Dans la mythologie amerindienne et norse aussi, la presence du loup blanc indique la force interieure, l'intuition, le courage de suivre son propre chemin, en etant en meme temps membre de la communaute. Le loup blanc est symbole de la confiance nee de la conviction que la seule liberte existe en suivre l'appel de la voix interieure, pour trouver et pouvoir suivre les indices qui guident le destin, lui rend clair, permet de vivre une vie authentique, qui ne se soumet pas la volonte. Accepter la solitude pour achever cette liberte est inevitable, est le sentier exigeant sur cette marche vers une vie ou on ne se soumet a personne, et ou on refuse avec egale conviction d'etre maitre du destin d'autrui. Ce matin de Noel ici, avec sa pluie de retour, qui se colle aux troncs noirs des arbres comme une soie transparente, epaisse, je pense a la Kabylie, et je sens vibrer les melodies de la voix vibrato du rebelle Matoub Lounes dans mon coeur, qui sent si fort les jours de fetes ce manque du pays pour la terre qui m'a donne ma voix de poete. On ne s'habitue jamais a l'exile, c'est une blessure qui se ferme, et s'ouvre de sa propre guise, sans avertissement, sans remede, que de lui laisser couler a travers le sang, de le tolerer, jusqu'a ce que passe sa fureur, sa douleur. Le manque de famille, d'histoires a partager, d'ambiances a vivre, de sentir l'absence de soeurs, de frere, de tantes, d'oncles, de cousins, de neveux, de nieces, de devoir rester muet dans ce chagrin qui coule vers l'eau invisible de larmes ne pas vus, ne pas admises, m'a fait penser fort au loup blanc, et comme la Kabylie m'a appris, et m'apprend la chance guerir ces blessures, pensant a elle, a sa musique, a sa culture, a ses defis, a ses propres blessures et ses luttes pour garder son identite, sa liberte, sa voix, emet une senteur de confort, comme d'un encens doux, calmant, au feu brulant de la solitude dans ce pays immense ici, qui cherche a rendre chaque fois plus ephimere, frele, l'ame et le courage. Le loup blanc, qui me guide, qui m'accompagne, qui m'apprend a tolerer l'effort que demande cette marche sur laquelle je me trouve comme loup blanc en entrainage, il est Berbere, il est specifiquement kabyle: je dedie ce chant - poeme a la Kabylie, a mon collegue artiste - photographe d'Aokas, Nacer Amari:
La Marche du Loup Blanc
La pluie tombe, continue ses chuchotements sombres, traine son manteau transparent derriere le rideau du ciel gris lourd comme du plomb. Le soleil, il apparait ici en hiver rarement, comme un esprit benevolent brillant, que le vent du Nord chasse apres impatiemment.
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Dans ces moments de gene, de doute, le fardeau d'une solitude qui comme une ombre tetue se met dans mon esprit en exile, la voix du rebelle kabyle Matoub Lounes me rappelle que mon coeur s'heberge dans l'accueil de l'ame Berbere, y recoit son absolution, sa grace, son sommeil liberee de la torture de fantomes narquois.
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Sa voix forte, sure, sans excuses, vibre dans mon coeur, me fait chanter sur le rythme de ses melodies, de flute, qui parle d'un destin libre de chaines, libre d'illusions. Le loup blanc est mon inspiration, sur cette marche vers les rives, ou resident mes poemes, qui m'y attendent, pour se reunir au coeur immortel, guerisant kabyle.
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Le temps, il coule, parfois comme des molasses, parfois avec la vitesse d'une cascade en printemps, et moi je me trouve entre les deux, parfois en agonie, parfois dans la joie que sait donner l'espoir du courage, qui lave tout dans ses visions claires.
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Tel un petit radeau prisonnier des caprices des tempetes que s'amuse a faire de nos reves le destin quand il s'ennuie et s'impatiente, j'avance, je recule, sur le souffle des vagues que se dessine le ciel et la lune. Entretemps, mes SOS continuent, leurs cris de detresse, de fiere resistance, en route vers la terre qui me comprend.
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La pluie ici continue, mais je vois dans son visage, le soleil kabyle qui me sourit de loin, qui m'encourage, et je sens, dans le silence de plomb qui fait l'echo de mes pas, que le coeur kabyle m'accompagne, me donne le regal de l'ultime sagesse sur cette terre: la charite qui libere, qui sait surmonter toute oppression.
Trudi Ralston
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