Wednesday, December 6, 2023

Fragmentation: d'Alienation a l'Integration dans le Processus Creatif - dans la serie "les Blessures de Chiron" dediquee a Nacer Amari

           Fragmentation. C'est le mot qui me visite ce soir, pensant sur une conversation telephonique de surprise d'une de mes cousines en Flandes, et de la soeur encore en vie de mon pere. Parler le flamand meme juste pour une dizaine de minutes, de me sentir en famille d'origine pour ainsi le dire, m'a rempli le coeur avec un melange interessant de nostalgie et d'espoir. J'ai compris que l'element de l'espoir venait de mon lien avec la culture kabyle en Algerie, la culture qui m'a redonnee l'identite de mon ame et coeur de poete, qui m'a inspiree deja 11 livres et une douzaine de pieces d'art, et qui est l'eau fraiche, riche de mes inspirations ces dernieres sept ans maintenant. Cela fait 37 ans depuis la derniere fois que j'etais sur terre de mon pays de naissance, et j'ai dit a ma cousine que je pense venir l'annee prochaine, pour revoir ce qui m'y reste de famille, et de faire honneur a la Kabylie dans une reunion autour de mes livres et poemes et art, car la Kabylie est au centre de mon etre poetique et creative, elle est ma muse, le rythme et la melodie de mes chants, de mes explorations creatives. C'est la Kabylie qui m'a permis de commencer le processus difficile de faire l'odyssee elusive et penible, de la fragmentation que cause l'alienation de l'exile, vers l'integration, le sens de l'appartenance reclamee, redonnee, liberee. La culture Berbere de la Kabylie a du me voir cette fragmentation, a un niveau intuitif, et au lieu de la rejeter, nier, ignorer, elle et son ame ancienne, bien consciente des defis dans la vie quand on est comme elle, heritier d'une culture qui a su surmonter des milliers d'annees d'invasions, de colonisations brutales, d'efforts de lui fragmenter son identite, son histoire, sa dignite, qui lui a donnee une sensibilite intellectuelle - affective - sociale tres claire, tres perspicace. La Kabylie m'a accueilli, ce qui m'a permis de trouver mes resonances les plus profondes quant a ma lutte de re - integrer mon etre comme etre humain, comme poete, ecrivaine et artiste dans les chants, dans les partages de la sagesse esthetique et la conscience collective qui me visitent dans les images de la photographie de l'artiste visuel d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie. Trouver la clef des melodies de mon ame de poete, apres avoir suivi le sentier discordant d'une isolation asphixiante pour tants d'annees, essayant de trouver un equilibre elusif entre fragmentation de l'exile culturelle depuis mon adolescence, dans un pays qui n'arrive pas a se definir une ame, ni moins la mienne, est une catharsis profonde, unique. C'est apprendre une nouvelle langue, et pouvoir laisser derriere moi le langage etranger, dense, ne jamais intime, ne jamais inclusif, que doit accepter la personne qui decouvre l'illusion cruelle, que la redemption se trouve, en avoir confiance que l'exile est l'ultime chance de redemption, comme on me l'avait presentee quand je suis partie pour les Etats Unis apres avoir finie mes etudes de secondaire en Flandes. J'espere que le jour arrivera dans le futur prochain, que je pourrai celebrer ce don inegal que me donne la Kabylie, en pouvant retourner en Algerie. La paix et fierte profonde que me donne l'art de portraiture, de sa photographie de mon collegue kabyle Nacer Amari me remplit avec un calme meditatif, zen, centre, de la part de cet artiste visuel, qui possede aucune trace de narcissisme, de cynisme, d'ego, et qui possede un caractere ou domine une modestie et une grace charitables. Dans un monde qui se dechire au nom de l'avarice, de l'auto - adoration, cet apprentissage creatif et intellectuel profond et transformatif a travers le lien avec mon collegue kabyle, est une experience, une histoire remarquable qui est temoin de la richesse de l'esprit guerisant qui reside au centre de l'identite Berbere. L'ideal serait de vivre plus proche a l'Algerie, au lieu d'a 9000 kilometres, mais l'ideal se preoccupe rarement avec la logistique et ses puzzles. Mes livres sur la Kabylie se trouvent mondialement sur Amazon, et par hazard, Amazon ne se trouve pas en Algerie. Je mets tous les articles et tous leurs poemes sur ma page de Facebook, sur mon blog Lioness in Exile, et comme je vis dans un pays anglophone, la chance de presenter mes livres ecrits en francais sur la Kabylie est ne pas tres probable, ce serait evident si je vivrais en Quebec, par example. Malgre tous ces obstacles, je continue quand - meme, aussi avec la difficulte en ce moment des visas pour l'Algerie vu la situation politique. Je sens au fond de mon coeur que je lui dois cette conviction de ne pas abandonner l'espoir. Il y a le fait aussi que je ne suis pas ni algerienne, ni kabyle, et que depuis la guerre horrifiante en ce moment contre le peuple de la Palestine, et l'attitude lache de pas mal de pays de l'Occident, surtout des Etats Unis, la chance d'un visa devient encore plus douteuse quant a mon espoir de pouvoir visiter a nouveau a ma Kabylie, ce qui me remplit en meme temps avec une energie qui est un melange de determination et de melancholie, de me savoir devant un sphynx, qui me laisse sans voie claire de comment resoudre son enigme? Le plus important est de continuer cette belle melodie de l'espoir, du courage, de l'inspiration, de liberation que m'inspire le coeur et esprit kabyle, qui me rappelle, chaque jour a nouveau, que l'art sauve, guerit, transforme, est la lumiere qui guide, qui montre tout ce qui vaut sauver quant a notre humanite si troublee dans ce XXIeme siecle si durement eprouvee. Les enfants et les artistes et poetes ont en commun qu'ils aiment intuitivement les arts et leurs regals, car les enfants adorent la musique, la danse, le theatre et ses costumes et emotions, ils aiment dessiner, peindre, aiment faire des sculptures, meme avec des moyens humildes, comme le papier mache. La Kabylie me rend claire l'importance des arts dans la vie de l'etre humain, surtout pour les ames durement eprouvees, qui dans son accueil, son invitation a son oase fertile, trouve sa chance a la guerison, a l'integration, a la chance de ne plus souffrir dans les coulisses sombres de l'alienation et son mepris cruel. L'Algerie n'est pas mon pays de naissance, et je ne suis pas de naissance Berbere, mais je suis une enfant de la Kabylie, car c'est elle qui m'a re - introduit a l'essence reelle de mon identite poetique - creative. Dans l'accueil de ses rives, de sa terre, de son peuple, de mes amis et de mes collegues kabyles, je recois la chance de me liberer des chaines du passe, de son silence et mepris tuant, et de vivre dans la lumiere chaude et sure, de l'esprit Berbere qui m'ecoute, m'etend, m'heberge, me guerit, qui est le miroir de mes plus beaux reves poetiques, mes plus profondes visons et leurs integrations, leurs expressions litteraires et artistiques, quand j'y declare mon admiration pour la beaute et la sagesse de son esprit et de son coeur courageux, chaleureux, amples.  

Trudi Ralston  

 

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