C'est merveilleux, la saison estivale et ses brises douces, les parfums de ses fleurs qui nous touchent ce sens de la joie, de l'espoir, et du desir qui envahit le coeur avec l'energie du soleil, sa facon de savoir ainsi parfois evoquer la memoire gardee de personnes aimees. Il y a dans ce delire nostalgique de la fin de l'ete aussi une note douloureuse, inevitable, quand ce delire cache dans son centre, comme un caillou y mis sans avertissement, le chagrin de se savoir loin de cette rare joie, de partager un lien qui sait voir au - dela des camoufflages dans lesquels on habille nos coeurs. Peu sont les personnes qui nous savent ouvrir l'entree qui mene vers les espaces interieures de notre ame, et qui autrement restent invisibles, parfois, toute une vie. Comme personne qui depuis ma jeunesse vit entre trois continents, le monde interieur de mon coeur est une espace qui fut largement inaccessible, et que mes reves la nuit et leurs explorations elaborees me permettaient de visiter. La Kabylie a changee tout ca, a su rompre cette solitude de cet immense desert qu'avait ete mon exile depuis si longtemps, pour tants d'annees. Le travail surtout, depuis la fin de 2019, avec mon collegue kabyle d'Aokas, le photographe Nacer Amari, de Tassi Photographie, me permet de demonter les pieces maladroites, maladaptees de la structure compliquee de ma vie. C'est apres 5 ans de collaboration avec lui, que je commence a voir avec clarte progressive, l'impact de son art sur l'energie de mes visions litteraires en prose et poemes, et sur mon art et ses expressions. Je crois que ceci est une grace, ce lien transformatif, qui illumine en meme temps le coeur, l'esprit resistant et profond de la Kabylie. C'est une collaboration du chaman, comme je l'explore dans mon libre de mai 2025, "Le Hurlement des Loups du Midi: Le Geste du Chaman": un texte de 38 articles et poemes sur les elements intellectuels - spirituels et leurs influences artistiques - radicales de la photographie de Nacer Amari." Dans un monde ideal, la distance entre la Kabylie et Olympia ne serait pas 9000km a travers 3 continents et 15 heures de vol entre Seattle et Alger, mais peut - etre juste 3 ou 4 heures, et sans les folies des visas implacables en ce moment qui font des frontieres entre pays une odysee de tourmentes bureaucratiques interminables. Donc, faute de la realite en ce moment bien limitante, je traverse la distance avec le navire intrepide de mes ecrits, de leurs mots qui construisent tout un monde, qui m'unit a la Kabylie, et a l'art et ses sensibilites de mon collegue en Aokas. Ma muse vit sur les rives de la Mediterranee, elle chante sur les vagues de sa mer, dans la voix des nymphes de ses rivieres et les esprits de ses montagnes de la Kabylie, dans les horizons vastes de l'Algerie, et je lui appelle ici sur les melodies des rayons chauds du soleil, de l'echo la nuit de la lune, des notes de cristal des etoiles, qui voient mon amour pour elle, ma mere spirituelle, et qui voient ma reconnaissance pour le chaman qui me guerit du chagrin de mon exile qui avant la rencontre kabyle, paraissait sans fin. Ce poeme chante les notes de cette melodie joyeuse et aussi melancholique, de me vouloir trouver a nouveau sur les rives de la terre kabyle qui tant m'inspire, elle, qui est la flamme sure et grande qui illumine le chemin dans les tenebres, qui agrandit la lumiere le jour, et de qui son echo reverbere dans mon coeur, dans ces moments ou elle me remplit d'une joie totale, de qui sa tendresse me sait inonder le coeur de larmes chaudes de manque, ces moments quand je n'entends pas la reponse de sa voix sonore quand je cherche sa touche dans le silence:
La Formule: Le Souhait de l'Ame Vagabonde
Il devrait y avoir une formule toute faite qui enleve le chagrin aigu de se savoir loin des rives, des coeurs de ceux qui nous savent entendre les melodies dans les silences, qui dessinent nos pas sur le chemin du destin.
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Il devrait y avoir une facon de tisser une matiere qui permet toucher le parfum de la presence de ceux qu'on aime et doit manquer sans en pouvoir resoudre le mystere. Ah, la douleur intense de ne pas savoir si je vais revoir le sourire, sentir la chaleur de l'accueil Berbere.
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Comment sculpter la presence de facon tactile la douceur qui guerit, qui libere, de l'ami, du camarade qui a su enlever le poids lourd de l'isolation, de la solitude, ce fardeau de l'exile qui suit l'esprit libre comme un fantome?
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C'est le souhait de l'ame vagabonde, de trouver dans le sable des enigmes que la vie nous apporte, cette bouteille qui contient la formule qui explique comment revoir au coeur qui est le miroir du notre, qui comprend l'alphabet de nos reves, de nos desirs, de nos souffrances.
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D'ou vient cette blessure, qui se met au coeur, comme un feu qui brule, qui devore sans aucune evidence, de qui le sang de sa peine se cache, laisse des traces que le monde ne sait pas voir? Comment est - ce que c'est difficil de la eviter, cette torture dont on ne sait pas ni l'heure de son arrivee, ni de son fin?
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Comme c'est beau, de s'imaginer de pouvoir oublier la peine de voir ce pont sans traversee claire, de voir le dessin et les tuiles et matieres necessaires pour arriver sain et sauf, la ou n'existera plus la separation, juste le bonheur qui efface les traces de toute peine.
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La distance qui separe, qui en meme temps unit, meme si le pont reste loin, et existe surtout dans le monde de notre imagination, sans les limites imposees ou fabriquees. Car, cruelle est cette bizarre verite: la distance la plus grande que dans la vie on doit surmonter, c'est la distance que cree dans nos coeurs le doute face au courage que demande le chemin difficil vers la liberte interieure.
Trudi Ralston
"Noir et longue est la separation que je partage d'egale mesure avec toi. Pourquoi pleurer? Donne - moi la main. Promets - moi que tu reviens. Toi et moi, on est comme des montagnes hautes et on ne peut pas s'approcher. Envoie - moi parfois de tes nouvelles. A minuit sur le courier des etoiles."
- Anna Akhmatova (1889 - 1966), poete russe. Le vers de ce poeme "En Reve" est de 1946. - La traduction du vers en anglais, "In Dream", au francais est la mienne.
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