgre tous les defis impossibles de motre monde, si on ouvre les yeux, si on ouvre le coeur, on decouvre que souvent on a plus de traits en commun que ceux qui nous separent, comme la recherche sur le voile et son ubiquite dans l'histoire humaine des civilisations et leurs peuples et cultures m'a appris. Cet apercu valable fut initiee par le portrait envoutant de la femme en voile "le Haik" a Bejaia, lui fait par le photographe kabyle Nacer Amari, pour ainsi me donner la chance d'apprendre, comme poete et ecrivaine flamande - americaine qui dedique mes livres a la culture et a l'histoire de l'Afrique du Nord, sur cet habit feminin algerien, ce voile elegant, sa geographie, et son histoire liee au coeur infatigable et resistant du peuple algerien, a toujours courageux, n'importe les defis et les obstacles.  

Trudi Ralston

La recherche sur l'histoire du voile dans les civilisations, sur ses racines et ses antecedents, ses formes et expressions, dans les differents pays et pendant les differents siecles, courtoisie de Wikipedia.     

Thursday, December 21, 2023

Le Dragon Rouge: dans la serie "Les Blessures de Chiron" dediquee a Nacer Amari

            Ce poeme "Le Dragon Rouge" j'ai ecrit en anglais, comme introduction a une serie de poemes et articles, "Le Cri du Brouillard d'Hiver de Midi" qui celebront mon lien incontestable avec la culture Berbere de la Kabylie. Il est essentiel qu'il soit traduit ici en francais, et soit inclus dans la serie "Les Blessures de Chiron" sur lequel je travaille en ce moment, et qui a en ce moment 19 poemes et articles, et qui celebre le centre de mon inspiration creative et litteraire et son catharsis et energie transformative: mon collegue d'Aokas, le photographe Nacer Amari de Tassi Photographie. Les dragons rouges sont vus comme des symboles de force, de nous permettre de contacter notre force interieure. Dans la mythologie chinoise, ils sont vus comme un symbole de bonne fortune, de prosperite, tandis que dans la mythologie de l'Occident, ils peuvent etre vu comme une source du mal. Ils sont aussi le symbole du Pays de Galle, et sont visibles sur leurs drapeaux, et sur leurs tours et chateaux. L'idee d'un dragon rouge m'est venue comme un symbole opportun pour notre ere en conflit, notre monde chaotique, qui se dechire, morceau par morceau, dans la lutte, ancienne comme la mythologie du dragon meme, entre le bien et le mal. Ce poeme trouve son inspiration dans le brouillard qui nous rend visite ici ces derniers jours. Je me suis imaginee a un dragon rouge, qui m'apparait comme un esprit, pour me montrer ma force interieure et aussi ma douleur, de savoir mon ame et coeur en exile perpetuels, comme parait etre le destin si souvent du poete, n'importe la longueur ou effort pour l'appartenance. Le rythme et la melodie du poeme trouve son inspiration dans le coeur melancholique neaumoins resistant et fier, des chansons irlandaises, qui expriment si bien la bataille impitoyable entre la joie et la douleur, que l'esprit humain n'a aucun choix que d'accepter:


Le Dragon Rouge


Ne prends pas a la legere, cher camarade, mon destin, je suis un dragon puissant, et je peux te dechirer avec la force de mes griffes et haleine, mais je suis las, j'ai besoin de repos. Tants de rives et terres j'ai parcouru, tants de tresors mes yeux ont vu, et pour longtemps, leur sortilege me trouvait content, la nuit je dormais et je revais de rives encore plus lointaines. 

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Tant de rivages a explorer, et dans mon delire, c'etait rare pour moi de pouvoir distinguer, l'ennemi de l'ami gentil. J'ai rencontree des sorciers, j'ai rencontree le genre d'homme qui comme un serpent pouvait plier tous les mots qui lui sortaient, j'ai rencontree des guerriers, j'ai rencontree ceux qui savaient comment echanger l'espoir pour des illusions. 

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Avec l'hiver qui s'approche pour mon conte, je me trouve trainer mes ecailles rouges sur les feuilles mortes de la foret la nuit, et je ne peux pas trouver un site chaud, pour cacher ce qui m'etouffe a l'interieur. Je suis un dragon rouge puissant, c'est vrai, mais ce que tu ne peux pas voir est la blessure qui me brule l'ame comme un feu, un hurlement comme celui du brouillard d'hiver de midi, que j'essaie de guerir avec les larmes qui me restent. 

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Si je pouvais reculer le temps, je resterais plus proche aux rives de ma naissance, car etre vagabond fait pour des avontures intrigantes, et ouvre le ciel et ses mysteres silents, mais le prix que tu dois payer en solitude et mepris, est plus lourd que la pierre du sorcier. Personne n'entend mon cri, d'avoir touchee tant de rivages, sans jamais pouvoir nommer un qui est a moi. 

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Je suis un dragon rouge, feroce et libre, mes ecailles brillent a minuit, et apportent de la lumiere a la lune et les arbres, mais j'echangerais tout l'or et joyaux de mes avontures, juste pour savoir que l'amour qui m'est si cher, se rappellera de mon nom et de mes chansons, lui ecrits sur les etoiles et les vagues de la mer, qui refletent l'image de la seule personne qui a su a me voir en totalite reelle. 

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Est - ce que l'hurlement du brouillard d'hiver de midi me fera disparaitre? Serai - je rien qu'une ephimere memoire d'un reve de fievre? Est - ce que j'aurais ete un dragon rouge, si resistant et libre, pour etre effacee par les grimaces des monstres qui ne me lachent pas? 


Trudi Ralston 

"Les hommes decents, sur la derniere vague, crient comme brillant auraient pu danser Leurs actes fragiles, dans une baie verte Il faut rager, rager, contre la perte de la lumiere." Dylan Thomas ( 1914 - 1953), poete gallois. 


Wednesday, December 20, 2023

The Red Dragon: in the series "The Howling of the Midday Winter Fog"

Red dragons are seen as symbols of strength, of getting in touch with our inner power. In Chinese mythology, they are seen as a symbol of good luck, of prosperity, while in Western mythology they can be seen as a source of malevolence. They are also the symbol of Wales, and are seen on their flag, and on their towers and castles. The idea of a red dragon came to me as a fitting symbol for our conflicted times, our world torn apart, piece by torturous piece, in the struggle, ancient as the dragon mythology itself, between good and evil. This poem finds its inspiration in the fog that has been visiting our winter days here recently. I imagined a red dragon in it, that to me showed itself as a spirit showing me my inner strength and also my pain, of knowing my soul and heart forever in exile, as seems so often to be the poet's destiny, no matter how hard and long the effort to belong. Its rhythm and melody is inspired by the plaintive yet forceful, proud heart of Irish songs, that so well express the relentless battle between joy and sorrow the human spirit has no choice but to accept:


The Red Dragon 


Do not take lightly my plight, dear friend, I am a mighty dragon, and can shred you with my mighty claws and breath, but I am weary, and in want of rest. So many shores and lands I have seen, so many treasures my eyes have held, and for a long while, their spell made me content, I slept and dreamed of farther shores yet. 

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So many seasons I have seen, and in the excitement I rarely could tell, who was a foe, and who a kind friend. I met sorcerers, I met the sort of human that could bend like a snake all that he said, I met warriors, I met those who surrendered all freedom, all will, to those who knew how to trade illusions for hope.

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As winter now approaches my tale, I find myself dragging my red scales along the dead leaves of the forest at night, and I can not find a warm spot to hide what's eating me inside. I am a mighty red dragon, it is true, but what you don't see is the wound that glows like a fire in my soul, a howling like that of the midday winter fog, that I try to heal with what tears I still hold. 

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If I could go back in time, I would stay closer to my homeland, for wandering makes for intriguing adventures, and opens up the sky and its silent mysteries, but the price you pay in solitude and disdain, is heavier than the sorcerer's stone. No one hears my howling, because, it is silent and lost in my soul, to have touched so many shores, without ever being able to call one my own. 

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I am a red dragon, fierce and free, my scales glow at midnight, and bring light to the moon and the trees, but I would trade all the gold and jewels of my adventures, just to know that the love I hold so dear, will remember my name and my songs written on the stars and the waves of the sea, that hold the image of the only one that ever came close to truly see me. 


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Will the howling of the midday winter fog be able to vanish me? Will I be nothing but a vague memory in a feverish dream? Will I have been a red dragon, so fierce and so free, only to be erased by the grimace of the monsters that would not let me be? 


Trudi Ralston


"Good men, the last wave by, crying how bright

Their frail deeds might have danced in a green bay

 Rage, rage against the dying of the light. " Dylan Thomas ( 1914 - 1953).

For Nacer Amari, for Mounir Amari, for Michael Ralston, for Nicholas Ralston. For Catherine Bouchacourt, for Driss Ouaouicha and for Frans De Cauter ( 1920 - 1981). 





 

Monday, December 18, 2023

La Rupture: Au Rythme du Tambour d'un Second Exile - dans la serie "Les Blessures de Chiron" dediquee a Nacer Amari

           Il y a quelque chose d'hypnotisant dans le son ou bruit d'un echo. Vers la fin du mois de decembre ici, le voisinage se vide, avec les voisins qui vont visiter leurs familles dans differents parts du pays, ou de l'etat et de la ville. Ceux qui n'ont pas, ou plus, une grande famille, comme est le cas, par hazard, pour moi et mon mari et fils, ne parlent guere de cette absence, qu'on couvre dans un optimisme qui est utile et ne pas trop dur a tolerer, comme une fois qu'arrive le mois de janvier, tous les voisins sont de retour, et la vie du voisinage reprend sa routine quotidien du travail, de l'ecole. Au jardin, dans le froid et le brouillard dense des derniers jours, le silence parait plutot un echo, dans lequel j'entends parfois la voix des personnes cherers disparues dans les ombres du temps, comme mon pere, mon oncle, ma petite soeur, ma grandmere paternelle, ma nanou. Dans ses echos de leur voix, j'entends dans le silence reverberer dans mon coeur, aussi parfois leur sourire, suite d'un conte ou une blague, que surtout mon pere avait un don de partager. Je me rappelle la senteur fumee des cigarettes de mon pere, de mon oncle. Et le mot qui me vient au coeur, est exile. Le premier exile etait pour moi a l'age de dix - neuf ans, un exile long, persistant, seul, trop seul, exigeant, qui m'a demandee tout. Dans le silence de cet echo, j'entends maintenant aussi un echo, une voix qui me remplit d'espoir, de courage, d'energie, et oui, de joie: la voix kabyle, comme je l'ai entendue pour la premiere fois dans les chansons du grand troubadour Idir, grace a ma copine francaise - kabyle a Grenoble, qui etait une de mes amies pendant mes etudes universitaires a Austin, au Texas, ou on partageait un appartement les annees des cours pour notre maitrise, elle en comptabilite, et moi en litterature. Cette voix kabyle a menee petit a petit, vers une exploration et interet dans la culture Berbere de la Kabylie, et me voila, faisant le travail pour mon 12eme livre qui lui celebre sa richesse et profondeur. Le sejour en Kabylie en 2019, n'a que renforcee ce desir, cette passion, cet interet, que je constate avec beaucoup de fascination, a une influence unique sur mes inspirations litteraires, poetiques, artistiques. Cette influence creative parait trouver son centre solide, stable, sa vision la plus claire, dans le lien avec mon collegue d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie. C'est un beau mystere, et une verite et realite verifiable, que le lien entre des collegues dans le monde des arts peut creer une energie creative unique et pour moi, apres avoir du confronter une solitude et isolation culturelle - artistique pour effectivement, toute une vie, ce lien est un regal inestimable, qui renforce ma conviction que l'esprit et le coeur Berbere de l'Afrique du Nord possede des qualites remarquables. Ayant connue a fond les chagrins de mon premier exile de Flandes, la Kabylie et le lien avec mon collegue Nacer Amari, me donne la chance de me liberer des chimeres de cet exile, de me sentir entendue, vue, inclus, d'avoir une voix comme poete, comme etre humain si desirant d'avoir un clan, une grande famille, pres de qui mon esprit, mon coeur, se sentent soi - memes, encouragee de s'exprimer en totalite leur identite, leur essence si longuement invisible, muettes. 

            Le titre de cet article a le mot "rupture", et l'idee d'un "second exile". A quoi se referent ces deux mots dans le contexte de la joie de m'avoir liberee finalement de ce long, epuisant premier exile de Flandes, qui a eu son debut quand je suis venue etudier au Texas? Le mot rupture m'est venu visiter avec une certaine insistance tetue, juste l'autre jour, pensant a la douleur inimaginable, et tres vif, qui me prend parfois de surprise, dans ces moments de devoir faire face aux defis qui me separent de la Kabylie. Des defis de bureaucratie, de distance, de realites politiques, qui causent une rupture dans cette joie, dans cette energie creative, la tristesse de penser que je pourrais perdre a ma Kabylie, a ce lien magnifique, a cause de caprices du destin, et ainsi me trouver dans un second exile, celui qui me separe de ce qui est le plus sacrale, le plus reel, le plus vrai de ma vie comme poete, ecrivaine, artiste: que c'est le coeur kabyle qui a su me definir, a su me liberer du sortilege afreux de l'isolation culturelle - identitaire, et qui m'a reveillee le plus prodond de mes visions creatives. Dans ces moments d'impuissance, de detresse, je sens le brouillard essayer de me devorer ma resistance, mon courage. Le seul remede est de continuer a croire, a ecrire, a mettre mes poemes sur le navire de mon clavier et les partager, les envoyer vers rives kabyles. C'est bizarre de penser, du point de vue rationnel, logique, qu'un coeur peut souffrir, car la souffrance affective, de l'esprit est une emotion, qui se suppose n'est pas liee au monde physique. Pourtant, l'idee de perdre le lien le plus beau et le plus profond creatif - culturel - intellectuel q'est pour moi mon lien avec la Kabylie, cette sensation de rupture, de perte, brule comme une dechirante blessure. Je ne veux pas souffrir ce second exile, il m'est inacceptable, et je vais me battre contre cette chimere et ses grimaces avec toute ma force. Je ne veux pas entendre s'approcher ce tambour et son rythme asphixiant d'un second exile. Le grand poete libanes Kahlil Gibran ( 1883 - 1931) a dit dans sa collection d'aphorismes " Le Sable et l'Ecume": "Seulement l'amour et la mort changent toutes choses". L'amour de la Kabylie m'a changee tout. J'espere que la vie me donnera les annees que je veux avoir pour continuer a celebrer ce regal, cette belle et profonde energie qu'elle me partage qui me permet, dans l'automne de ma vie, d'etre poete fiere, libre, joyeuse, qui voit et sait exprimer pour la premiere fois, la totalite de ses visions litteraires - artistiques, qui etaient mis sous l'effet d'un sort paralysant, pour tants d'annees, et duquel la Kabylie m'a su enlever le poids etouffant et ses chaines lourdes. Une poete flamande qui n'arrivait pas a se trouver son ame, ni son coeur au Texas, ou a Washington, et qui apres avoir voyage dans beaucoup de pays, fait la connaissance de beaucoup de cultures, pour trouver sa voix sur les rives de la Kabylie, qui m'a reveillee l'esprit, le coeur si longuement mis en stase, immobilisee par la solitude, l'indifference, est, je crois une histoire qui vaut etre partagee, celebree, et je crois que l'ecrivain algerien au renommee mondiale, Kamel Daoud, le confirme dans son livre de 2018, "Le peintre devorant la femme" qui explore l'impact et leur importance centrale, des muses dans la vie et l'art du peintre Pablo Picasso, quant a l'evolution unique de ses tableaux et leur style qui ont laissee leur empreinte indelibile sur les arts visuels du XXeme siecle. Que la Kabylie est ma muse qui continue de laisser ses empreintes indelibiles sur mes poemes, mes livres, mon art, est incontestable autant que c'est une verite inalterable. Si moi je suis tel le phenix qui renait de ses cendres, la Kabylie est le souffle et la force du vol libre de mon coeur, de mon esprit, de mon ame. Elle est mes ailes qui dans la joie et la liberte de leur danse euphorique veulent plus que tout, celebrer et partager son riche, unique heritage.  

Trudi Ralston  


Wednesday, December 13, 2023

L'Admonestation du Soleil Rouge: La Vision - dans la serie "Les Blessures de Chiron" dediquee a Nacer Amari

          Ce poeme trouve son inspiration dans l'admiration et appreciation pour la culture agraire de la Kabylie, specifiquement la culture de la recolte des olives, qui unit les familles kabyles, a travers le temps et les generations. La connaissance et la richesse de la culture des olives en Algerie, est au centre du coeur agraire de ses familles, une tradition ancienne qui met en question le monde post - industriel et ses obsessions, son avarice, son absence d'une vision qui inclut la decence, la communaute, le respect pour la nature et ses ressources, et qui met la terre et l'humanite au bord de l'abime, de la perte totale d'un futur possible et desirable pour notre planete. Le soleil ici ce matin s'etendait dans un ciel rouge vif, avec l'astre solaire au centre, brulant comme un medaillon d'or brillant, qui me rappelait les levers et couchers du soleil magnifiques en Kabylie, comme je les peux observer dans les photos de mes collegues photographes Berberes d'Aokas. Une nostalgie immense m'envahissait, pensant a ces souvenirs d'enfance en Flandes, quand j'aidais la famille de ma nanou avec les recoltes d'haricots verts, et de pommes de terre, et ce sens de famille que cela me donnait, de camaraderie a un jeune age, ces etes ou ma mere etait occupee avec ses interets et ambitions sociales, qui lui faisait perdre de vue a ses enfants. Ce poeme est pour le coeur kabyle, pour son respect envers la sagesse de la terre, pour ses labeurs de la terre, pour la beaute de cette sagesse, qui se transmet a travers les generations, et pour l'espoir que la generation de jeunes kabyles, heritiers de la mythologie et de la connaissance, des saisons et leurs recoltes, de leur importance cruciale, continue, garde son histoire, a travers des milliers d'annees de defis, car le jour ou cette connaissance des recoltes se perd, se nie, est le jour ou l'humanite est perdue, sans remede, sans chance de redemption, de se sauver, de s'expliquer son ignorance deroutante:


L'Admonestation du Soleil Rouge 


Les pas du paysan traversent le champ et ses recoltes avec patience, pour lui la terre est vie, est dignite, est sagesse, qui nourrit a sa famille, en est son coeur, sa force. Le soleil, le vent, la pluie, la secheresse, le froid, les saisons et leur rythme, il les connait a fond, en comprend leur horloge, leur insistance. 

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Le soleil ce matin me transporte avec ses couleurs rouges et dorees intenses vers la Kabylie, son coeur solide, qui m'inspire la joie de mes poemes, qui leur donne leurs racines, la resolution de leur exile, de leurs peines. 

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Le soleil rouge laisse son message d'admonestation sur terre kabyle, sur ses plaines qui sont les sentinelles de siecles de defis, de sacrifices, de courage, gravees sur les rythmes des saisons, des graines et leurs memoires. Le soleil rouge sait que le paysan Berbere gardera a toujours le respect pour la terre, lui voit son chagrin a l'indifference de l'homme des villes, et ses cages de beton, de bruit, d'illusions, de miseres. 

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Le chant du paysan et sa famille, est l'echo qui rassure la terre, la voix de ses enfants Berberes, de leur interet dans le secret des fruits que donne ses arbres, leur force, leur abondance, de decouvrir le miracle et la beaute des dons de la nature, qui se rajeunit dans les generations qui lui honorent. 

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La terre seche ses larmes sur les mains et les epaules resistantes du paysan qui entend et comprend la detresse de la planete, epuisee de la negligence des avares et leurs indifference, la terre sait qu'elle peut lui faire confiance, qu'il prend au serieux l'urgence de ses circonstances desesperantes. 

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Aussi longtemps que les paysans de la terre ignorent les illusions, qui essaient de leur voler la volonte et le courage, pour les remplacer avec le vide de promesses aveuglantes, l'humanite pourra trouver la guerison, qui permettra le chapitre suivant, esperons pleine de grace, pour l'histoire et son remede pressant de notre si douteuse presence. 


Trudi Ralston 

"Quand on va couper l'ultime arbre, empoisonner l'ultime riviere, et tuer l'ultime poisson, c'est a ce moment que l'homme se rendra compte qu'il ne peut pas manger son argent." - dicton de la culture amerindienne Cree, du Canada et le nord ( l'etat de Montana) des Etats Unis. 

Wednesday, December 6, 2023

Fragmentation: d'Alienation a l'Integration dans le Processus Creatif - dans la serie "les Blessures de Chiron" dediquee a Nacer Amari

           Fragmentation. C'est le mot qui me visite ce soir, pensant sur une conversation telephonique de surprise d'une de mes cousines en Flandes, et de la soeur encore en vie de mon pere. Parler le flamand meme juste pour une dizaine de minutes, de me sentir en famille d'origine pour ainsi le dire, m'a rempli le coeur avec un melange interessant de nostalgie et d'espoir. J'ai compris que l'element de l'espoir venait de mon lien avec la culture kabyle en Algerie, la culture qui m'a redonnee l'identite de mon ame et coeur de poete, qui m'a inspiree deja 11 livres et une douzaine de pieces d'art, et qui est l'eau fraiche, riche de mes inspirations ces dernieres sept ans maintenant. Cela fait 37 ans depuis la derniere fois que j'etais sur terre de mon pays de naissance, et j'ai dit a ma cousine que je pense venir l'annee prochaine, pour revoir ce qui m'y reste de famille, et de faire honneur a la Kabylie dans une reunion autour de mes livres et poemes et art, car la Kabylie est au centre de mon etre poetique et creative, elle est ma muse, le rythme et la melodie de mes chants, de mes explorations creatives. C'est la Kabylie qui m'a permis de commencer le processus difficile de faire l'odyssee elusive et penible, de la fragmentation que cause l'alienation de l'exile, vers l'integration, le sens de l'appartenance reclamee, redonnee, liberee. La culture Berbere de la Kabylie a du me voir cette fragmentation, a un niveau intuitif, et au lieu de la rejeter, nier, ignorer, elle et son ame ancienne, bien consciente des defis dans la vie quand on est comme elle, heritier d'une culture qui a su surmonter des milliers d'annees d'invasions, de colonisations brutales, d'efforts de lui fragmenter son identite, son histoire, sa dignite, qui lui a donnee une sensibilite intellectuelle - affective - sociale tres claire, tres perspicace. La Kabylie m'a accueilli, ce qui m'a permis de trouver mes resonances les plus profondes quant a ma lutte de re - integrer mon etre comme etre humain, comme poete, ecrivaine et artiste dans les chants, dans les partages de la sagesse esthetique et la conscience collective qui me visitent dans les images de la photographie de l'artiste visuel d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie. Trouver la clef des melodies de mon ame de poete, apres avoir suivi le sentier discordant d'une isolation asphixiante pour tants d'annees, essayant de trouver un equilibre elusif entre fragmentation de l'exile culturelle depuis mon adolescence, dans un pays qui n'arrive pas a se definir une ame, ni moins la mienne, est une catharsis profonde, unique. C'est apprendre une nouvelle langue, et pouvoir laisser derriere moi le langage etranger, dense, ne jamais intime, ne jamais inclusif, que doit accepter la personne qui decouvre l'illusion cruelle, que la redemption se trouve, en avoir confiance que l'exile est l'ultime chance de redemption, comme on me l'avait presentee quand je suis partie pour les Etats Unis apres avoir finie mes etudes de secondaire en Flandes. J'espere que le jour arrivera dans le futur prochain, que je pourrai celebrer ce don inegal que me donne la Kabylie, en pouvant retourner en Algerie. La paix et fierte profonde que me donne l'art de portraiture, de sa photographie de mon collegue kabyle Nacer Amari me remplit avec un calme meditatif, zen, centre, de la part de cet artiste visuel, qui possede aucune trace de narcissisme, de cynisme, d'ego, et qui possede un caractere ou domine une modestie et une grace charitables. Dans un monde qui se dechire au nom de l'avarice, de l'auto - adoration, cet apprentissage creatif et intellectuel profond et transformatif a travers le lien avec mon collegue kabyle, est une experience, une histoire remarquable qui est temoin de la richesse de l'esprit guerisant qui reside au centre de l'identite Berbere. L'ideal serait de vivre plus proche a l'Algerie, au lieu d'a 9000 kilometres, mais l'ideal se preoccupe rarement avec la logistique et ses puzzles. Mes livres sur la Kabylie se trouvent mondialement sur Amazon, et par hazard, Amazon ne se trouve pas en Algerie. Je mets tous les articles et tous leurs poemes sur ma page de Facebook, sur mon blog Lioness in Exile, et comme je vis dans un pays anglophone, la chance de presenter mes livres ecrits en francais sur la Kabylie est ne pas tres probable, ce serait evident si je vivrais en Quebec, par example. Malgre tous ces obstacles, je continue quand - meme, aussi avec la difficulte en ce moment des visas pour l'Algerie vu la situation politique. Je sens au fond de mon coeur que je lui dois cette conviction de ne pas abandonner l'espoir. Il y a le fait aussi que je ne suis pas ni algerienne, ni kabyle, et que depuis la guerre horrifiante en ce moment contre le peuple de la Palestine, et l'attitude lache de pas mal de pays de l'Occident, surtout des Etats Unis, la chance d'un visa devient encore plus douteuse quant a mon espoir de pouvoir visiter a nouveau a ma Kabylie, ce qui me remplit en meme temps avec une energie qui est un melange de determination et de melancholie, de me savoir devant un sphynx, qui me laisse sans voie claire de comment resoudre son enigme? Le plus important est de continuer cette belle melodie de l'espoir, du courage, de l'inspiration, de liberation que m'inspire le coeur et esprit kabyle, qui me rappelle, chaque jour a nouveau, que l'art sauve, guerit, transforme, est la lumiere qui guide, qui montre tout ce qui vaut sauver quant a notre humanite si troublee dans ce XXIeme siecle si durement eprouvee. Les enfants et les artistes et poetes ont en commun qu'ils aiment intuitivement les arts et leurs regals, car les enfants adorent la musique, la danse, le theatre et ses costumes et emotions, ils aiment dessiner, peindre, aiment faire des sculptures, meme avec des moyens humildes, comme le papier mache. La Kabylie me rend claire l'importance des arts dans la vie de l'etre humain, surtout pour les ames durement eprouvees, qui dans son accueil, son invitation a son oase fertile, trouve sa chance a la guerison, a l'integration, a la chance de ne plus souffrir dans les coulisses sombres de l'alienation et son mepris cruel. L'Algerie n'est pas mon pays de naissance, et je ne suis pas de naissance Berbere, mais je suis une enfant de la Kabylie, car c'est elle qui m'a re - introduit a l'essence reelle de mon identite poetique - creative. Dans l'accueil de ses rives, de sa terre, de son peuple, de mes amis et de mes collegues kabyles, je recois la chance de me liberer des chaines du passe, de son silence et mepris tuant, et de vivre dans la lumiere chaude et sure, de l'esprit Berbere qui m'ecoute, m'etend, m'heberge, me guerit, qui est le miroir de mes plus beaux reves poetiques, mes plus profondes visons et leurs integrations, leurs expressions litteraires et artistiques, quand j'y declare mon admiration pour la beaute et la sagesse de son esprit et de son coeur courageux, chaleureux, amples.  

Trudi Ralston  

 

Monday, December 4, 2023

L'Encre Sympathique: le Delire des Mots Desaparants - dans la serie "Les Blessures de Chiron" dediquee a Nacer Amari

              Ces jours, regarder les nouvelles sur la condition du monde, sur la spirale descendante d'inhumanite et violence, invite une nausee totale: affective, morale, physique. Cela fait mal dans tous les sens du mot. Ce poeme et son rythme et melodie veut communiquer cet desequilibre, cette repugnance complete, douloureuse, envers l'amoralite face a la souffrance de milliers de civiles innocents en Palestine, veut exprimer le degout profond, reveler les grimaces sadiques qui deviennent chaque jour plus choquant, plus difficiles a tolerer, en forme d'un chant de protestation, de qui la voix altere entre le monstre qui essaie de justifier le mal, et le troubadour qui se revolte, qui exprime le choc, et sa colere, et qui essaie de comprendre la misere infernale, le cauchemar horrifiant dans lequel se trouvent les victimes de cette brutalite insatiable:


               Le Delire des Mots Desaparants


Je dois dire, je ne comprends pas quel est le probleme, notre vision du monde est bien clair, on a raison dans cette affaire de guerre, l'histoire a ses peuples de preference, vraiment, ecoute, les choses avancent, tout pour l'ordre, et les morts, et bien, ce sont des numeros inevitables. 

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Comment peux - tu justifier ces massacres? De personnes innocentes, tuer des milliers d'enfants et leurs familles, justifier l'avance de pouvoir, de puissance? Le mal que tu fais est une drogue, qui rend impuissant a la decence, qui enleve ce qui reste de courage. Le mal, il devient tel l'encre qui fait disparaitre tes actes monstres, que tu effaces avec tes mots qui cachent la verite que tu tortures en soumission totale, que tu epuises sans cesse, que tu enleves toute chance. 

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Alors, je vois qu'on est sur deux differentes pistes, tu sais, il faut voir les choses de perspective plus grande, le monde n'est pas si facile a diriger, la guerre depuis des milliers d'annees range le desordre, met en charge ceux qui sont capables, et l'innocence, la justice, le partage, ce sont des idees decadentes.

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Quel est le sens de toute cette violence, qui rend invisible, rend poussiere a une vie de paix, d'espoir, de dignite, de respect pour autrui, pour tout peuple et leur droit, leur chance? Comment expliquer aux enfants tes intentions malades? Tu es un ingenieur de mort, de destruction, tu es l'anti - these de tout qui definit une valeur humaine, tu dechires, tu detruis, tu devores, tu es un trou noir immense, sans fin, ni debut, le serpent qui se mange sa propre queue sanglante. 

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Ecoute, tu vas voir, avec le temps qui passe, que le bien et le mal peuvent s'entendre, peuvent negocier un compromis passable. Quant aux innocents, et bien, c'est question de mathematique, et quant aux innocents, il y en a assez que a la fin des comptes, leurs morts sont justifiables. 

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T'ecouter est une torture, pour mon coeur, pour ma tete, je me sens malade, tu n'es plus un etre humain, tu es machine, et pire, car une machine n'a pas de volonte, pas de conscience. Tu es une ame morte, sans esprit, tu es le vide, le chaos avant le debut du temps. Tu remets l'horloge de l'histoire humaine a zero, tu es l'encre qui efface tout sens des mots, tu es les dents pourris qui les mangent. Mon souhait est que l'amour des coeurs qui gardent le courage, vont liberer la terre, lui rendre sa charite, son visage.

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L'ordre avant tout, tu verras, le bien, le mal, a la fin, ce n'est peut -etre qu'une illusion, qui n'a rien a voir avec le besoin de diriger la planete vers son destin de complete dominance de la part des peuples qui ont la force de le comprendre. Le pouvoir avant la verite, cela est evident depuis pas mal de temps. 

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Ma grand - mere flamande serait choquee a cette conclusion degoutante, ainsi que ma famille de coeur Berbere en Kabylie, qui comme elle m'a appris, partage cette sagesse ancienne, que si ton coeur fait mal, c'est par manque d'amour et son chagrin que cette absence cause. Si tu as mal a l'estomac, c'est parceque tu n'arrives pas a digerer ce que tu consommes, si tes epaules et dos te font mal, tu portes un poids trop lourd pour ton corps, ton ame. Voila le monde que le mal nous laisse: un monde ou les innocents souffrent, meurent, a travers les trucs de mensonges, qui telle une encre invisible font disparaitre les mots traitres, pour les faire re - apparaitre, en mots qui se presentent comme propres, raisonables, evidentes. 


Trudi Ralston