Saturday, November 19, 2022

Quand elles Tombent Vertes: Les Larmes des Arbres Froids - dans la serie "Les Blessures de Chiron"

            Ce matin, il faisait -7 degres Celsius, ou 19 degres Fahrenheit comme on le calcule ici. Ce froid est tres rare pour l'automne, et meme en plein hiver, ce froid n'arrive que de temps en temps juste avant la fin de l'hiver, le mois de fevrier. Un phenomene bizarre de ce froid soudain la nuit, fait que les arbres laissent tomber leurs feuilles quand elles sont encore toutes vertes. Observer cet evenement, est hallucinant: les feuilles tombent tout en meme temps, faisant un bruit ruissellant, telles des gouttes d'eau qui descendent vite, pour tomber en silence, comme le font les larmes. Les arbres laissent tomber leurs feuilles comme des larmes vertes. Ils paraissent pleurer tous ensemble, le spectacle me laisse avec un frisson. Je n'ai encore jamais vu tomber les feuilles si vite, si tristes, comme si elles savent que ceci n'est pas normal, qu'il faut attendre que leurs feuilles sont peintes de couleurs vives rouges, jaunes, oranges, pourpres, pour tomber dans une danse joyeuse que leur chante la brise. Heureusement, il y a les arbres vieux et tres hauts dans la foret a l'autre cote de la cloture qui marque le jardin, qui ont une belle couronne grande de feuilles dorees et rouges, et qui ont a leurs pieds un tapis multi - colore de feuilles brillantes. Mais trop d'arbres fremissent dans leur robe de feuilles vertes, qui tombent, qui pleurent en larmes vertes, et qui se trouvent nus, soudain, sans l'etreinte chaude de la danse de feuilles rouges, oranges, jaunes, pourpres, et les arbres qui restent la avec leurs feuilles vertes encore attachees, restent immobiles, comme s'ils se ferment les yeux, et font un voeux de ne pas se voir tomber les feuilles en larmes, seules, perdues.  Ce poeme exprime cette realite dure du changement du climat, avec des saisons de trop de pluie, ou ne pas assez, trop de chaleur, trop de froid, ou la terre crie sa detresse, en esperant que l'etre humain lui ecoutera, avant que les arbres se trouvent trop invisibles pour se rappeler comment faire encore des feuilles et fleurs nouvelles en printemps et ete. Je dedique ce poeme a ma Kabylie, a sa terre resistante, a son peuple au coeur infatigable et plein de chaleur et courage, qui continue a faire honneur a la terre, aux traditions des ancetres, aux rites sacrales des saisons, a la sagesse des recoltes, malgre les defis considerables et reelles d'un monde avare et egoiste qui ne comprend rien du bonheur, de la paix interne que donne au corps, coeur, et esprit humain, de se savoir unie, nourrie, par la mythologie profonde que donne la connaissance de savoir travailler la richesse et abondance de la terre:


Quand elles Tombent Vertes


Fremis, etre humain, comme le font les arbres cette automne, qui voient tomber leurs feuilles vertes, seules. J'entends la terre qui se plaint, qui se demande, a quand l'avarice va comprendre qu'on ne mange pas l'argent, que comme le savent les sages du monde, qu'une fois mort le dernier arbre, que l'or et ses eclats ne se digere guere, que sans respect pour la terre l'homme ne peut pas survivre, que les batiments d'acier et verre ne sont qu'un sortilege du vide.

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Les arbres savent, leurs racines le chantent, comme on sait sur terre kabyle, que les lois des ancetres quant aux recoltes et ses mysteres, il faut respecter, il faut sauvegarder pour que le savent vivre nos enfants qui devront suivre sur les traces incertaines d'un monde qui s'egare dans les illusions du pouvoir et ses chimeres. 

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Les feuilles vertes qui tombent des arbres en automne, sans les couleurs vives du rouge, orange, jaune et pourpre, elles sont les larmes qui coulent pour donner a boire a la terre, qui a soif, qui voit qu'on oublie le respect pour ses dons, sa sagesse. Les feuilles tombent vertes, dans un silence inquiet, de detresse, elles tombent avec le son que fait un baton de pluie, cet instrument qui celebre la reverance sacrale et ancienne. 

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Unissons alors nos coeurs comme le sait faire le coeur kabyle, le coeur amerindien, le coeur des peuples nobles de la terre, pour que ne plus le son des larmes vertes des arbres resonne, pour que le jour revienne ou les feuilles tombent a nouveau toutes multi - colores, et qu'il y ait a nouveau un equilibre dans les saisons et la paix et satisfaction que le travail de leurs racines partagent et donnent.   


Trudi Ralston  

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