Monday, January 30, 2023

Sous la Couverture de la Nostalgie: La Photo en noir et blanc "Kefrida sous la Neige" de Nacer Amari - dans la serie "L'Esprit Itinerant"

          La memoire a une grande capacite pour etre exacte, pour etre ne pas seulement visuelle, mais aussi auditive, tactile, en couleurs, en dimensions qui rappellent avec exactitude un son, une voix, une texture, des couleurs, une espace, et l'unisson de ces sensations. Une photo d'ombres nostalgiques, faite en noir et blanc, de la part du photographe d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie, du 23 janvier 2023, "Kefrida sous la neige" cree cette ambiance evocative de la synesthesie artistique. La photo donne l'effet d'un tableau fait en encre, et montre une route de montagne qui descend, une route qui montre les traces de voitures, de marcheurs aussi, avec une voiture en vue, qui parait attendre son chauffeur. Il y a des nuages lourds qui revent tranquils a cote de la montagne, comme en conversation avec elle, et il y a un equilibre visuel parfait entre les lignes horizontales des contours des nuages blancs - gris, et les lignes horizontales noires fines des maisons, de la route sinueuse qui traverse le bas de la montagne, et les empreintes, laissees par les voitures et le passage aussi de personnes a pied. La neige dans ce tableau a une sensation de peinture, elle est en fait le protagoniste de cette photo. L'angle de descente inspire une atmosphere de paix, de pause. La neige en fait a cet effet, d'etre visuellement, une vision de beaute calme, silente, et sa promesse de nourrir les rivieres, les champs, le reve d'un printemps et d'une ete sans soif, sans manque d'eau salvatrice pour la terre et ses recoltes. Comme enfant, la neige etait une chance de jouer dans sa couverture ample, si douce qu'on oubliait le froid qui nous laissait les joues rouges et les doigts geles de faire des boules pour chasser les cousins et faire un grand bonhomme de neige. Le son croquant aussi de la neige sous nos bottes en caoutchouc, et l'air si froid qu'il faisait mal de respirer avec aisance, et le chatouillement des flocons de neige sur les cils, sur la langue, et comme elle collait sur nos moufles de laine, sont des souvenirs que me permettent visiter le tableau nostalgique "Kefrida sous la neige" de Nacer Amari. La neige aussi a cette qualite de changer les sons, elle les rend intime, ainsi invite la meditation interne, et aussi une certaine joie qui s'annonce avec spontaneite, un certain espoir, de voir le monde couvert de sa poudre blanche, brillante comme des joyaux etendus dans l'eclat du soleil, de la lune aussi. La neige a un cote spirituel, qui fait rever aux enfants et aux adultes, pour une innocence, une autre chance selon nos coeurs et ses voeux. La neige invite la pause, le jeu, et on regrette toujours quand elle commence a disparaitre, malgre le gene de circulation, de routes bloquees, de danger aussi, d'isolation, d'incertitude que sa beaute aussi apporte, selon sa duree et intensite, quant a arbres qui tombent, accidents routieres, brume, et coupures de l'electricite. On la voit comme une fee qaund on est enfant, et comme un shaman un peu capricieux qaund on est adulte. "Kefrida sous la neige", me rappelle a l'art des aquarelles, peintures et gravures sur bois et sur acier, de l'artiste americain Harry Fenn (1837 - 1911), qui etait de naissance anglaise, a Londres, qui avait aussi fait des voyages en Egypte et le Moyen Orient. Il etait un artiste de gravures prolifique, qu'il a uni dans trois livres massifs avec son ami et collegue, Douglas Woodward a New York, et qui avait des illustrations de gravures a base de scenes en Europe, et en Egypte, le Sinai et la Palestine. Il faisait aussi des dessins en encre, et des illustrations pour des collections de poemes, et etait membre de la Societe Americaine de l'Aquarelle. Son art avait un public large, pour la popularisation de la nature des Etats Unis, ainsi que la culture d'autres pays qu'il explorait dans son art pendant ses voyages.  Le tableau "Kefrida sous la neige" evoque une multitude d'emotions, estethiques, culturelles. Ce poeme celebre son protagoniste, la neige, et ses inspirations, celebre cette evocation du photographe berbere Nacer Amari pleine de beaute et sentiments qui se croisent, telles lignes blanches - grises - noires d'un dessin en encre de Chine, de cette scene hivernale en Kabylie: 


Sous la Couverture de la Nostalgie


Il y a ce silence, qui comprend, qui ecoute, nos pas qui laissent l'empreinte mouillee, cette blessure d'eau, cett larme, sur sa couverture blanche. 

Elle fait nous rappeler, l'innocence de l'enfance, les cris de joie de surprise, dans le froid solemne que'elle nous avait dessinee avec le pinceau ample et son poids, ses lumieres, ses frissons, et ses ombres.

La neige, elle raconte, elle partage, elle embrasse, et elle nous gene, avec ses mysteres, parfois sa force et ses rages, elle est fee, elle est charite, elle est mystere, et quand elle part, elle laisse un vide. 

Elle a le gout un peu amer, elle disparait, elle se rie un peu de l'etre humain, qui ne comprend pas tout de sa presence, qui la voit majeusteusement sur les collines, sur les montagnes. 

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La neige, elle couvre les betises de l'homme, couvre ses villes de beton et de monstres, avec sa couverture blanche, telle un acte misericorde, telle un chant inaudible, qui adoucit le gene de la terre, couverte en peines, par trop de folies, trop d'egoisme, arrogance, avarice. 

La neige, elle parfois se montre triste, quand elle doit cacher la cruaute humaine, de batiments gris de misere, d'evidence de manque de charite, de sagesse, de respect pour la faune et la flore, pour l'eau, pour ceux qui souffrent, sans abri, sans espoir, sans chaleur, sans tendresse. 

Il y a ce beau silence, de la neige qui pardonne, qui laisse sa beaute qui lave, qui nourrit, qui comprend, qui espere, avec les esprits berberes des rivieres et des montagnes qui l'accueillent, qui revent d'hivers ou elle regne, et chasse l'inquietude croissante du coeur de la terre, epuisee des erreurs du monde devenu sourd et aveugle.


Trudi Ralston

L'information sur le peintre, graveur et illustrateur americain, Harry Fenn, courtoisie de Wikipedia. 

Wednesday, January 25, 2023

La Mesure: Le Portrait "YANIS" de Nacer Amari - dans la serie "L'Esprit Itinerant"

         Un portrait, fait a travers une peinture, une sculpture, ou l'art de la photographie, raconte une histoire, et ce qui rend les arts si fascinants, c'est que cette histoire est double. Le portrait nous invite dans le monde du protagoniste, tel le nous presente le peintre, le sculpteur, ou le photographe, et en meme temps, le portrait invite le spectateur de situer ce portrait dans sa propre experience, de comprendre une facette de sa vie, a travers le moment que l'artiste a su capturer et nous partage. Un portrait en noir et blanc du 23 janvier 2023, "YANIS" de la part du photographe berbere d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie evoque cette double perspective geniale. Le portrait qui montre un resemblance de famille perceptible, est introduit comme tel par l'artiste: "Tu as raison pour mon dernier portrait que j'ai publie, c'est mon petit frere Yanis. Il a 28 ans mais je le vois toujours petit." Je comprends cette notion, car j'avais deux soeurs qui avaient 4 et 5 ans moins que moi, et que j'appelais toujours mes petites soeurs. Le portrait a un impact nostalgique, pour me rappeler a mon frere Bart, qui vivait au Texas, et qui est mort soudainement d'un avevrisme aortique a l'age de 61 ans, quand il etait dans son jardin de devant de sa maison, il y aura 3 ans en juin de cette annee. A cause d'une histoire de famille impossible, je n'avais plus vu a mon frere depuis les funerailles a l'etat de Georgia, dans le Sud des Etats Unis, il y a maintenant presque 25 ans, de notre petite soeur Ludwina, qui souffrait de la depression bi - polaire et qui est morte a l'age de 35 ans, suite d'un suicide.  La mort de Ludwina allait defaire ce qui restait d'illusions d'une famille unie, deja sous un stress irreparable, comme le destin allait rendre evident. La mort et la maladie allait reclamer mon autre soeur, mes deux parents, et mon frere, et je suis la seule membre de ma famille qui reste aux Etats Unis, ce pays qui au lieu de nous unir, m'a pris tant. Le portrait "YANIS" me rappelle que la Kabylie permet mon coeur de poete de vivre dans le present, me permet depuis 2017, de pouvoir m'eloigner, avec dignite, avec calme, de toutes les tragedies de ma famille de sang, ce qui m'a aidee beaucoup dans la guerison des traumes, du gene aussi inevitable, qui vient avec des pertes qui sont profonds et dans beaucoup de sens incomprehensibles. La portraiture de Nacer Amari me permet de voir a la famille a travers une perspective plus ample, la perspective berbere, ou le sens de la communaute, de la terre, de la nature, de la spiritualite et de la mythologie, reflete le coeur humain, complexe et multi - dimensionnel, construit de joies, et de peines. Le coeur kabyle est accueillant, genereux, charitable, et je me sens comme etre part de ma famille berbere, qui, en fait m'a redonnee ma voix de poete, m'encourage l'exploration et approfondissement de mes interets artistiques. La Kabylie est ma muse, ma mere spirituelle, le shaman qui me guerit les blessures de trop d'annees de solitude et isolation, de fiertes blessees, de chagrin lourds, de silences intolerables, d'avoir vecue tants d'annees sans voix, invisible. Le portrait "YANIS" avec son energie d'identite berbere fiere, d'espoir, de dignite et confiance identitaire, me rappelle les beaux souvenirs de mon frere, quand on etait enfants en Flandes. Je me rappelle son interet dans la nature, la biologie. Il aimait beaucoup les animaux, et il dessinait tres bien, surtout ses dessins d'animaux en encre de Chine, etaient tres bien faits. Il avait un physique costeau, et gagneait plus tard comme jeune homme a l'universite a Fort Worth, au Texas, des championnats de musculation. Il avait un bon sens de l'humour, aimait aussi la natation beaucoup. Il allait devenir pere d'un garcon et fille, qui eux memes maintenant ont des enfants, et qu'il n'a pas connu, parce qu'il est mort si soudain, juste avant que sa fille a appris qu'elle allait avoir une petite fille, ainsi que son fils qui lui aussi allait apprendre qu'il allait devenir papa a son tour. Je me rappelle qu'un hiver bien froid ici, a Washinton State ou on vit, il y avait un canard qui chercheait a manger dans le jardin. C'etait si emouvant, car mon frere avait des canards quand il etait petit, et le canard visiteur je voyais comme un symbole de mon frere, qui ne me parlait plus et que je n'ai pas pu revoir avant sa mort, et je n'ai meme pas pu aller a ses funerailles a cause de la pandemie qui etait grave au Texas, et qui avait fort limitee les voyages et les reunions, meme de famille. Le canard est reste au jardin pour deux semaines, et chaque jour je lui parlais, je crois qu'il avait une aile un peu blessee, et je lui donnais a boire, a manger, je lui partageais des histoires de mon frere, des souvenirs. Avec les jours qui passaient, une angoisee m'avait montee, que le moment allait arriver que le canard serait assez fort pour partir, et je me rappelle ce moment, de lui dire adieu, parce que c'etait dire adieu a ce qui me restait de mon frere, et ce chagrin etait si fort, comme si tout mon etre savait, comprenait dans ce moment afreux, de larmes chaudes impuissantes, que je n'allais plus revoir a mon frere dans cette vie, qui en fait, fut ce qui s'est passee. 

        Le portrait "YANIS" a aussi un impact affectif - culturel immediat, pour le fait que le frere du photographe porte un shirt noir avec ecrit en lettres grandes blanches "AMAZIGH" et le regard de fierte identitaire est emouvant. Je suis nee flamande, et depuis avoir perdue ma famille il ne reste qu'un cousin et deux cousines, et une tante agee, avec qui quelques fois l'annee, je peux parler ma langue natale pour une ou deux heures. Pour plusieurs annees, j'ai ecrit en anglais, ma memoire de 2105 "Lionne en Exile" de 2015 est ecrit et publiee en anglais, et plusieurs collection de poemes, comme "Vol Solitaire" (Solo Flight)  et "A Travers le Centre" (Through the Center) mais cela n'adoucissait pas la solitude ou l'isolation identitaire. Cela la Kabylie a reussi de faire, et depuis 2017, tous mes livres et poemes, mon art, celebre ce regal sublime qui m'a sauvee le coeur et ame de poete si longuement en exile culturel et intellectuel. La Kabylie me permet de me guerir les blessures identitaires, et m'eloigne de l'hynose du passe et ses traumes en meme temps. Elle me permet de vivre dans le present, elle est ma mere spirituelle, qui m'a fait comprendre qu'elle m'aime malgre mes peines, ma vulnerabilite, ma fierte facilement froisee. Elle me fait voir mon cote fort, resistant, courageux, me fait comprendre qu'elle comprend les peines, car elle en a subi et subit encore pleines. Les Etas Unis n'a jamais reussi a me comprendre, et cette realite me fait penser souvent aux mots de l'ecrivain anglais, D. H. Lawrence ( 1885 - 1930), qui a vecu pour beaucoup d'annees aux Etats Unis, dans l'etat de New Mexico, le Nouveau Mexique, pour lui permettre une proximite au Mexique, ou il a fait plusieurs voyages. D.H. Lawrence, qui a du quitter l'Angleterre pour les proces de censure a cause de ses livres qui sont maintenant vus comme ayant une force dramatique grande et une subtilite intellectuelle, mais qui a l'epoque scandalisaient la societe anglaise et aussi en fait apres, americaine, pour leur franchise sexuelle et leur interet dans les sentiments de la femme au sujet. Il a fameusement dit des Etats Unis: "L'esprit americain essentiel est dur, reclusif, stoique, et un tueur. Il n'a encore jamais s'attenue." D.H. Lawrence a fini par retourner en Europe, en France, ou il a vecu ses dernieres annees, et ou il est mort dans le Sud de la France, a l'age de 45 ans. Il avait un esprit tres solidaire, ayant grandi dans une famille de mineurs, et se preoccupait avec les sujets de la modernite, de l'industrailisation, et les defis de la classe ouvriere, et ses vues sur la femme aussi et son role dans la societe industrielle, ses vues sur les moeurs et la sexualite, la vitalite, la sante affective, la spontaneite, et l'instinct sont considerees bien avant son temps, ainsi que les relations intimes de personnes qui appartenaient a des classes sociales differentes, comme explore son roman le plus connu, "L'Amant de la Dame Chatterley", de 1928, un livre banni pour beaucoup d'annees, aussi aux Etats Unis. Il aimait aussi beaucoup la nature, et allait faire des voyages, apres 1919, en Australie, Sri Lanka, et l'Italie. D.H. Lawrence qui dans ses portraits en photo faits de lui, montre un visage ou le regard parle d'une sensibilite nuancee et une intelligence astucieuse, comprenait l'importance de la dignite de l'identite, et je vois en lui une ressemblance physique avec les membres masculins de la famille Amari, cette confiance et regard clairs, cette fierte, cet esprit independant, resistant et resolu pour lesquels le peuple berbere est connu. Vivre en dehors de sa culture, ou dehors d'une culture qui sait t'embrasser le coeur, l'esprit, est dur. Je le fais depuis toute une vie, et la culture berbere de la Kabylie m'adoucit cette peine, et me permet de vivre mon ame de poete libre, me permet comprendre ma vie, me permet avoir une voix, une signature visible, ne plus dans les ombres de l'oubli, de la tristesse. Elle est la mere spirituelle qui me prend dans son coeur, son sourire, sa charite, sa sagesse, son histoire, son chagrin a elle. Ma mere biologique a fait beaucoup de degats a mon frere et moi, a nos deux petites soeurs, a notre pere, qui est mort de chagrin, seul, triste, dans les griffes de la demence a l'age de 79 ans, et je pense encore a la chanson "Troy" ( Troie) de 1987 de la chanteuse  irlandaise, Sinead O'Connor (1966), une chanson qu'elle a ecrit et chantee avec sa guitare emblematique a l'age de juste 20 ans, la tete rasee chauve en rebellie contre le commerce du monde de la musique qui voulait lui definir sans accepter ses visions artistiques et intellectuelles ferocement independantes. La chanson "Troy" parle du cauchemar qu'etait sa mere, qui lui abusait terriblement, et la chanson compare cette sauvagerie a la destruction de Troie parce que apres, il ne restait rien, et Sinead O'Connor a ete obligee de se reconstruire, de se guerir du traume, ce qui est loin d'evident, fame ou pas. Il y a des facons de detruire une identite, autant culturellement que personellement, et la Kabylie m'a aidee, m'aide a me reconstruire, les deux, avec chaque portrait, chaque belle photo, qu'elle me donne a travers son art et sa culture, riche toujours en histoire et contexte, en coeur et esprit, comme la portraiture unique en vision et impact, du photographe berbere Nacer Amari, comme son portrait fier et nostalgique de son petit frere "YANIS" vient d'affirmer. La chanson "Troy" dit que la mere n'a rien laissee a detruire: " There is no other Troy/ For you to Burn", "Il ne reste pas un autre Troie pour toi de bruler", ce qui fut le cas dans ma vie, mais depuis 2017, depuis la Kabylie, il y a plein dans le monde de mes poemes, de mon art, a construire, et toujours plein dans la culture berbere a celebrer, a decouvrir, a partager, dans mes livres, leurs articles et poemes, deja ecrits et futurs, et comme le phenix dans la chanson, je vole liberee des flammes, renee, fiere, de mon identite flamande recuperee, de mon esprit vagabond, itinerant, que la Kabylie m'heberge, me voit, m'entend, me comprend.   


Trudi Ralston 

L'information sur l'ecrivain anglais, D.H. Lawrence, et sur la chanson "Troy" de la chanteuse irlandaise de Dublin, Sinead O'Connor, courtoisie de Wikipedia.    

Wednesday, January 18, 2023

L'Ultime Liberte: Une Etude Poetique sur les Portraits Identitaires "Akli", "Adam" et "Seddik" de Nacer Amari - dans la serie "L"Esprit Itinerant"

           Quand j'etais enfant, et adolescente, etre flamand etait une identite qui etait vue avec un melange de reactions. Comme le pays est bi - lingue, ou la langue fracophone du wallon dominait, les annees 1960 et 1970 etaient les annees du mouvement pour l'egalite linguistique - economique - sociale et politique, et des milliers d'etudiants etaient dans les rues en 1969 pour demander que finalement les cours universitaires seraient aussi donnee en flamand, ce qui finalement le gouvernement a declaree un droit. Faire la visite a Bruxelles, Brussel en flamand, comme jeune adolescente de 13 ans, etait une experience bien mixte, car ma mere insistait meme a ce moment de parler le francais - elle avait ete eduquee dans un lycee francophone a Gent, quoique Gent est une ville flamande. J'etais bien fachee avec elle, ce qui n'etait pas sans risque, et je lui parlais en flamand, ce qui lui avait irritee beaucoup, mais mon esprit deja rebelle ne cedait pas. La derniere fois que j'ai ete en Belgique fut en 1987, juste avant tous les problemes et morts et maladies dans la famille, et parler le flamand a Bruxelles comme personne flamande etait fait avec fierte, et les commercants faisaient un effort sincer de parler le flamand meme quand leur accent etait clairement wallon. Les 3 portraits identitaires de Nacer Amari de Tassi Photographie m'inspirent un second article et poeme, apres mon article et poeme "La Clef du Shaman" du 17 janvier 2023, pour l'importance qu'a pour mon coeur de poete en exile, l'identite et l'appartenance culturelle - linguistique. Comme introduction, les mots du photographe sont importants, comme contexte qui illumine l'odysee explorative qu'est pour moi cette decouverte profonde de la Kabylie, de son peuple de qui son coeur et esprit sont une espace grande, accueillante, ou regne la charite et la tolerance, la sagesse et la spiritualite sacrales envers la nature, la liberte, la dignite: "Mon premier portrait, "Akli", parle d'un jeune homme voisin, le sourire ne quitte jamais ses levres, jusqu'a avoir des rides sur le visage qui est un visage typiquement berbere. Pour son prenom, tu connais deja la signification, c'est Esclave pour le chasser de mauvais oeil. Le deuxieme portrait nous raconte l'histoire du premier homme "Adam" ( Adan), j'aime en lui le visage rond, claire, timide. Adam est le neveu de Mustapha, le maquisard. Le dernier portrait "Seddik", est un jeune d'Aokas, ne avec un trouble mental et un mal formation physique. Des que je le vois, l'histoire de homo sapiens me vient a l'esprit. Voila un tout petit apercu sur mes trois derniers portraits." Ces mots du photographe astucieux et tranquil, evoquent beaucoup d'emotions, et pensees, qui touchent un eventail de couleurs quant a identite, et les defis qu'affronte l'etre humain sur le chemin du destin. Les portraits sont en noir et blanc, ce qui augmente leur qualite introspective, et leur qualite intime, qui invite le spectateur au monde interieur des 3 protagonistes, de facon discrete, respectueuse, un trait signature de l'art de portraiture du photographe. Le photographe permet aux protagonistes de ses portraits de reveler ce qu'ils sentent possible ou sauf de reveler, ce qui prend de la patience, et une attitude de reverence envers chaque personne qui se trouve face a sa camera. Je me rappelle encore tres bien, toutes ces annees plus tard, la seule fois que mon portrait a ete fait, en noir et blanc, quand j'etais enfant, et j'avais moins de 8 ans. Je me rappelle encore les lumieres du studio, la facon rassurante du photographe, et la fierte apres, de voir les portraits, il en avait plusieurs, et de les montrer a mon petit frere et mes petites soeurs, qui apres moi, etaient aussi pris en portrait. Quoique je suis l'ainee des enfants dans ma famille, je suis la seule qui est vivante, y compris mes parents, qui sont morts en 2008, ma mere au Texas, mon pere a Oostende, en Belgique. Mon frere est mort au Texas il y a deux ans, et mes deux petites soeurs sont mortes en Georgia, dans le sud des Etats Unis. Le souvenir de ces portraits de nous comme enfants, m'emotionne jusqu'a aujourd'hui. On n'avait aucune idee des defis qui nous attendaient, ni du fait que je resterai la louve solitaire, a toujours loin de ses racines, de ses origines. Pour cette raison, la portraiture me fascine profondement, et la portraiture des enfants, hommes et femmes kabyles de Nacer Amari occupe un interet singulier pour le lien avec l'identite et la culture et histoire berbere, une histoire qui est supremement liee a la lutte continue pour la liberte autant linguistique, mythologique, sociale, creative, intellectuelle. 

            Beaucoup d'annees allaient passer entre mon depart vers les Etats Unis a l'age de 19 ans, et la heureuse decouverte de la culture de la Kabylie en 2017. J'ai souvent l'impression que tout ce que j'ai du tolerer quant a invisibilite, a indifference, a humiliation, a solitude, a desespoir, etait l'epreuve qui m'a construit une fortitude de caractere, une volonte de fer, un inchangeable courage, et une sensibilite determinee, qui petit a petit, se transformait dans une capacite de mettre a la memoire les notes, les melodies, les rythmes de poemes qui n'arrivaient pas a se vocaliser, a unir les mots, les fragments de versets, d'une voix que je pouvais entendre se battre pour s'exprimer, et qui restait muette, dans l'isolation persistante culturelle et intellectuelle et sociale. C'etait comme etre enterree vivante, sans meme pouvoir crier ma detresse affreuse. La Kabylie a changee tout ca, elle m'a sorti de ce cercueil, m'a appris a utiliser ma voix, et m'a appris les rythmes pour liberer mes poemes, mes livres, mon art, prisonniers si longtemps. Je pense encore a la chanteuse irlandaise, Sinead O'Connor (1966), de qui je parle aussi dans mon article et son poeme " La Clef du Shaman", une femme qui a souffert beaucoup et qui fut liberee de ses traumes a travers la musique. A l'age de 27 ans, elle a chantee, sans soutien d'instruments ou groupe ou orchestre, la chanson "Danny Boy", qui est une chanson d'amour pour l'Irlande, qui affirme que l'identite sait vaincre meme la mort, dans la facon que la chanson unit l'amour pour l'Irlande a son amour au coeur, prisonnier des incertitudes de la guerre. Cette chanson si tendre et si courageuse et fiere tout en un, me fait beaucoup penser a la Kabylie, qui a survecu tants de conflits et guerres pour sauvegarder son identite, sa voix, sa liberte. Les portraits kabyles de Akli, Adan et Seddik affirment dans leur dignite, leur fierte, la grace sublime qu'est pour moi etre une poete flamande - americaine en exile, qui chaque jour a nouveau, depuis 2017 deja, voit affirmee son identite, sa fierte, sa dignite, et sa lutte continue pour la liberte.  Ce poeme est en honneur de Akli, de Adan, de Seddik, en honneur de l'art du photographe Nacer Amari, en honneur de sa famille et toute ma famille berbere, en honneur du coeur fort et resistant de la Kabylie: 


L'Ultime Liberte


L'ultime liberte est un acte de defi, c'est se voir toutes les blessures, et de les laisser tomber, c'est prendre leur peine, leur humiliation, et de les couper de l'ego, du coeur, du sang. 

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L'ultime liberte est un cri d'amour si grand qu'il dechire ce qui reste des cicatrices a l'ame, a la dignite, c'est le regard fier, certains diraient insolent, de se savoir blessee tants de fois, que la fleche la plus profonde ne fait pas mal. 

***   *   ***   *   ***   *   ***

L'ultime liberte est savoir aller au - dela de tout ce qui t'as marquee, tout ce qu'on t'a fait, c'est crier dans ce desert de silence, jusqu'a briser la tempete noire que t'y a laissee les saisons de la patience. 

***   *   ***   *    ***   *   ***

L'ultime liberte est de s'armer de la connaissance, transparente, claire, comme le soleil a l'aube, claire comme la lune de rouge et de bronze, l'ultime liberte est un acte, est le defi qui fait fuire tout ce qui pense, tout ce qui tremble devant ton coeur qui ne peut plus mourir, qui n'a plus rien a craindre car il a vu, il a compris la melodie de la flute berbere, venant des montagnes et souffle grand du Djurdjura, ce sourire de l'Infini. 


Trudi Ralston




Tuesday, January 17, 2023

La Clef du Shaman: Les Portraits Identitaires de Nacer Amari - dans la serie "L'Esprit Itinerant"

           A l'age de 12 douze ans, j'ai commencee a apprendre le latin, et a l'age de 13 ans, commenceait l'entrainage dans l'ancien grec au lycee en ville, a cote du village ouest - flamand ou je suis nee. Apprendre le grec ancien m'a introduit a un alphabet nouveau, completement inconnu, et je me rappelle les heures de frustration essayer de memoriser et visualiser les symboles grecs des lettres avec leur son, leur ordre, pour apres commencer a apprendre les lettres qui unissaient les mots. On nous a appris d'ecrire en grec ancien, de le traduire, et d'ecrire des textes flamands traduit de l'ancien grec a nouveau en grec. C'est ainsi que j'ai ete introduite comme jeune adolescente aux textes d'Homere, de Platon. Ce fut une experience extra - ordinaire pour une adolescente qui avait une passion pour les langues, l'histoire, l'archeologie. La decouverte de la Kabylie en 2017, a travers la musique de Idir, paix a son ame, a ouvert un univers magnifique de culture, de nature, d'histoire, et une fascination pour les sons de la langue berbere, et les symboles du Tifinagh. C'est la Kabylie qui m'apprend a briser les murs de l'isolation de ma vie de poete, qui est ma muse si accueillante, et qui en fait, m'apprend une toute nouvelle configuration pour ma prose et le langage de mes poemes. Il y a trois portraits recents du photographe kabyle d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie, trois portraits en noir et blanc, du 24 et 28 decembre 2022 et du 15 janvier 2023, qui ont le titre du portrait en Tifinagh. Ce sont des portraits d'un jeune garcon, d'un jeune homme et d'un homme adulte, qui ont un impact pour la fierte dans le regard, qui dit, "je suis ici, je sais qui je suis". Ce qui est tres fort, pour une personne comme moi qui a souffert beaucoup pour la perte de cette conviction, de savoir qui je suis, quant a identite, quant a langue, quant a heritage et culture, pour avoir quittee mon pays, ma famille, a l'age de 19 ans pour venir etudier aux Etats Unis, en obeissance d'un voeu de mon pere, qui avait voulu comme jeune homme immigrer au Canada, et que la mort de mon grand pere quand mon pere avait 14 ans, avait rendu impossible, pour le besoin de prendre soin de sa mere veuve ensemble avec ses 3 soeurs, pendant la Seconde Guerre Mondiale. J'etais bien preparee pour les etudes universitaires aux Etats Unis, au Texas, ou mon pere avait des amis, mais le vide et le choc d'un monde si different auquel que j'avais eue l'habitude, qui avait ete un monde d'arts, de culture, d'une grande famille avec beaucoup de cousins, de tantes, oncles, grandparents,... avec des echanges culturelles, des voyages, etait supplantee avec un monde de perspectives tres conservatoires, tres limitees, racistes aussi, et me laissaient terriblement seule, meme entouree constamment de personnes. L'art de la portraiture du photographe Nacer Amari, ces captivants portraits d'enfants, hommes et femmes kabyles, touche une note tres sensible dans mon coeur depuis si longtemps en exile culturel et indentitaire, et les portraits ou sont visibles les titres en Tifinagh, sont tres emouvants. La Kabylie est le shaman qui m'a donnee la clef qui a brisee cette torture d'etre muette pour toute une vie, ou les poemes etaient sous le sortilege d'une solitude si profonde, que je n'arrivais pas a les formuler. Cette clef depuis, a donnee vie a 10 livres de prose et poemes, et des pieces de broderie, des portraits, qui celebrent la richesse de la culture kabyle, de son esprit infatigable, fier, resistant. Il y a une chanteuse irlandaise que j'aime beaucoup, une rebelle avant la lettre, qui a survecue une enfance d'abus horrifiant aux mains de sa mere, et qui a su se guerir et tansformer toutes les peines a travers sa musique, sa voix puissante, Sinead O'Connor (1966) qui a souvent ete critiquee et menacee aussi, pour sa franchise intellectuelle et artistique. Elle a fameusement dit une phrase qui me donne des frissons : " J'ai ete souvent condamnee parceque on me disait que je voulais etre trop libre, comme si c'est meme possible pour une personne, d'etre trop libre." Cela resonne tres fort dans mon coeur, car c'est la Kabylie qui m'a appris, qui m'apprend a continuer a exprimer ma voix, ne plus muette, ne plus inaudible. Avoir une identite, est avoir une voix, et etre permis d'avoir une voix, est avoir une chance a la dignite, a la liberte. Je pense souvent a l'ecrivain Maitre Rachid Oulebsir, qui avec une energie et dedication infatigables, voyage les routes de la Kabylie, pour promouvoir la culture kabyle, son riche heritage mythologique, historique, culturel, c'est un intellectuel qui merite toutes les accolades, et qui souvent m'inspire de ne pas abandonner mes efforts de celebrer l'importance spirituel et artistique de la culture berbere de l'Afrique du Nord. C'est difficile de decrire le vide et la nausee en moments de vivre sans sa langue, sa famille de naissance, son heritage, son histoire, sa mythologie, mais la Kabylie me redonne ma fierte, mon identite, l'a resuscitee, plus resistante, plus fiere, c'est elle qui met les couleurs et les melodies a mes poemes, mes articles, mes livres. Sans elle, je ne m'aurais jamais liberee du sortilege cruel de m'avoir vu mis dans cette prison de solitude, c'est elle qui m'a donnee la force de briser ces terribles murs durs qui m'avaient laissee condamnee a un etre deux - dimensionnel, un purgatoire existenciel, ou j'etais devenue un etranger a moi - meme, condamnee a voir mon coeur, mon esprit, ma muse, en chaines pour la vie. J'ai un desir fervent de vouloir apprendre le kabyle, de pouvoir toucher avec mon coeur, la langue du peuple qui a travers son accueil chaleureux et charitable, m'a sauvee la vie de poete. La Kabylie, ce shaman puissant, qui m'a apportee la clef de ma muse, qui a mis fin a des souffrances affectives et sociales, artistiques et intellectuelles, affreuses, et qui est d'accord avec Sinead O'Connor et moi, quant au mystere et sa question: peut - on en fait, comme personne, etre trop libre? Est - ce meme possible? La lutte continue pour la dignite de l'identite culturelle en Irlande, en Kabylie, dans tants de pays et cultures, pour tants d'artistes et poetes, pour tants d'esprits fiers, parait indiquer qu'en fait, le jour est loin sur cette terre, quand toutes les cultures de la planete pourront celebrer et repeter avec confiance: ca y est, on es tous libre, et personne ne le nous empeche, personne ne doute que la liberte doit etre sans limites, comme l'horizon, comme le ciel et le firmament, personne a le droit de voler les ailes d'un autre etre humain, pour n'importe quelle raison, sous n'importe quel pretexte. Ce poeme celebre cet espoir, et celebre l'identite fiere des portraits kabyles de Nacer Amari:


Je suis ici


Regarde - moi en face, je sais qui je suis, tu ne vas pas me l'enlever, cette identite, cette fierte. Je suis descendant d'un peuple resolu, qui a survecu tants de conflits depuis son arrivee sur cette terre. J'ai au sang des milliers d'annees de resistance, ce n'est pas toi maintenant qui va changer ma confiance. 

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Surement, tu vois dans mon regard, que j'ai dans mon coeur, mon ame, le cri encore vif des guerriers berberes qui ont fait fuire les aggresseurs qui n'avaient aucun respect pour nos ancetres. Surement, tu comprends, que je suis sous la protection des esprits de mes montagnes, de mes rivieres. 

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J'ai dans les yeux, dans la volonte, la sagesse accumulee de dizaines de civilisations, qui ont essayee de m'assimiler, et qui n'y ont pas reussi. J'ai dans les reves, dans les visions, le passe, le present et le futur, j'ai dans les mains, dans le sourire l'energie de la charite, du partage, envers ceux qui cherchent un abri des trucs du mal.

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Viens danser avec moi, apporte une flute, un tambour, un chant, viens apprendre de moi, de ma musique, de mes festivals. Viens et repose tes os et leur fatigue sous l'olivier avec moi, apres le travail de la terre et ses recoltes, viens jouer avec les enfants, ecoute les contes des anciens et dors ici sous les etoiles. 

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Ici, en Kabylie, tu es chez toi, laisse tomber le poids lourd de tes chagrins. Ici le temps n'est pas un ennemi, mais un partenaire, qui nous aide a suivre les rythmes du soleil et de la lune, qui adoucit le sommeil et ses avontures. Je suis kabyle, aucun defi m'est inconnu, et aucun defi aura le dernier mot. 


Trudi Ralston 



   

Saturday, January 14, 2023

Rares - Un Poeme dans la serie "Les Blessures de Chiron"

         Ce poeme est ecrit pour ces rares personnes qui savent nous voir l'ame et le coeur, transparent, malgre toutes les cicatrices qui les obsurcissent. Ces rares personnes qui voient une page blanche chaque fois qu'elles nous parlent, parce que leur gentillesse, leur tendresse nous lave le gris que la solitude, le chagrin, les peines, que la vie et ses defis nous a laissee, qui ont mis des ombres sur les couleurs du tableau de nos experiences, de nos blessures auxquelles elles rendent, y retournent la dignite, la charite, la clarte. Ce poeme est en reconnaissance de ces personnes exceptionnelles, qui nous aident a toujours choisir a nouveau le courage, l'amour, le sourire: ces personnes qui sont la lumiere, et le soleil, meme quand notre coeur, notre ame, notre esprit se voient entouree de tempetes, de noir, de brume, de froid:


Rares 


Rares sont les personnes qui nous voient les defauts, les faiblesses, les angoisses, les genes, et qui nous aiment quand - meme. Rares sont ces esprits gentils, qui savent ouvrir les fenetres de notre ame, pour y laisser l'air fraiche de leur sourire, de leur voix qui nous dit bonjour chaque matin, et nous laissent savoir que pour elles ont est visible, qu'on n'est pas seul sur le sentier des exigences du chemin quotidien.

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Rares sont les personnes qui savent habiller les trous visibles dans la robe de nos illusions, rares sont ces esprits pleins de leurs propres problemes, qui trouvent toujours le temps de nous calmer les eaux troubles, de nous soulager les detresses avec leur patience, leur silence guerisant. Rares sont ces amis qui ne cherchent pas a juger, qui au lieu donnent de leurs propres batailles l'epee qui les a sauvee du danger. 

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Quelle joie, quelle exhiliration sublime, de savoir qu'il y a des personnes, si discretes, si accueillantes, qui connaissent l'alphabet a d'autres incomphrehensible, de nos messages, de ces cris de tambour, de ses sons de violon, de sa voix de guitare, de ses larmes, de ses victoires, de ses reves, de ses extases. 

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Quelle grace est se savoir sans raison de peur, de detresse, parce qu'il y a dans cette vie ces rares personnes qui savent habiter les creux et espaces de notre etre, et que sans elles on serait un coeur, une ame, a toujours trahie, a toujours banie, eternellement exilee, seule, ni vu, ni entendu, que sous forme de chimere, naufragee, somnambule, oiseau sans ailes, sans ciel, sans terre.  


Trudi Ralston   

Monday, January 9, 2023

Le Reveur Pratique : Un Poeme d'Espoir - dans la serie "Les Blessures de Chiron"

         Ce poeme - chanson est une invocation du courage et de l'espoir, et la melodie m'est venue pensant aux chansons blues si melancholiques et visionnaires de la diva noire Billie Holiday (1915 - 1959). Sa fameuse chanson qui decrivait l'horreur des lynchages dans le Sud des Etats Unis, "Strange Fruit", "Fruit Etrange", ecrit par l'ecrivain americain Abel Meeropol, qui avait ete temoin des lynchages brutales des noirs dans les annees 1930. La chanson de 1939 fut interdite d'etre jouee pour beaucoup d'annees, pour etre trop descriptif et vrai, et est consideree maintenant la chanson qui a inspiree le mouvement pour les droits civiles pour la population noire des Etats Unis dans les annees 1950 et 1960, et est part de l'heritage de chansons historiques registrees de la Librairie du Congres du pays, et reste la chanson la plus fameuse de Billie Holiday. Le monde parait souffrir d'une incapacite paralysante de voir clair dans ce qui est important, comme la chance que la planete et nos enfants survivent les abus de la nature et ses lois et ressources, et un retour alarmant ici et dans beaucoup de pays vers un fanatisme de racisme, intolerance, violence et haine. Les mots me sont venus comme dans une trance d'emotions, de vouloir croire que le bien gagnera, aussi longtemps qu'il ne perde pas les convictions et les energies. Je dedique "Le Reveur Pratique" a ma famille d'amis et collegues en Kabylie, qui m'a deja inspiree tants de mes poemes et leur courage, leur joie, leur espoir et leurs visions: 


Le Reveur Pratique 


Est - ce possible, si on fait un effort croyable, qu'un jour la terre sera guerie des abus de ses exploitants? Est - ce possible, avec au dos un sac resolu de courage, et au coeur une chanson ou brille le soleil et sa chaleur et pouvoir, qu'un jour nos enfants ne devront plus perdre le sommeil pour ce que souffre la terre et ses montagnes et rivieres?

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Il faut le croire, que la planete ne perdra pas ses belles couleurs, que l'etre humain restera au coeur libre, pour cultiver la terre et ses recoltes, pour s'assurer que l'arc en ciel des fleurs et plantes, de la faune et ses merveilles, restera pour assurer que continue l'histoire de notre presence humaine, qui celebre la grande famille diverse et belle de tants de peuples unis en esprit, en traditions et mythologies. 

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Si le poids lourd du mal, ses pierres et rochers malevolents savent peser et decourager le coeur et esprit humain, si son ombre noire et asphixiante sait demolir les chemins qui menent a la joie de la dignite, et appartenance, alors, a voir si on arrive a se construire un pont different, un pont qui est fait du fer de la volonte et de sa resistance,

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de l'importance et sa manifestation concrete qu'est la charite et ses bras et sourire ouverts et prets a travailler pour tout ce qui est bien et guerisant. A voir si on arrive a construire un pont immense, qui touche les reves des esprits anciens des montagnes et rivieres qui sauvegardent despuis des milliers d'annees les reves des poetes et des coeurs libres, des visionnaires et des enfants. 

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A voir, si ce pont pour le moment encore ne pas tres visible, se renforce avec le temps, car si le mal et ses metamorphes sait se construire des tours qui cherchent a effacer les melodies, les poemes, qui celebrent la vie et la beaute des saisons sans poisons, a voir, si les notes des voix et instruments qui chantent pour le retour a une terre et communautes qui vivent libre des spectres de la destruction, 

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arrivent a se construire des ponts faits de l'espoir et son poids considerable et solide, pour unir, pour partager, pour apprendre, pour donner, pour aimer, pour comprendre, qu'on est tous fait de la meme chair, du meme souffle, qu'on a tous besoin de familles, de la fierte indentitaire, des fruits des saisons, et le labeur sincer des agriculteurs et leur sagesse et raison. 

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Si on reve ensemble, et met chaque reve et sa beaute, force et poids, ses couleurs belles et brillantes, la comme des fleurs grandes sur le tableau du ciel et son soleil et son firmament, les esprits anciens de la terre, si douteux de ce qui arrive avec l'etre humain et ses erreurs desastreuses, vont voir que le poids du bien qu'on ainsi accumule deviendra plus impressionnant, vont remarquer leur poids collectif, grand.

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Allons, revons ensemble, a voir si on arrive a se construire une nouvelle perspective, celle qui croit au - dela de tous les defis, que chaque belle pensee, chaque belle invocation, comme savent les poetes et les enfants, laisse son poids la pres les rives ou revent aussi les esprits, pour enlever, petit a petit, le poids morose et gris que le mal avec notre fatigue et tristesse accumulees, s'est bati. 

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Alors, chaque jour a nouveau, pensons et chantons, et revons, et faisons chacun et chacune selon notre talent, selon notre vision, selon nos circonstances, une graine faite de joie, de courage, pour lui planter dans la conscience collective, du coeur humain benevolent, pour que petit a petit, on voit fleurir les recoltes nourries de bonne volonte, d'eau de l'espoir et de racines et fruits de la charite, du partage. 

* * * * * * * * * * * * * 

Car les esprits des montagnes et rivieres savent qu'il ne faut jamais sous - estimer le pouvoir des energies des coeurs et ames unies, qui cherchent a reveiller le poids considerable, le poids des connaissances de la terre, le poids d'une vision unie, pour chasser le cauchemar que se cherche a perpetuer le mal et ses miserables: une voix qui reve, qui chante, est une force qui guerit. 

* * * * * * * * * * * * * 

Si tu as une voix qui tremble, si tu as une voix grande, de force, si tu sais juste une melodie ou des notes et chansons et poemes en abondance, chante, avec la voix petite ou grande, chante et reve tes visions du bien dans toutes les couleurs que tu sais voir et comprendre. 

* * * * * * * * * * * * *

Fais chanter ta voix, ta guitare, tes mains, ton tambour, meme ta casserole, chante, implore, reve, ajoute ta voix et ses visions de courage, d'espoir, d'amour, de charite, et un jour, le pont, fait de toutes ces energies, de tous ces courages, sera pret, solide, pour qu'on le traverse ensemble, uni, libre.  


Trudi Ralston