Sunday, June 5, 2022

Le Defi de Vercingetorix: Le Portrait "L'ANCIEN" de Nacer Amari - dans la serie "L'Esprit Itinerant"

            Quand j'etais une enfant a Beveren, un village ouest - flamand en Belgique, mon pere souvent m'emmenait avec lui sur ses visites de voisins, et leurs fermes, car il avait un grand respect pour les personnes qui savaient cultiver la terre et ses recoltes. Dans la region ouest - flamande, c'etait surtout les recoltes de ble, de pommes de terre, de lin, de betteraves a sucre, et de tabac. J'etais l'ainee de quatre enfants, et une enfant serieuse, qui avait une tendance d'observer avec pas mal de mefiance, le monde des adultes. J'etais connue parmi les amis adultes de mon pere, et dans la famille aussi, pour avoir le regard penetrant, qui refusait de regarder aillieurs quand confrontee avec le regard d'un adulte qui pensait pouvoir me gener en abaisser le regard. Un des amis de mon pere etait un pretre jesuite, un homme qui etait unique pour le fait qu'il me traitait avec beaucoup de respect, et qui ne se moquait pas de mon regard intense, en fait, il faisait un effort considerable pour m'engager dans des conversations, d'essayer de savoir pourquoi j'etais si serieuse, si silente. Il m'invitait meme a des petits concours, pour voir si ce serait lui ou moi qui allait baisser les yeux d'abord, et chaque fois, il decideait de baisser les yeux d'abord, souvent avec un sourire d'appreciation. Je crois, que quelque part, mon regard franc lui faisait peur, comme si toute sa connaissance theologique ne lui aidait pas a comprendre ce qu'il n'arrivait pas a affronter dans l'insistance de mon regard. Un portrait de la part du photographe berbere d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie, du 2 juin 2022, "L'ANCIEN" m'a suscitee un interet et une curiosite, par la profondeur et intensite du regard dans les yeux de son protagoniste. Le portrait en buste, en noir et blanc est du pere du photographe, le patriarche de la famille Amari. Il y a dans son regard une determination, une force aussi, qui indique une personne qui possede une fierte et volonte intournables, qui m'a laissee profondement impressionnee, et avec un respect tel que je ressentais souvent comme enfant dans la presence des amis de mon pere a qui mon pere m'emmenait a visiter leurs familles et leurs terres. Depuis tres jeune, la vie rurale m'intriguait, la sincerite du travail des recoltes, l'effort physique, les connaissances des graines, des saisons, etait un contrepoids pour les artifices de la ville a cote du village, de qui je me mefiais meme comme enfant. Le regard dans les yeux du patriarche Amari parait parler de cette sagesse que je me rappelle dans certains des amis de mon pere, qui vivaient avec un respect profond envers la terre et ses richesses, ses lois, ses saisons, et ses recoltes. C'est un portrait qui ne me lache pas, qui me rappelle avec nostalgie mon enfance, pour ce que j'ai appris de mon pere, qui me parlait comme si j'etais une adulte, a l'age de a peine dix ans, qui voulait que je comprenne que le respect pour la terre et ses recoltes etait de grande importance, et qu'il fallait respecter la vie des agriculteurs, leurs familles, leurs connaissances et resistance. Mon pere travaillait dans l'industrie, etait en charge d'une fabrique de carrosseries ou travaillaient plus de mil personnes, il voyageait souvent a l'etranger, en Italie, en Allemagne, en Scandinavie, au Canada, aux Etats Unis, mais il me rappelait souvent que la vie urbaine, industrielle avait pleine d'illusions et etait coupable de pas mal d'abus, envers la nature, envers les travailleurs, et qu'il etait important de rester proche a la terre, de la respecter. 

             La Kabylie est une presence tres importante dans ma vie de poete, c'est elle qui m'a donnee ma voix litteraire, qui est ma muse. La photographie de Nacer Amari a su faire le pont entre mon enfance en Flandes, et ma realite comme adulte qui depuis mon adolescence vit aux Etats Unis, et qui n'avait jamais su y trouver son centre creatif, avant la decouverte fortuite de la Kabylie, en 2017. La Kabylie est ma flute d'inspiration, et moi a travers les poemes et articles de mes livres qu'elle m'inspire, je suis l'echo, qui apprend, apres toute une vie d'exile intellectuelle, de retrouver mes racines, mon coeur, mon ame. Le portrait du patriarche Amari inspire un grand respect, et me rappelle aux bustes fameux de guerriers gaulois, qui avaient une renommee pour leur regard feroce, qui intimidait aux romains. Le portrait me rappelle surtout au roi guerrier gaulois Vercingetorix ( 82 B.C. - 46 B.C.) qui etait le chef de la revolte contre les forces armees de Jules Cesar, pendant les guerres en Gaule. Il y a une statue fameuse et grande, de Vercingetorix dans la ville de Alesia, qui est du sculpteur Aime Millet (1819 - 1891), qui fut commandee par Napoleon III. Le nom Vercingetorix se traduit du gaulois comme "roi de grands geurriers", car Vercingetorix fut le premier roi gaulois qui concevait l'idee de saboter le strategeme romain infame de Jules Cesar de "diviser pour regner", dans l'effort d'annexer la Gaule comme une autre province de l'empire romain. La revolte de Vercingetorix contre les forces romaines fut en 52 B.C. pour defendre les terres de la Gaule qui couvraient 494,000 km2, et occupaient ce qui est aujourd'hui la France, la Belgique, l'Allemagne, et le Nord de l'Italie, et la plus grande partie de la Suisse. C'est dans son journal sur la guerre en Gaule, "De Bello Gallico" que Jules Cesar a dit : " Horum omnium fortissimi sunt Belgae": " De toutes les tribus gauloises, les tribus belges sont les plus resistantes", mais comme la Gaule entiere, la region belge aussi deviendrait une province, Provincia Belgica, dans l'empire romaine. Un million de gauls sont mort dans les guerres pour la Gaule, en plus d'un million aussi pris comme esclaves. 300 clans gaulois etaient massacres, et plus de 800 villes detruites, et dans la region qui serait la province romaine Helvetia, qui est la Suisse d'aujourd'hui, les forces armees de Jules Cesar ont reduit la population de 263, 000 personnes a 100,000 personnes, et la plupart d'eux il a pris comme esclaves.  Je me rappelle toujours la fierte quand - meme lisant ces mots sur la ferocite des guerriers gaulois belges, comme fille flamande de 14 ans, de la part du general romain infame pendant mes cours de latin, des mots que mon pere m'a fait repeter souvent. Le portrait de son pere du photographe Nacer Amari m'a fait penser aussi a la tenacite et volonte de fer, a la genie, la vision sur le futur, qu'avait le roi berbere Massinissa ( c. 238 - 148 B.C.) qui regneait pour 54 ans, jusqu'a sa mort a l'age de 90 ans, et qui avait 44 fils, et qui a l'age avancee de plus de 80 ans, luttait a cote de ses guerriers encore, a cheval. Masinissa avait la vision d'unir toutes les tribus berberes de l'Afrique du Nord dans une nation. Le roi berbere Masinissa commandait le respect de tout l'empire romain, - comme de l'historien Titus Livius et du general romain Scipion - et son pouvoir comme roi de la Numidie etait incontestable. Apres la destruction de Carthage, apres la troisieme guerre punique, la Numidie etait le pouvoir dominant de l'Afrique de l'Ouest. Comme flamande qui a quittee la Belgique a un jeune age, pour se sentir depuis exilee dans ce grand pays d'ame vide qu'est ces jours les Etats Unis, je ressens un grand respect pour l'esprit berbere de la Kabylie. Les Flandes a une population de 6,65 million de personnes en 2022, et la Kabylie a en ce moment une population de 5,5 million personnes, avec aussi 1 million de kabyles en France. L'exile est connu au coeur kabyle, comme fut le destin de Kateb Yacine, de Slimane Azem, de Idir, de Fellag, de Idir, de Rachid Taha, ce destin de se sentir a la fois etranger dans son pays adoptif et orphelin de son pays de naissance. On s'y habitue jamais. Le portrait du patriarche Amari m'a laissee une profonde impression, pour la fierte et force et profondeur du regard, pour le rappel a l'esprit guerrier de mes ancetres des tribus de la Gaule et leur resistance heroique contre la dominance destructive de l'empire romain, et pour l'admiration des rois berberes, surtout le roi Masinissa, qui lui, commandait le respect de l'empire romain, et pour l'esprit resistant berbere qui continue aujourd'hui, car l'esprit et coeur berbere retient cette noblesse historique de la dignite, de la fierte, de la generosite, de l'accueil, du respect et de la connaissance de la terre, de la mythologie des ancetres berberes, qui sont les sentinels qui sauvegardent des hauteurs du Djurdjura les reves et espoirs du passe, d'aujourd'hui et du futur de l'Algerie, de la Kabylie.  

Trudi Ralston  

La recherche sur le roi Vercingetorix et sur le roi berbere Masinissa, courtoisie de Wikipedia.   

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