Friday, September 1, 2023

Quand les Arbres Ecoutent: dans la serie "Les Blessures de Chiron" dediee a Nacer Amari

              Cela reste une possibilite parfois douteuse a prouver, qu'un repas riche en epices tard le soir, peut donner des reves inquietants, troublants, ce qui fut le cas pour moi hier soir. Le monde de mes reves, est tres complexe depuis mon enfance, une sorte de films fantaisie baroque, dans le style du cineaste italien Federico Fellini (1920 - 1993) souvent confusant et angoissant, qui combinent la memoire, les reves, la fantaisie. Le reve hier etait d'un sujet et symbolisme qui me visite regulierement, le manque de mon pere, qui est mort en 2008, suite de complications de l'Alzheimer, une maladie horrible. Dans ces reves, je cherche a mon pere, dans une serie de voyages en train interminables, ou je ne reussis pas de lui rencontrer, mais ou son esprit me parait proteger, essaie de me rassurer, de me guider. Me reveiller et liberer de ces reves stressants, me laisse pour plusieurs heures comme suspendue entre le monde concret et le monde de l'esprit, duquel le monde des reves parait faire une partie integrale. Je retrouve la paix interne au jardin dans ces moments, en compagnie ces jours, d'un chat du voisinage, qui m'a adoptee apres le retour de la Tunisie en mai 2023, un chat tres silent, calme, respectueux. Je lui ai donnee le nom de Zora, pour les dessins exotiques de sa fourrure et la couleur vert de menthe de ses yeux qu'a ce chat calicot, aussi dit tricolore ou chat ecaille de tortue. Apres quelques jours de pluie bien venue, le soleil repand aujourd'hui sa lumiere sous un ciel bleu clair. Apres une exploration et observation precaires des ecureuils qu'aime faire Zora, a l'autre cote de la cloture du jardin, je notais le son agreable d'une brise chaude et legere, qui dansait a travers les couronnes des grands arbres et sapins autour. Recuperant petit a petit du mauvais reve, j'avais fort l'impression que les arbres et leur silence m'entendaient, m'ecoutaient et voyaient meme la conversation interieure, qui me permettait retrouver la paix interieure, de laisser les images douloureuses en ombres et lignes opaques de mon pere, qui j'avais aimee beaucoup, et qui est mort tres loin de moi, privee de nous dire adieu, a travers des circonstances de famille qui feraient grimacer a l'esprit de l'ecrivain Fiodor Dostoievski (1821- 1881) meme, et il en savait pas mal des souffrances humaines. Les arbres au jardin, qui m'entouraient comme la danse dans un cercle, me rappellaient a un choeur grec d'une tragedie de Sophocle, et me faisaient penser a ma Kabylie, qui m'avait donnee ma voix de poete, qui me sait chasser les fantomes et chagrins du passe.  C'est au coeur accueillant de ma Kabylie, a sa nature, a son histoire, a son peuple genereux, a son coeur, a mes amities kabyles, a mon collegue Berbere, le photographe Nacer Amari, que je dedique ce poeme: 


Quand les Arbres Ecoutent


Les jours difficils, quand le soleil s'obscure et peint mon sommeil avec des reves ou domine le theatre de peines, de chagrins, c'est l'espoir de savoir que le matin arrivera, et que j'y verrai le ciel et les arbres du jardin, qui me vont chanter dans la brise, du coeur kabyle, de ses memoires, de sa nature libres. 

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Ce poids lourd de tants d'annees d'exile pour ma muse, de tants de pertes et defis avec la solitude la seule compagne fidele, quand mes poemes a peine ont survecus le mepris et la haine, l'indifference cruelle. C'est comme le savait Kahlil Gibran, guide de mon adolescence, que les caracteres forts se forgent dans les malheurs et ce que de nous ils demandent.  

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Les arbres en Kabylie, ses cypres, ses oliviers, savent survivre les traumes, leur causee par une histoire qui a laissee ses traces, ses cicatrices sur leurs troncs, leurs racines, de tants d'invasions, de trahison, de guerres, les transforme en sculptures fieres, qui sont aujourd'hui les sentinelles des montagnes, des villages, qui parlent avec solennite et reverence du courage Berbere, a travers les couleurs et rites des saisons, des chants de sa lune et de ses etoiles. 

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Les blessures me laissee sur le chemin d'une vie difficile, se guerissent grace a l'esprit kabyle, et grace a l'exemple des legendes de Chiron, qui est pour ma muse centaure Berbere, qui sauvegarde et protege le monde de mes poemes, de mes livres, les libere, les heberge sur sa terre sure, la, sur les rives ou le passe perd son pouvoir lugubre, et m'invite a la fete ou fiers mes poemes et mon coeur s'unissent, a la Kabylie, a sa sagesse, a ses mysteres. 


Trudi Ralston

"Beaucoup d'entre nous, passent la vie entiere, fuyant les sentiments, sous l'impression erronee, qu'on ne peut en tolerer la peine. Mais tu as deja subie la peine. Ce que tu n'as pas encore fait, c'est de sentir tout ce que tu es, au - dela de cette peine." -  Kahlil Gibran ( 1883 - 1931) 

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