Wednesday, January 18, 2023

L'Ultime Liberte: Une Etude Poetique sur les Portraits Identitaires "Akli", "Adam" et "Seddik" de Nacer Amari - dans la serie "L"Esprit Itinerant"

           Quand j'etais enfant, et adolescente, etre flamand etait une identite qui etait vue avec un melange de reactions. Comme le pays est bi - lingue, ou la langue fracophone du wallon dominait, les annees 1960 et 1970 etaient les annees du mouvement pour l'egalite linguistique - economique - sociale et politique, et des milliers d'etudiants etaient dans les rues en 1969 pour demander que finalement les cours universitaires seraient aussi donnee en flamand, ce qui finalement le gouvernement a declaree un droit. Faire la visite a Bruxelles, Brussel en flamand, comme jeune adolescente de 13 ans, etait une experience bien mixte, car ma mere insistait meme a ce moment de parler le francais - elle avait ete eduquee dans un lycee francophone a Gent, quoique Gent est une ville flamande. J'etais bien fachee avec elle, ce qui n'etait pas sans risque, et je lui parlais en flamand, ce qui lui avait irritee beaucoup, mais mon esprit deja rebelle ne cedait pas. La derniere fois que j'ai ete en Belgique fut en 1987, juste avant tous les problemes et morts et maladies dans la famille, et parler le flamand a Bruxelles comme personne flamande etait fait avec fierte, et les commercants faisaient un effort sincer de parler le flamand meme quand leur accent etait clairement wallon. Les 3 portraits identitaires de Nacer Amari de Tassi Photographie m'inspirent un second article et poeme, apres mon article et poeme "La Clef du Shaman" du 17 janvier 2023, pour l'importance qu'a pour mon coeur de poete en exile, l'identite et l'appartenance culturelle - linguistique. Comme introduction, les mots du photographe sont importants, comme contexte qui illumine l'odysee explorative qu'est pour moi cette decouverte profonde de la Kabylie, de son peuple de qui son coeur et esprit sont une espace grande, accueillante, ou regne la charite et la tolerance, la sagesse et la spiritualite sacrales envers la nature, la liberte, la dignite: "Mon premier portrait, "Akli", parle d'un jeune homme voisin, le sourire ne quitte jamais ses levres, jusqu'a avoir des rides sur le visage qui est un visage typiquement berbere. Pour son prenom, tu connais deja la signification, c'est Esclave pour le chasser de mauvais oeil. Le deuxieme portrait nous raconte l'histoire du premier homme "Adam" ( Adan), j'aime en lui le visage rond, claire, timide. Adam est le neveu de Mustapha, le maquisard. Le dernier portrait "Seddik", est un jeune d'Aokas, ne avec un trouble mental et un mal formation physique. Des que je le vois, l'histoire de homo sapiens me vient a l'esprit. Voila un tout petit apercu sur mes trois derniers portraits." Ces mots du photographe astucieux et tranquil, evoquent beaucoup d'emotions, et pensees, qui touchent un eventail de couleurs quant a identite, et les defis qu'affronte l'etre humain sur le chemin du destin. Les portraits sont en noir et blanc, ce qui augmente leur qualite introspective, et leur qualite intime, qui invite le spectateur au monde interieur des 3 protagonistes, de facon discrete, respectueuse, un trait signature de l'art de portraiture du photographe. Le photographe permet aux protagonistes de ses portraits de reveler ce qu'ils sentent possible ou sauf de reveler, ce qui prend de la patience, et une attitude de reverence envers chaque personne qui se trouve face a sa camera. Je me rappelle encore tres bien, toutes ces annees plus tard, la seule fois que mon portrait a ete fait, en noir et blanc, quand j'etais enfant, et j'avais moins de 8 ans. Je me rappelle encore les lumieres du studio, la facon rassurante du photographe, et la fierte apres, de voir les portraits, il en avait plusieurs, et de les montrer a mon petit frere et mes petites soeurs, qui apres moi, etaient aussi pris en portrait. Quoique je suis l'ainee des enfants dans ma famille, je suis la seule qui est vivante, y compris mes parents, qui sont morts en 2008, ma mere au Texas, mon pere a Oostende, en Belgique. Mon frere est mort au Texas il y a deux ans, et mes deux petites soeurs sont mortes en Georgia, dans le sud des Etats Unis. Le souvenir de ces portraits de nous comme enfants, m'emotionne jusqu'a aujourd'hui. On n'avait aucune idee des defis qui nous attendaient, ni du fait que je resterai la louve solitaire, a toujours loin de ses racines, de ses origines. Pour cette raison, la portraiture me fascine profondement, et la portraiture des enfants, hommes et femmes kabyles de Nacer Amari occupe un interet singulier pour le lien avec l'identite et la culture et histoire berbere, une histoire qui est supremement liee a la lutte continue pour la liberte autant linguistique, mythologique, sociale, creative, intellectuelle. 

            Beaucoup d'annees allaient passer entre mon depart vers les Etats Unis a l'age de 19 ans, et la heureuse decouverte de la culture de la Kabylie en 2017. J'ai souvent l'impression que tout ce que j'ai du tolerer quant a invisibilite, a indifference, a humiliation, a solitude, a desespoir, etait l'epreuve qui m'a construit une fortitude de caractere, une volonte de fer, un inchangeable courage, et une sensibilite determinee, qui petit a petit, se transformait dans une capacite de mettre a la memoire les notes, les melodies, les rythmes de poemes qui n'arrivaient pas a se vocaliser, a unir les mots, les fragments de versets, d'une voix que je pouvais entendre se battre pour s'exprimer, et qui restait muette, dans l'isolation persistante culturelle et intellectuelle et sociale. C'etait comme etre enterree vivante, sans meme pouvoir crier ma detresse affreuse. La Kabylie a changee tout ca, elle m'a sorti de ce cercueil, m'a appris a utiliser ma voix, et m'a appris les rythmes pour liberer mes poemes, mes livres, mon art, prisonniers si longtemps. Je pense encore a la chanteuse irlandaise, Sinead O'Connor (1966), de qui je parle aussi dans mon article et son poeme " La Clef du Shaman", une femme qui a souffert beaucoup et qui fut liberee de ses traumes a travers la musique. A l'age de 27 ans, elle a chantee, sans soutien d'instruments ou groupe ou orchestre, la chanson "Danny Boy", qui est une chanson d'amour pour l'Irlande, qui affirme que l'identite sait vaincre meme la mort, dans la facon que la chanson unit l'amour pour l'Irlande a son amour au coeur, prisonnier des incertitudes de la guerre. Cette chanson si tendre et si courageuse et fiere tout en un, me fait beaucoup penser a la Kabylie, qui a survecu tants de conflits et guerres pour sauvegarder son identite, sa voix, sa liberte. Les portraits kabyles de Akli, Adan et Seddik affirment dans leur dignite, leur fierte, la grace sublime qu'est pour moi etre une poete flamande - americaine en exile, qui chaque jour a nouveau, depuis 2017 deja, voit affirmee son identite, sa fierte, sa dignite, et sa lutte continue pour la liberte.  Ce poeme est en honneur de Akli, de Adan, de Seddik, en honneur de l'art du photographe Nacer Amari, en honneur de sa famille et toute ma famille berbere, en honneur du coeur fort et resistant de la Kabylie: 


L'Ultime Liberte


L'ultime liberte est un acte de defi, c'est se voir toutes les blessures, et de les laisser tomber, c'est prendre leur peine, leur humiliation, et de les couper de l'ego, du coeur, du sang. 

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L'ultime liberte est un cri d'amour si grand qu'il dechire ce qui reste des cicatrices a l'ame, a la dignite, c'est le regard fier, certains diraient insolent, de se savoir blessee tants de fois, que la fleche la plus profonde ne fait pas mal. 

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L'ultime liberte est savoir aller au - dela de tout ce qui t'as marquee, tout ce qu'on t'a fait, c'est crier dans ce desert de silence, jusqu'a briser la tempete noire que t'y a laissee les saisons de la patience. 

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L'ultime liberte est de s'armer de la connaissance, transparente, claire, comme le soleil a l'aube, claire comme la lune de rouge et de bronze, l'ultime liberte est un acte, est le defi qui fait fuire tout ce qui pense, tout ce qui tremble devant ton coeur qui ne peut plus mourir, qui n'a plus rien a craindre car il a vu, il a compris la melodie de la flute berbere, venant des montagnes et souffle grand du Djurdjura, ce sourire de l'Infini. 


Trudi Ralston




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