Tuesday, January 17, 2023

La Clef du Shaman: Les Portraits Identitaires de Nacer Amari - dans la serie "L'Esprit Itinerant"

           A l'age de 12 douze ans, j'ai commencee a apprendre le latin, et a l'age de 13 ans, commenceait l'entrainage dans l'ancien grec au lycee en ville, a cote du village ouest - flamand ou je suis nee. Apprendre le grec ancien m'a introduit a un alphabet nouveau, completement inconnu, et je me rappelle les heures de frustration essayer de memoriser et visualiser les symboles grecs des lettres avec leur son, leur ordre, pour apres commencer a apprendre les lettres qui unissaient les mots. On nous a appris d'ecrire en grec ancien, de le traduire, et d'ecrire des textes flamands traduit de l'ancien grec a nouveau en grec. C'est ainsi que j'ai ete introduite comme jeune adolescente aux textes d'Homere, de Platon. Ce fut une experience extra - ordinaire pour une adolescente qui avait une passion pour les langues, l'histoire, l'archeologie. La decouverte de la Kabylie en 2017, a travers la musique de Idir, paix a son ame, a ouvert un univers magnifique de culture, de nature, d'histoire, et une fascination pour les sons de la langue berbere, et les symboles du Tifinagh. C'est la Kabylie qui m'apprend a briser les murs de l'isolation de ma vie de poete, qui est ma muse si accueillante, et qui en fait, m'apprend une toute nouvelle configuration pour ma prose et le langage de mes poemes. Il y a trois portraits recents du photographe kabyle d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie, trois portraits en noir et blanc, du 24 et 28 decembre 2022 et du 15 janvier 2023, qui ont le titre du portrait en Tifinagh. Ce sont des portraits d'un jeune garcon, d'un jeune homme et d'un homme adulte, qui ont un impact pour la fierte dans le regard, qui dit, "je suis ici, je sais qui je suis". Ce qui est tres fort, pour une personne comme moi qui a souffert beaucoup pour la perte de cette conviction, de savoir qui je suis, quant a identite, quant a langue, quant a heritage et culture, pour avoir quittee mon pays, ma famille, a l'age de 19 ans pour venir etudier aux Etats Unis, en obeissance d'un voeu de mon pere, qui avait voulu comme jeune homme immigrer au Canada, et que la mort de mon grand pere quand mon pere avait 14 ans, avait rendu impossible, pour le besoin de prendre soin de sa mere veuve ensemble avec ses 3 soeurs, pendant la Seconde Guerre Mondiale. J'etais bien preparee pour les etudes universitaires aux Etats Unis, au Texas, ou mon pere avait des amis, mais le vide et le choc d'un monde si different auquel que j'avais eue l'habitude, qui avait ete un monde d'arts, de culture, d'une grande famille avec beaucoup de cousins, de tantes, oncles, grandparents,... avec des echanges culturelles, des voyages, etait supplantee avec un monde de perspectives tres conservatoires, tres limitees, racistes aussi, et me laissaient terriblement seule, meme entouree constamment de personnes. L'art de la portraiture du photographe Nacer Amari, ces captivants portraits d'enfants, hommes et femmes kabyles, touche une note tres sensible dans mon coeur depuis si longtemps en exile culturel et indentitaire, et les portraits ou sont visibles les titres en Tifinagh, sont tres emouvants. La Kabylie est le shaman qui m'a donnee la clef qui a brisee cette torture d'etre muette pour toute une vie, ou les poemes etaient sous le sortilege d'une solitude si profonde, que je n'arrivais pas a les formuler. Cette clef depuis, a donnee vie a 10 livres de prose et poemes, et des pieces de broderie, des portraits, qui celebrent la richesse de la culture kabyle, de son esprit infatigable, fier, resistant. Il y a une chanteuse irlandaise que j'aime beaucoup, une rebelle avant la lettre, qui a survecue une enfance d'abus horrifiant aux mains de sa mere, et qui a su se guerir et tansformer toutes les peines a travers sa musique, sa voix puissante, Sinead O'Connor (1966) qui a souvent ete critiquee et menacee aussi, pour sa franchise intellectuelle et artistique. Elle a fameusement dit une phrase qui me donne des frissons : " J'ai ete souvent condamnee parceque on me disait que je voulais etre trop libre, comme si c'est meme possible pour une personne, d'etre trop libre." Cela resonne tres fort dans mon coeur, car c'est la Kabylie qui m'a appris, qui m'apprend a continuer a exprimer ma voix, ne plus muette, ne plus inaudible. Avoir une identite, est avoir une voix, et etre permis d'avoir une voix, est avoir une chance a la dignite, a la liberte. Je pense souvent a l'ecrivain Maitre Rachid Oulebsir, qui avec une energie et dedication infatigables, voyage les routes de la Kabylie, pour promouvoir la culture kabyle, son riche heritage mythologique, historique, culturel, c'est un intellectuel qui merite toutes les accolades, et qui souvent m'inspire de ne pas abandonner mes efforts de celebrer l'importance spirituel et artistique de la culture berbere de l'Afrique du Nord. C'est difficile de decrire le vide et la nausee en moments de vivre sans sa langue, sa famille de naissance, son heritage, son histoire, sa mythologie, mais la Kabylie me redonne ma fierte, mon identite, l'a resuscitee, plus resistante, plus fiere, c'est elle qui met les couleurs et les melodies a mes poemes, mes articles, mes livres. Sans elle, je ne m'aurais jamais liberee du sortilege cruel de m'avoir vu mis dans cette prison de solitude, c'est elle qui m'a donnee la force de briser ces terribles murs durs qui m'avaient laissee condamnee a un etre deux - dimensionnel, un purgatoire existenciel, ou j'etais devenue un etranger a moi - meme, condamnee a voir mon coeur, mon esprit, ma muse, en chaines pour la vie. J'ai un desir fervent de vouloir apprendre le kabyle, de pouvoir toucher avec mon coeur, la langue du peuple qui a travers son accueil chaleureux et charitable, m'a sauvee la vie de poete. La Kabylie, ce shaman puissant, qui m'a apportee la clef de ma muse, qui a mis fin a des souffrances affectives et sociales, artistiques et intellectuelles, affreuses, et qui est d'accord avec Sinead O'Connor et moi, quant au mystere et sa question: peut - on en fait, comme personne, etre trop libre? Est - ce meme possible? La lutte continue pour la dignite de l'identite culturelle en Irlande, en Kabylie, dans tants de pays et cultures, pour tants d'artistes et poetes, pour tants d'esprits fiers, parait indiquer qu'en fait, le jour est loin sur cette terre, quand toutes les cultures de la planete pourront celebrer et repeter avec confiance: ca y est, on es tous libre, et personne ne le nous empeche, personne ne doute que la liberte doit etre sans limites, comme l'horizon, comme le ciel et le firmament, personne a le droit de voler les ailes d'un autre etre humain, pour n'importe quelle raison, sous n'importe quel pretexte. Ce poeme celebre cet espoir, et celebre l'identite fiere des portraits kabyles de Nacer Amari:


Je suis ici


Regarde - moi en face, je sais qui je suis, tu ne vas pas me l'enlever, cette identite, cette fierte. Je suis descendant d'un peuple resolu, qui a survecu tants de conflits depuis son arrivee sur cette terre. J'ai au sang des milliers d'annees de resistance, ce n'est pas toi maintenant qui va changer ma confiance. 

*  **  *  **  *  **  * 

Surement, tu vois dans mon regard, que j'ai dans mon coeur, mon ame, le cri encore vif des guerriers berberes qui ont fait fuire les aggresseurs qui n'avaient aucun respect pour nos ancetres. Surement, tu comprends, que je suis sous la protection des esprits de mes montagnes, de mes rivieres. 

*  **  *  **  *  **  * 

J'ai dans les yeux, dans la volonte, la sagesse accumulee de dizaines de civilisations, qui ont essayee de m'assimiler, et qui n'y ont pas reussi. J'ai dans les reves, dans les visions, le passe, le present et le futur, j'ai dans les mains, dans le sourire l'energie de la charite, du partage, envers ceux qui cherchent un abri des trucs du mal.

*  **  *  **  *  **  * 

Viens danser avec moi, apporte une flute, un tambour, un chant, viens apprendre de moi, de ma musique, de mes festivals. Viens et repose tes os et leur fatigue sous l'olivier avec moi, apres le travail de la terre et ses recoltes, viens jouer avec les enfants, ecoute les contes des anciens et dors ici sous les etoiles. 

*  **  *  **  *  **  * 

Ici, en Kabylie, tu es chez toi, laisse tomber le poids lourd de tes chagrins. Ici le temps n'est pas un ennemi, mais un partenaire, qui nous aide a suivre les rythmes du soleil et de la lune, qui adoucit le sommeil et ses avontures. Je suis kabyle, aucun defi m'est inconnu, et aucun defi aura le dernier mot. 


Trudi Ralston 



   

No comments:

Post a Comment