Thursday, October 20, 2022

Les Marguerites de Chiron - pour Nacer Amari - dans la serie "Les Blessures de Chiron"

             Une pluie fine, presqu'invisible et inaudible, a finalement laissee sa charite pour la terre assoiffee ici, ou le manque de pluie depuis plus d'un mois, a laissee la qualite de l'air a Olympia tres precaire, pour la fumee et ses toxins qui font mal a la respiration et aux yeux, ce qui est tres rare pour notre region, qui normalement recoit une quantite genereuse de jours de pluie toute l'annee. On a fort l'impression que tous les animaux de la foret a l'autre cote de la cloture du jardin, et tous les arbres et fleurs se trouvent tres contents de sentir au moins pour quelques heures l'espoir de la pluie qui rendra a nouveau l'air douce et fraiche. Il fait deja froid ici le matin et la nuit, environ 3 degres Celsius ( 38 degres Fahrenheit comme on le calcule ici), et le froid soudain chasse ce qui reste des couleurs d'ete. Je pense a Chiron, le centaure - chasseur blesse de la mythologie grecque, fameux pour ses talents de guerison, qui pour mon coeur de poete, est plutot berbere, kabyle en fait, et qui je cherche ici dans mon jardin au Pacifique Nord - ouest de ce pays vaste, qui pourtant n'arrive pas a me tenir et comprendre le coeur, qui appartient a ma Kabylie, rien a faire. Ce poeme m'imagine voir a Chiron, fier, resistant, malgre sa blessure de milliers d'annees d'etre en exile dans son propre pays, ou mes poemes pour lui sont tels des marguerites gentilles, tendres, que je lui laisse pour son courage, lui, qui blessee de ses propres blessures mortelles, d'etre berbere en exile, ne pas si different que moi comme poete flamande sur cette terre etrange americaine, lui, qui me guerit avec le sang des milliers d'annees d'oppression et tortures, le chant de mes poemes, de leurs peines, de se savoir aimee par le coeur berbere. Je dedique ce poeme a Nacer Amari de Tassi Photographie qui a une influence profondement guerisante et importante sur les melodies et l'esprit de mes poemes:


Les Marguerites de Chiron


Haut sur une colline ou s'etendent les montagnes du Djurdjura, Chiron reve du temps ou son peuple etait libre, et il entend, et ecoute le recit que se font les esprits du ciel ou le soleil reveille son village kabyle. 

Je le vois, la, silent, resistant, fier, voyager dans le temps, vers un passe lointain, libre des invasions interminables qui cherchent toujours a lui enlever son coeur, son ame, lui rendre invisible aux pouvoirs coloniales. 

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Je le vois, cet homme fier, qui observe, qui rarement parle, et je lui laisse sur le chemin des marguerites, cueillies de ce qui me reste de mon enfance et ses innocences, car je me rappelle, qu'il a si souvent pris le temps de comprendre comme a ete et reste dur cet exile pour mon coeur de poete, si loin de ma terre. 

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Les marguerites, que je lui laisse la ou il passe, centaure chasseur qui guerit, qui ecoute, elles ont la senteur de l'espoir, de la tendresse, elles ont au coeur le sourire, de moi comme enfant, comme adolescente, qui sur terre berbere en Kabylie, a recue la charite, la grace, ou nulle part je l'ai recue ni avant ou depuis. 

Chiron marche, avec prudence, avec patience, son arc sur les epaules, ses fleches sur le dos, les cheveux et barbe longs dans la brise chaude du soir, et il avance, et accepte les marguerites, qui lui decorent le chemin de son exile, qui continue, qui lui dechire, tandis qu'il continue a guerir, a accompagner, a bercer mes plus agonisantes blessures. 


Trudi Ralston

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