Wednesday, June 15, 2022

Le Message du Flamant Rose: dans la serie "L'Esprit Itinerant" dedicacee a Nacer Amari

         La memoire est une chose extraordinaire, qui peut dans l'espace de quelques secondes, nous transporter a un moment dans le passe, meme si ce moment etait il y a des vingtaines d'annees, ou leur double. La memoire est une machine a remonter le temps qui voyage ou elle veut, et meme arrive a reveiller le cerveau de toutes les emotions, les images, les pensees qui etaient temoins du moment. Une image de flamants roses recemment, a suscitee une memoire puissante visuelle et affective du moment quand j'ai vu a l'age de 5 ans, un flamant rose pour la premiere fois, dans un jardin zoologique en Flandes. C'est une memoire que j'ai decrit deja dans un de mes livres, mais cette fois ci, la memoire m'a non seulement transportee vers un moment specifique dans le passe de mon enfance, mais a aussi resussie a reveiller une forte emotion de ma vie ici aujourd'hui, et le lien important que me donne a mes inspirations et revelations poetiques la Kabylie, et surtout la photographie de mon collegue kabyle Nacer Amari de Tassi Photographie, quant a son influence sur ma muse et ses perspectives a travers son art visuel. La vue du flamant rose de mon enfance m'est gravee dans la memoire, ce moment de silence complet entre l'oiseau aux pattes si longues, avec ses plumes de couleur rose - orange pales et brillantes a la fois, le bec noir - orange avec sa courbe vers le bas, l'oeil jaune pale avec son petit centre noir, qui donnait a l'oiseau l'apparence d'un savant ancien, et moi devant cet animal inconnu, etrange, qui paraissait vouloir me dire des choses, mais qui ne savait pas comment me les communiquer. Le flamant m'a regarde avec la meme intensite et curiosite que je lui ai regardee, comme s'il y avait dans sa tete la meme invisible question: quoi exactement je voyais en lui, et qu'est ce que l'oiseau rose - orange pouvait constater de moi comme enfant qui etait collee sur place en admiration de ses couleurs, de sa taille, de son silence hypnotisant? Un silence qui paraissait etre un portail, une sensation d'un autre monde, son monde, tel qu'il le vivait dans ce moment envoutant. Une seconde memoire d'un oiseau qui m'a laissee une impression comme enfant tres jeune, fut le moment ou mon pere m'avait emmenee voir un paon dans le jardin d'un de ses amis. Les couleurs brillantes en pourpres et or et verts de sa queue majestueuse, de sa couronne, s'etaient melangees soudainement avec son cri strident comme venant d'une autre realite, trop difficile pour mon jeune age de comprendre. Je parle de cette rencontre dans l'article #25 " Dans la Traverse du Tigre", de mon livre recent du 20 mai 2022 " L'Esprit Vagabond: A la Recherche de l'Identite Creative avec Nacer Amari." L'oeil noir brillant du paon, comme l'oeil jaune pale du flamant, me restent encore a la memoire, pour etre si different de l'oeil humain. Dans le cas du paon, c'etait son cri qui etait le plus hypnotisant, tandis que ce fut le silence du flamant, dans tous ces gestes, dans sa facon de m'observer avec une mesure d'amusement et curiosite qui m'a fait rester sur place pour ce qui me paraissait une eternite. On s'observait le flamant rose et moi, avec egal interet et curiosite. Le matin froid et gris ici, avec une temperature de 15 degres Celsius, m'a rendue plus vive encore la memoire de la rencontre avec le flamant rose et ses plumes roses - oranges flamboyantes tel un danseur ou danseuse d'un cabaret avant - garde pour le silence de l'oiseau, qui m'a fixee de son oeil jaune avec egale intensite que moi, connue comme enfant pour mon regard penetrant. Cette fois, cette memoire avait un cote de profonde tristesse, de perte, d'un desir de vouloir savoir ce que m'avait vu le flamant, et ensemble avec cette melancholie intense face a cette revisite de cette memoire visuelle et affective vives, il y avait cette soudaine montee de desir de vouloir me savoir appartenant a la chance d'etre membre a nouveau d'une grande famille, comme j'ai perdue tant de famille dans ma vie, et ce desir etait pour ma famille berbere en Kabylie, etait pour la terre berbere qui me manquent depuis mon premier sejour en Algerie en 2019. Ce flamant rose cette fois etait la memoire de l'echange hypnotisant d'un silence complice entre nous, comme si on savait tous les deux que la solitude et l'isolation allaient etre la douleur d'une grande partie de ma vie d'adulte, avant que la Kabylie allait briser son sortilege suffoquant. La memoire du flamant rose et son regard et l'emotion de voir ses plumes flamboyantes, avait reveillee une seconde couche d'emotions, celle de me trouver emue profondement pensant au mystere du fait que ce'st la culture berbere qui m'a donnee la joie qu'est la source d'un silence ne pas suffoquant, mais creatif, guerisant, qui nourrit ma muse et ses passions et inspirations. Ayant connue comme enfant l'experience imposante du silence qui inclut, qui explique, une fois aux Etats Unis comme adolescente, j'ai connue le gout amer et vide de silences tuants, de la solitude qui dechire le tissu de l'espoir, de l'isolation qui erode la confiance, l'energie, le courage, qui laisse sa cicatrice sur le sommeil et ses reves et qui essaie de mettre son ombre sur le sourire. Le flamant rose et la memoire de son silence qui avait un air aussi exotique et rare que la couleur de ses plumes et la forme de son bec et le regard de son oeil, m'avait cette fois infusee d'un message qui paraissait saturee d'une senteur d'urgence. Quel etait ce message si difficile a dechiffrer pour mon coeur, qui etait tres conscient de son importance? 

         Toute la journee, le flamant rose me suivait la memoire, insistait que je comprenne ce que son second message, tants d'annees plus tard, toute une vie plus tard, voulait que j'entende, a travers le grand mur de son silence. Dans ma tete, un poeme s'est mis a parler, en rythmes et melodies avec des claquements de main, d'une voix aussi, essayant d'exprimer ce qui s'annonceait comme une energique riviere qui cherche son chemin a travers les roches, et de qui sa voix est berbere, elle me vient de ma Kabylie, qui m'attend comme moi je voyage avec les visions de mes poemes, chaque jour a nouveau vers sa terre, vers l'espace grande de son coeur, a travers le chant de mes poemes, de mes reves creatives d'elle et pour elle: 

Le Message du Flamant Rose


Cela fait si longtemps, amie, qui a un temps etait une enfant qui se trouvait devant le flamant rose qui se bougeait comme un acteur d'une piece de theatre de marionnettes exotiques aux gestes ne pas connus.

Je ressens avec tant de precision, tant d'emotion, tout ce sentier que tu as du croiser toute seule pour si longtemps, avec dans tes valises tes poemes avec le code et la clef de leurs melodies rendus perdus. 

Je sais comme peut - etre dur avoir dans le coeur les mots qui n'arrivent pas a trouver leur expression, je connais la douleur, la peine aigue d'avoir au coeur le plomb lourd de ne pas avoir la traduction pour tout ce qu'on a vu. 

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Je suis l'esprit de la Kabylie, tu sais deja que j'ai une grande tolerance pour comment combattre les ombres de l'oubli, j'ai le coeur qui comprend le chagrin de l'exile, de vouloir se reunir avec sa terre, ses racines. Il y a pleine d'espace dans mes bras grands ouverts, ou toi et tes poemes peuvent chanter et danser. 

J'ai l'esprit resistant, cela est mon heritage qui resonne encore dans les voix de mes ancetres qui vivent et revent dans les montagnes du Djurdjura. Ma fenetre a une vue qui accueille le ciel bleu le printemps, et en ete le soleil accompagne l'espoir et la joie des amoureux et des enfants.

Le flamand rose veut seulement te rappeler que la solitude que tu as vecue, tu ne dois pas la repeter, car, ici, en Kabylie, on t'attend a toi et a tes poemes, on entend d'ici l'echo de tes reves et leurs poemes, ne laisse pas le manque pour ta famille berbere te tourmenter avec l'ombre du passe et sa solitude.

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Les ancetres berberes de la Kabylie, savent voir dans le temps, et c'est cette sagesse guerisante que ton coeur a vecue sur leur terre, qui t'a accueillie et te protege le mystere de ton enfance et adolescence perdue, car la Kabylie est elle aussi en exile, mais elle garde toujours la charite et la fierte de l'identite. 

Ceux qui ont souffert ne ferment pas la porte a celui qui cherche de l'abri pour ses peines, pour ses reves, depuis la nuit du temps, le coeur berbere laisse la clef pres de la fenetre ouverte de son esprit, le flamant rose n'y sera pas encerree, et tes poemes dormiront en paix sous les etoiles et la lune de ta Kabylie. 

N'abandonne pas le courage, n'abandonne pas l'espoir, mets en robe kabyle les melodies de tes souhaits de voir a toujours libres, tes poemes, tes livres, qui racontent ton amour pour la culture et ta famille berbere, qui sait que l'appartenence du coeur, de l'esprit est ce qui maintient en equilibre le destin de la terre. 


Trudi Ralston



    

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