Monday, November 7, 2022

Entre Ciel Et Terre: Les Pas Nus de Novembre - dans la serie "Les Blessures de Chiron"

            Cette semaine, on a eue la premiere tempete de pluie et vent de l'automne, qui a secouee les grands sapins fiers dans le jardin et dans la foret.  Ce fut une nuit noire, de bruits effrayants de branches cassees qui roulaient sur le toit avant de s'ecraser sur le sol. Le bruit dans le noir impenetrable suite de la perte de l'electricite, donnait l'impression qu'un fantome marcheait avec des pas lourds sur le toit, pour intimider, pour son amusement. Le jour suivant, il y avait des pieces de branches cassees dispersees a travers la pelousse, le veranda, le cour interieur, et l'allee, mais pas d'arbres tombes, pas de degats au toit, ou la serre. Le sol etait si sature de l'eau de la pluie, qu'il donnait l'impression que mes chaussures allaient etre aspirees dans l'herbe, avec le meme petit bruit que fait le sable quand la mer se retrocede et lui laisse mouille et moelleux. Le mois de novembre ici emmene la saison des pluies et le froid, et en protestation, je continue a porter mes sandales, comme je prefere savoir mes pieds libres, pourqu'ils se souviennent de l'ete et sa chaleur, ses couleurs, ses joies. En Kabylie, il faisait encore chaud, pres de 30 degres Celsius il y a juste quelques jours, et ici, les temperatures le jour vacillent entre 7 ou 8 degres Celsius, et la nuit se baissent deja a pres de 0 degres. Je vois les photos prises d'en haut de Bejaia, d'Aokas, et mon coeur ne resiste pas, un grand manque m'envahit, comme une blessure physique qui s'ouvre encore, et encore, comme une vague de la mer, contre laquelle on se trouve impuissant, et on n'a pas de remede que d'attendre que ca passe. Hier, Maitre Rachid Oulebsir a mis une photo d'un arc en ciel qui illumine de ses couleurs un beau paysage kabyle, avec ces mots: "Ce soir je pense a toutes celles et tous ceux qui a un moment de leur vie ont du quitter leur terre natale!" Je suis nee en Flandes, et j'ai quittee la Belgique comme jeune adolescente, pour aller vivre aux Etats Unis, dix ans au Texas, ou j'ai fait mes etudes universitaires, et depuis plus de 30 ans maintenant, ici dans l'etat de Washington State dans la region du Pacifique Nord - Ouest. En 2019, j'ai fait mon premier voyage en Afrique du Nord, un reve que j'avais depuis l'age de 14 ans. Le sejour d'un mois au Maroc et l'Algerie, a laissee une profonde impression, et une grande nostalgie pour un suivant sejour. Depuis 2017, j'ai ecrit et publiee 10 livres de prose et poemes  qui celebrent la nature, l'art et le coeur indomitable de la Kabylie, tous publies sur Amazon. La Kabylie vit au centre de mon etre de poete, en est ses racines, et elle me manque comme si elle etait ma terre natale, et dans un sens autant symbolique que concret, elle l'est, car c'est la Kabylie qui m'a donee ma voix de poete, lui a definie ses melodies, ses visions, le sentier de sa passion. La pluie tombe incessante cette apres - midi, et lave le ciel dans un liquide aquarelle gris, qui chasse de son pinceau ce qui reste du contour des nuages. Ce poeme "Entre Ciel et Terre" est un chant que j'envoie sur les ailes des oiseaux courageux ici qui font semblant que c'est le soleil qui brille dehors, pas le froid et pluie monochromes hypnotisants qui me laissent avec une nausee legerement moquante, parce que mon coeur en agonie sait que la vue meme de photos des rives de la Kabylie me rappellent combien la terre berbere dans le Nord de l'Algerie me manque: 


Entre Ciel et Terre  


Entre ciel et terre, je marche seule, vers le pont fait de nuages, fait des reves de mes poemes, fait de la lumiere des rives de la terre berbere. 

Entre ciel et terre, je respire, j'etends mes ailes, faits des couleurs rouges, vertes, bleues, jaunes du coeur berbere, je dessine les lignes de mes poemes, de leurs chants, qui donnent l'air, la force, la volonte a mes mots, pour pouvoir traverser encore ce pont sacrale vers les rives kabyles. 

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Entre hier et demain, je marche les pieds mouilles sur l'herbe de novembre et ses pluies, vers le pont qui est la traversee vers maintenant, vers ce moment fait des muscles resistants de l'espoir, du courage,

pour pouvoir embrasser, serrer dans mes bras, laisser couler mes larmes, mes cris de joie, de revoir, de connaitre encore, le gout du bonheur de me savoir a nouveau la ou je suis en famille,

en Algerie, en Kabylie, mere, racine de mon coeur en exile, mere de la terre eternelle, au soleil et nuits chauds, elle, qui voit mon coeur et ses blessures, que seul Chiron berbere et les fleches resistantes de son arc sur et ancien savent me guerir.   


Trudi Ralston

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