Tuesday, April 23, 2024

La Suffisance de la Sirene: dans la serie "Les Blessures de Chiron" dediquee a Nacer Amari

             Le terrain du monde interieur se navigue souvent difficilement. Comme personne qui trouve son equilibre et bien - etre a travers l'ecriture, en prose et poemes, et dans les dessins de mes broderies, mes portraits en crayon et encre et couleur, cette navigation m'apprend l'importance de savoir negocier les defis de l'isolation et de la solitude, et d'y trouver a travers mes expressions creatives, cette espace ou mon monde interieur se sait a l'aise, en paix. L'art photographique de Nacer Amari de Tassi Photographie, est l'espace precieuse ou cette paix est possible, ou ma muse se detend, et se ressource et sait creer ses plus revelantes inspirations. Ce don que son art me regale est pour moi un envoutant mystere, est le point ou s'unissent le passe et le present, qui enleve l'angoisse et la detresse d'une vie complexe, exigeante, de me voir a toujours mon identite culturelle assiegee. Sa photographie riche en identite kabyle, est le point de repos, d'integration de mes racines flamandes, de ma lutte pour ne pas permettre que mon ame, mon coeur, si longuement en exile, s'efface, disparaisse. Pour donner expression a ce lien intellectuel - artistique - culturel axial, l'image de la mer et ses eaux abondantes est la visualisation qui donne clarte a cette joie que recoit mon etre de poete, d'artiste finalement libre de donner vie a la voix, a l'esprit de ma muse. Le symbolisme de la mer, de l'espace vaste de ses eaux, ou je me trouve une sirene solitaire mais joyeuse, fiere, me permet de suivre les chants et danses de mon etre creatif, qui sur les rives de la Kabylie, a trouvee, toute une vie plus tard, la grace d'etre permis de briser, d'abandonner les chaines de toutes les chagrins, insultes, blessures, qu'une eternite de solitude et isolation m'avaient laissees. Ce poeme est en reconnaissance de cette grace que l'art de mon collegue kabyle me regale, qui me permet comprendre que je suis entouree de la vaste culture Berbere, qui me touche ici, de l'autre bout de la terre, et me fait sentir l'etreinte guerisante de ses eaux spirituelles, qui me sauvegardent, qui m'accompagnent, et qui me font comprendre que meme seule, loin en distance physique, j'entends la voix sonore de cette mer accueillante, qui ne me perd pas de vue, a ma muse et a moi, sirene accueillie dans ses eaux revigorantes, dans son regard chaleureux, son souffle et son appel rassurant a travers son vaste espace qui nous unit a travers la traversee, ou elle me joint, sur ce pont spirituel et reel, qui s'etend a travers des milliers de kilometres: 


La Suffisance de la Sirene 


Sur un rocher haut et solide, la sirene voit dans la distance l'horizon qui define l'expansion de la mer immense. La brise des vagues lui entoure, lui rafraichit la peau toute humide, luisante dans le soleil rouge qui annonce le coucher du soleil et le reveil des etoiles et de la lune. 

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La mer lui parle dans sa voix qui resonne, qui repond au chant de la sirene solitaire qui sourit, qui sent toucher gentillement avec son echo melodieux le refrain que repete pour la mer la sirene. L'espace ouverte qui les entoure est rassurante, lui calme a la sirene, et lui affirme pour la mer la sagesse intemporelle. 

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La mer comprend que la sirene trouve pres de ses eaux la paix, la grace de connaitre la joie et la dignite de la suffisance pour son esprit, pour son ame, et la sirene sait que la mer trouve a son tour ces moments ou le destin est clair, ne plus implacable mais capable de charite, de generosite equanime, de tolerance. 

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Ainsi est le coeur de l'artiste, du poete, quand les tourments de la vie decident de relacher leur prise, pour permettre la serenite pour la muse, qui ne doit plus se decourager face aux marees turbulentes: le moment quand finalement la mer et la sirene se savent tous les deux libres.

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Unis dans l'etreinte de leur voix qui dans le va et vient des saisons et des tempetes creent une melodie de deux accords uniques, comme le savait Rainer - Maria Rilke, le poete qui savait entendre le cri insistant de la mer et de la sirene, grand, fier, ayant survecus la cruaute sadique qui cherche a enlever aux arts et son esprit libre, le courage, l'espoir, la joie, la dignite et la tendresse guerisante.   


Trudi Ralston 




 

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