Thursday, March 21, 2024

Le Delire d'Italo Calvino: Le Village a l'Autre Bout du Temps - dans la serie "Les Blessures de Chiron" dediquee a Nacer Amari

             La fusion de deux elements creatifs qui a premiere experience auraient pu etre incongrus, ont laissee une forte impression a vue plus proche, et en fait, a revelee un lien unique avec la Kabylie et son importance centrale quant a ma voix de poete et artiste, et specifiquement la photographie narrative du photographe Nacer Amari de Tassi Photographie: le livre "Les Villes Invisibles" de l'auteur italien Italo Calvino (1923 -1985) et le film americain de 1966, "Brigadoon". Le livre d'Italo Calvino, de 1972, qui a obtenu le Prix Medici en 1974, m'a ete introduit par mon fils, pour etre un des livres d'une de ses classes pour sa maitrise en litterature et ecriture creative, entre 2020 et 2023, et je l'ai lu 2 fois depuis deja, et le film "Brigadoon" etait une experience de mon jeune adolescence, qui m'a beaucoup marquee. Le livre et le film sont une etude sur le phenomene de la ville moderne, et postmoderne, et son impacte sur la psyche, et ceci a travers la technique litteraire et cinematographique, de l'element de la fantaisie. Cet article va explorer les deux, et les mettre en juxtaposition avec la sagesse kabyle, qui a une connaissance et respect profond pour la terre, et de qui son esprit a un lien profond avec l'agriculture et sa mythologie, qui remonte des milliers d'annees. Ce lien s'exprime aussi dans le coeur artistique kabyle, comme dans la photographie de Nacer Amari, qui sait unir son talent pour l'art visuel a l'amour pour la terre, qui donne une sincerite unique a ses portraits et nature mortes kabyles, a son heritage comme fils d'Aokas, qui possede un esprit culturel fier et unique. Le contraste entre ville et village, est au centre du film "Brigadoon", et le theme du livre "Les Villes Invisibles", se centre autour du caractere ambigu de la ville, a travers 9 chapitres de ses 164 pages, qui presentent des villes imaginees, dans un style fantasmagorique hypnotisant, ou chaque ville est etalee dans des mots qui s'approchent a une magie verbale. Les villes imaginees ont des noms exotiques, comme Tamara, Zora, Despina, Zirma, Maurilia, et sont exposees comme des breves pieces de theatre, de qui leur complexite visuelle est affirmee par la structure verbale autour de laquelle Italo Calvino construit leurs edifices fantastiques - oniriques. L'exploration des villes vacille entre un optimisme genereux et un scepticisme morbide, comme la conclusion de l'experience de la ville imaginaire de Ersalia: " Ainsi, quand on voyage dans le territoire d'Ersalia, on arrive aux ruines des villes abandonnees, sans les murs qui ne durent pas, sans les os des morts que les vents roulent: telles des voiles d'araignees de liens complexes, chercheants une forme. " (page 76). L'auteur continuellement exprime une admiration pour le phenomene de la ville, en meme temps qu'il sent un doute fort et persistant envers son inevitable problematique: "Aussi, a Raissa, ville de tristesse, il y a un fil invisible qui unit les etres vivants l'un a l'autre pour un moment, et apres se defait, et se tend encore entre deux points quand il dessine des nouveaux et rapides motifs, pourque a chaque segonde, la ville malheureuse contient aussi une ville heureuse, qui n'est pas conscient de son existence. " (page 149) Vers la fin du livre, les mots d'un chevrier marquent l'essence de l'influence douteuse que possede dans son caractere le phenomene invasif des villes, dans ce cas la ville imaginee de Cecilia: "Les places se sont melangees", disait le chevrier. "Cecilia est partout. Ici, il etait une fois, la Prairie de Sauge Basse. Mes chevres reconnaissent l'herbe sur le rond - point." ( page 153). Italo Calvino avait un interet bien specifique dans le phenomene de la ville, et le long ses voyages nombreux, sa ville favori etait New York. Neaumoins, son livre "Les Villes Invisibles" traduit dans 17 differentes langues, est saturee d'un pessimisme autour du phenomene, et son inevitable destruction, dans ses mots tres surs quand au futur des villes, ce qui resonne avec une veracite prophetique dans le chaos du XXIieme siecle, sous menace continue de guerres chaque fois plus violentes, et du defi croissant exponentiel du changement du climat et ses immenses consequences desastreuses, quant aux chances de survie de la race humaine, qui si elle survie ce debacle intacte, le fera grace aux villages et leurs sagesse et connaissance de la terre et ses recoltes: "La catalogue des formules est infinie, jusqu'a ce que chaque forme trouve sa ville, des nouvelles villes vont naitre. Quand les formes s'epuisent leur variete, et s'ecroulent, la fin des villes commencera." C'est cette conclusion decisive qui permet le lien avec le film "Brigadoon", qu'on va explorer maintenant, car ce film est un eloge du village, a travers une histoire de deux hommes americains urbains, qui par accident, decouvrent un village unique pendant leur voyage en Ecosse, ce qui va changer la vie d'un d'eux dramatiquement.  

             Le film americian de 1966, "Brigadoon" a une longue histoire d'antecedents dans le monde des musicales de Broadway a New York. Son histoire commence en 1947, a Pennsylvania et New York en 1947, avec 581 mise en scenes, et a apparu en musicale depuis a New York, en 1949, 1950, 1957, 1963, 1980, 1986, 1991, 2014, et 2017. En 1954, le regisseur Vincente Minnelli ( 1903 - 1986), en fait un film musicale avec Gene Kelley et Van Johnson, et Cyd Charisse comme les principaux protagonistes. C'est le film de 1966, pour la television avec Robert Goulet (1933 - 2007) et Sally Anne Howes ( 1930 - 2021 ) et un jeune Peter Falk (19267 - 2011), qui apres serait le detective dans la serie americaine de longue duree "Colombo" (1968 - 1978, 1989 -2003), qui a laissee sa marque sur l'histoire de ma vie. La musicale et son livre d'origine de 1947 est du compositeur americain Alan Jay Lerner (1918 - 1986) avec la musique du compositeur allemand - autrichien Frederick Loewe ( 1901 - 1988), et raconte l'histoire d'amour serieuse entre Robert Goulet qui joue le role de Tommy Albright et Fiona MacLaren, jouee par l'actrice anglaise Sally Anne Howes. Tommy et son copain Peter Falk, qui joue le role de Jeff Douglas, sont deux americains qui sont en Ecosse pour un championnat de voitures de course, et qui se perdent en route pour se trouver ainsi dans un village ecossais magique qui n'est visible que pour un jour chaque 100 ans. On peut y rester comme visiteur ce jour, mais a la fin du jour il faut partir, et le village disparait a nouveau de vue. Si par hazard, on y trouve l'amour sincer, on peut rester, mais avec l'entente que quitter le village apres n'est pas possible. Tommy et Fiona s'aiment, et Tommy veut rester, avec la permission de Fiona, mais son copain Jeff insiste que Tommy retourne aux Etats Unis, comme la fiancee de Tommy, Jean, lui attend a New York. Tommy retourne a sa vie stressante aux Etats Unis, mais n'arrive pas a oublier a Fiona, et a la fin, il decide de retourner au village ecossais de Brigadoon et y rester cette fois pour joindre a Fiona. Le nom Brigadoon, du village magique du film, se refere en fait a un pont reel en Ecosse, le pont Brig o'Doon, qui se trouve dans le sud d'Alloway, en Ayrshire. Le but des nombreuses productions musicales et des deux films etait d'illustrer le theme du vide de la vie urbaine moderne, et de celebrer a travers le village imaginaire de Brigadoon, la chaleur et la simplicite de la vie rurale. Le fait que le theme de "Brigadoon", surtout en forme de musicale a survecu deja pour 70 ans temoigne de l'interet vif que continue a inspirer son sujet. La Kabylie signifie pour moi cette sagesse ancienne et durable, du respect pour la terre et la communaute que donne le village kabyle, avec comme son gardien l'esprit du Djudjura, presence eternelle qui tel un sphinx immense protege a la terre kabyle et ses familles. C'est d'un symbolisme profond dans un monde ou les villes accumulent des populations chaque fois plus grandes, plus intenables, plus vulnerables et stressees, a cause de l'angoisse reelle de comment continuer a securer les ressources necessaires pour les millions de personnes dans les villes surchargees avec les defis de circulation, pollution, pauvrete extreme et richesse excessive, violence, stress et recemment a cause du changement du climat globale et guerres, manque de ressources vitales comme l'eau, et risque d'epidemies, comme l'alarme et chaos autour du Covid en 2020, de qui son ombre traine encore dans la conscience mondiale, ni parler de disruptions globales de commerce a cause de rivieres seches, ou le contraire, les inondations fatales comme en Australie, et au Sud des Etats Unis, et le Pakistan les dernieres annees, a cause de l'elevation de niveaux des oceans qui envahissent les grandes villes cotieres, comme Miami et Houston aux Etats Unis. La vie du village, ou existe la cooperation des familles de sa communaute, ou existe encore la sagesse de prendre soin de la terre et ses ressources, sera la seule chance reelle de survie, quand les villes du monde deviendront invivables, comme l'avait prevu dans son livre hallucinant fantasmagorique Italo Calvino. Le symbolisme du film "Brigadoon" de 1966, qui m'avait tellement emue comme enfant encore, continue de prouver sa verite, meme a travers un conte imaginaire, dans la renaissance et son catharsis impressionnant que la Kabylie signifie pour le monde de mes poemes, et de mes livres et mon art qu'elle m'inspire depuis 2017, a travers une source et energie irresistible que sa culture et esprit et coeur me donnent. Cette presence incontestable de la Kabylie, qui me voit vivre tel le phenix legendaire, la liberation de mon etre creatif, et de la facon la plus reelle et profonde, dans l'art photographique de mon collegue d'Aokas, Nacer Amari qui comme Chiron de la mythologie ancienne grecque, possede le don d'un esprit astucieux, resistant, et un coeur chaleureux et creatif de qui ses perspectives inclusives, narratives de son art visuel, savent guerir, savent laisser leur empreinte serein, meditatif, en celebrant et partageant l'identite et fierte kabyle, sa charite unique, et sa vision universelle tout en un. Dans mes reves la nuit, je cherche a toujours en vain le village de ma naissance en Flandes, et je me trouve toujours seule, marchant a pied le long d'auto routes interminables vers des villes immenses fantasmagoriques, ne pas trop different des villes imaginaires d'Italo Calvino. Le seul soulagement dans ces reves, comme celui encore de la nuit derniere, est la presence d'etrangers gentils, que je rencontre dans des marches hebdomadaires, que je connaissais comme enfant en Flandes, comme la place publique de la ville a cote de mon village natale, ou le marche chaque semaine etait sur la place publique de Pologne, nommee ainsi pour les soldats polonais courageux qui avaient liberee les alentours des troupes nazis a la fin de la seconde guerre mondiale, et qui etait aussi le site de mon ecole primaire par hazard. J'ai pu revivre la nostalgie de marches hebdomadaires au souk d'Ifrane, au Maroc en 2019, en route vers l'Algerie, ou j'ai appris apres, que Aokas a un marche hebdomadaire, que j'espere pouvoir decouvrir le long une seconde visite en Kabylie. Le titre meme de son livre "Les Villes Invisibles", indique le vide inevitable que laisse la ville, pour la personne qui a son village de naissance au coeur. La Kabylie et ses villages, et sa terre, son peuple genereux, possedant la sagesse ancienne du respect pour la terre et ses recoltes, pour les lois de la nature et ses saisons, son heritage, sa mythologie, sont pour moi la medicine qui me libere avec chaque poeme, chaque piece d'art, chaque livre dediquee a la photographie inclusive de Nacer Amari, qui me permet comprendre l'importance du coeur du village, de sa terre. Mon ame en exile depuis toute une vie, voit se reanimer les racines blessees, maintenant vibrantes, reveillees des plus precieuses memoires du village flamand de ma naissance, de famille avant tout le traume de l'exile et de pertes, dans une metamorphose graduelle des fantasmes que decrit Italo Calvino dans "Les Villes Invisibles", qui est pour moi, une synthese des souffrances de l'exile surmontees, liberees, une fois que la Kabylie est apparu sur le chemin difficile de ma vie. Tel le village ecossais imaginaire "Brigadoon", qui m'avait tellement emue comme enfant, comme si mon esprit meme a ce jeune age comprenait son histoire, et a senti meme possiblement l'antecedent de mes defis et la grace que la Kabylie si loin de ma terre natale allaient me donner. C'est la Kabylie, la mere gentille de mon ame et coeur de poete si longuement perdus, errants, qui en elle ont rencontree la famille Berbere, qui m'a accueillie la muse en agonie, qui m'a offert son coeur, ses bras ouverts, et pres de qui les melodies de mon esprit creatif et ses visions, ses souhaits, vivent, respirent depuis, libres, fiers, surs, heureux, en paix, finalement.        

Trudi Ralston 


La recherche et l'information sur le livre de l'auteur italien postmoderne Italo Calvino (1923 - 1985), et sur les versions en musicale et film de "Brigadoon" d'Alan Jay Lerner (1918 - 1986) et Frederick Loewe (1901 - 1988), courtoisie de Wikipedia. Ma copie en anglais du livre "Le Citta Invisibili" d'Italo Calvino est traduit de l'italien par William Weaver, et est un livre de Harvest Book, Harcourt, Inc. et de Helen and Kurt Wolff, 1974. Les traductions pour mon article, de 4 breves citations du livre, de l'anglais en francais, sont les miennes.  


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