Saturday, August 27, 2022

La Clef dans les Nuages: These pour le livre "L'Esprit Itinerant" dedicacee a la Photographie de Nacer Amari

            Parfois, cela prend une vie entiere pour comprendre les symboles, les ombres et lumieres qui definent notre essence, notre coeur, notre esprit. L'ete ici au Pacifique Nord - ouest des Etats Unis commence a devenir moins intense, et le matin il y a deja dans l'air et ses brises, ce parfum melancholique qui annonce la saison suivante de l'automne. J'aime beaucoup les silences du matin au jardin, ces moments tranquils, ou la nature raconte ses histoires, dans une langue interne, que l'etre humain qui a l'habitude de la solitude et ses defis et mirages, arrive a entendre, a aimer. Ce matin, j'ai compris avec la certitude et affirmation d'un poids de plomb, que j'ai l'habitude de la solitude depuis mon enfance, et que la nature est pour moi une compagne depuis longtemps, elle me parle, et je lui ecoute, et dans ces invisibles echanges, pas mal de peines ne jamais dites devenaient supportables, et c'est dans les echos de ses silences, que j'ai entendue les premiers rythmes et melodies de poemes, essayant de se liberer, de s'exprimer dans mes premiers petits cahiers comme jeune adolescente entouree d'adultes eduques et intelligents, mais qui pour la plupart etaient trop distraits par les ambitions et une vie sociale turbulente pour voir ma faim d'appartenance, de desir pour une chance d'etre entendue, d'etre inclus. Mon pere, mon oncle peintre Frans De Cauter, et ma Nanou en etaient des exceptions, et parfois ma grand - mere paternelle et sa fille, ma tante Lieve, si j'avais la chance de passer une semaine chez elles a Oostende. Le silence, j'en etais inondee, et sa presence m'a formee une volonte et resistance de fer, de ne jamais abandonner mes reves, n'importe la difficulte. Je me rends compte que la Kabylie est la force par sa culture, son peuple resistant, qui m'a permis de continuer a frapper le mur si solide de ma solitude intellectuelle et artistique, et qui est devenu la fenetre ouverte, qui m'a liberee mes poemes, mes livres, mon art, et en meme temps, son coeur et son esprit. Mes 10 livres ecrits depuis 2017, dont le plus recent date de mai 2022, "L'Esprit Vagabond: A la Recherche de l'Identite Creative avec Nacer Amari", celebrent cette joie, cette fierte, et victoire sur le destin. Le livre suivant sur lequel je travaille en ce moment, dont existent deja 26 articles et poemes, a comme titre "L'Esprit Itinerant" et continue l'exploration de l'importance de la photographie de Nacer Amari, surtout l'influence de ses portraits du photographe kabyle de Aokas. Cet article en est la these de ce livre futur deja en pleine exploration. 

           Mon pere etait un photographe amateur enthousiaste, qui documentait ses voyages en Europe, et aux Etats Unis avec sincerite et dedication. Son grand interet etaient les montagnes en Autriche, et la culture amerindienne des Etats Unis. Pour plusieurs annees, lui et ma mere ont vecus pres de Prescott dans l'etat du Sud - ouest des Etats Unis, Arizona, tres pres des cultures amerindiennes Navajo et Hopi, et j'ai ainsi eue la chance de visiter plusieurs sites importantes de ces deux cultures. Il avait une belle collection de bijoux en argent Navajo et Hopi, et aussi plusieurs peintures et tapis faites par leurs artistes amerindiens contemporains. Le silence est un element integrale dans la sagesse amerindienne, nee a travers un respect profond pour la nature et ses lois, pour les ancetres, et j'y vois cette meme sagesse dans la culture berbere, dans la culture kabyle qui m'a ouvert le coeur, m'a sauvee la voix de poete. La photographie de Nacer Amari sait, registrer les nuances des melodies de mes inspirations poetiques, de mes visions artistiques, parce que le photographe possede un esprit ou regne une paix interne profonde, une vision qui sait unir la sagesse ancienne berbere d'accueil et charite culturelle et affective, avec un esprit universel, qui sait embrasser la complexite du monde postmoderne, a travers ses portraits kabyles, qui sont une celebration, une documentation de la presence continue, resistante de la culture kabyle de l'Algerie. La portraiture est un monde de silences, ou le photographe apprend a naviguer avec discretion et courage, le monde de la communication entre lui et ses protagonistes, et le monde invisible, de silences, qui vivent dans la personne ou personnes de qui il prend leur portrait. C'est en fait extraordinaire, quand un peintre, un photographe, fait un portait d'un autre etre humain. Si la personne ne lui est pas connue, c'est un defi, et si la personne lui est connue, comme voisin, ami, collegue, membre de famille, adulte, ou enfant, jeune, ou agee, alors le defi vient de trouver ce trait de la personne qui la rend unique, interessante, car chaque personne a une histoire, un mystere, parfois un secret, une joie, un chagrin, que le photographe a travers sa camera sait reveler, mais de facon que cela ne met pas au nue a la personne, mais qui en fait lui ajoute une autre couche de beaute, de fierte, de dignite, d'interet. Les portraits de Nacer Amari fascinent, parce qu'ils racontent une histoire, sans etre intrusif, comme est parfois le style de photographes post modernes, qui cherchent a provoquer, et ainsi enlevent cette couche sacrale qu'est le silence introspectif qu'utilise la photographie, la peinture en portrait quand son message n'oublie pas que l'art le plus sincer est en meme temps l'art qui est toujours authentique, mais qui ne trahit jamais son protagoniste. Que ce soit au nom du surrealisme, de l'expressionnisme, du classicisme, du romanticisme, du realisme, de l'impressionnsime, les grands peintres et photographes de la portraiture, de Leonardo da Vinci a Vincent van Gogh, de Oskar Kakochka a Pablo Picasso, et les photographes contemporains comme Robert Frank, Bertien van Maren, Molly Judd, Colleen Barry, Amaya Gurpide, montrent dans leur art toujours un respect profond pour l'agonie, l'espoir, la fierte, la joie, la dignite, de la personne qui devient le sujet de leurs portraits. Ce respect est au centre des portraits de Nacer Amari, et c'est ce respect qui resonne avec la sagesse du silence, qui vit avec beacucoup de conviction dans sa photographie, et qui resonne tres fort dans sa facon d'influencer avec discretion, avec charite, l'energie de mes livres, de mon art, de mes poemes qui doivent leur coeur et esprit libres, fiers, a la culture kabyle de l'Algerie. Ma vie est inondee de silences, comme enfant, comme adolescente, comme adulte en exile culturel et intellectuel, comme poete, comme femme. Mes livres, et leurs articles et poemes, mes broderies inspiree par la Kabylie et sa nature, mes portaits en crayon, en encre, sont depuis 2017 un chant de liberation, un chant de reconnaissance, pour la Kabylie, qui m'apprend surtout a travers la portraiture de Nacer Amari, de naviguer ce monde de silences tetus qui m'entoure depuis toute ma vie, et d'y entendre ma voix, qui pour la premiere fois dans ma vie difficile, a recu, et recoit la chance de dire "Je suis la, j'ai souffert des solitudes inimaginables, mais je n'ai jamais abandonee l'espoir, je n'ai jmais abandonnee la volonte de briser ce mur, et un jour de grace, a travers le trou fait dans ce mur immense, j'ai vu, j'ai entendue, m'appeler le coeur resistant de la Kabylie et son peuple courageux, infatigable, eternel, et j'ai commencee a vivre, finalement, comme poete libre, digne, avec joie, avec espoir." La photographie que mon pere m'a appris a aimer, m'a menee a la culture qui allait etre la plus belle histoire de ma vie, de recevoir dans ma vie, une chance de briser les silences tueurs, et de les transformer dans des mots ou le silence est une resonance de victoire, sur des circonstances que l'esprit berbere a su enlever leur sortilege impitoyable. La Kabylie, sa nature, sa culture, etait le clef dans les nuages, que la photographie m'a permis de recevoir, pour comprendre que la sagesse du silence, telle qu'elle se manifeste dans la portraiture de Nacer Amari, est la sagesse de defis survecus. Le livre futur "L'Esprit Itinerant: Le Clef dans les Nuages" est une exploration de cette grace, de cette chance, de cette perspective unique, guerisante, cathartique, que je recois et je celebre comme poete et artiste flamande - americaine qui a voyagee tant, pour trouver dans l'automne de ma vie et mes voyages, la paix et la dignite, la liberte, l'espoir, la joie, la voix, l'appartenance culturelle et intellectuelle, a travers l'inspiration que me donne le coeur et l'esprit de la Kabylie.  


Trudi Ralston                

Sunday, August 21, 2022

La Couleur du Silence: Le Portrait "Aziz et le grand Sourire" de Nacer Amari - dans la serie "L'Esprit Itinerant"

              Le 12 aout 2022, le photographe berbere d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie, partage un portrait qui attire l'attention pour etre presqu'en unicouleur, en blanc, ce qui donne au portrait l'impression d'un dessin en crayon ou encre leger. Les mots du photographe autour du contexte de ce portrait sont essentiels quant a la these de cet article: "Le portrait "AZIZ", c'est le frere de maman. J'aime en lui le calme, la sagesse et la sincerite. L'oncle Aziz est un solitaire, le cafe et la cigarette sont ses compagnons, il parle peu et ecoute beaucoup." La couleur blanche du portrait cree une atmosphere de calme, de serenite, d'introspection. Il y a un certain enigme dans le sourire, ou on y entend meme une melodie de mystere, quand a la condition humaine, qui cherche cet equilibre precaire entre solitude et compagnie. Je pensais a la melodie et son titre, de la chanson " A Whiter Shade of Pale", ce qui se traduit comme " Une Nuance plus Blanche de Pale", de 1967 du groupe anglais "Procol Harum", de qui le nom du groupe est latin pour " Au - dela de ces Choses", et qui est consideree une des chansons les plus enigmatiques des annees 1960 et de la musique du rock. Le portrait "Aziz et le grand Sourire" evoque avec le blanc dominant du portrait, l'irresistible sensation que le blanc est la couleur du silence, un silence choisi, conscient, un peu comme un silence radio, qui decide d'eliminer la connection, d'aller vers cette espace opaque, ce monde des mysteres, qu'est le silence, ancien, irresolu, et en fin de compte, incomprehensible, impenetrable, et dans ce sens, aussi une oasis, un refuge. Le poete americain Howard Nemerov ( 1920 - 1991), qui a recu le Prix Pulitzer pour ses collections de poemes a dit: "La vision creative commence avec une fracture dans la facade lisse du monde." La photographie, et surtout dans la portraiture, permet au spectateur de voir cette fracture que montre le photographe et ses sensibilites a travers les perspectives de sa camera, et Nacer Amari possede un don naturel pour capturer avec patience et discretion, le monde interieur des protagonistes de ses portraits. Ce portrait presque unicouleur de son oncle Aziz au sourire reflexif, presqu'outre monde, fait penser aux portraits de la peintre contemporaine d'Irlande, Molly Judd (1991), qui fut instruit par le peintre contemporain norvegien, Odd Nerdrum (1944), vu comme un des peintres du classicisme moderne le plus celebre. Molly Judd vit et travaille en Colombie, apres avoir etudiee l'art de la peinture classique en Italie, a Florence, et aux portraits aussi de l'artiste contemporaine americaine de New York, Colleen Barry (1981), de qui leur realisme et classicisme ont des touches hantants, d'une presque malaise entre appartenance et solitude. Le portrait "Aziz et le grand Sourire" rappelle aussi aux portraits de la peintre espagnole contemporaine de Barcelone, Amaya Gurpide, qui vit et travaille a New York depuis 1999, ses portraits comme "Reverie" et surtout au portrait de Molly Judd, "Au Jardin" ou le blanc dominant du portrait d'une jeune femme au regard distant et reveur, au soupcon tres subtil d'un sourire presque clandestin, evoque ce meme sens de cet equilibre fragile, friable, entre solitude et inclusion. Le monde post moderne en est peut - etre la cause, de cette lutte souvent invisible auquel fait face l'etre humain, enfant, homme, femme, pour trouver son centre, son aise dans une societe globale qui s'occupe sans cesse de fracturer l'identite, la communaute, le sens d'appartenance, ce qui m'a inspiree ce poeme, qui celebre le talent que montre le photographe berbere Nacer Amari dans son portrait delicat, unique en esprit et en coeur, en vision artistique, "Aziz et le grand Sourire": 


Peut - Etre

Peut - etre, je ne dis rien, parce que pour moi, c'est le silence qui m'indique le chemin. 

Peut - etre, ce n'est pas le destin de tous de construire des conversations, je crois que mon role c'est d'observer, d'ecouter, un peu comme on fait pendant une soiree de theatre. 

Peut - etre, je suis bien, ma voix est contente de voir, d'apprendre ainsi ce qui occupe le monde. Ce n'est pas parce que je parle peu, que je n'apprecis pas entendre ce qu'on me partage. 

                                            * * * * * * * * * * * * * * * * * * 


Je prefere la couleur du silence, comme homme berbere entoure de montagnes, qui elles aussi preferent le blanc muet du silence, ainsi que le soleil, la lune et les nuages. 

Peut - etre, je suis silent, pour pouvoir entendre plus clairement ce que les esprits racontent, sur la condition du monde. 

Et peut - etre, je prefere ne pas dire, ce que j'apercois de pres, de loin, et je garde ma vision et son avertissement, son cri dans le blanc solemne que tu vois en evidence dans mon portrait reflechi. 


Trudi Ralston

La recherche sur les portraits en unicouleur, surtout le blanc, et sur les peintres de portraits contemporaines, Colleen Barry, Amaya Gurpide et Molly Judd, courtoisie de Wikipedia. 

Wednesday, August 17, 2022

Chanson d'Amour: "Kabylie" - dans la serie "La Flute et l'Echo/ The Flute and the Echo"

             Ce poeme m'est venu comme une chanson, quand j'etais dehors au jardin, pensant a la Kabylie, en voyant les nuages blancs qui revaient comme en sieste, dans un ciel bleu clair, essayant de se recuperer un peu de la chaleur intense de cette ete. "La Flute et l'Echo" est une serie de poemes et articles, que je dedique a la Kabylie et son peuple irrepressible, acueillant, resistant et genereux. Elle est ma Flute d'inspiration, d'encouragement, et j'en suis l'Echo, qui celebre en francais, la Flute, et en anglais, son Echo, ce magnifique et unique lien dans mes poemes, mes articles, mon art et mes livres. J'appelle la chanson - poeme "Chanson d'Amour" parce que amour est ce que ce que mon coeur ressent quand je pense a la Kabylie:

               This poem came to me as a song, when I was outside in the garden, thinking about Kabylie, watching the white clouds that were dreaming, like during a siesta, under a clear blue sky, trying to recover somewhat from the intense summer heat. "The Flute and the Echo" is a series of poems and articles, that I dedicate to Kabylie and its irrepressible, welcoming, strong and generous people. She is my Flute of inspiration, of encouragement, and I am her Echo, that celebrates in French, the Flute, and in English, its Echo, this magnificent and unique bond in my poems, articles, my art and my books. I call the song - poem " A Love Song " because love is what my heart feels when I think of Kabylie:


                  Chanson d'Amour: "Kabylie"


Je t'aime, ma Kabylie, toi qui m'a sauvee de l'oubli, toi qui me berces les chagrins la nuit. 

Je t'aime, ma Kabylie, tu es mon sourire n'importe le poids du destin et ses defis. 

Je te vois chaque matin au jardin, dans le ciel bleu, ses nuages, leur jeu et artistiques dessins, qui me rappellent tes villages, tes montagnes, qui m'ont appris l'histoire de leurs familles et leurs chemins. 

                                                        

                                                        * * * * * * * * * * * * * * * * * * * 


Je t'aime, ma Kabylie, toi qui m'a gueri mes solitudes, toi qui est le chant dans mon coeur.

Je t'aime, ma Kabylie, toi qui laves mes larmes dans les eaux de ta sagesse, de ton accueil.

Tu es toujours avec moi, tu chasses le vide, le neant, ce monstre avare qui chercheait a m'enlever mes reves, qui se moquait de mes poemes, me volait sans cesse tous mes efforts, blessait mon courage. 


                                                          * * * * * * * * * * * * * * * * * * * 


                                

Je t'aime, ma Kabylie, dans tes bras, je suis libre, tu es soleil, tu es lune, comme toi, il n'y a aucune, rebelle belle et fiere et resistante, qui m'a donnee a mon coeur, a mes poemes, une seconde chance a l'amour, a la vie. 

Le jour ou il me faut quitter la terre, je le ferai sans rancune, sans regret, parce que te connaitre, comme poete, comme amie, efface toutes les peines, me rend sure, joyeuse, tranquille, dans la conviction et la paix exquises, que parce que tu existes, mes poemes et leurs reves et ton ame eternelle, se rencontreront, la, pour danser, faire la fete, dans le monde des esprits. 


                                                            * * * * * * * * * * * * * * * * * * * 


Je t'aime, ma Kabylie, toi, qui m'a sauvee de l'oubli, toi, qui me berces les chagrins la nuit. 

Je t'aime, ma Kabylie, tu es mon sourire, n'importe le poids du destin et ses defis. 


 

                  Love Song: "Kabylie"


I love you, my Kabylie, you who saved me from oblivion, you, who cradles my sorrows at night. 

I love you, my Kabylie, you are my smile, no matter destiny and its challenges. 

I see you each morning in the garden, in the blue sky, its clouds, their play and artistic designs, that remind me of your villages, your mountains, that taught me about the history of their families, their paths.


                                                            * * * * * * * * * * * * * * * * * * *


I love you, my Kabylie, you who healed my loneliness, you who are the song in my heart.

I love you, my Kabylie, you who wash my tears in the waters of your wisdom, of your welcome. 


You are always with me, you chase the emptiness, the void, that avaricious monster that looked to take away my dreams, that mocked my poems, that stole without pause all my efforts, wounded my courage.


                                                            * * * * * * * * * * * * * * * * * * *


I love you, my Kabylie, in your arms, I am free, you are sun and you are moon, like you there is no other, rebel, beautiful and proud, and strong, who have given to my heart to my poems, a second chance at love, at life. 

The day when I have to leave this earth, I will do so without rancor, without regret, because knowing you, as a poet, as a friend, erases all pain, makes me confident, joyous, calm, in the exquisite conviction and peace, that because you exist, my poems and their dreams, and your eternal soul, will meet, there, to dance, to celebrate, in the spirit world. 

                                                             * * * * * * * * * * * * * * * * * * * 

I love you, my Kabylie, you, who saved me from oblivion, you, who cradles my sorrows at night. 

I love you, my Kabylie, you are my smile, no matter the weight of destiny and its challenges.  


Trudi Ralston

  

    

              

              

Sunday, August 14, 2022

Les Larmes des Rivieres: Le Portrait "Une Vieille aux Yeux Tristes" de Nacer Amari - dans la serie "L'Esprit Itinerant"

              L'autoroute vers la maison de ma coiffeuse etait poussiereuse, l'herbe jaune seche, pityoable sous un ciel si bleu il etait presque d'une couleur violette, et un soleil d'une intensite qui s'approcheait a la colere.  J'etais en route vers la ville de Centralia, a une 35 minutes en voiture de Olympia, ou vit maintenant mon amie coiffeuse, avec son mari de Mascara, et leurs trois jeunes fils. Mascara, comme j'avais appris, est la capitale de la wilaya de Mascara, dans le nord - ouest de l'Algerie, une ville de 150,000 habitants, fondee au Xeme siecle par le Banu Ifran, une tribu berbere. Mascara etait la capitale de l'Emir Abd - al Qadir, un des chefs de la resistance algerienne contre les colons francais. La ville de Centralia est une ville fantome apres la chute de l'industrie du bois, qui a laissee les 18,000 habitants dans un vide economique, ou maintenant cherchent sa jeunesse la fuite pour le manque de travail et futur, dans le monde de la drogue, surtout l'heroine et les methamphetamines, qui sont devenues un vrai fleau dans les communautes stressees rurales des Etats Unis, surtout que l'heroine est tres bon marche a produire maintenant, comparee a la cocaine, qui reste chere et la drogue de jeunes affluents. Centralia lutte aussi avec le racisme, et des tensions entres la population blanche tres conservatrice, et les jeunes qui sont les enfants de travailleurs immigrants du Mexique et de l'Amerique Centrale. Pour mon amie et son mari et leurs enfants, qui avaient voyagee beaucoup avant la pandemie, et qui ont une perspective ouverte et inclusive sur le monde et la vie, aller vivre a Centralia est une decision qu'ils regrettent, et ils veulent retourner a vivre a Olympia. Centralia a une histoire bien ambigue, fondee comme fut la ville au XIXeme siecle, en 1852, par le fils d'un esclave et une femme anglaise, la ville fut le lieu d'un massacre en 1919, suite d'une dispute prolongee entre les proprietaires des industries du bois, et les membres du syndicat local, une dispute qui s'est terminee dans un massacre le 11 novembre 1919, pendant une celebration en hommage de la fin de la Premiere Guerre Mondiale. Le conflit laisserait a 6 personnes mortes, 4 blessees, et 7 condamnations a la prison, pour meurtre. Ce conflit mortel, qui recevait une attention nationale, fut la consequence de coups vicieux de travailleurs membres du syndicat local, par les gros bras des industriels, en 1918, enrages que les travailleurs refusaient de retourner au travail si leurs salaires maigres n'etaient pas augmentees. Les gros bras lyncheaient les travailleurs, et detruisaient le batiment ou se reunissaient les travailleurs syndicalises. Voyant la condition desolee des voisinages, et la cacophonie visuelle du centre ville, qui n'est qu'une encadenation de motels et de restaurants comme MC Donald's et Pizza Hut, ce n'est pas surprenant que Centralia aujourd'hui n'a aucun interet dans les droits des travailleurs et peut a peine respirer etranglee dans une ambiance politique republicaine qui voit suspecte a toute personne qui n'est pas de la race blanche et de conviction politique d'extreme droite, ou regne l'obsession avec le droit aux fusils et une ideologie centree autour d'un christianisme du feu et du soufre de l'ancien testament. Au milieu de cette ambiance deprimante, ma pensee fut: pour cette desolation spirituelle et sociale, ce pays des Etats Unis a aneantie les magnifiques cultures amerindiennes? L'artiste americain contemporain rebelle, Robert Crumb (1943), un caricaturiste et nostalgique du folklore americain du XIeme et debut du XXeme siecles, a fait un panneau en 16 dessins au titre de " Une Histoire Breve des Etats Unis", qui montre la ruine qu'a fait l'industrialisme du pays, un desastre qui chaque jour devient de plus en plus une realite ici, et malheureusement dans beaucoup de pays de cette planete envahie de guerres, de pollution, de destruction ecologique. Dans ces heures de tourmente, sur cette route et dans cette ville perdue americaine, je trouvais un reconfort notable de penser a un portrait kabyle fait le 8 aout 2022 par le photographe berbere d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie. Cet article va se consacrer a faire une etude de ce portrait, qui est de la soeur du pere du photographe, encore en deuil pour son fils David, paix a son ame. Le photographe donne comme titre a ce portrait intime: "Une Vieille aux Yeux Tristes". L'article va se consacrer a la beaute et la sagesse qui illumine l'esprit du portrait, de qui son protagoniste est heretiere d'une culture ancienne sacrale, qui est en contraste immense avec le monde postindustriel et son chaos.

             Le portrait de Nacer Amari "Une Vieille aux Yeux Tristes" montre une femme agee aux yeux tendres, comme des eaux accueillantes, des yeux ou le regard raconte une histoire de chagrin survecu avec dignite, charite, courage et sagesse. Le format du portrait, sa formule d'un portrait a gros plan, invite le spectateur a l'intimite, pour nous permettre pouvoir approcher visuellement tres proche a son protagoniste, a son visage, a sa main pres du visage, a son monde interieur que le photographe nous revele avec grande tendresse et respect envers cette femme kabyle qui la vie a eprouvee mais ne pas brisee. Ses yeux brillent avec une lumiere qui encourage, qui rassure qu'il y a une sagesse et source spirituelle que possede le coeur resistant qui sait vaincre les defis de la vie, qui choisit de voir au - dela du quotidien, de l'evident, et qui se ressource de sagesses et heritages anciens, solides. Ses yeux de la protagoniste montrent aussi qu'elle a des doutes sur le futur, sur la condition deplorable du monde qui ne respecte plus les lois de la nature, de l'ordre et sagesse des saisons, des ancetres, elle a aux yeux aussi l'eau des larmes des rivieres de la terre, qui se sechent, a cause des crimes de l'homme qui a choisie pour trop de siecles l'argent et le pouvoir, et a trahi tout ce qui est decent, avec le resultat que la terre est malade, de manque d'eau, de manque d'air vivable, de la destruction de centaines d'especes de faune et flore, qui va resulter dans la destruction de l'etre humain lui meme, et pour la premiere fois dans l'histoire ancienne de notre planete, une destruction par lui - meme. L'anthropocene risque de terminer la race humaine, si on n'arrete pas de valoriser l'argent et le pouvoir au - dela de la vie meme, au - dela de la vie de nos enfants, et leurs enfants, comme est le cas deja aux Etats Unis, ou le gouvernement et les pouvoirs sinistres derriere les coulisses, ne trouvent ni le courage pour bannir les armes de pistoles automatiques qui tuent deja des milliers de personnes chaque annee et surtout des enfants ici, des ecoliers innocents, aussi jeune que 4 et 5 ans, pour le fait que l'association des armes ici donne de quantites enmormes d'argent aux politiques qui les soutiennent leurs marchandises fatales qui leurs font des millards de dollars chaque annee. Ceci n'est pas juste immorale, c'est au - dela de cette classification, c'est de l'amoralite de la plus basse provenance. Meme les rivieres pleurent, comme en Europe, ou la secheresse est de telle gravite, que des pierres soumergees depuis des siecles sont visibles, en Allemagne et l'Europe centrale, comme dans la riviere Elbe, de qui ses pierres sont inscrits des avertissements effrayants qui datent de la secheresse et ses douleurs economiques de 1616: "Wenn du mich siehst, dann weine": "Quand tu me vois, alors pleure". Les yeux de la femme kabyle agee dans le portrait de Nacer Amari ont cette tristesse, ils savent que c'est une erreur grave de nier, de negliger la sagesse ancienne, comme la possede la culture berbere, que cette negligence criminelle va causer des problemes graves, cause en fait deja des problemes graves. J'ecris cet article en combatant le bruit infernal qui envahit meme la maison, venant du lac ici a cote, ou chaque annee des courses de hydroglisseurs viennent a terroriser la faune du lac, et de la foret autour pour deux jours de suite, au nom d'un sport ridicule que pratiquent des gens avec trop d'argent venus de Seattle. Ces hydroglisseurs sont des bateaux aux moteurs immenses qui coutent des centaines de milliers de dollar chacun. La stupidite humaine en ce moment n'a pas de limites. Les yeux si riches en histoire, tendresse et courage de la femme kabyle, soeur du pere du photographe, sont en meme temps un hommage a la resistance, et un avertisssement contre l'abus de la sagesse ancestrale des anciennes cultures, qui ont souffert tellement au nom nefaste des empires coloniales, francais, anglais, espagnol, turque, romain, holondais, belge, et qui souffrent encore sous les delires du post colonialisme de l'Australie a l'Afrique, des Ameriques a l'Asie. Aux Etats Unis, les cultures amerindiennes restent la population la plus marginalisee du pays, avec un taux de chomage de 28,6%, aggravee par la pandemie et par un systeme de gouvernement qui ne donne aucune attention a la situation deplorable d'isolation sur les reserves, de pauvetre, de manque d'opportunite pour le travail, les services medicaux, l'education, pour une population de 6,79 millions de personnes, a travers 574 tribus amerindiennes officiellement reconnues, avec les etats de la Californie, Oklahoma et Arizona les etats avec la plus grande population amerindienne. En total, le gouvernement ici ne se hate pas d'aider les cultures amerindiennes, qui font juste 2,09 % de la population totale des Etats Unis apres le genocide historique du XIXeme siecle contre les cultures amerindiennes a qui appartenait avant l'arrivee desastreuse des colons europeens, toutes les terres de ce pays. 

              L'intimite du portrait "Une Vieille aux Yeux Tristes" invoque pour son realisme aussi, l'importance de la portraiture dans la photographie moderne quant a sa capacite de communiquer l'etat interieur d'une personne, de permettre une vue dans leur coeur, leur ame, de facon discrete ou la camera devient l'ambassadeur de messages sociaux, culturels, historiques, artistiques. La photographie du photographe suisse Robert Frank (1924 - 2019) et son disciple la photographe des Pays -Bas, Bertien van Manen (1942), sont connus pour la franchise de leur art, pour cette invitation franche a l'intimite des protagonistes de leurs photos, de leurs portraits et cette sincerite artistique se reflete aussi dans les portraits du photographe berbere Nacer Amari, une franchise esthetique qui unit les preoccupations du monde postmoderne avec la sagesse et l'heritage riche de la culture kabyle de son pays natal. Robert Frank publie en 1959 un livre photo "Les Americains" qui etablit une renommee pour sa perspective franche de la vie aux Etats Unis, et Bertien van Manen voyage toute la planete, de l'Asie aux Ameriques, a la recherche continue et obstinee de la vie des communautes marginalisees par l'isolation, l'indifference, comme les familles des mineurs dans l'est des Etats Unis, dans les montagnes des Appalaches, qui sont les montagnes les plus anciens du pays, et qui datent d'il y a 480 millions d'annees. La photographe, inspiree par la photographie de Robert Frank, commence sa carriere comme photographe dans les annees 1970, et vit souvent avec les familles qu'elle prend en photo et portrait au pays ou elle voyage, pour mieux apprecier et comprendre par example, les circonstances de leur vie comme familles de mineurs, une vie souvent meprisee et ignoree pour les circonstances durs economiques et sociales. Comme l'oeuvre de Robert Frank avant elle, son oeuvre de Bertien van Manen recoit une appreciation mondiale pour sa passion et dedication envers des communautes marginalisee en Chine, en Russie, et aux Etats Unis. Les portraits kabyles de la part du photographe Nacer Amari d'Aokas, vibrent avec la meme passion, une dedication et conviction de l'importance de documenter avec interet et franchise les enfants, hommes et femmes de sa communaute natale. Comme les photographes Robert Frank et Bertien van Manen, la portraiture de Nacer Amari a une energie et esthetique de determination, d'une patiente et passionnante conviction, reflechie et profonde, de l'urgence de sauvegarder comme un heritage precieux et unique, le coeur et esprit berbere infatigable et indestructible du peuple kabyle, de qui le photographe a travers ses portraits sincers et desarmants, permet une vision claire, en avant, au - dela des fractures du monde postmoderne et ses bruits malheureux et destructifs.

Trudi Ralston

La recherche sur l'histoire de la ville post industrielle de Centralia, Washington, sur le chomage dans les cultures amerindiennes des Etats Unis, courtoisie de Wikipedia, ainsi que l'information sur les photographes contemporains Robert Frank et Bertien van Manen. 

 

                

               

               

Tuesday, August 9, 2022

La Soiree d'Ouverture: Le Portrait "DJIHANE" de Nacer Amari - dans la serie "L'Esprit Itinerant"

             La photographie de la portraiture est un art visuel qui a une attraction puissante, qui sait mettre au centre l'attention de l'observateur telle une mise en scene de theatre, dont le photographe a su capturer un moment specifique, a travers la perspective de sa camera. Un moment arrete dans le temps, qui nous permet de le visiter, de l'observer, et de le connecter a notre memoire et ses experiences gardees eux aussi comme des moments de notre vie, qu'on peut revivre, pour apres les ranger dans les archives vastes que collectionne le cerveau humain. Un portrait du 4 aout 2022, en noir et blanc de sa jeune niece "DJIHANE" de la part du photographe Nacer Amari de Tassi Photographie, m'a permis revisiter une memoire precieuse de mon enfance comme enfant dans un village ouest - flamand en Belgique. Le portrait montre a la belle jeune fille dans une robe elegante kabyle, et ce qui en impressionne est ce magnifique sens de fierte culturelle, cette dignite et joie de se savoir membre d'une culture ancienne et profonde, ou le sens de l'appartenance, de la communaute et ses partages et mythologies est integrale et centrale. Depuis 2017, je dedique mes livres, articles et poemes, a la celebration de la culture berbere de la Kabylie, et la photographie de Nacer Amari en est au centre depuis 2019, pour le talent que montre le photographe d'Aokas quant a la portraiture, une portraiture qui se concentre sur les personnes de sa communaute natale de Aokas. Ses portraits kabyles sont une documentation culturelle importante, et le photographe reussit a chaque fois d'unir l'esprit unique du peuple et sa culture de la Kabylie, avec un esprit d'inclusion qui sait incorporer l'universalite de l'experience humaine sur cette terre. Ce pont que Nacer Amari sait etablir entre ces deux mondes est encore plus poignant et important, vu la condition precaire de la planete au debut du XXIeme siecle, ou les cultures libres et anciennes se voient inondees d'un racisme degoutant et un fanatisme politique d'intolerance, qui ensemble avec les defis enormes du changement du climat global, et les realites troublantes economiques et ecologiques de secheresses, d'incendies, d'inondations, de guerres et famines, de pandemies de rotation, mettent au premier plan l'urgence de revisiter la sagesse de la mythologie sociale et spirituelles des cultures anciennes.  La sagesse de cultures anciennes quant a la preservation de la communaute, de sa culture, de son identite sociale et linguistique, mythologique, economique, n'a jamais ete plus relevante et importante. La portraiture dans la photographie est ainsi chaque fois plus au centre comme l'art qui sait transmettre de facon directe la condition humaine et ses defis, son coeur, son esprit. Le portrait "DJIHANE" est un tableau qui tire l'attention sur cette importance de l'appartenance, sur l'identite culturelle resistante et intacte, sans laquelle la vie sur cette planete postmoderne, risque de perdre sa raison d'etre, son ame, sa chance a un futur digne et valable. 

              "DJIHANE" met au centre un souvenir bien specifique de mon enfance, de quand j'ai ete a l'age de 8 ans, part d'une piece de theatre, un conte de fee, mis en scene par une des institutrices a mon ecole primaire dans mon village natal ouest - flamand de Beveren, a peu pres une demi - heure de la ville ancienne flamande de Brugge, surnomme "la Venise du Nord", pour les canaux anciens qui croisent ses ponts et rues.  Ce fut une experience inoubliable, d'etre sur scene, devant les familles du village, et je me rappelle encore maintenant les lumieres aveuglissantes du podium, la musique, l'euphorie transformative d'etre en costume, de faire partie de cet effort de l'institutrice de donner a ses eleves une chance de participer a ses visions artistiques qu'elle voulait partager avec l'ecole et les familles du village. Pour un moment bref de mon enfance, je me sentais inclus, visible, dans une celebration communale qui avait mis au centre les enfants de mon ecole, dans cette experience valable qui m'avait donnee la chance d'apprendre sur la confiance, la cooperation, la fierte, la communication, le sens de l'appartenance. Je n'aurais pas pu savoir que cela allait me prendre toute une vie pour ressentir a nouveau ce sens d'inclusion, d'espoir, d'appartenance, et que ce serait la Kabylie en Algerie qui allait me donner la grace de cette seconde chance pour mon coeur de poete si longuement vagabond et seul. Perdre son nom de famille, sa langue, sa famille, sa culture, le sens de l'identite, de l'appartenance etait ma vie depuis mon adolescence quand j'ai quitte mon pays natal, et que je n'allais pas recuperer jusqu'a 2017, quand j'ai decouvert la nature et la culture de la Kabylie. C'est elle qui m'a aidee a retrouver, petit a petit, les memoires de mon enfance, l'impacte formatif de personnes dans mon enfance et jeune adolesescence a travers le coeur et esprit du peuple kabyle, et sa longue histoire de resistance contre les efforts d'assimiler sa culture, sa langue, son courage face a l'anonimite du monde postmoderne avare et perdu. Je me rappelle encore avec beaucoup d'emotion le moment en 2017, pendant mon premier sejour en Kabylie, quand je me suis mise en robe kabyle, un regal d'une amie kabyle de Bejaia, ce sens de fierte, de joie, d'etre permis d'etre inclus dans le coeur de la communaute berbere accueillante et genereuse. Ce fut une transformation emouvante savoir que j'etais la bienvenue, que mon interet et amour pour la culture de la Kabylie, pour son peuple fier et resistant, au coeur chaud et inclusif serait la medicine pour guerir les blessures de la solitude et l'isolation, de l'invisibilite intellectuelle et sociale que j'avais souffert pour tants d'annees. La Kabylie devint la mere que j'avais manquee si souvent avant elle comme enfant et adolescente. Comme la jeune fille kabyle dans le portrait "DJIHANE" de Nacer Amari, en robe kabyle, je me sentais sure de moi - meme, libre, et mes livres et poemes celebrent depuis cette joie inattendue recue par le coeur grand et charitable berbere. La vie aux Etats Unis a ete une lutte contre cette perte de l'appartenance, contre cette perte de l'identite, du nom, de la langue, rendues encore plus penibles par la perte de mes deux parents en 2008, de mes deux soeurs en 1998 et 2005 et de mon frere en 2020, pour me trouver sans famille dans ce pays americain immense duquel son coeur s'evapore dans le neant chaque jour un peu plus, de la part de ses leaders sans courage ou vision. Ici je suis tres loin de l'energie d'enthousiasme de me trouver comme enfant sur la scene de theatre, la soiree d'ouverture avec mes amies de classe primaire pour celebrer la joie d'etre membre d'un village ouest - flamand sur de son identite et heritage, ou je connaissais par nom toutes les familles, et ou chaque profession etait vu avec respect pour etre une partie integrale de la vie du village: le boucher, le boulanger, le marchand de biere, le maire, le mecanicien de velos, la directrice de l'ecole primaire, le chef des syndicats pour les ouvriers de la fabrique de carosseries, les familles des agriculteurs qui provenaient le ble, le lait, les oeufs, et la viande, le marchand de legumes, le coiffeur, le cure, la couturiere qui faisait les robes des mariees, le floriste, le medicin, le dentiste, l'institutrice de piano, les femmes celebataires courageuses qui s'occupaient des familles en besoin d'aide sociale ou economique. Le village etait un monde complet, synergique, comme le village kabyle reussit a rester depuis la nuit des temps, malgre la serie interminable d'invasions coloniales pendant des milliers d'annees. Le regard de confiance assuree, de fierte identitaire qui se montre dans le portrait "DJIHANE", la confiante posture de la jeune protagoniste, dans sa facon de se mettre les mains sur les hanches, dans le regard calme de ses yeux, dans la fierte tangible avec laquelle elle se presente dans sa robe kabyle, et que toute sa personne exprime, est une celebration et affirmation de l'importance de l'identite culturelle, que defend avec telle conviction le peuple kabyle de l'Algerie. Cela m'a pris toute une vie pour avoir la chance de recuperer mon identite, et c'est important de partager la verite incontestable que c'est en Kabylie que j'ai recu la grace de guerir les blessures de mon identite niee, fracturee, rendue invisible, muette. Dans un sens reel, concret, la Kabylie est la Soiree d'Ouverture pour mon coeur de poete, pour ses energies, pour sa dignite, qu'il y a toute une vie, j'ai pu ressentir comme enfant et qu'a l'age de 19 ans, j'ai commencee a perdre dans un exile culturelle et identitaire qui m'a pris presque 40 ans pour retrouver. 

              Avoir son identite culturelle et linguistique, mythologique, sociale, familiale, effacee pour toute une vie, est tres penible, et laisse des blessures profondes au coeur et a l'esprit. Je pense souvent aux enfants amerindiens des Etats Unis et du Canada, des centaines de milliers d'enfants, qui entre les annees 1860 et 1960, en fait, 1970 pour le Canada, ont souffert un traume horrible aux mains des ecoles du gouvernement, des pensionnats, ou ils etaient forces de vivre, enleves de leurs familles par force par des agents du gouvernement americain et canadien. Dans ces pensionnats, et ils en avait 350 de ces pensionnats repandus a travers l'entierete des Etats Unis, ils etaient interdits de parler les langues de leur tribus, de porter leurs habits amerindiens, d'avoir les cheveux longs dans les differents styles des centaines des tribus qui existeaient avant le genocide de leurs cultures, et ils y subissaient des annees de faim, de coups vicieux, de tortures physiques, des abus sexuels, a un degre ou beaucoup d'enfants ne le survivaient pas, et n'ont jamais eue la chance de retourner chez leurs familles. Jusqu'a aujourd'hui, leur sort n'a jamais ete inquetee et reste dans cet abysse du genocide systematique contre les cultures amerindiens de l'Amerique du Nord. Tout cela sous le guise de l'Acte pour la Civilisation Indienne deja commencee en 1819 pour justifier les guerres contre les tribus amerindiens, ou la philosophie etait que " le seul amerindien qui vaut, est celui qui est mort." Il n'y a pire crime que chercher a exterminer a un peuple, et rien qui detruit plus l'esprit humain. La Kabylie a un coeur ancien, un coeur qui a survecu et qui continue a survivre, dans un monde qui cherche, chaque jour a nouveau, a dechirer le tissu du coeur, de l'esprit de cultures qui ont su maintenir un sens de l'identite culturelle, de la dignite humaine, d'un sens de la communaute, de la famille, de la sagesse ancestrale, du respect envers la nature, de la mythologie pluraliste inclusive, de l'amour pour les arts, de la liberte, des enfants, de la musique, la danse, du theatre, des artisanats, pour tout ce qui donne de la joie, de l'espoir dans la vie sur cette terre. Le portrait de la jeune fille kabyle "DJIHANE" lui fait par le photographe Nacer Amari est un temoignage important d'une culture unique et fiere, sans laquelle je n'aurais jamais eue la chance de me liberer du sortilege affreux de me trouver une personne seule, privee de sa voix, de son identite, reduit a un robot fantome pour toute une vie, invisible dans ces Etats Unis a l'esprit moribond, qui risque de devenir depourvu de toutes traces de sagesse spirituelle et charite visionnair envers les besoins de sa population heterogene et ses cultures marginalisees et sous stress considerable, et envers le monde en grave peril de chaos et violences croissantes.    

Trudi Ralston 

La recherche sur le traitement inhumain des enfants amerindiens dans les pensionnats du gouvernement des Etats Unis et le Canada, entre les annees 1860 et 1960 -1970, courtoisie de Wikipedia.         

   

Tuesday, August 2, 2022

La Magie de la Lumiere Ralentie du portrait "Tamgarth" de Nacer Amari - dans la serie "L'Esprit Itinerant"

          La portraiture dans le monde de la peinture et de la photographie continue a fasciner, parce que les arts visuels racontent une histoire, et ne jamais de facon plus directe et poignante qu'a travers l'immediat d'un portrait. Un portrait du 25 juillet 2022 de sa mere et deux de ses neveux de la part du photographe Nacer Amari de Tassi Photographie nous introduit a l'univers feminin de l'influence importante maternelle, comme le confirment son titre dans les mots du photographe: "La maman avec son nouveau role de grand - mere prend le nom de "Tamgarth". En hommage a toutes les vieilles." Le photographe y ajoute la diversite de ce role: " Tamgarth" raconte l'histoire de la femme en general, et de la vieille kabyle en particulier. Elle joue le role de la mere, la nourrice, la gardienne, l'educatrice, la conseilliere..."Ce portrait touche le coeur pour sa beaute et energie, et pour illustrer une verite ancienne et importante, que dans les cultures anciennes et reverees, comme la culture berbere, la femme est le noyau spirituel et social de la famille. La femme qui rayonne et transmet son influence a travers la maison, le village, la communaute, ou elle est depuis des milliers d'annees la gardienne des rites qui preparent les enfants pour leur entree dans le monde des adultes, et elle maintient aussi l'equilibre entre le monde feminin et le monde masculin. Ce portrait me rappelle a l'importance feminine de mon enfance, ou le manque d'une mere devouee m'a trouvee la grace d'etre benie par la presence d'une grand - mere paternelle tres charitable et patiente, et l'aide et amitie d'une nanou qui elle aussi etait maman et grand - mere, et d'une tante celebataire, qui etait la conseilliere astucieuse de moi et mes 11 cousins et cousines dans la famille. Cette presence de ces femmes intelligentes et courageuses, ont laissee une impression indelable sur mon coeur d'enfant et d'adolescente et elle m'accompagnent encore ajourd'hui, avec la memoire de conseils, encouragements, humour, gentillesse de ces femmes qui etaient pour moi mere, comme ma mere etait souvent absente et inaccessible affectivement et socialement, et de qui je me rappelle surtout ses coutures et souliers chers, que j'observais par experience a une distance prudente. Le portrait "Tamgarth" de Nacer Amari est un portrait qui donne de l'espoir, qui invoque le respect pour la grand - mere qui se rend compte de l'importance de sa sagesse, de son amour, de son role envers ses petits enfants, et c'est ce dynamisme que le photographe a su capturer dans ce portrait en hommage, et qu'il a su capturer d'une facon qui rappelle au mouvement de l'impressionnisme, pour la maniere qu'il a reussi a ralentir la lumiere et son impacte narratif de ce tableau captivant, ou pour un moment il arrive a arreter le temps. C'est cette technique d'arreter le temps pour un moment, qui specifiquement les interessait aux peintres portraitistes de l'impressionnisme.

           "Tamgarth" montre aussi des traits de l'expressionnisme, ne pas abstrait, mais de son antecedent, qui etait en fait le pont entre l'impressionnisme et l'expressionnisme comme est visible dans l'art de Vincent van Gogh. Le portrait "Tamgarth" de Nacer Amari est une harmonie elegante de ses deux mouvements, ou la beaute impressionniste du portrait s'unit a une narrative et energie expressionniste, ou l'elegance s'unit au realisme. L'impressionnisme a trouvee ses origines a Paris dans un groupe d'artistes dans les annees 1870 et 1880, et sa liste d'artistes contient 12 peintres qui sont arrives a la prominence de ce mouvement, apres lequel l'impressionnisme a vu se manifester la transition vers le mouvement de l'expressionnisme qui deviendrait dominant a partir de 1905. L'oeuvre de Vincent van Gogh (1853 - 1890) se considere etre post - impressionniste, et ses portraits montrent deja l'influence naiscente de l'expressionnisme dans son adherence a un realisme franc et decisif, surtout dans sa serie d'auto - portraits, ou est visible le monde interieur de l'artiste, un trait marquant de l'expressionnisme, qui allait atteindre son influence majeure comme mouvement artistique suite des traumes de la Premiere Guerre Mondiale. Les peintures de paysages de Vincent van Gogh montrent l'influence de l'impressionnisme, dans leur maitrise d'utiliser la lumiere comme une matiere structurale et narrative. Cet element precisement est visible dans le portrait "Tamgarth" du photographe Nacer Amari, et invite une vue plus proche aux artistes impressionnistes et leur style et influence et la philosophie esthetique de ce mouvement quant a la peinture. Ce mouvement du XIXeme siecle et les annees 1870 et 1880 se caracterise par des coups de pinceau petits, fins, mais neaumoins visibles, une composition ouverte, qui se concentre sur une representation precise de la lumiere et ses qualites changeables, des sujets de tableau de la vie quotidienne, des angles visuels inhabituels, et une inclusion du mouvement comme un element essentiel de la perception et experience humaine. Dans ce sens, le portrait "Tamgarth" repond a tous ces elements essentiels de l'impressionnisme: les lignes entre lumiere et ombre et des contours des visages, de la presence physique et ses rythmes sur le tableau, de la grand - mere et de ses deux neveux sont precis, fins et visibles; la lumiere est un protagoniste marquant, qui augmente l'arriere plan en ombre noir lisse du portrait; les angles visuels inhabituels des mouvements corporels des enfants sur les bras et le dos de la grand - mere, qui se croisent avec precision avec les angles fluides de la robe et les bras et le regard et le mouvement des pieds de la grand - mere; et certainement l'inclusion du mouvement des 3 protagonistes qui illustrent un moment et une experience bien specifique, qui peint une scene de la vie quotidienne de facon unique, dynamique, lumineux. La liste des peintres impressionnistes inclut des noms qui resonnent et evoquent immediatement des images de leurs peintures, en natures mortes, en paysages, et en portraits: la peintre americaine Mary Cassatt (1844 - 1926), nee aux Etats Unis, qui decida de vivre et peindre en France ou elle a passee sa vie, et y a etabli sa renommee comme membre acceptee du groupe d'impressionnistes a Paris, et qui est connue pour ses peintures narratives de femmes et enfants; Edgar Degas (1834 - 1917); Edouard Manet (1832 - 1883); Claude Monet (1840 - 1926), qui a donne le nom Impressionnisme au mouvement; Pierre - Auguste Renoir (1841 - 1919); le peintre anglais Alfred Sisley (1839 - 1899), qui lui aussi vivait et travaillait a Paris, et etait membre du groupe de peintres impressionnistes; et la peintre Berthe Morisot (1841 - 1895), collegue et epouse du peintre Eugene Manet ( 1833 - 1892), le frere du peintre impressionniste Edouard Manet. Il avait une influence moins connue que son frere, et que son epouse et se devouait genereusement a l'avancement de l'art de son epouse Berthe Morisot.  Il y a dans ce groupe d'artistes un peintre mort tres jeune, a l'age de 28 ans, Jean - Frederic Bazille (1841 - 1870) qu'on va etudier de pres, pour le fait que son art montre cette meme fascination et capacite de ralentir la lumiere, comme est visible dans le portrait "Tamgarth" du photographe de l'art berbere Nacer Amari.

          "Tamgarth" est un portrait qui celebre dans un style impressionniste, la grace et resistance feminine kabyle, et rappelle aussi a la lumiere saisie dans un moment ephimere, dans la peinture de Claude Monet de 1875, "La Promenade" qui est un portrait ou est au centre la lumiere, qui entoure a son epouse et son jeune fils. Ce fut un portrait en peinture qui a recu des louanges dans la seconde exposition impressionniste de 1876, pour son ambiance informelle, pour la spontaneite du moment de l'image, pour le traitement de la lumiere. L'art de Jean - Frederic Bazille est remarquable dans le sens que ce peintre savait saisir la lumiere comme si elle etait une substance concrete, aussi reelle que les protagonistes de ses portraits, et c'est cette qualite que reussit a faire resonner Nacer Amari dans son portrait de sa mere et de ses deux neveux, de plus intrigant, parce que "Tamgarth" est un portrait en noir et blanc, et savoir l'infuser avec des touches expressionnistes est deja notable, et reussir a lui infuser aussi une luminosite vibrante telle la lumiere d'un portrait impressionniste, a un effet visuel envoutant. L'expressionnisme avait sa branche de peintres qui utilisaient specifiquement le noir et le blanc comme couleurs exclusives, comme dans le style de l'expressionnisme abstrait dont je parle dans mon article du 14 juillet 2022, "Une Alchimie Audace" sur le portrait "KAMEL" du photographe d'Aokas. Jean - Frederic Bazille est ne en 1841 dans une famille de negociants de vins affluente, et sa famille lui permet de poursuivre l'art de la peinture, aussi longtemps qu'il commence et termine des etudes de medicine. Le jeune artiste rate ces examens finaux en 1864, et decide de se consacrer completement a la peinture. Il s'installe a Paris et devient ami proche des peintres impressionnistes Auguste Renoir, Edouard Monet et Alfred Sisley. Il est vite connu pour son art et pour sa generosite financiere envers les artistes dans le groupe qui en avaient besoin, pour l'espace d'une studio, et les outils de peinture. A l'age de juste 23 ans, il peint sa peinture fameuse, "La Robe Rose" de 1864, et sa peinture la plus connue " La Reunion de Famille" date de 1867 -1868. En aout 1870, juste un mois apres le commencement de la guerre franco - prusse, il joint le regiment Zouave, et prend le poste de commandant pour remplacer le commandant anterieur qui souffre des blessures, et pendant la Bataille de Beaune - la -Rolande, il est gravement blesse et meurt sur le champ de bataille a l'age de 28 ans.  Sa peinture "La Robe Rose" a une qualite si sublime de l'application de la lumiere qui joue avec la couleur rose de la robe de la protagoniste de ce portrait, qui etait sa cousine Therese des Hours, dans ce tableau qui vibre avec une lumiere hypnotique, ensorcelante. La lumiere dans le portrait de famille "La Reunion de Famille" est une lumiere lente, tranquille, qui parait etre une energie vivante, qui avec deliberation bouge entre les differents protagonistes de ce portrait de famille. "Tamgarth", dans les traits feminins de la robe fluide au dessins legers, de la mere du photographe Nacer Amari, les lignes fines des bracelets que porte la grand - mere, ses pieds nus finement sculptes et peints, comme d'une statue dynamique ancienne grecque, et la facon que sa robe longue, fluide, domine la lumiere et mouvement des 3 protagonistes, c'est a dire, la grand - mere, et les deux enfants, cree une impression de vibrance theatrale, d'energie decisive de la part de cette femme sure qui porte sur le dos et dans ses bras les deux bebes, ou elle est au centre de la lumiere, comme dans la toile "La Robe Rose." Le portrait "Tamgarth" en meme temps possede aussi les traits realistes de l'expressionnisme, dans l'energie dynamique des visages, dans le regard des yeux, dans le rythme des mouvements corporels des bras de la grand - mere, qui y unit l'energie du portrait et qui en est son centre dramatique. " La Reunion de Famille" par contre a une lumiere ralentie, et "Tamgarth" aussi possede cette lumier ralentie, ce trait de l'impressionnisme qui sait capturer un moment dans le temps, a travers ce jeu ingenieux de maximaliser la presence et importance de la lumiere, comme le fait dans ce portrait le photographe berbere Nacer Amari, de facon vraiement arretante. Savoir creer cette energie lumineuse et ralentie en meme temps, savoir unir des touches expressionnistes realistes et francs dans les lignes et leurs emotions qu'elles evoquent dans les protagonistes jeunes et la figure centrale de la grand - mere, telle une scene de theatre moderne et dynamique et savoir infuser ce tableau vif et sincer, avec une lumiere eblouisante et reflexive a la fois, est desarmant et genial.  

Trudi Ralston  

La recherche sur le mouvement de l'impressionnisme des annees 1870 - 1880 dans la peinture et la portraiture, sur ses artistes, et sur la vie et l'art de l'artiste peintre impressionniste Jean - Frederic Bazille, courtoisie de Wikipedia.