Friday, August 4, 2023

Une Chaine Ininterrompue: La Sagesse Courageuse dans le Portrait "Amghar" de Nacer Amari - dans la serie "La Flute et l'Echo"

               La memoire est une faculte etonnante de l'esprit, qui nous permet cataloguer et visiter les images et leurs circonstances des experiences de notre vie, de nous rappeler des moments qui remontent a notre enfance, notre jeunesse, et pour les personnes qui recoivent la grace de vivre longtemps et en bonne sante, jusqu'a une age avancee.  Un portrait en noir et blanc de l'artiste visuel d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie, du 28 juillet 2023, au titre "Amghar", et ecrit en Tifinagh, a beaucoup a dire sur le contexte de la memoire. Son titre "le Vieillard" de ce portrait envoutant est d'un homme de qui ses habits soigneux et sa pose indiquent une personne fiere et reflexive, qui possede un sang froid et un esprit qui observe, et qui met ses observations dans le contexte des experiences de sa vie. Son esprit reflexif se concentre dans le regard lointain, que le photographe a su faire le centre du portrait de son protagoniste, sans que les lunettes du vieillard digne limitent le magnetisme du regard interieur, averti. Ce vieillard le photographe nous montre assis, les mains detendues autour de sa canne sur laquelle il appuie avec calme les mains jointes. Ce portrait montre le vieillard possedant une personalite tolerante envers les hauts et les bas de la vie, un esprit resistant face aux defis, et une attitude courageuse face aux obstacles tetus et les stress inevitables que la vie nous donne, ainsi qu'une perspective humilde qui prefere ne pas permettre l'amertume avoir la derniere parole. Ce portrait "Amghar" sobre et peint avec perspicace psychologique, rappelle l'importance qu'ont dans la communaute les personnes agees, pour la richesse de leurs experiences, de leurs points de vue, qui s'etend du passe vers le present, une perspective qui fait penser a l'expression en latin "Virtus ardens": "le courage sous la feu." Ma vie ici aux Etats Unis me permet rarement des echanges avec des personnes agees. Mes deux parents ainsi que les deux parents de mon mari sont morts depuis des annees, et le voisinage aussi a peu de personnes vieilles. C'est la memoire qui me permet visiter les souvenirs de personnes agees de mon enfance, du village ouest - flamand ou j'ai grandie, et de ma famille, c'est a dire mes grandparents maternels et paternels. Ma grandmere paternelle, Celina, je me rappelle tres bien, sa presence imposante, ses contes de la Seconde Guerre Mondiale quand elle a perdue a son mari quand il n'avait que 43 ans, ses mains habilles quand elle faisait ses coutures, son sourire, sa voix meme, et sa facon de m'encourager. Mon grandpere paternel Guillaume etait le maire du village a cote, un homme serieux, silent, toujours vetu comme s'il allait a une fete de mariage ou autre function celebratoire. Je me rappelle la senteur de ses cigares qu'il fumait quand on lui faisait visite, et comme etait sa personalite taciturne en contraste avec la personalite de ma grandmere maternelle, qui etait tres sociale. Je n'ai plus des grandparents, mais voir ce portrait "Amghar" du photographe kabyle Nacer Amari me permet me rappeler a eux, ce que j'ai appris de les connaitre comme jeune enfant et adolescente, ce qu'ils m'ont apportees, en connaissances, en avertissements, en partage de leurs experiences. 

               Ce portrait met aussi en valeur l'importance des personnes agees, qui donnent une chaine ininterrrompue a la communaute du village, de la famille, quant au sens de l'histoire de leur vie, qui nous font comprendre le contexte de nos propres vies, du passe, et de comment faire face avec intelligence au present et au futur. Je pense encore souvent aux mots de sagesse de mon pere, de ma grandmere, a la determination de ma grandmere Celina de rester positive et resistante apres se trouver veuve avec quatre enfants a l'age de 38 ans, a la fierte de mon grandpere Guillaume de ne pas se laisser detruire par la tristesse apres la mort de son epouse, une artiste peintre et musicienne, que je n'ai pas connu bien, comme elle est morte quand j'avais a peine 5 ans. Je me rappelle de personnes agees de mon village, comme le jardinier Arthur Naert, qui a l'age de 84 ans, travaillait avec une alacrite efficace de l'aube jusqu'au soir, 8 a 10 heures, et m'a laissee la memoire de son rire, de sa force et energie physique considerable, sa personalite tranquille, la lumiere de joie dans son regard quand il se rappelait une histoire marrante. Je me rappelle au vieux cure de notre village, qui portait son habit noir long, qui lui donnait pas mal de defis logistiques quand il se mettait sur son velo apres avoir bu une bonne quantite de vin ou whiskey a la maison, ce qui etait un puzzle intrigant comme jeune enfant de qui les soeurs catholiques de l'ecole primaire du village consideraient la boisson alcoolisee une virtue douteuse pour un membre de l'eglise. Le vieux cure donnait des sermons parfois effrayants, ou il paraissait se facher et s'impatienter avec la congregation, ce qui m'a laissee avec une impression que le cure aurait bien aime etre acteur de theatre, selon que je pouvais diviner de ses gestes et declarations a haute et puissante voix, qui reverberaient avec pas mal d'insistance. Je me rappelle le maire de notre village, Maitre Rabouw, de qui sa moustache blanche enorme me fascinait, ainsi que sa grande pipe et ses costumes tres elegants. Comme enfant, les personnes agees me fascinaient: ayant une mere tres occupee avec son monde social, les vieilles personnes etaient souvents celles qui etaient pretes a m'ecouter, a partager leurs contes, et de donner veracite et interet a mes propres contes, questions, doutes. Ils avaient toujours quelque chose a dire, a m'apprendre, et je crois que le respect etait mutuel, que ces vieux et vieilles personnes sentaient que j'etais une enfant seule, qui avait beaucoup de choses a digirer, qui chercheait de donner un sens a son monde, aux contradictions, aux indifferences de sa mere. Pres d'eux et elles, j'etais une egale, une enfant serieuse, qui ne les voyait pas le physique qui se ralentait, ou la sante deja moitie compromise, ou la tristesse de certaines pertes tragiques, mais qui leur voyait le tresor de leurs experiences, de leur point de vue, de leur patience envers moi, enfant inquiete, de qui les mauvais reves lui hauntaient des l'age de dix ans, quand le mepris et l'indifference de ma mere envers moi et mon frere et deux petites soeurs s'annonceait chaque fois plus fort. Je me rappelle le salon de mon grandpere, qu'il avait laissee intact apres la mort de son epouse, et ou je me cacheais en secret pour lire mes magazines favories sur l'archeologie de l'Egypte et de la Persie anciens quand j'avais 13 ans. Je me rappelle le silence absolu de cette chambre, suspendu dans le temps et un style de la fin du XIXeme siecle, avec ses muebles un peu bombastes et hors de contexte contemporain. De ma grandmere paternelle, je me rappelle qu'elle m'emmenait aux magasins ou elle achetait les tissus pour ses coutures, et la memoire de lui observer travailler sur un manteau, une robe, un tailleur, une jupe. Je me rappelle que c'etait ma grandmere qui m'avait achetee un livre de pirates, qu'elle savait que j'avais vu au magasin ou elle m'avait emmenee. De mon grandpere, je me rappelle ses funerailles, qui etaient elaborees et qui reunissait toute la famille, de pres, de loin. Je me rappelle la dignite imposante qui se montrait dans son visage aussi dans la mort, et comme lui voir ainsi, ne me faisait pas peur, mais me laissait avec un interet profond envers le mystere de la mort, son silence solennel et incomprehensible. 

               "Amghar" de Nacer Amari est un portrait qui a beaucoup a dire, sur la richesse de la culture kabyle, qui valorise le sens de la communaute, de la continuite mythologique et sociale que donne le village, la famille, et les personnes agees. Dans la portraiture du monde visuel de la photographie et de la peinture, le regard est au centre du pouvoir affectif et artistique que sait evoquer, creer un portrait. Le regard est l'energie, la source magique qui permet a l'artiste visuel d'etablir une communication avec le protagoniste, de generer un message affectif, qui permet admission au monde interieur de la personne qui se trouve face a son tableau, face a sa camera. Un regard averti, introvertif comme dans le portrait du vieillard, invite le spectateur au monde interieur, reflexif du protagoniste, et en meme temps lui laisse aussi sa privacite, ses secrets, de qui le regard lontain suggere ses couleurs, ses histoires, de facon discrete, qui nous invitent de les imaginer, de les comparer a nos histoires, nos secrets, et qui etablissent un lien de sympathie entre le spectateur et le protagoniste du portrait et entre le photographe et son sujet, et le photographe et son public. Ce rythme de complicite est ce qui rend la portraiture dans le monde des arts visuels si captivant et imperieux. Un article du 21 avril 2020, "The Secret of Eyes in Portrait Photography", "Le Secret des Yeux dans la Portraiture Photographique" voit "les yeux comme l'ecran double qui interprete toute experience psychique - physiologique dite affective."  Cet ecran double des yeux interprete autant qu'il permet communiquer, ce qui ajoute depuis l'antiquite une fascination au monde du portrait, comme le realisme envoutant des bustes romaines, des fresques funeraires anciennes egyptiennes et grecques, qui allaient s'exprimer a partir du XIXeme siecle, dans les portraits de la photographie et ses techniques ingenieuses. L'art du portrait continue de garder et augmenter son importance artistique - culturelle et historique, pour permettre une vue claire, perspicace, complexe et complice dans l'etre humain et ses dilemmes, ses contradictions, ses joies et ses tragedies, et ses mysteres, qui lui accompagnent de sa naissance jusqu'a l'age avancee. "Amghar" est un magnifique portrait, sobre, envoutant, et qui sait unir ce trait unique du photographe Nacer Amari, de qui ses portraits kabyles sont toujours une affirmation de la culture Berbere, et une expression de les comprendre et voir dans le contexte universel de l'experience humaine. Chacun de ses portraits est une chance de pouvoir estimer l'experience de son protagoniste dans le contexte de notre propre experience, et dans ce sens, ses portraits sont aussi un appel a la fraternite, a l'urgence de respecter toutes les cultures, et leur heritage, leur sagesse, leur beaute, pour unir les peuples de differentes cultures et pays, au lieu de les diviser, de les aliener. Quant a mon experience avec la culture Berbere, elle continue a m'enrichir l'inspiration et l'experience poetique et intellectuelle - sociale de facon exponentielle, comme en temoignent mes nombreux livres et mon art qui lui celebrent.  

Trudi Ralston 

L'information sur le regard dans les portraits, courtoisie de Wikipedia, et de l'article "The Secret of Eyes in Portrait Photography", du 21 avril 2020, dans 12clicks.com

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