Wednesday, June 22, 2022

L'Appel a l'Ordre: La Convocation des Aigles / A Call to Order: dans la serie "La Flute et l'Echo/ The Flute and the Echo"

             Apres des semaines de froid et pluie, pour ce qui est le mois de juin le plus pluvieux dans l'etat de Washington depuis 75 ans, cette semaine il y a du soleil, et des temperatures de pres de 23 degres Celsius. Le ciel cette apres - midi au jardin etait d'un bleu azure, et des nuages blancs y flottaient langoureusement, comme des pieces de tissu arrangees avec un air de nonchalance fantasque. Il y avait a peine une brise, et haut, tres haut dans l'etendue du ciel bleu brillant, j'obervais comme des pointes noires dans l'espace qui montait comme un escalier immense, une convocation d'aigles, faisant des cercles lentement, comme des danseurs amerindiens unis autour d'un grand tambour invisible, pour un pow - wow de grande importance. Ce fut hypnotisant de voir les aigles si haut. Normalement ils survolent le jardin a une altitude qu'on peut les voir parfois meme la tete blanche et le bec jaune, et l'autre jour, un de ces aigles qui sont connus ici, l'aigle ou pyrargue a tete blanche, est sorti de la foret a l'autre cote de la cloture du jardin pour y survoler si bas, que j'ai pu voir le jeune coyote qu'il avait entre ses talons. Voir un groupe de ces aigles si haut, dans le rythme de leur danse lente et repetitive, avait quelque de magique. Un aigle a tete blanche a une envergure d'entre 1,79 et 2,28 metres, et peut voler a une altitude de 3048 metres. C'est un oiseau de force, et qui est vu avec beaucoup de respect dans la mythologie amerindienne de l'Amerique du Nord. Voir ces aigles si haut etait comme observer un appel a l'ordre spirituel, comme s'ils voulaient aider a combattre le chaos du monde. Voir de si haut la condition du monde et de l'humanite paraissait troubler ces gardiens du ciel, ce qui m'a inspiree ce poeme, que je dedique a ma famille berbere en Kabylie:

 

             After weeks of cold and rain, for what has been the coldest and wettest month of June in the State of Washington in 75 years, this week brought sun, and temperatures that were close to 74 degrees Fahrenheit. The sky this afternoon in the backyard was an azure blue, and white clouds floated languidly, like pieces of fabric arranged in a whimsical fashion. There was hardly a breeze, and high, very high in the bright blue expanse of the sky, I observed a convocation of eagles, like black points in the space that rose like an immense staircase, a convocation of eagles, slowly making circles, like Native American dancers unites around a big invisible drum, for a pow - wow of big importance. To see the eagles so high up was hypnotizing. They usually flew over the backyard at an altitude where one could see sometimes their white head and yellow beak, and the other day, one of those those eagles known around here, the bald eagle or white headed sea eagle, had come out of the forest on the other side of the backyard's fence, and flown so low overhead, that I was able to see the young coyote he had in his talons. To see a group of eagles this high up, in the rhythm of their slow and repetitive dance had something magical. A bald eagle has a wingspan of between 5,9 to 7,5 feet, and can fly at an altitude as high as 10,000 feet. It is a bird of power, that is viewed with a lot of respect in Native American mythology of North America. To see these eagles so high up was like observing a call to spiritual order, as if they wanted to help combat the chaos of the world. To see from so high up the condition of the world and humanity seemed to trouble these guardians of the sky, which has inspired me this poem, that I dedicate to my Berber family in Kabylie:


La Convocation des Aigles 


Que savent les animaux de la terre, il parait qu'ils comprennent plus que les etres humains, qui se croient superieurs depuis qu'ils ne venerent plus la nature et ses lois, mais l'avarice et ses sinistres plans. 

Que pensent ces animaux connus pour leur sagesse, pour leur lien avec le monde des esprits qui habitent les montagnes, la mer, et le ciel? Ils voient qu'on brule la terre, que les eaux des rivieres se voient envahies par la secheresse et les dechets, ce qui met en detresse la surete et l'equilibre des ressources de la planete. 

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Les aigles s'unissent haut dans le ciel bleu, ce qui donne l'impression que les animaux doutent les intentions de l'humanite en bas. Ils doivent trouver de l'espoir et de la confiance de savoir qu'il reste quand - meme des cultures sur terre, comme les cultures amerindiennes et berberes, qui se battent pour maintenir l'amour et le respect pour la nature et ses sacrales connaissances et mysteres. 

Parfois quand je vois passer en fil indienne des petites fourmis dans l'herbe, je m'imagine que cela doit etre la perspective des aigles d'en haut quand ils observent le va et vient du monde moderne, avec la difference que les fourmis ont su garder le respect des ancetres quant a leur importance dans l'histoire et la mythologie, tandis que l'etre humain cherche a y perdre sa place tres vite. 

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Unissons - nous les voix des coeurs des artistes et poetes, des ames proche a la connaissance des saisons et les recoltes de la terre, comme les comprennent et font honneur les cultures berberes, apprenons de cette convocation des aigles qui aussi rappelle a la sagesse spirituelle amerindienne.

L'heure est urgente, comme l'annonce encore le soleil chaque jour a nouveau, avec ces temperatures chaudes si tot en ete dans tants de pays de la terre, pendant que le cirque et ses grimaces de trop d'indifference et egoisme continue a detruire le futur de nos enfants et leurs reves. 

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L'appel a l'ordre me parait etre sincer, de la part des aigles reunis si haut dans le ciel, et qui me rappellent que c'est la culture berbere de la Kabylie qui m'a appris comme est important ecouter et comprendre la voix et les apprentissages de la nature, des ancetres, pour ne pas se perdre dans les illusions et les chimeres.

Les aigles sont partis apres vers d'autres horizons, laissant derriere eux le silence d'un ciel qui surement s'inquiete sur le monde en ce moment, qui parait si loin d'etre en harmonie en coeur, ame et esprit avec tout ce qui donne lumiere, avec tout ce qui donne une chance pour un futur ou regne l'espoir, l'identite et la liberte, la paix et la charite. 


The Convocation of the Eagles


What do the animals of the world know, it seems they understand more than humans, who think themselves superior, now that they no longer revere nature and her laws, but rather avarice and its sinister plans. 

What do these animals known for their wisdom, for their connection with the spirit world who inhabits the mountains, the sea and the sky? They see we burn the earth, that the waters of the rivers are threatened by droughts and pollution, which puts at risk the security and balance of the planet's resources. 

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The eagles unite high in the blue sky, which gives the impression that the animals have doubts about the humans' intentions below, they must find hope and confidence in the knowledge that are cultures left on this earth, like the native American and the Berber cultures, who fight to keep their love and respect for nature and its sacred comprehension and mysteries. 

Sometimes when I see a group of ants single file in the grass, I imagine that must be the perspective of the eagles high above, when they observe the comings and goings of the modern world, with the difference that the ants have been able to keep the respect of the ancestors, when it comes to guarding their importance in history and mythology, whereas the humans are looking to lose their place in it very quickly. 

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Let us unite then the voices of artists and poets, of the souls close to the knowledge of the seasons and the crops of the earth, as understand and honor the Berber cultures, let us learn from this convocation of eagles, that recalls also the Native American wisdom.

The hour is urgent, as the sun makes clear with each passing day, with these hot temperatures so early in the summer, in so many countries of this earth, while the circus and the grimaces of too much indifference and selfishness continue to destroy the future of our children and their dreams. 

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The call to order seems sincere to me, on behalf of the eagles reunites so high up, and who remind me that it is the Berber culture of Kabylie who taught me how important it is to listen and understand the voice and the lessons from nature, from the ancestors, in order not to lose oneself in illusions and apparitions. 

The eagles left later for other horizons, leaving behind them the silence of a sky that surely worries about the world today, that seems so far removed form being in harmony in heart, soul and spirit, in harmony with all that brings light, and life where hope, identity, freedom, peace and charity reign.   


Trudi Ralston   

Monday, June 20, 2022

Double Prise et Code Mnemotechnique: Le Portrait "L'AFRICAIN" de Nacer Amari - dans la serie "L'Esprit Itinerant"

          Un portrait du 10 juin 2022 de la part du photographe berbere d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie, au titre "L'AFRICAIN"  a invitee une exploration du monde riche de l'art des portraits sculpturales et l'importance de l'Afrique dans l'evolution de la perception et definition de l'art moderne dans le monde de l'art avantgarde du fin du XIXeme et le cours du XXeme siecles, une influence et importance mondiale qui continue aujourd'hui. Le portrait en noir et blanc, a gros plan, est d'un enfant du Niger, et les mots du photographe quant a son protagoniste sont importants, pour illuminer le but de cet article quant a son contexte artistique et culturel et historique: " Pour mon dernier portrait, c'est un refugie du Niger. Il fait partie de milliers d'autres refugies qui ont quitte leur pays pour fuir la misere et la violence. Ils portent tous des cicatrices ( sur le visage). Y a ce qu'ils ont une, deux ou trois. Je pense que c'est pour s'identifier a leur appartenance ethnique ou religieuse. C'est comme leurs cartes d'identite." Le portrait est d'une beaute profonde, sculpturale, avec un delignement precis entre ombre et lumiere dans les traits du visage, un visage ou domine une expression de sang froid, de fierte et dignite dans le regard franc des yeux, et dans les lignes confiants autour de la bouche de l'enfant, qui indiquent une resistance au - dela de son jeune age. Le portrait donne vraiement l'impression esthetique d'un portrait en sculpture. C'est cette qualite sculpturale fine, qui rappelle a la serenite des bustes en sculpture de la culture en Afrique du Royaume Ife des XII - XVeme siecles. Le Royaume Ife est considere etre parmi les cultures definies comme le berceau des plus hauts accomplissements dans les arts africains, quant a l'harmonie entre sophistication technique et esthetique, pendant le regne de Ife comme une cite - etat puissante et affluente cosmopolite en Afrique de l'Ouest, en ce qui est aujourd'hui le pays moderne de la Nigeria. Le style de portraits sculpturales du Royaume Ife developpait une tradition sculpturale tres raffinee et naturaliste, en pierre, terre cuite, le cuivre jaune, et l'alliage de cuivre, unique en Afrique a l'epoque. Les figurines sculptees representent un large eventail de la societe Ife qui inclurent des sculptures de jeunes, de personnes agees, de la sante, de la maladie, de la souffrance ainsi que de la serenite. Le masque en un cuivre presque pur du roi Obalufon II, un roi Ooni de Ife est vu comme une des images les plus raffines du Royaume Ife, et d'autres examples de cette finesse esthetique sont une tete sanctuaire d'une femme de la cour royale, qui montre les lignes et dessins de la tradition de faire des striures fines dans la peau du visage, faite pour indiquer le status, l'identite et la beaute de la personne. 

             Un sculpteur qui voulait attirer l'attention a l'importance des cultures de l'Afrique quant a l'identite, beaute et importance de ses peuples fut l'artiste francais Charles Henri Cordier ( 1817- 1905), de Cambrai qui allait passer beaucoup d'annees en Afrique, et qui est mort en Algerie, a Alger. Il etait une voix passionnee contre le colonialisme, et l'erreur de consider l'esthetique et culture de l'Occident comme le standard de mesure superieure. Ces magnifiques portraits en sculptures, en buste, d'hommes et femmes africains en differentes couleurs de marbre, comme la "Venus Africaine" et "Homme du Sudan" en sont des superbes temoignages. La beaute sculpturale du portrait du jeune refugie de Niger de Nacer Amari me rappelle a cette beaute fiere et digne des sculptures des adultes de Charles Henri Cordier, pour ce sens d'esthetique qui montre un grand respect envers son protagoniste. Le portrait du photographe berbere me rappelle aussi aux portraits africains en sculpture en bois d'ebene. Le bois ebene remonte a l'Antiquite quant a ses usages dans le monde des arts: on a trouvee pas mal de figurines en bois d'ebene dans les tombeaux de l'Egypte ancien, comme dans le tombeau du pharaon Toutankhamon. Les anciens egyptiens importaient le bois d'ebene de l'Ethiopie et de la Nubia, un des royaumes les plus anciens de l'Afrique dans ce qui est aujourd'hui le Sud de l'Egypte et le Nord du Sudan, et donnaient le nom de "khebeni" a la plante qui produit le bois si dense et dur. L'arbre du bois d'ebene est considere avoir des proprietes medicinales, on faisait de ses racines un elixir pour la restoration des energies sexuelles utilisee encore au XXeme siecle, et les racines etaient aussi utiles pour traiter les troubles intestinales, et la fumee des racines brulees est encore utilisee aujourd'hui pour combattre les migraines et les bronchites. Comme figurines, le bois d'ebene etait vu par les anciens egyptiens comme symboles du courage et de la bravoure, en forme d'amulettes et talisman, comme ceux trouvees dans le tombeau du roi Toutankhamoun ( 1345 - 1327 B.C.) Le bois d'ebene etait considere posseder des pouvoirs spirituels, pour etre si dur et si dense, que quand mis a l'eau, le bois d'ebene plonge vers le fond: la densite du bois d'ebene est a 1300 kg / m3. Pour ses qualites uniques, et la beaute du bois quant a couleur et eclat, le bois d'ebene est un des bois les plus chers au monde: 9,000 dollar le metre cubique. C'est aussi un arbre qui pousse lentement, et qui prend entre 70 - 200 ans pour maturer, et qui atteint rarement une altitude de plus de 9 metres. Le plus foncee sa couleur, le plus valable est le bois d'ebene, et cet arbre est maintenant en danger d'extinction dans toutes les regions de son origine de l'Inde et Sri Lanka, de l'Afrique de l'Ouest et de l'Indonesie. Le bois d'ebene etait aussi utilisee, et moins aujourd'hui pour raisons du besoin de proteger a l'ebene, pour construire des instruments musicales, comme la clarinette, le hautbois, le piccolo; et pour les claviers du piano, de l'orgue, et du clavecin; et pour les touches de la violoncelle, du violon, de la mandoline, de la guitare, de la contrebasse, et de l'alto. Le bois d'ebene s'utilise aussi pour les mentonnnieres, comme du violon, et comme une hausse, tel on la met sur le violon, et aussi comme plectre pour les guitares. En Sri Lanka, le bois d'ebene est une espece de plante protegee, et la recolte et vente de l'ebene est illegale, et est puni par l'imprisonnement, dans un effort d'eviter que ce bois precieux disparaisse de la planete. Desormais des efforts sincers pour sauver l'ebene, le commerce illegale de ce bois continue malheureusement, et les scientifiques pensent que si ce commerce continue que le bois d'ebene qui est sur la liste rouge d'especes en voie de disparition de l'UICN, l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature, etablie en 1956, aura disparu en 15 ans, et un point d'espoir est la decouverte que l'ebene peut se cultiver en forme d'arbres  Bonsai, qui pourrait aider les efforts de faire survivre l'espece precieuse et ancienne. 

            Le portrait "L'AFRICAIN" du photographe Nacer Amari evoque ainsi l'importance de l'Afrique dans l'histoire de la portraiture sculpturale, qui se reflete dans ce portrait moderne de cet enfant refugie du Niger. Le monde des arts du XXIeme siecle, comme la photographie voit son importance continuer a monter, pour documenter les traumes que souffrent les peuples de la terre, suite de guerres civiles chaque fois plus longues et violentes, aggravees par les defis du changement du climat, qui rend encore plus urgent le besoin de proteger la securite alimentaire de pays et cultures vulnerables, qui sont si souvent victimes des arrogances et avarices du complexe industriel et de gouvernements qui abusent les ressources de la planete. La photographie surtout dans la portraiture, est une facon tres efficace qui sait communiquer a travers son art et ses perspectives, la condition du monde et les problemes que doivent y affronter, souffrir et surmonter les personnes les plus vulnerables pour survivre, et les enfants refugies sont certainement parmi les personnes les plus vulnerables et precieuses. Ce portrait aussi m'a rappelee l'art africain important des masques, parceque cet art unique ancien a eu un impact tres important sur le mouvement du surrealisme du debut du XXeme siecle, sur des artistes comme Pablo Picasso. Donc, un des mouvements les plus importants du XXeme siecle en Europe, doit ses origines a l'art figuratif unique de l'Afrique, surtout l'art de la sculpture et dans ces sculptures figure l'art venere et sacrale des masques. Parmi les masques les plus magnifiques de l'Afrique sont les masques Kifwebe qui datent du XIeme et XXeme siecles, et qui ont leur origine dans le Bassin du Congo. Ces masques en striures connus sous le nom de Kifwebe ont leur origine le long de la riviere Lomami, une region habitee par les cultures de Songye et Luba.  Parmi les elites en gouvernance, les masques Kifwebe etaient vus comme les emissaires du pouvoir des regneants, qui dependaient de l'ideologie de la sorcellerie des porteurs des masques pour affirmer leur dominance. Ces porteurs des masques Kifwebe etaient les gardiens de toute une connaissance secrete qui etait encodee visuellement de facon mnemotechnique dans les desseins des masques. Il y avait plus de 30 differents types de masques avec chacun leur code mnemotechnique. Comme les portraits en sculptures du Royaume Ufe, les porteurs des masques Kifwebe assuraient que se preservait l'histoire, et la connaissance pour les generations suivantes. Le beau visage du jeune refugie du Niger avec la subtilite de ses traits, et de ses cicatrices, est temoin de cet heritage fier et resistant, de la richesse culturelle et artistique de l'Afrique, qui elle est en fait, la mere de toutes les civilisations qui ont suivies celles nees en Afrique. Le monde du XXIeme siecle se trouve sous le sortilege d'un chaos continu. La beaute et serenite du visage et du regard dans le portrait de l'enfant refugie de Niger est un appel a la decence, une decence en voie de disparition, comme le precieux bois d'ebene qui dans l'art sculpturale des portraits de la part des artistes de l'Afrique trouvait sa plus belle expression, et auquel le photographe berbere Nacer Amari, a travers la beaute sculpturale vibrante de son portrait de cet enfant fier et resolu, donne vie avec une poignante resonance esthetique, culturelle et historique.  

Trudi Ralston  

La recherche sur la tradition et ses origines des portraits sculpturales de l'Afrique et son importance, courtoisie de Wikipedia, et l'article "Explaining the History and Artistry of African Masks" de Afomia Tesfaye, dans "Novica", de 2022.       

Wednesday, June 15, 2022

Le Message du Flamant Rose: dans la serie "L'Esprit Itinerant" dedicacee a Nacer Amari

         La memoire est une chose extraordinaire, qui peut dans l'espace de quelques secondes, nous transporter a un moment dans le passe, meme si ce moment etait il y a des vingtaines d'annees, ou leur double. La memoire est une machine a remonter le temps qui voyage ou elle veut, et meme arrive a reveiller le cerveau de toutes les emotions, les images, les pensees qui etaient temoins du moment. Une image de flamants roses recemment, a suscitee une memoire puissante visuelle et affective du moment quand j'ai vu a l'age de 5 ans, un flamant rose pour la premiere fois, dans un jardin zoologique en Flandes. C'est une memoire que j'ai decrit deja dans un de mes livres, mais cette fois ci, la memoire m'a non seulement transportee vers un moment specifique dans le passe de mon enfance, mais a aussi resussie a reveiller une forte emotion de ma vie ici aujourd'hui, et le lien important que me donne a mes inspirations et revelations poetiques la Kabylie, et surtout la photographie de mon collegue kabyle Nacer Amari de Tassi Photographie, quant a son influence sur ma muse et ses perspectives a travers son art visuel. La vue du flamant rose de mon enfance m'est gravee dans la memoire, ce moment de silence complet entre l'oiseau aux pattes si longues, avec ses plumes de couleur rose - orange pales et brillantes a la fois, le bec noir - orange avec sa courbe vers le bas, l'oeil jaune pale avec son petit centre noir, qui donnait a l'oiseau l'apparence d'un savant ancien, et moi devant cet animal inconnu, etrange, qui paraissait vouloir me dire des choses, mais qui ne savait pas comment me les communiquer. Le flamant m'a regarde avec la meme intensite et curiosite que je lui ai regardee, comme s'il y avait dans sa tete la meme invisible question: quoi exactement je voyais en lui, et qu'est ce que l'oiseau rose - orange pouvait constater de moi comme enfant qui etait collee sur place en admiration de ses couleurs, de sa taille, de son silence hypnotisant? Un silence qui paraissait etre un portail, une sensation d'un autre monde, son monde, tel qu'il le vivait dans ce moment envoutant. Une seconde memoire d'un oiseau qui m'a laissee une impression comme enfant tres jeune, fut le moment ou mon pere m'avait emmenee voir un paon dans le jardin d'un de ses amis. Les couleurs brillantes en pourpres et or et verts de sa queue majestueuse, de sa couronne, s'etaient melangees soudainement avec son cri strident comme venant d'une autre realite, trop difficile pour mon jeune age de comprendre. Je parle de cette rencontre dans l'article #25 " Dans la Traverse du Tigre", de mon livre recent du 20 mai 2022 " L'Esprit Vagabond: A la Recherche de l'Identite Creative avec Nacer Amari." L'oeil noir brillant du paon, comme l'oeil jaune pale du flamant, me restent encore a la memoire, pour etre si different de l'oeil humain. Dans le cas du paon, c'etait son cri qui etait le plus hypnotisant, tandis que ce fut le silence du flamant, dans tous ces gestes, dans sa facon de m'observer avec une mesure d'amusement et curiosite qui m'a fait rester sur place pour ce qui me paraissait une eternite. On s'observait le flamant rose et moi, avec egal interet et curiosite. Le matin froid et gris ici, avec une temperature de 15 degres Celsius, m'a rendue plus vive encore la memoire de la rencontre avec le flamant rose et ses plumes roses - oranges flamboyantes tel un danseur ou danseuse d'un cabaret avant - garde pour le silence de l'oiseau, qui m'a fixee de son oeil jaune avec egale intensite que moi, connue comme enfant pour mon regard penetrant. Cette fois, cette memoire avait un cote de profonde tristesse, de perte, d'un desir de vouloir savoir ce que m'avait vu le flamant, et ensemble avec cette melancholie intense face a cette revisite de cette memoire visuelle et affective vives, il y avait cette soudaine montee de desir de vouloir me savoir appartenant a la chance d'etre membre a nouveau d'une grande famille, comme j'ai perdue tant de famille dans ma vie, et ce desir etait pour ma famille berbere en Kabylie, etait pour la terre berbere qui me manquent depuis mon premier sejour en Algerie en 2019. Ce flamant rose cette fois etait la memoire de l'echange hypnotisant d'un silence complice entre nous, comme si on savait tous les deux que la solitude et l'isolation allaient etre la douleur d'une grande partie de ma vie d'adulte, avant que la Kabylie allait briser son sortilege suffoquant. La memoire du flamant rose et son regard et l'emotion de voir ses plumes flamboyantes, avait reveillee une seconde couche d'emotions, celle de me trouver emue profondement pensant au mystere du fait que ce'st la culture berbere qui m'a donnee la joie qu'est la source d'un silence ne pas suffoquant, mais creatif, guerisant, qui nourrit ma muse et ses passions et inspirations. Ayant connue comme enfant l'experience imposante du silence qui inclut, qui explique, une fois aux Etats Unis comme adolescente, j'ai connue le gout amer et vide de silences tuants, de la solitude qui dechire le tissu de l'espoir, de l'isolation qui erode la confiance, l'energie, le courage, qui laisse sa cicatrice sur le sommeil et ses reves et qui essaie de mettre son ombre sur le sourire. Le flamant rose et la memoire de son silence qui avait un air aussi exotique et rare que la couleur de ses plumes et la forme de son bec et le regard de son oeil, m'avait cette fois infusee d'un message qui paraissait saturee d'une senteur d'urgence. Quel etait ce message si difficile a dechiffrer pour mon coeur, qui etait tres conscient de son importance? 

         Toute la journee, le flamant rose me suivait la memoire, insistait que je comprenne ce que son second message, tants d'annees plus tard, toute une vie plus tard, voulait que j'entende, a travers le grand mur de son silence. Dans ma tete, un poeme s'est mis a parler, en rythmes et melodies avec des claquements de main, d'une voix aussi, essayant d'exprimer ce qui s'annonceait comme une energique riviere qui cherche son chemin a travers les roches, et de qui sa voix est berbere, elle me vient de ma Kabylie, qui m'attend comme moi je voyage avec les visions de mes poemes, chaque jour a nouveau vers sa terre, vers l'espace grande de son coeur, a travers le chant de mes poemes, de mes reves creatives d'elle et pour elle: 

Le Message du Flamant Rose


Cela fait si longtemps, amie, qui a un temps etait une enfant qui se trouvait devant le flamant rose qui se bougeait comme un acteur d'une piece de theatre de marionnettes exotiques aux gestes ne pas connus.

Je ressens avec tant de precision, tant d'emotion, tout ce sentier que tu as du croiser toute seule pour si longtemps, avec dans tes valises tes poemes avec le code et la clef de leurs melodies rendus perdus. 

Je sais comme peut - etre dur avoir dans le coeur les mots qui n'arrivent pas a trouver leur expression, je connais la douleur, la peine aigue d'avoir au coeur le plomb lourd de ne pas avoir la traduction pour tout ce qu'on a vu. 

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Je suis l'esprit de la Kabylie, tu sais deja que j'ai une grande tolerance pour comment combattre les ombres de l'oubli, j'ai le coeur qui comprend le chagrin de l'exile, de vouloir se reunir avec sa terre, ses racines. Il y a pleine d'espace dans mes bras grands ouverts, ou toi et tes poemes peuvent chanter et danser. 

J'ai l'esprit resistant, cela est mon heritage qui resonne encore dans les voix de mes ancetres qui vivent et revent dans les montagnes du Djurdjura. Ma fenetre a une vue qui accueille le ciel bleu le printemps, et en ete le soleil accompagne l'espoir et la joie des amoureux et des enfants.

Le flamand rose veut seulement te rappeler que la solitude que tu as vecue, tu ne dois pas la repeter, car, ici, en Kabylie, on t'attend a toi et a tes poemes, on entend d'ici l'echo de tes reves et leurs poemes, ne laisse pas le manque pour ta famille berbere te tourmenter avec l'ombre du passe et sa solitude.

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Les ancetres berberes de la Kabylie, savent voir dans le temps, et c'est cette sagesse guerisante que ton coeur a vecue sur leur terre, qui t'a accueillie et te protege le mystere de ton enfance et adolescence perdue, car la Kabylie est elle aussi en exile, mais elle garde toujours la charite et la fierte de l'identite. 

Ceux qui ont souffert ne ferment pas la porte a celui qui cherche de l'abri pour ses peines, pour ses reves, depuis la nuit du temps, le coeur berbere laisse la clef pres de la fenetre ouverte de son esprit, le flamant rose n'y sera pas encerree, et tes poemes dormiront en paix sous les etoiles et la lune de ta Kabylie. 

N'abandonne pas le courage, n'abandonne pas l'espoir, mets en robe kabyle les melodies de tes souhaits de voir a toujours libres, tes poemes, tes livres, qui racontent ton amour pour la culture et ta famille berbere, qui sait que l'appartenence du coeur, de l'esprit est ce qui maintient en equilibre le destin de la terre. 


Trudi Ralston



    

Thursday, June 9, 2022

Entre les Plis de la Memoire, la Verite se Balance: le Portrait "SMAIL" de Nacer Amari - dans la serie "L'Esprit Itinerant"

         La portraiture dans la photographie sait evoquer des reponses puissantes de la part de notre memoire. Les portraits en noir et blanc specifiquement continuent de prouver leur pouvoir dans un monde de couleurs, et un portrait en noir et blanc de la part du photographe berbere d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie souligne cette verite avec "SMAIL". Ce portrait du 6 juin 2022, d'un habitant d'Aokas m'a fait voyager dans le temps, vers des souvenirs chers et nostalgiques de mon enfance et adolescence en Flandes, en Belgique. Le portrait a gros plan, en noir et blanc, montre un homme adulte, qui a deja passe le moyen age, et qui regarde la camera avec intensite et interet, et qui fume une cigarette a moitie finie. Le photographe explique le contexte de ce portrait: " En fait, il s'agit de Smail, age d'une soixantaine, il est de Tizi 'n Berbar (une region d'Aokas). Malgre son handicap mental ( retard mental), Smail fait un parcours d'un cinquantaine de kilometres en aller - retour chaque jour pour atteindre son boulot dans une boutique d'habillement. Souvent il oublie que le samedi est son jour de repos, il vient quand meme attendre son patron devant la boutique. Smail est estime par tout le monde ici a Aokas, on le taquine et rigole avec lui. La cigarettte ne lui quitte jamais les levres. Aussi, Smail est un orphelin." Cette information sur le portrait "SMAIL" evoque des sentiments et des memoires en meme temps. La cigarette parait etre importante a Smail, et me rappelle vivement au fait que quand j'etais enfant, tous les garcons, et pas mal de filles, une fois passee l'age de 14 ans, fumaient, parfois en cachette, et tous les adultes, il paraissait. La maison etait toujours inondee de fumee de cigarettes quand on avait des invites. Le second frere de ma mere, Emiel, qui etait peintre comme son frere Frans, avait un restaurant tres populaire dans la ville d'artistes de Sint - Martens - Latem, pres de Ghent, en Flandes de l'Est, et tout le monde y fumait. Je me rappelle encore comme la fumee des cigarettes envahissait mes habits, et comme etait intrigant ce rite des adultes, qui etait interdit aux enfants et supposement, les adolescents. Le tabou biensur etait impossible de resister a la fin, comme tous mes cousins et cousines prouvaient. Je me rappelle encore mon petit sac a main en cuir, ou je cacheais des paquets de cigarettes piques de ma mere, et l'odeur du tabac interdit. Je me sentais toute adulte et bien satisfaite avec la sensation de paraitre une grande parmi mes cousins et cousines plus ages que moi. Les cigarettes qui etaient les favoris de mes oncles artistes etaient les Gauloises, avec la couleur bleue claire des paquets, au dessin du casque d'un guerrier gaulois. L'odeur forte etait comme une annonce que ces cigarettes etaient une affirmation de l'importance et intelligence masculine des hommes dans la famille, surtout pour le tabac fort venant de la Syrie et de la Turquie, et pour le fait d'etre sans filtre, ce qui selon mes oncles etait favorable quant au gout de la cigarette. Leurs epouses aussi, en fait, fumaient ces Gauloises, une affirmation du mouvement pour le feminisme des annees 1960, quand les Gauloises  etaient les ciagarettes des rebelles et intellectuels, comme Pablo Picasso, Albert Camus, Julio Cortazar, Henri Chassiere, l'auteur et condamne, fameux pour son livre de 1969 " Papillon", qui decrit ses experiences horrifiantes dans le systeme penal francais a Guyane. Les Gauloises etaient aussi les cigarettes favories des membres de la Resistance francaise pendant la Seconde Guerre Mondiale. Apparemment, depuis 2017, les Gauloises ne se fabriquent plus en France, ou elles avaient vu leur debut en 1910, a Riom, Puy - de - Dome, et se fabriquent en Pologne maintenant. Les Gauloises se vendent surtout en France, et aussi en Australie, le Canada, en Luxembourg, la Belgique, les Pays - Bas, la Norvege, en Suede, en Danemark, l'Allemagne, l'Autriche, la Suisse, l'Espagne, l'Italie, la Grece, la Russie, et les pays de l'Europe de l'Est de Hongrie, de Belarusse, de Slovenia, de la Croatie, Serbie, l'Ukraine, et la Syrie, et en Algerie, la Tunisie, le Maroc, l'Israel, les Emirats Arabes Unis, la Thailande, le Mexique, l'Afrique du Sud et l'Argentine, et ne plus aux Etats Unis. Si j'aurais su comme enfant que les Gauloises se vendaient dans tants de pays, j'aurai ete encore plus impressionnee par le machisme de mes oncles et cousins, car apparemment le consensus sur la qualite et attraction legendaire des cigarettes Gauloises etait universelle. Voila que le portrait "SMAIL" de Nacer Amari a premiere impression evoque toute une serie de souvenirs et impressions. 

           Comme chaque portrait de qualite artistique, le portrait "SMAIL" invite un regard plus proche, et c'est la ou le contexte du portrait devient important: Smail est une personne, qui a du vaincre des defis enormes, des sa naissance, etant orphelin, et avec un retard mental. La vie est deja assez difficile si on nait avec une famille et les capacites mentales intactes, s'imaginer la peine et les defis de commencer et devoir avancer dans la vie avec des limites penibles, doit peser si lourd sur le coeur, sur l'esprit, de trouver la force, la volonte chaque jour a nouveau, de se lever, de rester positif, de tolerer les moments et les personnes impatientes, indifferentes, un systeme de gouvernance souvent cruel aux personnes qui ont besoin de notre respect, de notre charite et generosite. Depuis le debut de la pandemie ici, les chiffres des personnes sans abri ont montees de 20%, et dans cette population marginalisee par le prejugement, l'indifference, sont souvent des personnes aux limitations physiques et mentales, qui souvent meme se trouvent en prison, au lieu d'etre admis dans un hopital ou institution psychiatrique qui cherche a les aider, a rendre leur vie plus vivable. Pour les personnes avec des defis mentaux, obtenir un travail, du logement raisonable, des contacts sociaux, le soutien de famille, deviennent parfois des obstacles presque insurmontables, ce qui les met en grand risque d'abus, physique et sexuel, de se trouver sans abri, sans defenses. J'ai un grand respect pour les personnes aux defis physiques et mentaux, pour le fait que j'ai grandi avec un jeune homme ami de mes parents, qui etait abandonnee comme bebe par sa mere, qui etait une jeune fille jetee dehors par sa famille pour avoir se trouvee enceinte, et ce jeune homme n'a jamais connu non plus a son pere. Ce jeune homme apres etait victime de l'abus sexuel aux mains d'un des pretres a l'orphelinage. Ce jeune homme de mon enfance est un homme de plus de 80 ans maintenant, qui m'a connu depuis ma naissance, et avec qui j'ai etabli une correspondence il y a 30 ans. Il n'a jamais survenu ses traumes, et dans ses lettres qu'il m'envoie toutes ces annees, je lui reponds avec beaucoup de respect et patience. Il se sent content au moins pour le fait qu'il avait reussi d'avoir un travail decent, et un appartement a la mer, ou il se sent aussi bien que possible, et d'avoir quelques amis qui lui sont fidels, malgre sa personalite un peu difficile et mefiante. Cela me fait plaisir de savoir que Smail a l'estimation des habitants d'Aokas, et qu'il se sent utile dans son travail. Dans son portrait, il donne l'impression d'etre une personne qui avance, n'importe les obstacles. Voir son portrait me touche les sensibilites du coeur, et m'a fait vouloir lui dediquer un poeme, au nom de Smail, de ma soeur Ludwina, paix a son ame, et au nom de tous les enfants, hommes, et femmes, qui doivent chaque jour a nouveau, vaincre les defis de se trouver dans cette vie avec pas mal d'obstacles:


Entre les Plis de la Memoire, la Verite se Balance 


As - tu jamais pensee, dans un moment de detresse, comme doit etre la vie difficile, avec les capacites en defi, avec cette ombre qui te suivrait partout ou tu vas, qui te rappelle que ce monde n'a pas l'habitude de la charite, de la gentillesse, de la patience envers ces personnes, enfants, femmes, hommes, qui se voient sur cette terre sans avoir recu les avantages d'avoir le corps et l'esprit en balance?

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Cela t'arrive de t'imaginer, la solitude, le chagrin, de se trouver seul, meme au milieu d'une foule, pour le simple fait, irreversible et decisif, d'etre une personne qui aimerait bien savoir comment serait different la vie, si elle ne devait pas affronter le probleme de ne pas tout comprendre, de ne pas pouvoir aller ou elle veut, sans assistance, sans chaisse roulante, sans aide mentale d'un ami ou voisin, ou avec un peu de chance, d'un membre de la famille?

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Je crois que la verite se balance, essaie de trouver, entre les plis de la memoire, de chacun, du monde, de l'histoire rarement evidente de l'humanite, que le coeur humain n'a pas de limites, defi physique ou mental, les limites sont crees, par l'indifference, par la cruaute. 

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On peut tolerer tout, du corps, de l'esprit, si on sait qu'il y a ces personnes qui nous voient le coeur, pas les limites, d'un corps malade, aux jambes ou bras, ou cerveau blesses, pas l'esprit qui ne comprend pas tres bien, pas les manies, pas les defauts, les imperfections, on peut tolerer tout grace a ces personnes qui donnent le sourire et la main.   

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Car, peut - etre la verite est plus mysterieuse, plus complexe: peut - etre ces personnes qui luttent avec les defauts de leurs corps, de leurs esprits, sont en fait plus belles, plus nobles, parce que elles nous obligent, en toute humilite, en toute franchise, de comprendre les dieux des ancetres qui savent que la seule facon pour l'humanite de vaincre l'affront mortel a la decence qu'est l'indifference a la souffrance, est d'apprendre qu'il faut aimer a autrui, n'importe la difficulte, n'importe la mesure du probleme qui trouve a cette personne marginalisee, blessee en corps et esprit. 

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Car, entre les plis de la memoire ancienne de l'humanite, il y a cette conscience, qui sait tres bien, qui comprend, que entre les plis de la memoire, personnelle et universelle, c'est la ou la verite se balance, cherche son equilibre, son centre de la sagesse ultime qui est la charite.  


Trudi Ralston

La recherche sur l'histoire des ciagarettes Gauloises, courtoisie de Wikipedia.  



 

          

Sunday, June 5, 2022

Le Defi de Vercingetorix: Le Portrait "L'ANCIEN" de Nacer Amari - dans la serie "L'Esprit Itinerant"

            Quand j'etais une enfant a Beveren, un village ouest - flamand en Belgique, mon pere souvent m'emmenait avec lui sur ses visites de voisins, et leurs fermes, car il avait un grand respect pour les personnes qui savaient cultiver la terre et ses recoltes. Dans la region ouest - flamande, c'etait surtout les recoltes de ble, de pommes de terre, de lin, de betteraves a sucre, et de tabac. J'etais l'ainee de quatre enfants, et une enfant serieuse, qui avait une tendance d'observer avec pas mal de mefiance, le monde des adultes. J'etais connue parmi les amis adultes de mon pere, et dans la famille aussi, pour avoir le regard penetrant, qui refusait de regarder aillieurs quand confrontee avec le regard d'un adulte qui pensait pouvoir me gener en abaisser le regard. Un des amis de mon pere etait un pretre jesuite, un homme qui etait unique pour le fait qu'il me traitait avec beaucoup de respect, et qui ne se moquait pas de mon regard intense, en fait, il faisait un effort considerable pour m'engager dans des conversations, d'essayer de savoir pourquoi j'etais si serieuse, si silente. Il m'invitait meme a des petits concours, pour voir si ce serait lui ou moi qui allait baisser les yeux d'abord, et chaque fois, il decideait de baisser les yeux d'abord, souvent avec un sourire d'appreciation. Je crois, que quelque part, mon regard franc lui faisait peur, comme si toute sa connaissance theologique ne lui aidait pas a comprendre ce qu'il n'arrivait pas a affronter dans l'insistance de mon regard. Un portrait de la part du photographe berbere d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie, du 2 juin 2022, "L'ANCIEN" m'a suscitee un interet et une curiosite, par la profondeur et intensite du regard dans les yeux de son protagoniste. Le portrait en buste, en noir et blanc est du pere du photographe, le patriarche de la famille Amari. Il y a dans son regard une determination, une force aussi, qui indique une personne qui possede une fierte et volonte intournables, qui m'a laissee profondement impressionnee, et avec un respect tel que je ressentais souvent comme enfant dans la presence des amis de mon pere a qui mon pere m'emmenait a visiter leurs familles et leurs terres. Depuis tres jeune, la vie rurale m'intriguait, la sincerite du travail des recoltes, l'effort physique, les connaissances des graines, des saisons, etait un contrepoids pour les artifices de la ville a cote du village, de qui je me mefiais meme comme enfant. Le regard dans les yeux du patriarche Amari parait parler de cette sagesse que je me rappelle dans certains des amis de mon pere, qui vivaient avec un respect profond envers la terre et ses richesses, ses lois, ses saisons, et ses recoltes. C'est un portrait qui ne me lache pas, qui me rappelle avec nostalgie mon enfance, pour ce que j'ai appris de mon pere, qui me parlait comme si j'etais une adulte, a l'age de a peine dix ans, qui voulait que je comprenne que le respect pour la terre et ses recoltes etait de grande importance, et qu'il fallait respecter la vie des agriculteurs, leurs familles, leurs connaissances et resistance. Mon pere travaillait dans l'industrie, etait en charge d'une fabrique de carrosseries ou travaillaient plus de mil personnes, il voyageait souvent a l'etranger, en Italie, en Allemagne, en Scandinavie, au Canada, aux Etats Unis, mais il me rappelait souvent que la vie urbaine, industrielle avait pleine d'illusions et etait coupable de pas mal d'abus, envers la nature, envers les travailleurs, et qu'il etait important de rester proche a la terre, de la respecter. 

             La Kabylie est une presence tres importante dans ma vie de poete, c'est elle qui m'a donnee ma voix litteraire, qui est ma muse. La photographie de Nacer Amari a su faire le pont entre mon enfance en Flandes, et ma realite comme adulte qui depuis mon adolescence vit aux Etats Unis, et qui n'avait jamais su y trouver son centre creatif, avant la decouverte fortuite de la Kabylie, en 2017. La Kabylie est ma flute d'inspiration, et moi a travers les poemes et articles de mes livres qu'elle m'inspire, je suis l'echo, qui apprend, apres toute une vie d'exile intellectuelle, de retrouver mes racines, mon coeur, mon ame. Le portrait du patriarche Amari inspire un grand respect, et me rappelle aux bustes fameux de guerriers gaulois, qui avaient une renommee pour leur regard feroce, qui intimidait aux romains. Le portrait me rappelle surtout au roi guerrier gaulois Vercingetorix ( 82 B.C. - 46 B.C.) qui etait le chef de la revolte contre les forces armees de Jules Cesar, pendant les guerres en Gaule. Il y a une statue fameuse et grande, de Vercingetorix dans la ville de Alesia, qui est du sculpteur Aime Millet (1819 - 1891), qui fut commandee par Napoleon III. Le nom Vercingetorix se traduit du gaulois comme "roi de grands geurriers", car Vercingetorix fut le premier roi gaulois qui concevait l'idee de saboter le strategeme romain infame de Jules Cesar de "diviser pour regner", dans l'effort d'annexer la Gaule comme une autre province de l'empire romain. La revolte de Vercingetorix contre les forces romaines fut en 52 B.C. pour defendre les terres de la Gaule qui couvraient 494,000 km2, et occupaient ce qui est aujourd'hui la France, la Belgique, l'Allemagne, et le Nord de l'Italie, et la plus grande partie de la Suisse. C'est dans son journal sur la guerre en Gaule, "De Bello Gallico" que Jules Cesar a dit : " Horum omnium fortissimi sunt Belgae": " De toutes les tribus gauloises, les tribus belges sont les plus resistantes", mais comme la Gaule entiere, la region belge aussi deviendrait une province, Provincia Belgica, dans l'empire romaine. Un million de gauls sont mort dans les guerres pour la Gaule, en plus d'un million aussi pris comme esclaves. 300 clans gaulois etaient massacres, et plus de 800 villes detruites, et dans la region qui serait la province romaine Helvetia, qui est la Suisse d'aujourd'hui, les forces armees de Jules Cesar ont reduit la population de 263, 000 personnes a 100,000 personnes, et la plupart d'eux il a pris comme esclaves.  Je me rappelle toujours la fierte quand - meme lisant ces mots sur la ferocite des guerriers gaulois belges, comme fille flamande de 14 ans, de la part du general romain infame pendant mes cours de latin, des mots que mon pere m'a fait repeter souvent. Le portrait de son pere du photographe Nacer Amari m'a fait penser aussi a la tenacite et volonte de fer, a la genie, la vision sur le futur, qu'avait le roi berbere Massinissa ( c. 238 - 148 B.C.) qui regneait pour 54 ans, jusqu'a sa mort a l'age de 90 ans, et qui avait 44 fils, et qui a l'age avancee de plus de 80 ans, luttait a cote de ses guerriers encore, a cheval. Masinissa avait la vision d'unir toutes les tribus berberes de l'Afrique du Nord dans une nation. Le roi berbere Masinissa commandait le respect de tout l'empire romain, - comme de l'historien Titus Livius et du general romain Scipion - et son pouvoir comme roi de la Numidie etait incontestable. Apres la destruction de Carthage, apres la troisieme guerre punique, la Numidie etait le pouvoir dominant de l'Afrique de l'Ouest. Comme flamande qui a quittee la Belgique a un jeune age, pour se sentir depuis exilee dans ce grand pays d'ame vide qu'est ces jours les Etats Unis, je ressens un grand respect pour l'esprit berbere de la Kabylie. Les Flandes a une population de 6,65 million de personnes en 2022, et la Kabylie a en ce moment une population de 5,5 million personnes, avec aussi 1 million de kabyles en France. L'exile est connu au coeur kabyle, comme fut le destin de Kateb Yacine, de Slimane Azem, de Idir, de Fellag, de Idir, de Rachid Taha, ce destin de se sentir a la fois etranger dans son pays adoptif et orphelin de son pays de naissance. On s'y habitue jamais. Le portrait du patriarche Amari m'a laissee une profonde impression, pour la fierte et force et profondeur du regard, pour le rappel a l'esprit guerrier de mes ancetres des tribus de la Gaule et leur resistance heroique contre la dominance destructive de l'empire romain, et pour l'admiration des rois berberes, surtout le roi Masinissa, qui lui, commandait le respect de l'empire romain, et pour l'esprit resistant berbere qui continue aujourd'hui, car l'esprit et coeur berbere retient cette noblesse historique de la dignite, de la fierte, de la generosite, de l'accueil, du respect et de la connaissance de la terre, de la mythologie des ancetres berberes, qui sont les sentinels qui sauvegardent des hauteurs du Djurdjura les reves et espoirs du passe, d'aujourd'hui et du futur de l'Algerie, de la Kabylie.  

Trudi Ralston  

La recherche sur le roi Vercingetorix et sur le roi berbere Masinissa, courtoisie de Wikipedia.   

Thursday, June 2, 2022

Le Coeur du Poete \ The Poet's Heart: dans la serie "La Flute et l'Echo " \ "The Flute and the Echo"

            Ce poeme dans la serie "La Flute et l'Echo" qui est ecrit en francais et en anglais, comme une melodie d'une flute et son echo, je dedique a ma Kabylie, fiere et resistante, genereuse et heritiere de la sagesse et courage berbere ancestrale et eternelle, la Kabylie, qui elle, me voit le coeur de poete, et de loin, me sourit, m'encourage:

            This poem in the series "The Flute and the Echo" that is written both in French and English, like a melody of a flute and its echo, I dedicate to my Kabylie proud and resilient, generous and proud heiress to the eternal and ancestral Berber wisdom and courage, Kabylie, who sees my poet's heart, and from a distance, smiles at me, encourages me: 


Le Coeur du Poete est un Prisonnier qui Sourit


Le coeur du poete est un prisonnier, qui voit ses mains en chaines, ses yeux prives de la lumiere, et qui sourit quand - meme. Il se trouve seul sur une plaine ou rien ne vit, rien ne bouge, ou depuis une eternite on lui hurle des insultes parce qu'il refuse d'accepter le noir pour le blanc de la lune. 

Le coeur du poete est un vagabond qui par hazard se trouve au milieu du desert et qui voit que la seule route qui mene quelque part a des portes fermees a clef et des fenetres ou le soleil n'a pas entree. Il y a du monde partout, on lui dit, mais tout ce qu'il voit clair c'est le ciel en larmes, et des jouets d'enfants abandonnes. 

Le coeur du poete ne sait pas comment cela se fait qu'on se moque de lui pour parler, de chanter ses vers, de celebrer ses poemes qui revent de l'amour, du bonheur et de la charite, de la beaute, de la fete, de la joie, et qui reve la nuit des promesses que lui laisse l'espoir. 

Le coeur du poete, il est surement berbere, car c'est la chaleur du coeur kabyle qui m'a sauvee a moi ma muse flamande exilee, qui m'a accueilli et heberge encore la fierte, le courage de mes poemes, de mon art, sans le coeur berbere, je n'aurais jamais su dechiffrer le mystere de mes vers si longuement etouffes. 

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Loin de ma Kabylie, mon coeur lutte contre le chagrin, de savoir ma famille berbere me voit comme on voit un petit radeau seul traverser l'horizon. J'ai le coeur lourd, mais comme je suis poete, je chante quand - meme, meme les jours ici de froid et de pluie, je vois et je ressens le soleil berbere. 

Car, le coeur du poete, il sourit quand on lui demande, pourquoi tu ne pleures pas, quand chaque jour a nouveau, on lui regarde et on ne lui voit pas, on lui fait le sourd, on ni l'ecoute ou entend. Mais le poete, meme les mains en chaines, il sourit, comme moi je le fais, car je sais, car je comprends, que quant a mes poemes, ils sont saufs, ils sont surs, dans le sein chaud et grand de ma famille berbere, de ma Kabylie, qui elle, a la porte et les fentres ouvertes et pleines de lumiere. 

Alors, meme si ici, je suis une poete condamnee a la solitude, a l'agonie d'etre une voix qui se perd sans la flute et son echo berbere, je continue, je souris, je chante, je danse, pour les arbres et les abeilles et oiseaux de la foret au bord de mon jardin. C'est eux qui apportent mon coeur et ses blessures vers la terre berbere, ou la chaleur de ma famille et amis berberes leur enleve la douleur et le gene d'etre poete solitaire, condamnee de souffrir l'exile deux fois, d'abord, de ma terre natale flamande, et de me trouver maintenant ici, si loin de l'etreinte de ma Kabylie. 


Trudi Ralston  


The Poet's Heart is a Smiling Prisoner


The poet's heart is a smiling prisoner, who sees his hands in chains, his eyes robbed of light, and who smiles still. He finds himself alone on a plain, where nothing lives, nothing moves, where since an eternity insults are hurled at him, because he refuses to accept the darkness as the white of the moon. 

The poet's heart is a wanderer who by chance finds himself in the middle of the desert and who sees the only path that leads somewhere, has closed doors and windows where the light is not permitted entry. There are people everywhere he is told, but the only thing he sees clearly are the sky's tears and abandoned children's toys. 

The poet's heart does not know why he is mocked for speaking, for singing his verses, for celebrating his poems, that dream of love, of happiness, of charity, of beauty, of feasts, of joy, of dreams at night by the promises hope leaves him. 

The poet's heart surely is Berber, because it is the warmth of the Kabyle heart that saved my exiled Flemish heart, that welcomed and shields still my dignity, the courage of my poems, my art, without the Berber heart, I would never have unlocked the mystery of my poems muzzled for so long. 

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Far from my Kabylie, my heart struggles against sorrow, to know my Berber family sees me as one sees a small vessel cross alone the horizon. My heart is heavy , but since I am a poet, I sing anyway, I see and feel the Berber sun, even on the days here of cold and rain. 

Because, the poet's heart, it smiles when it is asked why it does not cry, when each day anew, it is observed but not seen, treated as a deaf man, that is not heard or listened to. But the poet, even with his hands in chains, he smiles, as I do, because I know, because I understand, that when it comes to my poems, they are safe, they are secure, in the warm and ample bosom of my Berber family, of my Kabylie, who has an open door and open windows full of light. 

So, even if here, I am a poet condemned to solitude, to the agony of being a voice that gets lost without its Berber flute and its Flemish echo, I smile, I sing, I dance, for the trees and the bees and the birds of the forest by the edge of my garden, and they bring my heart and its wounds to Berber lands, where the warmth of my Berber family and friends takes away the pain and embarrassment of being a solitary poet condemned to suffer exile twice, first from my Flemish native land, and now, by finding myself here, so far from the embrace of my Kabylie. 


Trudi Ralston