N'importe la rationalisation, ou intellectualisation d'une blessure psychique, c'est difficile a nier ou contester qu'une blessure au coeur laisse sa cicatrice. Le mot meme, "cicatrice" a une definition bien specifique, une cicatrice se define comme: " une trace, une marque, laissee sur la peau ou dans le tissu du corps ou une blessure, une brulure, une plaie, qui ne s'est pas gueri completement, et ou un tissu fibreux conjonctif se developpe. " Le manque de la Kabylie ne me quitte jamais, et apres 3 ans d'absence depuis mon sejour en Algerie en 2019, cela se ressent telle une blessure qui essaie de se cicatriser, de faire de la blessure, de ce chagrin d'amour pour la terre berbere qui m'a donnee une voix a mes poemes, a mes energies creatives, un acte de volonte, de ce besoin penible de devoir accepter comme est proche la Kabylie dans mon coeur, et loin geographiquement. Aujourd'hui, j'ai ressentie cette douleur du manque tres fort, en moitie en colere d'impuissance, en moitie en chagrin et larmes reprimees, et je l'ai rendue utile au moins, en faisant le velo cette apres - midi, malgre le froid humide ici, pour 29 kilometres. Ce poeme "La Cicatrice" est un effort de comprendre cette peine psychique du manque de la Kabylie, de mes collegues et famille berbere, qui monte et descend, comme les vagues de la mer, comme le battement du coeur, sous le sortilege de l'amour, de ses extases et sa joie, et ses inevitables moments de chagrin:
La Cicatrice
Puis - j'etre comme le sculpteur, le peintre, qui sait definir les mouvements de ses creations a sa volonte, qui leur rend visible les sentiments, les conflits, et qui apres les sait contempler a une distance satisfaisante.
Puis - j'ecrire l'ultime poeme sur le chagrin qui tourmente mon coeur, cette absence qui y brule sa blessure de me savoir si loin de la terre kabyle, qui m'heberge les reves, les melodies, les joies, les espoirs de mes poemes.
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Puis - je comprendre, resoudre, enlever cette peine, de ne pas savoir si comme la riviere j'arriverai a revoir l'ocean, les montagnes, les plaines, qui habitent mes inspirations, mes voeux, le desir de revoir ma famille de coeur, ma famille berbere.
Cette blessure, cette fleur rouge comme le sang, ce courant qui tient en vie mon corps humain, est ma cicatrice sacrale, qui me rappelle, que quand on aime, on n'a pas le choix que de s'avoir secouee jusqu'a sa profondeur la plus exhilirante, et la plus agonisante, les racines de notre coeur, de notre ame.
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Cette cicatrice que j'ai au coeur, j'apprends a lui tolerer son gene, de me savoir vulnerable, de me savoir incapable d'eviter sa douleur exquise, c'est tout un mystere, que cette cicatrice berbere, elle me dit ainsi aussi que mon coeur lui appartient, que recevoir cette signature
indelible, eternelle, est ma fierte autant que les sourires, la chaleur que me donne a mon coeur la tendresse, l'amitie et le respect avec lesquels l'esprit kabyle m'accueille, poete exilee, si longuement condamnee au sortilege d'une solitude cruelle.
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Cette cicatrice, elle est ma compagne, elle m'apprend que dans l'effort, le defi d'essayer de trouver un equilibre, entre espoir et douleur, le coeur se fait une armure, une resistance charitable, d'accepter que le sentier sur cette terre est un melange incomprehensible de joie et de son contraire.
Trudi Ralston